mardi 29 mai 2018

Sur mes pas en danse au offta 2018, première sortie: "Habiter" et Strange moods and dissonant feelings"

Cette année, ma résolution est d'harmoniser mes sorties au FTA et avec celles au offta, sans que cela tourne à la boulimie de spectateur. Pour faciliter le tout, une initiative de la gang du offta mérite d'être soulignée, soit celle de présenter des programmes en après-midi (dont à 13h00), comme celui, dont je reviens en ce lundi fin de PM.

Pour la présentation du programme double,"Habiter" de Katia-Marie Germain et "Strange moods and dissonant feelings" de Sarah Wendt et Pascal Dufaux dans l'espace vert du Wilder, le couloir d'attente achalandé et tous les cinquante sièges étaient occupés lors que la présentation a débuté. À la lumière de cette première fois, le pari semble être gagnant par les organisateurs, "LA SERRE - arts vivants".

À mon arrivée dans la salle, la pénombre nous permet de découvrir deux femmes déjà présentes, immobiles, sur la scène, l'une assise (Marie-Gabrielle Ménard), derrière une table garnie des objets typiques d'un petit-déjeuner, l'autre (Katia-Marie Germain), aussi assise du côté jardin de la scène, proche d'une lampe sur pied.

                                  Photo: Olivier Desjardins tirée du site de la chorégraphe

Une fois les lumières toutes éteintes et le fond sonore des discussions dans les estrades dissipé, réapparaît une femme assise immobile derrière la table, regardant vers nous. Il s'en suit une série de tableaux pour la plupart statiques, intercalés par le noir de l'intervalle (et des déplacements forts discrets et inaudibles), dont le début et la fin sont annoncés par le son de l'interrupteur. Cette femme à la table face à nous semble en attente et de cette attente, difficile de prédire la suite. Et lorsqu'elle m’apparaît, me regardant les yeux tout grand ouverts, directement dans les miens (moi assis dans la première rangée), je me sens un peu gêné de me faire surprendre dans son intimité. Peut-on être "deux" à "Habiter" ce lieu ? La réponse me sera donnée un plus tard avec l'arrivée de cette deuxième femme, pendant que je reprends mon rôle, plus confortable, de spectateur. Toujours modulés par la noirceur, les tableaux sont plus ou moins longs, parfois colorés de mouvements et d'ombre. De ces noirceurs fort actives, l'éclairage du moment nous permet d'imaginer cette rencontre selon notre propre histoire qui se terminera par le retour à la solitude de celle qui occupait le lieu.

Une oeuvre qui a ses dangers, parce que le cliquetis de l’interrupteur et la noirceur qui l'accompagne peut avoir l'effet d'un pendule et de nous amener à un deuxième niveau en nous faisant fermer les yeux. Difficulté que j'ai réussi à surmonter sans trop d'effort.

J'étais curieux et intéressé de voir la reprise de l'oeuvre de celle qui a remporté récemment le prix David-Kilburn (2017) du département de danse de l'UQAM et dont j'avais apprivoisé, il y a quelques années avec "Aube", son utilisation de la noirceur. Toute histoire a ses angles morts et avec "Habiter", fort bien maîtrisée par les deux interprètes, a réussi à atteindre, selon moi, son objectif de créer "des environnements qui altèrent, renouvellent ou détournent les perceptions du danseur et du spectateur" et d'y voir ma version de cette histoire.

Après une pause extérieure qui m'a permis de constater que la saison estivale n'était pas qu'un espoir avec le temps plus chaud et les préparatifs sur la Place des festivals, je reviens à l'intérieur. Je prends place pour découvrir "Strange moods and dissonant feelings" de Sarah Wendt et Pascal Dufaux. C'était une première fois avec eux et à mon entrée dans la salle, c'est sur un banc par terre que j'ai pris place, parce que mon siège se retrouvait juste derrière leur console électronique. Les deux créateurs sont là, attendant que la salle se remplisse (et elle le sera complètement !) pour débuter.

Lui restera derrière la console et elle ira sur la scène sur laquelle on retrouve des exhibits et aussi une autre console sur un chariot. Elle prendra le micro pour nous parler de son métier de danseuse ("I'm a dancer. When I trained to be a dancer, I was taught to be malleable, flexible, available, strong and to learn the movements ...."). Elle le fera avec un micro et une technologie qui lui déforme la voix, produisant chez moi des "dissonant feelings". Où s'en va-t-on ?, je me demande. Ma patience a été récompensée par la suite. Ce texte, capté, enregistré et repris, tous comme les mouvements, qui eux seront aussi décalés et multipliés. Comme ces ondes qui se propagent dans l'espace temps, je suis curieux de revoir ces gestes simples et de leur traînée dans  ma mémoire. Si certains éléments de l'oeuvre (séquences et accessoires) sont à améliorer (opinion de spectateur), la fibre est fort prometteuse. L'utilisation ici de la technologie, même si elle est très visible, trop selon moi, permet une belle excursion dans la découverte de la quatrième dimension de la danse.

Au final, une première sortie au "off" fort bien réussie qui m'en fait espérer quelques autres à venir dont deux sessions Larsen ! Je retourne à la maison avant le programme double au FTA en soirée.

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