samedi 18 décembre 2021

Sur mes pas en danse: Ma première fois à une présentation publique du programme Big Bang.

"Chères étudiantes, vous n'êtes pas encore rendues encore à la fin de votre parcours de formation, mais l'avenir s'annonce bien et moi, vos prochains pas sur scène, je compte bien y être pour les découvrir. À bientôt, donc !" 

Voilà ce que j'écrivais en avril 2019 (époque "bénie", d'avant pandémie), suite à la présentation de "Paradis" par le groupe du BAC en danse de l'UQAM. Depuis, le BAC est maintenant obtenu et la vie professionnelle (dans une époque pas trop facile pour les arts de la scène ) est entamée ! Il y a eu aussi d'autres occasions de les revoir. Récemment, sur les réseaux sociaux, j'apprends que je pourrai découvrir de nouveaux "pas" de Châtelaine Côté-Rioux et de d'autres aussi.

Pause

Moi qui arpente ce milieu depuis quelques années, même si j'aime beaucoup refaire des pas en des lieux connus, il y a, en moi, un petit quelque chose qui apprécie explorer de "nouveaux territoires". Et en ce vendredi soir, c'est sur la rue d'Iberville près du boulevard St-Joseph que mes pas m'amènent ! Je serai honnête, trouver ce lieu s'est avéré quelque peu difficile, malgré les indications !!! Mais, comme je m'y suis rendu avant l'heure, plus de peur que de mal !!

Fin de la pause

Me voilà rendu dans la file pour entrer dans la salle et y trouver une place, ce que je fais une fois mon passeport vaccinal, une énième fois montré tout au cours des dernières semaines et mes chaussures enlevées.

Au programme, quatre prestations, la cinquième étant annulée pour cause de blessure. La soirée commence avec moi assis tout devant, sans présentation officielle (qui se fera à la toute fin ). Prend place devant moi, Lola Thirard. Elle se met devant nous avec son micro, évoluant pour tenter de saisir le frottement provoqué, sinon le bruit, le bruit répercuté, le bruit qui bondit, le bruit déformé, le bruit en lien avec le corps et ses mouvements. Dans la suite, elle nous partage autant en gestes qu'en paroles, les prénoms de ceux et celles qui, de mon interprétation, habite sa mémoire, (dont Anne-Sophie, Mélusine, Malik, Giacomo ...). La suivre dans ses gestes jusqu'à la fin a été captivant.

Nous vient ensuite, Nicole Jacobs qui tout simplement , tout à côté de moi, met son corps en mouvement qui pivote et qui tournoie. Son passé circassien me semble évident par la beauté et l'agilité de ses mouvements. Il en reste que tout au long, je suis fasciné, mais aussi troublé, oui, oui, troublé par une question qui s'incruste en moi ! Mais qu'est ce qui la trouble ? Et ce regard fort puissant que je croise, amplifie mon impression.

Après une pause, question de préparer le lieu à la prochaine proposition, celle d'Estelle Weckering qui inclut dans l'espace de performance, une dizaine de spectateurs pour créer un couloir pour son évolution. C'est dans le coin, en retrait derrière un drap ou un voile rouge, qu'elle se met "en marche". Et c'est sous un autre drap rouge suspendu qu'elle évoluera vers une destination qui lui semble lointaine. De ce chemin, les gestes dégagent un besoin. Il y aura aussi ce fil, celui qu'elle libère comme si en elle, une vérité ou une confession, le besoin de s'en libérer était une nécessité vitale. Ça, je le ressens encore plus fort lorsque tout proche de moi, elle vient.

Et ensuite, une fois déplacé.es et avoir reçu la "communion" de notre époque (lire ici un jet de gel désinfectant !!!) pour la dernière proposition de la soirée, j'entend, il me semble de l'eau qui bout, pendant que elle, Châtelaine Côté-Rioux et lui à la technique prennent place. Sur une petite table, une radio de mon époque prend place. Et puis, arrive cette femme, tisane à la main (et oui l'eau bouillait pour vrai !) dans ce a toute les allures d'une cuisine d'époque avec comme point central la radio. Elle se met à faire "tourner" le syntonisateur. Et compte-tenu de l'heure, il semble bien que ce sont les émissions "live" qu'elle écoute. Donc, cette femme dans son quotidien quelconque est à la recherche. Et puis, sans crier garde, elle est projetée dans un monde imaginaire dans lequel, elle devient la gagnante d'un prix. Et c'est elle, métamorphosée que nous suivrons dans ses mondes colorés de rose et de bleu. Je me sens amener dans ses états intérieurs fort complexes jusqu'à la conclusion de cette rencontre tout aussi chorégraphique que théâtrale.

Une fois, les applaudissements fort bien mérités faits, la "grande patronne de la soirée", Stéphanie Decourteille, vient faire les présentations et les remerciements officiels. Et comme elle, je suis d'avis que chacune de ces présentations mériteraient une suite plus élaborée dans l'avenir.

mercredi 15 décembre 2021

Sur mes pas vers une belle rencontre: Celle avec Mykalle Bielinski au La Chapelle pour son "Warm up" !

 Ça ne sera pas une première fois pour moi lors d'une visite au La Chapelle, que celle de faire une belle rencontre surprenante, mais surtout inattendue. Pour cette soirée de décembre, mes pas m'amènent jusqu'aux portes de ce lieu de diffusion après avoir marché sur le boulevard St-Laurent, surprenamment calme en cette soirée de semaine. Mon arrivée assez hâtive me fait découvrir un hall d'entrée fort calme lui aussi. Une fois en place, je suis bien placé pour voir arriver plein de monde dont plusieurs avec leurs casques de vélo en main. Rien de surprenant avec plein de jeunes dans la place, me direz-vous, mais, il me semble, c'est plus que d'habitude !

Les portes s'ouvrent et moi je trouve ma place dans "ma" première rangée devant un espace scénique tout vide sauf un carré blanc par terre et une pile "Volthium" au milieu. Le temps passe, les sièges trouvent preneuse ou preneur et le tout est prêt à débuter une fois les mots de bienvenue faits. Il s'en suit un vide, suivi par l'arrivée de cette femme (Mykalle Bielinski) qui sans rien dire, nous observe attentivement et repart ! Voilà comment commence "Warm up" !

                                 Crédit : Mykalle Bielinski, tirée du site du La Chapelle 

La suite nous montre ses allers-retours pour accompagner cette pile déjà présente de divers accessoires pour notre rencontre et sa démonstration dont le plus important, son vélo sur un support pour faire du vélo stationnaire. Son objectif n'est pas de faire du sur-place, soyez rassuré.es (!), mais de charger cette pile pour rendre la suite possible. Et pour cela, elle pédale sans relâche pendant de longues minutes pour passer de 0% à 15% et ainsi rendre possible la suite de cette rencontre avec "son et lumière" ! Ne sachant pas jusqu'à quand son roulement de pédalier irait, déjà moi coureur habitué, mais néanmoins bien assis, pour elle, mon souffle se faisait plus difficile. Pendant tout ce temps, il y a le bruit de cette roue qui tourne, celui des changements de vitesse de son dérailleur, mais surtout de sa respiration. Et puis arrive le moment du tournant de l'oeuvre, celui durant lequel les connexions se font et qui permettront de découvrir la voix qui parle et qui chante de cette femme. Ces propos sur nos idées sur la valeur "écologique" de certaines énergies "vertes" sont logiquement déconstruites. Ce qui nous invite à repenser autrement !

Et une fois un bon de chemin fait, arrive le moment "magique" pour moi, celui durant lequel, elle défait tout ce qui se retrouve près d'elle pour "refaire" les choses autrement, comme pour revenir à l'essence de chaque chose et leur redonner une vocation différente. De ce projecteur qui illumine ce vélo démonté et assemblé autrement pour produire, sur le mur arrière, l'image d'une jeune femme face "à la machine" ! Ce qui pour moi, reste un moment fort de cette rencontre. Le tout se terminera fort simplement !

Cette réflexion sur notre monde et son évolution vers la décroissance, se poursuivra dans la discussion d'après représentation, elle la fera avec Yves-Marie Abraham (professeur au HEC). Discussion fort intéressante et enrichissante pour moi qui me fait réaliser, que la croissance même verte est un mirage pour l'avenir de la planète et que la décroissance, amenée dans l'arène politique, semble la voie la plus prometteuse, jusqu'à maintenant !

Deux questions "pas rapport" me turlupinent durant la représentation et en fin de représentation, j'en ai la réponse. Oui, c'est elle, qui s'occupe de tout, donc aucune personne à la régie tout au long. Et aussi, son vélo tout démonté (et ce à chaque représentation) est remonté par elle seule.

Moi, le vieux fort pessimiste devant le futur de la planète, mais surtout pour mes enfants et mes petits-enfants, j'ai pu découvrir en cette soirée une étincelle qui pourra, je l'espère, en éclairer d'autres. J'en reviens avec mes pas réflexifs sur ce que je pourrai faire de différent et de plus local dans l'avenir. Merci Mykalle !  

Sur mes pas en danse: Une soirée en trois parties riche en diversité avec les "Les danses à mi-chemin" de l'École de danse contemporaine de Montréal

La soirée avait fort mal débuté, mes pas pour me rendre au Wilder ont été immobilisés sur le quai du métro Pie-IX à cause d'une panne "interminableeeeee" !!!! de 45 minutes pour être plus juste. Suffisamment longue, à tout le moins pour ne pas pouvoir découvrir la première partie de cette soirée. Il en reste que les avantages des programmes multiples est la présence de pauses entre les oeuvres afin de pouvoir prendre place dans le lieu de présentation. 

C'est donc dans la salle attenante de l'Espace Orange que j'attendrai avec "quelques autres personnes" toutes aussi "chanceuses" que moi, la fin de "Mascarade" de Katia-Marie Germain. Chanceux malgré tout dans ma malchance, la soirée est captée en vidéo et je pourrai me reprendre. C'est ce que je ferai devant, mon trop petit écran !

Allons y, donc, dans mon ordre de découverte, soit d'abord "Ce qu'il nous reste" de Edgar Zendejas avec les élèves de deuxième année, Méanne Belisle, Gabrielle Boudreau, Laura Brisson, Alec Charbonneau, Sphynx Church, Meggie Cloutier-Hamel, Émile de Vasconcelos-Taillefer, Coralie Fortier, Camille Huang, Sara Kurz-Martin, Mya Métellus, Audric Raymond, Tommy-Lee Salvas. 

                     Crédit Maxime Côté fournie par l'École de danse contemporaine de Montréal

Le tout commence avec celui que semble seul, comme nous pouvons l'être toutes et tous, et qui sera rejoint graduellement par les autres. Comme l'indique de façon fort juste le programme de la soirée, je découvre "Revenir à l’essentiel, réaliser ce qu’il y a au bout du compte, essayer de se comprendre collectivement, partager ce que nous ressentons, une pause de notre vie, le temps d’un rassemblement, ce qu’il nous reste vraiment." 

Le tout se fait dans une proposition toute poétique dans laquelle je retiens surtout des vagues de mouvements et des gestes qui se propagent par ondulation par ces jeunes habillés tout en couleur (avec leurs bas rouges), alimentés par une musique "portante" et en crescendo ! Je ressens bien, et avec émotion, ce qui peut animer collectivement ces jeunes toutes et tous différent.es dans des épisodes plus ou moins heureux de leur vie en groupe. Mais ultimement dans la vie, comme la fin me le rappellera, nous sommes seuls, mais sans que l'ombre ne nous vainque. Une oeuvre qui m'a fait du bien.

Après la pause, revient la même gang pour "Nos corps périodiques" de Stacey Désilier qui nous amène dans territoires chorégraphiques tout à fait différents. Un début avec des êtres aux costumes sombres dans un "monde" qui le semble tout autant. Une proposition, plus viscérale à mes yeux, qui réservera des surprises fort surprenantes dont la première durant laquelle, en choeur, nous les voyons "chanter". Comme dans la nuit, ces êtres évoluent, prenant peu à peu leur identité propre (lire ici des vêtements différents). Les gestes reflètent des pulsions humaines mais pas coupables, justes normales ! Un de mes moments favoris, arrive lorsqu'en groupe, elles et ils deviennent, tout aglutiné.es, un tout pour former un choeur et chanter au son de la guitare de l'une d'elle, la chanson ""Surf" de Mac Miller. Le contraste avec ce qui a précédé est fort grand, mais créé une brèche de lumière dans cet univers jusqu'ici fort sombre de ses ombres. La fin sera, tant qu'à elle, percutante pour ouvrir de nouveaux horizons prometteurs (opinion de spectateur !!!) parce que peu importe les "sparages", la parole toute simple et légitime doit s'affirmer et se faire entendre. Bravo Stacey !

                    Crédit Maxime Côté fournie par l'École de danse contemporaine de Montréal

La suite pour moi, mais la première partie de cette soirée, je la découvrirai devant mon écran.

"Mascarade" de Katia-Marie Germain dans le cadre du laboratoire de création Fly (projet qui vise à l'insertion professionnelle des diplomé.es de cette école, mettra sur scène, Elisa Barrat, Madeleine Bellefeuille, Jasmine Bouchard, Julianne Decerf, Luce Lainé, Caroline Namts. 

De cette chorégraphe, je me souviens encore sa proposition précédente "Habiter" présentée dans le cadre du offta 2018 ( https://surlespasduspectateur.blogspot.com/2018/05/sur-mes-pas-en-danse-au-offta-2018.html).

                     Crédit Maxime Côté fournie par l'École de danse contemporaine de Montréal

Cette fois avec "Mascarade", la chorégraphe fait "éclater" la table, pivot de l'action pour la faire éclater en divers lieux d'une même maison. Dans cette maison, six femmes que nous suivons dans une série de tableau entrecoupés de noirceur. En ce sens, la chorégraphe continue d'exploiter le filon fort riche de sa proposition précédente, celui des relations humaines, parfois fort complexes. Seules avec d'autres, l'histoire, celle de la chorégraphe et/ou la nôtre, se fait devant nous. Tout est important dans ce que je découvre, même le regard furtif et le changement de perspective. Le tout évolue jusqu'à une finale dans laquelle les parties deviennent le tout, ensemble.

La proposition de cette chorégraphe "hors norme" de ma perspective poursuit l'exploration de ce qui est dévoilé par la lumière et de ce qui doit rester dans l'ombre, laissant au spectateur une grande marge de manoeuvre pour y faire sa "lecture". Pour ma part, j'abaisse bien bas mon chapeau aux interprètes qui doivent performer tout en retenue tout au long de l'oeuvre. 

samedi 11 décembre 2021

Sur mes pas en danse: "Suites perméables" "version" fort bien réussie par les étudiantes en danse de l'UQAM

La fin de l'année approche et, c'est pour moi "Noël avant le temps" ! Par conséquent, mes pas m'amènent aux différentes prestations des étudiant.es en danse de l'École de danse contemporaine de Montréal et de l'UQAM. Je reviendrai sur ma soirée "incomplète à compléter" avec ceux de deuxième année de l'École de danse contemporaine de Montréal, mais en ce vendredi soir, je me rends dans un lieu familier, le département de danse, 840 rue Cherrier. 

L'oeuvre que je découvrirai en cette soirée, "Suites perméables" d'Emmanuel Jouthe, j'en serai à ma troisième fois (la première était en juin 2016). Les deux premières étaient avec six interprètes et impliquaient une assez grande proximité des interprètes et des spectateurs. Cette fois, nous serons, une quarantaine à prendre place sur un des sièges dans l'espace scénique en suivant les indications de celle qui nous accueille. À mon arrivée, devant moi, trois longues bandes blanches (trois espaces de prestation) avec des sièges de part et d'autre. Le spectateur averti que je suis, trouve stratégiquement sa place dos à un mur avec face à moi, de tout proche à de plus loin, les trois allées de prestation. 

                                         Tiré du site du département de danse de l'UQAM

Pause

Avant d'aller plus loin, je dois rappeler que cette proposition n'est pas que de la danse contemporaine avec un quatrième mur étanche. Tout au long, des interactions de proximité avec les spectateurs, il y aura. Mais, soyez rassuré.es, le tout s'est déroulé de façon sécuritaire sans altérer l'essence de l'oeuvre.

Fin de la pause

Ainsi donc, bien assis sur mon siège, j'attends le début qui se concrétise avec l'arrivée en salle des douze interprètes (Mélia Boivin, Noah Bride, Margot Carpentier, Morganne Guillou, Rozenn Lecomte, Ariane Levasseur, Anaïs Levert-Beaulieu, Cyrielle Rongier, Daphné Sanscartier, Émilie Miluna Serre et Julia Smith) qui investissent les trois allées.

Le défi dans ce type de proposition est de tenter de tout suivre, défi qui a tout de la mission impossible. Il en reste que redevenu plus réaliste, mon regard porte surtout sur celles qui évoluent proche de moi. Impossible de rester imperméable devant ces êtres mus par des forces invisibles incarnant, de ma perspective, la constance évolutive de l'imaginaire et des émotions. Je découvrirai celle qui se confie au spectateur à côté de moi, celle qui laisse un tissu sous mon siège, celle qui recherche l'objet laissé, celle aussi qui viendra proche de moi me regardant droit dans les yeux, voilà sur quoi porte mon attention. Je découvre devant moi et un peu plus loin aussi, des courants (marins) humains dans l'espace avec les vagues qui portent et animent ces corps. "Et ne voilà tu pas", qu'elles nous déclament "Nous sommes prêtes à danser sur le pont du Titanic" ! Moment magique et béni de communion entre l'oeuvre et le spectateur que je suis !

Le temps passe trop vite pendant cette cinquantaine de minutes, les mouvements évoluent tels des tourbillons fort bien organisés, me gardant bien captif de chacune de celles qui les incarnent. Et puis arrive (trop vite de ma perspective), le moment où elles nous quittent définitivement.

Je repars fort heureux et satisfait d'avoir revu en personne plusieurs de ces étudiantes que j'avais apprécié lors de leurs prestations sur une ou des Passerelles 840. Bravo aussi au chorégraphe et ses collaborateurs pour cette adaptation ! Il leur reste une dernière session avant de terminer et le "vieux" ex-prof que je suis a bien hâte de découvrir leurs derniers pas dans leur programme d'étude, mais surtout aussi leurs prochains pas professionnels !



jeudi 9 décembre 2021

Sur mes pas en danse: "Le sacre du printemps" de Marie Chouinard, un classique qui fait du bien à revoir.

 Lorsqu'une création de Marie Chouinard est à l'affiche, difficile, sinon impossible de dire non, même si ce n'est pas la première fois, d'autant plus que cette oeuvre est un classique. Voilà donc pourquoi, mon agenda est bloqué et que mes pas m'amènent en ce froid début de saison hivernal jusqu'à l'Usine C pour revoir "Le sacre du printemps". C'est "loin" de ma première rangée (lire ici de la deuxième !!!) que je me prépare à découvrir ce classique, avec en bonus à la fin une discussion avec la chorégraphe.

Le rideau s'ouvre sur les "Signatures sonores" (de Rober Racine) qui gratouillent l'espace sonore en vue de préparer ce qui va suivre. Le sens de cette "introduction" quelque peu énigmatique nous sera indiqué par la chorégraphe. Pour elle, cela représente le frottement du stylo d'Igor Stravinski dans le train lors d'un de ces déplacements lorsqu'il créée son "Sacre du printemps".

                                      Photo de Marie Chouinard tirée du site de sa compagnie

Une fois la "table mise", nous aurons droit à l'arrivée de ces personnages qui semblent venir d'un autre monde. Impossible de rester impassible devant leurs gestes forts et troublants aussi ! Et comme l'indiquait la chorégraphe et je partage totalement son opinion, on ressent très bien "l'esprit qui anime le corps" ! Je suis captif et captivé face à ces êtres qui apparaissent, me présentent leurs gestes vifs et intenses et qui disparaissent, comme dans un rêve !

Pour nous amener dans cet univers onirique, il faut un grand talent et un engagement total des différents interprètes et c'est le cas, bravo Michael BaboolalAdrian W.S. BattPaige Culley, Jossua Collin DufourRose GagnolValeria GalluccioMotrya KozburLuigi LunaSayer MansfieldCeleste Robbins et Clémentine Schindler.

Après les longs et fort bien mérités applaudissements, le rideau de ferme et arrivent sur scène Danièle de Fontenay (directrice générale et artistique de l'Usine C) et Marie Chouinard. Et encore une fois, je suis sous le charme des propos fort généreux de cette femme qui nous parle de la génèse de cette oeuvre créée il y a une trentaine d'années. Nous apprenons aussi de la petite modification apportée à l'oeuvre l'après-midi même. L'énergie que dégage cette femme est contagieux et me rejoint, mais surtout me fait du bien. Je me rappelle encore de la rencontre que le Festival Soir dans Hochelaga Maisonneuve en août 2018 avait mis dans sa programmation durant laquelle, encore une fois, elle avait été d'une grande générosité et dont vous pourrez tout lire en suivant ce lien (https://surlespasduspectateur.blogspot.com/2018/08/sur-mes-pas-en-dance-retour-de-ma.html).

Je reviens fort heureux et satisfait de cette soirée fort belle qui m'a permis de revoir un classique.



dimanche 5 décembre 2021

Sur mes pas de lecteur: Une fort belle rencontre avec les autrices de "Faire corps" grâce à Atelier 10 !

C'était, il y a six ans. À l'époque, j'avais lu, sur recommandation, l'article "Mammifères et les pissenlits" (sur la musique à l'ère de l'internet) de Tristan Malavoy dans la revue Atelier 10 et les autres articles aussi ! J'ai mordu à l'hameçon (avec grand plaisir !), je me suis abonné et je le suis toujours. 

Depuis, je reçois et je lis ce que ses artisans me font parvenir, revues comme courts essais. Un des faits marquants, mais pas le seul, de ces lectures, "Les luttes fécondes" de Catherine Dorion. Depuis, j'en suis devenu un fan inconditionnel de cette femme et grandement reconnaissant pour cela à Nicolas Langelier et son équipe.

Il y a quelque temps de leur part, j'ai reçu le document "Faire corps" de Véronique Côté et Martine B. Côté (sans lien de parenté que j'apprendrai plus tard !). Et comme à l'habitude, je me suis mis à la lecture de leur texte. Il est question du phénomène de la prostitution. Le point de départ de ce texte, dont le sous titre est "Guerre et paix autour de la prostitution en tant que fatalité" est une rencontre entre Véronique Côté (femme de théâtre) et Rose Dufour (anthropologue qui s'est intéressée au phénomène de la prostitution) par l'entremise d'un directeur de théâtre qui voulait mettre sur scène une oeuvre sur ce sujet. Cette pièce, "La paix des femmes" a été écrite et je me promets de la lire aussi dans un proche avenir.

                                     Tirée du site de Atelier 10

Bon, bon, vous me direz, tout dubitatif, quoi de nouveau sur ce sujet peut-il être écrit. Et à cela de vous répondre, vous pourriez être surpris. La prostitution passe sûrement en ces temps actuels sous le radar compte-tenu de tous les autres enjeux actuels, mais cela devrait-il être pour autant absent de nos préoccupations ? Une fois la lecture terminée, ma réponse (et l'actualité me le confirme) est "NON". J'ai grandement apprécié cet essai à deux plumes dont dès les premières pages, Véronique Côté campe sa position sur un sujet dont elle n'est pas experte, "nous avons besoin que les expert.es nous informent, mais la conversation doit être ouverte à tout le monde.". Et sa position, je la fais mienne. De la centaine de page qui suit, je peux y trouver des informations fort actuelles dont une, particulièrement me surprend. Je vous la partage, soit celle de la division fort tranchée, belliqueuse et irréconciliable dans le mouvement féministe, les "pro-travail du sexe" (ou pro-tds) et les abolitionnismes (ou les abolos). 

Un peu après en avoir fini la lecture, je reçois une invitation de l'équipe de Atelier 10 pour assister à une rencontre avec les deux autrices sur ce sujet, invitation que j'ai acceptée. C'est avec une vingtaine de personnes que les deux autrices et celle qui animera cette rencontre de plus d'une heure, Marie-Claude Beaucage que nous pourrons en savoir un peu plus sur cet enjeu fort divisant chez les féministes (et la société aussi). Une rencontre fort intéressante durant laquelle, une question nous a été posée, la prostitution est-elle légale ou illégale ? La question a tout de la question piège, mais suffit d'avoir lu le livre pour l'éviter ce piège. Et moi, ici je vous laisse sans la réponse. À la suite plein de questions et de commentaires me viennent en tête, mais comme je ne suis pas le seul, je suis reparti avec à la maison !

L'homme que je suis a beau avoir du vécu, il en reste que bien des sujets sont encore des territoires à explorer et ce plus récent essai l'a fait de façon fort habile et encore plus intéressante en une centaine de pages, merci mesdames !


vendredi 3 décembre 2021

Sur mes pas en danse: "What will come", une histoire sur le sens de la vie chez Tangente.

 Avant de vous partager ce que j'ai pu découvrir chez Tangente pour sa dernière proposition régulière de cette saison, je me permets de partager un de mes plaisirs de spectateur, celui de découvrir l,évolution d'une proposition.

Il y a quelques années, en 2016 plus précisément, au Festival Zone Homa, je découvrais "Box.in" de Julia B. Laperrière et Sébastien Provencher sur lequel j'écrivais, "De ce box.in, ils nous propose un box.out, une invitation, selon moi, à décloisonner, à résister à notre tendance naturelle.". Mon impression de découvrir une évolution de cette proposition m'a été confirmée en début de représentation par une informatrice bien avisée ! Voilà un autre constat que de l'idée originale et de la conception, les différentes étapes jusqu'à l'aboutissement, il peut y en avoir du temps et des changements !

Donc, c'est sur "mon" siège en première rangée devant une scène dont la blancheur et celle aussi des accessoires présents que je me prépare à découvrir la nouvelle version de leur création et aussi, peut-être, ma nouvelle perspective. Ce qui fût le cas, mais ne précipitons rien !

Donc devant moi, une scène toute blanche, avec aussi un peu de noir parsemé. Une fois les paroles d'introduction faites, le silence se fait et l'attente se met tout "attentive". Et puis, peu à peu "naissent" à tour de rôle ces deux personnages de leur cube. Et ce qui suivra, une fois mis.es au monde, je découvre  des épisodes de vie dans un monde sans sens apparent ! Pendant que je découvre leurs déplacements, sur cette scène déplaçant les objets, les organisant, les désorganisant aussi, une question émerge fortement en moi, "la vie a-t-elle un sens ?" Quel est le sens des choses dans leurs apparences extérieures, mais intérieures aussi (de couleurs différentes !), tout.es les deux, iels me le rappellent et moi, ça me captive.

                                              Crédit Sandra Lynn Bélanger fournie par Tangente

Et de ce passage sur terre, qui consiste à un début, en découle aussi à une fin qui nous est présentée de façon fort esthétique (la sortie du "cocon" de Julia est franchement fascinante) et évocateur d'une suite possible. Impossible de passer sous silence, la musique live de Bráulio Bandeira qui enrobe et rehausse ce que je vois devant moi.

Au final, une rencontre intéressante et riche qui me présente une réflexion sur la vie moderne de la société, la mienne aussi ! Ainsi donc de ce "Box.in" en est ressorti un "What will come", une proposition fort esthétiquement belle et éclairante sur la vie d'aujourd'hui.



mercredi 1 décembre 2021

Sur mes pas de spectateur: Quelle rencontre que celle avec Angélique Willkie et sa "Confession publique" !

En ce mardi soir tout sombre et tout froid, mes pas m'amènent jusqu'au La Chapelle, depuis "trop longtemps" délaissé par moi. J'ai rendez-vous avec une grande dame de la danse, madame (oui, oui j'insiste à cette marque de respect !!) Angélique Willkie qui nous présentera sa "Confession publique". Et à cette rencontre, je ne serai pas seul, puisqu'elle se fera devant une salle comble qui sans briser de "punch", sera une salle comblée aussi.

                                 Crédit photo: Kevin Calixte tirée du site du La Chapelle

Avec le temps, j'ai appris sur moi et lorsqu'une oeuvre a tout de la rencontre, j'y trouve un grand plaisir anticipé. Et c'est donc en première rangée que je prend place sous le regard de cette femme bien installée derrière la batterie sur une petite scène surélevée ! Elle accueillera toute silencieuse mais avec le regard bien aux aguets sur chacun.e des spectatrices et des spectateurs qui entrent jusqu'à faire salle comble.

Et puis les lumières dans les estrades se font discrètes puis absentes et sa confession débute sous un déchaînement de sons qu'elle produit avec sa batterie. Comme, si elle voulait briser la glace entre nous et libérer toute espèce de gêne. Et puis peu à peu, lui sont enlevés les instruments de sa batterie et des parties de son petit espace surélevé. 

Je ne décrirai pas chacune des étapes de la confession que nous font découvrir cette femme qui se dévoile corps et âme, mais impossible de rester muet sur le premier. Celui qui tout au long elle fait tourner son micro dans l'espace, passant d'un bras l'autre pour nous confier une série de secrets (réels ou non ???) sur sa vie qui débute à chaque fois par "Once upon a time, there was a little girl named Angie", tel un mantra. 

À chaque étape de sa confession, nous en découvrons sur elle. Elle avec son corps présent, son corps pensant, son corps exposé, son corps manipulé et aussi son corps maltraité. Tout au long, elle est accompagnée par Anne-Marie Jourdenais qui avec discrétion et efficacité effectue les passages d'un tableau à l'autre. 

Et lorsque sa confession se termine et que les lumières s'éteignent, nous sommes longtemps silencieux question de reprendre notre place ici et maintenant pour ensuite applaudir chaleureusement et longuement. Conscient.es d'avoir été là, présent.es à un moment privilégié.

Comme l'indique le site du La Chapelle, "Confession Publique est un solo autobiographique (de Mélanie Demers) qui n’a jamais vu le jour. Relégué aux oubliettes, c’est Angélique Willkie qui a fait remonter à la surface le désir pour cet objet artistique. Comme une offrande, Confession Publique lui est aujourd’hui destinée " et nous privilégié.es de l'avoir reçu !