Décidément, les bouchons pour les oreilles ont la cote ces derniers temps ! Après ceux proposés pour "Suie" de Dave St-Pierre et Anne Le Beau, les spectateurs s'en faisaient aussi offrir pour "Idiot" d'Helen Simard, présenté au La Chapelle.
"Idiot" n'est pas une proposition si surprenante si vous aviez assisté à "No fun", premier volet de la trilogie en cours, inspirée par Iggy Pop. En effet, j'avais écrit à l'époque (pas si lointaine) pour "No fun" qu'Helen Simard "rock the place" avec une oeuvre qui décoiffe. Une oeuvre branchée sur le 220 volts, avais-je ajouté.
Cette fois, c'est à une oeuvre "sur l'acide" qu'elle nous convie. Une oeuvre qui amplifie et qui déforme nos perceptions. Une oeuvre qui au final, pourra plaire ou déplaire souverainement, mais qui ne laissera pas indifférent.
Photo :Nikol Mikus
À notre entrée dans la salle, transformée en pièce de garage avec un échafaud à l'appui qui domine à l'arrière, les interprètes sont là immobiles.Une fois, la salle remplie et le "cue" donné, les humains émergent de leur torpeur et la musique prend possession de la place. Comme spectateur, mes perceptions commencent à ressentir différemment et les corps ont l'air à se comporter bizarrement. Régulièrement, leur habillement change, m'empêchant de prendre appui. Mon interprétation rationnelle de ce qui se passe est noyé par le flux visuel et sonore qui évolue hors contrôle. Affirmer que j'ai été hors de ma zone de confort serait un euphémisme ! Affirmer que cette expérience déstabilisante m'a plu serait, d'autre part, une évidence.
Décidément, en danse, Helen Simard nous amène ailleurs,mais surtout différemment avec ses interprètes (Stacey Désilier, Stéphanie Fromentin, Sébastien Provencher (Iggy Pop réincarné), Emmalie Ruest, Jackie Gallant, Ted Yates et Roger White.
Pour résumer, ce que vous pourrez ressentir tout au long de "Idiot" sans l'être (idiot), serait comme si
"vous aviez avalé deux buvards de LSD il y a trois heures et ils commencent à sérieusement faire effet. D’ailleurs, tout est bizarre autour de vous, et les gens (devant vous) ont l’air légèrement différents." Mais n'ayez aucune inquiétude, l'effet est passager, assez agréable et ne laisse pas de séquelles.
mardi 28 février 2017
samedi 25 février 2017
Sur mes pas en danse: "Folk-s" s comme dans surprise !
Il y a de ces moments pour lesquels rester à la maison aurait été une bonne façon de remplir mon agenda. Mais si vous avez déjà un billet et que vous apprenez que l'oeuvre est attendue, la case horaire change d'inscription et direction Usine C vous prenez. La réception d'une oeuvre, vous le savez déjà, dépend de la personne qui assiste à l'oeuvre et la mienne était limitée. Par conséquent, lorsqu'après une vingtaine de minutes de présentation de "Folk-S", "will you still love me tomorrow ?", la question est devenue pour moi fort pertinente. D'autant plus que l'un des interprètes, nous informe que la présentation se terminera lorsqu'il y restera un seul danseur sur scène ou un seul spectateur dans la salle. Alessandro Sciarroni, le chorégraphe veut éprouver notre patience et pour ce faire, lui et ses interprètes reprendront, sous différentes variantes, le schuhplatter (danse folklorique de Bavière et du Tyrol). Donc, sur une scène blanche avec comme seul habillement, un environnement musical intermittent, les six interprètes s'exécutent. Le mouvement intéresse au début, mais une fois les vingt minutes passées, je me demande si moi, je resterai.
Photo: Andrea Macchia tirée du site du Devoir
Mais allez donc comprendre, une transition se fait et tout à coup et si la danse continue, moi je m'intéresse aux détails de ses mouvements répétés. Par conséquent, captivé et captif ais-je été jusqu'à la toute fin, par cette oeuvre devenue métaphore de la vie. De ces gestes répétés qui incluent des interactions humaines toutes subtiles et discrètes, ces clins d'oeil pour entreprendre une chose, cette attente de l'autre avant d'aller de l'avant. Par conséquent, mon attention s'est quelque peu détournée de leurs pas, pour me concentrer sur l'interaction des interprètes et leurs gestes à venir. Et question fondamentale, comment, eux persisteront-ils ? Le départ du premier (le chorégraphe) sur le souffle d'un accordéon est un moment fort et très réussi de l'oeuvre. Comme dans la vie, chacun partira et prenons le temps d'apprécier le dernier souffle. Par la suite, chaque départ, comme ce premier, sera effectué différemment par la porte arrière avec une lumière au "bout du tunnel".
Il en reste que lorsque tout se termine, après plus d'une heure trente de présentation, je quitte avec regret mon siège. De cette danse exigeante que j'ai pu apprécier de la première rangée, on y voit une habile représentation de nos routines quotidiennes avec tous les petits détails qui l'enrichissent et la particularise. Et cette routine, elle n'aura de fin que par nos pas dans le tunnel avec la lumière au bout.
Photo: Andrea Macchia tirée du site du Devoir
Mais allez donc comprendre, une transition se fait et tout à coup et si la danse continue, moi je m'intéresse aux détails de ses mouvements répétés. Par conséquent, captivé et captif ais-je été jusqu'à la toute fin, par cette oeuvre devenue métaphore de la vie. De ces gestes répétés qui incluent des interactions humaines toutes subtiles et discrètes, ces clins d'oeil pour entreprendre une chose, cette attente de l'autre avant d'aller de l'avant. Par conséquent, mon attention s'est quelque peu détournée de leurs pas, pour me concentrer sur l'interaction des interprètes et leurs gestes à venir. Et question fondamentale, comment, eux persisteront-ils ? Le départ du premier (le chorégraphe) sur le souffle d'un accordéon est un moment fort et très réussi de l'oeuvre. Comme dans la vie, chacun partira et prenons le temps d'apprécier le dernier souffle. Par la suite, chaque départ, comme ce premier, sera effectué différemment par la porte arrière avec une lumière au "bout du tunnel".
Il en reste que lorsque tout se termine, après plus d'une heure trente de présentation, je quitte avec regret mon siège. De cette danse exigeante que j'ai pu apprécier de la première rangée, on y voit une habile représentation de nos routines quotidiennes avec tous les petits détails qui l'enrichissent et la particularise. Et cette routine, elle n'aura de fin que par nos pas dans le tunnel avec la lumière au bout.
Sur mes pas en danse: à la découverte de l' "Animal triste" qui dort en nous
Ainsi donc, le grand jour est enfin arrivé ! Après que les responsables de l'Agora de la danse et de Tangente aient réussi avec patience et détermination leurs "douze travaux d'Hercule", le rideau s'est enfin levé sur la première représentation dans le Wilder. Privilégié, je suis muni d'une invitation pour m'y rendre pour découvrir en avant-première "Animal Triste" de Mélanie Demers. Mais pour cela, mes pas ont dû d'abord trouver la porte d'entrée de cet immeuble pas tout à fait terminé, rue de Bleury. Une fois cette étape accomplie, j'ai été bien dirigé, avec des sourires de retrouvaille fort généreux, vers le lieu d'acceuil, parce qu'un nouveau lieu peut avoir des allures de labyrinthe pour celui qui s'y rend pour la première fois. Pas difficile d'affirmer que ce lieu, une fois terminé, sera fort attrayant, parce que même "décoré" de matériaux de construction, il fait bonne mine.
Le moment venu, la salle ouvre ses portes tout en haut d'un escalier et nous arriverons donc par le haut pour choisir notre place. Quel plaisir de découvrir que n'importe quelle place choisie, l'inclinaison permettra de bien voir ce qui se passe sur scène et cela peu importe la dimension de la tête de la personne devant nous. À notre entrée, les quatre interprètes sont déjà là, sur les côtés dans l'ombre, nus et au fur et à mesure que la salle se remplit, ils revêtent leurs habits. La scène au milieu est entourée de projecteurs tout à terre avec leurs fils tout dispersés sur la scène. Le moment venu, question d'apporter un regard éclairé sur cet animal triste, les interprètes se mettent à prendre chacun de ces fils pour les amener à la prise, laissant la scène pour le combat intérieur de cet animal triste, mais selon moi surtout torturé. Chacun pourra en faire sa lecture, mais pour moi, c'est manifestement les guerres intestines de nos personnalités intérieures que les quatre interprètes (Marc Boivin, Francis Ducharme, Riley Sims et Chi Long) m'ont présentées avec une intensité remarquable. Cette pièce sombre, pessimiste, sans les artifices plus éclairants ou éclatants de la chorégraphe, nous pourrions la subir, si ce n'était de ces quatres interprètes qui la portent fort habilement. Ainsi donc, nous sommes faits de contradictions, d'aspects troubles et la domination de l'une de ses contradictions ne la fait pas victorieuse pour autant. Impossible de rester impassible lorsque Marc Boivin saisit Chi Lung par les cheveux sans qu'elle ne lui soit asservie.
Photo de Mathieu Doyon
La vie est cruelle et l'animal (ou l'être humain) triste et ce dernier pour y survivre devra concilier sa nature polymorphique et le choc de ses pulsions et pas question d'y échapper, comme sur cette scène sans échappatoires. Et pour nous le faire ressentir, la chorégraphe nous propose une dernière partie toute en lenteur et en finales répétées. Cette dernière partie, je dois l'avouer, sur le moment, m'avait laissé un peu dubitatif, mais le murissement de l'oeuvre en moi, m'en a donné une autre perspective.
D'autres l'ont dit et je suis d'accord, Mélanie Demers entreprend un changement de direction tout en restant constante dans sa vision du monde. Pour moi, c'est décidé, je prend son virage.
Le moment venu, la salle ouvre ses portes tout en haut d'un escalier et nous arriverons donc par le haut pour choisir notre place. Quel plaisir de découvrir que n'importe quelle place choisie, l'inclinaison permettra de bien voir ce qui se passe sur scène et cela peu importe la dimension de la tête de la personne devant nous. À notre entrée, les quatre interprètes sont déjà là, sur les côtés dans l'ombre, nus et au fur et à mesure que la salle se remplit, ils revêtent leurs habits. La scène au milieu est entourée de projecteurs tout à terre avec leurs fils tout dispersés sur la scène. Le moment venu, question d'apporter un regard éclairé sur cet animal triste, les interprètes se mettent à prendre chacun de ces fils pour les amener à la prise, laissant la scène pour le combat intérieur de cet animal triste, mais selon moi surtout torturé. Chacun pourra en faire sa lecture, mais pour moi, c'est manifestement les guerres intestines de nos personnalités intérieures que les quatre interprètes (Marc Boivin, Francis Ducharme, Riley Sims et Chi Long) m'ont présentées avec une intensité remarquable. Cette pièce sombre, pessimiste, sans les artifices plus éclairants ou éclatants de la chorégraphe, nous pourrions la subir, si ce n'était de ces quatres interprètes qui la portent fort habilement. Ainsi donc, nous sommes faits de contradictions, d'aspects troubles et la domination de l'une de ses contradictions ne la fait pas victorieuse pour autant. Impossible de rester impassible lorsque Marc Boivin saisit Chi Lung par les cheveux sans qu'elle ne lui soit asservie.
Photo de Mathieu Doyon
La vie est cruelle et l'animal (ou l'être humain) triste et ce dernier pour y survivre devra concilier sa nature polymorphique et le choc de ses pulsions et pas question d'y échapper, comme sur cette scène sans échappatoires. Et pour nous le faire ressentir, la chorégraphe nous propose une dernière partie toute en lenteur et en finales répétées. Cette dernière partie, je dois l'avouer, sur le moment, m'avait laissé un peu dubitatif, mais le murissement de l'oeuvre en moi, m'en a donné une autre perspective.
D'autres l'ont dit et je suis d'accord, Mélanie Demers entreprend un changement de direction tout en restant constante dans sa vision du monde. Pour moi, c'est décidé, je prend son virage.
vendredi 24 février 2017
Sur mes pas en danse: "Waltz" dans le métro
Si vous mettez ensemble un 375e anniversaire (celui de Montréal) et l'arrivée d'un diffuseur (Tangente) dans un nouvel édifice dédié à la danse ( le Wilder), cela rend les choses "Possibles". Voilà donc pourquoi, en ce mardi, mes pas m'ont amené à la station Place-des-Arts pour découvrir le deuxième opus de ce projet (Possibles), soit "Waltz" de Jacques Poulin-Denis avec sur le tapis roulant pour l'occasion les finissantes et finissants de l'École de Danse Contemporaine de Montréal, présenté par Tangente et LA SERRE.
Photo :Robin-Pineda-Gould sur le site de Tangente
Ainsi donc dans l'espace entre les guérites du métro et les corridors pour se diriger vers la Place des Arts, un tapis roulant surélevé entouré par un ruban blanc faisait office de scène. Plusieurs minutes avant le début prévu, déjà une foule nombreuse s'attardait dans le petit espace pendant que les usagers se frayaient un passage vers le métro ou vers l'extérieur où un temps printanier les attendait. Nous sommes le 21 février, je le rappelle ! Arrive le moment et résonne dans la place, une phrase qui se répétera par la suite, "Nous demandons aux passagers de ne pas retenir leurs pensées pour ne pas retarder l'avenir", pendant qu'un danseur s'installe sur le tapis roulant que se met à rouler pour prendre le train de sa vie. Ce que nous pourrons découvrir par la suite, est une suite de courts tableaux qui se composent de mouvements frénétiques, parfois désespérés, parfois plus sages, souvent fonceurs ou déterminés. Un à la fois ou en duo ou en groupe, le mouvement sur place va de l'avant sans que l'on ne lasse. Moi, je me permets de trouver (intérieurement) des titres à ces tableaux, dont un m'inspire particulièrement, soit celui où lui marche sur tapis roulant pendant que elle sur ses épaules effectuent des mouvements frénétiques. Ce tableau, je le nomme "Faut avoir confiance". Les transitions sont fort habilement amenées et font souvent surgir de derrière nous, les interprètes. À intervalle régulier, les annonces fusent, telles que "arrêt de courant sur la ligne électrique" ou "interruption sur la ligne de la main". Le nom des destinations, imaginées, font voyager dans différents lieux et univers, conservant notre intérêt.
Le temps passe, les textes repassent en boucle, nous permettant de mieux les apprécier ou les découvrir, la composition de la foule se modifie sans que son nombre ne diminue. Tout cela sous le regard du chorégraphe légèrement en retrait et manifestement satisfait . Une belle initiative, puisque de ces passants-voyageurs, nombreux se sont arrêtés et ont pu apprécier comment la danse contemporaine peut se rapprocher de nous et de nos préoccupations quotidiennes. Ces pas se poursuivront jusqu'à vingt heures, mais pour ma part, la soirée se poursuivra au Wilder pour l'ouverture officielle du lieu et la présentation de "Animal Triste" de Mélanie Demers. Ça sera mes premiers pas dans cet édifice encore en construction mais néanmoins prêt à nous accueillir. J'y reviendrai dans un autre texte.
Photo :Robin-Pineda-Gould sur le site de Tangente
Ainsi donc dans l'espace entre les guérites du métro et les corridors pour se diriger vers la Place des Arts, un tapis roulant surélevé entouré par un ruban blanc faisait office de scène. Plusieurs minutes avant le début prévu, déjà une foule nombreuse s'attardait dans le petit espace pendant que les usagers se frayaient un passage vers le métro ou vers l'extérieur où un temps printanier les attendait. Nous sommes le 21 février, je le rappelle ! Arrive le moment et résonne dans la place, une phrase qui se répétera par la suite, "Nous demandons aux passagers de ne pas retenir leurs pensées pour ne pas retarder l'avenir", pendant qu'un danseur s'installe sur le tapis roulant que se met à rouler pour prendre le train de sa vie. Ce que nous pourrons découvrir par la suite, est une suite de courts tableaux qui se composent de mouvements frénétiques, parfois désespérés, parfois plus sages, souvent fonceurs ou déterminés. Un à la fois ou en duo ou en groupe, le mouvement sur place va de l'avant sans que l'on ne lasse. Moi, je me permets de trouver (intérieurement) des titres à ces tableaux, dont un m'inspire particulièrement, soit celui où lui marche sur tapis roulant pendant que elle sur ses épaules effectuent des mouvements frénétiques. Ce tableau, je le nomme "Faut avoir confiance". Les transitions sont fort habilement amenées et font souvent surgir de derrière nous, les interprètes. À intervalle régulier, les annonces fusent, telles que "arrêt de courant sur la ligne électrique" ou "interruption sur la ligne de la main". Le nom des destinations, imaginées, font voyager dans différents lieux et univers, conservant notre intérêt.
Le temps passe, les textes repassent en boucle, nous permettant de mieux les apprécier ou les découvrir, la composition de la foule se modifie sans que son nombre ne diminue. Tout cela sous le regard du chorégraphe légèrement en retrait et manifestement satisfait . Une belle initiative, puisque de ces passants-voyageurs, nombreux se sont arrêtés et ont pu apprécier comment la danse contemporaine peut se rapprocher de nous et de nos préoccupations quotidiennes. Ces pas se poursuivront jusqu'à vingt heures, mais pour ma part, la soirée se poursuivra au Wilder pour l'ouverture officielle du lieu et la présentation de "Animal Triste" de Mélanie Demers. Ça sera mes premiers pas dans cet édifice encore en construction mais néanmoins prêt à nous accueillir. J'y reviendrai dans un autre texte.
dimanche 5 février 2017
Sur mes pas au cinéma: "Ceux qui font...un tombeau", du cinéma différent
Aller au cinéma recèle parfois des surprises et pas seulement pour les spectateurs. Je me permettrai de vous raconter ce que j'ai vécu récemment. Nous voulons aller au cinéma et nous hésitons entre deux films, pour enfin nous décider à aller voir "Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser une tombe" de Mathieu Denis et Simon Lavoie. À priori, rien ne me permettait de prévoir un achalandage important pour ce film, pourtant près de trente minutes avant la projection, la file d'attente est importante et les billets presque tous vendus !!! Je découvre la raison un peu après, la projection se fera en présence des artisans du film dont les deux réalisateurs. La fois précédente que cela m'est arrivée, le résultat que je vous dévoilerai plus tard en avait été le même.
C'est donc devant une salle pleine du Cinéma Beaubien que la projection débute, après une courte présentation. Ce film qui provoque un concert de très bonnes critiques dans les média réserve aux cinéphiles son lot de surprises. Loin des chemins habituels, le début surprendra jusqu'à ce que nous découvrions les quatre principaux personnages, trois filles (dont un transgenre) et un garçon qui refusent de baisser les bras après leur défaite "carré rouge". La lutte doit se poursuivre et les compromis ne sont pas à l'ordre du jour. Pendant plus de trois heures, leur histoire est accompagnée par des extraits d'archive et de citations. Jusqu'où peut mener et amener la lutte ? Comme si nous découvrions un tison encore ardent d'un feu d'artifice depuis longtemps terminé. L'incandescence de ce tison est un défi pour celui et celles qui veulent le maintenir rougeoyant. Il faut se rendre à la projection pour en découvrir l'évolution dans un monde qui a tourné la page.
Tirée du site de Cinoche
Une fois, la projection terminée sur une note d'ouverture au monde, les réalisateurs s'en viennent devant et ne savaient sûrement pas ce qui les attendaient, d'autant plus que les critiques étaient très favorables. Pour la petite histoire, et c'était au même cinéma, après la projection "Journal d'un coopérant" de Robert Morin, la rencontre avait bien mal tournée. Plusieurs spectateurs qui avaient oeuvré dans la coopération internationale n'avaient pas, mais pas du tout, apprécié cette histoire qui en avaient montré les côtés sombres. Difficiles moments qu'avait vécu le réalisateur et qui avait provoqué la réaction spectaculaire de Marie Chouinard (la chorégraphe) accompagnée par "Robert, je t'aime", juste avant sa sortie.
Dès la première intervention, le ton était donné. Après une petite fleur lancée, les gros pots ont suivi. Le rôle convenu des femmes et la représentation inexacte d'une assemblée d'étudiants en fin de grève constituent les principaux reproches. Reproches qu'ils tentent de contrer avec des répliques plus ou moins convaincantes. Il est certain que lorsqu'on mélange réalité et fiction, cela risque de créer la confusion et les réalisateurs l'ont constaté. Il y aura aussi de bons commentaires, mérités selon moi.
Mais il en reste que j'en retiens un plus particulièrement. Voilà une oeuvre qui ne s'adresse pas à tous les publics, mais qui permet de découvrir du cinéma différent, "intello", porté par quatre interprètes audacieux, Charlotte Aubin, Laurent Bélanger, Emmanuelle Lussier-Martinez et Gabrielle Tremblay.
C'est donc devant une salle pleine du Cinéma Beaubien que la projection débute, après une courte présentation. Ce film qui provoque un concert de très bonnes critiques dans les média réserve aux cinéphiles son lot de surprises. Loin des chemins habituels, le début surprendra jusqu'à ce que nous découvrions les quatre principaux personnages, trois filles (dont un transgenre) et un garçon qui refusent de baisser les bras après leur défaite "carré rouge". La lutte doit se poursuivre et les compromis ne sont pas à l'ordre du jour. Pendant plus de trois heures, leur histoire est accompagnée par des extraits d'archive et de citations. Jusqu'où peut mener et amener la lutte ? Comme si nous découvrions un tison encore ardent d'un feu d'artifice depuis longtemps terminé. L'incandescence de ce tison est un défi pour celui et celles qui veulent le maintenir rougeoyant. Il faut se rendre à la projection pour en découvrir l'évolution dans un monde qui a tourné la page.
Tirée du site de Cinoche
Une fois, la projection terminée sur une note d'ouverture au monde, les réalisateurs s'en viennent devant et ne savaient sûrement pas ce qui les attendaient, d'autant plus que les critiques étaient très favorables. Pour la petite histoire, et c'était au même cinéma, après la projection "Journal d'un coopérant" de Robert Morin, la rencontre avait bien mal tournée. Plusieurs spectateurs qui avaient oeuvré dans la coopération internationale n'avaient pas, mais pas du tout, apprécié cette histoire qui en avaient montré les côtés sombres. Difficiles moments qu'avait vécu le réalisateur et qui avait provoqué la réaction spectaculaire de Marie Chouinard (la chorégraphe) accompagnée par "Robert, je t'aime", juste avant sa sortie.
Dès la première intervention, le ton était donné. Après une petite fleur lancée, les gros pots ont suivi. Le rôle convenu des femmes et la représentation inexacte d'une assemblée d'étudiants en fin de grève constituent les principaux reproches. Reproches qu'ils tentent de contrer avec des répliques plus ou moins convaincantes. Il est certain que lorsqu'on mélange réalité et fiction, cela risque de créer la confusion et les réalisateurs l'ont constaté. Il y aura aussi de bons commentaires, mérités selon moi.
Mais il en reste que j'en retiens un plus particulièrement. Voilà une oeuvre qui ne s'adresse pas à tous les publics, mais qui permet de découvrir du cinéma différent, "intello", porté par quatre interprètes audacieux, Charlotte Aubin, Laurent Bélanger, Emmanuelle Lussier-Martinez et Gabrielle Tremblay.
Sur mes pas en danse: "Suie" de Dave St-Pierre, point de vue d'un spectateur
Comme bien d'autres, mes billets pour les spectacles de Danse-Danse, je me les procure bien à l'avance, parfois même un an. Vous savez peut-être déjà qu'en danse, il est impossible d'utiliser le buzz des premières représentations pour se décider, parce que "trois petits tours et puis s'en vont". Voilà ce qui décrit le mieux la courte durée de présentation d'une oeuvre et qui ne laisse pas une grande marge de manoeuvre avec l'agenda.
Donc, je fais confiance au diffuseur, dont Danse-Danse et cette confiance, elle va jusqu'à leur "Carte blanche" lorsqu'il programme une oeuvre pas encore créée, à mes risques et périls de spectateur. Ainsi en est le monde de la danse qui habituellement ne fait pas ou si rarement de vague dans le "grand public". Mais une fois ne fait pas coutume et cette fois, elle a droit, pour quelques jours à une visibilité inhabituelle, même jusqu'à des connaissances qui me demandait de les éclairer. Une première qui fait "fuir" des spectateurs de la première et qui provoque des critiques dans les média globalement négatives. La vague est lancée.
Pour la petite histoire et mettre les choses dans leurs justes perspectives, c'était il y a un peu moins de trois ans, même salle, même diffuseur et même comportement de certains spectateurs (soit leur départ avant la fin). Voici un extrait de la critique de Frédérique Doyon, parue dans le Devoir (le 16 avril 2014) sur "The land of fuck (a fable)".
"Dans le dernier quart, à nouveau en groupe, en petites danses atomisées, le Dietrich Group décline bien les différents sens du mot fuck, d’un ébat simulé au cri du désaxé en passant par le je-m’en-foutisme… Mais à la fin, à force d’aligner les clichés, la pièce se fout aussi et surtout des spectateurs, d’ailleurs nombreux à sortir. Agacés ? Bousculés ? Probablement simplement ennuyés…"
Un exemple parmi certains autres, pour les fois pour lesquels j'étais dans la salle. Une autre fois, c'était du buto par un maître venu du Japon, pourtant, toujours dans la même Cinquième Salle. C'est donc dire que la danse contemporaine, peut à l'occasion "surprendre" et faire lever du siège le spectateur moins résillent devant la découverte et la différence. Donc de ma perspective, rien de nouveau sous le soleil. Alors pourquoi tout ce boucan ?
D'abord, parce qu'il met en scène un de nos chorégraphes "phares" du Québec, Dave St-Pierre, le maître, selon moi, des coups de gueule et un diffuseur, Danse Danse qui travaille fort pour présenter de grandes oeuvres (et remplir les salles). Aussi, parce que dans un passé pas si lointain, le chorégraphe a annoncé tout haut qu'il ne présenterait plus de créations au Québec, à moins que l'on sorte le cash. Il semble que l'offre de Danse Danse pour une Carte Blanche ait suffit et, avec ses collaborateurs, il s'est mis à la tâche. Je le soupçonne d'avoir quelque peu profité de la situation. Je souligne ici, le mot soupçonne parce que la pensée humaine est insondable et surtout très variable.
Donc, le grand moment arrive avec une affiche "fichtrement" belle et quiconque a vu au moins une de ses oeuvres, sait que l'homme s'y connait en esthétique, mais pas seulement évidemment. J'ai encore plusieurs de ses tableaux en tête, des années plus tard, dont le dernier, époustouflant, de "Un peu de tendresse, bordel de merde" ou celui qui avec une simple table et une toile de plastique, il nous présentait son cheminement d'avant et d'après son opération, très touchant et très touché donc. Mais, je me rappelle aussi, les paroles qu'il avait prononcées (à la Maison de culture Frontenac pour une pré-présentation d'une oeuvre qui n'a jamais vu le jour, à ma connaissance) à propos d'un créateur qu'il admirait et qui avait exercé la patience des spectateurs jusqu'à une limite ultime avant que le vrai spectacle commence.
Donc quiconque, spectateurs comme diffuseurs, qui le suit comme moi, devrait savoir. Donc, abonnés de Danse-Danse ou non, se procurer un billet de Dave St-Pierre, peu importe l'affiche, amène en zone inconnue, mais aussi "explosive". De la perspective du chorégraphe et je la partage, c'est pour le meilleur pour le pire que l'on vient assister à ses créations.
J'étais donc bien assis sur mon siège pour la deuxième représentation, bien curieux. Une fois arrivé le moment de débuter la présentation, le chorégraphe se présente devant nous et se met à nous parler, d'abord sans texte préparé et ensuite à la lecture d'un texte disponible à tous mais pas très visible à l'accueil (dont je m'en suis procuré une copie). Ce que j'en retiens, c'est l'ambiguité du propos. En effet, si tu veux faire à ta tête, tu devrais "t'en foutre" des autres, mais royalement, sans avoir avoir à te justifier. Mais ce n'est pas ma perception de son discours qui a des volutes de justification. Dave St-Pierre, pour le meilleur ou pour le pire, ainsi soit-il, mais je lui conseillerai de laisser parler ses oeuvres, beaucoup plus éloquentes selon moi.
Pour cette oeuvre, il a laissé tomber son intérêt pour le quatrième mur, qu'il aimait franchir, mais le besoin de créer le sentiment d'inconfort, lui reste bien présent, mais autrement. Par l'intensité de la trame sonore ou la présence sur scène d'éléments à priori peu artistiquement pertinents (l'enfant et son chien), il cherche à nous déstabiliser, mais ses "fidèles spectateurs", nombreux dans la salle, le seront-ils ? Les quelques connaissances rencontrées après la représentation ont bien "survécu" et ce sans amertume, ni arrière goût.
Pour ma part, il réussit, pour peu que l'on se donne la peine, à nous proposer de façon grossière et intense, j'en conviens, des images fortes et intenses qui étire le moment jusqu'à le rendre intolérable pour nous. Jeanne d'Arc est un symbole fort qui est utilisé pour illustrer que nos erreurs nous les répétons sans cesse, encore et toujours "pognés dans la machine à Pepsi" et que les héros ou les symboles ont la vie dure.
Au final, une soirée mi figue, mi raisin. Parce que j'ai été tout à fait ébloui par les projections vidéo "trash" qui visaient juste et fort, mais moins par les tableaux chorégraphiques moins forts esthétiquement que j'espérais du chorégraphe. Anne Le Beau a bien investi son rôle avec l'intensité que lui connaît, mais la trame narrative se faisait trop discontinue, selon moi.
En conclusion, à Danse Danse, je retournerai et à Dave St-Pierre aussi. Et il semble que la phrase du moment soit "qui m'aime, me "Suie", pour le meilleur ou pour le pire".
Donc, je fais confiance au diffuseur, dont Danse-Danse et cette confiance, elle va jusqu'à leur "Carte blanche" lorsqu'il programme une oeuvre pas encore créée, à mes risques et périls de spectateur. Ainsi en est le monde de la danse qui habituellement ne fait pas ou si rarement de vague dans le "grand public". Mais une fois ne fait pas coutume et cette fois, elle a droit, pour quelques jours à une visibilité inhabituelle, même jusqu'à des connaissances qui me demandait de les éclairer. Une première qui fait "fuir" des spectateurs de la première et qui provoque des critiques dans les média globalement négatives. La vague est lancée.
Pour la petite histoire et mettre les choses dans leurs justes perspectives, c'était il y a un peu moins de trois ans, même salle, même diffuseur et même comportement de certains spectateurs (soit leur départ avant la fin). Voici un extrait de la critique de Frédérique Doyon, parue dans le Devoir (le 16 avril 2014) sur "The land of fuck (a fable)".
"Dans le dernier quart, à nouveau en groupe, en petites danses atomisées, le Dietrich Group décline bien les différents sens du mot fuck, d’un ébat simulé au cri du désaxé en passant par le je-m’en-foutisme… Mais à la fin, à force d’aligner les clichés, la pièce se fout aussi et surtout des spectateurs, d’ailleurs nombreux à sortir. Agacés ? Bousculés ? Probablement simplement ennuyés…"
Un exemple parmi certains autres, pour les fois pour lesquels j'étais dans la salle. Une autre fois, c'était du buto par un maître venu du Japon, pourtant, toujours dans la même Cinquième Salle. C'est donc dire que la danse contemporaine, peut à l'occasion "surprendre" et faire lever du siège le spectateur moins résillent devant la découverte et la différence. Donc de ma perspective, rien de nouveau sous le soleil. Alors pourquoi tout ce boucan ?
D'abord, parce qu'il met en scène un de nos chorégraphes "phares" du Québec, Dave St-Pierre, le maître, selon moi, des coups de gueule et un diffuseur, Danse Danse qui travaille fort pour présenter de grandes oeuvres (et remplir les salles). Aussi, parce que dans un passé pas si lointain, le chorégraphe a annoncé tout haut qu'il ne présenterait plus de créations au Québec, à moins que l'on sorte le cash. Il semble que l'offre de Danse Danse pour une Carte Blanche ait suffit et, avec ses collaborateurs, il s'est mis à la tâche. Je le soupçonne d'avoir quelque peu profité de la situation. Je souligne ici, le mot soupçonne parce que la pensée humaine est insondable et surtout très variable.
Donc, le grand moment arrive avec une affiche "fichtrement" belle et quiconque a vu au moins une de ses oeuvres, sait que l'homme s'y connait en esthétique, mais pas seulement évidemment. J'ai encore plusieurs de ses tableaux en tête, des années plus tard, dont le dernier, époustouflant, de "Un peu de tendresse, bordel de merde" ou celui qui avec une simple table et une toile de plastique, il nous présentait son cheminement d'avant et d'après son opération, très touchant et très touché donc. Mais, je me rappelle aussi, les paroles qu'il avait prononcées (à la Maison de culture Frontenac pour une pré-présentation d'une oeuvre qui n'a jamais vu le jour, à ma connaissance) à propos d'un créateur qu'il admirait et qui avait exercé la patience des spectateurs jusqu'à une limite ultime avant que le vrai spectacle commence.
Donc quiconque, spectateurs comme diffuseurs, qui le suit comme moi, devrait savoir. Donc, abonnés de Danse-Danse ou non, se procurer un billet de Dave St-Pierre, peu importe l'affiche, amène en zone inconnue, mais aussi "explosive". De la perspective du chorégraphe et je la partage, c'est pour le meilleur pour le pire que l'on vient assister à ses créations.
J'étais donc bien assis sur mon siège pour la deuxième représentation, bien curieux. Une fois arrivé le moment de débuter la présentation, le chorégraphe se présente devant nous et se met à nous parler, d'abord sans texte préparé et ensuite à la lecture d'un texte disponible à tous mais pas très visible à l'accueil (dont je m'en suis procuré une copie). Ce que j'en retiens, c'est l'ambiguité du propos. En effet, si tu veux faire à ta tête, tu devrais "t'en foutre" des autres, mais royalement, sans avoir avoir à te justifier. Mais ce n'est pas ma perception de son discours qui a des volutes de justification. Dave St-Pierre, pour le meilleur ou pour le pire, ainsi soit-il, mais je lui conseillerai de laisser parler ses oeuvres, beaucoup plus éloquentes selon moi.
Pour cette oeuvre, il a laissé tomber son intérêt pour le quatrième mur, qu'il aimait franchir, mais le besoin de créer le sentiment d'inconfort, lui reste bien présent, mais autrement. Par l'intensité de la trame sonore ou la présence sur scène d'éléments à priori peu artistiquement pertinents (l'enfant et son chien), il cherche à nous déstabiliser, mais ses "fidèles spectateurs", nombreux dans la salle, le seront-ils ? Les quelques connaissances rencontrées après la représentation ont bien "survécu" et ce sans amertume, ni arrière goût.
Pour ma part, il réussit, pour peu que l'on se donne la peine, à nous proposer de façon grossière et intense, j'en conviens, des images fortes et intenses qui étire le moment jusqu'à le rendre intolérable pour nous. Jeanne d'Arc est un symbole fort qui est utilisé pour illustrer que nos erreurs nous les répétons sans cesse, encore et toujours "pognés dans la machine à Pepsi" et que les héros ou les symboles ont la vie dure.
Au final, une soirée mi figue, mi raisin. Parce que j'ai été tout à fait ébloui par les projections vidéo "trash" qui visaient juste et fort, mais moins par les tableaux chorégraphiques moins forts esthétiquement que j'espérais du chorégraphe. Anne Le Beau a bien investi son rôle avec l'intensité que lui connaît, mais la trame narrative se faisait trop discontinue, selon moi.
En conclusion, à Danse Danse, je retournerai et à Dave St-Pierre aussi. Et il semble que la phrase du moment soit "qui m'aime, me "Suie", pour le meilleur ou pour le pire".