Merci Klara et bonjour à vous tous,
Je dois vous faire une confidence, jamais je n’aurais
pensé que la prise de risque, dont je vous parlais en début d’année, prendrait un
jour, une tournure premier niveau, oui, oui ! Et comment donc, me
demanderez-vous ? Pour répondre à votre question, je veux revenir sur ma
rencontre fort marquante avec « L’homme de Hus » incarné par Camille
Boitel au Théâtre La Chapelle. Cette rencontre qui s’est transformée en une
mise à l’épreuve du spectateur.
Photos tirées du site du théâtre La Chapelle
Donc en ce lundi de février, je me suis rendu, intrigué,
à la rencontre de cet homme de Hus, « Hus » qui en norvégien signifie
« maison », pour les intéressés. Présenté en partenariat avec la
TOHU, il était écrit dans le ciel, et dans le feuillet aussi, que les
mouvements seraient fort circassiens et oui, ils l’ont été, mais aussi et
surtout fort casse-cou.
Toujours difficile de mettre en mots, toutes les
sensations, certaines, extrêmes, que j’ai ressenties sur mon siège première
rangée, tout au long de la présentation en découvrant cette œuvre surprenante
et fortement originale. Mais avec un alphabet de 26 lettres, si je m’applique
bien, je devrais y arriver.
Ainsi donc, au départ, nous apparaît cet homme avec
quelques objets en bois, pour qui la manipulation n’a rien de facile. Ils sont
peu nombreux, mais déjà, il est possible de ressentir que les choses sont habités
par un esprit de révolte. Déjà, la manipulation d’un simple tréteau apporte son
lot de difficulté. Imaginez donc, la suite lorsqu’il doit composer avec toute
une « tonne » de ses bêtes de bois toutes aussi rétives que passives.
Dans sa façon de faire le tout s’enchevêtre et le désordre devient inévitable.
Ses péripéties toutes périlleuses me fascinent, me font rire, mais aussi font beaucoup
rire tout autour de moi. Dans ces empilements de tréteaux qui se font et se
défont et qui ont tout du désordre organisé, il évolue avec une maladresse
manifestement maîtrisée. Donc jusqu’ici tout va bien pour lui et pour moi !
Mais rien à faire, tous ces objets, individuels ou regroupés ne tiennent pas en
place ou ils ne semblent pas vouloir garder leur place. Rien ne semble sous
contrôle. Mais il survit, intact même. Mais moi, suis-je à l’abri ? Ces objets qui
semblent hors contrôle, sont-ils menaçant pour le spectateur, surtout s’il se
trouve au beau milieu de la première rangée, jusqu’à le mettre à l’épreuve. Rien
n’en est moins certain et lorsqu’un de ces tréteaux est projeté fortement du
derrière de la scène et se dirige droit devant, dans ma direction, mon cœur s’arrête.
Le temps se fige comme mon sang. Mais il s’arrête à mes pieds et revient
promptement à son propriétaire, par un fil invisible, auquel il était attaché. Plus
tard, mon sang froid sera encore mis à l’épreuve, parce que devant moi, il fait
tourner un autre tréteau, excité de son énergie centripète par une suite de
révolutions sans fin. Suis-je à l’abri ? Je pars ou je reste ? Tétanisé, je
reste, tout comme le tréteau dans sa main, ouf !!! J’ai vraiment eu peur !!!
Une mise à l’épreuve qui avait toutes les allures
d’une mise en danger. Si lui, il le sera, en danger, tout au long de la
représentation et il y survit bien, je suis encore plus heureux que cela ait
été aussi mon cas.
Pourtant, pour peu, j’en aurais été averti si j’avais
pris la décision de lire le feuillet de la soirée, puisque on pouvait y lire « Puis
vient l’attaque frontale d’une machinerie des objets devenus des monstres
moyenâgeux et cela se termine par un dédale. ». Cependant, même si j’avais
su, jamais, j’aurais pu organiser ma défense. Ce qui, au final, s’est avéré une
bonne décision. Je reviens soulagé et très satisfait de cette intense
expérience menée par un interprète fort talentueux, appuyé par une équipe
discrète mais très efficace. Mais une fois le tout terminé, je te dis merci
Camille !
Je m’arrête là. Bonne prochaine semaine de danse!
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