Photo de Deborah Dunn par Michael Slobodian tirée du site de Corpuscule danse
Voilà bien un territoire bien plus propice aux spécialistes qu'au spectateur que je suis, mais pourquoi pas, le curieux aventurier ! Parmi gens du milieu de la danse, les amis et le jury dont un des membres nous a fait patienter quelques minutes, j'ai pris place sur une chaise tout au bout de la première rangée. Devant nous, Deborah Dunn et son "complice", Dean Makarenko, attendent, assis de part et d'autre de l'espace scénique, éclairé par le beau soleil qui s'est invité par les grandes fenêtres.
Une fois les portes refermées, nous avons droit aux informations, fort instructives pour moi, d'Andrée Martin, directrice de cette présentation de ce projet de maîtrise. Et ensuite, aux trois parties, qu'humblement, je n'ai pas tout à fait distingué. Mais ce que j'ai pu apprécier, mais vraiment, je vous le résume dans les prochaines lignes, qui je l'avoue, ne rendra pas justice à l'ensemble de ce qui m'a été présenté.
D'abord, Deborah Dunn s'avère une interprète qui manie intensément tout aussi bien la danse que le propos, sans oublier le chant. Une artiste mature qui reprend une oeuvre avec "les questions de recherche (qui) tournent autour des dimensions esthétiques et politiques des performances qui répondent à la violence sociale et politique. Alibi était par inadvertance une réponse aux événements du 11 septembre."
Ensuite, de cette oeuvre créée en 2011, qu'elle a vu en 2013 et qui pour moi, entre ses mains résonnent encore très fortement, aujourd'hui. Elle nous interpelle, elle nous provoque avec les interjections "asshole", "I'm guilty" qu'elle nous projette de façon fort convaincante, regard appuyé et expression faciale à l'appui. La maturité convaincante de cette femme jaillit de ces moments. Et moment magique, lorsque ce qui l'anime contamine son acolyte de scène, Dean Makarenko dans une finale tout à fait réussie.
Enfin, après les applaudissements fort bien mérités, la séance de questions réponses, enrichie par "l'éclairage" de spectateurs-enseignants, m'a permis de mieux comprendre ce qu'est un re-enactment (qui pourrait être traduit de façon plus ou moins correcte par le terme "reconstitution"), selon ce que la mémoire de l'interprète a retenu de l'oeuvre ou ce que les bandes vidéo lui présentent, les différents niveaux d'une oeuvre aussi. Impossible de ne pas apprécier, même si beaucoup d'éléments théoriques m'échappent, comment une oeuvre en réponse avec un moment historique percutant (le 11 septembre 2001), s'est insérée dans la mémoire d'une femme (en 2013) et de sa résonance aujourd'hui plus de quinze ans plus tard.
Ce moment rejoint, aussi, une de mes réflexions actuelles sur le monde de la danse, qui porte sur les traces que les nombreuses oeuvres vues par un.e chorégraphe et de leur influence sur ses propres créations. Comment le tamis de sa mémoire conserve les particules des oeuvres vues lors de son propre travail de création.
Une sortie danse tout aussi belle qu'instructive, malgré le fait que je suis conscient que de ces propos, seulement une petite partie j'ai pu emmagasiner. Mais plus riche en compréhension de certaines parcelles de territoires de la danse contemporaine.
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