Les oeuvres de groupe de Catherine Gaudet, j'ai les ai tout vues sauf sa première, "L'invasion du vide". Mais à la lecture de la description de cette oeuvre, ("Ce sont ces déclinaisons d’états que L’invasion du vide tente de mettre sous la loupe en cherchant à traduire physiquement la sensation de vide dans ce qu’elle a de terrible et de beau à la fois."), il semble que j'en ai retrouvé, et de belle façon, les prémisses dans les trois solos de cette soirée danse fort bien réussie et voilà pourquoi.
Le hall d'entrée du La Chapelle est particulièrement achalandé en ce mardi soir, même si l'hiver nous laisse encore des traces. Une fois, le "go" pour entrer, nous sommes accueillis dans la salle avec l'offre d'un verre (un "shooter"), d'un chapeau de fête, mais surtout avec de beaux sourires. Ensuite, nous devons faire un choix, prendre place dans un des sièges dans les estrades ou sur un des sièges sur le devant de la scène. Seule condition intrigante du deuxième choix, ne pas déplacer les sièges de leur emplacement déterminé par des traces blanches. Mon choix se fait vite et sur un des sièges sur la scène, je prend place. Il est en retrait, mais quand même. Les autres trouveront preneur peu à peu, mais surtout vers la fin. Peut-être parce que les autres sièges sont occupés, allez savoir !
Est-il possible de bien traduire en mots l'effet de la rencontre de ces trois femmes qui, à mes yeux, mais pas seulement, me présentent tout le spectre des émotions, passant très rapidement d'un extrême à l'autre ? Bien évidemment non, mais pourquoi ne pas tenter le coup. Parce que j'y ai vu des états limites ou extrêmes de corps, des états de corps déformés aussi. États de corps que je peux m'imaginer, proche d'un trou noir dans l'espace (soulignant en passant le départ de ce monde de Stephan Hawking, dont je relirai très bientôt "Une brève histoire du temps". J'ai senti aussi ces "tempêtes intérieures" de ces femmes qui ressortent à la surface et qui se projettent sur l'autre. Cet autre qui est nous (et moi).
D'abord, Sarah Dell'Ava, pour son "anniversaire" qui oscille entre sa joie personnelle et "tout le monde s'en fout", entre son côté innocente et celui "un peu moins", j'en ai retiré un plaisir certain et un "baiser sur la joue". Au final, pour moi, un pur moment de bonheur "danse" durant lequel Donald Duck a pris une certaine place, sinon une place certaine que seuls les spectateurs peuvent comprendre l'importance.
Ensuite, Clara Furey dont l'arrivée est annoncée par ses pas fort audibles en coulisses et qui prendra possession tout autant du micro comme de notre attention. Elle nous expose, sans retenue, son affirmation face à nous, avec une certaine insolence. Ses états expriment, s'expriment sans pour autant nous comprimer.
Photo de Clara Furey par Brianna Lombardo sur le site de LaChapelle
Enfin, Louise Bédard nous arrive, tel un être venu de l'ombre pour se présenter. Nous présenter ce qu'elle est, par petites touches qui captivent d'abord, mais aussi qui surprennent. Elle ira à la rencontre des spectatrices et spectateurs, maniant parfois le geste et la parole de façon fort habile mais aussi fort cruelle. Elle présente fort bien les états intérieurs et limites autant par ses gestes que par ses propos. Pour revenir au point de départ, parce que "Tout ce qui va revient", dixit Catherine Gaudet.
Au final, trois oeuvres, présentées dans le bon ordre, avec une filiation évidente qui demande aux interprètes de "jouer" en gestes et en paroles sans réserve et elles ont réussi. Merci mesdames pour ces rencontres bouillantes qui néanmoins ne m'ont pas échaudé.
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