Pour peu que l'on soit aux aguets, il est possible de faire des découvertes comme spectateur, comme je l'ai fait en ce vendredi soir. C'est donc vers un lieu déjà visité, Le Patro Villeray, que mes pas m'ont porté jusqu'à l'avenue Christophe Colomb. Cette soirée était organisée par un tout jeune organisme, "eXplo" qui présentait "Les Labos eXplo". L'objectif, fort louable de ma perspective, de ce type de soirée est de fournir "une plateforme de diffusion pour les artistes émergent·e·s ancrée dans l’accessibilité et la bienveillance qui reconnaît l’importance de l’interdisciplinarité. Nous souhaitons pouvoir mettre en avant vos idées novatrices qui ont parfois du mal à trouver leur place dans des programmations contemporaines."
Tirée du site FB de l'évènement
Voilà donc pourquoi, le moment venu, je prend place dans "mon" siège en première rangée pour d'abord entendre les paroles d'accueil des organisateurs et débuter cette soirée composée de quatre propositions, dont pour deux d'entre elles, j'ai vu des versions précédentes il y a peu, intéressant !!!!
La soirée débute avec “Collapse” de Molokhia Squad avec Inès Chiha et Bashir Al Mahayni dont j'avais déjà vu une ébauche de travail d'une dizaine de minutes à "Cité ouverte #4" en octobre dernier. Si au départ de la présentation, je n'en avais un vague souvenir, rapidement ce que je découvre devant moi me le rappelle avec intensité. Et je me permets de réécrire mes impressions de la première fois, encore valables, "Et ce qui suivra est tout à fait à l'image de ce titre parce que l'extrait de dix minutes est très physique, sinon brutal. Voilà une proposition captivante et intense qui doit laisser des traces sur leurs corps, mais certainement des traces dans la tête de celles et ceux qui la découvre." De cette version allongée, impossible de rester impassible et de ne pas ressentir ces chocs entre les deux avec une finale de "disparu.es sans laisser de traces" !
Le tout se poursuit avec “La déferlante” de Lila Geneix, avec Léonie Bélanger, Claire Pearl, Fanny Bélanger-Poulin et Tiera Joly Pavelich à la conception sonore. Et comme pour la première proposition de cette soirée, j'avais vu une version précédente récemment ( soit, il y a deux semaines à Circuit-Est). Cette fois, cette proposition sera "enrobée" d'éclairage, par conséquent, bien curieux d'en découvrir l'effet sur l'oeuvre et aussi sur leurs maillots bleu "luisants" ! Et effectivement, l'utilisation des éclairages ajoute une dimension particulière, "ombres et lumières", sur les déplacements des trois interprètes, rendant le tout plus intrigant. Cette illustration de la déferlante avec des mouvements et des déplacements d'abord lents pour devenir plus rapides me garde captif tout au long ! Appuyée par une trame sonore fort riche, j'ai tout ma place pour me faire une interprétation et cela j'apprécie. Et comme les interprètes de la première proposition, les lumières s'éteignent sans que les interprètes ne viennent saluer et que l'entracte arrive.
La soirée se poursuit avec “Lorem Ipsum” de Les Talons Fous, (Luca Max et Mikaël Morin). Duo que j'ai eu le plaisir de voir en performance quelques fois déjà et qui utilise la pole comme accessoire "essentiel" au propos. Et lorsque le tout débute, cette pole est fort discrète parce que devant moi apparaît ce personnage clownesque assis une table qui s'avérera un clavier pour nous déclamer tout en souriant des phrases "odieuses" telles que "je vous méprise". Et de façon fort démoniaque, il appellera cet "ange déchu" de sous la table pour exécuter ses "basses oeuvres" ! Avec l'aide du public, il lui fera exécuter des tâches sur la pole tout à côté. Mais les dieux ne sont pas dupes et comme dans toute bonne histoire, il y a un retournement de situation et les rôles s'inversent. Et celui qui ne se méfiait pas, devient sur cette pole un sapin de Noël fort bien décoré ! Encore une fois, après nous avoir proposé leur vision d'Adam et Ève, cette fois avec "Lorem Ipsum" qui en latin signifie "faux texte", ce duo nous entraîne dans leur monde fantaisiste fort fascinant.
Une fois la scène libérée des accessoires de la propositions précédente, la soirée se termine avec “Les écrits sur mon corps, le feu dans mon coeur” du Cuatro Sillas de Fuego, collectif composé de Melina Pires, Camille Gendron, Monica Navarro et Sarah Germain. Et comme le titre, la proposition que je découvre est en deux temps. Avec le quatuor qui tout en podorythmie fait résonner le lieu ! La pas qui résonnent et les sourires qui sont fort présents me gardent captif tout au long de cette première partie colorée de nonchalance à un avenir qui pourrait être incertain. Et puis, stop, pause, et une fois les souliers retirés (et laissés sur le devant de la scène) et les traces toutes noires mises sur leur corps, telles des traces du passé ! À trois, le tout reprend avec des allures de "la fête est finie". Me plaisent particulièrement, leurs jeux de mains et l'envol des gestes. Comme si je découvrais, là, juste devant moi, l'éclosion, le déploiement et l'envol de ces êtres dans ce monde incertain avec “Les écrits sur mon corps, le feu dans mon coeur”.
Et c'est avec toute la gang des quatre propositions sur scène que les applaudissements fort bien mérités se font entendre pour conclure cette soirée. Et que moi, par la suite, je reprends ma marche pour retourner à la maison, fort heureux de ce type d'initiative qui me permet de revoir ces jeunes artistes riches en talents et en propos. Et qui sait, je l'espère, auront la chance de trouver d'autres scènes dans un avenir pas trop lointain ! Parce que, pour reprendre à ma façon des paroles d'une chanson d'Harmonium, "on a mis des jeunes au monde, faudrait bien les voir danser" !
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