lundi 9 mai 2016

Sur mes pas en danse: "Anatomie d'un souffle"

À cette dernière proposition de la saison de Danse-Danse, je m'y suis rendu avec des pas précipités, autant parce que ma journée avait été occupée que pour la hâte que j'avais pour ma première visite à la Maison Symphonique. Une fois assis à ma place, un peu essouflé, le feuillet de la soirée, présentant l'oeuvre de la soirée, signée Danielle Desnoyers, est resté bien fermé tandis que je prenais pleinement la mesure de la beauté de l'endroit. Ce qui fût une bonne chose parce que voyez-vous, dans ce feuillet, il y avait une description des onze tableaux que nous aurons à découvrir dans les moments qui suivront. Et moi, une oeuvre chorégraphique, je veux en faire ma propre interprétation et aussi le dire maintenant, elle a été différente de ce que j'ai pu lire après, au retour à la maison.

                                Photo: Luc Sénécal

Mais revenons au début de tout, assis à l'extrémité de la deuxième rangée avec devant moi, l'orgue sur la scène. Le moment arrive et l'organiste (Jean-Willy Kunz) prend place tout en haut plutôt que là, juste à côté de moi. La première pièce commence et le son de ce magnifique orgue prend possession de la place, toute la place. Il règne sur son territoire, mais arrivent tout doucement et discrètement les interprètes de noir vêtus, longeant les murs du fond, tels des notes un peu craintives à prendre place sur une partition.

Ces notes, incarnées par Karina Champoux, Jean-Benoit Labrecque-Gilbert, Pierre-Marc Ouellette, Nicolas Patry, Clémentine Schindler, Anne Thériault et Laurence Dufour prendont peu à peu leur place, échappant à leur partition pour se libérer et prendre place sur la scène. Le tout est graduel. L'organiste laisse son siège tout en haut et vient prendre place à son clavier sur scène. Durant ce temps, l'orgue laissé seul, semble veiller sur son territoire. La suite nous donne droit à la prise en place de ces notes qui parfois se font colorées et audacieuses jusqu'à approcher l'organiste avec un sourire narquois et un regard frondeur. Parfois accompagnés par un choeur, ces notes prennent leur place sur cette grande scène et apprivoisent autant l'endroit que l'orgue, maître des lieux. Si de ma position, l'orgue me cache une petite partie de la scène et de l'action qui s'y déroule, j'ai une position privilégiée pour apprécier le jeu de pieds de l'organiste durant l'exécution d'une pièce ("Le corps de Manari"). L'histoire se déroule devant moi et je la suis attentivement, captivé.

La fin, parce qu'il doit y en avoir une, se fait dans un mouvement durant lequel les corps se fusionnent physiquement à l'endroit et symboliquement aux propos musicaux du maître des lieux.

Cette chorégraphie, in situ selon moi, a su habilement utiliser tous les éléments de la scène et des "étages" arrières. Et comment ne pas apprécier aussi ces étudiantes et étudiants en danse de l'UQAM qui par leur présence ont enrichi les effets visuels de certains tableaux.

Une très belle fin de saison, et qui sait, permettra d'autres rendez-vous aussi riches au même endroit.

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