lundi 31 mai 2021

Sur mes pas (virtuels et réels) au FTA 2021: Mon bilan de mes premières sorties.

 Difficile pour moi de ne pas constater que Martin Faucher et les gens du FTA ont encore visé juste sur les enjeux actuels avec la programmation de cette édition. Tout comme en 2012, en plein printemps érable, je m'en souviens encore la programmation était en "parfaite harmonie" avec cette époque de revendications étudiantes. Cette année encore, mon début de FTA était de cette mouture. Pendant que se poursuivait l'enquête publique sur la mort de Joyce Echaquan et de la découverte des corps de 215 jeunes autochtones sur le site d'un pensionnat à Kamloops, mes pas m'amenaient jusqu'au Jardin du Musée d'art contemporain de Montréal pour découvrir la plus récente création de Lara Kramer, "Them Voices". 

Avec en tête la description du FTA de ce que j'allais découvrir,  "la chorégraphe explore la relation entre son corps et la mémoire et questionne l’incidence de nos actions passées et présentes sur les ancêtres du futur.", je prends place sur mon siège. Le début de soirée est tiède sinon frais et devant moi se trouve un espace scénique tout en longueur avec en son milieu, un monticule sur lequel se retrouve une femme étendue immobile, la tête sous une bâche. Ce temps d'attente me permet d'observer les lieux et je constate sur le mur derrière, des plantes grimpantes qui s'accrochent pour monter ! Ce qui pour moi a toutes les allures des démarches actuelles des différentes populations autochtones dans un monde qui leur donne peu de prises. Une fois les 25 places occupées, un son, un grondement je serais tenté de penser, prend possession de mon attention et cette femme (Lara Kramer) commence à bouger. Rien ne semble facile pour elle et elle commence à occuper le lieu et accaparer mon attention. Malgré le soleil qui se fait de plus en plus bas comme le mercure du thermomètre, la fraîcheur du moment ne perturbe pas mon attention. Elle évolue dans cet espace en effectuant des gestes qui parfois échappe à mon interprétation, mais avec d'autres qui me sont fort éloquents. Quand elle prend sa truelle pour récupérer sur la toile de plastique, les traces de terre, réelles ou non, comme les identités de son peuple en territoires urbains. Celui aussi durant lequel, un sac de terre est mis devant, ouvert d'un coup de truelle, comme si elle tentait de recréer son monde de là-bas ici, mais sans grand succès, à en juger de sa réaction. 

Pendant toute l'heure, elle présente devant moi et je le ressens bien, ce qu'elle indiquait, soit "Le mouvement instinctif et la découverte de mon environnement immédiat sont des moteurs puissants de cette pièce". Depuis ma première rencontre avec elle, 2016, dans le hall d'entrée de l'Université Concordia en toute anonymat suivie dans les jours qui ont suivi d'une de ces oeuvres, "Native Syndrome Girl", je découvre "ses pas" qui me captivent à chaque fois. En revenant chez moi, cette rencontre continue à résonner en moi et me fait voir avec encore plus d'empathie ces "habitants de la rue" que je rencontre au retour au coin de la rue.

Le lendemain, c'est vers la Maison Théâtre que mes pas me portent, pour découvrir "Aalaapi" du Collectif Aalaapi selon l'idée originale Laurence Dauphinais et Marie-Laurence Rancourt. Cette proposition est crite sur le site du FTA comme "de précieux tressaillements de la vie au nord du 55e parallèle. Plongée contemplative dans l’intimité d’une génération de jeunes femmes inuites, Aalaapi révèle le Nord par le truchement de la radio." Installé dans cette grande salle, isolé sur mon siège, "loin" des autres, le tout commence. Après un petit cérémonial d'accueil, les moments qui suivent nous présentent le quotidien avec un visuel simple soit deux fenêtres qui nous permettent, lorsque les rideaux sont ouverts, de voir un intérieur qui ressemble à une cuisine. Et dans ce monde tout au nord, la radio est un lien de communication qui unit et c'est ce que nous découvrirons par la suite. Les propos sont diversifiés, couvrant différents aspects de la vie quotidienne et qui me permettent de prendre conscience d'une réalité fort différente de la mienne. "Le défi était d’arriver à créer une rencontre entre le public et elles pour favoriser un relâchement et une précieuse disponibilité" et ce défi est relevé selon moi. Si je me fie à la discussion d'après-représentation, nous étions nombreux avec la même perspective. À défaut, d'aller tout au nord, "Aalaapi" nous y amène autrement avec une touche humoristique surprenante vers la fin et une marque d'ouverture à la toute fin. Si un jour, on m'avait dit que la radio prendrait une place importante lorsque j'irais à une présentation du FTA, j'aurais été fort dubitatif et pourtant ! Et de ce type de rencontre "intime", j'en veux d'autres !

Durant mon retour à la maison, je met la radio et signe du destin, est présentée une chanson d'une auteure-compositrice-interprète inuite, Riit. Une belle découverte qui m'a permis de maintenir le lien avec ce que je venais de voir et d'entendre. Et je compte bien continuer à explorer cet univers musical !

Ma troisième rencontre avec une proposition du FTA a été elle, d'une toute autre nature, soit la mise en lecture de Martin Faucher de "La fille de Christophe Colomb", roman de Réjean Ducharme par Markita Boies. Je l'avoue humblement, je n'ai jamais lu jusqu'au bout une oeuvre de cet auteur. Mais là, devant mon écran, je me suis laissé aller sur les mots décrivant les péripéties "surprenantes" et captivantes de cette héroïne. Les présentations en webdiffusion sont, je pense, une initiative fort prometteuse pour l'avenir ! 

Au final, des premiers pas très bien réussis et qui se poursuivront dans les prochains jours.

mardi 25 mai 2021

Sur mes pas (virtuels) au théâtre "éclaté": "La colère des doux" qui me fait revisiter de façon fascinante "mon" Québec !

 Sur mon radar de spectateur, les propositions du Théâtre Aux Écuries étaient présentes. Et lorsque je me suis fais proposé "La colère des doux" du Théâtre du Futur, j'y ai porté mon attention. Et une fois que j'ai lu la description fort évocatrice, "une expérience virtuelle immersive à mi-chemin entre un show de musique funk, un site web interactif, de la relaxation ASMR, du cinéma d’animation expérimental et… du théâtre !", j'ai été teasé d'aplomb et j'ai dit oui. Ce projet en webdiffusion, disponible presque tout le mois de mai, je l'ai visionné plus d'une fois mais pas de la même façon parce que cela est possible et fortement recommandé. OK !!! Fini les généralités et plongeons dans mon expérience de spectateur dans cette oeuvre hors norme.

                                              Affiche tirée du site du Théâtre Aux Écuries"

Une fois rendu sur la carte qui nous est présentée, le premier arrêt nous amène dans une grande ville avec un premier tableau "Do the Doux". La question est lancée tout en musique et en chants, "Est-ce que ça va bien ?" La réponse nous la découvrirons vite et elle est négative, le monde va mal. Et c'est de pire en pire, à preuve le prix des bananes qui explosent, signes comme les canaris tout aussi jaunes dans la mine annonçant la catastrophe ! Sur les textes d'Olivier Morin et Guillaume Tremblay et la musique de Navet Confit, les "doux" voient que la situation va de pire en pire à en pleurer. Après avoir envisagé de casser des gueules, les "doux" entreprennent le repli et la fuite, destination "St-Ludique-des-blés-d'inde". Les villes se vident et chacun des petits groupes choisi sa ville de repli, selon la vision d'avenir des sous-groupes. À St-Ludique-des-blés-d'inde", on cultive de jour et on joue à des jeux de société le soir. Mais comme il arrive souvent dans la vie, les choses se gâtent et vont de pire en pire, "Fait que là !" notre héros part vers une nouvelle destination, "Charny". Dans cette ville figée d'avant l'an 2000, époque de Musique Plus et de Scoop, un "faux pas" de notre héros et Charny est "dans marde". Fuite vers Walma, mais en route, c'est à l'Étape que les choses se corsent et que les croisés de chemins se présentent et que le destin se précise, "guidé" par un petit lapin blanc !

Pas question de trop trahir ce qui suivra, mais en fin de parcours principal, nous aurons droit au retour des bananes "abordables", signe de temps meilleur !

Tout au long du chemin principal, il est possible de découvrir d'autres petits villages pittoresques et ses habitants, toujours sur le même ton déjanté !

Au final, cette expédition d'un Québec "différent", de ville en ville, a duré plus de deux heures et nos trois "guides" m'ont captivé tout au long ! "La colère des doux", c'est de la fantaisie futuriste riche d'un passé (télévisuel) que j'ai connu. Une proposition surprenante (yeah!) portée par la performance de trois interprètes qui mérite qu'on la découvre plus d'une fois !



dimanche 23 mai 2021

Sur mes pas (virtuels) en danse: Une première rencontre fort riche avec les étudiant.es de 1ere et 2e année de l'École de danse contemporaine de Montréal !

À ce rendez-vous annuel de fin d'année avec les étudiant.es de l'École de danse contemporaine de Montréal, j'étais présent (en ligne) et bien heureux aussi. Il faut dire qu'en ces temps de pandémie, pouvoir découvrir des propositions avec de nombreux interprètes n'est pas fréquent et cela fait parti de ma diète souhaitée de spectateur de danse ! C'est donc d'abord avec la présentation en "direct" et ensuite avec la webdiffusion en différé que deux fois plutôt qu'une j'ai exploré les univers fort différents mais convergents de Manuel Roque, Hélène Remoué et Jessica Serli portés avec brio par ces élèves.

Après la présentation fort juste en ces temps difficiles de la directrice Lucie Boissinot, je suis entraîné dans "Grand Canyon" (de Manuel Roque) avec Meihan Carrier-Brisson, Maéva Cochin, Clémence Dinard, Nolwenn Duhaut, Aurélie-Ann Figaro, Benjamin Harvey, Nils Levazeux, Marianne Murphy, Isabelle Sue Pilette, Valentine Rousseau, Jérôme Zerges. 

                        Crédit: Maxime Côté

Sur cet espace scénique quadrillé de douze carrés, chacun.e des onze interprètes y trouve et y garde sa place avec cet espace vide qui capte aussi mon attention . Un gouffre invisible les sépare. Sur un rythme constant du tic-tac du temps qui passe, les corps évoluent chacun de leur côté sans interaction apparente, mais cela n'est-il qu'une impression ! Et puis, j'y découvre cette évolution subtile du "monde" qui garde le "pas vivant" et qui aussi l'induit et le propage à l'autre. Tout au long de la présentation, l'abstraction des mouvements individuels se transforme en une présentation concrète de l'échiquier de la vie, sur lequel le mouvement de l'un.e provoque celui de l'autre. 

Il s'en suit "Loch Ness" de Hélène Remoué qui nous entraîne dans "l’exploration de l’univers des abysses." avec  Méanne Belisle, Gabrielle Boudreau, Laura Brisson, Alec Charbonneau, Sphynx Church, Meggie Cloutier-Hamel, Émile De Vasconcelos Taillefer, Coralie Fortier, Camille Huang, Sara Kurz-Martin, Mya Métellus. 

                           Crédit Maxime Côté

Les corps émergent du noir dans des va et viens sur fond bleu. Je suis captif, en apnée, en découvrant ces mouvements de groupe qui sont pour moi, les pulsations des algues au fond de la mer. J'y découvrirai aussi les tourbillons dans ces profondeurs toutes intenses. Au final, je ferai la rencontre de créatures polymorphiques dont l'individualité et la détermination face à l'adversité est toute bienvenue  pour moi! 

Le tout se termine avec "La Scala" de Jessica Serli dont la présentation se conclue par cette phrase qui résonne en moi, "Aujourd’hui, ensemble, nous nous sommes dit : «Ne gardons pas nos voix dans le silence, notre couleur dans l’ombre. Le monde en a besoin. ». Et ceux et celles qui s'exprimeront, André Abat-Roy, Chanel Cheiban, Mara Dupas, Anna Duverne, Rony Joaquin Figueroa, Débora Huynh, Nûr Khatir, Marianne Lataillade, Carlos-Alexis Mendoza, Jérôme Tremblay-Lanthier, Zoé Uliana, le feront avec grand éclat et de façon éclatée !

                             Crédit Maxime Côté


Le tout débute dans l'ombre, laissant d'abord émerger des silhouettes d'un univers mystérieux. J'y découvre à la lumière émergeante des personnages d'une autre époque. Et puis tout s'éclaire et je suis entraîné dans le ailleurs et le différent. Une incursion dans l'intime et dans le public en aller-retour ! Une incursion fort agréable dans le désordre, sinon l'anarchie jusqu'au "reset". Je me suis aussi retrouvé en plein visionnement de "La grande beauté" (ou "La grande bellezza") de Paolo Sorrentino. Et dans ces moments de "lets go dancing", j'y vois l'appel d'aller vers l'avant en prenant appui sur le passé. Ce qui en début de saison estival presque post pandémique devient pour moi un baume sur mon moral fragile !

Une rencontre fort réussie avec des jeunes qui, malgré leur masque sur scène, nous montrent qu'il est possible de s'exprimer et d'aller de l'avant ensemble ! À une époque qui nous présente ses côtés très incertains, le "vieux" que je suis ne peux qu'apprécier de découvrir que de l'ombre puisse émerger un espoir en l'avenir éclairant ! Pour cela, un merci tout sincère à vous toutes et tous. 


vendredi 14 mai 2021

Sur mes pas (réels) en danse: Je, te, "Se dissoudre" dans l'univers de Catherine Gaudet !

En ce jeudi soir de début de belle saison (enfin !), mes pas m'amènent pour une dernière fois, en réel, à un spectacle de la saison hiver 2021. Pendant que la ville est active autour de moi et que sur la Place des festivals, il y avait l'inauguration de "Cuisine ton quartier", moi, je me rends jusqu'au Wilder pour découvrir la plus récente création de Catherine Gaudet, " Se dissoudre", présentée par l'Agora de la danse. 

                     Photo de l'interprète par Mathieu Verreault tirée du site de l'Agora de la danse

Arrivé un peu (!) à l'avance, je suis tout devant dans la file en attente pour prendre place dans "mon" siège réservé A 10 en première rangée. Une fois bien assis, j'observe la salle "se remplir" (quel euphémisme !) tout lentement, goute à goutte ! Bon OK, le verbe observer est un peu exagéré parce que je ne surveille pas ce qui se passe derrière moi. Peu importe, une fois la salle "pleine" les portes se ferment, les indications d'usage se donnent et les lumières s'éteignent.

Du noir total dans lequel nous baignons, émergent une voix d'abord et un corps ensuite, tous les deux haletants. Cette femme ( Marie-Philippe Santerre, magistrale) prend tout instantanément possession de mon attention. Tout lentement, comme une molécule dans une solution, elle prend sa place devant moi. Impossible de détourner les yeux de sa lente évolution, dans ce cercle blanc tout lumineux. 

Impossible pour moi, de décrire correctement le crescendo des états montrés et par conséquent, je ne le ferai pas. Il en reste que les yeux et la bouche ouverte de cette femme me gardent captif ! Et puis arrive le moment, fort pour moi, celui que je vois émerger, du fond de la mer, la sirène. Des moments qui ont passé sans que je le réalise !

Rarement, je me suis levé aussi spontanément pour applaudir une performance solo "hors norme". Et de mes quelques échanges à la sortie de la salle, je n'étais pas le seul ! Je peux affirmer que Catherine Gaudet encore une fois explore fort habilement des territoires de notre humanité et avec Marie-Philippe Santerre, elle a trouvé celle pour le faire. 


mercredi 12 mai 2021

Sur mes pas (virtuels) en danse: Une rencontre qui laisse une belle place à mon imagination avec "Bones & Wires"

 Le printemps et son temps plus chaud ont beau se faire attendre, le calendrier lui indique bien que nous en sommes rendus en fin de saison culturelle chez la plupart des diffuseurs. Chez Tangente, le tout se termine avec la webdiffusion de "Bones & Wires" de et avec Sébastien Provencher et Mathieu Leroux. Le premier, je le connais depuis un bon bout de temps comme chorégraphe et interprète au propos fort riche, tandis que pour le deuxième, c'est comme auteur de livre que je l'ai d'abord connu avec le troublant roman "Avec un poignard".

J'étais bien curieux de découvrir la proposition de ces deux artistes créateurs d'horizons différents, de ma perspective, évidemment ! Donc, avec les yeux tout aussi rivés qu'éveillés que je mets en marche la vidéo de leur création dont je n'ai rien lu avant. Voilà une perspective qui me plait, même si parfois, elle limite ma réception. Mais en temps de pandémie avec la webdiffusion à volonté pendant une semaine, il est possible de se reprendre, donc risque limité. Dans ce qui suivra, je m'en tiendrai aux impressions suite au premier visionnement qui n'a pas été le seul !

Photo de Sébastien Provencher par Sandra Lynn Bélanger

Rapidement donc, nous sommes amenés dans deux mondes parallèles, aux couleurs complémentaires. Mondes dans lesquels les deux personnages, semblent dans quête mystique, sinon mystérieuse avec leurs mouvements face à l'imminence. Peu à peu je ressens la prise de conscience pour une déprogrammation. Chacun de leur côté, ils semblent néanmoins liés par un courant de haute tension. 

Et puis arrive le moment durant lequel ce mur de fils qui les séparaient s'effondre. Le part et d'autre prend une signification plus commune. Et c'est ensemble qu'il affronte ce mur, celui de l'incommunicabilité. Ce mur qui tente de les maintenir captifs de leurs ombres.

Mais ils y arrivent et reprennent appui pour aller à la rencontre. Les mouvements sont hésitants et répétés, mais je sens, je sais que la fin du parcours avec souvenirs à la clé se fait tout proche. "A  new day has begun" qui se concrétise par le repos des deux combattants, assis boissons énergisantes à la main, jusqu'au retour !

Voilà une proposition riche de sa beauté toute esthétique avec la trame musicale de Steve Lalonde et des éclairages de Hugo Dalphond. Une oeuvre de ma perspective riche de son côté abstrait qui m'a permis d'y trouver mon histoire
qui s'est précisée lors de mon deuxième visionnement. 

Je m'en voudrais de ne pas mentionner l'ajout en fin de présentation du "making of". Une présentation fort intéressante d'une trentaine de minutes qui m'a permis de découvrir les enjeux de créations tout au long des différentes étapes. Je suis toujours intéressé à entendre le témoignage des créateurs et de leurs collaborateurs, touché aussi d'avoir pu voir et entendre toute l'émotion du témoignage de Mathieu Leroux avec le "flash créatif, "Je comprends, je ressens" !

Ainsi donc se termine cette année particulière chez Tangente, constituée d'oeuvres qui ont su se rendre jusqu'à nous, après délais et incertitudes ! 

vendredi 7 mai 2021

Sur mes nouveaux pas (virtuels): redécouvrir différemment "Polymorphic Microbe Bodies" !

 Ce texte aurait pu aussi s'intituler "Polymorphic Microbe Bodies", deuxième partie ! D'abord présentée jusqu'à une certaine date, mon premier retour portait sur mon premier et seul visionnement. Mais voyez-vous, ma boîte courriel contenait un envoi avec une information inespérée. Celle de la possibilité de la revoir "autrement" m'était offerte et j'en ai profité, deux fois plutôt qu'une !

                                               Photo par Vanessa Fortin fournie par Tangente

À la deuxième fois, une fois l'effet de surprise de la première fois derrière moi, je me suis attardé aux détails. Guidé par le propos de Hanna Sybille Müller, j'ai plongé en moi les yeux ouverts et je me suis laissé aller à la dérive. J'ai encore plus apprécié la beauté esthétique de certains passages fort bien captés, dont ceux de ces fruits aux entrailles exposés !

À la troisième fois, c'est avec les yeux fermés que j'ai "découvert" cette proposition. Et là, j'ai ressenti une sensation toute drôle, celle de voir des sons et des bruits danser dans ma tête. Quel agréable plaisir de les voir tournoyer autour de moi ! C'est une première pour moi, celle de "voir intérieurement" (et non pas entendre !) danser des sons ! 

Si c'était possible, je voudrais conserver cette proposition pour la revoir, la réécouter et la ressentir encore et encore. Pour moi, un peu hyperactif, son effet me fait un grand bien ! Et je serais très curieux de connaître ce qu'elle vous ferait à vous ?

Il me semble aussi que nous devrions pouvoir découvrir ce type de performance plus souvent. Et si c'était le cas, je veux en être ! Merci à vous Hanna Sybille et Erin, de sortir des sentiers battus, lire ici la perception toute visuelle du mouvement et vous de Tangente de le permettre. Même de chez moi, devant mon trop petit écran les yeux fermés, la magie a opéré !

jeudi 6 mai 2021

Sur mes pas (réels) en danse: Ma rencontre avec "La question des fleurs" en ce printemps pandémique !

 "La question des fleurs" est une proposition en quatre parties et suite à la découverte de cette partie, je me fais un devoir, fort plaisant, d'aller la découvrir au complet sur scène lorsque l'hiver pandémique sera derrière nous et que les salles nous ouvriront leurs portes ! " Voilà ce que j'écrivais le 28 février dernier sur ce blogue suite à la présentation en ligne d'un des tableaux de création à "quatre mains" (Christophe Garcia, Ismaël Mouaraki, Andrea Peña et Dominique Porte) , gracieuseté de la maison de la culture Claude-Léveillé. Mes pas en ce printemps pandémique, m'ont porté jusqu'au Quartier des Spectacles à l'Édifice Wilder pour en voir tous les tableaux présentés par les gens de l'Agora de la danse.

                       Photo des deux interprètes par Marco Campanozzi tirée du site de La Presse

Je ne reviendrai pas sur la genèse de ce projet, d'autres l'ont fait comme moi lors de mon texte précédent, ailleurs et bien mieux aussi. À titre d'exemple, le texte d'Iris Paradis-Gagnon sur le site La Presse ( https://www.lapresse.ca/arts/spectacles/2021-05-04/la-question-des-fleurs/bouquet-creatif.php). Il en reste que j'étais bien curieux de découvrir de "mon" siège première rangée dans l'Espace Orange l'œuvre dans son entier. 

La scène devant moi est toute vide, aucune prise sur ce qui me sera présenté. Peu à peu, tous les sièges (quel euphémisme en ces temps de distanciation physique ) ont trouvé preneuse ou preneur. Tous, sauf les deux un peu plus loin à ma droite !!!

Une fois la salle "toute pleine" et les indications d'usage données, les lumières se font toutes discrètes et la rencontre, elle devient toute imminente. Se présente à nous ce couple, tout proche et riche de son intimité, pour ce "premier tableau" qui à mes yeux présente les premiers pas dans la vie de ce couple. Leurs mouvements sont riches d'une proximité interactive, comme si l'un et l'autre s'apprivoisait et cela me rejoint. La complicité de ce couple (jeune de ma perspective) rayonne ! Les deux interprètes (Daphnée Laurendeau et Danny Morissette) maitrisent habilement le propos chorégraphique et captivent mon attention !

Mais la vie, comme la vie d'une fleur dans son bouton, poursuit son cours, Le "deuxième" tableau me montre comment deux mondes parallèles peuvent arriver à se fusionner. Et une fois rendu "sous le globe" d'un foyer, comment la vie de couple peut devenir. Avec un ton plus ludique, le "pot de fleur" devient "jardin secret", et illustre aussi l'expression "tourner autour du pot ". Et une fois les fleurs jetées, comment effacer ces inévitables erreurs, sinon en boire l'eau de ce pot !

La vie de ce couple n'est pas toujours un jardin (ou un bouquet) de fleurs et ce lien qui l'unit, ce couple, peut être fait d'aléas et de soubresauts. Voilà ce que le dernier tableau, fort physique (signé par Andrea Peña) j'y vois. Ce dernier tableau, qui montre ce qu'un couple peut vivre de difficile durant lequel Daphnée Laurendeau est remplacée par le concepteur de ce projet Mickaël Spinnhirny. Cette substitution m'a quelque peu déstabilisée (et je ne suis pas le seul, j'en suis convaincu !), mais de retour à la maison, j'en ai découvert la raison qui est fort bonne dans le texte de La Presse !

Au final, une proposition qui de ma perspective illustre bien différentes étapes de la vie de couple. Une proposition écrite à quatre mains qui réussit à bien amalgamer ces "états de couple" pour nous en présenter les états de corps et les états d'âme ! Je m'en voudrais de ne pas mentionner la musique de Laurier Rajotte qui sait porter le propos tout au long et qui m'a fait "écrire" dans ma tête, "la musique ouf !" tout au long de la présentation !

mardi 4 mai 2021

Sur mes pas (virtuels) en danse: "Polymorphic Microbe Bodies", une expérience partielle pour moi, mais par ma faute !

La proposition de Hanna Sybille Müller et Erin Robinsong est tout à fait particulière comme d'autres présentées par Tangente, ce que j'apprécie toujours. J'avais lu attentivement les recommandations et je m'étais préparé en conséquence. Je prévoyais aussi revoir dans différentes conditions cette proposition toute sensorielle pour comparer, mais une combinaison de facteurs m'a juste permis de la découvrir qu'une seule fois. J'étais donc avec mes écouteurs devant mon écran pour voir et ressentir la proposition. Je l'aurais refait les yeux fermés assis et aussi couché comme on me le proposait. Mais bon, cette seule fois a été très intéressante.

J'ai vu des hommes et des femmes s'installer pour nous, comme par procuration. Avec les paroles de Hanna Sybille Müller, je me sens en état de réception, les yeux grand ouverts ! Et la suite, je ne saurais ajouter rien de précis sur ce que vois. Mais sur ce que je ressens, je ressens et j'apprécie surtout. Les bruits de ces fruits qui sont mis en contribution par celle qui les manipule, par le son et l'image, jusqu'à les sentir presque. Cette proposition annoncée comme somatique l'a été pour moi et a été pour moi, des moments fort apaisants ! 

                                                                Photo de Denis Martin


lundi 3 mai 2021

Sur mes pas (réels) en danse: Avec celle qui vit le deuil, mais qui "dit" "Je ne vais pas inonder la mer"

De "Je ne vais pas inonder la mer" de Sonia Bustos, j'en avais vu des extraits grâce à l'équipe de la Maison de la culture Notre-Dame de Grâce. Dans le propos de l'oeuvre, le deuil de sa mère et de sa grand-mère, il y avait une sensibilité qui m'a rejoint. Je dois avouer, si cela est nécessaire à dire, que je suis sensible aux rencontres et celle que me proposait cette chorégraphe-interprète mexicaine d'origine me semblait fort intéressante. C'est donc, grâce à une invitation que j'ai pu être dans "mon" siège en première rangée avec une dizaine d'autres personnes au MAI pour découvrir le parcours de vie de cette femme. 

                                    Photo de Sonia Bustos par David Wong sur le site du MAI

À mon entrée en salle, il y a trois personnes assis du côté jardin, tandis que du côté cour, il y a cette femme toute silencieuse, comme absente, loin dans ses pensées près d'une petite table sur laquelle il y a des fleurs dans un vase. Une fois toutes et tous assis.es, nous arrivent des voix dont celle d'une enfant. Pour moi, c'est clair, nous remontons dans le passé de cette femme, alors jeune enfant. Tout est silence, et empreint d'intimité ! Et puis, le temps passe et cette enfant devient adolescente avec ce qui mijote dans le coin derrière. Les évènements se font plus cruels, le destin frappe et je le sens, cette femme n'accepte pas la perte des êtres chers. Dans la noirceur, je découvre avec intensité ce corps qui souffre. Et puis après, cette robe dont elle se détache avec grande peine. J'y vois les souvenirs de celles qui la portait et qui la berçait. 

Il s'en suit avec le chant d'abord et la musique ensuite, qui l'accompagne dans sa réconciliation. À preuve, elle reprend les fleurs qu'elle avait laissées derrière. Je sens un certain apaisement. Il s'en suit une suite, en rituel, tout en crescendo vers un apaisement. Et pour cela, elle n'est pas seule ! Dans ce rituel exposé (thématique dont elle nous avait parlé !), la musique et le chant sont fort importants et la guident. Cette femme et ces deux hommes ( Eloisa Resendiz, voix, jarana et danse, Charles Cantin, voix, leona et danse et Aurélien Tomasi, voix, requinto) l'accompagnent lorsqu'elle fait le lien avec ces pétales de fleurs entre le maintenant et le passé ! Le tout, je le ressens fortement, lui permet de faire la paix avec ces deuils et lorsque devant nous apparaît cette boîte en bois, les pas montrent la direction . Et lorsque cette femme, après les autres, prend place sur cette boîte, ses pas résonnent résolument vers le futur en paix avec elle-même.

Et une fois, les applaudissements fort bien mérités envolés dans la salle, elle nous remercie et nous invite à accepter un petit présent (de façon tout à fait sanitaire !) avant de quitter.

Voilà une proposition qui présente une belle rencontre avec un propos clair et riche en symboles. Cette histoire est la sienne, tout comme elle pourrait être la mienne ou la vôtre. Une proposition accessible à un public diversifié qui mérite qu'elle soit présentée encore et encore devant le plus grand nombre.

Sur mes pas (réels) en danse: Une rencontre forte en émotions avec "Bouleversement" !

 La vie fait parfois drôlement les choses. Parce que voyez-vous, je me rendais découvrir  "Bouleversement" d'Estelle Clareton qui allait me présenter l'angoisse ressentie devant une menace imminente (pour elle, la venue d'un tsunami). Et moi, en me rendant à l'Agora de la danse pour y assister, je me suis retrouvé coincé dans la circulation beaucoup trop lente avec une crainte toute forte et présente en moi, sous mon plexus, de ne pas arriver à temps ! Tic, tac, le temps s'écoule et chaque arrêt trop long faisait monter en moi, mon thermostat d'angoisse. Et puis, est-ce que je trouverai du stationnement pas trop loin, une fois rendu ? Une question qui une fois bien en place dans ma tête, "ajoute une bûche" dans le brasier d'angoisse qui prend de plus en plus de force. Je ne saurais dire à quoi ma figure ressemblait tout au long des derniers moments, mes yeux ne fixaient que la route devant fort achalandée en cette fin d'après-midi de vendredi. Mes mains, elles, étaient toutes crispées sur mon volant ! 

Juste avant de découvrir (je l'espère à tout le moins !) ce qui m'était annoncé, soit "la brève épopée de l’appréhension humaine d’une catastrophe, "moi je la vivais" en première partie de façon bien involontaire ! Ma catastrophe serait d'arriver trop tard et de me buter à une porte close ! 

Soyez rassurés, je me suis rendu juste à temps ! Et c'est donc, dans "mon" siège première rangée que j'ai pu découvrir, soulagé avec un relent d'angoisse (!), ce qui allait m'être présenté. Et, subtilement, cette angoisse s'est déplacée de mon tout en moi jusqu'à tout en elle devant moi. Ça, je l'ai ressenti rapidement. Sur une scène toute simple avec ce long plastique qui part du côté jardin vers le côté cour, elle vient devant nous. Et comme la vie le fait souvent, le tout se modifie subtilement, lentement comme cette bâche de plastique sous les pieds de cette femme.

                 Photo d'Esther Rousseau-Morin par Stéphane Najman sur le site de l'Agora de la danse

Il s'en suit des tableaux nous faisant évoluer dans les différents états face à l'imminence portés avec brio et intensité par Esther Rousseau-Morin. Avec quelques accessoires fort habilement utilisés, je me suis retrouvé entre autres, par procuration, dans un mauvais rêve, face au vent pour chercher l'air pour respirer, tout affalé de désespoir, dans une plongée en apnée dans un aquarium trop petit pour espérer. Mais le tableau le plus fort et le plus beau pour moi, est celui durant lequel elle prend place dans son cocon (la toile qui s'est métamorphosée avec les gestes de l'interprète) et en ressort. 

Je m'en voudrais de ne pas mentionner que si j'ai plongé dans tout ce que je vois devant moi, c'est aussi grâce à Karine Galarneau (scénographie), à Alexandre Pilon Guay (lumière) et Antoine Bédard (la musique). Et, heureuse initiative des gens de l'Agora, une fois les applaudissements chaleureux terminés, a été de dire tout haut la liste de tous les artisans de l'oeuvre présentée. (Et pourquoi pas poursuivre cette façon de faire dans l'avenir ?) 

De cette chorégraphe dont je me rappelle encore très bien, lors d'une édition passée du Festival Vue sur la relève, la démonstration de l'évolution des gestes quotidiens dans une cuisine en des mouvements plus abstraits qui en conservaient l'essence. Avec "Bouleversement", de ma perspective, elle conserve ce type de démarche, recette éprouvée, ce qui a permis de me rejoindre et je ne suis pas le seul. Question de me faire plaisir, je le reverrai lors de la webdiffusion à venir.