dimanche 30 octobre 2016

Sur mes pas au cinéma: Ha ! "La vache" !!!

Durant ce week-end pluvieux et assez tristounet, mes pas m'ont amené dans le confort d'une salle de cinéma, deux fois plutôt qu'une et dans la même salle et sur le même siège, du Cinéma Beaubien. Et je n'étais pas le seul, parce que de monde, la place en était remplie.

Débutons par le début, soit le premier film, et du titre de ce texte quelque peu ambigü. Vous vous attendez sûrement à quelques clarifications et cela est tout à fait légitime. Pour quiconque connaît cette expression sait déjà qu'elle est colorée d'admiration et vous auriez raison.



Ce film de Mohamed Hamidi, annoncée comme une comédie (réussie, selon les critiques), nous propose un road trip d'un algérien à travers la France. C'est le voyage "à pied" de Fatah, personnage sympathique (Fatsah Bouyahmed, tout à fait crédible) et de sa vache, Jacqueline, de son "petit" village en Algérie jusqu'à Paris pour participer au Salon de l'Agriculture qui revêt pour lui des allures de La Mecque.

Les rencontres seront nombreuses, les situations parfois quelque peu alambiquées, mais au final le tout amuse bien, fait rire même, avec des allures tout à fait sympathiques. Les us et coutumes traditionnels de ce village algérien nous seront habilement présentés et seront mis en contact avec la société 2.0. Si d'entrée de jeu, la participation de Jamel Debbouze et Lambert Wilson peut laisser sceptique, la suite met un bémol à ce scepticisme.

Au final, une oeuvre qui nous permet de passer des moments agréables. Une comédie qui s'avère légère mais sur fond sérieux, colorée d'émotions. Quoi demandez de mieux en ce début de saison plus froide ?

jeudi 27 octobre 2016

Sur mes pas de lecteur: à la suite de "La Jeune Épouse"

Depuis un certain temps, je lis beaucoup moins et lorsque je le fais, c'est avec une certaine lenteur, sinon une lenteur certaine. Lorsque j'entreprends la lecture d'une oeuvre, c'est soit que je découvre sur la couverture d'un livre le nom d'auteur ou d'auteure qui m'est particulièrement cher ou une oeuvre dont le titre me la rend incontournable ou que cette oeuvre me soit destinée par le destin. Sur ce point, je reviendra prochainement. Cette fois, cela a été un nom, Alessandro Baricco. Quiconque a déjà lu une oeuvre de cet auteur italien, dont les mémorables "Novencento : pianiste" et "Soie", pourra comprendre pourquoi sa plus récente oeuvre m'a attiré. Pour les autres, vous me permettez d'en ajouter un détail ou deux !



Alessandro Baricco sait raconter une histoire et nous garder captif du récit. Cette fois, avec "La Jeune Épouse", le plaisir a encore été au rendez-vous, malgré que je dois avouer que le récit est passé en arrière plan. Un peu plus de deux cent pages, deux cent vingt-quatre plus précisément, que j'ai lu lentement, très lentement, reprenant la lecture de plusieurs pages pour pouvoir apprécier l'écriture, le style élégant. Je dois noter ici que si l'oeuvre originale a été écrite en italien, Vincent Raynaud des Éditions Gallimard en a fait une traduction française qui me semble tout à fait fidèle.

Il y aura bien tout au long du récit des éléments déterminants qui permettront de mieux saisir le contour de ces personnages complexes et qui intéresseront. Mais, c'est dans la façon de les présenter avec les beaux mots et leur tournure qui me fascineront, me procurant, surtout, mon plaisir de lecture. Dans cette histoire, il y a la jeune épouse, promise, et sa famille, mais surtout celle de son fiancé. Pendant que lui est gardé en arrière-scène, nous faisons connaissance du Père, de la Mère, de la Fille et de Modesto, leur fidèle serviteur. Des pages délicieuses à découvrir le mode de vie de cette famille mais surtout leur histoire, surprenante. Les zones d'ombre nous sont éclairées par une plume fort habile. Que ce soit après une heure ou plusieurs jours plus tard, la reprise de la lecture de ce livre se fait facilement et avec un plaisir toujours plaisant et présent.

Mais ce livre possède une dernière page que nouslisons avec autant de plaisir que de regret. Mais restons positifs, il ouvre, espoir en tête, vers une prochaine oeuvre. Et ceux qui n'ont pas encore eut la chance de le lire, cet auteur, après "La Jeune Épouse", la liste est longue et remplie de belles surprises.


vendredi 21 octobre 2016

Sur mes pas en danse: plongé avec plaisir dans "Aqua Khoria"

Mes pas m'amenant vers la deuxième proposition de la saison de Danse-Cité et de Tangente (présentée conjointement avec la Société des Arts Technologiques (SAT)), j'ai eu le plaisir de plonger dans "Aqua Khoria" de Peter Trosztmer et Zack Settel. Si je ne connaissais pas Zack Settel, Peter Trosztmer, lui, ne m'était pas inconnu autant comme interprète que comme chorégraphe, quoi que ce dernier titre, selon moi, ne s'applique pas tout à fait à lui. En effet, il ratisse plus large que la scène qu'un public trouve devant lui et mériterait le titre de créateur-explorateur Il suffit de se rappeler "Box Tape", présenté loin des scènes habituelles dans un vieil immeuble de Griffintown et qui demandait la collaboration et la participation de chacun des spectateurs (encore que ce terme ne soit pas tout à fait approprié) pour faire l'oeuvre. À sa demande de mettre la main à la pâte, j'avais répondu avec enthousiasme et grand plaisir.

                                         Photo: Sébastien Roy

Cette fois, il nous propose une oeuvre immersive utilisant le corps de l'interprète, avec des quelques accessoires, pour nous entraîner dans un voyage dans un univers projeté sur la Satosphère qui nous entoure tout autour. Une oeuvre qui encore une fois délaisse la scène traditionnelle pour nous entraîner dans un voyage au fond des mers, dont il sera le guide. Assis sur un banc-coussin, tout autour d'un espace dont le milieu est occupé par un étang d'eau, nous attendons le début de l'expédition.

Nous partirons sur une mer calme qui peu à peu deviendra agitée. Nous plongerons, ensuite, dans les eaux pour y découvrir la faune qui l'habite.

Pause....

Dans cette plongée virtuelle, j'ai vécu une première. Pour la première fois durant une présentation de "danse", donc, j'ai ressenti une réelle sensation d'oppression physique, à la limite du confort, qui m'a coupé la respiration quelques secondes. Bravo messieurs !

Fin de la pause ...

Dans cette plongée, nous allons toujours plus bas jusqu'à la noirceur totale et dans des grottes aux stalactites bien affirmés. Nous serons engloutis par un mammifère majestueux et non menaçant. Guidé par notre accompagnateur, le plaisir de ressentir est bien présent. Mais toute bonne chose ayant une fin, il faut remonter et c'est par un vortex tout puissant que nous émergerons à l'air libre dans la noirceur de la nuit.

De cette excursion, dans un univers aqueux immersif, j'en reviens satisfait et ravi. Je n'ai aucun doute que la complexité des technologies utilisées et des ressources nécessaires pour les amener vers cette oeuvre achevée demandait la collaboration technique et financière des trois organismes impliqués.

J'ai déjà hâte à la prochaine fois, Peter.

Cependant, l'expérience aurait pu être encore meilleure pour moi, si de ma place, le bruit ambiant de la salle à manger, juste derrière, n'avait pas été aussi envahissant et que deux personnes debout à l'intérieur et près de la porte n'avaient pas autant échangé tout au long de la présentation. Rien pour gâcher le tout, mais assez pour y mettre un léger bémol.





jeudi 20 octobre 2016

Sur mes pas en danse: un ensemble "Ensemble" fort instructif et surtout intéressant

Au risque de proposer un détour que certains pourraient trouver superfétatoire, je ferai un bout de chemin dans un domaine de la chimie qui me plait particulièrement, celui des mécanismes de réaction chimique. Illustrer comment une molécule d'alcool (d'odeur assez ordinaire)  s'accocie avec une autre d'acide carboxylique (qui elle, possède une odeur désagréable, pensez au vinaigre) pour devenir une molécule d'ester à l'arôme invitante et agréable, voilà le rôle d'un prof de chimie. Pour transmettre ces informations, il utilisera une écriture stylisée et des symboles selon des codes que ses élèves comprendront après quelques efforts. Il leur sera demandé d'en limiter leur interprétation et de fidèlement retransmettre les mouvements des molécules soumis aux aléas des rencontres et des collisions qui en résultent pour une transformation de la matière. Le tout pourra sembler opaque aux non-initiés et pas question de les blâmer.

                                                        @ Nathalie St-Pierre

Ainsi donc, lorsque mes pas m'ont amené vers le département de danse de l'UQAM pour découvrir sa proposition de mi-session (une première pour moi qui suis habitué aux oeuvres de fin de session), rien ne me préparait à découvrir avec "Ensemble", une illustration "pédagogique" fort éclairante et similaire à ma perspective chimique du début. Cette oeuvre conçue par leur prof Armando Menicacci avec la collaboration de Marc-André Cossette est interprétée par les 20 finissantes-finissant du baccalauréat en danse. Cette pièce chorégraphique pour huit interprètes et logiciel génératif nous est proposée en deux temps pour une durée de deux heures qui passent très vite. En entrée de jeu, le "prof" nous indique, assis tout autour de l'espace danse qu'il nous laissera nous faire une idée sur le lien entre les mouvements que nous verrons et ce qui sera projeté sur les quatre écrans de chaque côté de la salle. Par la suite, il nous expliquera comment le tout se passe avec tous les codes d'interprétation. pour par la suite, mieux comprendre les liens.

Petite parenthèse personnelle, voilà une brillante méthode pédagogique qui propose deux approches différentes sur un même sujet qui mérite que je m'en inspire (merci, prof Menicacci !).

Bon, revenons dans la salle, sur mon siège sur un des quatre côtés de la scène. J'y resterai toute la première partie, malgré les invitations de circuler durant la prestation. Le tout commence, par sous-groupes de six, les interprètes évoluent en solo, en duo ou en groupe, selon des indications projetés sur les écrans, en déduis-je, après un certain temps.  Sur l'écran face à moi et les autres, il y a des points de différentes couleurs qui se déplacent, clignotent et disparaissent. De couleurs différentes aussi des bandes qui apparaissent sur les deux côtés et des "mots", tels que "Tensions" "utiliser la voix", "en contrepoint" et aussi "le plus important est facilement oublié". Il y a un sens, je le pressens, mais les mouvements fort expressifs et surtout bien présentés me compliquent la mise en relation. Après un certain temps, ma décision est prise, je lâche le cérébral et je me concentre sur les mouvements et les relations entre les interprètes. Le spectateur assume sa décision et est heureux !

Arrive la fin de la première partie et le moment de l'explication des codes. Ah oui ! Je comprends et apprécie d'autant plus ce que l'on demande à ces élèves. Petite pause et début de la deuxième partie, je change de place et de perspective. Fort des explications, mes yeux naviguent de l'écran face à moi aux prestations,parce que là, je peux faire les bons liens. Ma détermination faiblit, parce que c'est les mouvements, parfois accompagnés de paroles qui m'intéressent le plus. Par conséquent, "au diable" l'écran que je laisse à ces élèves qui savent l'utiliser, eux ! Mon allégeance se fait aux gestes et y restera fidèle jusqu'à la fin.

La soirée me réservera une surprise et un gros plaisir. La trame sonore, en ce mercredi 19 octobre, nous présentera un extrait, en direct, du débat Clinton-Trump et aussi un extrait d'une pièce qui a fait vibrer l'adolescent que j'ai été, "Maggot Brain" du groupe Funkadelic. Et ce n'est pas la seule fois que mon corps s'est mis à vibrer en phase avec les interprètes.

Au final, une très belle soirée aussi intéressante qu'instructive grâce au prof, mais aussi à chacunes et chacun des élèves que je nommerai parce qu'ils le méritent bien. Alors, Ornella Anquez, Myriam Arsenault, Mélanie Boisliveau, Isabelle Boudreau, Stéphanie Boulay, Nancy Boyer, Tanya Dolbec, Maïté Fournel, Laurence Gratton, Christine Heyraud, Alexandra Kelly, Kim Lacoste, Julie Lédée, Sabrika Leduc, Juliette Le Foll, Charles-Alexandre Lévesque, Judith Messier, Marilou Morin, Émilie-Claude Saint-Amour Maillé et Natasha Woytiuk. Nous nous donnons rendez-vous en décembre (du 14 au 17 décembre), promis, parce que ensemble, le plaisir y est !


dimanche 16 octobre 2016

Sur mes pas en danse: de souvenirs et d'intimité avec "Hunter"

Lorsque mes pas m'ont amené jusqu'à l'Usine C pour assister à "Hunter" de Meg Stuart, j'étais averti. Grâce à Catherine Lalonde (Le Devoir du 14 octobre), je savais que l'oeuvre que j'allais découvrir serait "dense et exigeante". Je dois l'admettre que contrairement à bien d'autres, j'aime lire les critiques sur une oeuvre que je vais aller voir. S'il m'arrive parfois de le regretter, cette fois, comme la plupart du temps, cela me prépare mieux à apprécier ce que je verrai. C'est d'autant plus vrai que ma condition psychologique, et physique aussi, ne mettaient pas toutes les chances de mon côté pour maximiser ma réceptivité et mon appréciation éventuelle. Mais bien préparé à cette rencontre, elle s'est très bien passée et pour cela, merci, Catherine Lalonde !

Il en reste que de cette chorégraphe, j'en connaissais le nom et de vague souvenirs d'une ou deux oeuvres que j'avais vues d'elle. Il en reste que les minutes précédant le début de la présentation m'a permis de constater l'importance de cette grande dame et que sa rencontre allait être importante, parce que de chorégraphes et interprètes, les sièges de spectateurs en regorgeaient.

                                         Hunter / Meg Stuart / Damaged Goods
                                                        Photo / © Iris Janke



Dès mon arrivée dans la salle, je prend place en première rangée juste derrière la chorégraphe-interprète. Elle est assise, dos à moi, bricolant un collage qui de ma perspective semble un empilement d'images-souvenirs qui est projeté sur l'écran en arrière-scène. Comme bien souvent dans la vie, certains de ses souvenirs s'envolent en fumée et ne laissent de trace que les volutés de cendres rapidement dissipées. Je dois avouer que dès ce premier tableau, j'ai été touché à un endroit peu habituel. En effet, si les oeuvres, normalement, me touchent le coeur ou la raison juste après les yeux, cette fois, celle-ci semblait se diriger quelque part ailleurs. Où me demanderez-vous ? Impossible de le préciser, mon corps et surtout ma tête recèle, même pour moi aussi, des zones inexplorées. Il en reste que j'avais l'impression, dès cette introduction que "Hunter" me présenterait une chasse aux souvenirs, des souvenirs qui s'empilent, des souvenirs qui nous échappent. des souvenirs qui nous laissent des traces même une fois oubliés, comme des pas sur le sol ou dans la neige. De souvenirs aussi que l'on conserve précieusement quelque part en nous et ses souvenirs conservés n'étant pas les plus importants, ni les plus significatifs. Et la suite m'a montré que j'avais raison. Aussi des souvenirs qui, allez donc savoir, ont choisi de nous choisir. Voilà un des messages que cette femme qui a vécu m'a transmis tout autant en gestes qu'en paroles tout au long de ces 90 minutes de sa présence sur scène, parfois tout à côté de moi, me jetant un regard ou eux, j'en suis convaincu.
Pour cela, elle a utilisé des mouvements tout simples, des accessoires plus ou moins complexes, des vêtements plus ou moins surprenants, dans une oeuvre "exigeante et dense", merci Catherine de m'en avoir averti. Pas toujours facile de la suivre, exigeant, mais toujours captivant. Lorsqu'une personne d'expérience s'ouvre à nous, comment peut-on rester indifférent ?

Au final, je ne saurais dire si j'ai aimé, mais pour tout l'or du monde, je n'aurais pas voulu être ailleurs. Cette femme s'est "offerte" et quelque part en moi, en zone inexplorée, elle a ouvert de nouveaux chemins.

jeudi 13 octobre 2016

Sur mes pas en danse; des pas tout en poésie avec l'Arias Company

Se faire conter des souvenirs par un vieil homme, ses souvenirs, sur une scène blanche, avec un minimum d'accessoires, fort bien utilisés par ailleurs, mais avec moult mouvements. Voilà la proposition que m'offrait Danse Danse dans cette salle tout en intimité qu'est la Cinquième Salle de la Place des Arts.




Interprétée par quatre interprètes, fort talentueux (Brian Arias, Jermaine Spivey, Spenser Theberge et Ana Maria Lucaciu), "A rather lovely thing" nous entraîne dans une suite de tableaux alternant "récits littéraux et abstraits qui réflètent nos peurs et nos désirs", dixit le feuillet de la soirée et je suis tout à fait d'accord.

Il faut se laisser aller, accepter la douceur du propos et se concentrer à apprécier la beauté des mouvements des interprètes virtuoses qui s'expriment devant nous. Il y aura bien pour moi, une petite source d'interférences, lors des changements de costumes qui se font sur scène (un peu en retrait) pendant que le récit se poursuit pas très loin. De cette scène de petite dimension, j'en ai eu une perception très différente au tout début et qui m'a semblé immense avec les quatre interprètes immobiles. Par la suite, elle a repris sa dimension réelle, de ma perception, et est arrivé le vieil homme qui nous a dansé le début de sa narration. Et son récit s'est terminé avec son retour sur scène après des moments tout en douceur comme les propos de l'aîné que l'on a pu imaginer. Un gros coup de coeur de ce tableau qui nous présente un fondu à deux personnages.

Dans le monde de la danse contemporaine, les pas et les styles sont très variables et pour cette fois, la beauté et la douceur étaient au programme grâce à Bryan Arias, qui m'a permis de passer une belle soirée.

Petite coincidence, en terminant, un des interprètes de cette soirée, Spenser Theberge, est un ancien membre de la Nederlands Dans Theater qui viendra faire un tour en ville dans quelques semaines, soit du 1er au 5 novembre prochain, invitée par Danse danse au Théâtre Maisonneuve.

dimanche 9 octobre 2016

Sur mes pas au cinéma: des pas surprenants dans la neige avec "Un ours et deux amants"

Il y a un certain temps que mes pas ne m'avaient amené dans une salle de cinéma. Cette congestion d'occupations professionelle et culturelle s'est quelque peu allégée et c'est vers du dépaysement que je me suis dirigé. "Un ours et deux amants", surprenante traduction du titre de la version originale, "Two lovers and a bear" qui, allez dont savoir pourquoi, inverse les rôles !

                                                          Affiche des Films Séville

Dans cette histoire, de Kim Nguyen, qui se passe dans le grand nord sur fond de neige blanche et de passés noirs, il est donc question d'un jeune couple d'amants, d'un ours. S'y ajoutera, d'une façon surprenante, une pieuvre et aussi de caribous qui montreront le chemin. Entre Lucy (Tatiana Maslany, troublante et touchante) et son amoureux, Roman, (Dane DeHaan, intense et bouleversant), l'amour se fait fort, mais il est perturbé pour les deux, par un passé douloureux qui nous sera, à tour de rôle, dévoilé. Alors que l'heure des choix se pointe, le chemin s'impose et nous les suivons à travers ces magnifiques espaces blancs, tellement bien captés. Impossible de rester insensible aux différentes péripéties, la réaction de la salle tout au long de la projection en a éloquemment et audiblement témoigné et cela, jusqu'à la toute fin. Le déroulement du générique nous permettant de revenir sur place après ce beau et long voyage autant au loin qu'en nous.

Définitivement un très beau film qui se doit d'être vu et sur grand écran, de préférence.

Sur mes pas imprévus en danse au Studio 303: lorsque la noirceur se fait éclairante

La semaine se faisait tranquille, côté danse, mais pour peu que l'on soit attentif, il y avait une sortie intéressante. Et c'est au Studio 303 que l'on pouvait la faire et par conséquent, mes pas m'y ont amené. "Métamorphose" était le titre de cette proposition qui nous présentait deux oeuvres différentes sur ce thème et qui sont des "projets collaboratifs entre artistes visuels et artistes du mouvement".

                                                          Photo de Simon Allard

Vous me permettrez, pour la suite, de vous amener pas à pas dans ce qui nous sera présenté. Et il semble que c'est avec une salle "comble" que cela l'a été et, selon moi, c'était tout à fait mérité.

En entrée de jeu, on nous demande de faire confiance, mettre notre angoisse de côté et d'entrer dans une salle tout à fait noire, pour découvrir la première oeuvre, celle de Paul Chambers, David-Alexandre Chabot et Annie Gagnon. Pour moi, il y aura bien durant le temps que les autres prennent place quelques photons non contrôlés qui me permettront de voir que près de moi, d'autres y sont aussi, tout à côté.

Arrive le moment du début de cette oeuvre qui se présentera à nous en trois tableaux. Comme je souhaite fort qu'elle soit représentée  et que le plaisir de découvrir, en est un fort important, je me contenterai de rester assez flou. Donc, durant la découverte de ces trois tableaux, il y aura le premier que je nommerai "L'apparition" et durant laquelle un personnage tout aussi céleste que mystérieux se présente à nous de dos. L'éclairage est mystérieux, mais l'effet esthétique de contraste nous garde bien captif. S'en suit, brusquement, celui de "La prise de contact" qui s'avère globalement fascinant, mais individuellement différent. Plusieurs y succomberont, mais moi, je n'ai pas eu cette chance (à prendre au premier degré ici, parce que j'ai bien beaucoup apprécié ce tableau). S'en suit, celui de "la Révélation", qui marquera une transition surprenante vers la découverte de ce personnage qui se dévoile à nous dans une humanité gestuellement bien exprimée.

Je ne parlerai pas ici de la technologie utilisée tout au long de ce parcours mais, je le rappelle, la découverte de ce personnage venu parmi nous, muni de certains attributs qui éclairent la rencontre, mérite le plaisir de la découverte. Au final, une rencontre artistique qui mériterait une reprise enrichie. Si elle se produisait, avec grand plaisir, j'y serai, promis !

Court entracte et nous revenons en salle, assis sur des sièges, cette fois, pour découvrir une autre métamorphose, celle proposée par Bettina Szabo (à l'interprétation), Brice Gatinet (aux effets sonores et musicaux) et Jacinthe Derasp (à l'objet et sur cet objet de papier, je resterai assez flou). Le tout débute encore une fois dans le noir, question cette fois d'installer l'objet, qui deviendra le cristallite de la métamorphose et du changement. S'en suit, une vingtaine de minutes durant lesquelles, l''interprète et l'objet seront pour moi, pour l'un, le coeur et pour l'autre, le corps. Subjugué, et le mot est faible, tout au long de ce trop court moment durant lequel le corps prenait possession du coeur, en le faisant palpiter et vibrer. Le coeur de son côté, prenait possesion du corps pour l'animer dans une esthétique qui m'aurait gardé captif de beaucoup plus long moments. Les effets sonores rehaussaient le tout, sans que j'en sois vraiment conscient, un peu quand même, puisque je le mentionne.

Au final, deux belles oeuvres fort prometteuses créées dans des conditions difficiles et précipitées (conclusions personnelles, suite à la discussion qui en ont suivi la présentation), mais qui, grâce au Studio 303, déjà permettent d'espérer un avenir fort prometteur aux spectateurs qui n'ont pas peur du noir.




lundi 3 octobre 2016

Sur mes pas en danse de flamenco à Danse-Danse: ailleurs mais ici aussi

La saison 2016-2017 de Danse-Danse se mettait en branle avec "Yo, Carmen" de Maria Pagés. Si mes pas m'ont porté jusqu'à la Place des Arts dans cette grande salle Wilfrid-Pelletier, c'est parce que je fais confiance à la gang de Danse-Danse. Parce que le flamenco est quelque peu loin de mes territoires habituels de mes intérêts chorégraphiques. Et je n'ai pas été déçu !

                                Photo tirée du site de Danse-Danse

C'est donc de ma première rangée que j'ai pu apprécier la magie du flamenco apprété à la sauce moderne, mais surtout revendicatrice. Parce que Carmen avec un Yo devant réserve aux spectateurs une femme qui se veut en pleine affirmation dans différents tableaux. Les gestes et les mouvements ancrés dans un passé, mais teintés d'une forte touche moderne m'ont convaincu que la femme peut et doit s'affirmer. Avec un début fort réussi par ses éventails/lucioles qui dans la nuit proposée ouvrait vers un jour prometteur qui a tenu ses promesses. La suite charmait et lorsque la grande dame s'est adressée à nous en français, le point de non-retour était atteint. Nous en sommes avertis, la Carmen d'aujourd'hui peut être telle qu'elle est, et gare à ceux qui pourraient le remettre en question. 

Une heure trente de pur plaisir pour les yeux, les oreilles et le coeur durant lequel sept danseuses, deux chanteuses et presqu'autant de musiciens se dévouent pour nous. 

Des pas pour moi dans un bel univers différent, mais voilà pourquoi je pars à l'aventure dans le monde de la chorégraphie. 

samedi 1 octobre 2016

Sur mes pas de danse, de beaux pas très prometteurs en Danses Buissonnières

Décidément, les premières propositions en danse contemporaine de cette saison sur nos scènes présentent des oeuvres de femmes avec des femmes sur scène. Danses Buissonnières ne fait pas exception, malgré que ...... Manuel Shink, avec sa création, une des six oeuvres au programme rend l'affirmation partiellement vraie, mais, j'y reviendrai.

Rappelons que Danses Buissonnières que Tangente nous propose à chaque année, permet à de jeunes chorégraphes de présenter une oeuvre de dix minutes maximum. De tout horizon, ces jeunes créateurs sont choisis par un jury de pairs. Mes pas m'ayant conduit au Monument-National quelque peu avant le temps, une discussion intéressante, mais surtout instructive avec Dena Davida, m'a permis de comprendre l'un des aspects qu'elle appréciait le plus des oeuvres qu'on lui présente et qui est l'authenticité. Terme qui peut être difficile à définir, mais qui, une fois devant nous, se perçoit très bien. Il semble que cette année encore, le jury ait eu la même vision, parce que les six oeuvres choisies irradiaient d'authenticité, et cela, c'est aussi ma perception. Et ces moments, je les ai bien aimés et surtout bien appréciés.

En entrée de jeu, nous découvrons "Struwwelpeter" qui peut être traduit de l'allemand par Pierre l'ébourrifé avec et de Ariane Dessaulles. L'image que vous pourriez en avoir est probablement juste, parce que du personnage qui se présente à nous, porte un masque avec des bandes de tissu qui se dirigent dans toutes les directions. Chacun pourra y voir les symboles qu'il voudra, mais moi sans aucune difficulté, ce personnage était au centre de son environnement avec tous les impératifs de joie de peine et, surtout, de nombreuses contraintes dans lequel elle devait évoluer. Et de ce masque porté, l'obligation de ne pas se dévoiler. Ouf !, tellement vrai pour certain ou certaine que je cotoie. La vie en dix minutes, voilà ce que Ariane Dessaulles nous propose.

Suit, "Selk" d'Eryn Tempest, récente graduée du programme de danse de l'Université de Concordia, qui nous propose une oeuvre classique dans laquelle les mouvements s'incarnent éloquents dans le corps dans une suite de mouvements loin de nous. Au moment qu'elle s'approche de nous et de moi en première rangée, les lumières s'éteignent. Voilà une fin particulièrement bien réussie !

En fin de première partie, Manuel Shink nous propose "Hors d'oeuvre" dont le titre est tout aussi ambigu que le personnage qui se présente à nous. Devrions nous être surpris, puisque de la courte présentation, nous étions avertis, "D'un point de vue queer, le principe de non-binarité du genre célèbre la diversité...". La présentation de cet homme gracieux et tout barbu était d'une grande clareté et de la tentation de classer, j'en suis ressorti avec une grande prudence. La vie n'est pas simple et les êtres humains qui l'occupent encore moins, j'en suis averti.

Pause réflexive d'une quinzaine de minutes.

Sur scène, nous apparaît, "Rainblow" et Geneviève Jean-Bindley avec un personnage féminin qui a tout du conte par son habillement. Mais, vite la réalité maladive semble s'imposer. Rien ne semble simple et tout autant ses gestes que ses mimiques et la mise en cases, nous le démontrent. J'en suis touché et pour cela merci !

"Who cares" de Virginie Desroches suit avec deux femmes ( Claire Jeannot et Myriam Foisy que je revoyais avec grand plaisir) qui devront faire un bout de chemin ensemble. Rien de facile, leurs gestes le montrent bien, mais peut-il en être autrement ? Et comme l'indique le feuillet de présentation, "Digérées d'un compromis insatisfaisant elles finiront." Mais nous, nous ne serons pas insatisfaits.

La soirée se termine avec une surprise. Nous devons nous lever de notre siège et entourer la scène sur laquelle se retrouverons les six interprètes (Julie Robert, Stefania Skoryna, Catherine Dagenais-Savard, Camille Gachot, Audray Julien et Myriam Foisy) sur la chorégraphie de Lorraine Albert et Julie Robert. On nous demande de nous déplacer tout au long de ce dix minutes et nombreux sont les spectateurs qui respecteront cettre demande, mais pas moi. Pour me permettre d'apprécier de la tête, il faut que mes pas soient immobiles et ils le seront. Je ne saurais dire ce que j'ai manqué, mais de ma perspective immobile, ces interprètes ont mis en gestes les verbes que la voix projetée m'est parvenue. "Movement in serra- 3rd movement" de ce collectif ephfem s'est incarné et a conclu une très belle soirée.

Plein de noms pris en note et un retour à la maison tout à fait satisfait de ces "Danses Buissonnières" 2016.