jeudi 28 juin 2018

Sur mes pas de lecteur-spectateur en danse: "ob.scène", d'Enora Rivière

Avant de me rendre à ce "récit fictif d'une vie de danseur", mes pas ont été nombreux avec quelques détours. Mais au final, ma patience a été récompensée et de ces 126 pages intelligemment construites par Énora Rivière. J'ai la conviction d'avoir eu accès à une perspective intérieure et intime de ces interprètes que je croise et que je vois tout au long de l'année. De mettre quelques réponses sur deux questions fondamentales que je me pose à propos d'elles et d'eux, soit, pourquoi danser et comment danser ?



Pour plonger dans "ob.scène" titre fort bien amené aux sens polymorphes, j'ai d'abord dû croiser l'auteure Enora Rivière, lors d'une rencontre "avec les artistes". Rencontre durant laquelle, nous avions, tous les deux, échangé nos rôles avec le créateur, Jérémie Niels. Lui, devenant spectateur, qui nous posait des questions à nous, métamorphosés créatrice ou créateur pour la fin de cette rencontre "particulière". De ce moment, fort agréable quoique un peu stressant, j'ai aussi appris que ma "partenaire de jeu" était aussi écrivaine et j'en avais pris bien note. Curieux, je découvre qu'elle porte sa plume sur le monde de la danse. Voilà pourquoi, je tente de me procurer son livre, mais son livre au Québec, pas facile à se procurer ! Courriel avec l'auteure qui m'indique qu'il y en aura des exemplaires disponibles pour le Offta 2018 et qu'en plus, elle présentera "moteur" à ce même festival. Après quelques pas infructueux et un détour, j'ai enfin réussi à mettre la main sur son livre que je décide de garder bien précieusement pour les jours "sans dance" à venir.

Ces jours sont arrivés et moi, je m'y suis mis à sa lecture, deux fois plutôt qu'une. De cette incursion, dont la postface résume bien, selon moi, les présentations "en deux tons", soit en noir sur les histoires, les motivations et les intentions de ces artistes et en gris sur les moments de prestation. En alternance, je passe donc d'états de corps et des états d'être. Pour mieux comprendre l'intention d'écriture, bien rendue, je laisse la place à l'écrivaine avec un extrait de sa postface:

                                   "Échanger. Enregistrer, Transcrire. Écrire.
                                    Rendre collective une expérience singulière.
                                    Singulariser sans individualiser.
                                    Dépasser la question d'identité.
                                    Se détacher des noms, des prénoms, des dates.
                                    S'en tenir à l'expérience, au "tu" et au "je."

Ce qui en présente, selon moi, sa force avec cette dernière phrase qui indique bien que l'on s'adresse à moi. Moi, spectateur, fort curieux de mieux connaître ces femmes et ces hommes, si différents de moi, mais dont je me sens parfois si proche dans l'univers chorégraphique. 

Durant cet expédition dans leur intimité "fictive !", j'ai pu mieux comprendre les motivations, les angoisses et les interrogations de ces femmes et de ces hommes qui décident de faire leurs pas dans un monde dont les règles ne sont pas toujours bien définies ("Ce qui se jouait dans ce silence, fruit d'un contrat tacite dont tu ne connaissais pas les règles mais qui organisait le travail ..."). Un univers artistique, néanmoins, qui permet de dépasser les normes convenues. Le tout avec une écriture qui me garde alerte par ces quelques dérives qui me demande de ne "pas perdre le pas"!

Intéressé aussi à ces moments juste avant d'entrer sur scène, "Je sens cette décharge électrique qui est un mélange d'excitation et de peur, alors je pense à cette traversée, à cette diagonale. " ou "Je regarde dans la direction de mon déplacement." Deux phrases en apparence d'intensité différente, mais aussi forte dans leur contexte.

Ce récit, je l'ai lu en deux temps. D'abord de la première à la dernière page, presque tout d'un coup, alternant les états d'esprit et les états de corps. Ensuite, seulement les "tracés" en gris qui me présentaient ce que je pourrais découvrir (oui, oui, j'en suis convaincu !) si je pouvais entrer dans leurs pensées avant et durant leurs prestations. Je me plaisais d'imaginer leurs gestes sur scène, souvent décrits de façon fort explicite, comme dans l'extrait suivant, "Je diastole, je systole. J'ai chaud, très chaud, je sens la sueur dégouliner le long de ma colonne vertébrale." Souvent en lisant, je m'y sens "sur la scène", moi le spectateur. Et cette perspective me plait bien.

L'auteure de par sa plume qui, parfois, dérive en cours de paragraphe, me fait ressentir l'importance de rester "focus" durant la lecture. Pourquoi on danse, comment on danse et qu'est ce que l'univers de la danse peut être, par la femme ou l'homme qui l'incarne, voici des questions avec des réponses que j'ai découvert tout au long de ma lecture et de ma relecture. Une incursion dans l'intimité fort intéressante et agréable, "ob.scène", mais pas du tout obscène ! qui se doit d'être faite par tout amateur de danse. Et si vous le voulez, il est possible de s'en procurer un exemplaire auprès de l'auteure, ce qui est pas mal plus simple et moins cher que les autres façons.

mardi 19 juin 2018

Sur des pas en danse que vous devriez faire, comme moi, durant les prochaines semaines d'été.

Le solstice d'été est à nos portes et les salles prennent une pause de leurs "pas de danse". Pas de panique amateurs de danse (!), juste à Montréal, il sera possible de découvrir de très belles et très accessibles propositions extérieures en danse. Sur le site "Accès Culture" de la Ville de Montréal, il est possible de trouver facilement de quoi se satisfaire. Je vous propose mes propositions, au nombre de onze, qui pour la plupart, j'ai déjà vu et que je reverrai avec grand plaisir, pour une deuxième, sinon une troisième fois. Parfois mon rôle de spectateur se transformera en celui d'observateur, parce que la réaction du public face à ces oeuvres, enrichie le moment.

En ordre chronologique, voici mes sorties prévues, accompagnées par d'autres moments sans que la liste soit exhaustive, juste pour vous accommoder, au cas où ! en plus du site "Accès Culture" de la Ville de Montréal.

http://www.accesculture.com/calendrier?disciplines=61

"Les Installations Mouvantes" de Mandoline Hybride qu'il sera possible de découvrir les mercredi 4 juillet et 22 août  (18 h 00) sur Prince-Arthur, angle St-Dominique. Danse et musique pour lesquelles, "le public est invité à suivre la progression d'une chorégraphie inspirée des espaces et de l'ambiance urbaine de la rue Prince Arthur, en interaction avec une trame musicale en direct. "Pour ma part, cela sera "jamais deux sans trois.", reste à décider de la date. Et comme les écrits restent, aussi bien les utiliser. Il y a deux ans, suite leur performance, j'avais écrit, "Une oeuvre qui mériterait d'être présentée encore et encore, ici ou ailleurs." Comme si mes vœux s'étaient réalisés !

"Écoute pour voir" au Square Cabot (Métro Atwater) est pour moi un incontournable. Présenté par Maï(g)wenn et les Orteils et Danse Carpe Diem / Emmanuel Jouthe, ce nouveau volet d’ÉCOUTE POUR VOIR dansé par des interprètes professionnels vivant avec une déficience intellectuelle a tout pour émouvoir et satisfaire. C'est un rendez-vous le mercredi 11 juillet à 15h15 et 16h30. Pour moi, cela sera une première avec ÉCOUTE POUR VOIR et j'ai bien hâte.

Dans le même esprit de découverte, "3D Diversité" présenté aussi au Square Cabot le mercredi 11 juillet (16 h00). "Corpuscule Danse c’est la rencontre de danseurs avec et sans handicap. 3D Diversité, un projet inclusif de découverte de styles de danse avec les chorégraphes Roger Sinha en danse indienne/ contemporaine et Zab Maboungou en danse africaine/contemporaine." Vous avez un petit deux à gager, mettez le sur ma présence au Square Cabot le mercredi 11 juillet prochain. Et vous devriez y être aussi !

Aussi le 11 juillet (18 h 00), coin Prince-Arthur et St-Dominique et "à plein" d'autres dates, "Frictions" de Philippe Meunier et Ian Yaworski . La description dit tout, "FRICTIONS est une performance déambulatoire où le public est invité à voyager à travers les différentes intrigues d’un récit alimenté par la diversité de la danse, giguée et percutée. Une gigue contemporaine déconstruite, mais surtout émouvante et touchante." Une oeuvre pour tout public et qui devrait prendre toute la place, comme je l'avais découvert lors de la présentation de "Monte-Charles" à Tangente, il y a un peu plus d'un an.

"Parking" de Milan Gervais et Hubert Lafore que j'avais vu deux fois plutôt qu'une l'été dernier, mérite que l'on s'y rende. Forte et captivante est cette oeuvre à quatre interprètes qui utilise le lieu pour nous entraîner dans la difficile relation de couple et de leurs amis. Bien curieux de découvrir comment, ils utiliseront le lieu de présentation (Prince-Arthur et St-Dominique le 25 juillet à 18 h 00, sur la place de la Gare Jean-Talon le samedi 25 août à 14 h 00 et au Parc La Dauversière le jeudi 30 août à 18h30) pour nous présenter les tribulations de ces deux couples.

Avec "5 minutes avec ..." des Soeurs Schmutt, nous aurons droit à des rencontres spéciales sous le signe de l'intimité partagé. Ces 5 minutes, je les ai vécu l'été dernier (par temps pas trop clément !), des 5 minutes "intimes" sous les yeux de ma blonde et de mes trois petits-fils. Des 5 minutes tout à fait réussis avec des interprètes qui, peu importe l'environnement autour, ont réussi à créer "la rencontre". À ces "5 minutes avec ...", je me promets d'y retourner, plus comme observateur que comme spectateur pour être celui qui découvrira le résultats de ces rencontres avec les autres. Donc les samedis 14 et 21 juillet, d'abord quelque part au Parc Jarry à 14h00 et ensuite au Parc Luigi Pirandello à 13h30 (à St-Léonard).

Pour la prochaine, j'en ferai un "jamais deux sans trois", mais compte-tenu du contexte de présentation toujours différent, je suis convaincu que c'est un nouveau point de vue de "Children of Chemistry de Sébastien Provencher que je découvrirai. D'abord présenté, au centre ville de Montréal, dans un grand espace et ensuite dans une salle intérieure du Wilder, comment se présentera cette oeuvre à 5 danseurs au coin Prince-Arthur et St-Dominique (les mercredis 18 juillet et 1er août à 18h00). Un indice, dans la présentation de cette oeuvre que je partage totalement, "Children of Chemistry est une pièce captivante qui propose au spectateur d’imaginer le masculin autrement."

Toujours au coin Prince-Arthur et St-Dominique, "Vuela, Vuela la danse"du Collectif Dans son Salon, nous a ramené du sud des pas et des mouvements empreints de chaleur enveloppés musicalement de la chanson "Voyage Voyage", sans oublier les vêtements fort colorés. Peu importe ce que mère Nature nous proposera comme conditions météo, ça sera chaud le mercredi 8 août prochain à 18h00. Pour ma part, qui l'avait vu, une fois le soleil tombé sous l'horizon, bien curieux de la revoir en plein jour.

Autre redécouverte pour moi, "Vu-Vibrations urbaines" de Louise Bédard. Oeuvre à 4 personnages et plein d'accessoires. Comme je l'avais écrit, "une oeuvre ambitieuse, sinon exigeante pour être présentée sur une place publique, devant un public moins habitué, mais qui, je peux en témoigner a captivé et a gardé immobiles les cinq jeunes enfants juste devant moi". Pour reconfirmer ma perception et pour vous, faire votre opinion, il faudra aller au Square Cabot le mercredi 15 août à 16h30 et encore une fois au coin Prince-Arthur et St-Dominique le mercredi 29 août à 18h00. 

Enfin, une primeur pour moi, "Corps vitré" de Martin Messier. Voici ce qu'on lire comme présentation, "Corps vitré est une pièce chorégraphique présentée in situ en extérieur, l’œuvre met en scène un groupe de danseurs qui interprètent à l’unisson, une partition de microgestes pour leur donner une toute nouvelle résonance. Avec «Corps vitré», projet rassembleur et inclusif, l’artiste multidisciplinaire Martin Messier propose de redonner toute leur valeur aux gestes humains quotidiens et d’en révéler le haut degré de poésie. Dépouillée et minimale, l’œuvre fera résonner une certaine image du poids de la solitude." Intrigant et donc à découvrir le mercredi 15 août au Square Cabot à 18h00 .

Et suivra, un peu plus tard, les propositions extérieures du Festival Quartiers-danse et sur lesquelles, je reviendrai. Qui dit que l'été, la danse prend "congé" ? La danse durant la saison estivale prend des allures différentes et toujours aussi intéressantes qui vaut la peine que l'on s'y rende.

Et moi qui vient de finir de garnir mon agenda, voilà que le Théâtre de Verdure dans le parc La Fontaine, nous présente ses propositions danse: "Dömes: Ballets de ruelle" que j'ai vu deux fois l'été passé avec autant de plaisir, rue St-Denis (18 juillet), "Frictions" (19 et 26 juillet) et "Parking" (31 juillet et 1er août).






samedi 16 juin 2018

Sur mes pas en danse: Une soirée fort bien planifiée et réussie au Fringe avec trois oeuvres au programme

L'agenda est fort occupé, mais pour cette soirée, les astres se sont alignés, puisque les trois propositions danse à ce Fringe se présentaient à moi  dans un ordre chronologique qui me permettait de les voir toutes les trois. Voici donc le compte-rendu de mes pas de spectateur en cette soirée de Festival Fringe sous la pluie.

Premier arrêt à l'Espace Freestanding pour "Dance Side of the Moon" de Helen Simard avec Maxine Segalowitz à l'interprétation et Kim-Sanh Châu aux projections vidéo. Arrivé près de trente minutes à l'avance, première frayeur, c'est "sold out", m'annonce-t-on. Mais, ouf, un désistement déjà annoncé, me permet de prendre ma place dans la file, billet en main. Il y aura un peu plus de trente places pour les spectateurs et près de six qui devront rester libres pour les fins de la présentation. Dans cet escalier menant à la salle du deuxième, c'est "hot" et très achalandé. Une fois entré, c'est "full house" et "full hot" et moi tout à fait prêt pour la présentation sur mon siège sur laquelle je trouve une fiche qui indiquait "If you sit here, it might get intense". J'ai lu, mais je reste pour la prestation d'une durée de 43 minutes. Bon OK, vous vous demanderez, durée un peu atypique, mais si j'ajoute que la présentation se fera sur le fond musical du disque mythique "Dark Side of the Moon" du groupe Pink Floyd, dois-je le rajouter, dont la durée, vous l'aurez deviné est d'environ 43 minutes, tout s'explique.

                                           Image tirée du site du Fringe

Une fois, le moment venu, Maxine Segalowitz rentre dans la place par la porte arrière (un tout petit local rectangulaire) et se dirige à l'autre extrémité pour sortir le vinyle de sa pochette et le mettre sur la platine. Et c'est là que la magie commence à opérer. De cet album qui a occupé une grande partie de mon adolescence et que je redécouvre avec grand plaisir, elle prend toute la place. Je devrais plutôt dire, elle occupe toute la place, intensément par ses mouvements et aussi son regard. Certains moments sont tout à fait électriques, d'autres remplis de potentialité qui deviennent explosifs. Sur ces projections vidéo, juste devant moi, parfois, elle s'y fond et à d'autres moments prend à partie les chaises devant nous pour les mettre sur certains spectateurs dont les deux spectatrices à mes côtés. Elles les auront sur les genoux, un bon bout de temps, jusqu'à ce qu'elles en soient libérées par l'interprète. Les mouvements, sur fond "the moon" et de paysages se modulent parfaitement au rythme des différentes pièces qui ravissent autant les yeux que les oreilles. (Au moment de l'écriture de ce texte, mon lecteur CD m'a déjà fait écouter deux fois, l'intégrale de cet opus musical). 43 minutes, et le temps de retourner le vinyle, passent bien vite et moi, après les applaudissements fort bien mérités, je quitte fort satisfait et heureux de ces moments de prestation intense et spectaculaire dans ce lieu intime.  La musique est toujours une composante majeure des oeuvres de la chorégraphe mais pour cette création, Roger White, partenaire de toujours de la chorégraphe, laisse sa guitare et son son "pesant" au vestiaire pour occuper une place plus discrète à l'entrée de la salle.

Deuxième arrêt, Mission Santa Cruz, après quelques pas de course sous la pluie, question de ne pas arriver en retard, mission accomplie ! Au programme, "Rétrospective; Une compilation" d'Izabella Marengo, accompagnée sur scène, en texte et en musique par Thomas Bégin, Jean-François Desrosiers et Jean-François Raynaud. Des deux programmes possibles, au choix des spectateurs, c'est le B qui a été choisi et annoncé de façon très solennelle. La suite débute par une chanson et se poursuit avec une suite de tableaux de danse entrecoupés par un texte fort intéressant et une prestation humaine et grenouilles mécaniques.

                                          Tiré du site du Fringe

Si certains tableaux ressortaient bien, il en reste que cette "Compilation" aurait gagné en intérêt si j'avais senti une trame narrative plus cohérente. Il me semble qu'il y avait là, les ingrédients (danse, poésie et interprétation musicale, guitare et clavier) pour nous entraîner dans une "histoire" fort séduisante. J'aurais plus embarqué dans une balade de cette femme dans son univers, parce que les ingrédients pour ce faire y étaient.

Troisième arrêt, au Studio Multimédia du Conservatoire, quelques pas plus loin, mais avec le temps pour m'y rendre. Je m'y rendais pour y découvrir la proposition de Stéphanie Fromentin et Emmalie Ruest. Mais, en plus de leur prestation  "It's fine", nous aurons droit à deux autres parties (qui les précèdent). "(an)other" de Tracey Norman et "You threw me off" d'Alison Daley avec sur scène Justine Comfort et Denise Solleza pour les deux oeuvres et Miles Gosse qui se joint à elles pour la deuxième. Trois oeuvres qui ont aussi comme point commun la présence sur scène de deux chaises dont l'utilité sera celle du caméléon fort bien adapté au propos.

                                         Tiré du site du Fringe

Les lumières se ferment sur une salle trop peu remplie, selon moi, pour débuter ce programme triple fort bien réussi. "(an)other" met fort bien en scène la relation entre deux femmes . Les gestes éloquents qui nous présentent un propos chorégraphique sur la relation de ces deux femmes. Relations fort bien présentées qui m'intéresse sur jusqu'au point final. La pièce la moins ludique de la soirée, à moins que l'on considère, comme je serais tenté de le penser, comme un jeu, ces interactions humaines. La plus poétique oeuvre de la soirée, je serais tenté d'affirmer.

Après une très courte pause, nous apparaissent, deux femmes et un homme. Si au départ, cet homme (Miles Gosse) au physique peu orthodoxe pour un danseur, la suite nous permettra de constater que la beauté du geste peut se révéler magnifiquement, peu importe les standards corporels que nous avons. "You threw me off" s'avère une oeuvre déroutante avec ces différentes déclinaisons qui alternent entre le jeu et la prestation. Une oeuvre qui franchit le quatrième mur sans que l'on se sente agressé, mais, néanmoins, nettement interpellé. Un moment de danse qui nous transporte dans une série de tableaux qui alternent entre jeux aux règlements dévoilés "just in time" avec le bandeau rouge associé et jeux du corps en mouvement.  Moins poétique que la première oeuvre au programme, mais plus intrigante à découvrir.

Autre courte pause et nous apparaît, Stéphanie Fromentin et Emmalie Ruest pour "It's fine". Annoncée comme une pièce qui repose "sur un dispositif qui ne se prend pas au sérieux", mais pour ce faire, elles le font avec sérieux. En entrée de jeu, elles demandent la collaboration d'une personne dans la salle qui s’avérera une spectatrice pour résoudre un cube Rubik (qui reviendra en fin de prestation, encore à résoudre !). J'ai discrètement "passé mon tour" pour consacrer toute mon attention à ce qui viendra plus tard. Il en reste que c'est au tempo de la personne, pas très loin de moi, qui dira oui à cette demande que la suite de la présentation se poursuivra. Une pièce qui nous présente des moments d'obscurité pour pouvoir imaginer ce qui se passe devant nous. Et au retour de la lumière, la scène se trouve parée d'atours et de mouvements fort attrayants. Une pièce qui ne se prend pas au sérieux, mais qui nous intéresse avec l'interprétation sérieusement engagée des deux interprètes. Une fin de soirée fort bien réussie par deux femmes dont je suis avec plaisir les pas sur la scène depuis longtemps.




vendredi 15 juin 2018

Sur mes pas de lecteur: Des "Nouvelles de la conscience" qui nous ouvrent des horizons troublants, peut-être pas si fictifs !!!

Dans l'un des derniers chapitres du livre "Sapiens: Une brève histoire de l'humanité", son auteur, Yuval Noah Harari, nous proposait des pistes de réflexion sur l'avenir de l'homme. On peut y lire "Et si l'on utilisait ces interfaces (directes à double sens entre cerveau et ordinateur) pour rattacher directement un cerveau à l'Internet, ou plusieurs cerveaux les uns aux autres ..." (page 480)  Il faisait référence à de réels projets de recherche en cours. C'est dans ce terreau fertile et peut-être pas si fictif que Benoit Ménard, mon neveu, décide de semer les graines de son imagination pour faire éclore sept nouvelles sur la thématique du transfert de conscience. Sept courtes et efficaces nouvelles, entre dix et trente pages, toutes différentes en style et en situation, mais dont le point commun, en captant notre attention, est de nous entraîner dans différents méandres sombres ou lumineux de la nature humaine.

                               Tirée du site du média hyperlocal "indépendant", Le Contrecourant.com

Dans ces "Nouvelles de la conscience", avec entre autres,  cet astronaute vieillissant et cet ami si serviable, les histoires sont habilement "arrosées" et "sarclées" des circonvolutions inutiles. Elles éclosent pour nous offrir des fleurs surprenantes, riches souvent aussi de leurs arômes fort troublantes. Pour peu aussi que l'on veuille, il est possible de se mettre dans la peau (ou plutôt dans l'esprit !) de certains personnages et de tenter d'influencer le court de leur histoire. J'avoue, je l'ai tenté, mais, je le confirme, modifier le destin d'un personnage inscrit à l'encre sur du papier, m'a été impossible !

Plusieurs de ces nouvelles auraient pu, selon moi, produire un roman plus ou moins long, la matière première s'y prêtant fort bien. Au final, de bons moments de lecture et qui sait si, au  moment de lire ces lignes, un laboratoire ne s'approche pas "tout proche" de ces histoires de fiction !


lundi 11 juin 2018

Sur mes pas scientifiques en deux temps au Festival Eureka

Impossible pour moi de dire combien de personnes de tout âge ont crié "Eureka" en ce week-end (8, 9 et 10 juin), mais toute l'équipe de ce festival scientifique , elle peut le crier sans réserve. Mère Nature leur a réservé trois jours d'une "météo parfaite" pour accueillir le plus grand nombre de curieux de toute évidence intéressés. Il fait dire que le lieu, mais surtout les activités proposées avaient tout pour satisfaire les plus grands et les plus petits aussi. Dans la suite de ce texte, je vous apporterai mon témoignage, fort concluant, de grand-père avec "sa grand-mère" et de leurs trois petits-fils lors de leurs deux visites.



Journée I ou plutôt soirée I : Après une journée fort occupée et une belle balade tout en détour (because Francofolies) en autobus, nous arrivons en début de soirée sur le site du Vieux-Port. L'activité est encore importante et la file d'attente pour assister à la présentation de "Génial", quarante-cinq minutes (bien comptées !!!) avant l'heure prévue est déjà bien longue. Le chapiteau est bien grand, nous rassure-t-on, et ce sera bien vrai, comme nous le constaterons dans les prochaines minutes. Le temps est une notion bien relative, puisque mes trois jeunes accompagnateurs trouvent de quoi le temps passer, "gros yachts tout proche" et moi, aussi, en échangeant avec ce jeune, devant moi, qui, véritable fan de l'émission "Génial, les a toutes enregistrées, pour ne pas les manquer et les réécouter. Arrive le moment de prendre place sous le chapiteau. Et "bingo", nous trouvons nos places "parfaites", sans "grosses têtes" devant nous. Le début de la présentation tarde un peu, sans que heureusement mes trois jeunes accompagnateurs en souffrent trop. Arrive le temps des présentations et "enfin" du début de l'arrivée des deux animateurs.

La suite sera fort divertissante, mais surtout instructive pour tout le monde, incluant le prof de science à la retraite que je suis. Pourquoi toutes les planètes, sauf une (Vénus) tournent dans le même sens, comment un robot "Zora", là devant nous, sur deux pattes peut danser sans tomber ou pourquoi une guitare électrique doit avoir des cordes métalliques ? Voilà quelques-unes des questions qui nous seront posées, l'un côté de la salle versus l'autre bord et que le meilleur gagne. Heureusement, le groupe est de meilleur avis que moi, mais malgré tout, notre côté abdique au pointage, sans que le plaisir y perde au change. Parce que tous s'y retrouvent un peu plus. La complicité manifeste de Stéphane Bellavance et de Martin Carli enrichit ces moments pour les rendre mémorables. Le temps passe vite, mais une fois terminé la nuit est toute présente et nous devons revenir à la maison. À notre sortie du chapiteau, nous rencontrerons une marionnette géante qui éblouira les adultes, impressionnera mes plus vieux, Thomas et Lucas, mais fera peur au plus jeune. Nicolas, trois ans presque quatre. Il la reverra le lendemain, en plein jour, pour découvrir qu'elle n'a rien de dangereux et devenir, avec elle, presqu'un ami.

En cette fin de soirée (vers 23h00), les Francofolies déversant les festivaliers dans les rues et les transports en commun, notre retour à la maison, (autobus, métro et autobus) sera fort long, avec des rues congestionnées et des bus, ainsi que des métros tous très remplis. Toute la famille rentre un peu fatiguée, mais heureuse et décidée à retourner au Vieux-Port le lendemain matin.

Journée II. Malgré une nuit plus courte, les troupes (mes trois petits-fils) sont décidés pour faire une autre expédition au Vieux-Port, avec cette fois, un programme fort bien rempli. Le grand-père, ex prof de chimie, est fort heureux, parce que des arrêts à des kiosques "colorés" de chimie sont prévus.

Il est tôt, mais déjà la foule est nombreuse et à notre arrivée, nous croisons "Zora" le robot et ses créateurs. Nous poursuivons notre route pour notre premier arrêt, Kiosque 27 (Aéro Montréal) afin de construire son planeur, après les explications sur la forme des ailes d'un avion et de la "portance". Nous repartons avec trois planeurs qui feront leur baptême de l'air plus tard en journée dans un parc de Montréal. Prochain arrêt, au kiosque déjà fort achalandé du Département de Génie Chimique de la Polytechnique, "La chimie, une idée de génie" (pas question pour moi de les contredire, au contraire !!!). Trois arrêts possibles, mais pour nous, nous succomberons à l'invitation de faire du "slime", cette gelée attrayante au grand nombre et de ces petites billes que l'on peut créer avec un compte-gouttes et les deux solutions "magiques" ou chimiques, c'est selon ! Le grand-père est heureux de cette chimie déployée et de ce bout de papier qui lui permettra de refaire à la maison cette expérience.

Le temps passe et l'heure du dîner sonne, donc pause repas.

Retour sur les lieux de découverte, pour apprendre qu'avec des blocs LEGO, il est possible de faire des dessins, que l'on ramènera à la maison (tout comme l'adresse du site internet qui montre comment le faire le montage), mais aussi un robot programmable. Notes pour les parents et les grands-parents, des camps d'été pour cela, il y en a au Collège Bois-de-Boulogne et des places, il en reste quelques unes pour cet été.

Le temps passe encore, les files s'allongent et des décisions déchirantes s'imposent avant le départ. Prochain et dernier arrêt, au kiosque 49 du département de génie de l'Université de Sherbrooke, demande spéciale d'un de la gang. "Robots logiques et défis vertigineux". La file est longue, mais la patience est là et aussi récompensée par l'observation d'un phénomène naturel que je découvrais pour une première fois. Dans le ciel ensoleillé, des filaments de nuages qui produisent, sans la pluie habituelle, une bande arc-en-ciel horizontal qui se déplace. Décidément, le Festival Euréka a des exhibits imprévus ! Pour le petit-fils, comme pour le grand-père, tous les deux aventuriers pour l'occasion, la suite sera tout aussi spectaculaire. À tour de rôle, nous vivrons, en réalité virtuelle, mais tellement réelle, l’ascension de la structure d'un pont pour y détecter ses défauts et aussi prendre conscience, tous les deux que même si nous le savons, avec des lunettes et un ordinateur, tout semble si vrai.

Le temps, variable incontrôlable, passe et nous devons revenir, non sans avoir vu de nouveau, au début de sa promenade ce grand personnage tout blanc et moins intimidant pour le plus jeune. Permettant un départ sur une bonne impression.

Nos pas nous ramènent à la maison, en passant par un grand parc (le Parc Jarry) pour apprécier le vol des planeurs en modifiant la position des ailes, question d'expérimenter, comme l'avait proposé notre guide de construction.

Par dessus tout cette immense foule et la qualité de ce que l'on pouvait découvrir, j'ai apprécié la qualité des échanges avec ces jeunes qui prenaient le temps de nous répondre avec le sourire. Le temps et les répétitions ne semblaient pas diminuer leur ardeur. Quand une jeune fille dans un kiosque (la formation de billes au kiosque du Département de Génie Chimique de Polytechnique) prend le temps de demander le nom de mes petits fils et que quelques minutes plus tard, s'en rappelle lorsque nous quittons, chapeau !!!! Un festival gratuit pour les visiteurs, fort bien organisé et avec des subventions d'un grand nombre d'institutions qui ont compris que leurs contributions sont en fait des investissements pour notre avenir.

vendredi 8 juin 2018

Sur mes pas en danse: Une rencontre réussie avec Deborah Dunn et sa présentation de mémoire création

L'invitation m'est parvenue par courriel et mon vendredi après-midi étant libre, je m'y suis rendu. Donc au département de danse de l'UQAM, j'étais l'un des spectateurs présents, d'abord dans le hall d'entrée et ensuite dans le lumineux local K-1150 pour assister à la présentation "dansée" du mémoire de recherche-création de Deborah Dunn, “Three Re-enactments of the American’s monologue from Alibi (2001) by Meg Stuart “.

                            Photo de Deborah Dunn par Michael Slobodian tirée du site de Corpuscule danse

Voilà bien un territoire bien plus propice aux spécialistes qu'au spectateur que je suis, mais pourquoi pas, le curieux aventurier ! Parmi gens du milieu de la danse, les amis et le jury dont un des membres nous a fait patienter quelques minutes, j'ai pris place sur une chaise tout au bout de la première rangée. Devant nous, Deborah Dunn et son "complice", Dean Makarenko, attendent, assis de part et d'autre de l'espace scénique, éclairé par le beau soleil qui s'est invité par les grandes fenêtres. 

Une fois les portes refermées, nous avons droit aux informations, fort instructives pour moi, d'Andrée Martin, directrice de cette présentation de ce projet de maîtrise. Et ensuite, aux trois parties, qu'humblement, je n'ai pas tout à fait distingué. Mais ce que j'ai pu apprécier, mais vraiment, je vous le résume dans les prochaines lignes, qui je l'avoue, ne rendra pas justice à l'ensemble de ce qui m'a été présenté.

D'abord, Deborah Dunn s'avère une interprète qui manie intensément tout aussi bien la danse que le propos, sans oublier le chant. Une artiste mature qui reprend une oeuvre avec "les questions de recherche (qui) tournent autour des dimensions esthétiques et politiques des performances qui répondent à la violence sociale et politique. Alibi était par inadvertance une réponse aux événements du 11 septembre."

Ensuite, de cette oeuvre créée en 2011, qu'elle a vu en 2013 et qui pour moi, entre ses mains résonnent encore très fortement, aujourd'hui. Elle nous interpelle, elle nous provoque avec les interjections "asshole", "I'm guilty" qu'elle nous projette de façon fort convaincante, regard appuyé et expression faciale à l'appui. La maturité convaincante de cette femme jaillit de ces moments. Et moment magique, lorsque ce qui l'anime contamine son acolyte de scène, Dean Makarenko dans une finale tout à fait réussie.

Enfin, après les applaudissements fort bien mérités, la séance de questions réponses, enrichie par "l'éclairage" de spectateurs-enseignants, m'a permis de mieux comprendre ce qu'est un re-enactment (qui pourrait être traduit de façon plus ou moins correcte par le terme "reconstitution"), selon ce que la mémoire de l'interprète a retenu de l'oeuvre ou ce que les bandes vidéo lui présentent, les différents niveaux d'une oeuvre aussi. Impossible de ne pas apprécier, même si beaucoup d'éléments théoriques m'échappent, comment une oeuvre en réponse avec un moment historique percutant (le 11 septembre 2001), s'est insérée dans la mémoire d'une femme (en 2013) et de sa résonance aujourd'hui plus de quinze ans plus tard. 

Ce moment rejoint, aussi, une de mes réflexions actuelles sur le monde de la danse, qui porte sur les traces que les nombreuses oeuvres vues par un.e chorégraphe et de leur influence sur ses propres créations. Comment le tamis de sa mémoire conserve les particules des oeuvres vues lors de son propre travail de création. 

Une sortie danse tout aussi belle qu'instructive, malgré le fait que je suis conscient que de ces propos, seulement une petite partie j'ai pu emmagasiner. Mais plus riche en compréhension de certaines  parcelles de territoires de la danse contemporaine. 

mercredi 6 juin 2018

Sur mes pas au cinéma: dans un gymnase d'école, un grand-père heureux

Le tout s'est préparé à mon insu, mais il y a quelques jours, l'invitation de mon petit-fils, Thomas, m'a été faite. Grand-papa, tu veux venir assister à la présentation de mon film lundi soir prochain ? N'ayant rien à l'agenda et mes pas étant fort disponibles, je me rends à son école, Pavillon St-Jean-Vianney de l'école Rosemont (de la CSDM, quartier Rosemont) avec toute sa petite famille. Quelques minutes avant le début de la projection des quatre courts-métrages au programme, dont le dernier inclura la participation de mon petit-fils, les chaises étant déjà toutes occupées, en renfort, d'autres sont amenées pour les derniers spectateurs qui arrivent.

Le gymnase grenouillant d'activité, se fait plus calme après les fermeture des lumières artificielles de la salle (le soleil, lui, n'acquiesçant pas aux ordres donnés de se faire plus discret) et les remarques d'introduction présentant le projet école "septième art" avec quelques classes et l'organisme Cinécole (Michel Gauthier habilement aux commandes, bloopers à l'appui !). Les quatre courts-métrages seront présentés devant cet auditoire de jeunes et de moins jeunes tous attentifs.
En ouverture de programme, l'histoire d'une jeune fille qui arrive dans sa nouvelle classe. Quel est son jeu, vrai ou faux ? Nous en découvrirons les manigances (terme qui a intrigué au moins un des jeunes présents), avec ses collègues de classe. Sujet fort pertinent, traité avec intelligence. Il s'en suit une présentation des bloopers de tournage, un court échange questions-réponses avec les interprètes et les applaudissements bien mérités qui précèdent leur départ du devant de la salle, comme ce sera le cas pour les prochains courts.

Et si, un jour, tu te découvrais des pouvoirs magiques qui déplacent les choses et qui influencent aussi les gens de ta classe? Voici le sujet de la deuxième oeuvre, utilisant des effets spéciaux, qui permet de prendre conscience de ce que l'on peut faire et de cette responsabilité assumée ou pas, avec une conclusion fort pertinente.

Cela s'est poursuivi avec un troisième court-métrage, utilisant des décors plus élaborés, pour nous entraîner dans des époques lointaines (dont le néolithique) à partir d'un conte d'aujourd'hui, racontée par une grand-mère, toute crédible et d'un grand-père tout ronflant. Le tout pour nous sensibiliser sur les dangers de la pollution et de nos mauvaises habitudes de vie. "On la jette où ma bouteille d'eau en plastique ?" De quoi, espérer en cette jeunesse, puisque, comme je le mentionnerai plus loin, les thèmes choisis, l'ont été par les jeunes.

En dernière partie, le court-métrage, avec en figuration mon petit-fils qui a aussi contribué aux décors, et qui s'avère sur un sujet plus léger, "quatrième année oblige !", celui des films d'horreur. Dans ce film, nous pourrons apprendre la différence entre les vampires et les sorcières qui nous demandent de "s'y attaquer" fort différemment, comme les personnages ont pu le découvrir.

Le temps passe, les jeunes commencent à frétiller sur leurs sièges et les plus vieux prêts à "les mettre" au lit. Les derniers applaudissements, fort bien mérités, envolés pour ce projet école qui voudrait, selon sa directrice, prendre plus ampleur, "toute pellicule ouverte" pour la prochaine année. Initiative remarquable, pour le cinéphile que je suis, parce que pour susciter l'adhésion des jeunes à leur formation, rien de mieux de que de les impliquer, leurs enseignant.e.s y croient et embarquent dans l'aventure. Mais cela demande un bon budget qui est a été demandé. Toutes les personnes présentes peuvent apprécier à la découverte des bienfaits de cet exercice. Exercice qui demande aux jeunes de choisir un thème, d'élaborer un scénario, de préparer les décors et les costumes, de l'interpréter et de participer au montage.

Comment ne pas penser qu' "à mettre les deux mains dedans", on en devient que plus grand ? Moi, ma réponse est claire, c'est oui, parole de spectateur!

lundi 4 juin 2018

Sur mes pas de spectateur: Deuxième sortie au offta, précédée par un peu de promo prometteuse; Part One !

En ce jeudi, dernier jour de mai, mes pas ont été sollicités et mon attention aussi, avec "dans le viseur" du spectateur, trois arrêts, dont je parlerai ici des deux premiers. Un premier, donc, pour assister, à l'Espace culturel Georges-Émile Lapalme (de la Place des Arts) au dévoilement de la programmation en salle de la prochaine édition (16e) du Festival Quartiers Danses. Le deuxième arrêt, pour un programme double du offta au Wilder, qui s’avérera un programme simple. Les "choses" ne se sont pas passées comme prévues, mais, rien n'est perdu, tout peut être retrouvé, dirait le sage, qui n'est pas moi. Voici un court résumé de cette première partie de journée bien occupée.

Espace culture Georges-Émile Lapalme, il est 10h55 et autant sur la scène, sur les sièges que tout autour, il y a de l'activité. Café en main, gracieuseté des organisateurs de ce dévoilement de programmation (Festival Quartiers Danses), je prend place, tout attentif. À l'heure, pile-poil, Marc Béland et Rafik Hubert Sabbagh montent sur la scène et ils nous présenteront les oeuvres en salle (la Cinquième Salle de la Place des Arts) de la prochaine édition, en septembre prochain. http://quartiersdanses.com/



Auparavant, nous aurons droit à un rappel, par madame Louise Harel, des différentes missions de ce festival dont celles d'accompagner des jeunes interprètes et de démocratiser la danse contemporaine par différentes activités dont la médiation culturelle. Assez d'accord avec ce que je viens d'entendre avec encore en mémoire, un des courts métrages qui avait été présenté, lors de l'édition précédente à la Cinémathèque Québécoise, sur leur "Projet Danse Communautaire à l'organisme Rêvanous". Tellement émouvant et une éloquente illustration de comment il est possible de faire du bien, une personne à la fois.

Le temps passe et avant que l'espace de présentation devant l'espace culturel, ne se transforme en passage piétonnier, nous avons droit à la présentation de quatre extraits d'oeuvres dont un duo "électrique" de la chorégraphe Pauline Gervais en première partie. Concours de circonstances, juste au moment de ces présentations, un groupe de jeunes enfants d'une garderie passe et durant la majeure partie des présentations, ils resteront "scotchés" à ce qu'ils voient jusqu'à la fin. Une belle illustration d'une de leur mission qui d'ouvrir la danse à un "autre" public, ce qui sera aussi le cas lors des prestations publiques extérieures qui seront annoncées le 15 août prochain. À peine les derniers pas faits et la photo de groupe, comme pour Cendrillon, mais à midi et non minuit, la place se transforme, en un clin d'oeil, de "carosse"(scène) en citrouille (lieu de passage). Et moi, je l'utilise, ce lieu de passage, pour me rendre à ma prochaine destination, tout en me promettant de mettre à mon agenda quelques unes de leurs propositions.

Rendu à ma destination, l'Espace Vert du Wilder, je prévoyais y voir un programme double du offta, "moteur" et "Normal Desires". Mais au final, je ne verrai que la première oeuvre, question de pouvoir être présent, plusieurs pas plus loin, à la fin d'une résidence, tout juste après, dans mmon horaire trop serré. Pas trop grave, parce que "Normal Desires" qui suivra, sera présenté dans son entièreté durant la prochaine année en salle, m'apprenait ma voisine de salle, merci Fabienne !

Dans le corridor, la foule est nombreuse, surtout des gens du milieu, signe fort probable que les représentations en après-midi de cette édition du offta, permettent de joindre l'utile à l'agréable. À mon arrivée dans la salle, se retrouve déjà sur la scène, la créatrice et interprète, Enora Rivière est du côté avant droit, à quatre pattes, tête vers le sol. Au côté opposé, une paire de souliers attend sagement. Une fois que certains ou tous les spectateurs sur la liste d'attente ont trouvé un siège, les lumières s'abaissent et le titre de l'oeuvre projeté sur le mur arrière, disparaît.

                                               Photo: Maxime Paré-Fortin, tirée du site Sors-tu ?.ca

Notre attente sera de courte durée et nous serons interpellés. Nous le serons par l'intermédiaire d'un texte qui s'adresse à nous, par jets ou défilant, le propos captive et amuse, avec des petits passages sonores, constitués de fou rire. L'attente du spectateur pour des mouvements physiques dans un spectacle de danse contemporaine est d'abord, "mis sur hold", pour être ensuite déjoué. Elle annonce déjà qu'à l'arrivée de la finale, elle ne sait pas comment elle y répondra. Pour peu que l'on "accepte de jouer son jeu", les propos présentés sur cet écran à l'arrière, pendant que elle est toujours immobile (vérifications régulièrement faites) nous gardent captifs. À la posture du spectateur, elle oppose celle de l'interprète, ses interrogations et petites manies, entre autres. Une oeuvre audacieuse qui se situe à la frontière des perspectives, dont celles du "toi et du moi" et "du vrai et du faux".

J'y ai vécu une expédition de près de trente minutes au "coeur" du sujet. Les questions qui me sont venues et qui pourraient venir de tout autre spectateur et de vous, peut-être aussi, sont les suivantes ? Cette femme effectuera-t-elle des mouvements et les souliers accompagneront-ils ces éventuels pas ?  Désolé !!! Pas question que j'y réponde ici, j'en ai déjà trop dit, parce, cette oeuvre mériterait bien d'être représentée dans les prochains mois et qu'on la découvre sans "`priori". Diffuseurs, soyez avertis et osez. Pour ma part, grâce à l'équipe du festival ,je mettrai la main, plus tard, un exemplaire de son livre "ob.scène, récit fictif d’une vie de danseur" qui est en amont de cette oeuvre et qui pour moi sera en aval.

Je quitte à l'entracte, sur la pointe des pieds, l'endroit pour me diriger à pied vers ma prochaine destination. Profitant de l'occasion, je fais un court arrêt au Q.G. du F.T.A. pour tenter de me procurer une de leurs affiches qui, dès que je l'ai vue, m'a conquis. Celle qui montre "sur un tableau, inscrit à la "craie", l'inscription "F = ta2". Le vieux prof de science a craqué et, grâce à aux personnels du Festival, j'ai pu mettre la main sur une affiche et j'ai poursuivi mon chemin le sourire aux lèvres. Direction nord-est pour la suite et fin de ma journée "danse". À suivre, donc !

dimanche 3 juin 2018

Sur mes pas en danse: Une deuxième soirée au FTA avec un programme double

Cette année, mes pas au FTA se font principalement sur le mode programme double. Pour cette soirée, ce fût d'abord "Quatuor tristesse" de Daniel Léveillé (Daniel Léveillé Danse) dans la grande Salle Rouge du Wilder et ensuite, pas trop loin dans "Le Balcon" de l'Église unie Saint-James, "Récital" d'Anne Thériault (Lorganisme).

Si pour Daniel Léveillé, j'ai pu découvrir les œuvres précédentes, présentées au FTA, ce ne fût pas le cas pour Anne Thériault. Donc, avec cette "mise en pas" je fais la file pour la première partie la soirée. Et la file, plus de trente minutes avant le début de la présentation, était déjà fort longue. Malgré tout, j'ai pu trouver ma place de choix pour découvrir la suite de la "trilogie" ou la troisième partie de Daniel Léveillé, entreprise avec "Solitudes solo" et suivie par "Solitudes duo". L'univers de ce  chorégraphe, pour l'amateur de danse contemporaine, est très cartésien et assez "froid". Mais, pour peu que l'on s'y plonge et qu'on l'apprivoise, il apporte de grandes satisfactions.

De ce "Solitudes solo", j'avais vu une évolution avec la suite "Solitudes duo". Mais pour la suite, avec "Quatuor tristesse", je m'attendais à une évolution du propos, empreinte de tristesse, compte-tenu de son titre. Mais de cette tristesse annoncée, peu de trace montrée. Selon les attentes des spectateurs, ce troisième opus sera satisfaisant ou non. Pour ma part, contrairement aux commentaires entendus après la représentation, "Quatuor Tristesse" m'a laissé sur ma faim, malgré la grande qualité d'interprétation des six interprètes, Mathieu Campeau, Esther Gaudette, Justin Gionet, Simon Renaud, Ellen Furey et Dany Desjardins (nommés par ordre d'apparition). 

(Note à moi-même: Me requestionner sur ma posture de spectateur et de mes attentes. Revoir mes critères d'appréciation face aux choix des créateurs et que ceux que j'aurais fait !)

Dès les premiers moments, le premier quatuor (trois hommes et une femme, ) prennent possession, d'un pas ferme du carré blanc scénique. Ils nous proposent, nus, des gestes exécutés fort habilement avec une précision, qui me rappelaient, à s'y confondre, aux deux oeuvres précédentes. Ce qui me frappe encore dans leur exécution en alternance est l'écoute "visuelle" des autres, mais d'expression, aucune trace, je constate. La suite, le plus souvent à quatre, sinon en solo ou en duo, mais jamais plus, sur cette scène blanche dont ils ne sortiront jamais ou presque.

Mais il y aura ce moment durant lequel, prend toute la place, la "tristesse rayonnante", tel un corps noir, d'Ellen Furey, portée par son regard et sa physionomie, qui me rejoint droit dedans moi. Elle s’avérera mon seul "rayon" de tristesse dans ces moments durant lesquels les gestes et leurs ondes auront dominé par leur solitude. Je dois avouer que cette nudité exposée (contrairement aux deux oeuvres précédentes) par les six interprètes n'a rien ajouté, selon moi, à la portée du propos du chorégraphe. S'il poursuit à un octuor, j'espère qu'il se permette une suite à la hauteur de son talent déjà exprimé et aux attentes du spectateur que je suis. 

Sortie de la salle pour me diriger un peu plus à l'ouest sur Ste-Catherine, pour trouver, tout en arrière, l'entrée du lieu saint, l'Église unie Saint-James, pour prendre place dans "Le Balcon" pour assister à "Récital" d'Anne Thériault, accompagnée sur "scène" par Rosie Constant et Virginie Reid. 

                   Photo des trois interprètes de "Récital" par Dominique Bouchard tirée du site Le Devoir

À notre arrivée devant de l'église, nous sommes dirigés vers l'arrière du bâtiment pour ensuite monter l'escalier pour au final prendre place dans une grande salle tout en longueur. Au fond, une estrade de quelques rangées avec sur quelques sièges une cassette audio. J'en glisse une dans ma poche (faudra juste que je retrouve mon vieil appareil pour en profiter !). Sur le devant "rien et entre les deux, une long tapis fort "moutonneux" avec "plein de bidules dessus" provenant d'une autre époque, comme l'était la cassette audio. Avant la représentation, dans ce lieu saint, nous pouvons commander une boisson alcoolisée, mais pas nécessairement du vin de messe. La salle se remplit et, discrètement, les interprètes arrivent, rejoignant donc leurs partenaires musicaux,  dont un orgue ou un piano (???) ainsi que le thérémine qui deviendront des "participants sonores" fort importants dans ce qui suivra.

Pause-définition:  Le thérémine est un instrument de musique électronique, inventé en début du siècle dernier, qui émet des sons sans qu'on le touche, juste en rapprochant ses mains de ses antennes et qui réagit à l'environnement. Anne Thériault indique dans le feuillet de présentation qu'il est très "caractériel" qui a sa propre volonté. "Ça j'aime cela !"

Ainsi donc, dans une ambiance feutrée de ce lieu différent, d'une autre époque, colorée de brun et de beige apaisants, nous découvrons leurs déplacements, tels que ceux de poupées mécaniques venues d'une autre époque, suivant des chemins préétablis, modulés par les éclairages et le son de la thérémine, mais aussi modulant, elles aussi, les sons et la musicalité du lieu. tout en douceur. De ces femmes, j'en suivrai les déplacements avec grand plaisir, comme si, moi aussi, j'étais dans un autre monde, leur monde.  Et cela je le ferai jusqu'à ce qu'elles se rejoignent au pied du clavier dans un moment où les corps et la musique sont en parfaite symbiose. À ce "The end" auquel je me serais attendu, la pièce s'est poursuivie, entachée par ma déception de cette magie quelque peu dissoute. Mais le spectateur est "discipliné" et reste bien attentif, "réembarque" pour poursuivre jusqu'à la fin "finale" qui m'a reconquis. Deux finales pour le prix d'une, puis-je se plaindre ?

Au final, une oeuvre qui émerge d'un autre temps et qui nous y entraîne dans un lieu fort approprié pour cela. Et moi, au moment présent, je reviens, mes pas me ramenant à la maison suite à une belle soirée tout en opposition, signée FTA.