mardi 29 octobre 2019

Une soirée chez Tangente qui ne laisse pas indifférent !

Ainsi donc pour ce programme double Tangente nous proposait deux œuvres fort différentes, mais qui chacune à sa façon ne laissait pas le spectateur que je suis, indifférent, comme tout le public autour, et cela sur deux registres fort différents !

D'abord sur un ton, "toi, tu m'a fait un grand effet et tu es tatoué dans mon imaginaire", Marie Mougeolle, accompagnée sur scène par son frère, Mathieu, nous propose "Quand je serai grande, je serai (guitariste de) Michael Jackson.". Rarement pour moi, des parenthèses dans un titre ne m'ont semblé si bien appropriées. Parce qu'elles sont tout simplement, le signe d'une distanciation, d'une fracture dans la vie de quelqu'un ou plus précisément de "quelqu'une" ! Effet rehaussé par les deux temps de l'oeuvre.

Dès son arrivée sur scène, "Black or white", l'esthétique du tableau et la beauté des gestes captent mon attention. L'interprète est toute investie et nous entraîne dans sa confession chorégraphique. Lorsqu'on est jeune, les personnages se déifient, et comme jeune femme fascinée par le mouvement et ayant comme aspiration d'en faire l'objet d'une carrière, Michael Jackson et son "moonwalk" devient une idole. Mais la vie réserve son lot de surprises et de déceptions et la jeune femme perd ses illusions, comme un papillon qui sort de son cocon pour affronter la réalité

                                Marie Mougeolle par Josée Lecompte tirée du site de Tangente

Et c'est exactement ce que j'ai pu voir durant ces moments forts  colorées de gestes fort éloquents et surtout manifestement très personnels. La créatrice et chorégraphe m'a présenté comment elle a vécu son cheminement. Et moi, de mon siège, je l'ai ressenti. Elle m'en a témoigné et je suis certain qu'aucune parole n'aurait pu me le transmettre avec la même éloquence. À cette époque durant laquelle plusieurs héros sont déboulonnés de leur pied d'estale, il est quand même rassurant que ceux et celles qu'ils ont inspiré.es ont, néanmoins, trouvé leur chemin et leur inspiration. Et pour cela, merci Marie Mougeolle de ce bel exemple!

Sur des applaudissements nourris fort bien mérités, les artistes quittent la scène et nous, spectateurs, peu après, prenons congé de notre siège pour l'entracte.

À notre retour, la scène toute dépouillée de la première oeuvre, laisse place à une scène avec ici et là des objets et des personnages aussi. Tout en observation et en attente pour "Dousse nuit, holey night" d'Audrée Lewka et les Lewski. Je dois l'avouer, j'ai été décontenancé dès le premier tableau. Et pourtant, si je m'étais mieux informé, j'aurais su que de la chorégraphe Audrée Lewka, j'avais déjà vu, il y a un peu plus d'un an aux Danses Buissonnières "Poneyboyz", pour laquelle, j'avais écrit " une oeuvre désarçonnante, forte de son ironie", et "Une pièce "féminine" qui saisit fort bien (selon moi), l'âme masculine avec son côté équin et du "poor lonesome one cowboy !sauf que que son nom était différent, soit Audrée Juteau ! Soit attentif, cher spectateur !!!

C'est donc dans une célébration déjantée, d'après célébration que nous sommes conviés. Comme si nous étions sous l'effet de certaines substances, les objets prennent vie grâce à Guillaume Danielewski, David Emmanuel Jauniaux, Victor Naudet, Olivier Landry-Gagnon sur scène et Audrée Lewka au commande en bordure de la scène, dans une série de tableaux qui pourront produire différents effets entre le rire et "qu'est ce que c'est ça !" Pour ma part, j'ai navigué entre ces deux pôles tout en étant fasciné par l'utilisation des accessoires. Est-il possible de revisiter des "lieux communs" pour en présenter un aspect fort différent et un peu éloigné des "Toy Story" ? En cette soirée, il est possible de dire oui !

Donc au final un programme double différent qui ne laisse pas indifférent !


mercredi 16 octobre 2019

Sur mes pas en danse: Une rencontre marquante avec Nasim Lootij et "La Chute"

Mes pas me portent à bien des endroits "de danse" et ma curiosité me font rencontrer de nombreuses personnes fort intéressantes avec qui j'échange. Il y a quelques mois, je discutais pour une deuxième fois avec une chorégraphe interprète qui préparait une oeuvre. Je me souviens encore que j'avais trouvé intéressant et prometteur son projet qui l'illuminait. Je m'étais donc promis d'aller le découvrir une fois à l'affiche. Le temps a passé et "mosus de mosus !!", une fois le moment arrivé, pas de place dans mon agenda de sortie !

Mais grâce à Nasim Lootij, chorégraphe interprète, j'ai pu assister à la générale et "tellement" heureux d'avoir eu ce privilège. Nasim est iranienne et pas besoin de longues explications pour comprendre que dans son pays, depuis de nombreuses années les arts comme les artistes qui les incarnent ont eu la vie dure et des perspectives limités pour s'exprimer . Entre "L'ombre et la lumière", le fil est ténu, sinon absent pour pouvoir s'exprimer.

                                                       Photo tirée du site de Tangente

Je suis donc bien intéressé à découvrir ce qu'elle me "dira". Et son propos riche de sa dualité m'a intéressé et touché aussi tout au long de sa prestation. Dualité qui nous apparaît d'abord avec son arrivée graduelle, lumière timide sur grand fond d'ombre. Dualité qui lui fait prendre la relève à une chanson lorsqu'elle s’interrompt. La dualité des traditions et de la modernité que l'on tente de concilier et que je perçois aisément.

J'ai encore en tête ce moment durant lequel, tête penchée, elle fait sortir de sa longue et magnifique chevelure, ses doigts comme une tentative "réussie" de faire sortir le mouvement de la tête des créateurs. Et lorsqu'elle nous quitte, en reculant, j'aurais tant espérer que ce visage sombre montré au début, s'illumine d'un sourire, même léger et discret, pour espérer en un avenir meilleur pour elle et les artistes de son pays !

"La chute" a été pour moi, une rencontre marquante avec une artiste qui porte sobrement et intensément son propos et qui le fait fort bien. Une première rencontre qui je le souhaite, sera suivie par d'autres. Merci Nasim pour ton invitation !

mardi 15 octobre 2019

Sur mes pas en danse: "Nous (ne) sommes (pas) tous et toutes des gigueurs et gigueuses" pour assister à des rencontres marquantes !

À ce type de proposition, j'en étais à ma deuxième fois ! La première, c'était, il y a plus de trois ans, soit la dernière soirée de l'Agora de la danse sur la rue Cherrier pour "Nous (ne) sommes (pas) tous des danseurs". Pour les intéressé(e)s, voici le lien de mon retour: http://surlespasduspectateur.blogspot.com/2016/05/sur-mes-pas-en-danse-les-moments.html.

Encore proposée par Sophie Corriveau et Katya Montaignac, produit par BIGICO et co-présenté, encore cette fois par Danse-Cité, cette rencontre qui en était à la troisième soirée me semblait avoir mûrie et par conséquent, c'est une fleur pleinement éclose que j'ai pu apprécier comme spectateur en ce dimanche soir au Théâtre Aux Écuries.

Image de Danse-Cité 

Une fois dans le hall, nous sommes invités à prendre place tout autour pour découvrir le résultat de ces rencontres. Je serai donc, assis entre la régie technique (de Lee Anholt) et celle qui captera en dessins ce qui se passera au milieu de la place, Zviane, qui ne fera pas que cela.

Donc tout autour, il y a les spectateurs et les interprètes Sophie Corriveau, Katya Montaignac, Ivanie Aubin-Malo, Nindy Banks, Sarah Bronsard, Rachel Carignan, Sébastien Chalumeau, Guido Del Fabbro, Normand Legault, Philippe Meunier, Menka Nagrani, Antoine Turmine.

En début de présentation, on nous explique le déroulement de la soirée qui est séparée en deux parties. D'abord un réchauffement collectif (spectateurs étant invités) dans l'espace central. Le tout sera suivi par la prestation d'un des participants sur un des trois thèmes imposés de la soirée, dont "À quoi tu penses quand tu danse ?" et "Que fait la scène à ta pratique ?". À défaut de répondre à l'une des trois questions, il est possible de piger un "joker" et faire ce qui y est écrit. Il y aura des périodes "libres" annoncées par une touche musicale caractéristique durant lesquelles, tous pourront prendre le micro et partager. La fin, elle sera annoncée par un son d'harmonica. On nous demande aussi de ne pas applaudir entre les "moments de prestation", demande qui sera parfois très difficile de respecter.

Une fois cette mise en place complétée, la suite sera composée de moments fort beaux, mais surtout intenses. Difficile de bien décrire tout ce que j'y ai vu, par conséquent, je vous partage, fort maladroitement, quelques uns de ces moments présentés. Il y a ce tableau durant lequel les interprètes doivent, une fois la musique arrêtée, nous partager ce qui leur vient en tête. Un numéro en début de soirée qui quoique tout léger, met la table à ce qui suivra. Aussi, l'audace de Zviane qui laisse son crayon pour aller sous le faisceau lumineux, laisser "planer" sa voix dans tout l'espace. Le moment marque tellement, qu'elle sera réinvitée pour accompagner le duo de Sarah Bronsard et Ivanie Aubin-Malo à l'invitation de la première sans oublier la touche musicale de Guido Del Fabbro au violon. Chacune des deux avec son châle nous entraînent dans une envolée fort planante qui était fort en émotions. C'est mon moment fort de la soirée. Il y aura plusieurs moments de gigue, qui m'ont permis d'en découvrir différentes déclinaisons et  de voir aussi comment cette danse peut être fort inclusive. Enfin, et je m'arrête ici, ce moment durant lequel, Sophie Corriveau nous demande de se passer le micro pour nous permettre d'exprimer ce que nous verrons dans les mouvements qu'elle nous propose.

Un très très belle soirée qui passe trop vite (et pourtant, elle a duré trois heures !) et qui permet aux spectateurs de découvrir différemment le monde de la danse. J'ai été ravi et fort ému par les moments de complicité et de confiance entre des artistes, provenant de différents univers chorégraphiques, comme le titre l'annonçait fort bien le titre. Et en terminant, je me permets d'exprimer un vœux, que cela soit repris sous cette forme ou une autre du même type.

lundi 14 octobre 2019

Sur mes pas au théâtre: Deux soirées de théâtre "tout' tout court", fort riches et intéressantes de leur diversité !

Impossible de ne pas me rendre à une ou deux soirées du Festival tout'tout court, le 5@7 de présentation rendait la chose incontournable. C'est donc pourquoi, mes pas m'ont d'abord porté jusqu'à la Maison de la culture Maisonneuve pour assister à la soirée "POURFAIREUNEHISTOIRECOURTE" (oui, oui, c'est le titre officiel, écrit comme cela !) et ensuite le lendemain aller à la découverte de "enPARALLÈLE" dans une toute petite salle toute intime au deuxième étage de la Bibliothèque Langelier.

C'est quinze courtes propositions d'une dizaine de minutes chacune, formule "tout court" oblige, que l'on me proposait. Une quinzaine de propositions de différents styles qui m'ont plu et captivé à des niveaux variables, mais jamais ne m'ont ennuyé ou déplu. Deux soirées, au début desquelles Véronick Raymond nous accueillait avec son enthousiasme et son dynamisme contagieux. (Question de spectateur: elle met quoi dans ses céréales le matin ? Parce que moi aussi, j'en veux!). Elle nous présentait les origines de ce festival et ses objectifs. S'il y a un avenir pour les pièces de théâtre de courte durée (et selon moi, il devrait y en avoir un !), il passe par les artisans de ce festival.

Mais revenons à la première soirée durant laquelle dix œuvres nous étaient proposées et vous me permettrez avant de vous partager mes impressions de vous les présenter.

"bréviaire du matricule 082" de et avec Maya Cousineau Mollen,

"mme m" de et avec Ahmad Hamdan",

"la résurrection de sainte-catherine d'alexandrie de et avec Camille Messier accompagnée par Justine Bouchard, Koralie d'Aragon Bisson, Sarah Leblanc-Gosselin, Olivia Leclerc, Anabelle Payant, Roxane Tremblay-Marcotte,

"simoneau, tanguay, beauséjour & associés" de Dominic Laperrière-Marchessault avec Marie-Christine Raymond et Marie-Ève Sansfaçon.

"pas le choix" de Louis-Philippe Tremblay avec Jean-François Beauvais, Antoni Castonguay-Harvey et Gabriel Morin.

"carreaux" de Marilyn Perreault avec Marc-Antoine Sinibaldi,

"mon main man" de et avec Amir Sam Nakhjavani accompagné par Baharan Baniahmadi et Alexandre Dubois,

"renaissance" de et avec Véronick Raymond,

"born again christine" de et avec France Larochelle accompagnée par Stéphane Franche

"je ne te reconnais pas" de et avec Vanessa Seiler.

Assister à dix courtes pièces, présentées l'une après l'autre (à l'exception d'un court entracte au milieu) pourrait s'avérer un exercice exigeant, sinon difficile. Mais compte-tenu de la diversité des univers, "n'appuyant pas sur les mêmes boutons intérieurs", le tout s'avère fort agréable et surtout, jamais lassant !

Chacun des spectateurs trouvera ses coups de cœur et puisque je ne fais pas exception, je vous les partage. D'abord, "bréviaire du matricule 082", sans rapport avec un autre numéro de matricule fort connu, nous averti la poétesse innue Maya Cousineau Mollen. Une belle rencontre composée de moments "poétiques" empreints de simplicité et de mots riches de sens. Pour saisir la beauté de son écriture, je vous propose un lien ( http://www.nativelynx.qc.ca/litterature/maya-cousineau-mollen/).

Tout de suite, un autre moment fort, "mme m", par son texte, mais surtout par l'interprétation d'Ahmad Hamdan. Sa rencontre improbable avec madame M est riche en espoir dans un avenir de rencontre des univers différents.

Côté espoir, "simoneau, tanguay, beauséjour & associés", nous fait rencontrer une jeune femme dont nous apprendrons et que nous ressentirons, surtout, les parties sombres de sa vie. Celui qui "remplit le vide" de son C.V., mais qui a tout d'un rayonnement fort "lumineux" sur son avenir, avec une finale fort bien réussie.

Et pour compléter ma liste, "je ne te reconnais pas" de Vanessa Seiler qui m'a encore plus touché que lors de la première fois (lors d'une lecture publique du collectif  Les Intimistes dont elle fait partie). Enrichi par une mise en scène et une projection vidéo, j'ai été touché par celle qui me parle de sa mère. Celle qu'elle n'a jamais connue. Du vide immense qu'elle éprouve et qu'elle nous transmet. Ces paroles qui pour moi, bien après, m'ont laissé sans voix et quelque chose dans la gorge.

Je quitte l'endroit avec plein de belles images en tête et anticipant déjà mon prochain rendez-vous le lendemain.

C'est donc plus à l'est dans une petite salle au deuxième étage de la bibliothèque Langelier, "le Cube" que mes pas me portent pour découvrir les cinq courtes pièces de "enParallèle". C'est avec tout plein de spectateurs que nous découvrirons d'abord "dummies" de et avec Mélodie Bujold-Henri accompagnée par Guillaume Bouliane-Blais, Mélodie Bujold-Henri et Juliette Ouimet, un de mes coups de coeur de la soirée. Une oeuvre qui nous montre qu'une main cachée dans une marionnette peut révéler des trésors de possibilités relationnelles.

Il s'en suit "capo maximo" de Patricia Rivas par Julia Lozano, Jean-Louis Luque et Kathy-Alexandra Villegas. Encore cette fois, ce texte d'abord présentée par l'auteure qui interprétait tous les personnages lors d'une soirée de Les Intimistes, prenait une coloration différente, mais une sincérité toujours présente. Un hommage à son père, homme fort humble, qui ne laisse pas indifférent.

"les blobs" de Madame Cosinus, par Véronick Raymond se présente comme une conférence scientifique sur un organisme vivant fort intrigant. Mais, peu à peu, nous découvrons que cet être envahissant, n'a rien d'une algue bleue dans un lac, mais être vivant fort bien articulé que nous pouvons découvrir dans nos maisons. Je n'en dit pas plus, le plaisir de découvrir ce qu'est un "blob" mérite que je m'arrête ici.

"la coloc" de Luc André Bélanger avec Simone Latour Bellavance, Phoebe Major Mewse, David Bélanger et Olivier Ross-Parent, nous montre que même un filament de texte peut produire une oeuvre fort riche, suffit d'y introduire des mimes fort éloquents. Un autre coup de coeur pour moi.

Le tout se termine avec "vhs" de et avec Véronique Lafleur accompagnée par Pénélope Deraîche-Dallaire. Deux sœurs fort différentes qui explorent des univers passés, présents et futurs dans une histoire qui recèle une fin inattendue.

Au final, je peux conclure que ce n'est pas parce que c'est "court" que ça ne fait pas grand effet et qu'on ne s'en souvient pas longtemps. Du fort bon théâtre différent qui mériterait d'être vu par le plus grand nombre de spectateurs. Du théâtre accessible qui nous oeuvre des horizons.


dimanche 6 octobre 2019

Sur mes pas au cinéma: Profondément touché par le touchant "Kuessipan" !

Après avoir rencontré Nathasha Kanapé Fontaine, en début de saison au La Chapelle, écouté, à mon Collège (Ahuntsic) ces femmes autochtones violentées dans une séance de Justice Libératrice pour libérer leurs paroles, mais surtout leur cœur et aussi la performance fort éclairante (dans tout les sens du terme) de Soleil Launière un peu plus tôt cette semaine à l'Usine C, mes pas m'ont amené dans une salle de cinéma pour découvrir "Kuessipan" de Myriam Verreault, basé sur le roman de Naomi Fontaine.

                                          Photo de Filmoption tirée du Devoir

J'ai été informé de la sortie de ce film par l'écoute d'une entrevue de la réalisatrice et de Brigitte Poupart qui nous présentaient la genèse et toutes les étapes de création de ce film, sur les sept années depuis sa demande auprès de l'auteure de ce roman. Un moment de radio qui fait que la résolution d'aller le voir, dès que possible s'est faite, et qui s'est réalisé. Et en sortant du visionnement, tellement heureux de cette résolution !

"Kuessipan", c'est une incursion fort riche dans la communauté innue de Uashat, tout à côté de la ville de Sept- Îles, mais tellement éloignée en même temps. Une incursion qui nous présente ces deux femmes, "amies pour la vie", mais que tout semble vouloir séparer ! Une incursion parmi cette communauté, fort réaliste, mettant en évidence que eux comme nous. sommes si semblables. Il y a celle qui rêve et l'autre qui se résigne. Il a celui qui aspire et l'autre qui endosse son rôle.

Comme les personnages, j'ai espéré, j'ai été ému, j'ai été touché et en fin de parcours, j'ai versé des larmes aussi. Jamais, cependant, je me suis ennuyé !

"Kuessipan" est riche de son authenticité et pour cela, chapeau aussi à vous, Sharon Fontaine-Ishpatao (tellement vraie !) et Yamie Grégoire, de m'avoir incarné les deux revers de votre réalité. Je dis bien "votre", parce que j'ai appris que c'est parmi les membres de votre communauté que vous avez été choisies.

Je m'en voudrais de finir ce texte, sans inviter tous les citoyens "blancs" à aller découvrir, sans réserve, cette proposition cinématographique. Et pour en lire un peu plus et mieux aussi, voici le lien avec la critique d'André Lavoie dans le Devoir.

https://www.ledevoir.com/culture/cinema/564066/kuessipan-ce-bel-horizon-de-bois-et-de-blancheur

samedi 5 octobre 2019

Sur mes pas à l'Usine C: Une soirée tout aussi contrastée que "Body Electric"

De celle, Mellissa Larivière, qui me propose des sorties prometteuses (et qui remplissent leurs promesses !) au ZH Festival, j'étais invité à découvrir sa série "Body Electric" à l'Usine C. Deux séries de deux propositions et, pour le bonheur de mon agenda, les deux oeuvres que je ne n'avais pas déjà vues étaient présentées dans le même programme double. Et par conséquent, j'y étais et fort curieux !

Mon arrivée fort hâtive, m'a permis d'être au premier rang de la Petite Salle, pour "Umanishish (ou fœtus d'orignal") présentant sur scène Soleil Launière (artiste innue), dont la performance est amplifiée par les effets visuels de Gonzalo Soldi. Au final de ce cycle de vie que j'ai pu découvrir pendant les 60 minutes de prestations, je me suis dit et j'aurais tant voulu lui dire, "repose en paix, petite soeur !" Parce que, des tous premiers moments durant lesquels elle chante accompagnée de son tambour jusqu'à la finale, où elle nous quitte, son chemin s'avère difficile.

Au tout début, sortant de l'ombre de la nuit, la voix prend le temps de faire sa place et nous, nous sommes témoins de sa "naissance" et des prochains pas qu'elle fait. Il y aura ce moment fort troublant, et mon préféré, durant lequel le sang dont elle s'abreuve corporellement est un symbole de souffrance. Il y a aussi celui, en finale, durant lequel, derrière une toute petite ampoule, sa voix me subjuguant, je découvre derrière elle, l'effet lumineux s'amplifiant d'abord pour peu à peu disparaître.

Présenté par les artistes de l'oeuvre, "Umanishish est un appel au courage et à la résistance contre les ennemis contemporains de l'humanité !" Une fois cette toute petite lumière éteinte et toutes les autres allumées, sauront nous l'entendre cet appel, mais surtout, y répondre. Soleil, sache que pour moi, tes pas sauront me guider et pour cela merci, "petite soeur" !

                                          Photo de Soleil Launière tirée du site de l'Usine C

Le temps de revenir au moment présent, mes pas se dirigent, un étage plus haut, afin d'attendre pour prendre place dans la Grande Salle en mode intime, cette fois pour découvrir "Untitled I + III" d'Andrea Pena & Artists.

                                          Photo de David Wong tirée du site de l'Usine C

J'ai, dans le titre, indiqué que cette soirée était contrastée, parce que voyez-vous, elle l'était ! Si la première oeuvre se déployait à partir de l'ombre, la deuxième le faisait dans la lumière. C'est donc dans la grande salle, dépouillée de tout artifice, sinon le mur de briques tout en arrière.

Une fois, tous les spectateurs en place, nous arrive du côté de la scène, un homme (François Richard), qui se dévêt de ses vêtements pour ne garder qu'un cache sexe. Il s'en suit sous la lumière blanche, vive et toute crue, une suite de mouvements qui je dois l'avouer m'a surpris et dont le propos m'a échappé au départ et qui m'a échappé jusqu'à la toute fin. Il en reste que de cette proposition sans titre, d'abord en solo et ensuite en trio (François Richard, rejoint par Jean-Benoit Labrecque et Kevin Delaney( (comme le titre l'annonçait !), j'en ai ressenti un trouble face aux gestes fort percutants et aussi à ces regards fort déterminés vers nous. Particulièrement touché par ces corps qui roulent "sans fin", comme nous, de façon allégorique, abordons notre quotidien ! Il y a dans cette impassibilité exprimée, une touche et une exigence Daniel Léveillé, qui demande un apprivoisement. Mais comme l'oeuvre dure près de 90 minutes, elle le permet ! Une oeuvre qui me rend fort admiratif face à ces hommes à qui ont demande des efforts physiques fort évidents que la sueur témoigne de façon fort éloquente !

Andrea Pena nous propose une oeuvre politique colorée de vulnérabilité. Si son intention m'a échappé, ses gestes, eux, m'ont rejoint "totalement" dans mes trippes !

C'est avec ces deux oeuvres toutes différentes en tête que j'ai quitté l'Usine C et qui m'ont accompagnées dans la nuit d'un automne tout sombre. Ce qui m'a permis de méditer sur la perspective artistique face aux lendemains troubles qui nous attendent.




mercredi 2 octobre 2019

Sur mes pas en danse: Des "Danses Buissonnières" qui s'avèrent, encore cette année, fort prometteuses !

Année après année, mes pas m'amènent jusqu'aux "Danses Buissonnières" et pour l'édition 2019, toujours gracieuseté de Tangente, le plaisir a été encore au rendez-vous. C'était soirée de première et l'Espace Vert était fort touffu de spectateurs. Au programme, cinq courtes œuvres (d'une dizaine de minutes) qui encore cette année couvrent le spectre des genres chorégraphiques, tout en portant un éclairage sur ce que nous pourrons découvrir ces prochaines années.

                                          Photo de "Ellipses" tirée du site de Tangente

C'est donc de mon siège, première rangée, que je découvrirai d'abord "Leaky Im-mediation / Transcorporeal Creeping" de Lara Oundjian. Annoncée comme un solo sensoriel, pour nos yeux et notre ouïe, c'est, effectivement, ce que je découvrirai avec plaisir. Partant du coin de la salle, aux bruits de l'eau qui pulsent notre attention et qui intriguent aussi. La suite s'avère pour moi, la propagation des vagues et des ondes sonores. Le tout est intrigant, mystique aussi, révélant la fluidité des gestes et du propos chorégraphique. De son expédition, j'en reviens avec l'impression d'avoir découvert l'état aqueux dans tous ses états ! Une oeuvre qui capte l’œil, mais libère notre esprit. Un de mes coups de cœur de la soirée.

Il s'en suit "Ponos - à l'épreuve du poids" de et avec Lauranne Faubert-Guay. Tout de noir vêtue, excepté deux bandes roses, elle nous arrive et se met à mettre sur scène sa "ligne (rose) de vie". Tout au long de sa tâche, il semble que le point d'encrage lâchera, me gardant captif à ses gestes ! Mais le début de cette ligne restera bien en place et je découvre cette jeune femme qui arpente dans un sens comme dans l'autre avec différentes émotions, surmontant manifestement des situations difficiles. Et arrive le moment de faire le bilan ! Et son constat, elle nous le fait partager et je le ressens parfaitement. J'aurais bien aimé me lever et aller à sa rencontre pour la réconforter ! Une belle démonstration que la vie toute linéaire dans sa structure temporelle, peut receler des variations non linéaires, sinon des détours ou des chutes qu'il faudra surmonter !

Début de l'entracte et sortie de salle !

Fin de l'entracte et retour en salle !

Une fois les lumières éteintes nous arrivent les trois "personnages" (Kali Trudel, aussi chorégraphe, Alexandra Kelly et Izabelle Pin) de "Psukhê" (mot qui vient du grec ancien et qui signifie âme). Chacune se présente avec le visage recouvert, nous présentant ce qu'elle veulent bien nous présenter d'elle. Comme en société, leurs comportements semblent dicter par des règles invisibles mais bien réelles. Et puis arrive le moment charnière, durant lequel deux d'entre elles mettent bas les masques et poursuivent leurs chemins de vie, tandis que derrière, la troisième résiste. Malgré ces différences, les interactions proches et lointaines semblent bien concrètes. Une oeuvre pour moi quelque peu hermétique, mais dans laquelle j'ai vu un bon début de réflexion sur nos comportements humains.

Il s'en suit "Ellipses" de Stefania Skoryna", interprétée par Miranda Chan, Mathilde Heuzé et Raphaëlle Renucci. En quelques mois,à peine, je la voyais pour une troisième fois, mais pas question de me lasser. Au contraire, les mouvements m'ont encore plus captivé, fasciné même ! La maîtrise, par les interprètes, du propos chorégraphique, me semblait encore plus grande, parce que cette pièce demande une précision qui impressionne. À quand une version plus longue ?

Le tout se termine avec "En attendant" de _Demerde (aka Ariane Demers). Avant de débuter, la chorégraphe vient devant nous pour nous demander de prendre place tout autour de l'espace de prestation. Le résultat devient selon ma perspective, un cocon de protection pour ces corps uniques (Marie-Denise Bettez, Didier Emmanuel, Cédric Gaillard, aka Blôsch, Laurence Gratton, Matthy Laroche et Izabelle Pin).

La suite s'avère une célébration décontractée, sans cadre rigide comme devrait être notre réception à la diversité corporelle. Une dernière oeuvre qui nous propose de poursuivre notre ouverture face à la différence.

Ainsi donc, cinq œuvres que le comité de sélection (comité de pairs) nous a proposé pour nous préparer aux nouvelles tendances à venir sur la scène. Cinq œuvres qui mettent le corps au centre d'une réflexion du sens de la vie et de l'avenir, droit devant !