jeudi 27 septembre 2018

Sur mes pas en danse: À la rencontre de "Giselle" de Dada Masilo

C'était il y presque trois ans (janvier 2016) que j'ai eu ma première rencontre avec Dada Masilo et son "Swan Lake". De cette rencontre, j'avais écrit ""Swan Lake" est une oeuvre percutante sans artifices techniques, que j'avais fort bien apprécié. Il y avait une audace dans le propos, mais surtout des interprètes, incluant la chorégraphe qui portaient une histoire. 

                                          Photo de John Hogg tirée du site de Danse Danse

Cette fois, c'est une version "revisitée" de "Giselle", oeuvre classique, décrit comme un ballet romantique (dans le feuillet de la soirée) que la chorégraphe nous propose. Et c'est de la première rangée que je découvrirai cette histoire douloureuse d'amour et de trahison. Choix fort judicieux, et j'y reviendrai pour le pourquoi, pour apprécier cette oeuvre en deux temps. 

Une fois les spectateurs en place, les mots de bienvenue "envolés" dans la salle, les lumières s'éteignent et se rallument sur l'histoire de cette jeune femme interprétée par Dada Masilo. Une histoire dansée, sans décors, mais avec des interprètes qui remplissent toute la place. De tout proche, j'entends bien ce qu'ils nous proposent avec leurs voix, mais surtout j'apprécie totalement leurs expressions faciales qui enrichissent les gestes. Leurs performances sont tout dévoués dans le propos. Si la première partie "Un village", met la table au drame, c'est la deuxième partie, "Pays des Wilis/esprits", plus courte qui frappe notre imaginaire avec des scènes fort évocatrices et une finale éblouissante (oui, oui, un qualificatif, un peu fort, mais tout à fait approprié). 

Et nous une fois la "poussière" retombée, nous revenons sur terre pour applaudir chaleureusement la douzaine d'interprètes. Impossible de rester insensible face à leurs expressions éclatantes devant nous et qui à leur tour, nous applaudissent avec une sincérité fort belle. 

Voilà une histoire que je ne connaissais pas, mais que j'ai bien suivie. Avec des performances solides et inspirées, cette première soirée chez Danse Danse met la table à une saison prometteuse.

mercredi 26 septembre 2018

Sur mes pas en danse: "L'affadissement du merveilleux", une balade hors du temps

Une nouvelle proposition de Catherine Gaudet suscite toujours de l'intérêt et sa plus récente création ne fait pas exception. Le hall d'entrée en cette soirée de première est fort rempli et "bien grouillant" ! L'heure arrive, les portes ouvrent et je prends place dans la salle.

                                Photo de Julie Artacho tirée du site de l'Agora de la Danse

Pause

En amont à cette présentation, les gens de l'Agora de la danse, nous proposaient, près d'une semaine avant, un "Midi-Coulisses" avec Catherine Gaudet et ses interprètes , animé par Sophie Michaud. De cette quarantaine de minutes, nous y apprendrons de nombreux éléments, dont les prémisses de la création de l'oeuvre, avec les angoisses de la créatrice, le processus du choix du titre et les thématiques retenues. Des clés qui s’avéreront, en rétrospective, fort utiles pour mieux aborder l'oeuvre. Pour ma part, j'en ai surtout retenu la circularité et la (trans)mutation des corps comme pivot de création. Le mouvement pour occuper l'espace, serais-je tenté de penser. Tout cela appuyé par un extrait qui nous est présenté. Le spectateur que suis se sentait équipé pour poursuivre son expédition dans l'univers fort particulier et riche de cette chorégraphe.

Fin de la pause

Donc, de ma place en première rangée, j'assiste à l'arrivée des spectateurs, "jusqu'à la dernière place", heureuse spectatrice !, de la fermeture des lumières et de l'ouverture des projecteurs sur les cinq interprètes (Dany Desjardins, Francis Ducharme, Caroline Gravel, Leïla Mailly et James Phillips), tous alignés devant nous les yeux fermés, ondulant avec comme seul vêtement, un "caleçon" de couleurs différentes.

Le tout se développe lentement, comme pour  le nouveau-né, de l'ouverture graduelle de ses yeux jusqu'à la toute fin (fort bien réussie, une des meilleures depuis fort longtemps pour moi) souvenir individualisé que nous voulons conserver de lui, avec l'individualité et la collectivité qui seront la sienne.

Mais comme pour l'équation d'une réaction chimique qui nous présente le début et la fin de la transformation chimique, c'est le mécanisme de cette transformation ("la façon" ou la chorégraphie des corps en danse) qui s'avère le plus intéressante. Et pour cette oeuvre, sur cette scène dépouillée de tout artifice, le mouvement de ces corps nous est révélé, "coloré" par leurs sons projetés, mais surtout par leur forte présence, qui pour moi est la grande force de cette oeuvre.

Pour ma part, j'ai eu droit à une expédition, en "montagnes russes" qui alliait les gestes et les déplacements souvent circulaires et par conséquent hypnotiques, sans artifices superflus, qui me permettait d'apprécier la forte présence de ces femmes et de ces hommes. De cette plongée en apnée, jusqu'à envolée dans l'espace, le temps se déforme, les corps aussi, perturbant avec joie mes perceptions de spectateur. Ces états de corps brillamment exprimés et montrés par cette équipe d'interprètes (avec leur forte présence) m'ont captivé et hypnotisé jusqu'à la toute fin.

Difficile d'extrapoler, mais j'ose néanmoins, "L'affadissement du merveilleux" sera un de mes coups de cœur de la saison par la teneur, toute simple, de son propos (chorégraphique) pour en révéler sa force. À suivre donc.




mardi 25 septembre 2018

Sur mes pas en danse: Retour sur une soirée fort et surtout bien occupée

En cette soirée de début de saison, c'est vers deux destinations, devenues trois, que mes pas m'ont amené. En première partie, le "Teaser 3X3" pour ouvrir la troisième saison du CCOV, suivi par une toute courte visite dans "OR", l'univers de Sarah Dell'Ava et pour terminer, découvrir l'univers futuriste "Eve 2050" de la compagnie Van Grimde Corps Secrets.

De cette soirée, je vous en partagerai mes impressions plutôt que ce que j'y ai vu.

De ce début de soirée au Centre de Création O Vertigo pour leur soirée d'ouverture de saison "Teaser 3x3". Dans le sous-sol de la Place des Arts, j'ai pu constater à mon arrivée, encore une fois, que le changement de vocation du local de création de la compagnie O Vertigo (de Ginette Laurin) est une réussite totale. À cette soirée, la foule est importante et diversifiée. Les rencontres sont fort nombreuses entre les gens de la danse, de celles et ceux qui font que nos scènes sont pleines de mouvements, évidence du spectateur que je suis ! Et le choix du commissaire, Andrew Tay de ce Centre y est, selon moi, pour beaucoup ! Une fois les présentations officielles faites, nous avons droit aux prestations des trois artistes invités, Sovann Rochon-Prom Tep, Phoenix Inana, Mark Sawh Medrano, et celles de leurs invités surprises Brian Mendez, Bill Ping et Simon Renaud. De ces courtes et percutantes prestations, j'en retiens que de l'audace et de la diversité, il y en a plein en ville et que c'est beau à regarder. J'apprends aussi que ce lieu offre des résidences fort importantes aux créatrices ou créateurs que je pourrai applaudir prochainement sur nos différentes scènes, dont Dana Gingras (artiste en résidence longue durée), qui m'avait ébloui avec son "Monumental"et Maria Kefirova qui présentera "The Nutcracker" à La Chapelle Scènes Contemporaine au mois de novembre de cette année. Enfin, j'apprends que les Collisions Performatives seront de retour cette année. Une rencontre audacieuse de quelques heures réunissant deux artistes de provenance artistique différente pour "le meilleur ou pour le pire !", mais qui mérite notre déplacement. 

Je repars avec l'impression que dans ces lieux, la création et l'audace seront à l'avant plan et j'en suis fort heureux. 

En ayant le temps, je fais une deuxième, mais (trop !) courte visite dans le "monde" de Sara Dell'Ava. Malgré le fait que ma précédente visite remontait deux jours avant, je m'y suis senti instantanément chez moi, accueilli par son beau sourire. Moi, après mon court séjour, je suis reparti, mais elle, poursuivait sa belle et audacieuse "aventure" chorégraphique. 

                                    Photo de "Ève 2050"tirée du site de l'Agora de la danse

À mon prochain arrêt, la foule se faisait nombreuse devant la porte de l'Espace Bleu pour la rencontre avec "Eve 2050" de Isabelle Van Grimde (compagnie Van Grimde Corps Secrets). À notre entrée, nous sommes amenés dans un espace dans lequel interprètes, écrans et installations sont présents. Comme bien d'autres, je tente d'y trouver ma place et pour ce faire, je me déplace. Tout y est immobile et intrigant. La salle se fait pleine de spectateurs et peu à peu les êtres (Sophie Breton, Chi Long, Marine Rixhon, Félix Cossette, Justin de Luna et Gabrielle Roy), tous immobiles d'abord, investissent la place. 

Les spectateurs qui comme moi, occupaient le milieu de la place, se déplacent peu à peu, sur les côtés de la salle pour permettre aux interprètes de "prendre la place". Et moi, je trouve ma place ! Difficile de bien saisir comment cette technologie est utilisée face aux mouvements qui lui sont présentés, malgré tous mes sens aux aguets, mais le résultat captive. Voilà une belle allégorie de notre cohabitation avec les nouvelles technologies, en nous rappelant que dans ce "nouveau monde", difficile de déterminer si nous sommes influencés pas les nouvelles technologies ou, à l'inverse, nous influençons ces technologies qui nous entourent. 

De "cette vision plurielle des corps" qui recèle ses mystères, je suis resté en fin de prestation pour, comme bien d'autres" pour tenter d'en découvrir certaines "clés". Et de mes gestes faits devant cet écran, j'y ai vu leurs effets répercutés en lignes toutes blanches. Ainsi donc dans cette salle "du futur", nous n'avons pas été que des spectateurs "fantômes". Une trentaine de minutes intrigantes durant lesquelles êtres et technologie nous font réaliser que de cet avenir annoncé, il faudra s'y intégrer. Sur cette méditation sur le futur pas si lointain, mes pas me ramènent dans ce monde d'aujourd'hui.



mardi 18 septembre 2018

Sur mes pas en danse: Une rencontre mémorable en "OR" avec Sarah Dell'Ava

Je ne me sens trop audacieux pour affirmer que Sarah Dell'Ava est une chorégraphe-interprète tout à fait unique. Toutes les fois que j'ai pu découvrir son travail (autant comme interprète que comme chorégraphe), la nature forte de la relation qu'elle établit avec le public m'incluant, m'a fortement impressionné. En bon québécois, "elle, elle l'a l'affaire !!!". Je me souviens encore de "ORI ou les chambres du cœur" pour la rencontre "forte" de sa création inclusive avec les spectateurs pour aller de l'avant.

Cette fois, c'est à "OR", partie du polyptique "ORIRI-ORIR-ORI-OR-O" que nous sommes conviés. "OR" est, selon moi,un projet "fou", "OR", c'est une rencontre chorégraphique de quatre heures. Rencontre présentée dans un "espace habité" pendant neuf jours consécutifs, oui, oui, neufs jours !!! Un projet "fou", je vous disais, mais tellement exaltant, si je me fie à la réaction et les yeux brillants de la chorégraphe-interprète lors d'une courte rencontre que j'ai eu avec elle quelques jours avant le début de cette aventure.

                                    Photo: Robin Pineda Gould tirée du site de Tangente

Avec notre billet, il est possible d'assister à l'intégrale de la prestation (36 heures) ou à des parties. "Restez le temps qu'il vous plaît, partez et revenez à votre guise", telle est l'invitation de de Sarah dans le feuillet. Pour ma part, j'ai décidé d'y plonger une fois dans son univers, mais ce plongeon sera total. Voici donc le compte-rendu de ma visite en ce lundi soir qui a débuté à 18h00 (l'ouverture des portes), jusqu'à sa fin à 22h00.

C'est dans l'Espace Vert que mes pas m'amènent. Il contient pour l'occasion, le lieu de performance, entouré par quatre hauts murs constitués des œuvres de l'artiste, mosaïque de gouaches colorées. Nous y accédons par l'un ou l'autre de deux coins ouverts. Dans ce lieu, rien, sinon deux petites chaises et des coussins répartis tout au tour de la pièce et, si on observe bien, deux petits hauts-parleurs. Une première impression me vient, son univers est riche, de ses œuvres tout en couleurs vives.

À notre entrée, Sarah Dell'Ava est déjà présente et nous accueille simplement avec son sourire. Une fois entrés, elle nous invite à nous installer confortablement et si nous le souhaitons, à partir et revenir à notre convenance. Nous pourrons aussi aller chercher une tasse de thé ou d'écrire nos impressions sur une des cartes blanches fournies pour les laisser sur une des cordes. Tout cela de l'autre côté d'un des murs dans l'Espace Vert.

Et puis arrive le moment, où elle s'accroupit  par terre et, devant moi et une dizaine d'autres spectateurs bien installés sur un coussin. C'est parti pour quatre heures. Durant les premiers moments je tente de trouver mes repères de spectateur, mais vite que j'ai tout faux. Je comprends que ce n'est pas nous et elle face à nous, mais plutôt seulement nous, elle y compris. Effectivement, "OR" se révèle vite comme une rencontre fortement teintée d'intimité, durant laquelle, il faut arrêter de voir pour plutôt ressentir avec ses yeux et ses oreilles. Elle nous présente des états de corps, interagissant avec nous, venant à notre rencontre, un à un dans un rythme alternant intensité et relâchement. Elle nous entraîne lentement hors de notre monde, de nos pensées et de nos préoccupations, pour entrer dans le sien parsemé d'extraits sonores.

L'exercice est néanmoins exigeant, demande que l'on s'y adapte. C'est après une heure trente que je savais que je resterais jusqu'à la fin. Parce que le temps qui passe ne compte plus. Parce que cette femme , telle une "araignée" a construit patiemment sa toile avec ses gestes (ceux de ses bras me plaisent particulièrement !), ses sons gutturaux (mystifiants !) et ses regards passant d'une nuance à l'autre. Même en pause, dans ou hors du lieu, sa présence persiste.

Je serai le bénéficiaire de quelques-unes de ses rencontres qui me transmettent une belle dose de chaleur humaine. Tout au long, je serai touché au propre comme au figuré par sa présence et par ses gestes intimes qui intiment amicalement mon attention. Elle a, pour cette soirée, pris le temps de me laisser le temps de prendre mon temps et j'en profité pleinement. Je pourrai aussi observer notre capacité de mimétisme. puisque lorsqu'elle s'étend par terre, vers la fin, tous ou presque suivrons son exemple, en symbiose.

Le temps passe néanmoins et arrivé aux derniers moments, moi et la dizaine de spectateurs encore présents, constatons que cette femme a encore du "jus" et elle nous en "tord" une dose à chacun de nous, avec une généreuse, colorée d'admiration, pour ce spectateur présent depuis tout le début des prestations, soit un total de seize heures. Et qui poursuivra son assiduité, comme il me répondra à ma question, à la sortie de la salle.

Tout le temps de la prestation des spectateurs entrent, d'autres sortent du lieu sans que ces déplacements humains n'interfèrent dans le déroulement de la prestation et de ma réception de l'oeuvre. Nous serons une dizaine au début, certains quittent, d'autres se joignent, pour passer jusqu'à une trentaine et terminer à une dizaine.

Tangente présente fort adéquatement "OR" comme un projet spécial et j'appuie totalement la note de la commissaire (Dena Davida): "Si nous suivons le parcours de Sarah Dell'Ava depuis ses débuts, c'est pour sa vision de l’événement artistique comme expérience de communauté unissant artistes et public. Un dialogue enrichissant."  Une rencontre qui devrait être faite par le plus grand nombre.

Et moi aussi, je la suis et je la suivrai pour la suite annoncée "O", une expérience de grand groupe prévue en 2019-2020.

samedi 15 septembre 2018

Sur mes pas au cinéma: Dans un "Cinéma du Parc" "revampé" !

Reconnaissant envers nous de notre appui, les responsables du Cinéma du Parc nous avaient convié à une soirée rencontre pour découvrir deux de leurs trois salles toutes rénovées. Et moi, j'ai accepté avec enthousiasme. Voilà donc pourquoi mes pas m'ont amené dans le sous-sol du Complexe Place du Parc, pour d'abord profiter d'un buffet (fort bon) et de la projection du film "Have you seen my movie ?" du réalisateur Paul Anton Smith. Ma curiosité m'avait fait faire quelques recherches sur l'oeuvre à découvrir, mais au final, j'étais "dans le noir". Et comme il m'arrive régulièrement, j'ai fais confiance au "chef".



Arrivé avant l'heure prévue de la projection, c'est verre de vin à la main que j'ai pu découvrir les deux nouvelles salles, de personnalité toute différente avec leurs nouveaux fauteuils, nous "amène ailleurs" ! Plus d'espace entre les rangées, pour mes longues jambes aussi, sièges fort confortables et une première rangée, surprenante, qui ne devrait plus être évitée par les cinéphiles.

Le temps passe et le moment de prendre place dans la salle 2 pour la projection du film est arrivé. En présentation, nous avons droit, entre autre, à un des épisodes épiques de l'aménagement des deux salles et de la raison du choix de l'oeuvre présentée en cette soirée. Un film "particulier" qui leur a été recommandé.

Les lumières se ferment et nous sommes entraînés dans une oeuvre hors norme, effectivement, difficile à décrire. Mais, ne reculant pas devant la difficulté, je m'y mets.

"Have you seen my movie", comme il est annoncé, "vous fera voyager dans les salles de cinéma filmées au cours de l'Histoire du cinéma.". Pendant presque deux heures trente, nous découvrirons plus d'une centaine d'extraits de films de différentes époques et de différentes origines. Tout cela présenté dans une suite de scènes qui nous amène de l'entrée en salle jusqu'à la sortie. Un travail de "moine" pour que ce collage de scènes prennent corps et nous fassent voyager dans le temps et notre mémoire de cinéphile. D'une scène de mon film fétiche (Shawshank redemption) à la scène connue de tous (la jupe au vent de Marilyn Monroe), les découvertes se font fort nombreuses.

Une fois le projecteur éteint et les lumières ré-allumées, nous sommes impressionnés par la qualité de l'oeuvre. Mon opinion personnelle face à cette opulence de scènes est que je suis arrivé à une impression de "trop". Ce "tour du monde" cinématographique aurait pu être resserré sans que mon plaisir en souffre et que le but visé ne soit raté. Malgré tout, tout cinéphile qui en a vu d'autres depuis "quelques" années devrait le découvrir. Et si à tout hasard, vous lisez ce texte avant les journées de la Culture (28, 29 et  30 septembre 2018), vous pourrez voir ce film dans la nouvelle salle du Musée des Beaux-Arts de Montréal. 


jeudi 13 septembre 2018

Sur mes pas en danse: Un programme triple aux milles facettes au Festival Quartiers-Danses

En cette soirée de fin d'été encore fort confortable, mes pas m'ont amené pour une sortie en salle, à la Cinquième Salle de la Place des Arts plus précisément, pour un programme triple présentée par le Festival Quartiers-Danses.

Au programme, d'abord "Shapeshifters" de Janelle Hacault, suivi de "SILK" et "IAmWeAreOne(2)" de  Jane Mappin. Trois oeuvres qui se sont avérées tout à fait différentes, mais complémentaires par leur exploration de différents aspects de la vie, non plutôt de notre vie. Et voilà pourquoi.

Une fois les lumières éteintes dans une salle fort bien pourvue en spectateur, un projecteur s'allume pour nous faire découvrir une harpiste (Coralie Gauthier) qui nous entraîne musicalement dans le début d'un conte.  Celui de "Shapeshifter" avec Charles-Alexis Desgagnés, Kyra Jean Green, Jee Lam et Jérôme Simard. Nous apparaît de l'autre côté de la scène, une jeune femme qui semble prendre conscience du monde qui l'entoure jusqu'au moment où apparaît un personnage derrière un rideau qui s'écarte. Personnage imaginaire de son passé et qui occupe notre attention, jusqu'à ce que le temps passe et qu'il disparaisse. Permettant à cette jeune femme de passer aux prochaines étapes de son adolescence. La suite se décline en différents tableaux qui m'ont montré la métamorphose d'une jeune femme et des gens qui l'entoure, les "shapeshifters" ?. Le tout avec des mouvements enrichis par des doses de fantaisie et de tendresse.  Comme il se doit, la jeune fille retrouve des parties de sa jeunesse perdue. Et le temps passe, la jeune fille vieillit. C'est sur la musique de la harpe qui avait laissé place à des rythmes plus modernes (dont le classique "True colors" de Cindy Lauper fort bien utilisé)  que le tout se termine. Nous laissant entrevoir une autre étape de sa vie qu'elle entreprendra et que nous devrons imaginer

                           Photo des interprètes de "Shapeshifters" tirée du site de Québec Danse

Les lumières s'éteignent et le rideau se referme, une fois les applaudissements passés. Et quelques instants plus tard, ils s'ouvrent sur quatre interprètes (Louis-Martin Charest, Daniel Firth, Jane Mappin et Alisia Pobega) pour nous présenter "SILK". Une oeuvre d'une vingtaine de minutes qui a tout de la soie. Avec les quatre interprètes avec des vêtements bruns, beiges et blanc, différents touts les quatre, appuyant la nuance de ce tissu. Un tissu d'humains, organisé, soyeux qui semble onduler au gré des événements et des relations nouées ou rompues. Impossible de ne pas remarquer la qualité des gestes et la rigueur des déplacements, enrobées par la musique de Erich Kory. Je ne saurais dire, si c'était voulu, mais cette deuxième partie me semblait une suite logique à la première.

Applaudissements, fermeture des rideaux et entracte.

Et une fois les lumières de la salle éteintes, débute "IAmWeAreOne(2)" de Jane Mappin. Une oeuvre avec dix interprètes pour qui, peu importe leurs conditions physique et/ou psychologique, ont trouvé dans la danse, une façon de vivre et survivre aussi, serais-je tenté d'ajouter. Ils témoigneront à tour de rôle de leur condition ( telles que suite d'un AVC, douleurs chroniques, angoisses, perte de possession de sa "vie") et nous montreront comment la danse a pris possession de leur vie. La phrase, "Je danse non pas pour ajouter des années à ma vie, mais pour mettre de la vie dans mes années" est peut-être "clichée", mais lorsque dite par cet homme âgé, elle résonne fort vraie et le sourire qui la conclue nous rejoint. Les bienfaits de la danse dans la vie, comme je l'avais encore une fois découvert dans les courts-métrages de la veille, cette fois, ils m'apparaissent juste devant moi, sur la scène. Cet amalgame de danseurs amateurs et professionnels (qui dirigent subtilement certains tableaux) produit des tableaux fort beau de leur sincérité.Ainsi donc, Pierre Crête, Danile Firth, Jacinthe Giroux, Pénélope Goulet-Simard, Lynn Langlois, Marie-Diane Lee, Catherine Lemyze, Antonia Mappin-Kasirer, Alicia Pobega et Pierre Provencher témoignent en mots et surtout en gestes. Leur bonheur d'être sur une scène et de danser irradie dans toute la salle. Et nous, impossible de ne pas être touché, comme l'a montré les longs et généreux applaudissements appuyé par l'ovation debout.

Comme pour une de mes sorties estivales ("3D Diversité" de Corpuscule Danse et "Écoute pour voir" de Maï(g)wenn et les Orteils et Danse Carpe Diem / Emmanuel Jouthe) durant laquelle, j'avais apprécié les bienfaits de la danse pour les gens de toutes conditions, cette proposition du Festival montre que la danse peut-être un rayon d'espoir et d'inclusion pour tous.






Sur mes pas au Festival Quartiers-Danses: Une soirée avec des courts-métrages sur la danse fort bien choisis

C'est devenu pour moi une tradition que d'assister à une soirée de projection de courts-métrages sur la danse, présentée par le Festival Quartiers Danses. Cette année, seize courts-métrages sont au programme, Des courts métrages qui s'étalaient sur un large spectre, autant des styles, des sujets, que la diversité des thèmes abordés. Et qui aussi présentait un des plus beaux mandats de ce Festival, la danse à la rencontre des gens avec la médiation culturelle. J'ai encore bien présent le premier court-métrage présenté l'an dernier, "Entrez dans la danse" de Julien Tourigny-Gagnon qui nous montrait comment, avec la danse, il est possible de comment il est possible de faire du bien, une personne à la fois.

C'est dans une salle toute remplie de la Cinémathèque Québécoise, avec plein d'artisans "dans la place" que j'ai pris place. Après quelques minutes de retard sur l'heure prévue, Marlene Millar s'adresse à nous pour nous présenter brièvement les œuvres au programme avec en première partie, plusieurs courts qui présenteront des réalisations de médiation culturelle. Après les courtes présentations des créateurs, les lumières s'éteignent. 

Nous débutons avec "Carte Postale Montréal" de Philip Fortin avec la prestation fort bien dansée de deux interprètes (Roxanne Dupuis et Guillaume Loslier-Pinard) dans les principaux sites touristiques de Montréal. Ce qui en fait une visite fort particulière avec ces corps que se transportent d'un lieu à l'autre, grâce à la magie du septième art, dans le même mouvement jusqu'à lafinale fort bien pensée. Pour découvrir cette façon dansée de découvrir "ma" ville, voici le lien. https://vimeo.com/239552792.

Il s'en suit "Le sens du mouvement" d'Arthur Barbier qui nous présente "une (fort belle et émouvante) aventure humaine", dans laquelle "la danse et la poésie vont se mêler pour libérer les corps et les esprits." Une visite de huit minutes fort instructives et qui nous permet de constater les bienfaits de ce type d'intervention. Et vous connaissez le dicton, "On veut pas le savoir, on veut le voir !" et on le voit très bien. Et le spectateur que je suis, en ressort fort satisfait, mais surtout ému. 


                                          Photo de "Le sens du mouvement" par Arthur Barbier

Il s'en suit "Debout: Actes de Parole" qui , avec trois des quatre vidéo-poésies initialement prévus, nous présentent sous des angles différents les ateliers de médiation culturelle qui se sont déroulés à BAnQ, l'été dernier. Encore là bien heureux, le spectateur.

Changement de registre pour le prochain court qui nous entraîne sur les pas de frères tibétains en pèlerinage avec "Gatha" de Chenglong Tang. Même si le récit nous échappe, les images et le dépaysement de leurs pérégrinations dans ces lieux lointains fort magnifiques, éblouissent et mérite toute notre attention. Chapeau aux artisans !

Il s'en suit "Queen of the Hill" de Flamant & Machère Collectif qui, durant trois courtes minutes, nous montrent, en gestes et mouvements sur une structure de bois, différentes facettes des relations entre femmes.

La première partie de cette soirée se termine avec une autre visite dansée intéresante, soit Carte Postale Ipswich (Royaume-Uni) de Alisa Boanta avec les mêmes interprètes que celle de Montréal présentée plus tôt. 

Après les mots des artisans des prochains courts présentés, nous découvrirons autres huit "courts" qui nous entraînent tout en mouvements dans des univers et des esthétiques fort diversifiés.

Je retiens plein d'images, "un peu mélangées" et plus particulièrement, les œuvres suivantes. 

"Bhairava" de Marlene Millar & Philip Szporer (Mouvement Perpétuel) qui nous présente les gestes de la danseuse et chorégraphe Shantala Shivalingappa, tout à fait en phase, point fort de ce cette oeuvre, avec la fort belle musique indienne. Utilisant l'éclairage direct et le contre-jour pour varier notre point de vue, cette rencontre d'une quinzaine de minutes laisse ébloui des images et de la synchronisation des mouvements des bras et des mains avec la musique.

Si on vous proposait une visite sur grand écran dans un bazar de Téhéran, ouais pourquoi pas, répondriez vous probablement ! Mais, si vous appreniez que pour cette visite, votre guide est une femme qui danse et que danser est interdit en Iran, votre perspective, comme la mienne pourrait changer. Avec "The Derive" de Tanin Torabi, la visite nous fait alterner entre les gestes de la danseuse, la réaction des gens et la beauté des lieux. Avec en arrière pensée, la question suivante: Ira-t-elle jusqu'au bout de sa "dérive morale", sans être interceptée ? Une visite qui finit bien et qui nous interpelle sur les enjeux de la liberté.

Aussi, "Six Solos" de Simon Fildes et "Mami Origami" de Marites Carino qui présentent de la danse pure, habilement captée. 

Enfin, avec une pointe de curiosité, "Hiatus" de Priscilla Guy, dans lequel, ma "face" apparaîtra, un court moment. Une oeuvre qui déforme le temps pour d'abord révéler les micro-mouvements de visages "immobiles" ou qui accélère les mouvements "tout lents" des deux interprètes sur fond d'activités urbaines et qui sont accélérés. Une belle comparaison des vitesses relatives des phénomènes géographiques versus notre présence sur cette terre.

Il y aura aussi "Petites Failles" d'Émilie Cardu-Beauquier & Claudia Hébert qui nous entraînent dans les lieux mythiques de leur jeunesse. Aussi, "To the Ends of the Fingertips" de Roswitha Chesher et "Saigner Toaster" de Guillaume Marin qui complètent ces presque deux heures de visionnement qui couvraient fort bien tout le spectre des mouvements de danse captés par la caméra. 

Au final, une belle sortie danse et courts-métrages, une des propositions phares du Festival Quartier-Danse qui année après année, nous propose un florilège de courts qui devrait faire "accourir" un plus grand nombre d'amateurs de danse. Avis aux organisateurs, il faut une plus grande salle !

mardi 11 septembre 2018

Sur mes pas à une performance: Fasciné et intrigué par "Shelter in shadow".

La proposition m'intriguait, mon agenda le permettait, mes pas m'y ont donc entraîné. Ma destination, "Shelter in shadow" de Jay Cutler qui était présenté comme une "Performance-installation en continu". Le créateur était accompagné par Anton May et Laurie-Anne Langis pour la performance. Marijoe Foucher était la chorégraphe et assistante directrice. Il y avait donc de la danse au programme de cette performance de huit heures, répétée trois jours consécutifs. Intrigué, vous aussi, n'est-ce pas, mais c'est dommage, le tout est terminé, mais je vous en propose quelques lignes suite à mon passage d'un peu plus d'une heure.


Pour m'y rendre, j'ai gravi à pied les escaliers vénérables de ce vieux mais charmant building qu'est  "Le Belgo" pour me rendre au cinquième étage jusqu'à la Galerie Trois Points. La porte est ouverte et devant moi, une demie-salle vide (sauf un haut-parleur sur pied) toute de murs blancs entourée et face à moi, une personne à une table, attentive devant un ordinateur. Juste à ma droite, une ouverture vers l'autre partie de la galerie. Au plancher, des traits noirs discontinus et un banc près du mur tout au fond. J'y entre prudemment, respectant les traits noirs, et je découvre les trois artistes en pleine performance qui a débuté, il y presque deux heures. Je suis le seul spectateur pour le moment ! Je prend place sur le banc, après avoir étudié (mot ici un peu galvaudé !) le meilleur endroit.

Seul spectateur pour le moment, je reste attentif à ce qui se passe, aux propos échangés. Ils sont là et jouent, comme s'ils étaient seul. Le tout étant presque exclusivement en langue anglaise, je me concentre, fort, et peu à peu le sens des liens entre ces deux hommes et cette femme m'apparaissent.  Ou à tout le moins je le crois, mais qu'en est-il vraiment ? Ils vont et viennent, disparaissant parfois de ma vue, de l'autre côté du mur tout blanc de cette Galerie d'art toute vide.

Les propos d'une grande cohérence sont appuyés par les gestes, les mouvements, mais aussi par l'immobilité des interprètes. La trame musicale habille le tout d'une atmosphère mystérieuse et troublante. Je suis fasciné, parce que le texte de cette prestation, toute naturelle, de huit heures, je le rappelle, semble tout droit sorti d'un script patiemment écrit et appris. Je ne saurais jamais la réponse, ! De cette histoire qui s'étend sur huit heures, donc, des questions émergent. Qui est mon ami ?, de qui restons nous redevable ?, même après la brisure de liens affectifs, qu'est-il possible d'avouer ? Voilà des questions amenées qui résonnent en nous dans cette pièce sans artifices pour nous distraire. Durant ma présence d'abord solitaire, pour les premières minutes, d'autres spectateurs viendront, partiront ou resteront pour découvrir leur bout de cette longue histoire.

Et moi, fasciné et intrigué de ce que j'ai découvert dans ce lieu fort calme et apaisant, je repars. Et heureux aussi d'avoir pu découvrir des territoires nouveaux performatifs.

Sur mes pas en danse: Ma première fois au Festival Quartiers Danses avec deux prestations extérieures

Durant ce vendredi d'une fin d'été qui, peut-être, prodigue ses derniers moments de chaleur, mes pas m'amènent sur la Ste-Catherine piétonnière entre la Place des Arts et le Complexe Desjardins. Au programme, une double sortie danse extérieure, gracieuseté du Festival Quartiers-Danses qui remplit bien son mandat de démocratiser la danse.

En première partie, "Halves" de David Albert Toth avec Salina Léna Demnati, Myriam Foisy, Cyndie Gravel et Audray Julien, suivie par "Summer Swish" du "As they strike collective" (Chloe Hart & Stefania Skoryna) avec Jenna Beaudoin, Julian Czenze, Lucy Fandel, Chloe Hart et Stefania Skoryna. 

Après les présentations d'usage et la demande de respecter le lieu de prestation, constitué d'un bon bout de la rue, les gens en attente gardent silence et d'autres se joignent. Foule assez importante en cette heure de dîner et qui restera attentive jusqu'à la toute fin.

"Halves" débute en nous présentant une "elle" toute individuelle et tout de noir vêtue. Elle sera rejointe par les autres pour devenir les "elles". Ce quartet annoncé comme une réflexion sur les ombres et c'est ce que j'y ai vu. Des ombres fugaces, déplacées par le vent du temps et de celui d'Éole aussi, qui prennent possession de la place et de notre attention. Ces ombres évoluent sur le pavé, ne laissant pas de traces physiques, mais on sent que les relations entre elles évoluent jusqu'à la conclusion, toute discrète. Voilà une oeuvre empreinte de subtilités et de nuances qui pour être mieux appréciée, mériterait à être présentée dans une salle, appuyée par des éclairages soutenant le propos.

                                          Photo: Guzzo Desforges

Courte pause et la deuxième partie, "Summer Swish" se met en branle. Les cinq interprètes tout de vert et de brun habillés, contraste avec les vêtements noirs des interprètes de l'oeuvre précédente. Les cinq groupés et qui le resteront presque tout le temps de la prestation. Donc ces cinq êtres, qui sont pour moi tels des roseaux,  prennent place tout en ondulation, au gré du vent que l'on sent et que l'on imagine aussi. Ces êtres semblent à la recherche du bon lieu dans cette marée de pavées, au sons d'une trame musicale toute zen. De ces individualités partagées et qui se déplacent, une relation apparaît, utilisant ce fil argenté sur chaque vêtement. Ce fil d'abord fort discret, devient plus apparent, une fois manipulé avec habileté par les interprètes. Il servira à tisser des liens entre les individualités d'abord montrées et capter mon attention sur ce qu'il produira. Je suis tout à fait d'accord avec la dernière phrase de la présentation, "une nuit estivale d’une manière poétique et intemporelle… en plein jour". Une oeuvre qui a capté l'attention et qui mériterait à être représentée à l'extérieur durant la prochaine saison estivale. Avis aux diffuseurs !

Une heure vient de passer et de mon côté, je me mets en marche pour me diriger quelques pas plus loin au cinquième étage du Belgo pour découvrir une performance-installation en continu, sur laquelle je reviendra dans un autre texte.


vendredi 7 septembre 2018

Sur mes pas en danse: À des Danses Buissonnières 2018 éclatées qui tiennent du feu d'artifice !

Ainsi donc, c'est officiel, la saison automne danse a pris son envol et pour poursuivre sur cet élan littéraire, je serais tenté de dire que ma première sortie avait tout du feu d'artifice. Et pourquoi, serez-vous tenté de me demander ? Parce que, voyez-vous, Tangente et ses Danses Buissonnières 2018 en avait toutes les caractéristiques. Au programme, six œuvres brillantes, toutes colorées différemment, qui au final, devrait laisser les spectateurs ébahis et globalement satisfaits.

S'il est vrai que les Danses Buissonnières depuis toujours (!) me proposent des "premières" œuvres qui me sortent des sentiers battus, de celles-ci, je pourrais dire que cette fois, je fais"ouf !!!". Difficile de décrire en peu de mots, ce que j'ai ressenti tout au long de la présentation de ces six œuvres si différentes. Mais je tente le coup !

Devant une salle comble composée de spectateurs de tout le spectre d'une première et avec un accordéon seul sur la scène, Stéphane Labbé et Francine Bernier (Tangente et Agora de la Danse) ouvrent, verre à la main, conjointement et officiellement la saison danse au Wilder.

Les lumières se ferment et puis tout à coup, nous apparaît cet homme, Alejandro Sajgalik, "descendant de sang agité" qui se présente à nous à cœur ouvert (lire ici, accordéon exposé), pour me faire ressentir, pulsion, impulsion, délestage et réappropriation, tout cela en une dizaine de minutes. Ainsi s'est présenté à moi " N'importe  hors du monde" !

                                         Photo de Nick Bostick tirée du site de Tangente

Une fois les lumières rallumées, nous apparaît, trois femmes à droite, masquées, et un homme, à gauche pour "Hystérie" de Marika D. Lafond, avec Marie-Denise Bettez, Ariane Demers et Mattew Helli Brunel. Face à nous et côte à côte avec cet homme en mouvement, ces femmes se font mystérieuses, derrières leur masque. Cette cohabitation, d'abord très distancée, se colore d'une survivance appréhendée toute fébrile. L'atmosphère extatique irradie de façon mystique et annonce une survivance appréhendée jusqu'à ce que les masques tombent.

Pour la troisième proposition, nous sommes invités à partager la scène avec les interprètes. Je serai, de ceux et celles qui accepteront de découvrir de proche "Flammèches" d'Alice Blanchet-Gavouyère, (avec Maude Archambault-Wakil et Pénélope Desjardins, encore complices sur scène) dont j'apprécie avec grand plaisir la troisième proposition en moins de quelques mois                                    ( https://surlespasduspectateur.blogspot.com/2018/04/sur-mes-pas-en-danse-dephase-et-comble.html) (https://surlespasduspectateur.blogspot.com/2018/05/la-journee-internationale-de-la-danse.html). Une rencontre toute en gestes entre deux femmes qui s'apprivoiseront et qui feront échange. Une oeuvre dans laquelle les vêtements sont habilement utilisés, en toute complicité.

Pause et sortie de salle, avec au retour une oeuvre désarçonnante, forte de son ironie, "Poneyboyz" d'Audrée Juteau avec Guillaume Danielewski et David Emmanuel Jauniaux. Nous apparaît, deux corps qui ne font qu'un, celui d'un poney qui déambule. Une balade d'une dizaine de minutes qui nous entraînera d'un galop où tout est "beau" jusqu'à la séparation. Une pièce "féminine" qui saisit fort bien (selon moi), l'âme masculine avec son côté équin et du "poor lonesome one cowboy !"

S'en suit, "1, 2, maybe 3" de Jean Bui et Sydney McManus. Présentée comme "Ce qui devrait être simple est en sommes très compliqué", cette oeuvre le montre bien. D'abord, avec la valse hésitation des chaises, mais surtout avec ces échanges fort captivants des vêtements. Ce que j'en retiens est somme toute simple, est-il important de sauver les apparences ? Ce qui l'est moins est ma réponse et tous les gestes qui me l'ont brillamment présenté. 

La soirée se conclue sur une oeuvre surprenante et déstabilisante, "Mes désirs sont désordres" , ou sont des ordres, serais-je tenté d'ajouter !, de et avec Pénélope Gromko. Avec son tas d'ustensiles, elle nous concocte une courte, mais impressionnante rencontre qui montre que ce que veut dire, "vivre de traces laissées" ! En fin de programme, impossible de rester impassible face à cette femme qui ose l'audace sans pudeur. Une créatrice-interprète audacieuse qui mérite qu'on la suive.

Au final, je peux conclure que de ces propositions, nous serons surpris, interpellés et déstabilisés, comme seule la jeunesse peut le faire, avec son cœur, ses interrogations et son audace exposés. Des Danses Buissonnières qui nous entraînent, fort bien, hors de nos sentiers pour notre plus grand plaisir.