lundi 29 janvier 2018

Sur mes pas en danse: "Résistances Plurielles" qui n'ont rien de singulier !.

Pour sa première de la saison hiver 18, l'Agora de la Danse récidive en nous invitant à sortir des sentiers battus et à abattre nos habitudes de spectateur bien enracinées afin "renouveler l'expérience partagée avec le public." avec "Résistances plurielles". Après avoir participé au très différent "Family Dinner" l'an dernier (pour les intéressé(e)s, voici le lien pour mon texte sur ce "dîner": http://surlespasduspectateur.blogspot.ca/2017/03/sur-mes-pas-en-danse-un-family-dinner.html),
j'étais donc assez curieux de découvrir ce programme triple audacieux. Voici donc, mes observations et impressions suite aux différents pas que j'ai faits durant cette soirée.


Dès mon arrivée au Wilder, je suis invité à me rendre au Café pour attendre le moment de me diriger vers un stationnement souterrain pour découvrir "Icône Pop" de Mélanie Demers. Ce moment arrive et les spectateurs traversent la rue de Bleury pour se rendre dans un garage souterrain et non chauffé dans l'édifice en face. Nous prendrons place sur une des chaises installées en deux rangées face à face avec au milieu un corridor qui deviendra le lieu de présentation. À une extrémité, il y a un véhicule et à l'autre, si on observe bien, une image sainte sur un mur. À une extrémité de la série de chaises, il y a une console derrière laquelle se retrouve celle (Mykalle Bielinski) qui sera la source vocale de plus en plus affirmée de ce début de présentation et aussi la source musicale par la suite.

De là-bas (du véhicule), arrive "la vedette" (Mélanie Demers, irradiante !) avec sa robe glamour bleue, sa longue chaîne autour du cou et ses immenses lunettes fumées. Déjà on sent, dans le sens d'irradier, que cet "Icône Pop" carbure à la démesure, "Come to mama", proclame-t-elle. Il s'en suit une suite de tableaux, comme dans un chemin de croix !, durant lesquels, le personnage perd ses attributs vestimentaires "icôniques". La déchéance a beau être sur fond de rire, il ne fait que le rehausser. Se libérant de cette très longue chaîne au cou, elle semble pouvoir sortir de son cocon de respectabilité ou de popularité. Elle affirme sa démarche, elle s'affirme aussi en nous regardant, me regardant, oui, oui !, droit dans les yeux. Son chemin complété, elle ira rejoindre l'image sainte, maintenant éclairée tout au fond, avec comme attributs vestimentaires que ses sous-vêtements (dans un garage souterrain non chauffé en plein hiver) et recevoir les applaudissements du public habillé pour notre hiver sous zéro. Mélanie Demers, encore une fois, explore avec brio, les côtés sombres et contradictoires de la nature humaine, rehaussés par le côté sinistre du lieu de présentation, un stationnement souterrain glauque.

Le tout terminé, retour au café du Wilder et passage par le vestiaire, juste à côté, pour nous libérer de notre fardeau vestimentaire. Nous sommes invités à nous diriger tout en haut dans une salle de création. Mes bottes d'hiver enlevées qui ne cachent pas de trous dans mes bas (ouf!!!), je prend place dans la salle dans laquelle les interprètes (Sylvain Lafortune, Bernard Martin, Brice Noeser et Peter Trosztmer) sont déjà présents. Une fois tous les spectateurs entrés, les rideaux se referment et  "Instant Community" de Peter Quanz et Montréal Danse débute. Les tablettes électroniques illuminées qui sont au milieu de la place attirent mon attention et celui des spectateurs aussi. Certains en prennent un et autour d'eux s'agglutinnent pour découvrir les images ou les vidéos de la nature (oiseau, feuilles vertes, caméléon, entres autres). Et tout à coup, les interprètes récupèrent les objets pour les placer et les déplacer et nous, spectateurs, tentons de trouver la place à prendre. Et à ce jeu, je peine au début, mais, peu à peu, j'arrive à trouver mes repères et surtout ma place. Il s'en suit une série de tableaux fort habiles dans la présentation des corps en mouvements projetés sur les murs. Les corps sont transformés déformés, découpés, démultipliés par ces instruments électroniques utilisés de façon fort intelligentes et habiles. Mon tablerau préféré en celui dans lequel un homme avec deux caméras, une dans chaque main, présente sur le mur derrière, une image de lui qui bouge et l'autre immobile.Cette réflexion sur notre perspective de ce qu'on nous présente se termine autour d'un feu de camp électronique avec les croustilles et autres aliments de gourmandise. Les applaudissements mérités éteignent ce feu et annoncent le déplacement à venir.

Retour au Café, avant de prendre place dans la grande salle dans laquelle, nous trouvons coussins et tabourets dispersés au milieu de la salle. Les interprètes (George Stamos, Stacy Désilier, Elinor Fueter, Geronimo Inutiq, Jean-Benoit Labrecque, Chi Long et Mark Sawh Medrano) sont déjà dans la place et saluent les spectateurs qui entrent. Une fois tous les gens installés, George Stamos (le chorégraphe de l'oeuvre, "Recurrent Measures") nous présente l'essence de l'oeuvre, la résistance par la persistance. Et débute une suite de moments durant lesquels les interprètes, seuls, tournent sur des disques tournants proche sur les murs. Il me faudra un certain temps pour me laisser aller aux mouvements de rotation et surtout aux sons de ces disques, mais une fois cela fait, j'y prends un grand plaisir. Les états musicaux se modifient, les mouvements se font aussi regroupés, se déplacent au milieu de la place et entraînent parfois des spectateurs dans leur sillon. Une oeuvre qui n'a rien de spectaculaire, mais qui captive.

Trois oeuvres intéressantes et pertinentes qui nous éloignent des façons habituelles de présenter avec des propos chorégraphiques inhabituels sur le message envoyé et celui perçu. Une soirée qui nous permet de se requestionner sur notre position de spectateur face aux mouvements déployés et leurs significations. Je ressors fort satisfait de ces excursions chorégraphiques hors des sentiers balisés qui m'ont permis de renouveler mon expérience de spectateur et surtout d'y trouver de nouvelles perspectives.



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