jeudi 25 juillet 2019

Sur mes premiers pas au ZH Festival : Une surprenante soirée, signée Thomas Duret !

C'était pour moi, ma première sortie au ZH Festival qui lui en était à sa deuxième soirée. Au programme, de la compagnie "Baobab - Création multidisciplinaire" (Thomas Duret) d'abord "Quelque chose de chuchotant entre la gloire et le désordre" dans la salle principale avec Noël Vézina, Francis Jacques, Camélia Letendre et Étienne St-Pierre, suivi par "En survolant la mer Égée" avec Robine Kaseka dans le Cube tout en haut de la Maison de la Culture Maisonneuve.

                                Tirée du site de ZH Festival

Dans le hall d'entrée, la foule est nombreuse en cette belle soirée d'été pas trop caniculaire et elle remplira la salle pour découvrir la première oeuvre au programme. De mon siège en première rangée, je suis ébloui par un projecteur qui "cache" la scène, là juste devant moi.

Et puis arrive le moment de la présentation officielle (par Thomas Duret) et celui où "le" projecteur se fait discret. Et puis nous apparaît un homme immobile dans l'espace scénique totalement dénudé d'éléments scéniques. Il conserve son immobilité jusqu'à ce qu'un sac de plastique, d'allure fort banale ne tombe du ciel (OK ! du plafond, plutôt) Et c'est lui seul, d'abord, qui nous gardera captif de ce sac qu'il projette en l'air et qu'il capte avant qu'il ne touche terre. Il pourrait le faire d'une façon simple et facile, mais comme dans la vie, (la mienne et peut-être la vôtre aussi ?). Il se la fait compliquée et moi je dois l'avouer, je suis craintif que ce sac de plastique blanc touche à terre et que l'inéluctable se produise. Il faudra que je me familiarise à la situation avant d'apprécier pleinement les gestes fort bien exprimés devant moi. Et puis arrive discrètement une deuxième interprète et qui prend place sur scène, reste immobile jusqu'à ce qu'un deuxième sac ne tombe, mais que n'arrivera pas jusqu'au sol grâce à elle.

Et c'est en solo et aussi en duo que la suite arrive, durant laquelle les sacs poursuivront leurs mouvements. Arrive une troisième et enfin un quatrième interprète qui, une fois le sac tombé d'en haut, poursuivent ce que faisaient les autres déjà présents. Les sacs sont projetés encore et encore, ils tomberont au sol, moins d'une dizaine de fois (j'ai compté et noté !) mais jamais longtemps. Ce que je vois illustre très bien un élément de la présentation de l'oeuvre, soit être "un système chorégraphique explorant et questionnant les notions de compétition, de libre-arbitre et d'individu versus le collectif."
J'y vois aussi et très bien une réflexion sur notre mode de vie qui nous demande de toujours être à la course pour respecter les échéances qui se présentent à un rythme effréné. Échéances qui laissent peu de temps pour relaxer, échéances que l'on doit respecter seul ou en équipe avec des interactions pas toujours évidentes.

De ces échéances à respecter, comme des sacs de plastiques blancs, il nous pend comme des épées de Damoclès et pour cette occasion, il y en aura huit qui arriveront jusqu'à la finale fort bien réussie qui a tout du lâcher prise. Une trentaine de minutes qui captive autant par les gestes montrées que par le sujet que l'on peut y voir. Malgré les applaudissements, nous ne verrons pas les interprètes de retour sur la scène. Et nous, nous serons informés de la durée de la pause et de la suite de la soirée dans le Cube.

Le moment venu, nous pouvons monter en haut et prendre place sur un des sièges qui entourent un petit espace scénique (un carré métallique) où se retrouve une femme immobile de noir vêtue avec de grosses cordes blanches qui l'enserrent. Nous prenons donc place tout autour et nous observons, elle devant nous, mais aussi les spectateurs devant nous. Et puis débute "En survolant la mer Égée", lorsque cette femme (Robine Kaseka) commence à tourner lentement sur elle même et puis commence à s'adresser à nous en nous posant des questions qu débutent d'abord avec des "pourquoi". La suite se poursuit avec une longue suite de questions qui examinent l'ensemble des aspects de la vie. Parfois ces questions sont tellement interpellantes qu'elles amènent des réponses de certains spectateurs. Et tout au long de cette litanie de questions, un homme arrive avec des roches qui sont attachées l'une des cordes qui l'enserrent. Le poids des réponses se fait bien réel, là juste devant nous.

Arrive le moment, où il semble qu'elle ait fait le tour de la question (ou des questions) parce qu'elle répète certaines questions. Et puis, tout discrètement, elle nous quitte, alourdie de son fardeau, vers, je l'espère, certaines réponses fort chères à toutes et tous. Et nous, encore une fois, nous applaudirons sans que cette femme nous revienne pour les accueillir. Ce qu'elle mériterait bien pour sa performance et avoir appris ce texte fort exigeant, de ma perspective.

Au final, une soirée avec deux oeuvres fort riches en symbole qui démontrent bien que la "jeunesse" (lire ici, Thomas Duret) peut explorer des sujets fort pertinents de façon fort surprenante et intéressante.

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