mardi 20 décembre 2016

Sur mes pas en danse: " La pudeur (affirmée) des icebergs"

En entrée de jeu, je me permettrai de dériver comme le font si bien les icebergs qui sont laissés libres dans un océan aux courants changeants. Ces blocs de glace abandonnés par leur glacier peuvent dériver seuls ou rentrer en contact dans leur progression dans les eaux plus chaudes. Il ne faut pas oublier que ces icebergs nous présentent qu'une toute petite partie de ce qu'ils sont. Tout pudique et froid, soient-ils, ils laissent à notre imagination, la plus grande partie d'eux-mêmes, immergés sous l'eau.

Il semble que Daniel Léveillé a trouvé avec ces "êtres de glace", une source riche d'inspiration et que le spectateur attentif et audacieux peut apprécier. L'univers de ce chorégraphe que j'apprivoise peu à peu et que j'apprécie de plus en plus dans les détails des physionomies et la force des mouvements montrés, mais surtout par la place qu'il me laisse pour interpréter. Comment le décrire en quelques phrases sans dénaturer l'essence des différents tableaux ? Selon moi, il faut le faire sans fioritures pour tenter de bien apprécier les gestes qui exigent beaucoup aux interprètes, les regards appuyés de l'un vers l'autre en pleine action ou leur complète indifférence. Il y a aussi ces gestes suivis d'une position immobile et ces duos effrénés dans lesquels l'un va et vient, indifférent à l'effort de l'autre, mais que nous, ressentons fortement. Les corps sont nus, mais nous font obstacle à leur intérieur et leurs sentiments. Il arrive souvent que ce regard froid et indifférent (sur cet aspect, Esther Gaudette était particulièrement efficace), dirigé tout droit vers moi (en première rangée) comme pour me défier, me troublait.

                                          Photo: Jacques Grenier

Sur cette scène sans accessoires, les corps se présenteront à nous, évolueront, s'entrechoqueront et partiront sans crier gare. Nous, pour en apprécier les nuances, devrons rester attentifs aux détails, même lorsque ses corps heurtent fortement le sol produisant une onde de choc qui se répercute dans toute la salle. Peut-être aussi pourons-nous prendre conscience de la trame musicale classique qui interviens, à propos ou non.

L'univers de Daniel Léveillé est particulier, en apparence austère, mais pour peu que le regard du spectateur s'affine (ce que le mien devient après quatre fois), cela lui permettra des découvertes qui pourront l'interpeller sur sa propre nature. Sur scène, Frédéric Boivin et Mathieu Campeau présents à la création en 2004 ainsi que Esther Gaudette, Justin Gionet, Emmanuel Proulx et Simon Renaud rendent fort justement les mouvements fort exigeants du chorégraphe.

Daniel Léveillé créé des oeuvres depuis une quinzaine d'années et grâce à des lieux de diffusion "audacieux" (le théâtre La Chapelle, pour l'occasion), les spectateurs qui comme moi arrivent sur le tard, peuvent se mettre "à jour" !


Aucun commentaire:

Publier un commentaire