jeudi 26 octobre 2017

Sur mes pas en danse: "Dansu", une "fenêtre chorégraphique nippone" surprenante

Je le concède aisément, je n'ai pas, mais pas du tout, l'âme d'un voyageur. Voilà pourquoi, j'apprécie tellement que les pas des autres, de loin particulièrement, viennent vers moi. Je me suis donc procuré, avec grand enthousiasme, mes "billets de voyage" vers les trois oeuvres "Focus Japon" présentées conjointement par l'Agora de la Danse et Tangente.

Court compte-rendu de mon expédition dans les nouveaux territoires chorégraphiques nippons avec trois oeuvres dans ma besace de spectateur. Besace remplie avec des images fortes, mais aussi un requestionnement sur la nature même de ce que peut être la danse contemporaine. Trois oeuvres tous azimuts (dans les sens, de toutes les directions et par tous les moyens) qui ont produit, chez moi, des réactions de même nature. Mais commençons par le début.

Semaine 1, la première oeuvre au programme est, "Alphard" de et avec Mikiko Kawamura. Présentée comme "l'enfant terrible de la danse", elle nous entraîne dans un parcours temporel et spatial pendant lequel, dans des espaces carrés illuminés, elle s'exprime avec de fort beaux mouvements expressifs. Ses origines "street dance" ressortent fortement dans la diversité de son exploration la "jungle urbaine", fortement colorée de modernité, dans laquelle elle nous entraîne. Au final, une oeuvre courte (une trentaine de minutes) qui débute bien ce début de "voyage" au pays du Soleil Levant.

Une fois, la pause faite, nous nous retrouvons dans la grande salle pour assister à "Amigrecta" de et avec Kaori Seki accompagnée par Yu Goto, Teita Iwabuchi, Shun Shimizu et Yui Yabuki. Première surprise, la scène est surélevée et, si on observe bien, il est possible d'y voir deux trous dans deux coins opposés. Et c'est de là que les interprètes viendront ou repartiront tout au long de la présentation. Une oeuvre sur fond de silence ou presque, parce que les parcelles de bruits se feront fort discrètes. Moments difficiles, sûrement, pour ceux ou celles dont le ventre s'exprime sans avertissement, ni contrôle du "propriétaire", tout autour de moi. Une oeuvre lente, acrobatique, mais surtout exigeante pour moi. Le sens ("réflexion sur la vie et la mort et sur des choses en danger, qui pourraient disparaitre à jamais", dixit le feuillet remis) ne m'apparait pas et le propos ne me rejoint pas non plus. Mais, impossible de ne pas apprécier la qualité des mouvements des interprètes qui nous proposent, seul, en duo ou en groupes, des images fort belles. Retour à la maison, en réfléchissant et en me requestionnant sur ma réception de l'oeuvre.

Semaine 2, troisième oeuvre de ce "Dansu", "Namae Ga Nai" de Zan Yamashita avec Kim Itoh. Dans une salle toute remplie de public, le silence se fait et l'interprète arrive, repart brièvement et nous revient pour de bon. Il est habillé pour aller travailler avec son uniforme de peintre et porte un cache-oeil. À gauche et au fond, deux grands panneaux de bois, vierges d'inscriptions, des instruments et des contenants de peinture, tandis qu'à droite une escabeau métallique. Il s'adressera à nous surtout en paroles, mais aussi en gestes, qui captivent. Il entame un propos, devient hésitant, l'interrompt, nous laissant libre intérieurement de le prolonger dans une extrapolation, mais rapidement brisée par la suite. Bien assis sur mon siège, je voyage dans les expéditions de ses univers dont certains sont répétées sans que cela ne gâche mon plaisir, tout au contraire, même !

                                         Photo de ST Spot tirée du site de l'agora de la Danse

Question de clore le propos, il cherche dans la foule un aide et de son oeil perçant, il trouve le volontaire. Et d'un des propos déjà énoncé, il y joint la démonstration physique fracassante.

Il est, selon moi, légitime de se poser la question sur la nature réelle de cette oeuvre et de son appartenance à l'univers déjà fort étendu de la danse contemporaine. À celui qui pourrait se demander ce que peut-être de la danse contemporaine,je retorquerais par une simple question, qu'est-ce qui en est pas ? Il en reste que pour certains, cette oeuvre pourra les interpeller. Pour ma part, encore indécis, mais de cette rencontre je suis fort heureux et satisfait. De cet homme, j'en suis tombé sous le charme. Et à défaut d'avoir été choisi pour lui fournir mes bras, je les aurais utilisé pour l'entourer chaleureusement, une fois les lumières réallumées à la fin.

Il y a quelques années, nous avions eu droit à des débuts de saison nous permettant de découvrir la diversité d'ailleurs, dont la mémorable "Destination Danse" en Catalogne de l'Agora de la Danse en 2008. Avec "Dansu", j'ai eu droit à ce même privilège, celui d'ouvrir mes horizons de spectateur tout en restant dans ma ville. Voilà une belle initiative (merci mesdames Diane Boucher et Maki Miyakubo), qui je le souhaite "fort", sera reprise.

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