lundi 19 mars 2018

Sur mes pas au cinéma-documentaire: Quand de la poussière rouge provoque un "Bras de fer" citoyen.

De la poussière, vous me direz, ça ne devrait susciter notre inquiétude, compte-tenu de son omniprésence dans nos vies. Mais, si un matin, vous sortiez de votre maison et que le sol était recouvert d'une poussière rouge, pas grise, bel et bien rouge, peut-être que cela vous allumerait une lumière (rouge). Voilà ce qu'a vécu en 2012, une jeune mère, Véronique Lalande, en sortant de sa maison dans  l'arrondissement La Cité-Limoilou de Québec. Elle partait faire une balade avec son nouveau-né. Plutôt que de lever le nez sur cette poussière, elle y plonge toute sa curiosité et ce faisant, elle y entraîne son conjoint et les citoyens de son arrondissement.

La suite est documentée et moi, c'est, d'abord, par une conférence de Chantal Pouliot, professeure titulaire à l'Université Laval que j'en ai pris connaissance. Elle utilisait cet événement et ce qui en a suivi pour utiliser les différents épisodes de cette mobilisation citoyenne dans le cadre d'un de ses cours, traitant de la notion de controverse. Mon intérêt était piqué et j'ai poursuivi avec la lecture de son livre "Quand les citoyen.ne.s soulèvent la poussière (La controverse autour de la poussière métallique à Limoilou)" aux Éditions Carte Blanche (2015). Une centaine de pages qui permettent de bien comprendre les enjeux sous cette poussière pas toujours rouge, mais toujours dangereuse pour la santé des gens qui y sont exposés, de par sa nature (composé surtout mais pas seulement de nickel) et de par sa quantité, nettement plus élevée que les normes acceptables.

Nous découvrons les différents épisodes d'un "combat" de David (les citoyens dans le collectif "L'Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec ou l'I.C.V.P.Q.)) contre Goliath (les autorités politiques et celles du Port de Québec). Impossible de rester insensible devant les stratégies classiques utilisées pour discréditer ce couple, pourtant fort sérieux et méthodique. Mais aussi, devant la bonne vieille méthode, encore efficace, celle de créer le doute. Une fois que la contamination du nickel est démontrée, le P.D.G. du Port qui répète à un animateur de radio que ce nickel pourrait venir de plusieurs autres sources, sans pouvoir ou vouloir, bien sûr, les identifier. Une technique bien éprouvée qui a eu ses succès avec le tabac et le sucre.

Enfin dans une seule salle du Cinéma Beaubien (une fois par jour en P), il est possible d'aller un peu plus loin avec le visionnement de "Bras de fer" de Jean-Laurence et Jonathan Seaborn. Nous pouvons suivre, du point de vue citoyen, les actions et les réflexions de Véronique Lalande et Louis Duchesne qui démontent, qui interpellent et qui entraînent de nombreux citoyens pour faire cesser les contaminations  de leur quartier par des métaux lourds. Fait qui sera éventuellement reconnu par tous, même par les responsables du Port du Québec, sans pour autant que cela change quelque chose.

                                                      Affiche du film tirée du site Cinoche.com

Difficile de ne pas être "outré" et frustré face aux comportements des autorités du port de Québec, des responsables de la Santé publique et des politiciens. De ce combat entre David contre Goliath, compte-tenu des moyens financiers, nous aimerions que le tout se termine bien, il en va de la santé de milliers de citoyens. Mais les impératifs économiques pèsent très lourds et la vie n'est pas un conte de fée. Il en reste qu'aujourd'hui l'histoire n'est pas finie, parce que devant les tribunaux, tout est tellement long !

Voilà un documentaire qui complète bien ce que je savais déjà en présentant fort bien l'humain, pour le meilleur et pour le pire, au centre des enjeux. Une oeuvre qui nous montre une détermination hors-norme de cette femme et de cet homme qui ne peut que susciter notre admiration. Moi, j'aimerais tant les rencontrer !

Au sortir de la conférence et de la lecture de son livre, j'étais resté un peu sur ma faim parce que Chantal Pouliot avait, de façon sage, gardé pour elle le nom des responsables de cette contamination et des politiciens impliqués. Le film, lui, par ses images d'archives publiques, permet d'identifier les responsables et de les entendre s'exprimer dans la plus belle langue de bois.




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