dimanche 24 février 2019

Sur mes pas en danse: Quand la lumière devient le pivot des mouvements.

Lorsque mes pas m'ont amené jusqu'à cette soirée de Tangente, je n'avais pas pris pleine conscience que cette soirée serait construit autrement. Soit, que c'est autour et sur de la lumière que les trois œuvres de la soirée seraient construites et non pas l'inverse, comme ma "petite" expérience de spectateur m'avait habitué. Et n'ayant pas assisté à "Lamelles" présenté à l'Usine C le printemps passé, le dispositif scénique tout lumineux de Cédric Delorme-Bouchard, je le découvrais pour ce programme triple de danse. Ainsi donc, le collectif Castel Blast (Guillaume Rémus, Olivia Sofia et Léo Loisel), Annie Gagnon et Camille Lacelle-Wilsey construirons leur oeuvre sur ce pivot lumineux et projeter leur présence chorégraphique et musicale.

Une fois tous les spectateurs en place et les lumières fermées, à l'inverse d'un orage, c'est le son qui nous parvient d'abord, tel un vrombissement lourd, semblant venir d'ailleurs comme l'installation lumineux, encore discret pour annoncer le début de "Dispositif 01" de Castel Blast ! Et puis arrive cette bande orange, par terre, à la texture "poilue", parallèle à nous qui se présente à nous. Et apparaît, ensuite, le corps nue de cette femme (Katia Lévesque) provenant du côté sombre, derrière cette bande. Jouant avec sa position dans la lumière, elle nous présente son corps riche de plis et de ses replis aux multiples et surprenantes apparences. Je pourrai dire qu'une fois dans ma vie, j'ai vu une illustration durant laquelle la lumière a sculpté un corps. Fascinant de découvrir comment la lumière s'associe à l'ombre pour ciseler, affiner et modeler ce corps présenté de différentes façons. Une vingtaine de minutes qui éclairent nos perceptions et nos perspectives sur ce corps.

Et puis, elle disparaît pour laisser la scène riche de sa présence passée et fertile de sa noirceur pour la suite, "Dispositif 02" de et avec Annie Gagnon. De cette chorégraphe, j'ai encore en tête, "La marche invisible" (en 2010) et surtout aussi "Rituel Géométrique" (il y a quelques mois) qui me montrait à ces occasions (et à d'autres aussi), comment la lumière peut nous amener dans un rituel intensément poétique qui me plaisait bien. Et bien, cette fois ci, la magie à encore fonctionné et de cette femme avec son prisme, riche de ses arêtes illuminés qui est le point de départ et le point d'arrivée de son chemin à travers les rayons lumineux sur cette scène parfois gorgée de fumée. Particulièrement bien réussis, ces moments durant lesquels, je confondais la provenance (de l'intérieur ou de l'extérieur) de la lumière sur certaines parties des arêtes de ce prisme. Et lorsque nous apparaît, ces billes de verres, tels des photons libérés et capturés, j'ai compris que c'est à un doux rituel de chasse d'une femme que j'avais eu la chance d'assister et que son arme "prismique" avait touché sa cible et la mienne. La poésie du moment prenait tout son sens et j'étais fort heureux d'y avoir trouver "mon" sens !

                                   Photo de Annie Gagnon par Vanessa Fortin tirée du Devoir

Une autre fois, un court moment, la noirceur reprend ses droit, pour laisser la place ensuite à "Dispositif 03" de Camille Lacelle-Wilsey avec d'abord aux gestes (Maude Ares, Charles Brecard, Alanna Kraajeveld et Nien Tzu Weng et ensuite à la musique (Ian Davies, Laura Heather Jeffery et Kaity Zozula). Le tout débute fort doucement pour évoluer vers un tableau chorégraphique qui pour moi à tout à une Bacchanale qui "explose", libérée de possibles contraintes et portée par des mouvements. Le tout appuyé par la musique fort "portante" qui tout à coup apparaît sur scène ! Pour ma part, si je suis dans un premier temps, quelque peu décontenancé par cette explosion, cette sensation d'exultation, "je m'éclate" que toutes et tous montrent sur scène, me contamine, me décoince et me fait finalement du bien.

De cette soirée "Carte blanche" avec une lumière qui sculptait d'abord, qui guidait ensuite et qui éblouissait enfin, j'en retiens qu'il est possible d'utiliser toute la gamme de ces composantes.à partir du même dispositif, s'exprimer fort différemment et porter les corps et nos esprits dans toute la gamme de son spectre.

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