Pendant que les différents artisans de la scène chorégraphique québécoise présentent leurs créations aux diffuseurs (à Parcours Danse) pour, je l'espère, être vus et appréciés par le plus grand nombre, l'Agora de la Danse nous proposait une fort belle proposition. "Bygones" de la Out Innerspace Dance Theatre (Tiffany Tregarthen et David Raymond). De cette compagnie, je me souviens encore de "Major Motion Picture", aussi présentée par l'Agora de la Danse, il y a deux ans et dont j'avais écrit sur ce site, "Mais aussi et surtout, l'impression de voir des choses inédites. Des façons de présenter, jamais vues pour moi jusqu'à maintenant."
De David Raymond
Il semble que je devrai me répéter pour cette proposition. Comme l'annonce le feuillet de la soirée, "Architecture spectrale, marionnettes et théâtre d'illusions créent un monde de pseudo-choses et de sois surnaturels existant dans les marges de la forme et de l'informe.", j'ai été, encore une fois, dans des territoires nouveaux. Cette fois, plutôt que de s'appuyer sur le cinéma, c'est sur le théâtre que les créateurs semblent avoir construit leur proposition.
C'est donc en navigant dans le réel, dans le surréel et aussi dans le surnaturel que j'ai observé les différents personnages, magnifiquement interprétés par Elya Grant, David Harvey, Renée Sigouin, Tiffany Tregarthen et David Raymond) et les objets aussi. Ces derniers semblant eux aussi dotés de vie autonome. Le tout débute avec ces êtres qui survolent la scène tout au fond et de cette femme qui s'éveille dans une autre dimension ou peut-être de l'autre côté du présent, soit dans le passé, imaginé ou imaginaire. Les différents tableaux nous en présentent différents moments qui tiennent du magique et du fantastique.
Si le tout fonctionne si bien, cela est dû, de ma perspective de spectateur, à la qualité et à la précision d'exécution des interprètes qui œuvrent dans les éclairages fort impressionnants (de James Proudfoot), du jamais vu pour moi ! Je suis impressionné par ces personnages qui se déplacent, par exemple, du côté sombre au côté éclairé de ces murs créés par les projecteurs, en apparence fort réels. Je suis mystifié par ces éclairages, tel des trous noirs, qui engloutissent en leur milieu les personnages. Il y a aussi ces couloirs lumineux qui se déplacent sur scène et que ces personnages suivent sans pouvoir en voir la fin.
D'autre part, je retiens aussi les différents tableaux avec ce parapluie qui entre les mains d'un homme, prend vie et s'ouvre et se ferme et qui "pulse" au rythme qu'il induit à notre cœur.
Le tout est fort bien appuyé par l'environnement sonore et musical qui rehausse le côté fantastique des tableaux. Et lorsque le côté magique s'estompe, il laisse place aux corps qui nous ramène fort habilement au moment présent et sa réalité. Au final, une très belle soirée qui nous amène à espérer que nous ne sommes qu'à une fine ligne entre le réel et l'imaginaire.
Aucun message portant le libellé David Raymond. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé David Raymond. Afficher tous les messages
vendredi 29 novembre 2019
dimanche 12 novembre 2017
Sur mes pas en danse:"Major Motion Picture", de la danse comme sur grand écran.
Moi, qui comme spectateur, me sent parfois un peu coupable de préférer la danse au cinéma, au théâtre ou à la chanson, la proposition de l'Agora de la danse "faisait baisser un peu la pression".
À l'affiche, "Major Motion Picture" de David Raymond et Tiffany Tregarthen dont le synopsis, présenté dans le programme, annonçait fort justement ce que j'ai vu, soit "Un cinéma conflictuel/le bien et le mal se dissolvent/nous jouons tous des rôles/les rebondissements émergent de la noirceur".
Photo de Michelle Doucette tirée du site du journal Le Devoir
Me voici donc bien assis première rangée pour voir cet amalgame danse-cinéma dans une salle fort bien pourvue de spectateurs en ce samedi après-midi. La lumière se fait discrète jusqu'à se faire absente, laissant toute la place à celle qui, au micro, nous invite à aller de l'avant pour notre satisfaction. S'en suit l'arrivée de personnages aux personnalités changeantes pour lesquels, il nous est impossible de tracer une ligne claire entre le bien et le mal, comme dans les romans de Raymond Chandler ou Jim Thompson (encore présents dans mes souvenirs de lecteur). Cette ligne floue et surtout très variable qui m'a permis, plus jeune, de "briser certaines de mes certitudes", je l'ai revue sur scène, rehaussée par le contrejour. D'autant plus que la caméra débusquait pour nous les imposteurs ou les "retourneurs de veste" dans les coulisses. De ces moments de danse fort éloquents, je les dois aux prestations toutes aussi éloquentes que brillantes des interprètes Peter Chu, Isak Enquist, Elya Grant, Emmanuelle LePhan, David Raymond, Renee Sigouin et Tiffany Tregarthen.
Mais aussi et surtout, l'impression de voir des choses inédites. Des façons de présenter, jamais vues pour moi jusqu'à maintenant. Ce personnage mystérieux et menaçant qui revient, habilement incarné par trois interprètes sous cette veste ou ce visage incarné par les gestes des interprètes. Dans cette pénombre ou dans ce contrejour, les gestes rayonnent et irradient la contradiction du bien et du mal. Les gestes captivent et moi, mon attention ne peut s'en échapper. Il y a aussi ces projecteurs et cette caméra qui tentent de nous débusquer, comme spectateurs, "Big brother in action" ou tous peuvent être coupables. Jusqu'à la fin de la présentation, dans un tableau fort percutant et touchant dans lequel cette interprète qui, avec ses jambes et ce veston omniprésent, incarne un face à face tout à fait crédible qui évolue de façon fort surprenante.
De cette oeuvre qui vient de loin (de Vancouver B.C.), elle me laissera une marque de "pas" profonde, mais surtout indélibile. Une oeuvre qui permet, selon moi, aux amateurs de danse ou de cinéma de retrouver sur scène de quoi les satisfaire.
À l'affiche, "Major Motion Picture" de David Raymond et Tiffany Tregarthen dont le synopsis, présenté dans le programme, annonçait fort justement ce que j'ai vu, soit "Un cinéma conflictuel/le bien et le mal se dissolvent/nous jouons tous des rôles/les rebondissements émergent de la noirceur".
Photo de Michelle Doucette tirée du site du journal Le Devoir
Me voici donc bien assis première rangée pour voir cet amalgame danse-cinéma dans une salle fort bien pourvue de spectateurs en ce samedi après-midi. La lumière se fait discrète jusqu'à se faire absente, laissant toute la place à celle qui, au micro, nous invite à aller de l'avant pour notre satisfaction. S'en suit l'arrivée de personnages aux personnalités changeantes pour lesquels, il nous est impossible de tracer une ligne claire entre le bien et le mal, comme dans les romans de Raymond Chandler ou Jim Thompson (encore présents dans mes souvenirs de lecteur). Cette ligne floue et surtout très variable qui m'a permis, plus jeune, de "briser certaines de mes certitudes", je l'ai revue sur scène, rehaussée par le contrejour. D'autant plus que la caméra débusquait pour nous les imposteurs ou les "retourneurs de veste" dans les coulisses. De ces moments de danse fort éloquents, je les dois aux prestations toutes aussi éloquentes que brillantes des interprètes Peter Chu, Isak Enquist, Elya Grant, Emmanuelle LePhan, David Raymond, Renee Sigouin et Tiffany Tregarthen.
Mais aussi et surtout, l'impression de voir des choses inédites. Des façons de présenter, jamais vues pour moi jusqu'à maintenant. Ce personnage mystérieux et menaçant qui revient, habilement incarné par trois interprètes sous cette veste ou ce visage incarné par les gestes des interprètes. Dans cette pénombre ou dans ce contrejour, les gestes rayonnent et irradient la contradiction du bien et du mal. Les gestes captivent et moi, mon attention ne peut s'en échapper. Il y a aussi ces projecteurs et cette caméra qui tentent de nous débusquer, comme spectateurs, "Big brother in action" ou tous peuvent être coupables. Jusqu'à la fin de la présentation, dans un tableau fort percutant et touchant dans lequel cette interprète qui, avec ses jambes et ce veston omniprésent, incarne un face à face tout à fait crédible qui évolue de façon fort surprenante.
De cette oeuvre qui vient de loin (de Vancouver B.C.), elle me laissera une marque de "pas" profonde, mais surtout indélibile. Une oeuvre qui permet, selon moi, aux amateurs de danse ou de cinéma de retrouver sur scène de quoi les satisfaire.
S'abonner à :
Messages (Atom)