dimanche 12 juin 2022

Sur mes premiers pas en danse au Fringe: "Corps commun", une poésie chorégraphique florale dévoilée là, tout juste devant moi !

 Même si pour cette édition du Fringe, mes pas ne seront pas aussi nombreux que je le souhaiterais, il en reste qu'il en aura et les premiers ont été vers le La Chapelle pour assister à "Corps Commun" de la compagnie Le Black Hole - art chorégraphique de et avec Virginie Desroches, Marie-Ève Dion et Claire Jeannot.

                                                                Tirée du site du Fringe

Bien installé dans mon siège en première rangée devant une scène toute vide, j'attends que les sièges trouvent preneurs et preneuses autour et derrière moi et parmi eux, il y aura de jeunes enfants. Ce qui me permettra de déterminer la réception d'un large public de ce que nous découvrirons. Et une fois le moment de débuter arrivé, les lumières se ferment et mes yeux se mettent aux aguets ! Avec la lumière du projecteur qui se met en action, je découvre cette femme, là juste devant moi. Mais de elle, je passe aux elles parce que derrière, je soupçonne d'abord et je découvre ensuite qu'il y en a deux autres. La superposition suivie d'un léger décalage est bien réussie. Peu à peu, les gestes se déploient, pour me présenter l'image d'une fleur qui éclot. Voilà une début qui promet !  La suite sera tout aussi poétique, intimiste et mystérieuse aussi ! Cette fleur qui éclot, le pollen est fort fertile sur cette scène ! Pour ma part, j'en retiens surtout les ondulations des bras et aussi les mots énoncés de l'une, dont "pivot", "cercle" qui dictent les mouvements des deux autres. 

Voilà une trentaine de minutes qui permet au spectateur que je suis de rester river aux gestes fort bien présentés et d'y trouver sa signification. Une proposition tout en sobriété, qui selon moi, mériterait d'être allongée et représentée dans un proche avenir. Et à l'écoute de commentaires entendus en sortant de la salle, je n'étais pas le seul à le penser ! Et les jeunes enfants auront été bien sages tout au long, ce qui est un signe de la qualité de ce qui a été présenté ! Donc, bravo et merci mesdames !

 

vendredi 10 juin 2022

Sur mes derniers pas au FTA, édition 2022: "M'appelle Mohamed Ali", une proposition qui a du punch !

En cette dernière journée du FTA, mes pas m'amènent jusqu'aux portes du Quat'sous sur l'avenue des Pins. S'y rendre a tout du parcours du combattant à cause des travaux tout aussi "interminables" qu'importants sur cette avenue et surtout devant ce théâtre. Il en reste que nous serons nombreux à franchir les obstacles et c'est une salle comble (qui sera comblée !) que "M'appelle Mohamed Ali" et sa distribution (Lyndz Dantiste, Fayolle Jean Jr., Anglesh Major, Maxime Mompérousse, Widemir Normil, Martin-David Peters, Rodley Pitt,  Franck Sylvestre, Tatiana Zinga Botao) investie la scène !

En entrée de jeu, nous découvrons un homme seul qui revêt le personnage de Mohamed Ali alias Cassius Marcellus Clay Jr, boxeur iconique. Ses paroles, en introduction, sont intenses malgré le ton calme qu'il adopte. Et puis nous arrive différentes incarnations de ce personnage. Il en résulte par la suite, d'une proposition qui a du punch, comme je l'entends sur scène "frapper si fort dans l'oeil du spectateur". Toujours ensemble sur scène, les différents interprètes se relaient la parole pour nous présenter différents aspects de la vie de cet homme. Des perspectives sur la boxe et de différents adversaires qu'il a eu, dont George Foreman, mais aussi, et moi cela m'a particulièrement touché, sur les raisons de son refus d'aller à la guerre au Vietnam. Sur cet aspect, la pièce, selon moi, insiste fort bien et, les "jabs" sur ce sujet portent !

Pendant plus d'une heure trente, je ressent ce que Tatiana Zinga Botao (metteure en scène avec Philippe Racine), indiquait dans une entrevue sur le site du FTA,  "Nous souhaitons aussi partager un autre constat, c’est que nos combats, ces combats que l’on vit au quotidien et dont il est question dans le texte, se transmettent malheureusement de génération en génération. On peut encore très bien s’identifier à Ali et à ses revendications, et faire nôtres celles d’Étienne, comédien africain.". 

Ce partage est fort, il me touche et il m'ébranle comme spectateur. Lorsqu'ils entament la longue litanie d'expressions qui débutent avec le mot qui commence en "n", je suis tenté de dire "I quit !" Mais abandonner, n'étant pas une possibilité, je suis resté là à encaisser les mots !

Voilà en fin de festival, une proposition, à l'image de sa programmation, qui "décoiffe" et qui ébranle. Action nécessaire pour nous garder ouvert aux réalités différentes aux nôtres (lire ici québécoise). Ouvert, mais aussi surtout réceptif, je serais tenté d'ajouter !

mercredi 8 juin 2022

Sur mes pas au FTA: Du théâtre documentaire qui porte fort avec "Laboratoire poison" et que j'ai "adoré" !

 Je dois l'avouer, ce billet (siège A1), je me le suis procuré très rapidement (lire ici sans lire le descriptif) ! Bon OK, ce n'était pas de la danse, mais il n'y a pas que cela dans la vie, hein Robert ! Les jours précédents la présentation et de m'y rendre, j'ai lu que j'aurais droit à du théâtre documentaire sur des enjeux fort complexes de notre monde. Quelque peu familier, mais surtout très intéressé avec cette forme théâtrale, j'étais fort heureux de ce reflexe (d'achat). Sans vouloir trahir quelques surprises de ce que j'ai pu découvrir pendant les presque trois heures de prestations, je peux affirmer que sous une apparente simplicité, Adeline Rosenstein et toute son équipe (Aminata Abdoulaye Hama, Marie Alié, Habib Ben Tanfous, Marie Devroux, Salim Djaferi, Thomas Durcudoy, Rémi Faure, El Bekkari, Titouan Quittot, Adeline Rosenstein, Talu, Audilia Batista, Jérémie Zagba), tout au long des trois tableaux, d'un épilogue et de quelques surprises ou digressions fort bien réussies m'ont captivé et ravi. 


Mais pas seulement captivé et ravi, instruit aussi ! Sur ces évènements historiques, plus ou moins récents dont certains se sont produits lorsque j'étais un projet d'avenir pour mes parents ! Comment jouer sur les mots et sur les images et aussi, comment utiliser la dualité du sens des mots. Adeline Rosenstein, (la metteuse en scène, comédienne et dramaturge suisse, établie à Bruxelles) indiquait dans une entrevue publiée dans Le Devoir, que son spectacle est très accessible. Sur cette affirmation, je serai partiellement d'accord avec elle. D'accord avec elle sur le fait que le tout reste fort accessible et surtout très instructif, dont les exemples du "canard-lapin" et du "coup de la bâche". Il en reste que la quantité d'informations et leurs complexités sur trois segments historiques (les partisans belges durant l’Occupation allemande, à la guerre d’Algérie et à la décolonisation du Congo belge) restent fort importants et demande une attention constante. Mais, soyez rassuré.e, si vous décrochez, vous ne resterez pas longtemps sur la touche, parce que rapidement, procédé théâtral fort habile à votre secours, vous serez récupéré pour la suite.

Pour ma part, j'en suis ressorti tout aussi satisfait qu'heureux ! "Laboratoire poison" est un autre bel exemple de ce que le FTA peut nous présenter pour nous ouvrir les yeux autant sur des réalités que sur des perspectives !


mardi 7 juin 2022

Sur mes pas en danse: Une rencontre pour aller de l'avant avec Esther Gaudette avec "DRIVE" !

 Guidé par la chorégraphe et interprète, Esther Gaudette, je me dirige en fin de soirée (lire ici pour 21h30) vers le nord de la ville ( La Cenne, boulevard St-Laurent) pour découvrir sa proposition, "DRIVE". Cette artiste, j'avais déjà vu plusieurs pas sur scène dans des créations de Daniel Léveillée et aussi sa présence tout intense dans "When the ice melts, will we drink the water ?" de Daina Ashbee. Cette fois, ce sont ses propres "pas" qu'elle me présentera et je suis bien curieux de les découvrir. Dire que cette femme a une forte présence sur scène, serait un euphémisme.

                                                            Affiche de la soirée

Arrivé "un peu" à l'avance, je suis fort bien accueilli. Peu à peu les gens arrivent et nous sommes invité.es à entrer dans le lieu de présentation dans lequel on retrouve des rangées de sièges sur trois côtés, sièges qui proviennent de la vieille version du théâtre de Quat'Sous, m'informe-t-on, mais qui sont encore très confortables. Le spectateur expérimenté que je suis se dirige vers le milieu de la première rangée face au fond de l'espace scénique. Décision dont je me féliciterai jusqu'à la fin de la présentation.

Le moment venu, nous apparait, tout au fond un personnage tout camouflé sous des vêtements et aussi et surtout sous un masque (comme celui des athlètes en escrime). Les premiers sont forts et brusques, annonciateurs d'une révolution intérieure à venir. Révolution libératrice, je suis tenté de penser en les découvrant. Et je ne me tromperai pas, cette femme évolue là juste devant et vers moi, se libérant d'un passé contraignant. Je crois même découvrir sa souffrance derrière ce masque lorsqu'elle avance en ma direction. Elle me donne toute la matière, fort bellement par ailleurs, pour y créer mon histoire, celle de la chenille et du papillon, plaisir fort apprécié du spectateur que je suis. 

Et puis ce que je découvre en deuxième partie de cette proposition, après une courte transition, c'est une femme métamorphosée, "richement habillée" qui s'exprime et de ces gestes j'en aurais pris encore et encore. Mais le tout se termine et moi, je remets mes pas en marche pour revenir à la maison, dans l'espoir de revoir cette oeuvre enrichie ou non, dans un proche futur, parce que "Drive" a du chemin à faire sur nos scènes. 

Sur mes pas au FTA: À la suite de ceux, toujours aussi troublants, de Lara Kramer avec "Them Voices" !

Lorsque j'ai consulté la programmation de l'édition actuelle du FTA, j'y ai trouvé une proposition qui résonnait de façon spéciale en moi, celle de Lara Kramer, "Them Voices" ! Dans sa présentation était écrit, "Née d’un spectacle présenté dans le jardin du Musée d’art contemporain de Montréal l’an dernier, la nouvelle version "intérieure" (les guillemets sont de moi !) de ce solo explore la relation entre le corps de l’artiste et sa mémoire, par le biais de la performance, la critique sociale et la notion de résistance culturelle." Et à cette "naissance", j'y étais et curieux d'en découvrir les pas suivants ! Voilà donc pourquoi, je me suis procuré mon billet pour me rendre à l'Espace Libre, lieu de ma première rencontre avec une de ces oeuvres "Native Girl Syndrome", il y a plus de six ans (ah, que le temps passe vite !).


Pour cette rencontre, nous entrons dans le lieu par la grande porte extérieure rue Fullum qui restera ouverte tout au long de ce qui suivra. Ce qui permettra de laisser entrer les effluves "extérieures" de tout autour en lien avec la présentation précédente. Et, ironie !, il y aura ce passant qui interviendra durant la prestation, question de pimenter la proposition d'une touche urbaine fort réaliste.

Pause

Mère Nature a de la suite dans les idées, parce que voyez-vous, l'an dernier dans le jardin, c'était frisquet. Cette fois, assis sur mon siège, une légère brise était bien présente et bien ressentie, moi qui avait une chemise à manche courte !

Fin de la pause

Me voilà donc bien assis au milieu de cette longue banquette de première rangée. Les gens trouvent place pendant que Lara Kramer effectue certaines tâches dans le coin gauche de l'espace scénique. Ce qu'elle fait, impossible de savoir puisque cachée derrière un sofa. Devant nous, une longue toile blanche qui semble recouvrir des objets, il y aussi dans cet espace tout en largeur, différents autres objets dont une margelle. 

Et puis arrive le moment de débuter, une fois dits les mots d'usage des deux co-directrices. Et ce que nous découvrirons par la suite ne peut laisser indifférent. Que ce soit par ces longs moments de silence durant lesquels, elle reste immobile ou par ses déplacements ou par ses actions ou par ses métamorphoses vestimentaires. 

Cette première fois où elle reste immobile, impossible, selon moi, de ne pas ressentir un certain malaise pendant que nous l'observons, à l'affût de ses moindres gestes, si petits soient-ils. Peut-on s'habituer à ces moments sans être interpeler ? Ma réponse est simple et c'est non. 

Ce qui me frappe aussi, tout au long, c'est que son visage est presque toujours caché par ses cheveux. Cet anonymat ne sera brisé qu'après un bon bout de temps, pour un court moment durant lequel, elle nous regarde dans les yeux avec une expression faciale frondeuse et interpellante. 

Il y a eu aussi ce tableau que je me souvenais fort bien, celui durant lequel, elle extirpe de sous la toile, ce sac de terre qu'elle éventre. Encore, cette fois, le moment me frappe fort et résonne en moi. Symbole, pour moi, de l'enfermement des sien.es, cette terre est libérée dans cet espace cimentée et métallique avec des lumières crues qui ont tout d'une symbolique urbaine.

Je pourrais continuer à décrire malhabilement tout ce que j'ai vu tout au long, mais, la seule façon de bien  comprendre, c'est d'y être. Le tout se termine de façon fort symbolique lorsqu'elle réussit à se faire un chez soi, sans un toit !

Encore une fois, pour moi, la "magie Lara Kramer" a agi et le passage du temps n'a pas eu de prise depuis la première fois avec ces "Them Voices". Cette femme a une présence irradiante, telle celle d'un corps noir, dont les radiations "mystérieuses" pénètrent en nous pour porter son message et, dans mon cas, me toucher tout au fond de moi !

vendredi 3 juin 2022

Sur mes pas au FTA: Retour sur une première semaine fort éclatée et éclatante.

En cette semaine presqu'estivale, j'avais quatre oeuvres à l'agenda pour mon FTA. Quatre propositions qui m'ont amené dans des univers singuliers, pas toujours faciles à suivre, mais qui ne m'ont jamais fait perdre mon intérêt.


Ça commencé au La Chapelle, avec "High Bed Lower Castle"  de et avec Ellen Furey et Malik Nashad Sharpe. J'étais averti, une phrase du programme résumait le tout, "Évacuez vos attentes, visez les projections". Dès le départ, deux êtres tout sombres, apparaissent dans le fond de la salle. De leur déplacements, j'y vois des traces que l'on fait, des traces que l'on ne fait pas, mais pour les uns ou les autres, que l'on suit. Le tout prend une tournure d'abord cérémonial et ensuite initiatique et lumineux lorsque ce coffre est ouvert. Les deux personnages évoluent, se métamorphosent en différentes incarnations que je suis attentivement. Ayant suivi scrupuleusement le conseil donné, les projections se sont faits en moi tout au long de ce conte moderne! Ce qui m'a permis d'avoir une autre belle soirée au FTA !

Ma deuxième soirée avec un programme double a débuté à l'Usine C pour assister à "Lavagem" de la chorégraphe brésilienne Alice Ripoll. Lorsque nous sommes invités à prendre place dans la salle, nous pourrons découvrir des sièges des quatre côtés de l'espace scénique. Il y a des chaudières rouges avec de l'eau. Serons nous à l'abri des éclaboussures si proches ? Cette réponse, je la garde pour moi, mais ce que je peux dire, c'est eau pas eau, les ondes de toutes natures se sont propagés allègrement dans ce qui allait suivre. 

Le moment arrive et les lumières s'éteignent pour laisser place à un grondement humain intense pour ensuite se traduire par l'apparition d'une toile bleue tout en boule qui contient les six interprètes qui nous apparaissent. La suite se présentent dans différents tableaux durant lesquels l'eau et les corps, tout comme la mousse produite font bon ménage. Le tout est présenté de façon fort ordonnée et méthodique, même si cela ne le parait pas tout le temps. Un tableau fort, selon moi, est celui durant lequel ces corps s'assemblent pour créer des structures humaines à travers lesquelles, s'insèrent et s'expulsent, sans friction un corps ou deux corps. Je suis fasciné de les voir dans une apparente improvisation, mais pour peu que l'on soit observateur, demande une rigueur d'exécution évidente. Une proposition audacieuse et surprenante qui m'a fait sortir de mes sentiers habituels comme le FTA peut le faire.

Dès la fin des applaudissements, mes pas me portent rapidement plusieurs rues plus loin, jusqu'au Wilder à la Salle Rouge pour découvrir la plus récente création de Catherine Gaudet, "Les jolies choses". En toute efficacité de déplacement, je me retrouve dans les premiers dans la file, merci chers pas ! Cette proposition, je l'anticipais, devrait être un de mes moments forts de cette édition du FTA et elle le fût ! Pourquoi , vous me demanderez, peut-être ? D'abord, cette chorégraphe que je suis depuis un bon bout de temps, j'en apprécie chaque proposition et aussi à cause des commentaires entendus qui  étaient fort positifs. En cette soirée de dernière, le début a tardé, le temps que ceux et celles qui étaient sur la liste d'attente, prennent place sur les sièges encore disponibles.

Et une fois le moment arrivé, émergent du noir, cinq êtres (Francis Ducharme, Caroline Gravel, James Phillips, Scott McCabe et Lauren Semeschuk) immobiles ! Et puis, nous apparait le mouvement subtil de l'une qui se propage aux autres. La suite a tout de moments métaphysiques, de la mécanique quantique qui sans sens apparent, intriguent et captivent. Pendant toute la durée de ce "périple", les corps me semblent comme déshumanisés. Il en reste que de leurs efforts incessants, nous serions presque convaincus qu'ils ne sont pas humains si ce n'était de la sueur qui apparait peu à peu sur leur maillot, bien visible de "mon" siège en première rangée.

De ces déplacements en apparence fort simples, il s'en dégage une énergie irradiante qui me captive. Le tout passe si vite que lorsque le tout se termine, il me faudra revenir "sur terre", pour laisser place à mes  applaudissements enthousiastes et bien mérités. Je me fais une promesse, cette oeuvre, je la reverrai !

Et comme dernière sortie de cette semaine, mes pas m'amènent dans un lieu peu familier pour y découvrir de la danse, soit la Salle polyvalente de l'UQAM, sur Sherbrooke, pour découvrir "Make Banana Cry" d'Andrew Tay et Stephen Thompson, accompagnés sur "scène" par Francesca Chudnoff, Hanako Hoshimi-Caines, Cynthia Koppe, Sehyoung Lee. Fidèle à mes habitudes, je serai un des premiers à entrer dans la salle, une fois que mes chaussures soient recouverts de "couvre-chaussures" tout aussi mauves que couvrants ! À mon entrée, je suis invité à visiter le lieu et les exhibits exposés, tout autour du "cat walk". C'est ce que je ferai, une fois "ma" place choisie. Une fois les sièges occupés et les mots d'accueil dits, les lumières s'éteignent. Et de cette obscurité, nous arrivent ces corps tout camouflés qui arriveront et partiront. Avec une intrigante évolution, ces corps anonymes se dévoilent peu à peu et nous révèlent une vaste gamme de diversité fort riche et irradiante. Comme il est possible de le lire sur le site du FTA Stephen Thompson indiquait que "Nous jouons consciemment sur l’idée que le public vient voir quelque chose d’exotique en renversant les attentes et les codes habituels." Et à voir ces personnages défiler et parfois même s'arrêter devant moi, je suis fasciné ! Et lorsqu'arrive le dernier tableau, riche de son presque immobilisme, après tant de mouvements, je suis quelque peu déstabilisé. Malgré tout, mes sens sont en éveil guettant les moindres déplacements de chacun.e sauf une, il me semble absente du tableau final et des applaudissements qui ont suivi. 

Lorsque mes pas me ramènent à la maison, je me fais le bilan de cette première semaine de FTA pour en arriver au constat que cela fait bien longtemps que je n'ai pas en si peu de temps passé dans autant d'univers si différents. Et le spectateur en est fort heureux et surtout, satisfait !

Sur mes pas en danse: Impressionné par "Les danses de mai Opus 22" des finissant.es de l'École de danse contemporaine de Montréal !

Il y avait pour moi, un plaisir incomparable lorsque j'étais enseignant, celui de voir mes étudiant.es qui finissaient leurs études pour aller de l'avant . Voilà donc pourquoi, la soirée avec les finissant.es de l'École de danse contemporaine de Montréal est un incontournable à chaque année. Après trois années de travail, années pas faciles en ces temps pandémiques, j'étais bien curieux de découvrir les prestations de la plus récente cohorte finissante. 

Je voudrais donc d'abord les féliciter individuellement du chemin parcouru dans ces conditions difficiles et de leur arrivée atteinte et réussie. Bravo donc à André Abat-Roy, Meihan Carrier-Brisson, Aliénor Chamoux, Chanel Cheiban, Maéva Cochin, Clémence Dignard, Nolwenn Duhaut, Mara Dupas, Anna Duverne, Aurélie Ann Figaro, Benjamin Harvey, Rony Joaquin Figueroa, Nûr Khatir, Marianne Lataillade, Alexandre Leblanc, Nils Levazeux, Carlos-Alexis Mendoza, Marianne Murphy, Isabelle Sue Pilette, Valentine Rousseau Jérôme Tremblay-Lanthier, Zoé Uliana et Jérôme Zerges. Merci aussi de ceux et celles qui les ont guidés tout au long.

Au programme de cette soirée, trois oeuvres fort différentes qui m'ont permis de découvrir le talent et la polyvalence de ces finissant.es.

Le tout débute avec "Éloge de la minute" de Louise Bédard. Une dizaine d'interprètes, habillé.es tout chic et de façon différente, se présentent à nous. En entrée de jeu, c'est leur individualité que me frappe d'abord et qui évolue vers une collectivité "ensemble", avec ces liens qui se font, qui se défont et qui se refont. Peu à peu, les souvenirs individuels tout symboliques en papier dorés ou argentés apparaissent graduellement sur le mur derrière. Je ressens les différents sentiments qu'ont pu avoir et vivre ces étudiant.es et puis arrive le moment de regarder en arrière pour aller de l'avant. Avec sa touche si reconnaissable, la chorégraphe nous propose une incursion dans ce passage à cette École de ces finissant.es juste avant d'aller vers leur avenir ! 

                                                

                                                 Crédit: Maxime Côté fournie par l'EDCM

Il s'en suit "Ce monde n'est pas fait pour nous" d'Alan Lake par l'autre "moitié" de la cohorte finissante. Je dois avouer que j'étais bien curieux de découvrir comment allait se décliner cette oeuvre compte-tenu que le chorégraphe utilise beaucoup la matière dans ses créations. Et dès les premiers moments du tableau d'ouverture, cette matière est utilisée. Moi j'y vois des images et des mouvements de métamorphose et de transformation, signature du chorégraphe. Et pour porter son propos, les interprètes le font de belle façon. Il s'en suit un deuxième tableau plus dansée, ouvrant vers une perspective plus positive. Et le tout se termine avec un troisième tableau, portant la signature d'Alan Lake, avec ses nombreux corps portés, ses corps agglutinés, dont ce tableau qui "frappe" dans lequel, ils ou elles semblent implorer la pitié. Et tout cela est fort bien exécuté. 

                                               Crédit: Maxime Côté fournie par l'EDCM

Et puis arrive l'entracte, le temps de prendre pour eux et pour nous une pause.

Et le tout reprend et se termine avec toute la cohorte finissante qui nous propose "Yellow Lemon" de Xian Martinez en collaboration avec les interprètes et l'accompagnement fort efficace, "on me l'a dit" d'Isabelle Poirier. Le tout se présente de façon fort festive avec toute cette gang habillée pour le bord de la plage. Nous avons droit au discours de l'un d'eux qui passe du côté lumineux de notre mode de vie à celui plus sombre. La vie est belle, avec une "feel good dance". Mais cette lune de miel, en mouvements lumineux, se transforme en l'imminence d'une catastrophe. Le propos chorégraphique est portée efficacement par la trame musicale. Et lorsque la fin (de l'oeuvre) approche, il y a celui qui déroule la ligne (du temps et des souvenirs personnels) devant nous et qui une fois dévoilé conclue cette proposition de façon nostalgique, sans être triste. Une proposition de groupe dans laquelle chacun.e a pu apporter sa touche personnelle, sur la "toile", jaune citron !

                                                    Crédit: Maxime Côté fournie par l'EDCM

Profitant de cette possibilité, le spectateur de première rangée que je suis  a pu, par la suite avec la webdiffusion proposée, profiter d'une perspective plus globale tout aussi intéressante et complémentaire de cette soirée J'en profite pour souligner cette initiative des responsables de l'École de danse contemporaine de Montréal qui permet d'ouvrir au plus grand nombre la présentation des pas sur la scène de ses fimissant.es.

Au final, une très belle soirée, qui augure un bel avenir sur nos scènes !