lundi 29 janvier 2018

Sur mes pas en danse: "Résistances Plurielles" qui n'ont rien de singulier !.

Pour sa première de la saison hiver 18, l'Agora de la Danse récidive en nous invitant à sortir des sentiers battus et à abattre nos habitudes de spectateur bien enracinées afin "renouveler l'expérience partagée avec le public." avec "Résistances plurielles". Après avoir participé au très différent "Family Dinner" l'an dernier (pour les intéressé(e)s, voici le lien pour mon texte sur ce "dîner": http://surlespasduspectateur.blogspot.ca/2017/03/sur-mes-pas-en-danse-un-family-dinner.html),
j'étais donc assez curieux de découvrir ce programme triple audacieux. Voici donc, mes observations et impressions suite aux différents pas que j'ai faits durant cette soirée.


Dès mon arrivée au Wilder, je suis invité à me rendre au Café pour attendre le moment de me diriger vers un stationnement souterrain pour découvrir "Icône Pop" de Mélanie Demers. Ce moment arrive et les spectateurs traversent la rue de Bleury pour se rendre dans un garage souterrain et non chauffé dans l'édifice en face. Nous prendrons place sur une des chaises installées en deux rangées face à face avec au milieu un corridor qui deviendra le lieu de présentation. À une extrémité, il y a un véhicule et à l'autre, si on observe bien, une image sainte sur un mur. À une extrémité de la série de chaises, il y a une console derrière laquelle se retrouve celle (Mykalle Bielinski) qui sera la source vocale de plus en plus affirmée de ce début de présentation et aussi la source musicale par la suite.

De là-bas (du véhicule), arrive "la vedette" (Mélanie Demers, irradiante !) avec sa robe glamour bleue, sa longue chaîne autour du cou et ses immenses lunettes fumées. Déjà on sent, dans le sens d'irradier, que cet "Icône Pop" carbure à la démesure, "Come to mama", proclame-t-elle. Il s'en suit une suite de tableaux, comme dans un chemin de croix !, durant lesquels, le personnage perd ses attributs vestimentaires "icôniques". La déchéance a beau être sur fond de rire, il ne fait que le rehausser. Se libérant de cette très longue chaîne au cou, elle semble pouvoir sortir de son cocon de respectabilité ou de popularité. Elle affirme sa démarche, elle s'affirme aussi en nous regardant, me regardant, oui, oui !, droit dans les yeux. Son chemin complété, elle ira rejoindre l'image sainte, maintenant éclairée tout au fond, avec comme attributs vestimentaires que ses sous-vêtements (dans un garage souterrain non chauffé en plein hiver) et recevoir les applaudissements du public habillé pour notre hiver sous zéro. Mélanie Demers, encore une fois, explore avec brio, les côtés sombres et contradictoires de la nature humaine, rehaussés par le côté sinistre du lieu de présentation, un stationnement souterrain glauque.

Le tout terminé, retour au café du Wilder et passage par le vestiaire, juste à côté, pour nous libérer de notre fardeau vestimentaire. Nous sommes invités à nous diriger tout en haut dans une salle de création. Mes bottes d'hiver enlevées qui ne cachent pas de trous dans mes bas (ouf!!!), je prend place dans la salle dans laquelle les interprètes (Sylvain Lafortune, Bernard Martin, Brice Noeser et Peter Trosztmer) sont déjà présents. Une fois tous les spectateurs entrés, les rideaux se referment et  "Instant Community" de Peter Quanz et Montréal Danse débute. Les tablettes électroniques illuminées qui sont au milieu de la place attirent mon attention et celui des spectateurs aussi. Certains en prennent un et autour d'eux s'agglutinnent pour découvrir les images ou les vidéos de la nature (oiseau, feuilles vertes, caméléon, entres autres). Et tout à coup, les interprètes récupèrent les objets pour les placer et les déplacer et nous, spectateurs, tentons de trouver la place à prendre. Et à ce jeu, je peine au début, mais, peu à peu, j'arrive à trouver mes repères et surtout ma place. Il s'en suit une série de tableaux fort habiles dans la présentation des corps en mouvements projetés sur les murs. Les corps sont transformés déformés, découpés, démultipliés par ces instruments électroniques utilisés de façon fort intelligentes et habiles. Mon tablerau préféré en celui dans lequel un homme avec deux caméras, une dans chaque main, présente sur le mur derrière, une image de lui qui bouge et l'autre immobile.Cette réflexion sur notre perspective de ce qu'on nous présente se termine autour d'un feu de camp électronique avec les croustilles et autres aliments de gourmandise. Les applaudissements mérités éteignent ce feu et annoncent le déplacement à venir.

Retour au Café, avant de prendre place dans la grande salle dans laquelle, nous trouvons coussins et tabourets dispersés au milieu de la salle. Les interprètes (George Stamos, Stacy Désilier, Elinor Fueter, Geronimo Inutiq, Jean-Benoit Labrecque, Chi Long et Mark Sawh Medrano) sont déjà dans la place et saluent les spectateurs qui entrent. Une fois tous les gens installés, George Stamos (le chorégraphe de l'oeuvre, "Recurrent Measures") nous présente l'essence de l'oeuvre, la résistance par la persistance. Et débute une suite de moments durant lesquels les interprètes, seuls, tournent sur des disques tournants proche sur les murs. Il me faudra un certain temps pour me laisser aller aux mouvements de rotation et surtout aux sons de ces disques, mais une fois cela fait, j'y prends un grand plaisir. Les états musicaux se modifient, les mouvements se font aussi regroupés, se déplacent au milieu de la place et entraînent parfois des spectateurs dans leur sillon. Une oeuvre qui n'a rien de spectaculaire, mais qui captive.

Trois oeuvres intéressantes et pertinentes qui nous éloignent des façons habituelles de présenter avec des propos chorégraphiques inhabituels sur le message envoyé et celui perçu. Une soirée qui nous permet de se requestionner sur notre position de spectateur face aux mouvements déployés et leurs significations. Je ressors fort satisfait de ces excursions chorégraphiques hors des sentiers balisés qui m'ont permis de renouveler mon expérience de spectateur et surtout d'y trouver de nouvelles perspectives.



mardi 23 janvier 2018

Sur mes pas en vidéodanse: "Proximité et intimité" sous l'oeil de la vidéo

Ma première sortie danse en salle est à venir, mais dans l'agenda en ce début d'année, il y a une première proposition colorée danse fort invitante. Elle s'est présentée sous la forme d'une invitation à découvrir au Circuit-Est centre chorégraphique le résultat d'une semaine d'atelier vidéodanse qui a eu lieu l'automne dernier au même endroit. Sur le thème, "Proximité et intimité", Yari Stilo, Bettina Szabo et Isabela Cardoso en ont exploré, en mouvements, différentes facettes. L'atelier a été dirigé Priscilla Guy et Camille Auburtin. 

                                            Photo de Rachel Germain

Déjà le titre, pour le spectateur "première rangée" que je suis, avait de quoi attirer mon attention. La perspective "proche" et qui, parfois, se décline avec une installation ou une rencontre très proche se présentait, cette fois à travers l'objectif d'une caméra. Et la caméra était ici une participante de l'oeuvre, plutôt qu'une observatrice. Et voilà pourquoi !

Après la présentation de Priscilla Guy sur l'objectif de cette atelier et son caractère "intime" avec ses cinq participants d'origines différentes (italien, uruguayenne, brésilienne, québécoise et française) et des différentes parties qui nous seront présentées, les lumières se font discrètes et l'objectif de la caméra dévoile les différentes parties de cette semaine d'exploration "danse-mouvement". 

La première partie se présente sous la forme d'une série de clichés, captant de proche les participants en pleine action. Déjà "Proximité et intimité" se dévoile à nous. S'en suit un exercice fort intéressant, durant lequel les trois artistes se disputaient la place, devant l'objectif, pour se "faire voir". Si on oublie les spectateurs éventuels, la caméra est un personnage fort important sur la motivation des gestes et cette sensation de partage d'attention se ressentent fort bien de notre place, première rangée ou non.

De la prochaine partie durant laquelle, les trois doivent "s'autocapter" en images avec leur cellulaire, trois jours consécutifs dans leur intimité, j'en retiens surtout celle de Bettina Szabo dans sa salle de bain avec des perspectives fort surprenantes et pas indécentes, soyez rassuré !

Enfin, le tout se poursuit par trois vidéo, un de chaque participant, qui chacun à sa façon, nous dévoile un aspect de leur intimité. Pour cette partie, le vidéo de Yari Stilo m'a particulièrement plu. Alternant proximité et éloignement, perspective nette de sa langue et floue de son corps, il fait réfléchir sur la perspective face à l'autre dans nos relations humaines. 

Le tout se termine par une séance de questions-réponses, condamnée à l'avance à ne pas rendre justice à leur semaine d'exploration du thème. Il en reste que de ces mots sincères, mais imparfaits, nous pouvons aisément ressentir que, de cette rencontre, les participants en sont revenus transformés. Et, selon elles (Bettina Szabo et Isabela Cardoso), l'oeil de la caméra et leurs guides y sont pour beaucoup.

Porter la réflexion sur le mouvement et ses motivations jusqu'aux spectateurs par l'intermédiaire d'une caméra peut s'avérer fort intéressant pour les spectateurs de danse. Cette projection publique de "Proximité et intimité" en est un bel exemple. 

Pour ceux et celles qui seraient tentés de découvrir "gratis" des séances de vidéodanse par Priscilla Guy qui "propose une sélection de courts-métrages de cinédanse consacrée à l’interaction entre corps et caméras à l’ère du numérique et de la multiplication des écrans dans notre quotidien", voilà quelques occasions que vous trouverez sur le lien suivant: http://www.accesculture.com/activite/Regards_Hybrides_en_tournee___entre_danse_et_cinema__corps_et_camera


samedi 20 janvier 2018

Sur mes pas en danse: Bien accueilli chez Claudia ChanTak

Pour cette avant-première, "Bienvenue chez moi, petite Malgache-Chinoise" chez Tangente, j'étais invité et fort heureux de l'être. Parce que dans ce qui m'allait être présenté, j'en avais vu les premiers pas au département de danse de l'UQAM pour la présentation de son mémoire de maîtrise. Par la suite, j'étais présent pour la version enrichie au MAI, il y a un peu plus d'un an. Cette version était enrichie dans l'espace scénique, mais surtout dans les propos par son retour dans les lieux de ses origines chinoises. Avec ces deux présentations, elle nous permettait de mieux comprendre ce qu'elle est devenue. Elle nous montrait aussi sa capacité à illustrer en images, en gestes et en propos l'importance de ses origines. De cette artiste multi-disciplinaire, donc, dont je suis les oeuvres depuis beaucoup plus longtemps et qui m'impressionne par sa capacité à me montrer, pas question de rater son dernier opus. Et le plaisir a été à la hauteur de mes attentes.

Depuis la première présentation, la présentation de son "univers" personnel et familiale s'est enrichie et c'est dans la salle Dena Davida, qu'elle nous propose une perspective "fort riche" qui remplit toute la place. S'il est difficile de rendre compte avec justice de tout ce que nous pouvons y découvrir et du travail nécessaire que y arriver, il est encore plus difficile de ne pas tenter de le faire. En voilà donc quelques éléments qui pourraient vous dire pourquoi, "zut !", je l'ai raté, parce que deux jours de présentation, ce n'est pas très long. Voici donc mon compte-rendu, bien partiel de mon petit tour du "propriétaire".

 À notre entrée dans la salle, les clichés (gracieuseté de Vanessa Fortin, Anne-Flore de Rochambeau et David Wong) sur les dix jours de l'installation de l'oeuvre et qui permettent de prendre conscience de l'ampleur de la tâche. Parce que Claudia pourrait reprendre à son compte la phrase d'Elvis Gratton, "Think big", parce que la place regorge de son univers. Univers riche de sa visite en Chine avec vidéo sur petit écran (devant ses petits chiens mécaniques bien sages et attentifs) et, juste à côté, sur grand écran aussi. À l'opposé, une série de photos commentées qui rendent compte de sa visite en Chine, de Pékin à Pékin, en passant par Chengdu et Foshan, nous permettant de suivre ses pas à la découverte des couleurs d'antan et plus futuristes de la Chine d'aujourd'hui, que je ne verrai jamais par moi même. Il sera possible aussi de découvrir son intérêt pour le panda qui se traduit par la présence fort nombreuse dans un "coin" de la salle (près de 300 représentations faites par elle). Pas trop loin, un certificat d'une adoption d'un panda qui me semble celui "très" officiel. Ses origines se traduisent aussi par des enveloppes "rouges chine", souvenirs de son enfance. Il y aura aussi la présence de Kitty, cette chatte fort présente dans son parcours artistique et qui semble venir de là-bas. Impossible de ne pas mentionner ce coin de lanternes, toujours plus riche en nombre dans lequel, il est possible de prendre place dans des coussins fort invitants et de découvrir la perspective zen qui va tout en haut. Ce que j'ai fait, en bonne compagnie.

Trop de choses à voir et à décrire. Trop de choses pour pouvoir rendre justice. Juste un monde, le sien, celui de Claudia Chan Tak, qu'il faut découvrir pour en apprécier la beauté et l'intimité. Il y aura aussi la prestation dansée d'une douzaine de minutes qui s'apprécie autant sur cette petite scène au milieu que sur sa projection sur l'écran derrière. Je pourrais ajouter tellement plus, mais les mots limitent la portée des impressions ressenties. par conséquent, je m'arrête ici.

Je suis devenu un aficionado de cette artiste multi-disciplinaire hyperactive (qualificatif qui est de moi !) et cette rencontre artistique me confirme pourquoi.

                                         Photo de Nans Bortuzzo

mardi 9 janvier 2018

Sur mes pas "Wildside" de spectateur: "Tragic Queens" troublant

L'année débute, et le festival Wildside me propose une programmation qui me semble un peu moins sage, un peu plus "Wild" que les dernières années. À preuve, le théâtre Centaur met à l'affiche "Idiot" de Helen Simard qui a tout de la chorégraphie qui décoiffe et que je reverrai au même endroit. Une autre oeuvre a attiré mon attention et voilà donc pourquoi un dimanche soir froid et enneigé, mes pas m'amènent à la rencontre de "Tragic Queens" de Rhiannon Collett (Cabal Theater). Une oeuvre sur les univers féminins brillamment et intensément portés par trois interprètes, Jillian Harris, Meagan Schroeder et Alex Petrachuk. Si comme moi, les univers féminins vous fascinent, les différents tableaux vous entraîneront dans les relations troubles et complexes de trois femmes de leur adolescence jusqu'à leur âge avancé. Nous serons témoins, en direct ou sur grand écran, de leurs jeux innocents et d'autres beaucoup moins. Les épisodes s'enchaînent avec doigté et ces femmes nous captivent par leurs gestes et leurs propos. Les périls, (complicité, mise à l'écart et trahison) de la vie d'un trio féminin nous apparaissent rehaussés. L'utilisation d'une caméra pour nous présenter certains s'avère fort pertinent. Nous aurons droit aussi à de courts moments de danse fort éloquents.

                                         Photo de Laurence Philomène

Le destin de ces "Tragic Queens" nous présente touche, nous émeut et éveille en nous une diversité de sentiments face à ce que les femmes, en général, peuvent vivre. Si en plus, nous le mettons dans le contexte actuel, les artisans et les responsables de la programmation de ce festival ont su viser juste avec cette oeuvre moderne.

mardi 19 décembre 2017

Retour sur mes pas en danse de cette dernière saison: mon palmarès et un peu plus

Depuis que le mercure commence à entreprendre sa descente, cet automne, mes pas m'ont amené à la découverte d'une quarantaine de propositions chorégraphiques. Quelques unes m'ont laissé quelque peu dubitatif, mais aucune, indifférent. Maintenant que la fin de l'année s'annonce, voici le moment de vous proposer les oeuvres qui ont laissé dans ma mémoire les plus belles et les plus profondes impressions. Je ferai ce difficile exercice, mais en permettant de lui ajouter un complément de mentions. Qu'il peut être difficile de choisir !

En cinquième position, "La vie attend" de David Albert-Toht et Emily Gualtieri, sur laquelle j'avais écrit, "Une oeuvre sur les hommes, avec la touche féminine d'Emily Gualtieri qui présente avec verbes hauts et gestes convaincants, comment les hommes peuvent avoir des personnalités "tout azimuth". Oeuvre aussi qui peut rejoindre le plus grand nombre, à preuve, les chaleureux applaudissements de la fin et les commentaires positifs entendus à la sortie de la salle."

En quatrième position, "Quelque chose de sauvage" des étudiant(e)s du département de danse de l'UQAM sous la direction de Mélanie Demers, assistée d'Anne-Marie Jourdenais. Une oeuvre audacieuse, dans laquelle la chorégraphe a demandé, avec succès, à ces jeunes de porter des symboles "forts" et qui en plus, ont réussi à se les approprier brillamment ! Nous avons eu droit à de la danse, mais surtout à de la présence sur scène!

En troisième position, "Plomb", revisitée, de Virginie Brunelle. Une oeuvre percutante, de laquelle j'avais écrit, et je persiste, "Au final, "Plomb" irradie comme un corps noir soumis à la haute tension des relations humaines pour lesquel les tableaux présentent tout le spectre des excès de notre nature." À quand le retour chez un grand diffuseur, pour plus qu'une soirée ?

En deuxième position, "Serpentine" de Daina Ashbee, une oeuvre particulière, exigente, constituée de trois boucles, presqu'identiques, d'une trentaine de minutes du "chemin de croix" d'une femme. Si bon nombre de spectateurs ont quitté après la première répétition et la deuxième, ceux et celles comme moi qui ont persisté jusqu'à la fin, ont pu découvrir la "sédimentation de nos couches d'inconfort que seule la répétition peut amener." Je dois concéder que c'est une de mes chorégraphe chouchou, mais elle le doit à sa façon de me rejoindre qui a encore une fois bien réussi.

Enfin, en première position, "Ori ou les chambres du coeur" de Sarah Dell'Ava qui m'a transporté, au propre comme au figuré. Assis en périphérie de l'oeuvre, la vingtaine d'interprètes (amateurs et professionnels), danseurs et musiciens, m'ont captivé par leur pulsation commune d'abord, pour ensuite "exploser" et essaimer, dans lequel il y a le mot aimer, tout autour, pour ensuite, nous entraîner dans un unisson libérateur "qui nous montre la direction vers laquelle notre monde devrait aller." Le grand moment humain de ma saison danse.

Avant de conclure, je m'en voudrais de ne pas décerner des mentions spéciales pour les oeuvres suivantes.

"Would" de Mélanie Demers, autant par force du propos que par la qualité de l'interprétation de interprète Kate Holden et Marc Boivin qui portent l'oeuvre.

"Some hope for the bastards" de Frédérick Gravel. Parce qu'un Gravel, impossible d'y rester indifférent et de ne pas applaudir chaudement.

"Mécaniques nocturnes" d'Anne Plamondon qui nous a entraîné à sa suite dans un univers sombre, fort éloquent de gestes.

"Grand Finale" de Hofesh Shechter qui nous présente une grande oeuvre sur fond de guerre, avec un horizon coloré d'espoir.

Enfin, "Jérôme Bosch: Le jardin des délices" de Marie Chouinard, parce qu'il faut qu'être dans la salle pour apprécier toute nouvelle proposition de l'univers de cette chorégraphe hors-norme.

Et en complément de bilan, un petit mot sur "Dance Me" de la compagnie BJM - Les Ballets Jazz de Montréal qui m'a plu avec, néanmoins, un petit arrière goût. Mais tout cela n'est rien comparé à la scission entre les amateurs aux commentaires dithyrambiques et ceux des critiques "pas mal plus tièdes", sinon froids ! Voilà là un phénomène bien intéressant, que cette réaction opposée, mais qui peut s'expliquer par nos attentes lorsque nos pas nous portent dans une salle.

Au final, une autre saison danse fort bien réussie avec des oeuvres de tout horizon qui permet à mes pas et à ma tête d'y trouver son compte.

vendredi 15 décembre 2017

Sur mes pas en danse: "Quelque chose de sauvage" mais aussi de très prometteur

En cette fin de saison automnale, mes pas m'ont porté jusqu'au 840 rue Cherrier, au Pavillon de danse de l'UQAM pour assister à la présentation de "Quelque chose de sauvage" de la belle "gang" du département de danse de l'UQAM sous la direction de Mélanie Demers, assistée d'Anne-Marie Jourdenais. Il suffit de voir l'affiche promotionnelle pour imaginer que les vingt-trois interprètes s'investiront. D'autant plus que les créations de Mélanie Demers demandent une présence physique forte et pas seulement de la danse. J'ai encore en tête les performances de Marc Boivin dans "Would" et il y a un peu plus longtemps, de Jacques Poulin-Denis dans "Junkyard/Paradise" et dans lesquelles la réussite, du rendu s'appuie sur leur présence "totale" !

                                                         Photo de Andréanne Ménard

"Vérité de La Palice", accepter d'investir une oeuvre de Mélanie Demers, doit se faire "corps et âme" et sans vouloir couper court, je peux déjà facilement affirmer que "c'est mission accomplie" ! Mais, laissez moi vous indiquer comment, Maude Archambault-Wakil, Estel Belval, Rachel Carignan, Penélope Desjardins, Ophélie Dubois, Catherine Dumais, Leslie Faure, Marie Fulconis, Victoria Juillet, Florence Lacroix, Élie Mainville, Léa Noblet Di-Ziranaldi, Isabelle Pin, Adam Provencher, Alexia Quintin, Lian Rodgers, Olivier Rousseau, Virginie Thivierge, DesNeiges Thomas-Groulx, Alexis Trépanier, Kali Trudel, Alex Vaudrin Demers et Giverny Welsch y sont arrivées. (oui, oui, je sais, arrivées avec pas de (e), mais avec autant d'interprètes féminines, moi je décide que oui !).

À notre entrée dans la salle, la première rangée, "ma" première rangée" !, était déjà occupée par les interprètes. Pas grave, je prends place juste derrière. Devant moi, la scène est toute vide, mais les gradins, eux, bien remplis. Nous avions eu les consignes d'usage avant notre entrée dans la salle, mais, malgré tout, il sont reprises par lui (Olivier Rousseau), habillé en "elle", en robe donc, qui a su lire dans nos têtes en nous demandant si nous avions trouvé dans la foule un visage familier. Pour ma part, la réponse est négative, mais de ma rangée, la vue est assez limitée. De cette entrée, difficile de ne pas y voir la signature de la chorégraphe qui sait être interpellante.

Vient vite par la suite, l'arrivée de tous les interprètes sur la scène, juste devant moi et avec le regard droit sur nous, tout déterminé. Déjà, dans leur regard, fort, il y a "Quelque chose de sauvage" ! Et dans leurs vêtements, toute la différence de cette individualité, différence qui se remarque, aussi, dans leurs bas qui me semblent tous différents aussi !

Par la suite, le mouvement prend place, s'immisce dans le lieu et devant nos yeux, la métamorphose s'effectue. Métamorphose dans le sens de mue, puisque les manteaux s'échappent des corps ou est-ce l'inverse ? Un constat s'impose, la nature individuelle et "sauvage" prend sa place et c'est là, juste devant nous. L'atmosphère sonore devient de plus en plus lourde et nous assistons à la convergence des corps délestés de sa gangue pour nous permettre d'en découvrir la valeur, la grande valeur.

S'en suit un magma, dans lequel l'organisation peut mystifier, mais qui éblouiera par son explosion. Mais quand même, la fatalité laisse sa trace et moi, je pense.

Il s'en suit aussi des tableaux, dans lesquels, il y a elle qui nous dit "Dieu merci, ce n'est pas moi ..." ou l'autre qui rejette en mots les jugements avoués ou non que nous pourrions avoir, avec cette teinte de "Quelque chose de sauvage". Elles ou ils, tout juste devant moi, sont convaincant(e)s, me troublent et me font perdre mes repères.

Et encore, ils se regroupent. Et de ce groupe, j'en vois et j'en ressens les soubresauts, juste avant le déferlement des vagues. Et quand ce groupe se dissout dans le lieu, il ne laisse devant moi, que lui, de son regard bien présent et que elle, de son regard absent, dans le tableau final empreint d'une juste dose de sauvage et d'intime. Et moi, imaginant la fin, je suis déjoué, mais heureux qu'ils m'aient amené ailleurs pour conclure.

De cette sortie danse, à la rencontre de la relève, j'en retiens que si la proposition chorégraphique a du sens, du sens "sauvage", il y a une relève pour la porter bien haut et pour cela merci, de mon salut bien bas.

mardi 12 décembre 2017

Sur mes pas en danse: Un "Would" fort percutant !

Encore une fois cette saison, mes pas m'amènent vers la présentation d'une oeuvre que j'avais ratée lors de sa première présentation, ("Les Dieux de la danse" sont avec moi !!!!) soit "Would" de Mélanie Demers avec sur scène avec toute leur présence, Kate Holden et Marc Boivin.

Pour tenter de bien transmettre ce que la salle "full" remplie en ce lundi, première soirée de reprise, (merci Théâtre La Chapelle !!!), a pu découvrir, mes mots sont de piètres alliés. De piètres alliés pour le spectateur, mais tout à l'inverse pour Marc Boivin, avec ses grosses lunettes noires, qui nous attend calmement, assis par terre, à notre entrée dans la salle. Cette présence ne semble pas attirer l'attention en entrée de jeu, avec ces conversations fort présentes tout autour de moi. Mais le temps passe, le niveau sonore diminue et moi, je ne trouve pas mon crayon pour noter !!! Le temps passe encore et la salle devient toute silencieuse, sans que les lumières ne diminuent, pendant que j'implore ma mémoire de me rester fidèle pour conserver l'essence de ce que je verrai ou de ce que je vivrai.

                                          Photo de Jeremy Mimnagh tirée du site du Théâtre La Chapelle

Ça y est, les lumières s'éteignent et tous les regards sont dirigés vers l'interprète qui nous interpelle avec un long et interpellant diatribe utilisant une panoplie de phrases débutant par "Ça serait ..." Moi, de ces phrases, je n'en retiens peu de mots, mais de l'intensité de celui qui les émet, j'en suis encore fort impressionné. Moi, qui a encore en tête la sensation des mots d'ouverture de "La vie attend" de ce même interprète, de celui par qui "le verbe arrive", dixit, fort justement, le feuillet de la soirée. Oh, que je voudrais tellement pouvoir relire et ressasser ces mots, denses, dont la poésie percutent comme un jab dans ma tête, mais qui s'évaporent trop vite. Puis, de l'ombre, viendra elle, doucement et en silence avec ses feuilles pour écrire vite et arracher la feuille qui cédera sa place à l'autre. Les mots se disent par lui ou s'écrivent par elle, mais, "for sure", pour la suite, "I would be there" !

Et pour la suite, effectivement, les mouvements prennent place, tout aussi éloquents dans ce duo qui a tout de la matière et de l'antimatière, de l'intensité de l'un et du calme de l'autre. de ces forces tout en opposition. Si le verbe énonce, les gestes expliquent, avec autant d'à propos que de conviction. Et pour conclure, je me permets de citer les mots de Frédérique Doyon (dans Le Devoir du 9 avril 2015), "Petit bijou loufoque, Would, de Mélanie Demers, se situe à l’intersection de ces prospectives diamétralement opposées qui résument si bien l’humain, ses désirs infinis, comme ses peurs." et dans cet humain confronté dans ses oppositions, je m'y suis fort bien retrouvé.