jeudi 30 mars 2023

Sur mes pas en danse: Une proposition fort intéressante qui me parle et toute aussi bien interprétée par la gang de 2e année du Baccalauréat en danse de l’UQAM !

Signe que le printemps est à nos portes, oui, oui !!!, les propositions de fin d'année de nos institutions supérieures de danse de Montréal sont arrivées. Et pour ce faire, ce sont les personnes étudiantes de 2e année du BAC en danse de l'UQAM qui "ouvrent le bal" ! Voilà donc pourquoi, sous une fine pluie, mes pas m'amènent, une fois de plus, jusqu'au 840 Cherrier pour gravir le grand escalier en attente de découvrir "Things We Are Already Doing 1_C" qui sera interprétée par Juliette Beaudoin, Anaïs Bonneau, Charlotte Bruchet, Bianka Charron-Latour, Naomie Charette, Antonin Desmarais, Jessica D’Orazi, Marie Lamothe-Simon, Audréanne Léger, Raphaëlle Morin, Tayna Romain, Catrine Rouleau, Lou-Anne Rousseau et Audrey Roy. 

                    Affiche de la soirée tirée du site du Département de danse de l'UQAM

Pause

Je m'en confesse, avant d'entrer en salle, le nom du ou de la chorégraphe, je ne l'avais pas cherché, malgré que le titre aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Il en reste que tout au long de la présentation, j'ai reconnu une signature chorégraphique, mais de qui !!!! Et avec un titre semblable, lorsque les salutations de fin de présentation ont eu lieu et que Andrew Turner est venu sur scène, tout s'est éclairé !

Fin de la pause

À mon arrivée en salle, je prends place sur "mon" siège en première rangée, mais rapidement, tous ceux et celles qui avaient fait comme moi, sont invité.es à se "replier" à au moins la deuxième rangée. Heureusement le siège derrière est libre et enjambant fort maladroitement le siège, je me retrouve bien en place pour découvrir la suite. 

Devant moi, il et elles sont là comme si on entrait dans une salle de répétition avec les vêtements d'occasion et aussi leur bouteille d'eau sur les côtés. Et puis, une fois la salle remplie de spectateurs, avec les différents interprètes qui sont en position d'attente de part et d'autres de l'espace scénique, il y a une subtil signe de début, suivi du calme.et de l'attente "attentive" de ce qui suivra ! Et puis, l'une d'elle prend place au milieu et capte notre attention, avec ses gestes et ses déplacements. Elle performera seule, face à nous, pendant un certain temps (lire ici quelques minutes), jusqu'à ce qu'elle soit rejointe par une autre, puis une troisième et finalement graduellement par tout le groupe. Durant tous ces moments et ceux qui suivront aussi, ce sont les mouvements des bras et les ondulations du corps qui me captivent. Malgré leur visage tout stoïque, les corps sont fort expressifs et proposent des formes graphiques fort esthétiques sur scène, là devant moi ! La poésie de ce que je voie a une couleur philosophique propre au chorégraphe, qui m'amène dans une interprétation toute personnelle sur ce qui peux se passer dans ma tête. Lorsqu'une idée se forme, en amène une autre et une autre qui toutes ensemble se bousculent ou s'organisent dans une valse, jusqu'au ce qui souvent s'en suit. Et comme mes idées, il et elles retournent en position d'attente sur les bords de l'espace scénique pour se préparer à ce qui sera pour moi la deuxième partie de l'oeuvre.

À leur "retour en action", la majorité, sinon tous, ont revêtu un chandail avec un capuchon sur la tête. Et ce que je découvre là devant moi est leur éveil graduel ! Comme si la première partie était leur préparation à leur vie professionnelle et que ce que je découvre maintenant est leur entrée. Une entrée durant laquelle, les capuchons tombent graduellement, signe de leur préparation personnelle à aller de l'avant ! De leurs mouvements lents et de leurs déplacements, sur fond de moments difficiles à venir, elles ont le regard fort affirmé de ce qu'elles et il font déjà pour s'y préparer, empreint de complicité. Le tout est appuyé par ces regards dirigés vers nous, dont par l'une d'elle juste devant moi, vers moi ? Et en toute fin, ce que je découvre est fait de mouvements d'espoir. 

Au final, une oeuvre toute philosophique avec un propos fort riche et poétique, portée par les mouvements (dont ceux des bras que j'ai particulièrement apprécié !) et les déplacements qui ouvrent vers de l'espoir et aussi de beaux jours pour nous ! Et lorsque je quitte, je dis à bientôt à celle que je salue, finissante, parce que très bientôt je reviendrai découvrir "Que des cendres" dans ces mêmes lieux !

dimanche 26 mars 2023

Sur mes pas en danse: Encore une fois une "soirée 100Lux" en deux temps qui vise juste et bien !

 C'est dimanche et habituellement mes occupations habituelles ne me permettent pas de me rendre dans une salle pour découvrir des propositions de danse. Après une semaine déjà fort chargée, mes pas ont pu se rendre jusque dans l'Espace Orange pour découvrir la plus récente proposition des soirées 100LUX, celle de l'édition 2023 qui n'était pas la première pour moi. 

À mon arrivée dans le café-bar, la foule est nombreuse et c'est devant une salle fort comble (et qui sera comblée par la suite !) que sera présentée les deux oeuvres au programme. La première partie, "Kafka Paradise"  de Circul'r (Bérénice Dupuis et David Phiphak) et la deuxième partie, "Flux" d'Elie-Ann Ross.

Au final, deux propositions toutes différentes, mais qui, chacune à leur façon frappent fort et juste. Mais commençons par le début. De mon siège, "surprise !" en première rangée, une fois les lumières toutes éteintes, je vois d'abord émerger de l'ombre un premier corps. Peu à peu les autres, s'en ajouteront trois autres aux mouvements pour former un ensemble dans lesquels je vois des illustrations de "prendre sa place", de "trouver sa place", mais aussi de "garder sa place" ! Tout en lien de l'intention des créateurs, tel qu'indiqué dans le programme de la soirée, "Quelle balance entre notre besoin des autres et la quête de liberté?"

                                                Crédit: Pierre Tran fournie par Tangente

Mais ce qui me fascine le plus, tout au long est sûrement la qualité, non plutôt la virtuosité,  des mouvements des interprètes de ce groupe qui se fait souvent "magma" dans lequel le "je" devient le "nous", sans que leur individualité ne disparaisse, assaisonné avec une belle touche d'humour jusqu'aux salutations de la fin. Quels beaux moments !

Pause

À côté de moi, côté droit, des parents avec leurs jeunes enfants qui ont profité de la présentation en après-midi pour les amener avec eux. Et c'était une première fois pour eux. À l'entracte, en les croisant, j'en ai profité pour leur demandé une courte impression et elle est venue spontanément, ils avaient adoré ! Tout comme mes voisins de gauche, beaucoup plus expérimentés. 

Fin de la pause

Après un entracte qui m'a permis d'assouvir mon côté "groupie", ayant pu échanger avec un interprète fort connu et que j'avais vu un peu plus tôt cette semaine dans "Prism", je retourne à ma place pour la deuxième partie. Dans l'espace scénique, un "objet" qui semble fait de "piles de papier" à ma droite et un micro, juste là devant moi. Et de l'ombre débute "Flux" d'Elie-Ann Ross qui dans la première partie des trois de sa proposition, nous présente des mouvements comme si elle était branchée sur le 220 volts. Je suis fasciné par ce que je vois devant moi qui entraîne les encouragements dans la salle, propre aux performances de "streetdance" ! Et puis, elle se fait immobile, absorbant les applaudissements nourris et qu'elle relance. 

                                              Crédit: Denis Martin fournie par Tangente

Et puis le tout prend une tournure fort inattendue. De ce micro, elle s'approche et elle nous parle d'elle ou pas, mais peu importe, là devant moi, cette femme me captive et ses expressions faciales irradient jusque dans mon coeur, court-circuitant ma raison. Le propos est parfois quelque peu cru, mais répercute. Et puis pour la troisième partie, elle revient en mouvements, plus doux, comme si elle entrait en elle-même. De cette partie, fort différente de la première, je prends conscience que cette femme nous présente une autre partie d'elle-même. Et le tout se termine tout en douceur.

Et moi, je reviens fort heureux d'avoir pu découvrir la plus récente mouture des Soirées 100Lux qui a présenté des univers tout aussi riches en mouvements qu'en propos. Et cela moi, j'aime bien cela !

Sur mes pas au théâtre": "Manikanetish", toute une belle rencontre, avec une œuvre de Naomi Fontaine chez Duceppe !

Quiconque, qui comme moi a vu le film "Kuessipan" qui était tiré du roman du même nom de Naomi Fontaine, ne pouvait pas résister à l'invitation de se rendre voir "Manikanetish" de cette même auteure présenté sur les planches du théâtre Jean Duceppe. 

Pause

Pour ceux et celles qui sont intéressé.es, voici le lien vers mon retour sur "Kuessipan".https://surlespasduspectateur.blogspot.com/2019/10/sur-mes-pas-au-cinema-profondement.html Il permettra de mieux comprendre mon intérêt que j'avais pour m'y rendre.

Fin de la pause

Ainsi donc, mes pas se dirigent en bonne compagnie (lire ici ma blonde !) jusqu'aux portes du théâtre et dans le hall fort bien pourvu de spectateurs en ce samedi après-midi. Lorsque nous arrivons à nos sièges, tous les interprètes sont déjà sur scène et l'un deux s'adresse aux gens dans la salle pour connaître d'où ils viennent et ces derniers répondent avec enthousiasme ! Et, puis s'en suit un moment assez original que j'ai beaucoup apprécié, celui où l'un ou l'une se présente (nom et lieu d'origine) et présente d'autres membres de la distribution. La table était mise pour aller à la rencontre de personnages incarnés par Lashuanna Aster Vollant, Charles Buckell-Robertson, Marcorel Fontaine, Naomi Fontaine, Sharon Fontaine-Ishpatao, Marc-Olivier Gingras, Emma Rankin, Scott Riverin, Jean-Luc Shapatu Vollant, Étienne Thibeault, Alexia Vinci.

                    Tirée du site du Théâtre Jean-Duceppe

Les premiers mots que Naomi Fontaine dit à son fils, et qu'il faut se rappeler, mettent la table au retour de cette jeune innue qui revient dans sa communauté, tissée serré pour enseigner le français dans une classe de fin de secondaire ! Les premiers contacts sont difficiles, mais nous découvrons tout au long des différents tableaux l'apprivoisement des un.es et des autres. Pas question de divulgacher mais nous avons droit à des moments inattendus, drôles et riches en émotions. 

Pour ma part, j'ai particulièrement apprécié, la dualité du personnage principal, incarné par Naomi Fontaine et son alter ego, (Sharon Fontaine-Ishpatao, tellement vraie et que je revoie avec toujours autant de plaisir, la dernière fois étant à l'Espace Go !). Aussi la complexité des changements scéniques fort bien maîtrisés par les interprètes. Mais surtout cette incursion fort riche et humaine dans cette classe de cette petite communauté dont chaque évènement résonne chez tous et toutes.

Une fois les applaudissements fort riches terminés, nos pas nous ramènent, pendant que nous partageons nos perspectives sur ce qui nous a été présenté et aussi, surtout se complètent sur ce que nous avons vu. Au final, nous avons vécu une grande et belle rencontre. 

samedi 25 mars 2023

Sur mes pas en danse tout "remix" et contrasté avec Bigico !

Lorsque mes pas m'ont amené jusqu'au Studio 303 pour découvrir la soirée "Remix Bigico", sous le commissariat de Rachel Carignan et Katya Montaignac, j'en étais à ma troisième fois à ce type de rencontre, mais la première proposée par Lük Fleury et Bigico ! En bonus, j'y découvrirai la performance de la fille de mon ancienne collègue de travail, Kim Rouchdy dans un des deux remix de la soirée.

Pause

Voilà une formule que j'apprécie particulièrement que celle du remix, surtout lorsque nous avons droit au remix et à l'original (ou des extraits de l'original) dans la même soirée. 

Fin de la pause

                                                              Tirée du site de Bigico

Une fois les présentations d'usage et les explications sur le contexte de ce remix, dont le choix de ces deux oeuvres de gigue contemporaine par les chorégraphes invités et le temps de préparation (une semaine), nous avons droit au premier remix de la soirée, celui de "Sax Addict" (créé en 2009 par Yaëlle Azoulay) par Chloé Bourdages-Roy avec Stéphanie Boulay, Kim L. Rouchdy et Ian Yaworski.

En entrée de jeu, nous arrivent deux femmes avec à bout de bras, une pôle qui sous-tend un rideau rouge. Ce qui me frappe, est leur sourire fort bien présent sur des pas fort bien actifs. La suite réserve des surprises dont celle cachée derrière ce rideau. Tout au long de ces trop courts moments, je les vois porter à bout de bras, cette pole à rideau, coûte que coûte et cela avec le sourire ! Il y de ces moments où rien ne bouge, mais tout est exprimé, comme pour se jouer du public ! Au final, "rires et magie" dans ce remix tout à fait réussi ! Et quelque peu différent de l'original dont nous avons pu voir un extrait dans lequel, seul les jambes des trois interprètes étaient visibles et aussi tout au long de la performance, selon les dires de la chorégraphe originale présente. 

Une fois le changement d'installation, nous sommes entraînés dans un univers chorégraphique tout à fait différent avec "La Pyramide du sauveur" (créé en 2013 par Philippe Meunier), remixé par David Tessier et interprété par Eva Dortélus. Pour cette proposition, je m'en vais ailleurs. Avec elle devant nous et, un peu plus tard, elle aussi sur l'écran derrière, je suis touché par les pas qu'elle fait et les émotions qui émergent en moi (et la discussion qui suivra m'indique que je ne suis pas le seul que en ressentira !). De ce solo-duo avec les images projetées, enrichies de ses stries, telles des cicatrices, qui illustrent fort bien les souvenirs parfois incomplets ou douloureux du passé. La performance d'Eva Dortélus est fort juste pour amener une forte touche d'émotion sur ce que peut ressentir cette femme.

Une fois le tout terminé, mes pas, fort satisfaits. me ramènent à la maison avec encore en tête, ce que je venais de voir et en me rappelant aussi que les émotions en apparence opposées sont souvent les deux faces d'une même réalité. Et aussi, avec en tête les paroles de Lük Fleury qui nous indiquait que de ce remix, il pourrait y en avoir d'autres ! Et moi fort heureux de cette possibilité !

vendredi 24 mars 2023

Sur mes pas vers le philosophique "Mountains are Mountains" de Dana Gingras !

 Pour cette première visite, fin mars (!), cette année à L'Agora de la danse (faute de disponibilité et non pas d'intérêt !), je m'en allais découvrir "Mountains are Mountains", la plus récente proposition de Dana Gingras. De cette chorégraphe, je me souviens de mes précédentes rencontres avec ses propositions sur une grande scène (Place des Arts) et avec un grand nombre d'interprètes. Cette fois, il n'y aura que quatre interprètes (Louise Michel Jackson, Josh Martin, Justin de Luna et Robert Abubo) ainsi qu'un musicien (Jim White) dans un espace scénique plus intimiste ( l'Espace bleu) du Wilder et je suis bien curieux d'en découvrir le résultat.

Et en cette soirée de première, je ne suis pas le seul à attendre pour prendre place dans la salle. Je découvre près de moi, un groupe de jeunes élèves du secondaire et leurs accompagnateurs.

Pause

C'était la deuxième fois cette semaine qu'à une proposition danse, un groupe de jeunes prenait place dans la salle, la première était pour ma soirée chez Danse Danse. Yeah !!!

Fin de la pause

La porte du lieu s'ouvre, les gens entrent. Moi, une fois assis, de mon siège, je découvre devant moi dans l'espace scénique, une petite scène au milieu (symbole de la montagne ?), un écran blanc à l'arrière, une batterie à la droite, ainsi que deux personnes assises immobiles.  C'est avec une salle bien remplie que débute la représentation. Ici débuter à un sens très large parce que de longs moments se passent sans que rien ne bouge, sinon une guêpe (information que j'apprendrai plus tard lors de la discussion d'après représentation) sur fond de nuage blanc qui passe sur cet écran et qui résonne fort dans mes oreilles. 

Et après une certaine attente, moi en mode observation, je commence à voir de légers mouvements de ces deux hommes assis (Josh Martin et Robert Abubo) et leurs déplacements semblent moduler ou être modulés par les sons qui proviennent de la batterie. Et puis de ces mouvements émergent les déplacements aléatoires (?) de ces deux êtres qui interagissent de façon intermittente, soutenus par les ondes musicales de cette batterie. Tout cela, avec en arrière scène les projections de montagnes et cette guêpe qui se fait insistante, mais pas perturbante. Moi, de mon siège, je reste captivé, même si le sens de ce que je vois m'échappe. Et puis arrive le moment où ils nous quittent.

                               Crédit Yannick Grandmont tirée du site de l'Agora de la Danse

Après un court moment, arrivent deux autres "êtres" (Louise Michel Jackson et Justin de Luna), vêtus d'un habit une pièce et de lunettes opaques (pour nous !). Sur fond plus cosmique, ils interagiront de façon intrigante ! Et interagissent-ils vraiment ou leurs rencontres sont fortuites ! Cette question me taraude, mais elle ne m'empêche pas de rester attentif. Dans la description que j'ai lu après, je prends bien la mesure de ce qu'elle m'aurait apporté comme information, "Cette pièce nous transporte dans une dimension métaphysique où les interprètes sillonnent la montagne à la recherche de l’avenir.". 

Il en reste que ce que nous propose Dana Gingras a tout d'une réflexion philosophique sur la relation à l'autre avec la tension, de toute nature, qui peut l'accompagner. Que ce soit l'un envers l'autre dans la première partie ou les deux face au futur, le chemin pour aller au devant peut s'avérer une ascension de montagne avec les défis que l'on peut rencontrer pour y arriver !

Une fois les applaudissements faits, la discussion, pour le spectateur curieux que je suis, m'a apporté d'intéressantes informations. D'abord le contexte de création qui s'est fait pendant la pandémie ( il y a plus de trois ans donc !!!) qui lui a demandé de communiquer par courriels avec ses collaborateurs et collaboratrices. Aussi, j'apprends que travail de préparation des duo s'est fait d'abord dans l'espace public extérieur. Ce qui me fait prendre conscience d'une impression de tension et immobilité / rupture que j'ai ressenti tout au long sans vraiment en prendre conscience !

Au final, une oeuvre pas facile d'accès, mais néanmoins intéressante. Je serais bien curieux de connaître les impressions de ces jeunes pour qui cette proposition chorégraphique était la première (info venant du prof qui les accompagnait !)

mercredi 22 mars 2023

Sur mes pas vers le polymorphe "Prism" de Tentacle Tribe et être ébloui par ses reflets démultipliés !

 Lorsque mes pas m'ont amené jusqu'aux portes du Wilder pour découvrir "Prism" de la compagnie Tentacle Tribe, je revenais du dévoilement de la programmation du FTA. Ma tête était pleine de propositions intéressantes et aguichantes, mais je pourrais ajouter, surtout avec le défi de faire des choix avec mon agenda et ses limites, lire ici contraintes ! 

À mon arrivée, près de trente minutes à l'avance, "because" admission générale, il y a déjà une bien belle file devant la porte du Studio-Théâtre. Il en reste que cette attente m'a permis d'échanger avec la spectatrice derrière moi qui m'indiquait qu'elle venait ce soir pour se faire du bien, elle qui ne fréquente pas régulièrement les lieux de diffusion de danse. 

                                                           Tirée du site de Danse Danse

Pour ma part, j'en étais à ma troisième rencontre avec cette compagnie. La première fois, le titre de mon retour était "Entraîné et captivé par "Fractals of you"" (en 2016) et pour la deuxième fois, ""Ghost", (en 2018) pour me faire rêver é(mer)veillé !" Il serait inutile d'affirmer que les pas de ce que j'allais découvrir étaient en terrains conquis, mais restons calme cher spectateur !

À mon arrivée dans la salle, "mon" siège en première rangée m'attendait et je m'y suis donc installé ! Je découvre devant moi, deux panneaux verticaux (deux miroirs) fort bien sages et par terre devant, une plaque réfléchissante. Il semble que là, devant moi, se trouve les ingrédients scéniques pour que les reflets de "Prism" soient fort actifs et ils le seront !

Ainsi donc, en entrée de jeu, Emmanuelle Lê Phan, Elon Höglund, Rahime Gay-Labbé, Céline Richard-Robichon, Mecdy Jean-Pierre nous proposent un tableau dans lequel les corps se multiplient et se démultiplient pour créer un effet de nombre au fort potentiel visuel. J'y vois, entre autre, l'éclosion d'une fleur. Devant cette entrée en scène, dans laquelle réalité et réflexion se confondent, je me dis intérieurement "ouf" et "wow" ! La suite constituée de différents tableaux durant lesquels les corps fort riches de leurs mouvements nous présentent des variations, entre autre, de rencontres multiples, même à deux et aussi de corps fuyants. Les panneaux de miroir sont habilement déplacés (par les interprètes, il me semble !) pour déjouer nos perceptions et faire rayonner les apparitions et les déplacements des corps de partout et parfois subrepticement ! 

Dans le programme de la soirée, Emmanuelle Lê Phan, co-chorégraphe indiquait, "on invite le public à se perdre dans notre univers surréaliste." Et sans trop divulgâcher, en fin de présentation, dans cet univers nous y avons été inclus !

Et c'est avec enthousiasme que je me suis levé en fin de présentation pour démontrer mon appréciation et je n'ai pas été le seul. Une fois le tout terminé, mes pas entreprennent le chemin du retour et "oh hasard" sur le quai du métro, je retrouve la spectatrice rencontrée avant d'entrer en salle. Et elle est tout sourire, elle m'indique qu'à elle aussi ce qu'elle venait de voir, lui avait fait du bien. 

lundi 20 mars 2023

Sur mes pas sur "Passerelle 840" avec le collectif 842, fort riche en mouvements et en mots !

 Comme la vie peut m'en réserver de façon imprévue, une éclaircie s'est présentée dans mon agenda de week-end et par conséquent, j'ai fait ni une ni deux et mes pas fort joyeux se sont dirigés, avec ma nouvelle acquisition (un sac de Passerelle 840 ) jusqu'au 840 rue Cherrier pour découvrir les cinq propositions de la soirée du collectif 842. Moi, celui qui aime arriver "un peu" à l'avance, je trouve un hall d'entrée déjà fort bien garni en spectateurs. Les moments qui suivent avant notre entrée en salle ne verront que le lieu se remplir pour, selon mon estimation, faire salle "très" comble pour cette soirée !

                                          Tirée du site du département de danse de l'UQAM

Pause

Avec autant de gens, je ne peux m'empêcher de penser qu'il faudra peut-être penser, un de ces jours, monter l'escalier et présenter les propositions dans le plus grand espace. Ce qui est, de ma perspective, un heureux problème !

Fin de la pause

Une fois les mots d'accueil d'usage prodigués des marches de l'escalier, nous sommes invités à entrer par une autre porte, celle de l'arrière scène avec les indications suivantes. Nous pourrons nous déplacer dans l'espace scénique pour découvrir "Une fissure dans le mur" de Naomie Charette jusqu'aux notes musicales qui nous indiqueront la fin de la présentation. Arrivant en dernier ou presque en salle, je travaille fort pour distinguer les interprètes des spectateurs. Il y a un heureux mélange de tout ce monde dans cet espace que le quatrième mur ne semble pas séparer.  Mais peu à peu, un certain équilibre s'établit et moi, je commence à m'y retrouver, tout cartésien que je suis. Peu mobile de nature, je trouve ma place pour bien observer l'ensemble et je découvre de proche ou de loin ces interprètes présents (dont Audrey Roy, Catrine Rouleau, Lou-Anne Rousseau et Marie Lamothe-Simon) dans la place. Ils le font d'abord et surtout en solo et ensuite en duo. Avec tout proches d'elles, une oeuvre sur "papier" de  Gabrielle Moreau. Il y a aussi celle sur ce bloc qui m'a toutes les allures d'être le point central de la proposition et qui deviendra le point d'intérêt de tout.es lorsqu'elle se met à chanter. Phénomène intéressant, si au début tout l'espace était partagé, peu à peu le milieu est devenu l'endroit des interprètes et les bords pour les spectateurs, comme si le quatrième mur, sans crier gare était venu prendre place tout doucement!

Pour la prochaine proposition, "Petite hypoxie" de et avec Marie-Anne Rahimi et Fanny Bélanger-Poulin, nous sommes invités à prendre place à l'endroit habituel, soit sur un siège au fond avec devant nous l'espace scénique. Sur cet espace, sera installé en monticule deux bâches de plastique, l'une blanche et l'autre bleue. Et c'est autour de ces bâches, objets polymorphiques que les corps évolueront et qui aussi s'adresseront à nous avec le texte de Gabrielle Blain-Rochat. De ma perspective, il en va de ces mouvements et de ces paroles, comme il en va de notre vie. Avec des moments variables telle qu'une petite hypoxie (situation où la disponibilité de l'oxygène est réduite) avec un tableau durant lequel, une des deux est complètement enfouie dans la toile bleue, mais que l'autre vient à son aide. Une proposition poétique qui laisse plein de place aux mots et à notre imaginaire !

Et puis, encore une fois, nous sommes invités à nous déplacer pour nous rapprocher du fond de l'espace pour pouvoir découvrir la projection de "Es-tu là ?" de Juliette Beaudoin (chorégraphie et idéation) et Anthony Fréchette (réalisation et idéation). Une fois, ce corps libéré, il évoluera à l'intérieur et à l'extérieur (dans un immense champs tout de blanc vêtu !). Une fois, interpellé (es-tu là ?), je réponds oui et je reste tout captivé par cette femme qui, une fois libérée, semble rayonner, malgré les entraves qui parfois la retiennent.

Et, "surprise", du même endroit nous voyons l'installation de ce sofa d'une ampoule suspendue (fort importante le moment venu) et des bouteilles vides (sauf une ?) pour "My mind is where it hurts" de et avec Monica Navarro. Des moments comme il était annoncé, soit, "Assise toute seule dans mon salon, ne me regardez pas. Ne m’écoutez pas. Je suis sans son. Muté. Bouche fermée, dans l’intimité de mon chez moi. On me regarde, bouche serrée. Validez-moi." Mais nous, de son désarroi évident et de son errance dans ce lieu, nous ne pouvons être que des témoins impuissants. Lorsque de la bouteille, la dernière gorgée est soutirée, moi je me sens rendu tout au fond sans espoir ! Ouf !!!!

Pour la dernière oeuvre de la soirée, nous devrons encore nous déplacer pour prendre place sur le côté de l'espace pour "Parcelles d'eux" de Lola Thirard avec Fanny Bélanger-Poulin, Camille Courchesne-Couturier et Jacynthe Desjardins. Le tout débute avec elle qui dans cet espace coloré de rouge et de bleu ou vert (ouf, ma mémoire !!!) et puis arrivent les deux autres qui par leurs mouvements et leurs paroles entamées et répétées, nous présentent, ce qui me semble, des fragments d'elles. Ce qui me captive le plus, ce sont leurs mouvements comme si des volutes colorées se déplaçaient là devant moi, laissant derrière des trainées de paroles ! De cette pure abstraction, elles nous dévoilent des pans intimes d'elle-même. Et c'est sur l'ultime déplacement d'une d'elle, les autres ayant déjà quitté que ces moments de confession se terminent, tout comme la soirée de présentation.

Acceptant avec grand plaisir de rester pour la période d'échanges, fort riche, j'ai eu le plaisir de poser ma question qui m'a néanmoins laissé sur le seuil de ce que, plus tard, j'ai réalisé que j'aurais vraiment voulu savoir. Et juste pour vous, voici ma question posée et celle qui aurait dû l'être. Cinq propositions qui alliaient mouvements et paroles (dites ou chantées), est-ce un hasard ? La réponse est bien évidemment non, le comité de Passerelle 840 ayant décidé de regrouper ces oeuvres. Et la question vraiment intéressante et qui aurait été adressée aux cinq chorégraphes, "en quoi les mots ont été importants pour vous dans la création et la présentation de votre proposition ? Mais bon, ainsi va la vie avec ses zones d'ombres que le spectateur n'a pas su, au bon moment, tenter d'éclairer !

Et moi, je reviens néanmoins fort heureux et comblé après ces rencontres riches qui m'ont amené dans des univers très intimes et tellement variées.