lundi 26 février 2018

Sur mes pas en danse: "Réalité & Fiction", tout une question de perspective de spectateur

Durant une journée (dimanche) qui opposait les éléments météorologiques, le thème que Tangente nous proposait pour son programme s'y alignait avec son titre "Réalité & Fiction". Il faut noter ici que ce qui relie les deux termes est un "et" et non un "ou". La cohabitation de ces deux termes, forts de leur contraste, a permis d'élaborer un programme prometteur.

Pour le découvrir, nous devrons nous rendre dans l'espace bleu, tout en "bas" du Wilder, comme nous serons (en bas), une fois nos chaussures enlevées. Une fois dans la salle, au-dessus de nos sièges, il y a des lumières rouges, perçues avec justesse par certain de lumière de chambre noire, tel que présenté dans le feuillet de présentation, "La chambre noire est le point de départ de cette hybridation entre la danse, la photographie et le cinéma". Pour moi cependant, à voir les spectateurs enlever leur vêtement superflu, sous les lumières toutes chaudes de leur irradiation (tout en restant décent, soyez rassuré !), l'endroit a tout d'une couveuse, pour attendre la présentation de "Ghostbox" de Camille Lacelle-Wilsey et Eryn Tempest. Les lumières s'éteignent et sous l'éclairage d'une lampe pendante au bout d'un fil, les deux corps apparaissent. La lampe tournoie, les sons résonnent et les corps prennent peu à peu vie. Le premier tableau est fort intéressant, tout comme le deuxième qui se présente dans un couloir lumineux. Intéressant cette utilisation du contraste, comme le noir et le blanc qui surgissent de la plaque argentée dans la chambre noire. Par la suite, ce sont les mouvements qui se feront fort contrastés dans une site de tableaux souvent fortement éclairés de rouge mais la logique chorégraphique m'échappe. Les gestes sont saccadés et les mouvements utilisent toute la place. Les interprètes sont investies, c'est évident, mais dans une mission qui m'échappe. Au final, elles ont ce qu'il faut pour m'entraîner dans leur "Ghostbox", mais il faudra rendre le tout plus cohérent dans la suite des tableaux pour que je les suive.

Il s'en suit, la sortie de la salle, la remise de nos chaussures et l'attente de "Revolutions" de Hanna Sybille Müller, prochaine oeuvre au programme. Il y a déjà dans le titre le germe d'une réflexion puisqu'il y a rien de plus prévisible que la révolution d'un corps autour d'un point central, mais de plus déstabilisant et surprenant que le renversement brusque qu'il peut aussi évoquer. Serons-nous amenés à réfléchir et/ou à être surpris ? La réponse sera oui et le spectateur que je suis en fût tout à fait ravi et voici pourquoi.

                                    Photo de Hanna Sybille Müeller par Andrea de Keijzer

Nous entrons dans la salle vide avec des sièges disposés en cercle, accueillis par la chorégraphe et son beau sourire. Si nous sommes quelque peu observateurs, il y a aussi un ventilateur au dessus le scène centrale. Sur toutes les places, avec un cahier de couleur, rouge pour moi, attendent de trouver preneuses ou preneurs. Une ou deux places vides et la raison me sera connue plus tard. Tous les spectateurs installés, la chorégraphe-interprète distribue des cartes à un certain nombre de spectateurs, mais pas moi, bien intrigué ! Mais l'oeil alerte et curieux découvre ce qui est inscrit sur celles de mon voisin. Mais pas question de trahir la surprise, maintenant. Elle entreprend de nous entretenir tout en nous présentant une suite de mouvements circulaires qui dans les premiers pas captent mon attention. Elle présentera des extraits d'entretiens avec des experts de différents domaines (philosophe, scientifique du climat, mathématicien, peintre circulaire, microbiologiste, entre autres).

De façon surprenante, moi qui a de la difficulté à me concentrer sur deux choses, ici la simplicité et la douceur des gestes me garde dans l'orbite circulaire du discours. Le temps passe sans que le propos ne tourne en rond. Arrive le tableau dans lequel le ventilateur, subtilement et habilement éclairé (bon travail de Paul Chambers) tout en rotation a son moment de gloire. Viendra se joindre une deuxième interprète, qui jusque là, était assise bien sagement. Et c'est ensemble, que le tout se poursuit dans une suite de mouvements circulaires qui font le tour des variations possibles. La simplicité et la douceur de ce qui m'est présenté me berce l'esprit. Et cela jusqu'à une d'abord et l'autre peu de temps après prennent place sur les chaises libres. Après un moment d'hésitation, parce que les lumières restent allumées, les applaudissements bien mérités se font entendre.

Pour ceux et celles, curieux et patients, qui veulent savoir ce qu'indiquaient les cartes, en voici ce que j'ai pu découvrir. Elles demandaient aux spectateurs d'exécuter une action, comme aller prendre place sur une chaise à l'opposé de la salle ou d'aller se servir à boire ou à manger, à n'importe quel moment de la présentation. Ce que un bon nombre de spectateurs ont fait sans que cela perturbe la qualité de la rencontre danse-conférence. Un moment de danse fort réussi qui en fait une de mes belles surprises de la saison.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire