lundi 23 avril 2018

Sur mes pas "de course" en danse: "Running Piece" qui a touché le coureur-spectateur en moi

Une des principales raisons qui me font aller à un spectacle de danse est de me rendre dans un univers loin et différent du mien. Qu'il soit tout féminin ou de culture différente, le plaisir est au rendez-vous. Mais là, c'était différent ! Jacques Poulin-Denis à la chorégraphie et Manuel Roque à l'interprétation me proposerait, moi adepte de la course, une perspective de coureur avec "Running Piece". Cette proposition m'interpellait spécialement, d'autant que l'un et l'autre par leurs oeuvres précédentes m'avaient rejoint. Je me souviens encore de "Waltz", il y a plus d'un an (février 2017) oeuvre présentée au métro Place des Arts dans laquelle les finissantes et finissants de l'École de Danse Contemporaine de Montréal "performaient" avec brio sur ce tapis roulant. Le chorégraphe demandait beaucoup, selon moi, et l'obtenait de cette gang de "jeunes".

Cette fois, pour "Running Piece",  ce "beaucoup", il le demandait de Manuel Roque. Et l'obtiendra-t-il ? 

                               Photo : Robin Pineda Gould; tirée du site de l'Agora de la Danse

Nous entrons dans la salle et, déjà, sur ce tapis roulant, il marche déjà, face à nous, regard paisible, mais déterminé. Moi, je prends place première rangée, juste en face ce lui, "coureur vs coureur" ! Moi je cours dehors, peu importe les conditions climatiques et une heure passe vite. Lui devra le faire sur un tapis roulant devant nous pendant près d'une heure. Et moi, y trouverais-je mon compte, mais plutôt assis qu'en mouvement ? Les critiques publiées m'indiquaient de ne pas m'inquiéter, donc je prends place confiant. Et j'ai été comblé par cette randonnée qui a débuté simplement lui qui court face à nous à bon rythme. Il regarde droit devant montrant un calme réconfortant. Et puis les choses changent évoluent d'abord subtilement puis plus de façon évidente. Le visage et le corps s'expriment aussi indépendamment des jambes qui suivent la vitesse de ce tapis au rythme immuable. Arrive un moment fort, celui durant lequel je me suis transposé dans lui, me mettant dans ses chaussures. 

Et puis, tout à coup, le tapis effectue une rotation de quatre-vingt-dix degrés. Et là, il court sur un fond fort d'une projection lumineuse. L'effet est fort et ramène mon esprit à mon corps bien assis. Le "coureur", inondé de sueurs que l'on voit tomber, devra faire avec la valse hésitation ou les retournements de sens du tapis. Et ouf !, il ne tombe pas lorsqu'il se retrouve si proche du bord, conséquence des humeurs du tapis qui lui fait la vie dure.

Et le tout se terminera avec le retour face à moi de ce tapis. L'expédition tend à sa fin et j'en apprécie les derniers pas. Une oeuvre allégorique, fort de symbolismes que chacun peut y trouver, coureur ou pas, du sens de la vie au différentes sensations intérieurs ou extérieurs ressenties par un coureur, dont moi. Et cela a été reconnu par le public présent qui n'a pas hésité à se lever pour transmettre son appréciation.

Courir une heure, passe vite. Voir courir Manuel Roque sur un tapis sous la gouverne de Jacques Poulin-Denis passe encore plus vite. Et donc ce "beaucoup", le chorégraphe l'a obtenu par son interprète et, moi, je serais tout à fait prêt à revenir pour le revoir courir.

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