Je revenais de ma soirée à l'Espace Go après avoir assisté à "L'Assemblée" d'Alex Ivanovici, Annabel Soutar et Brett Watson. Pendant que mes pas me ramenaient à la maison, ma tête elle, me "rewardait" aux souvenirs de ma lecture quelque fois répétée de "Huis Clos" de Jean-Paul Sartre. "L'enfer, c'est les autres" et aussi, l'enfer, c'est d'être contraint à cohabiter (ici sur la terre) et être soumis aux regards (et aux jugements) des autres.
Tirée du site de l'Espace Go
Voilà ce qui résonnait dans ma tête, après avoir assisté à la plus récente proposition de la compagnie Porte Parole que j'avais découvert avec grand plaisir et satisfaction avec l'instructif "J'aime Hydro", tellement bien porté par Christine Beaulieu.
Ainsi donc tout devant, en première rangée, j'étais fort curieux de découvrir leur plus récente création de théâtre documentaire sur le "vivre ensemble", tous "condamnés" à vivre sur cette planète Terre avec ou sans frontières. Ces lignes imaginaires totalement arbitraires dessinées par les "grands" de ce monde. À ce titre, les paroles d'une chanson ("Plus rien ne m'étonne") de Tiken Jah Fakoly, "Ils ont partagé Africa sans nous consulter, / Ils s'étonnent que nous soyons désunis !" explique bien pour l'Afrique et le reste du monde aussi, selon moi, le merdier idéologique et sociologique dans lequel nous nous retrouvons. Mais une fois dedans, quoi faire ?
Pour tenter d'aller de l'avant, constructivement et pragmatiquement, les solutions ne sont pas si nombreuses et n'ont rien de la formule magique ! La compagnie Porte-Parole, ose et nous propose les ingrédients essentiels, comme point de départ pour en trouver une. Cependant, soyez averti, si vous venez prendre place dans la salle avec vos préjugés et aussi vos attentes, peut-être serez-vous déçu de ne pas avoir trouvé la "recette" pour le bien "vivre ensemble" ! Il en reste que nous ne pourrons pas reprocher aux artisans de cette création de ne pas avoir voulu nous ouvrir des pistes de réflexion et d'action pour franchir ou contourner quelques obstacles et qui sait, atteindre, un jour, le but.
Sur cette scène, Alex Ivanovici et Brett Watson, accueillerons les incarnations (Pascale Bussières, Amélie Grenier, Norta Guerch et Christina Tannous) de quatre vraies femmes, toutes différentes, dans une rencontre en trois temps. Il y a d'abord les présentations de ces femmes qui nous permet de mieux comprendre ce qui suivra., Ensuite, après avoir écouté les propos assez intransigeants d'une cinquième femme, nous assisterons à la confrontation, suivie par l'établissement de certains compromis pour lui répondre. Le tout se conclura par le bilan de la rencontre de nos quatre protagonistes avec cet autre femme.
Entre le deuxième et le troisième temps, les créateurs de ce projet documentaire ont eu la brillante idée de laisser la parole au public présent qui, après une courte hésitation, l'a prise de façon respectueuse et intelligente. Signe des temps (?), ce sont surtout des jeunes femmes qui ont débuté les échanges et qui ont pris la parole. Encore en moi, résonne celle de cette dame âgée, une anglophone qui vit au Québec, qui nous rappelle que la richesse de sa vie (et de la nôtre) réside dans la rencontre et l'hybridation des cultures.
Le tout dure près de deux heures, mais passe très vite. Le rythme est rapide, gardant à l'affût notre attention autant sur les enjeux soulevés que sur les réactions, fort bien portées, des interprètes.
Au final, j'adhère totalement à la conviction des artisans, qui est de rassembler le plus souvent possible des femmes et des hommes de tout culture et opinion pour tenter de "lousser" les noeuds de la cohabitation et l'incompréhension. Ce chemin, il est vrai, est parsemé d'embûches et ce fera sous orages et avec sécheresse, mais c'est le seul qui a, selon moi, des chances de nous amener à la bonne destination. Merci à vous Porte-Parole et longue vie à "L'assemblée" !
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