De cette soirée danse, j'en avais eu quelques aperçus et de bons "feelings". De "Summertime" de Marie-Pier Laforge-Bourret, j'en avais vu une première mouture à "Danses Buisonnières" l'an dernier et de "Unbodied" de Lakesshia Pierre-Colon qui nous en avait parlé à l'émission "Danscussions & CO". Mais, qu'en sera-t-il à l'Espace Vert du Wilder, une fois assis sur mon siège en première rangée ?
Pas question de vous faire languir, cette soirée m'a tout à fait satisfait, mais surtout touché, fortement même et voici pourquoi !
En première partie, "Summertime" de Marie-Pier Laforge-Bourret nous présente deux étapes dans la vie de cette jeune femme (bien et intensément incarnée par Natacha Viau). De cette nuit toute sombre, nous la voyons émerger pour la découvrir dans le monde de ses rêves, rempli d'angoisses face au monde réel qui se présente devant elle. Pour ce faire, elle navigue entre l'ombre et la lumière, tout cela accompagnée par un trio de musiciennes, Maggie Ayotte, Florence Garneau et Émilou Johnson (un des points forts de cette oeuvre) qui sont d'abord dans l'ombre à l'arrière de la scène pour se révéler à nous peu à peu. De cette musique qui habille le propos de façon fort adéquate.
Photo de "Summertime" par Marc-André Riel
Mais une fois réveillée dans son carré de lumière, la vie ne s'avère pas "un jardin de roses" et c'est tout en angoisse et fébrilité qu'elle se poursuit. Et cela, je le ressent fort bien. "Comment la mémoire sculpte-t-elle le corps" nous annonce la chorégraphe et d'affecter le parcours de ce corps, serais-je tenté d'ajouter. Et ce corps nous le montre fort bien ! Et cela m'a rejoint.
Et le corps le montrera aussi, de la façon de porter les stigmates de la violence vécue avec "Regression" de et avec Hoor Malas. À moins que l'on soit tout à fait insensible au sort des femmes et des hommes, des enfants aussi, en Syrie, ce que nous présente Hoor Malas touche et ébranle. Sa physionomie et ses mouvements durant ces trop courtes, mais intenses dizaine de minutes le montrent bien. J'ai été particulièrement touché par les moments durant lesquels, elle se retrouve dos au mur tout au fond, sans issue! Et lorsqu'elle se présente tout juste devant moi, il m'aurait fallu presque rien, pour que je me lève et que j'aille à sa rencontre pour la réconforter. Tout au long de ses déplacements, j'ai ressenti les stigmates de celle qui revient de loin. Et de son départ (de la scène), d'espoir en l'avenir fort empli.
Photo de "Regression" par Hubert Lankes
Après une pause, fort opportune, "Unbodied" de Lakesshia Pierre-Colon se présente à moi. D'abord sous le projecteur fort particulier (gracieuseté de Benoit Larivière) pour sa prise en contrôle de la place et de mon attention. De ce qui a suivi, j'y ai vu sa mise au monde et de sa détermination (plus que de la force, comme elle l'avait mentionné) face à l'adversité qui se présente à elle. De ses déplacements, aussi j'en retiens l'importance des éclairages qui "m'éclaire" sur son parcours tout en contrastes. Une autre rencontre qui laisse de profondes traces.
Photo de "Unbodied" par Vanessa Fortin
Si mes pas m'ont amené plein d'espoir jusqu'au Wilder découvrir des univers, en cette soirée pluvieux et tristounet d'automne, j'en reviens illuminé de ces propositions féminines fort lumineuses. Et cela, ça me fait grand bien. Merci mesdames !
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