dimanche 11 novembre 2018

Sur mes pas en danse: Retour sur ma soirée "Remix" tout à fait réussie au Studio 303

C'était, il y a un certain temps que mes pas m'avait amené jusqu'au Studio 303 et encore plus, pour assister à une de leur proposition annuelle, une soirée "Remix". Une soirée qui présente un concept fort intéressant qui mériterait d'être repris plus souvent. Une soirée qui présente d'abord, les extraits de deux oeuvres pour ensuite nous faire découvrir la version ou la vision "remixée" par un.e autre chorégraphe. La transposition ou la relecture d'une oeuvre ouvre des horizons insoupçonnés et en cette soirée "Remix", nous en verrons des exemples éloquents. Et le spectateur que je suis était d'autant plus curieux qu'au programme, il y avait une oeuvre que j'avais déjà vue, il y a près de trois ans ("Fuck it" de Catherine Lafleur) et qui sera remixée par une chorégraphe que j'apprécie beaucoup, soit Caroline Laurin-Beaucage. Aussi au programme, "Belle" de Sarah Manya qui sera "remixée" par Daina Ashbee.

                                          Fuck it! – Catherine Lafleur par Studiomelies

Me voilà donc dans le corridor à la porte du studio, une quinzaine de minutes avant et c'est assez "désert". Dix minutes avant le début annoncé, je prends place dans salle, à peu près vide, mais en moins de cinq minutes, toute comble sera-t-elle devenue. Et si comme moi, comblée à la toute fin, aussi, le deviendra-t-elle et voici pourquoi.

À notre entrée dans la salle, déjà présents, Émilie Morin et Mathieu Campeau, ce duo fait couple pour ce qui suivra, accompagnés par un matelas. Nous serons donc témoin de ce matelas qui se tourne et se retourne sans cesse, faisant échouer lourdement les deux interprètes qui malgré tout se relèvent et poursuivent. Comme si le choc des choses n'apportaient pas de leçons et que la vie se poursuit, et doit se poursuivre.

Arrive le moment où les lumières dans la salle se font discrètes et, peu à peu, les corps se déphasent, légèrement d'abord et beaucoup plus par la suite, mais le matelas lui poursuit ses rotations. Comme si la vie de ce couple que j'y vois, avec du sable dans l'engrenage, se détraquait et passait du "un plus un" à du "un moins un", jusqu'à la confrontation des corps, ouf !!! Si mes souvenirs ont des "trous" sur ce que j'avais vu il y a presque trois ans, ce que j'ai ressenti à l'époque, a de nouveau résonné fort en moi. Il me semble que cette oeuvre mériterait à être vue et revue pour la réflexion qu'elle peut apporter. (Avis aux diffuseurs, en cette semaine du CINARS !).

Mais son Remix attendra, malgré que le spectateur est bien curieux et impatient. Parce que ensuite nous est proposé l'original de "Belle" qui se présente à nous sous les traits d'une jeune femme (Catherine Wilson) avec son attirail vestimentaire fort coloré de femme qui veut séduire, à tout prix. Et dans les moments qui suivront, elle utilisera de gestes et de propos siliconés, pour arriver à ses fins. Aucun stéréotype n'est laissé de côté et chacun, nous sont proposés fort intensément et habilement. À ce point, que pour ma part, j'en suis dérangé. Et soulagé de voir se terminer ce moment de rencontre avec une réalité qui, décidément, ne me plait pas, mais pas du tout. Cependant, pour avoir su me rejoindre autant, mes applaudissements sont bien mérités.

Le temps très court de mettre une toile, le Remix de "Fuck it", encore incarné par les mêmes interprètes (avec des vêtements couleurs vert et brun-beige que j'associe à la chorégraphe) se présente à nous. Un "Fuck it", en entrée de jeu plus frontal, mais aussi surtout plus verbal. Comme si les bouches à l'unisson, répétant le titre de l'oeuvre, voulait repousser la routine en la répétant et la répétant et la répétant, décliné tout en gestes. Et arrive son déphasage chorégraphique, coloré des traces gestuelles de l'original jusqu'à sa chute. Une autre belle façon, selon moi, de voir l'évolution d'un couple. Un Remix dont on peut dire "mission accomplie !".

Une autre très courte pause qui nous amène au Remix de "Belle" tout à fait différent, signée Daina Ashbee. Un Remix  qui a tout du négatif photographique, d'autant que cette femme (Catherine Wilson) se présente à nous, tout de noir vêtue. Et avec son attitude fort discrète contrastant fortement avec la version originale. Il s'en suit une série de courts "longs" tableaux qui nous la présente d'abord immobile pour ensuite évoluer vers différents mouvements ondulatoires qui deviennent pour moi hypnotiques. Comme une façon toute différente de me séduire et me faire succomber. La technique de séduction, "made Daina Ashbee", a tout du charmeur de cobra qui tente de me faire succomber. Et dans mon cas, ça fonctionne très bien. Elle nous propose sa vision (que j'aime toujours) d'être "Belle", soit de montrer comment le corps en apparence docile et asservi pour nous dominer. Et lorsque son regard se dirige droit vers moi, dans mes yeux, je succombe. De ces deux versions de "Belle", j'en retiens le contraste qui mis côté à côte, nous présente le docteur Jekyll en noir et blanc.

J'en reviens fort satisfait, parce que de ces types de rencontre, j'en redemande, peu importe la façon qu'elles me touchent, parce qu'elle provoque en moi des sensations fortes.

Merci donc aux responsables du Studio 303 de nous proposer ce type de rencontres, soit celles d'abord entre deux chorégraphes et ensuite avec nous.





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