Après l'Agora et Danse Danse (et deux belles soirées avec Marie Chouinard), c'était ma journée de rentrée chez Tangente avec la présentation de "Danses buissonnières". Ouvrir la saison avec la relève (ou les créateurs de demain, dixit le feuillet de la soirée), c'est comme, selon moi, ouvrir sur l'avenir, ouvrir sur de nouveaux pas plein de promesses. En simple, très bonne idée. Au programme, cinq oeuvres qui seront à l'image des qualificatifs que l'on retrouve sur leur site internet, "intimiste", "collaboration", "générosité", "inventivité", "prise de risque" et aussi de leur invitation, soit "Envie d'être secoué, dérouté…bouleversé ?" et de la réponse affirmative que l'on peut donner.
En ouverture de programme, "Summertime" de Marie-Pier Laforge-Bourret avec Natacha Viau. Plongée dans le noir, est la scène, jusqu'à ce qu'un projecteur nous montre l'interprète, toute immobile sur le côté gauche. Elle prend le temps de construire les attentes de la rencontre (entre elle et nous) et tout à coup, elle s'agite en mouvements brusques. Dans la suite de ses mouvements et de ses déplacements, nous ressentons une vie intense en montagnes russes. Cette présentation est appuyée par l'interprétation de "Summertime" par Janis Joplin et des extraits d'entrevue de cette chanteuse. Quand il est question d'une vie intense, le choix de cette chanteuse est très approprié. En une dizaine de minutes, le pouvoir d'évocation de cette chorégraphie, en fait un de mes coups de coeur de la soirée.
Courte pause, le temps d'installer dans la noirceur des éléments scéniques pour "No need for blue jeans here" de et avec Aliah Schwartz et Guillaume Loslier-Pinard. Cette pièce, je l'avais déjà vue cet été, au Festival ZH et comme pour la première fois, elle m'a laissé dubitatif. Je n'arrive pas à "embarquer" dans cette exploration de "l'absurdité inhérente à la réalité." Il en reste, je le reconnais, que l'absurdité est présente, la prise de risque aussi. Et comme elle été retenue par un jury de pairs parmi une trentaine de candidatures, cela m'interpelle comme spectateur.
Tout en douceur avec les éléments scéniques, incluant un des interprètes de la présentation qui l'a précédé, Bailey Eng (chorégraphe aussi) arrive doucement et prend possession du lieu à sa façon, avec "Look". Elle prend aussi possession de mon attention avec sa posture inversée, pieds et mains par terre, et qui le restera tout au long des déplacements de sa prestation, ce qui en soit est soi, est impressionnant pour le spectateur que je suis. Elle indique dans le feuillet qu'elle "valorise la virtuosité déguisée" et cette "créature" qui se déplace occupe un tout petit carré, au centre de la scène illuminé par des traits de lumière comme un espace de tic-tac-toe. Cet espace, elle l'investit totalement, jusqu'à ce que les lignes "de son destin" changent et qu'elle se dirige entre deux lignes hors de notre vue vers le côté jardin de la scène, sûrement vers la liberté !
Photo de Bailey Eng prise par Marie-Ève Dion sur le site de Tangente
Entracte, sortie de salle et retour dans la salle. Nous sommes invités à enlever nos souliers et prendre place sur l'espace de prestation pour découvrir "Breach" d'Alexandre Morin. S'y retrouve déjà les quatre interprètes, non les cinq interprètes (Jonathan Goulet, Ivanie Aubin-Malo, Noémie Dufour-Campeau, Chloé Ouellet-Payeur et Simon Renaud), un étant enfoui, sauf le bas d'une jambe, sous un amas d'orques en plastique gonflé. Ils sont immobiles et c'est peu à peu qu'ils se mettront à bouger, avec en accompagnement une musique de "fond marin" et des textes lus sur les orques. Portant attention aux corps devant moi, ils me semblent bouger, tels des êtres inanimés dans les fonds au gré des courants marins. J'ai l'intuition qu'il faut que je reste attentif parce que les choses pourraient évoluer brusquement, tel un ressac. Mais si le ressac ne se pointe pas le bout du nez, chaque orque de plastique trouvera un compagnon et prendront le large, prenant une brèche pour leur liberté et l'ouvrant pour l'homme qui était dessous. Voilà une oeuvre qui demande au spectateur un lâcher prise qui peut s'avérer exigeant, telle une longue plongée en apnée.
Après le retour à nos places dans les estrades et l'installation d'une bâche en milieu de scène, débute "To shovel wings" de et avec Myriam Arseneault Gagnon et Laurence Lapierre, accompagnées par le musicien Patrick Moubarac. Comme, elles nous l'indiquent dans la présentation de leur processus de création, soit "notre recherche gestuelle est une quête d'ascension vers un univers illusoire". Cet univers illusoire, tel la bâche. qui se contracte, se déforme et se modifie par les pas et les mouvements des deux interprètes. Le tout s'accompagne par les sons qui percutent et se répercutent en phase avec ce qui nous est présenté. Elles nous proposent une démonstration de la relativité des lieux et des choses qui nous entourent. Une oeuvre qui m'a donc fasciné et qui a été mon autre coup de coeur de ces Danses Buissonnières 2017.
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lundi 2 octobre 2017
Sur mes pas en danse: Des "Danses buissonnières" audacieuses
vendredi 21 juillet 2017
Sur mes pas en danse: une première sortie réussie au ZH Festival
Contrairement à ce que certains croient, un spectateur de danse peut remplir son agenda de bonnes propositions en salle ou extérieure durant tout l'été. À preuve, pour ma troisième sortie de la semaine, mes pas m'ont porté jusqu'en Zome Homa, oups!!! jusqu'au ZH Festival dans la salle de présentation de la Maison de la culture Maisonneuve pour une première fois afin de découvrir le programme double, "Cessation Garden" et "Topo".
Début de soirée chanceux puisque les premières gouttes de pluie d'une forte averse ont débuté à mon entrée dans l'autobus et qu'à ma descente, le sol était fort humidifié, mais les nuages avaient déjà tout donné. Et la chance, accompagnée de plaisir, s'est poursuivie par la suite.
Dans une salle assez remplie, nous découvrons "Cessation Garden" de et avec Alaiah Schwartz et Guillaume Loslier-Pinard. De cette présentation d'une dizaine de minutes, j'en retiens que d'explorer un territoire artistique "situé dans les limbes, entre la vie et la mort", en utilisant "l'absurdité inhérente à la réalité" est une démarche fort délicate. Il y a sur la scène des plantes et une tête (avec son corps) dans des pots, y arrivera le promeneur sans vêtements, ni trop d'apparats, sinon son chapeau et son lourd sac. Nous sentons la catastrophe toute proche. Sur cette ligne mince, il me semble qu'il y manquait certains éléments ou trop de symboles déployés et pas assez de temps pour que je les suive. Il en reste que la démarche est audacieuse, demande une période d'acclimatation au spectateur et que la finale est risquée dans tous les sens du terme.
Après la pause, suit "Topo" d'Ariane Dessaulles avec Ariane Dubé-Lavigne, Laurence Dufour, Kim L. Rouchdy et Jeimy Oviedo, sans oublier l'importante contribution à la vidéo d'Émilie Allard.
D'Ariane Dessaulles, je me souviens encore de son "Struwwelpeter" (de l'allemand par Pierre l'ébourrifé). Pour moi, j'en retiens un personnage qui était au centre de son environnement avec tous les impératifs de joie, de peine et, surtout, de nombreuses contraintes dans lequel il devait évoluer.
Photo de Chloé Poirier-Sauvé
Pour "Topo", la chorégraphe poursuit dans la même veine avec "l'effet qu'ont les formes contenues au sein de la ville sur notre façon d'être et de nous mouvoir". Et cette fois, le personnage seul, laisse place à quatre jeunes femmes qui nous apparaîtront à tour de rôle, tissant "le fil invisible de leur destin" ou la carte topographique de leur monde, souvent sur le bout des pieds. Mais qu'elle est donc cette oeuvre collective à laquelle, elles travaillent? Les lumières de la salle encore allumées en début de présentation, s'éteindront pour mieux mettre en perspective la suite des choses que je qualifierais de poésie synthétique. Les différents tableaux se présentent à nous en deux tons. D'abord ceux dans lesquels les interprètes nous montrent des gestes saccadés et des déplacements linéaires comme la chorégraphe désire nous le montrer (selon le feuillet de la soirée),"explorant la trace des déplacements et nos rapports aux lieux", colorée par la géométrie inhérente à notre globe avec ses parallèles et ses méridiens. Les gestes des bras guident les intentions. Et ensuite, comme il arrive souvent , nous faisons partis des lieux et dans les tableaux durant lesquels les vidéos prennent possession de la scène, les interprètes deviennent des caméléons et sont partis prenantes des lieux. Le premier tableau "vidéo" est le plus réussi esthétiquement, mais pour moi, le deuxième est celui qui recèle une signification plus grande avec ces symboles géométriques (cercles et lignes) dont les liens se modifient constamment. Selon moi, il reste à travailler les transitions, mais sinon cette vision topographique polymorphique de notre présence sur terre atteint son but.
Ce projet encore en cours de création, se poursuivra et c'est à la Maison de la Culture du Plateau Mont-Royal que la prochaine étape sera montrée avec un rendez-vous en décembre 2017.
Début de soirée chanceux puisque les premières gouttes de pluie d'une forte averse ont débuté à mon entrée dans l'autobus et qu'à ma descente, le sol était fort humidifié, mais les nuages avaient déjà tout donné. Et la chance, accompagnée de plaisir, s'est poursuivie par la suite.
Dans une salle assez remplie, nous découvrons "Cessation Garden" de et avec Alaiah Schwartz et Guillaume Loslier-Pinard. De cette présentation d'une dizaine de minutes, j'en retiens que d'explorer un territoire artistique "situé dans les limbes, entre la vie et la mort", en utilisant "l'absurdité inhérente à la réalité" est une démarche fort délicate. Il y a sur la scène des plantes et une tête (avec son corps) dans des pots, y arrivera le promeneur sans vêtements, ni trop d'apparats, sinon son chapeau et son lourd sac. Nous sentons la catastrophe toute proche. Sur cette ligne mince, il me semble qu'il y manquait certains éléments ou trop de symboles déployés et pas assez de temps pour que je les suive. Il en reste que la démarche est audacieuse, demande une période d'acclimatation au spectateur et que la finale est risquée dans tous les sens du terme.
Après la pause, suit "Topo" d'Ariane Dessaulles avec Ariane Dubé-Lavigne, Laurence Dufour, Kim L. Rouchdy et Jeimy Oviedo, sans oublier l'importante contribution à la vidéo d'Émilie Allard.
D'Ariane Dessaulles, je me souviens encore de son "Struwwelpeter" (de l'allemand par Pierre l'ébourrifé). Pour moi, j'en retiens un personnage qui était au centre de son environnement avec tous les impératifs de joie, de peine et, surtout, de nombreuses contraintes dans lequel il devait évoluer.
Photo de Chloé Poirier-Sauvé
Pour "Topo", la chorégraphe poursuit dans la même veine avec "l'effet qu'ont les formes contenues au sein de la ville sur notre façon d'être et de nous mouvoir". Et cette fois, le personnage seul, laisse place à quatre jeunes femmes qui nous apparaîtront à tour de rôle, tissant "le fil invisible de leur destin" ou la carte topographique de leur monde, souvent sur le bout des pieds. Mais qu'elle est donc cette oeuvre collective à laquelle, elles travaillent? Les lumières de la salle encore allumées en début de présentation, s'éteindront pour mieux mettre en perspective la suite des choses que je qualifierais de poésie synthétique. Les différents tableaux se présentent à nous en deux tons. D'abord ceux dans lesquels les interprètes nous montrent des gestes saccadés et des déplacements linéaires comme la chorégraphe désire nous le montrer (selon le feuillet de la soirée),"explorant la trace des déplacements et nos rapports aux lieux", colorée par la géométrie inhérente à notre globe avec ses parallèles et ses méridiens. Les gestes des bras guident les intentions. Et ensuite, comme il arrive souvent , nous faisons partis des lieux et dans les tableaux durant lesquels les vidéos prennent possession de la scène, les interprètes deviennent des caméléons et sont partis prenantes des lieux. Le premier tableau "vidéo" est le plus réussi esthétiquement, mais pour moi, le deuxième est celui qui recèle une signification plus grande avec ces symboles géométriques (cercles et lignes) dont les liens se modifient constamment. Selon moi, il reste à travailler les transitions, mais sinon cette vision topographique polymorphique de notre présence sur terre atteint son but.
Ce projet encore en cours de création, se poursuivra et c'est à la Maison de la Culture du Plateau Mont-Royal que la prochaine étape sera montrée avec un rendez-vous en décembre 2017.
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