lundi 27 juin 2016

Sur mes pas au cinéma: "Mia Madre" qui est d'un désarroi émouvant

De Nanni Moretti, je suis devenu fidèle amateur. Je me souviens encore de sa dernière oeuvre "Habemus Papam" dans lequel le désarroi du pape désigné occupait tout l'écran. Cette fois avec "Mia Madre", c'est une version différente et semble-t-il assez personnelle de ce désarroi qu'il nous propose. Le désarroi d'une femme, réalisatrice en plein tournage d'une oeuvre qui la dépasse. Avec en toile de fond sa relation avec les autres, de l'accompagnement de sa mère qui se meurt et le relent d'une récente liaison amoureuse qui l'est déjà, morte ! Une oeuvre consistante, mais pas "pesante", je vous rassure.

Nous accompagnons cette femme durant un épisode difficile de sa vie avec des moments drôles et d'autres très touchants avec des segments imaginaires (ou rêvées) et des flashback. Cette femme (Margherita Buy, crédible) se révèle à nous sans fard, tout le long des différentes scènes de film avec sa mère mourante ou lors des échanges parfois musclés avec la vedette de son film (John Turturro, plus grand que nature) et avec son frère (Nanni Moretti, efficacement sympathique) et surtout, lorsqu'elle est seule face à son désarroi. Et ce désarroi, nous le ressentons sur tous les tons et par sa physionomie qui transperce l'écran. Mais encore plus, il pourra rappeller des situations personnelles durant laquelle, le contrôle de ce qui arrive nous échappait. Encore plus, d'autres fois, (plus gênantes aussi !), durant lesquelles nous étions à côté du personnage que nous devions être, et pas qu'un peu, ou que nous supposions devoir jouer dans certaines circonstances. Cette présence de corps mais tout à fait lointain d'esprit, nous la voyions là, tellement bien exprimée et montrée, sous les traits de cette femme qui nous devient de plus en plus attachante, malgré le dévoilement de ses travers.

Après un début d'apprivoisement mutuel (l'oeuvre et nous), l'histoire captive et se termine, trop vite, mais de façon lumineuse. Du beau cinéma qui vaut le déplacement.


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