Aucun message portant le libellé FTA. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé FTA. Afficher tous les messages

samedi 26 juin 2021

Retour sur mes derniers pas (réels et virtuels) au FTA: Découvrir et redécouvrir avec grand plaisir.

 Le Festival FTA avait terminé depuis un certain temps la présentation de ses oeuvres en salle, mais sur le web, je pouvais poursuivre "mon" festival ! Et, j'ai bien profité de cette possibilité, fort intéressante !

Mais avant de me rendre à la partie webdiffusion de mon retour, revenons en quelques mots sur la proposition "La jamais sombre" de Michel F. Côté (son et musique), Marc Parent (éclairage) et Catherine Tardif (danse). C'était ma dernière sortie au FTA et mes pas m'ont amené jusqu'au Wilder, d'abord à la porte de l'Espace Orange et ensuite à mon siège dans une salle fort clairsemée pour des raison pandémiques. Et puis rapidement à peine la lumière de la salle devenue discrète, le son, la lumière et le corps prennent possession de mon attention dans une suite de tableaux. Je "navigue" tout agréablement dans les différents univers oniriques. Pas de propos, pas de logique, de ma perspective, mais une suite d'états multi sensoriels fort intrigants, captivants, mais surtout bienfaisants qui m'ont amené ailleurs. 

C'est avec cette proposition que se terminait mes pas "en vrai" à cette édition fort riche du FTA. Bravo à vous monsieur Martin Faucher et toute votre équipe.

J'avais en réserve, comme le savez déjà, quelques propositions en webdiffusion ! Je ferai court et je m'en tiendrai qu'à celles en danse.

D'abord, un autre de mes gros coup de coeur de cette édition est sans aucun doute, "The door opened west" de Sarah Chase et Marc Boivin. Cette proposition a été pour moi toute une rencontre. Je sais que j'utilise souvent cette expression, mais cette fois, impossible d'en envisager une autre. Ce n'était pas la première fois que je pouvais apprécier le talent et la présence sur scène de Marc Boivin, mais dans cette "rencontre" autobiographique, il a su me captiver et à m'émouvoir par ses gestes et ses confidences. J'ai fais la connaissance de cet homme depuis son enfance jusqu'à aujourd'hui. Lorsque ces mains ondulent dans l'espace ou qu'elles dirigent la lumière (James Proudfoot aux éclairages est précis comme un chirurgien), ils complètent le propos de façon toute poétique. Question de mieux apprécier, je l'ai vu et revu avec le même plaisir ainsi que d'en garder un souvenir plus persistant !

Autre proposition de danse quelque peu différente celle-là, "Un temps pour tout" de Sovann Rochon-Prom Tep avec sur scène, les danseurs (ses) urbain.es Jean-Édouard Pierre Toussaint (alias Sangwn), Frédérique Dumas (alias Pax) et Ja James Britton Johnson (alias Jigsaw) et les deux musiciens Thomas Sauvé-Lafrance et Vithou Thurber-Prom Tep. J'avais déjà assisté à cette proposition en "vrai" (au La Chapelle) et voilà comment j'avais conclu mon texte, "De cette soirée fort intense, essentiellement "expérientielle", j'en ai très bien ressenti les "vibes" qui m'ont enveloppé dans un univers par des artistes "habités" qui m'ont permis cette fois, d'y découvrir une âme fort vibrante!" 

Si la proximité des performeurs et du public est fort importante pour ce type de proposition, comment le passage à la webdiffusion allait se passer ? D'abord curieux d'en connaître la réponse, mon attention s'est assez vite déplacée sur le rituel de départ, la présence des différents artistes, mais surtout sur ce qu'ils me proposent. Et le tout a vite passé, trop vite même. La "chimie" entre les cinq tout au long des différents tableaux était évidente, irradiante et même explosive, cela malgré l'absence de public autour d'eux pour pousser cris et encouragements. Voilà du travail de pros !

C'est donc sur ces mots, souvenirs de ce FTA, que je mets à l'affût de ce que la saison estivale me proposera en oeuvres extérieures. Le défi sera grand parce que comme l'indiquait le site de la Ville de Montréal, les propositions culturelles ne seront pas annoncées pour ne pas créer d'attroupements !!! Alors comment faire en sorte que les artistes puissent se faire voir et être appréciés ???

 


dimanche 13 juin 2021

Sur mes pas (réels) au FTA: Revoir avec toujours autant de plaisir Louise Lecavalier !

 Je me souviens encore très bien de la fébrilité qui m'habitait lorsque j'étais rendu centième dans la file d'attente avant de pouvoir acheter mes billets pour cette édition du FTA. Ma liste d'achat était longue avec quelques priorités. Si au final, une fois rendu à mon tour, je n'ai pas pu obtenir tous mes choix, je pouvais quand même dire mission accomplie pour quelques propositions "dans mon panier" dont "Stations" de Louise Lecavalier, qui était tout en haut de la liste. 

Me voilà donc de retour pour une première fois dans la Place des Arts depuis ma visite quelques heures avant la fermeture "pandémique". Dans le hall, nous sommes dirigés avec rigueur vers la porte d'entrée (pas même le temps de saluer correctement une connaissance en chemin !) Je rentre et je me dirige vers mon siège, tout au bout d'une rangée, loin de mes territoires habituels, mais je suis dans la place !

                             Photo par André Cornellier fournie par le FTA et tirée de La Presse

La salle, une rangée sur deux, trois entre le spectateur ou le couple de spectateurs, se remplit peu à peu. La Salle Maisonneuve est toute dégarnie et l'impression est bizarre. Mais arrive le moment du début de la prestation et une fois toutes les lumières de la salle fermées, le rideau s'ouvre et sur une scène sobrement garnie de quatre bornes toutes discrètes. La salle est en attente, la fébrilité se ressent ! Et pendant les soixante minutes qui suivent, la "grande dame" de la danse contemporaine prend possession de mon attention. Je vois devant moi, cette femme mettre le quotidien avec ses sentiments et ses pensées dans son broyeur créatif  pour nous en proposer une chorégraphie d'une station à une autre. Je dois avouer que j'ai été particulièrement impressionné par le tableau durant lequel elle effectue des déplacements latéraux en fond de scène sur une jambe. 

Tout au long, les gestes parlent un langage universel accessible à chaque être humain. Chacun.e pouvant y trouver son sens et son plaisir. Les différents tableaux, utilisant les bornes illuminées en alternance de différentes couleurs sont accompagnés par une trame musicale qui enrobent et enrichissent le propos chorégraphique. Difficile de mettre en mots ce que d'autres, qui comme moi, ont ressentis. Une oeuvre qui laisse sans mots, mais avec toutes plein d'émotions. Je m'en voudrais de ne reprendre pas le "merci" de cette femme qui à la toute fin de la période de questions réponses, habilement menée par Elsa Pépin, appuyé par les applaudissements de tou.es.

Autre privilège de la soirée, celui d'assister à la remise du titre de Grande Montréalaise à cette femme hors-norme par la mairesse de Montréal en présence de Martin Faucher. Une fois les "cérémonies" et les photos à distance sanitaire faites, les propos de Louise Lecavalier sont à la hauteur de cette femme, simples, mais tellement beaux et sincères. 

Tout en revenant à la maison, les gestes de cette grande dame m'ont accompagné intérieurement, ce qui m'a permis de revivre certains des moments de ce que je venais de voir !

mardi 8 juin 2021

Sur mes pas réels au FTA 2021: Deux rencontres marquantes, chacune à sa façon !

 Au cours des derniers jours, j'ai été à la rencontre de deux propositions toutes différentes, comme quoi la "diète" de la "bête" culturelle se doit d'être diversifiée et pour cela, le FTA sait confectionner le "menu" ! Débutons par la première, présentée au La Chapelle, "Anything Whatsoever" de Katie Ward, dont j'avais vu la précédente création dans le même lieu, "imaginationreality", une oeuvre qui explorait les concepts de réalité et de subjectivité. Voilà pourquoi, je m'y rendais fort curieux pour découvrir une proposition chorégraphique "cérébrale".

Pause

Dois-je rappeler que la philosophie a toujours été pour moi une discipline qui m'a toujours fasciné, par sa façon d'aborder la réalité différente et complémentaire du scientifique que je suis.

Fin de la pause

                                  Photo de Katie Ward par Mark Feuerstack tirée du site du FTA

Je suis donc devant la porte du lieu de diffusion, rue St-Dominique, arrivé un "peu" à l'avance, je suis donc le premier dans la file ! Une fois les portes ouvertes, je suis invité, après les mesures sanitaires d'usage, à entrer. Je serai accompagné par un des membres de l'équipe, jusqu'à mon siège, dans le coin du lieu de prestation. Tous les autres sièges tout autour le seront également. Nous serons une vingtaine de personnes à découvrir et à participer à ce qui suivra. Sur cette scène toute blanche, ses vêtements rouges contrastent et attire mon attention. Nous sommes invités, à tour de rôle, à nous présenter et pour partir le bal, elle le fait en premier, nous indiquant qu'elle habite juste là de biais avec ce lieu, comme si ce soir elle était dans sa cour arrière. Et puis du bout de sa perche, sa complice sur scène, Camille Gravel se déplace de spectatrices, spectateurs à l'autre pour recueillir les propos que tous peuvent entendre. Mon tour arrive et, puich !!! ma présentation est "ratée", plutôt que de dire, "aujourd'hui, j'ai couru et j'ai travaillé la terre et je suis heureux d'être parmi vous", j'aurais dû, pour mieux me présenter, dire " je suis né à Montréal, j'ai toujours vécu à Montréal et je suis de ceux qui trouve que l'asphalte sent bon". Mais bon, la vie est souvent composée d'occasion ratée ! Pendant que les propos se font, Katie Ward se déplace sur l'espace du milieu en s'exprimant par des mouvements qui me gardent captif ! Elle prend possession de la place et de mon attention au point que certains propos m'échappent !

Étant tous autour, elle vient face à nous. Rendue devant moi, elle me regarde droit dans les yeux, la connexion est "directe" et intense. Le tout évolue dans un deuxième "acte" pour lequel elle nous demande de dire ce que nous voyons devant nous, dans le réel et dans l'imaginaire aussi ! Le temps passe comme la perche, mais jamais elle ne se rendra jusqu'à moi pour permettre de me racheter de mes premiers mots ! Peu importe, les mots des autres sont fort riches et enrobés de ces gestes. Avec sa proposition Katie Ward a su allier le propos de tous à ses gestes pour en faire un moment fort riche.

Quelques jours plus tard, je me rends avec les transports en commun (une première en un an !) jusqu'au Vieux-Montréal pour découvrir la deuxième partie "BOW'T-TIO'TIA:KE", "PROTEST" de Rhodnie Désir. C'est la seule des trois parties que je pourrai voir, mais j'ai été "bien servi". Est-ce que la proposition de trente minutes qui me demande plus de deux heures mérite le déplacement. La réponse est sans équivoque, OUI ! C'est sous un soleil de plomb que j'attends devant la scène sur "mon" siège en première rangée. Je serai donc aux avants postes de son "Protest" qui s'avérera à la hauteur de la revendication. Dès ses premiers pas sur scène, déterminée et vêtue d'orange (couleur des enjeux autochtones de notre époque et de ces lieux) , elle libère les symboles orange de l'arrière de la scène. Avec ses deux complices de toujours à l'accompagnement musical (Engone Endong + Jahsun ), elle nous propose son chemin dans lequel je retrouve deux moments forts. Celui où elle utilise ses "boîtes" de bois comme "radio portative", symbole, pour moi, d'affirmation ! Et aussi, celui qui a fait que je me suis presque levé pour la suivre. Celui durant lequel où par ces gestes forts affirmés, elle nous invite à nous lever pour protester ! Pour moi, le moment est tellement fort que je suis à "deux doigts" de me lever ! 

                                  Photo de Rhodnie Désir par Kevin Calixte tirée du site du FTA

Pour cette femme pour qui la capacité d'absorber l'essence des lieux et des enjeux qu'elle explore n'a d'égale que le sourire et la détermination pour faire fondre les résistances, j'ai la plus grande admiration ! Merci Rhodnie pour tout ! J'espère seulement avoir le privilège de découvrir tes "prochains pas" !



jeudi 3 juin 2021

Sur mes pas (réels et virtuels) au FTA: Retour sur une rencontre marquante avec "Alep. Portrait d'une absence" !

Pour une des rares journées pluvieuses de ces dernières semaines, c'est vers le Wilder que mes pas me portent pour découvrir "Alep. Portrait d'une absence" ! Lors de l'examen attentif des propositions de cette édition du FTA, cette oeuvre, hors de mes territoires habituels de danse, m'avait interpellé. La teneur du propos et le type de rencontre tout intime en faisait pour moi un incontournable, au point de vouloir faire une heure aller et une autre heure retour de déplacement pour les trente minutes de rencontre. Et quelle bonne décision, j'ai prise ! Pour mieux me faire comprendre, voici une "brève" description de ces moments débutant de mon entrée en salle jusqu'à ma sortie. 

Dans le Wilder, les différentes activités de FTA sont nombreuses et moi, je me dirige au fond à l'accueil. Une fois que j'ai donné mon nom, que j'ai répondu aux questions sanitaires d'usage et que j'ai mis mon masque de procédure, je peux monter les escaliers vers l'Espace danse. Sur le mur devant moi, je découvre une carte que je suppose (et qui sera) celle d'Alep, ville syrienne détruite, victime innocente tout comme ses habitants, de la cruelle guerre civile. Nous serons dix spectateurs pour les rencontres avec autant de personnes. Nous sommes informés de ce qui suivra, soit que nous devrons prendre une partie de cette carte de la ville et prendre un micro enregistreur qui est associé au numéro derrière cette partie de carte que nous aurons choisi.

                                                                       Tiré du site du FTA

J'ai donc pris mon morceau de cette carte (sans savoir de quoi il serait question) et le micro enregistreur qui y était associé. Une fois rendu dans le lieu de rencontre, j'écoute les instructions qui sont d'abord de trouver la table sur laquelle mon morceau de casse-tête pourra s'insérer et ensuite d'écouter l'origine de ce projet, soit de tenter de conserver dans notre mémoire collective les souvenirs par les paroles de ceux et celles qui y ont vécu heureuses ou heureux dans cette ville.

Je trouve ma place, met ma pièce et j'attends la rencontre. Tout autour devient sombre et arrive après quelques instants, face à moi, de l'autre côté de la table derrière un plexiglas, mon interlocuteur. Je lui remet mon "bidule" et il le met en marche pour que je puisse entendre la voix de celui qu'il incarnera. Par la suite, comme si c'était juste de lui à moi, malgré que tout autour les voix s'expriment comme dans une ville bourdonnante d'activités, il me raconte une partie de sa vie. Celle qui commence par les moments heureux dans son arrivée dans la mosquée, ses rôles jusqu'à ceux qui briseront sa vie, coincé entre des forces destructrices qui le dépassent. Cet homme en face de moi, c'est lui (même si le vrai Bakri est au Danemark) et ses paroles me touchent et mes yeux s'embuent, ouf !

Le tout se termine, mais avant de partir, je suis invité, sans obligation, à laisser un message verbal au vrai Bakri pour lui parler d'un de mes lieux de mon passé. C'est donc tout simplement que je lui parle de ma chance de pouvoir revenir sur cette rue où j'ai vécu mon enfance et sur laquelle est toujours mon église d'enfance et était mon école primaire devenue une résidence de personnes âgées. Une fois pesé le bouton stop, je reviens dans le moment présent et je quitte la salle. Une fois rendu dehors, je porte un nouveau et reconnaissant  regard sur ma ville jusqu'à mon retour à la maison et de réaliser la chance que j'ai ! Merci Mohammad, Al Attar, Omar Abusaada et Bissane Al Charif  pour votre projet de conserver la mémoire de votre ville et merci aussi à toi Frédéric Lavallée d'avoir aussi bien incarné cet homme ne voulant que le bien et le beau !


lundi 31 mai 2021

Sur mes pas (virtuels et réels) au FTA 2021: Mon bilan de mes premières sorties.

 Difficile pour moi de ne pas constater que Martin Faucher et les gens du FTA ont encore visé juste sur les enjeux actuels avec la programmation de cette édition. Tout comme en 2012, en plein printemps érable, je m'en souviens encore la programmation était en "parfaite harmonie" avec cette époque de revendications étudiantes. Cette année encore, mon début de FTA était de cette mouture. Pendant que se poursuivait l'enquête publique sur la mort de Joyce Echaquan et de la découverte des corps de 215 jeunes autochtones sur le site d'un pensionnat à Kamloops, mes pas m'amenaient jusqu'au Jardin du Musée d'art contemporain de Montréal pour découvrir la plus récente création de Lara Kramer, "Them Voices". 

Avec en tête la description du FTA de ce que j'allais découvrir,  "la chorégraphe explore la relation entre son corps et la mémoire et questionne l’incidence de nos actions passées et présentes sur les ancêtres du futur.", je prends place sur mon siège. Le début de soirée est tiède sinon frais et devant moi se trouve un espace scénique tout en longueur avec en son milieu, un monticule sur lequel se retrouve une femme étendue immobile, la tête sous une bâche. Ce temps d'attente me permet d'observer les lieux et je constate sur le mur derrière, des plantes grimpantes qui s'accrochent pour monter ! Ce qui pour moi a toutes les allures des démarches actuelles des différentes populations autochtones dans un monde qui leur donne peu de prises. Une fois les 25 places occupées, un son, un grondement je serais tenté de penser, prend possession de mon attention et cette femme (Lara Kramer) commence à bouger. Rien ne semble facile pour elle et elle commence à occuper le lieu et accaparer mon attention. Malgré le soleil qui se fait de plus en plus bas comme le mercure du thermomètre, la fraîcheur du moment ne perturbe pas mon attention. Elle évolue dans cet espace en effectuant des gestes qui parfois échappe à mon interprétation, mais avec d'autres qui me sont fort éloquents. Quand elle prend sa truelle pour récupérer sur la toile de plastique, les traces de terre, réelles ou non, comme les identités de son peuple en territoires urbains. Celui aussi durant lequel, un sac de terre est mis devant, ouvert d'un coup de truelle, comme si elle tentait de recréer son monde de là-bas ici, mais sans grand succès, à en juger de sa réaction. 

Pendant toute l'heure, elle présente devant moi et je le ressens bien, ce qu'elle indiquait, soit "Le mouvement instinctif et la découverte de mon environnement immédiat sont des moteurs puissants de cette pièce". Depuis ma première rencontre avec elle, 2016, dans le hall d'entrée de l'Université Concordia en toute anonymat suivie dans les jours qui ont suivi d'une de ces oeuvres, "Native Syndrome Girl", je découvre "ses pas" qui me captivent à chaque fois. En revenant chez moi, cette rencontre continue à résonner en moi et me fait voir avec encore plus d'empathie ces "habitants de la rue" que je rencontre au retour au coin de la rue.

Le lendemain, c'est vers la Maison Théâtre que mes pas me portent, pour découvrir "Aalaapi" du Collectif Aalaapi selon l'idée originale Laurence Dauphinais et Marie-Laurence Rancourt. Cette proposition est crite sur le site du FTA comme "de précieux tressaillements de la vie au nord du 55e parallèle. Plongée contemplative dans l’intimité d’une génération de jeunes femmes inuites, Aalaapi révèle le Nord par le truchement de la radio." Installé dans cette grande salle, isolé sur mon siège, "loin" des autres, le tout commence. Après un petit cérémonial d'accueil, les moments qui suivent nous présentent le quotidien avec un visuel simple soit deux fenêtres qui nous permettent, lorsque les rideaux sont ouverts, de voir un intérieur qui ressemble à une cuisine. Et dans ce monde tout au nord, la radio est un lien de communication qui unit et c'est ce que nous découvrirons par la suite. Les propos sont diversifiés, couvrant différents aspects de la vie quotidienne et qui me permettent de prendre conscience d'une réalité fort différente de la mienne. "Le défi était d’arriver à créer une rencontre entre le public et elles pour favoriser un relâchement et une précieuse disponibilité" et ce défi est relevé selon moi. Si je me fie à la discussion d'après-représentation, nous étions nombreux avec la même perspective. À défaut, d'aller tout au nord, "Aalaapi" nous y amène autrement avec une touche humoristique surprenante vers la fin et une marque d'ouverture à la toute fin. Si un jour, on m'avait dit que la radio prendrait une place importante lorsque j'irais à une présentation du FTA, j'aurais été fort dubitatif et pourtant ! Et de ce type de rencontre "intime", j'en veux d'autres !

Durant mon retour à la maison, je met la radio et signe du destin, est présentée une chanson d'une auteure-compositrice-interprète inuite, Riit. Une belle découverte qui m'a permis de maintenir le lien avec ce que je venais de voir et d'entendre. Et je compte bien continuer à explorer cet univers musical !

Ma troisième rencontre avec une proposition du FTA a été elle, d'une toute autre nature, soit la mise en lecture de Martin Faucher de "La fille de Christophe Colomb", roman de Réjean Ducharme par Markita Boies. Je l'avoue humblement, je n'ai jamais lu jusqu'au bout une oeuvre de cet auteur. Mais là, devant mon écran, je me suis laissé aller sur les mots décrivant les péripéties "surprenantes" et captivantes de cette héroïne. Les présentations en webdiffusion sont, je pense, une initiative fort prometteuse pour l'avenir ! 

Au final, des premiers pas très bien réussis et qui se poursuivront dans les prochains jours.

dimanche 3 juin 2018

Sur mes pas en danse: Une deuxième soirée au FTA avec un programme double

Cette année, mes pas au FTA se font principalement sur le mode programme double. Pour cette soirée, ce fût d'abord "Quatuor tristesse" de Daniel Léveillé (Daniel Léveillé Danse) dans la grande Salle Rouge du Wilder et ensuite, pas trop loin dans "Le Balcon" de l'Église unie Saint-James, "Récital" d'Anne Thériault (Lorganisme).

Si pour Daniel Léveillé, j'ai pu découvrir les œuvres précédentes, présentées au FTA, ce ne fût pas le cas pour Anne Thériault. Donc, avec cette "mise en pas" je fais la file pour la première partie la soirée. Et la file, plus de trente minutes avant le début de la présentation, était déjà fort longue. Malgré tout, j'ai pu trouver ma place de choix pour découvrir la suite de la "trilogie" ou la troisième partie de Daniel Léveillé, entreprise avec "Solitudes solo" et suivie par "Solitudes duo". L'univers de ce  chorégraphe, pour l'amateur de danse contemporaine, est très cartésien et assez "froid". Mais, pour peu que l'on s'y plonge et qu'on l'apprivoise, il apporte de grandes satisfactions.

De ce "Solitudes solo", j'avais vu une évolution avec la suite "Solitudes duo". Mais pour la suite, avec "Quatuor tristesse", je m'attendais à une évolution du propos, empreinte de tristesse, compte-tenu de son titre. Mais de cette tristesse annoncée, peu de trace montrée. Selon les attentes des spectateurs, ce troisième opus sera satisfaisant ou non. Pour ma part, contrairement aux commentaires entendus après la représentation, "Quatuor Tristesse" m'a laissé sur ma faim, malgré la grande qualité d'interprétation des six interprètes, Mathieu Campeau, Esther Gaudette, Justin Gionet, Simon Renaud, Ellen Furey et Dany Desjardins (nommés par ordre d'apparition). 

(Note à moi-même: Me requestionner sur ma posture de spectateur et de mes attentes. Revoir mes critères d'appréciation face aux choix des créateurs et que ceux que j'aurais fait !)

Dès les premiers moments, le premier quatuor (trois hommes et une femme, ) prennent possession, d'un pas ferme du carré blanc scénique. Ils nous proposent, nus, des gestes exécutés fort habilement avec une précision, qui me rappelaient, à s'y confondre, aux deux oeuvres précédentes. Ce qui me frappe encore dans leur exécution en alternance est l'écoute "visuelle" des autres, mais d'expression, aucune trace, je constate. La suite, le plus souvent à quatre, sinon en solo ou en duo, mais jamais plus, sur cette scène blanche dont ils ne sortiront jamais ou presque.

Mais il y aura ce moment durant lequel, prend toute la place, la "tristesse rayonnante", tel un corps noir, d'Ellen Furey, portée par son regard et sa physionomie, qui me rejoint droit dedans moi. Elle s’avérera mon seul "rayon" de tristesse dans ces moments durant lesquels les gestes et leurs ondes auront dominé par leur solitude. Je dois avouer que cette nudité exposée (contrairement aux deux oeuvres précédentes) par les six interprètes n'a rien ajouté, selon moi, à la portée du propos du chorégraphe. S'il poursuit à un octuor, j'espère qu'il se permette une suite à la hauteur de son talent déjà exprimé et aux attentes du spectateur que je suis. 

Sortie de la salle pour me diriger un peu plus à l'ouest sur Ste-Catherine, pour trouver, tout en arrière, l'entrée du lieu saint, l'Église unie Saint-James, pour prendre place dans "Le Balcon" pour assister à "Récital" d'Anne Thériault, accompagnée sur "scène" par Rosie Constant et Virginie Reid. 

                   Photo des trois interprètes de "Récital" par Dominique Bouchard tirée du site Le Devoir

À notre arrivée devant de l'église, nous sommes dirigés vers l'arrière du bâtiment pour ensuite monter l'escalier pour au final prendre place dans une grande salle tout en longueur. Au fond, une estrade de quelques rangées avec sur quelques sièges une cassette audio. J'en glisse une dans ma poche (faudra juste que je retrouve mon vieil appareil pour en profiter !). Sur le devant "rien et entre les deux, une long tapis fort "moutonneux" avec "plein de bidules dessus" provenant d'une autre époque, comme l'était la cassette audio. Avant la représentation, dans ce lieu saint, nous pouvons commander une boisson alcoolisée, mais pas nécessairement du vin de messe. La salle se remplit et, discrètement, les interprètes arrivent, rejoignant donc leurs partenaires musicaux,  dont un orgue ou un piano (???) ainsi que le thérémine qui deviendront des "participants sonores" fort importants dans ce qui suivra.

Pause-définition:  Le thérémine est un instrument de musique électronique, inventé en début du siècle dernier, qui émet des sons sans qu'on le touche, juste en rapprochant ses mains de ses antennes et qui réagit à l'environnement. Anne Thériault indique dans le feuillet de présentation qu'il est très "caractériel" qui a sa propre volonté. "Ça j'aime cela !"

Ainsi donc, dans une ambiance feutrée de ce lieu différent, d'une autre époque, colorée de brun et de beige apaisants, nous découvrons leurs déplacements, tels que ceux de poupées mécaniques venues d'une autre époque, suivant des chemins préétablis, modulés par les éclairages et le son de la thérémine, mais aussi modulant, elles aussi, les sons et la musicalité du lieu. tout en douceur. De ces femmes, j'en suivrai les déplacements avec grand plaisir, comme si, moi aussi, j'étais dans un autre monde, leur monde.  Et cela je le ferai jusqu'à ce qu'elles se rejoignent au pied du clavier dans un moment où les corps et la musique sont en parfaite symbiose. À ce "The end" auquel je me serais attendu, la pièce s'est poursuivie, entachée par ma déception de cette magie quelque peu dissoute. Mais le spectateur est "discipliné" et reste bien attentif, "réembarque" pour poursuivre jusqu'à la fin "finale" qui m'a reconquis. Deux finales pour le prix d'une, puis-je se plaindre ?

Au final, une oeuvre qui émerge d'un autre temps et qui nous y entraîne dans un lieu fort approprié pour cela. Et moi, au moment présent, je reviens, mes pas me ramenant à la maison suite à une belle soirée tout en opposition, signée FTA.

mardi 29 mai 2018

Sur mes pas en danse: Une soirée bien remplie et réussie au FTA 2018 avec "Union of the north" et "Bleu".

"Un programme double, qu’est-ce que t’en dis / Une vue d’amour, une vue d’bandits / Un programme double, y a rien comme ça / Pour oublier tout c’qui va pas", chantait Sylvain Lelièvre ("Programme double"). C'est ce que j'ai fait en ce lundi soir de FTA avec une "vue d'amour" ! sur grand écran avec "Union of the north" à la Cinémathèque Québécoise, mais pas une vue de bandits pour la suite au théâtre La Chapelle avec "Bleu" qui n'a rien volé à sa réussite et qui a capturé mon imagination.

La soirée a donc débuté avec la célébration d'un mariage et de ses préparatifs, celui de la chorégraphe Erna Òmarsdòttir et de "l'Homme orchestre" Valdimar Johannsson préparé par Matthew Barney. À mon arrivée à la Cinémathèque, je prends le feuillet de présentation, essentiel pour les "crédits" de l'oeuvre, parce que comme me l'indique la personne à l'accueil, ce que je verrai est la la deuxième partie d'un triptyque, dont l'avant et l'après étaient constituées de prestations "live" et rien ne m'indiquera les créateurs et les interprètes de cette oeuvre.  

Installé bien à l'avance sur mon siège, confortablement assis, j'ai pu prendre connaissance du "programme de la soirée" et cela m'a guidé dans la suite pour m'y retrouver "quelque peu" ! Parce que cette célébration n'a rien de convenu ni d'habituel et qu'elle nous amènera dans un centre d'achat avec les préparatifs de l'un dans une épicerie et de l'autre dans un magasin d'articles de sport. Les préparatifs ont tout à voir sauf à ce que nous pourrions vivre ici et même en Islande, pays d'origine des futurs mariés. Complètement éclatés et enrobés, sinon hallucinants les différentes étapes des préparatifs jusqu'au pied de l'hôtel, un comptoir d'un Dunkin Donuts ("Coffee and much more") derrière lequel est installée une "divinité" (Sofia Jernberg) à la voix d'or. 

De ces préparatifs, il est parfois difficile de bien les suivre parce que l'écran est souvent séparé en deux, montrant lui d'un côté et elle de l'autre avec de son côté à lui, un "préparateur" au propos diluvien (islandais traduit en anglais), propos rayonnant de connaissance, mais complètement hors propos. Propos qui sont néanmoins passionnants par leur teneur érudite. Le tout se termine dans l'apothéose de la bulle "cérémoniale" et du départ vers une nouvelle vie ! Nous laissant nous derrière, "sur le cul", oups !, plutôt sous le choc !!! 

Après une légère hésitation à revenir à la maison, mes pas m'amènent après une vingtaine de minutes de marche, fort essenteilles, qui recharge mes batteries et qui me permettent de faire le vide, jusqu'au théâtre La Chapelle. Dans un hall "surchauffé", une foule nombreuse déjà s'y entasse. J'attends, en "mijotant" pour y découvrir "Bleu" de Jean-Sébastien Lourdais avec Sophie Corriveau. Déjà quelques minutes avant de prendre place dans les lieux, la salle vrombit d'un son enveloppant et assourdissant. 

                                   Photo: Jean-François Boisvenue tirée du site du théâtre La Chapelle

À notre entrée, l'interprète est déjà là, en plein "travail" sur une scène envahie d'une matière qui je le découvrirai assez vite s'avère être des nouilles, des "tonnes" de nouilles éparpillées ou en tas. Elle accumule cette matière, telle des potentialités pour en faire des amas de concrétudes, tangibles et observables. En habit de travail et avec les objets de circonstance, elle "procède" sans tenir compte de nous ou si peu. Je partage le point de vue du chorégraphe qui indique dans le feuillet de présentation que "La matière utilisée n'est plus prise pour ce qu'elle est, mais pour tout ce qu'elle peut évoquer et éveiller d'un point de vue sensoriel. L'environnement participe donc à l'évolution dramaturgique en offrant quantité de lectures au spectateur". Comme s'il disait, donnez un carré de la sable à un enfant et il en deviendra le roi ! Et dans cet espace, je m'y suis retrouvé, guidé par cette femme avec mes projets de vie, remplis de travail, d'observation, de bilans, de regrets, de reculs et de regrets. Le tout présenté simplement, me permettant d'y prendre place et comme je l'aurais fait avec une fin toute en douceur et en générosité, puisque c'est elle-même qui nous ouvre la porte de la salle pour poursuivre notre réflexion, hors des lieux.

Avec d'autres pas bienvenus, je reviens à la maison avec une grande satisfaction et une toute petite nouille dans la poche, comme souvenir tangible de cette rencontre marquante. 


samedi 26 mai 2018

Sur mes pas en danse: Une sortie "particulièrement" exigeante, mais intéressante au FTA avec "6 & 9".

La première proposition danse du FTA, pas question de rater cela. De la grande visite,"En provenance de Pékin, le Tao Dance Theater (et son chorégraphe Tao Ye) amène son esthétique sobre, chic et raffinée lors de l’ouverture du festival TransAmériques." écrivait, fort justement, Mélanie Carpentier en début de sa critique (Le Devoir 24 mai 2018). Un programme double avec deux parties opposées aux allures du ying et du yang (tel qu'indiqué par le chorégraphe dans le feuillet de présentation) avec son titre "6 & 9" qui s'est avéré comme tel, avec une première partie présentée dans la pénombre et une deuxième dans une lumière crue. 


                                 Photo de "9" par Fan Xi tirée du site de "Le Devoir"

Deux parties dont les oppositions tenaient aussi aux propos chorégraphiques présentés. "6" avec ses six interprètes se présente à nous provenant de l'ombre et y restera tapis avec de légères modulations des éclairages. Les mouvements présentés par les six interprètes en lignes (droite ou courbe ou diagonale) sont ondulatoires avec des pieds bien ancrés au sol et des bras occupés à tenir le vêtement. De ces mouvements, il a fallu que je me force à rester attentif et, je le concède, ils  m'ont presque amené dans les bras de Morphée. La simplicité apparente du propos chorégraphique et de ses répétitions, enrobée d'une trame musicale ondulatoire, avec sa rigueur m'a amené ailleurs dans mes pensées. 

C'est finalement, une fois le tout terminé et après avoir échangé avec ma voisine du siège voisin que le ou les sens de l'oeuvre me sont apparus. Pour elle, ce fut de longues plantes qui ondulaient dans les airs au gré du vent, défiant la gravité et moi, après, j'y ai vu des algues dans un cours d'eau au gré des courants marins. Tous deux, cependant étions d'accord sur la beauté de l'oeuvre et de la qualité de la prestation.

Petite devinette pendant la pause. Si "6" mettait sur scène six interprètes, "9" devrait avoir combien d'interprètes ? La réponse nous est apparue rapidement à l'ouverture des rideaux sur un plancher tout blanc et fortement éclairé. Et oui, ils étaient neuf. Et la suite, m'a, cette fois, captivé et fasciné jusqu'à la toute fin. Sous cette lumière crue et une trame musicale fort "colorée", les mouvements sont beaux et circulaires, en apparence aléatoires, mais subissent la loi de la gravité par leurs chutes fréquentes. Les interprètes se déplacent, sans qu'ils aient d'interactions avec les autres, mais pour peu que l'on soit attentif, les rencontres produisent de subtiles et rapides interactions. Comme pour ces molécules dans un contenant aux déplacements en apparence chaotique, mais qui par des interactions toutes subtiles s'influencent (les interactions de van der Waals, pour mes lecteurs scientifiques). Ou aussi, comme nos propres comportements individuels avec les aléas de la vie qui nous font chuter et exige que nous nous relevions dans une société en apparence indifférente. Pour cette partie, le sens je l'ai vu là, en direct et je m'y suis intéressé jusqu'à la toute fin. 

Une deuxième sortie au FTA 2018 qui s'avère au final assez bien réussie pour son côté cérébral et de la beauté des gestes qui émergent de leur simplicité, autant du côté ombre que du côté lumineux.

vendredi 11 mai 2018

Sur mes pas en danse: "Phantom Stills & Vibrations", "Ngii Miigwewinmii iw" troublant de Lara Kramer.

Les grandes manœuvres du FTA ont beau commencer dans un peu moins de deux semaines, il nous propose une première proposition qui commence ce jeudi dans la salle d'exposition du MAI.

"Phantom Stills & Vibration" de Lara Kramer se décline en deux éléments, d'abord une exposition (jusqu'au 10 juin) et aussi une performance (présentées en quelques occasions, soit en plus de ce 10 mai, les 17 et 24 mai et 7 juin à 19h00 ainsi que le 2 juin à 15h00). Le tout prenant appui sur l'expression "phare" "C'est mon héritage" ou "Ngii Miigwewinmii iw", soit celui d'une femme dont les trois générations précédentes ont fréquenté le pensionnat indien Pelican Falls dans le nord de l'Ontario.

Nous sommes invités à une visite les traces des lieux de ce pensionnat maintenant démoli et remplacé par une école secondaire. Elle nous propose sa perspective d'une violence jadis acquise mais dont l'empreinte est encore présente. Et c'est cette empreinte toute aussi invisible que forte, que j'ai découvert avec des images, des objets, des sons et des fragments de témoignages, enveloppés d'une atmosphère forte, malgré l'agitation propre à un vernissage.

                               Photo de Lara Kramer par Stefan Petersen

Le milieu de la salle est inaccessible aux visiteurs, protégé par des bandes de plastique transparentes et ce lieu sera celui où la performance aura lieu, un peu plus tard. Autour, d'abord sur un grand panneau indiquant en langue amérindienne d'abord et en plus gros, mais aussi en anglais et en français, que Lara Kramer nous présente son oeuvre. Plus loin, nous pourrons voir un canoë "rempli" de graines, un reste de grillage, une série de Polaroids du lieu avec elle sur certains accompagnés parfois dans les marges des mots. Il y a aussi un tas de bois coupés, les restes de ce pensionnat, je serais tenté de penser, tout proche, un coin qui a tout du lieu intime autochtone mais aussi, au fond de la place, près de 200 draps pliés (plus précisément 180, si j'ai bien compté) en différentes piles sur deux "colonnes" de bancs, me rappelant les dortoirs d'un pensionnat. J'ai pu aussi entendre dans les casques d'écoute répartis un peu partout dans la salle des sons, et des témoignages sur fond d'eau qui coule ou de gazouillis de bébé. Dans ce coin, qui m'a gardé captif un long moment, la peau d'animal, le porte bébé, le contenant de graines et le pot d'eau tout simple soit-il est fortement chargé en symboles d'intimité et cela me rejoint.

De ces lieux, j'en ai fait un et deux tours, lentement, m'arrêtant souvent, restant sur place et découvrant des détails ratés la première fois. J'ai ressenti pleinement ce que l'objectif de Lara Kramer qui le mentionne dans le feuillet de présentation, Phantom, Stills & Vibration est une oeuvre qui vise à faire sentir aux gens le poids du silence, des fantômes qui hantent toujours le lieu, aujourd'hui reconverti en école secondaire." C'est donc dans un état de réception que je suis prêt à découvrir sa performance accompagnée par Stefan Petersen.

Les lumières s'éteignent et arrive d'abord, lui qui se met à étaler de la "poudre" de différentes couleurs. Il le fait avec application indifférent aux alentours. Arrive ensuite, elle qui prend place dos à nous et reste immobile. Lui, toujours en action, continue à colorer et à déplier ce drap, tandis que elle toujours dos à nous, se met, tout lentement, à une tâche qui nous échappe. L'attente est palpable parmi les spectateurs, certains abandonnent et quittent, mais il suffit de se concentrer pour ressentir les vibrations et d'imaginer les fantômes du passés. Très personnellement, je ressens la détresse intérieure de cette femme et aussi sa détermination à évoluer. Ce qu'elle fera en se déplaçant tout autour, arrêtant pour nous interpeller du regard. Elle le fera juste devant moi et je sens son regard m'interpeller. Arrivera le moment de la rencontre de lui et de elle qui laissera des traces, sans changer le cours des événements, triste constat !!! C'est donc dans une position de repli que le tout se termine.

Voilà des moments qui tiennent plus d'une rencontre expérientielle exigeante que de la performance, du même type que j'avais vécu avec "Native Girl Syndrome" en 2016 de la même chorégraphe. Expérience forte, pas nécessairement agréable, mais essentielle pour bien ressentir ce qu'ont vécu ces hommes et ces femmes traumatisées par notre comportement. Un moment de prise de conscience qui nous permettra, je l'espère, de reconnaître notre responsabilité collective.


jeudi 8 juin 2017

Sur mes pas en danse au FTA: "Tordre" pour apprécier ce que l'on m'offre

Mes derniers pas au FTA édition 2017 m'ont amené dans cette grande (qualificatif un peu surprenant, j'en conviens, mais j'y reviendrai) salle du Théâtre Rouge du Conservatoire. Au programme, "Tordre", de Rachid Ouramdane, avec sur scène Annie Hanauer et Lora Juodkaite. Une oeuvre qui s'annonçait comme une plongée dans l'intimité de deux femmes particulières, "Nous sommes tous différents, mais il y a des gens qui portent davantage leur différence que d'autres.", "dixit" le chorégraphe dans le feuillet. Citation tout à fait annonciatrice de ce que nous pourrons découvrir. Je suis fort heureux d'avoir choisi la première rangée pour cette incursion de ces deux univers féminins, parce que dans cette salle, je ne suis pas certain que j'aurais ressenti la même chose de plus loin. (Note à moi-même: Tenter de trouver un spectateur présent dans les dernières rangées et lui poser la question*).

                                  Photo de Michel Cavalca tirée du site internet Mascarille

Ainsi donc après une entrée à la matière marquée par la répétition des mouvements, les rencontres individuelles, seront celles qui m'auront le plus marquées. Si j'ai parfois été dérangé par les transitions, les différents tableaux avaient ce qu'il fallait comme longueur pour remettre le focus sur la rencontre de la particularité de la femme qui s'exprimait là, juste pour et devant moi.

De Lora Juodkaite (qui est lituanienne), nous découvrons sa façon de s'exprimer et de tourner ("spin") dans deux tableaux, d'abord très longuement et dans le deuxième en tournant tout en nous parlant, sur le ton calme et posé de la confidence, de cette habitude qu'elle a depuis sa tendre enfance. À la fin des deux fois, moi épuisé juste à la regarder, elle s'arrête sans montrer le moindre signe de fatigue et d'étourdissement. Preuve qu'elle a complètement intégré cette façon d'être. Durant le premier tableau surtout, il est fascinant de suivre les variations de rythme et le jeu de son corps et de ses bras, déclinant des variantes parfois surprenantes.

De Annie Hanauer (qui est américaine), nous découvrons plus ou moins rapidement qu'elle porte une prothèse pour remplacer son avant-bras. Je dois avouer qu'il m'a pris un certain temps, sinon un temps certain pour le réaliser et ce n'est pas parce que elle le dissimulait. De notre rencontre, je retiendrai surtout son sens de la direction à provoquer le début et de ses mouvements tout au long du long et intense tableau, mais que je reverrais encore et encore, sur l'interprétation de "Feelings" de Nina Simone (version que je ne connaissais pas !!!). Faire corps avec la musique, elle m'en a fourni un exemple mémorable.

Je serai honnête ici et d'indiquer que cette oeuvre a travaillé en moi avec un certain décalage, parce qu'en sortant, mon impression était plus mitigée. Probablement trop affecté par les transitions et la fin plus légère. Mais, je comprends, qu'il me faudrait la revoir un de ces jours pour moins rester accroché à des détails, tel que "est-ce vraiment elle qui nous parle en tournant ou sa voix par une bande pré enregistrée ?"

Pour ceux et celles qui ont constaté qu'il y avait une étoile (*) à la fin du premier paragraphe, en voilà la raison. À cette question que je me posais, dès le lendemain, j'ai eu la chance d'avoir une réponse d'un spectateur qui était dans la dernière rangée et qui m'a indiqué qu'il avait très bien ressenti cette intimité présentée et qui avait beaucoup apprécié. La vie du spectateur qui a droit souvent qu'à la seule perspective de sa place assise, envie ceux qui peuvent découvrir plus qu'une fois de différents endroits.

dimanche 4 juin 2017

Sur mes pas en danse: Au FTA pour "To Da Bone" dans l'os !

Je ne vais pas m'appesantir sur la chose, mais mes pas m'amènent trop peu à cette édition du FTA. Voilà donc pourquoi, chaque sortie est importante et cette fois encore, ouf !, elle s'est révélée satisfaisante. Soulagé est donc le spectateur que je suis, quoi que, soyons honnêtes, le FTA cette année, de ce que je peux lire, recèle peu ou pas de mauvaises surprises. Mais là n'est pas mon propos, puisque de cette sortie pour découvrir "To da Bone" du collectif parisien "LA(HORDE" (Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel), j'en ressors fort heureux de cette rencontre particulière. Et ici, heureux, ne veux pas exclure le sentiment de trouble que j'ai ressenti face à cet univers chorégraphique et culturel particulier que j'ai découvert pendant près de soixante minutes. Découvert de proche, soit de la première rangée de la salle du Théâtre Rouge du Conservatoire, donc vraiment proche et soyez rassurés, "No regrets !"

Juste avant de plonger dans le vif du propos, je dois dire que j'avais choisi ce spectacle parmi bien d'autres, parce que je me souvenais que ce collectif (trio) avait créé "Avant les gens mourraient" pour les finissants de l'École de danse contemporaine de Montréal en 2014 et j'y étais et très heureux d'avoir pu apprécier cette soirée.

                                         Photo: Tom de Peyret

Donc de ma première rangée, le tout commence. Il y aura onze interprètes, dix hommes et une fille qui viendront se présenter à nous, chacun son tour. Onze interprètes de "jump style" soir de la danse urbaine qui s'amène à tour de rôle, face à nous d'une allure fort affirmée et les bras croisés. De cette danse urbaine, "jumpstyle", la gang nous la proposera en solo, en duo ou en groupes, dansant, discutant et même en argumentant. Ces onze interprètes, viennent de différents pays (France, Ukraine, Pologne, Hongrie, Allemagne et elle, Camille Dubé Bouchard, alias DUBZ du Québec). Une communauté de "jumpers" oeuvrant sur Youtube en temps normal, mais que le collectif (LA)HORDE, a permis de "connecter live" dans ce spectacle. Des individualités mises ensemble et qui nous propose une soirée intéressante et surtout réussie. Et lorsque le grand écran s'abaisse et que par caméra interposée, ils se présentent à nous, l'effet de leur réalité quotidienne vise juste.

Et de cette proximité de première rangée, elle m'a permis d'apprécier pleinement la beauté et la qualité des mouvements, tout cela avec un ton affirmé qui a fort bien répercuté en moi. Et lorsqu'ils s'approchaient sur le devant de la scène, c'est à moi seul qu'il s'adressait, je me permets de croire !

Une soirée de danses urbaines qui me permet une fois de plus de faire un pas vers mon apprivoisement du style, mais surtout, vers la découverte d'un univers artistique, hétérogène d'origine, mais homogène en style.

dimanche 28 mai 2017

Sur mes pas au FTA: "7 Pleasures" ré"jouissant"

Cette année, mes pas m'amèneront moins souvent qu'à l'habitude pour découvrir ce déferlement annuel d'oeuvres "fortes" et marquantes que propose le FTA. Et ce n'est pas par choix, dois-je l'indiquer. Il en reste que je pourrai y ajouter une touche de OFFTA, pour diminuer le manque du "junkie culturel" que je suis. Donc, lors des choix, j'ai choisi avec minutie en évitant les oeuvres d'ici (tel Ulysse attaché à son mât), espérant les retrouver plus tard sur une scène montréalaise "dans pas long" ! De ce "dur" et déchirant labeur, en est ressorti quelques oeuvres de danse et, c'est vers l'une d'entre elles que mes pas m'ont d'abord amené à l'Usine C pour "7 Pleasures". Présentée deux soirs seulement, le hall était fort rempli et, j'étais rassuré, le choix que j'avais fait était partagé par plusieurs. Bon, il est vrai que si vous mettez sur scènes douze corps nus et que vous requestionnez les modes de vie actuels, le public curieux sera attiré. Et Mette Ingvartsen, pendant plus d'une heure trente et ses douze interprètes nous propose une oeuvre tout aussi haute en esthétique qu'en intensité. Pour ma part, c'est l'aspect viscéral de sa proposition qui m'a le plus rejoint et qui a fait que ce premier choix a été réussi. Mais, commençons par le début.

La salle se remplit sur un fond sonore percussif de moins en moins discret. Les portes arrières de la salle se ferment et tout à coup, des spectateurs (les interprètes, en fait !) se lèvent et se déshabillent à leur place chacun à son rythme et se dirigent vers la scène. Tous sauf une, se retrouveront "agglomérés" dans une masse d'entrelacements à l'arrière-scène gauche, tandis que l'autre est sur un fauteuil à l'avant-scène droit. Fin du premier tableau de sept (tel que le titre de l'oeuvre le laisse supposer) qui nous présentent des états de chair ou des états d'être, ou les deux pour mieux dire. Le deuxième tableau, superbe, présente l'écoulement des corps vers celui qui est seul. La chorégraphe indiquait durant la rencontre après la représentation qu'elle s'était inspirée de la viscosité et moi, l'enseignant de chimie, est tout à fait d'accord. Dans cette suite de tension-élongation de la matière corporelle, les interactions physiques se font tangibles et tellement ressemblantes à celle des foules. Juste ce tableau valait le prix du billet, mais nous n'en étions qu'au deuxième.

                                                           Photo de la chorégraphe tirée du site du FTA

Je ne vous ferez pas le compte-rendu de tous les autres, mais impossible pour moi de ne pas partager ce que j'ai ressenti encore lorsque ces corps se sont mis à s'agiter de façon frénétique sur fond de percussion forte et puissante. De ce long et insistant déferlement, les interprètes en ressortent épuisés, comme moi et certainement la majorité des spectateurs. Les tableaux alternent entre des moments forts et d'autres plus calmes. Arrive le moment durant lequel, certains interprètes se départissent de leur nudité pour revêtir en tout ou en partie leur différence. Difficile de pouvoir savoir si le rapport de force entre les interprètes se modifient, si ceux habillés gagnent ou perdent du pouvoir par rapport à ceux restés nus. D'autant que certains vêtements se passent de l'un à l'autre. Ce qui selon moi, appuie une citation de Mette Ingvartsen du feuillet de la soirée, "Avec le sexisme persistant et les positions conservatrices de plus en plus répandues, il est primordial de proposer d'autres manières de vivre ensemble". Et c'est sur une finale tout en revendication-affirmation, durant laquelle les douze interprètes prennent un objet du décor et le brandissent face à nous.

Brasser les choses, les certitudes, les convictions en éclaboussant le propos sur les spectateurs en utilisant la nudité, Dave St-Pierre l'a déjà fait et très bien ici. Mette Ingvartsen le fait à sa façon et le réussit très bien. La chorégraphe, fille d'une ancienne hippie danoise qui a porté la révolution sexuelle des années 60, tente de rebrasser la cage aujourd'hui et dans un sens plus large, selon moi. J'ai été un peu amusé aussi, suite à une question, lorsqu'elle se demandait si nous étions habitués à voir de la nudité de cette façon. Il faudra revenir chère dame, vous qui étiez à votre première visite ici et apprendre à mieux nous connaître. D'autant que votre perspective de la société mérite que nous l'approfondissions.

lundi 13 juin 2016

Retour sur mes pas au FTA: "J'aime Hydro", mais pourquoi ?

C'était un passage hors danse de mon dernier FTA et nous avions choisi d'aller voir "J'aime Hydro". Nous n'étions pas les seuls, la salle était comble, pour assister à cette représentation de théâtre documentaire sur un sujet qui avouons le, pas très "sexy" ! Allez entendre parler d'une institution publique pourrait-il attirer les foules, me demanderez-vous. Il y a bien dans la salle et la discussion d'après représention a permis d'en faire le constat, des spécialistes du milieu, mais surtout de simples citoyens qui se sont déplacés. Alors pourquoi ?  Je laisse cette question en plan, parce que chaque spectateur présent a sa réponse et la mienne pourrait surprendre sans amener d'éclairage particulier.

                               Photo du site de Porte Parole

Dans "J'aime Hydro", pas question d'ironiser sur cetre relation amour-haine avec cette société qui devrait être la nôtre. Cette créature qui harnache nos belles rivières, défigure nos paysages avec ses lignes de transport et qui, selon certains, menace nos santés avec ses compteurs intelligents. Cette créature de "notre Révolution tranquille" qui était un symbole de notre prise en charge collective est-elle en train de nous échapper au profit d'intérêts privés ?

Pour tenter d'y voir clair, Christine Beaulieu revêt ses habits d'enquêtrice citoyenne, pour nous proposer en trois épisodes de la création d'Hydro-Québec à son apparent appétit sans fond pour le kilowatt-heure d'aujourd'hui. Elle le fait pendant plus de deux heures, qui passent vite, en jouant sur trois niveaux. Il y a d'abord sa perspective très personnelle dans elle intègre ses confidences personnelles et son désintérêt de départ. Il y a ensuite, la nature de ses démarches colorée de ses incertitudes et ses angoisses. Il y a enfin les faits, les opinions d'experts et aussi certaines interprétations que les spectateurs pourront faire. Le tout pourrait être aride ou austère, mais  c'est sans compter sur Christine Beaulieu qui a su capter notre intérêt avant et de traiter avec doigté et humour ce sujet délicat avec l'aide de Mathieu Gosselin qui revêt, tel un caméléon, les différents personnages et Mathieu Doyon, à la console et un peu plus, sur la mise en scène de Philippe Cyr, avec pas loin Annabel Soutar.

Projections vidéo en support, nous suivons avec intérêt l'enquêteuse et arriverons à nous faire une idée des enjeux actuels. Pour ma part, je pense avoir bien compris pourquoi nous, dans le sens notre Hydro-Québec  continuons de construire des barrages, même si nos besoins actuels ne sont pas existants et que ceux futurs sont très peu probables. Nous avons appris à faire des barrages et si nous voulons rester "maître-expert" de la chose, et bien, il faut continuer. Et cela coûtera le prix qu'il faut, d'autant que c'est le citoyen qui paye.

Une oeuvre importante qu'est "J'aime Hydro" et aussi utile, présentée avec habileté par Christine Beaulieu qui nous annonce deux autres épisodes que je me promets de ne pas rater. Je vous le conseille aussi.

jeudi 9 juin 2016

Sur mes pas en danse au FTA: J'aurais voulu être un danseur ! dans "Gala"

La foule nombreuse se pressait dans le hall d'entrée de la Salle Ludger-Duvernay en cette dernière soirée du FTA 2016. Il y avait de la grande visite et le moment était attendu, Jérôme Bell était en ville deux soirs et c'était la dernière. Le buzz était bon et la proposition du chorégraphe audacieuse. Il met sur scène dix-neuf danseurs professionnels et amateurs de tout genre venant d'ici, Montréal (hommes, femmes, très jeunes, plus vieux, avec ou sans handicap, dans tout le spectre de l'apparence physique), la diversité savamment recherchée et obtenue. Sur cette scène, tous pouvaient s'y reconnaître et pouvaient se dire comme moi, "j'aurais voulu être danseur !" en modifiant les paroles de Starmania. Je vous propose donc un compte-rendu sur l'air de la chanson.

                                Photo de Sandrick Mathurin tirée du site de Voir

J'aurais voulu être un danseur pour pouvoir me rendre sur toute les scènes présentées en entrée de jeu. être impressionné par celles toutes majestueuses et fouetté par le vent de celle face à la mer.

J'aurais voulu être un danseur pour pouvoir faire mes pas de ballets en solo sur une grande scène.

J'aurais voulu être un danseur pour pouvoir faire des pas de valse bien accompagné dans un collant multicolore.

J'aurais voulu être un danseur pour pouvoir montrer ma performance de Moon walk sur la chanson "Billie jean" du maître du mouvement.

J'aurais voulu être un danseur pour pouvoir faire mon solo sur cette grande scène avec les autres et découvrir toutes les réactions des spectateurs.

J'aurais voulu être danseur pour pouvoir passer seul sur scène, le temps d'arrêter et de recevoir, juste comme cela, sans raisons, les applaudissements de la foule.

J'aurais voulu être danseur pour pouvoir faire du vogueing, en suivant les mouvements de Gerard Reyes. ou "swinguer la bacaisse" dirigé par une femme qui aurait pu être ma mère ou m'éclater sur un air des années 70 en suivant le déhanchement d'un homme qui a tout de mon beau-frère et aussi lancer et échapper mon bâton de majorette derrière celui qui à la surprise de tous, le faisait virevolter de main de maître. Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine !

J'aurais voulu être un danseur pour pouvoir faire danser aux autres la tarentelle et surtout pouvoir danser et chanter avec cette femme qui avait les allures et la présence de Liza Minelli, la chanson "New York New York" en changeant le nom de la ville par celle de Montréal.

J'aurais voulu être un danseur pour pouvoir célébrer la diversité, pour ressentir devant moi toute cette atmosphère gorgée d'émotions et de plaisirs ressentis qui irradiaient dans cette salle magnifique.

Enfin, j'aurais voulu être danseur pour pouvoir me joindre au chorégraphe pour propager son message, soit que le parcours est plus important que la destination et aussi comme il le dit dans le feuillet, "le projet consiste à essayer, tenter, explorer plutôt que contrôler ou maîtriser, quitte à échouer".

Sur cet ode à l'audace que mon festival se termine et que mes pas me ramènent à la maison, le coeur léger et la tête comblée pendant que dans mes oreilles Claire Pelletier me chante "Tant de ciel" et surtout "La tarentelle".


mercredi 8 juin 2016

Sur mes pas au FTA; "La logique du pire", ouf !

Depuis notre première rencontre ("Gravel works") avec les propositions de Frédérick Gravel, ma blonde joint ses pas aux miens pour découvrir ce créateur hors-norme. Allez donc savoir pourquoi elle accepte pour lui et elle me dit non pour presque toutes mes autres invitations danse. Nous étions donc ensemble lors de la présentation de sa première collaboration,  avec Étienne Lepage, pour "Ainsi parlait" lors de l'édition 2013 du FTA et elle avait apprécié. Il était donc dans la logique des choses qu'elle y soit avec moi pour cette démonstration de "La logique du pire".

                                          Photo de courtoisie présentée sur le site info-culture.biz

Dans cette belle Cinquième Salle surprenamment pas salle comble en cette dernière soirée de présentation, nous avons pris place. "Gravel style", les interprètes sont déjà sur scène et attendent, comme nous le début. Arrive ce moment et nous sommes informés par Yannick Chapdelaine, un des interprètes, que nous aurons droit à de courts textes sans liens entre eux, mais qui dans l'ensemble feront, à la toute fin, un tout. Et nous voilà entraînés dans une suite de situations nous amenant à des extrêmes à s'en pincer. Brillamment et habilement amenés par Alex Bergeron, Yannick Chapdelaine, Gabrielle Côté, Renaud Lacelle-Bourdon et Marilyn Perreault, les situations s'enchaînent à un rythme effréné, exigeant. De sexe extrême à la nécessité de l'introspection en passant par un lendemain de veille bien arrosé, les textes sont fort efficaces, mais au final, mis à la suite les uns des autres se sont avérés trop dense pour nous. Nous avons droit à une logique du pire poussée à l'extrême durant plus d'une heure. Il y aura bien un court moment de "mouvements" nous permettant de reprendre notre souffle, mais nous en aurions pris d'autres pour le reprendre, notre "souffle". Si les situations absurdes provoquaient les rires au début, ils se sont faits rares par la suite. Soit que les spectateurs s'épuisaient, comme nous, ou se saturaient de ce pire, couche par couche, présenté. Si l'objectif était de faire abdiquer devant cette avalanche de pire, et bien, mission accomplie.

Une oeuvre forte, surtout verbale, mais pas assez dansée qui au final nous aura quand même plu. Ça aurait pu être pire !

mardi 7 juin 2016

Sur mes pas de danse au FTA: Une "Fin de série" qui frappe

Manon Oligny l'a déjà énoncé, "L'approche chorégraphique n'est pas quelque chose qui se décide, c'est un parcours que l'on poursuit d'une création à l'autre." C'était écrit dans le feuillet décrivant "L'Éducation physique", il y a dix ans en 2006. J'y étais et depuis, j'ai suivi ce parcours. Mes pas m'ont amené, par après, d'abord à l'installation "performatique", "L'écurie", dont les interprètes se trouvaient dans des stalles et nous demandait d'observer ses femmes en choisissant notre point de vue. Par après, en hommage à Nelly Arcand, "Icônes, À VENDRE", situant la "femme" dans une perspective différente, mais toujours au coeur d'une mission de la chorégraphe à interpeller et qu'elle réussit à transmettre autant aux femmes qu'aux hommes, une oeuvre après l'autre, pour peu que l'on suive son parcours.

                                          Photo de Claudia Chan Tak

Voilà donc, qu'elle poursuit sa route à ce FTA avec "Fin de série" pour lequel le feuillet présentait la phrase choc "Filles-machines, filles-images, filles-spectacles, filles-marchandises, filles-ornements ... elles sont l'illusion de la perfection.", tirée du livre "Les filles en série" de Martine Delvaux. Et à la question de Fabienne Cabado, "Et elle se battent avec fougue contre leur finitude", la chorégraphe répond, "Oui, cette notion de lutte est la pierre angulaire de la pièce".  Une oeuvre avec un ton plus affirmé, moins résigné, avec des femmes, en apparence toutes pareilles, mais qui montrent quelques différences pour peu que l'on soit attentif.

Le tout commence par la confession physique de leurs imperfections à grands traits noirs. Par la suite, elles revêtent leur habit imperméable pour affronter la "tempête" de leurs réalités. Et cette perspective de lutte, qui pour moi avait des allures de révolution, est présentée par des mouvements imprégnés de force, de frénésie et même parfois de violence. Il est évident que leur but n'est pas de plaire, mais de produire des mouvements symboliques qui frappent fort, qui défoncent comme pour une révolution. Leur mission est évidente, aller de l'avant dans le parcours et porter le message"pamphlétaire" de la chorégraphe.

Nous pourrons observer jusqu'au dernier tableau la mue de ses femmes, toutes ensemble, comme pour se délester, sinon se libérer de la charge qu'elles portent depuis leur naissance. Durant cette conclusion, nous pourrons voir, comme pour la tête de Jean le Baptiste, le mythe de la femme, celle espérée, celle souhaitée, celle montrée, qui est déboulonné et qui roule à nos pieds et qui est recouvert par la diversité de perruques venant de là-haut. Ces perruques qui sont la signature de la chorégraphe, pourraient être aussi le signal comme quoi cette mue leur permettra de revêtir des vêtements qui leur seront propres, à l'image de ces perruques toutes différentes.

Le tout n'aurait pas eu le "punch" si les interprètes, Geneviève Bolla, Miriah Brenna, Marilyn Daoust, Karina Iraola, Anne le Beau (présente dans les toutes les oeuvres présentées au début de ce texte) et Florie Valiquette (aux gestes et à la très belle voix) ne s'étaient investies totalement. L'effort physique qu'elle devait fournir se transmettait dans tout la salle. En complément, j'ai vécu à cette soirée, une première, soit l'utilisation de la magie dans un spectacle de danse. Loran a fait disparaître, là juste devant moi en première rangée, Geneviève Bolla enfermée dans une petite boîte après l'avoir transpercé avec de nombreuses épées. Je ne suis pas certain de la pertinence symbolique de cette partie, mais un esprit éclairé pourrait la justifier. De la magie, il en faut dans la vie parfois, quel qu’en soit la nature.

Intéressant de constater que je venais de terminer la lecture, il y a quelque temps, de "Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles" de Steve Gagnon chez Atelier 10, pamphlet qui portait sur la difficulté pour un homme d'endosser les rôles imposés par notre société. Vivre aujourd'hui, dans une société qui formate ne semble pas un problème exclusivement féminin. La prise de conscience souhaitée durant cette heure est, j'en suis convaincu, le milieu du parcours et non pas une "Fin de série". Je suis aussi convaincu que Manon Oligny devra poursuivre son parcours et à cette prochaine fois, je serai là, encore, pour en voir le résultat.


lundi 6 juin 2016

Sur mes pas au FTA: de la danse "Jamais assez" !

Pour cette soirée, mes pas m'ont porté jusqu'à l'Usine C pour découvrir "Jamais assez" de Fabrice Lambert. Ce chorégraphe, je l'avais d'abord découvert comme danseur, il y a un certain temps, septembre 2009 pour être plus précis, lors d'un "Destination danse" organisé par l'Agora de la Danse. Au programme, il y avait deux oeuvres solo, "Abstraction" et "Gravité". Voilà ce que j'en avais écrit à l'époque, elles " présentent l'interaction de l'homme sur son environnement d'une façon très accessible et surtout très belle" par cet "artiste chercheur". Dans "Abstraction" , il y avait un drap, "telle la terre, se déforme et garde les traces des agissements de l'homme anonyme". 

Sept ans plus tard, avec "Jamais assez", la préoccupation pour "l'infini" (dixit Fabienne Cabado dans le feuillet de cette oeuvre), du danseur devenu chorégraphe pour cette oeuvre, reste identique. En effet,  le point de départ de la création est le projet Onkalo qui est un méga site d'enfouissement pour déchet nucléaire en Finlande. Ce lieu créé 500 pieds sous terre pour conserver les déchets radioactifs jusqu'à ce qu'ils ne le soient plus, soit pendant 100 000 ans.  

À notre entrée en salle, le rideau est fermé devant la scène. Le moment venu, après que les lumières derrière les rideaux se soient éteints, la scène se dévoile à nous dans une ombre. Elle se dissipe sous l'action de la phosphorescence du plancher et nous pouvons le mouvement intrigant de corps qui se meuvent sur ce plancher. De ce fond de la terre, les corps émergent peu à peu à la lumière. Dix interprètes prennent possession sur la scène et y restent durant toute la durée de la présentation. D'abord, tous immobiles, une se lève, rejointe peu à peu par les autres.  Les mouvements sont d'abord individuels et peu à peu, ils deviennent collectifs. 


                                         Photo de Christophe Raynaud de Lage sur le site du FTA

De ces moments, j'en retiens une impression d'instabilité, comme la matière radioactive, particulièrement appuyés par les éclairages avec une partition sonore en parfaite harmonie. Les interprètes, telles des particules, cherchent et évoluent de plus en plus frénétiquement jusqu'au tableau dans lequel ils dansent dans une ronde de l'infini, avec une énergie et une qualité irradiantes. Le tout se terminant dans un retour de la "noirceur"!

De bons moments de danse qui permettent de réfléchir sur  notre relation entre le présent et l'infiniment long.

samedi 4 juin 2016

Sur mes pas au FTA en trois temps; troisième temps pour "Corps secret / Corps public".

En ce début de soirée, une fois le 5 à 7 portant sur le malaise en danse terminé, sans que le débat lui le soi (et le sera-t-il un jour ?), mes pas m'ont ramené à l'espace culturel Georges-Émile Lapalme. Un carrefour pour ceux qui se dirige du Complexe Desjardins vers l'une ou l'autre des salles de la Place des Arts ou tout simplement pour aller prendre son "métro". Un lieu dans lequel les vagues des promeneurs plus ou moins importantes déferlent selon le moment de la journée. Ces vagues humaines se brisent depuis le début du FTA sur une installation de trois structures, des espaces ou des abris faits de panneaux en plastique avec une double personnalité, transparent et réfléchissant. La plupart du temps, le tout est inocupé, mais il arrive que des corps l'occupe et l'animent. Ce sont les interprètes de "Corps secret / Corps public" d'Isabelle Van Grimde (chorégraphie) + Thom Gossage (atmosphère musicale) + Anick La Bissonnière (installation).

                                                Photo tirée du site de Van Grimde Corps secrets

Il est donc 19h00 et du monde, il y en a. Arrivent donc les interprètes en toute discrétion dans l'installation dans lequel, on retrouve des spectateurs volontairement présents pour l'occasion ou d'autres, juste curieux de voir que leur présence allume des lumières. Il y en a d'autres aussi tout autour. Pour ma part, je suis "dedans la chose" et je vois arriver un à un les interprètes. Ces corps aux intentions secrètes se transforment en corps publics. Moi, comme d'autres, nous nous déplaçons pour obtenir une perspective la plus globale possible (mission impossible), regardons à travers les panneaux qui nous permettent de découvrir la vision déformée d'un danseur de l'autre côté, mais parfois pas. Ces corps nous voient, mais ne nous regardent pas, se regardent très peu entre eux, gardant bien pour eux leurs intentions. Pour peu que l'on soit attentif, l'opposition annoncée dans le titre de l'oeuvre est forte.

Il est intéressant aussi de noter que si l'installation était occupée par des spectateurs en début de prestation, peu à peu, ces derniers se sont déplacés en périphérie, acceptant ou se résignant au fait que ces corps tout en mouvement établissent leur zone secrète dans cet endroit public.

Une belle oeuvre toute FTA, une oeuvre utile que j'ai apprécié, pour qu'un public plus néophyte puisse être exposé à la puissance et la beauté du geste qui porte un message.  J'aurais tellement voulu pouvoir être là pour la performance de 8h00 du matin et découvrir la réaction de ces gens "métro-boulot-dodo".   Si vous lisez ce texte avant le 7 juin 18h30, n'hésitez pas et dirigez vous à cet Espace culturel de la Place des Arts. Vous pourriez même partager vos impressions en commentaires de ce texte.

vendredi 3 juin 2016

Sur mes pas au FTA en trois temps, deuxième temps, pour écouter sur le "Malaise critique: les médias et la danse au Québec"

En cette fin d'après-midi, revenant de l'exposition "Hydra", mes pas me portent, tout proche, jusqu'au QG du FTA. Il sera question à cette table ronde du "Malaise critique: les médias et la danse au Québec". Animée par Fabienne Cabado, autour de cette table, on retrouvait Katya Montaignac, Louise-Maude Rioux-Soucy, Frédérique Doyon et Sylvain Verstricht, chacun ayant une perspective différente. Dans la salle, pas difficile de constater que le portrait était semblable et que c'est entre gens du milieu de la danse que la discussion se ferait, avec quelques autres intéressés, dont moi. Après une introduction par Fabienne Cabado, Katya Montaignac présente sa position, soit qu'il ne suffit pas de dire qu'un spectacle de danse contemporaine est ou n'est pas de la danse, suivi par un texte d'humeur sans appuis formels, ni arguments pour qu'il soit publié comme texte de critique et soumis en pâture aux lecteurs.

Si le titre annonçait un débat sur la critique en danse par certains médias, rapidement le tout a évolué vers le malaise "critique" de la couverture de la danse dans les médias. Les principaux constats que je fais de ce que j'ai entendu sont reliés aux enjeux économiques et à la problématique de reconnaissance.

Côté économie, promouvoir, couvrir et critiquer une oeuvre qui a une très courte durée de vie est un défi pour des médias écrits dont chaque pouce de papier se disputent âprement. Pour les médias électroniques, c'est le clic qui fait foi de tout et s'il n'est pas en assez grand nombre, le domaine passe à la trappe. Pour tous médias grand public, le climat économique ne permet pas d'avoir une ou des personnes expertes du domaine (et capable d'écrire vite et bien, non, très vite et très bien, a dit à peu près Frédérique Doyon), sans oublier que la vie de pigiste est loin d'être une vie rêvée. 

Côté reconnaissance, se faire promouvoir, se faire couvrir (et bien de préférence !) et obtenir une critique adéquate dans les médias de masse est-il nécessaire. Si oui, est-ce encore possible aujourd'hui ? Être vedette de son petit monde ou un quidam dans ce grand univers culturel, dans lequel la musique, l'humour et la bouffe dominent, voilà la question.

Le monde de la danse, comme bien d'autres domaines, est confronté aux changements de la société et de l'asservissement de cette dernière aux lois dominantes (et économiques) du marché. Un repli loin des grands éclairages médiatiques la condamne-t-elle à disparaître? Est-il possible de fournir à celui ou celle qui veut un point de vue approfondi sur une oeuvre ou un artisan. Si oui, doit-on compter que sur les milieux spécialisés, tels que les universités (UQAM et Concordia), les émissions de web-radio (tel que Danscussions) et les quelques braves bloggers bénévoles (tels que Local Gestures ou DFdanse) ?

Le temps a très vite passé avec des interventions aussi bien senties qu'intéressantes, qui n'ont pas pu dissiper le malaise, peu importe sa nature. Une évidence s'impose cependant, pour moi spectateur, le milieu de la danse contemporaine est bien vivant et ne se résigne pas face aux défis qu'il devra affronter. Un point de vue exprimé me semble prometteur, soit d'accepter d'être dans un créneau limité et de trouver les façons de bien s'y installer. 

Pour ma part, je suis tenté de présenter ce que je me souhaite comme amateur de danse. Peu importe le média, dites moi où aller lire un bon texte sur un artisan ou un spectacle et j'irai le lire. Je suis prêt à payer pour lire un texte de présentation sur un prochain spectacle et par la suite, un bon texte qui me décrira ce que j'ai manqué ou qui me dira, avec des yeux plus avisés et des mots plus érudits que les miens, les éléments techniques ou symboliques que je n'ai pas vu ou que j'ai vu sans en saisir toute la portée.

Les prochaines années nous montreront comment les mouvements sur scène ou ailleurs seront couverts et ou découverts. D'ici là, il faut continuer la veille à l'insignifiance du propos vide ou superficiel pour le dénoncer parce que, selon moi, la danse mérite mieux que le dicton quelque peu modifié par moi, "parlez en bien, parlez en mal, mais parlez-en"!

jeudi 2 juin 2016

Sur mes pas au FTA en trois temps; premier temps, "Hydra"

Il arrive que les astres s'alignent et que les horaires concordent, il serait fou de ne pas en profiter. C'est exactement ce que j'ai fait en cette fin d'après-midi et début de soirée. Après un passage au Centre de création O Vertigo, sur lequel je reviendrai peut-être, je me suis dirigé vers trois destinations du FTA. Il y a eu d'abord la Salle d'exposition de l'Espace culturel Georges-Émile Lapalme  pour poursuivre et approfondir mon expérience "Pluton", grâce à "Hydra" de Claudia Chan Tak. Ensuite, je suis rendu ensuite au 5 à 7 pour assister à la table ronde "Malaise critique: les médias et la danse au Québec", animée par Fabienne Cabado. Un 5 à 7 qui s'est terminé juste à temps pour revenir à l'Espace culturel pour poursuivre ma découverte de l'exposition et enfin assister à "Corps secret / Corps public" d'Isabelle Van Grimde (chorégraphie) + Thom Gossage (atmosphère musicale) + Anick La Bissonnière (installation) et les six interprètes, dont seulement 5 sont indiqués dans le feuillet !

Mais reprenons depuis le début, donc premier temps.

Quiconque suit mes pas, sait déjà que les oeuvres "Pluton" et "Pluton-acte 2" m'ont particulièrement touché. Rencontres entre deux générations de la danse contemporaine au Québec, de grandes personnalités, de différents styles qui ont permis de perpétuer le souvenir pour les récents amateurs de danse ou de les raviver pour lesmoins récents. De ces "rencontres", il fallait en garder des traces.

C'est à Claudia Chan Tak qu'est revenue la mission de documenter le tout, d'être le témoin privilégié que beaucoup d'entre nous aurions voulu être. Elle a donc capté d'habile façon, "l'essence des choses" avec des images photo ou vidéo, avec des documents ou des exhibits qui par leur diversité m'ont fait faire le tour avec une délicieuse lenteur. Tel un bazar, cette exposition recèle toutes sortes de trouvailles. Il y a les documents vidéo qui nous montrent les rencontres entre le chorégraphe et l'interprète et présentent leurs témoignages. À titre d'exemple, nous découvrirons que Nicolas Cantin a demandé à Michèle Febvre, lors leur première rencontre, "Conte moi ta vie". Aussi, comment Sébastien Lourdais percevait Linda Rabin et sa chevelure abondante. Une incursion dans l'intimité des rencontres qui permet de comprendre le résultat sur scène.

Autres trouvailles, l'exhibit "ma première fois" sur lequel Claudia Chan Tak présente les premières rencontres avec chacun des artisans de ces deux oeuvres. Les notes de Peter James et Katya Montaignac, "entremetteuse" de ses rencontres ainsi que les photos des moments de création, entre autres, enrichissent notre compréhension de la génèse de ces oeuvres. Comme il me l'a été conseillé, il faut prendre son temps et s'y rendre plus d'une fois, comme j'ai suivi ces deux conseils, je dois confirmer qu'il est avisé puisque de nouvelles découvertes, j'en ai fait aussi à ma deuxième visite, dont ces "planètes habitées" qui se trouvent au milieu de la pièce. Peut-être que je me répète, mais il est fort possible que je mette le diction en action, soit "jamais deux sans trois" !

Cette exposition est le prolongement naturel des deux actes de "Pluton" et pour le résultat, mission accomplie. Il est intéressant de noter que ces deux oeuvres sont dans le même esprit que "Nous (ne) sommes (pas) tous des danseurs", présenté un peu plus tôt ce printemps, qui aussi mettait de l'avant, témoignages, danses et souvenirs intimes. Incidemment, c'est aussi Claudia Chan Tak qui avait pour mission de capter sur pellicule cette oeuvre.

Bon, il est temps de passer au deuxième temps ....au QG du FTA pour le 5 à 7. À suivre donc !

                               Photo de Claudia Chan Tak par Isabelle Quach