Pour conclure sa saison danse, le théâtre La Chapelle nous propose deux propositions particulières. Et en ce lundi de début de printemps, il était possible de les voir dans la même soirée. Voilà donc pourquoi, mes pas m'ont amené rue St-Dominique dans le hall d'entrée fort achalandé de cette salle de présentation.
Je n'était donc pas le seul à vouloir profiter de ce "programme double" qui présentait, en première partie, "SOFTLAMP.autonomies" (d'Ellen Furey et Malik Nashad Sharpe) comme un objet chorégraphique et "un slogan vidé de ses prémisses". Ensuite, "Fame Prayer/Eating" (d'Andrew Tay, François Lalumière et Katarzyna Szugajew), comme "une tentative vers une spiritualité queer" et "d'une performance rigoureusement indisciplinée".
Photo de "Fame Prayer/Eating" tirée du Site de La Chapelle
Les portes de la salle s'ouvrent et pendant que les sièges trouvent tous preneur, sur scène étendus par terre les deux interprètes dans leur "uniforme tout blanc", avec dans leurs mains des bâtons d'encens tous allumés. Et nous le constatons rapidement, de l'encens, ça sent et elle prend possession de tout l'espace et aussi, complètement de nos sens olfactifs. Si nos yeux sont au repos, le nez travail et pour certains, cela se répercute pour produire des toussotements retenus. Personne ne quitte cependant.
Photo de "SOFTLAMP.autonomies" tirée du site de La Chapelle
Et les bâtons brûlent, l'air se sature et nous nous attendons, nous attendons et nous attendons. Je me retrouve dans une position assez particulière et très peu fréquente, soit d'être plus à l'écoute de la salle que de la scène. Et juste, vraiment juste ! au moment auquel je me demande s'ils auront l'audace de nous laisser repartir une fois l'encens consommé, sans avoir bougé, la musique prend possession à son tour de l'espace. Et eux, laissent les restes de leurs bâtons et ils se mettent à prendre possession de la scène dans une suite de mouvements fort bien synchronisés. Leurs pas explorent tout l'espace, mur à mur, sur le rythme de la musique qui revient en boucles. L'effort de patience que nous avons dû fournir en début est remplacé par l'effort évident des interprètes dans le tableau qui est, pour moi, un terreau fertile d'émotions pour le spectateur.
La suite alterne mouvements et immobilité sur cette trame musicale qui rejoue en boucles et qui sait, se terminera peut-être jamais. J'ai l'impression que l'on m'amène à mes limites de spectateur. Quand l'espoir d'un début succède à celui d'un début, serait-on tenter de penser ! Et dans une finale fort bien réussie, les deux interprètes font leur sortie et après nos applaudissements, nous aussi sortons pour profiter de l'air printanier sans encens !
Retour dans le hall d'entrée pour revenir dans la salle et découvrir "Fame Prayer/Eating". L'univers d'Andrew Tay, j'en connais certains territoires et, j'ai encore en mémoire, sa performance "éclatante" avec Katarzyna Szugajew, lors de sa dernière édition du "Short&Sweet". Alors cette fois, nous irons où ?
Dans notre entrée, les trois interprètes sont déjà présents et nous accueillent avec le sourire. Le moment arrivé, Andrew Tay, micro en main, nous indique les avertissements habituels à propos du contrôle des "bidules" intelligents et aussi sur ce qui nous sera présenté.
La suite est tout sauf prévisible et relève d'une audace corporelle totalement déjantée. En apparence, semis improvisés et comme annoncée "rigoureusement indisciplinée", les tableaux présentent les trois interprètes qui osent physiquement et éclairent leur propos par leur physionomie (à ce titre le regard de François Lalumière durant certains tableaux était hallucinant). Impossible de rester insensible des mouvements casse-cou sur fond d'une légère toile qui répercutent fortement en moi et provoquent, aussi, des ondes de réaction dans les sièges derrière. Les performances qui utilisent "les idées véhiculées par la psycho-pop et les textes pseudo-spirituels" frappent fort et juste. Ils utilisent leurs corps "externes" pour "s'entrechoquer" et faire résonner notre corps "internes". Enrobés des textes, les performances atteignent leurs objectifs, soit d'explorer "un espace queer de culte, une critique de la culture du bien-être et une performance transgressive et désorientante pour le public". Le tout se termine par une expédition périlleuse des trois interprètes dans les estrades, durant laquelle nous retenons notre souffle, en gardant nos bras disponibles qui met un point d'orgue à cette soirée durant laquelle nous avons exploré et franchi les limites.
Au final, deux oeuvres, toutes différentes qui explorent les limites, d'abord, celles des spectateurs, aussi et surtout celles des interprètes, ainsi que les limites du genre artistique et sexuel dans la performance. Deux oeuvres qui provoqueront des réactions de toute nature chez les spectateurs qui oseront, et, pour cela entre autre, je les recommande.
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mardi 24 avril 2018
Sur mes pas en danse: Une soirée au La Chapelle pour explorer les limites et les franchir
dimanche 15 janvier 2017
Sur mes pas en danse: Un début d'année troublant à l'Usine C
Pour mes premiers en danse pour 2017 m'ont amené à l'Usine C pour la co-présentation de ce lieu de présentation avec Les Projets du 3e d'un programme double. Si je m'y suis rendu, c'était pour deux raisons, la première, Andrew Tay que je connaissais la notorioté dans le milieu mais dont je n'avais jamais vu de créations. La deuxième, l'affiche (présentée ici) qui présente les deux artistes de la deuxième partie et dont le regard d'Ellen Furey est venu m'interpellé "droit dedans moi" et sans appel.
Photo: Yuula Benivolski
Voilà donc, je me retrouve dans un hall d'entrée fortement achalandé d'abord et une salle bien remplie ensuite pour découvrir deux oeuvres "performatives" avec plein de gens du milieu ( ceux de la danse contemporaine montréalaise).
Première partie, "You Can’t Buy It (but I’ll sell it to you anyways) SUCKA" d'Andrew Tay. La scène regorge de toutous très sages et de plein d'autres accessoires, sans oublier un androïde tout à droite. L'interprète-chorégraphe se présente simplement et entreprend une série de tableaux qui me surprennent. Si le sens du message m'échappe, l'audace, elle, me laisse pantois. Il y aura ces bandes déroulées qui nous invitent à lui texter "quoi faire". Il y aura bien des gens autour de moi qui prendront leur téléphone et qui s'activeront, mais, impossible pour moi de faire le lien avec ce qu se passe sur scène. Il s'exprime et se dévoile, mais le but de tout cela me reste inaccessible. Au final, une oeuvre abstraite dont le sens du propos m'aura laissé quelque peu dubitatif.
Après une courte pause, avec "Light At The End Of The Tunnel 2.0", Alicia Grant et Ellen Furey prennent possession de la scène remplie d'accessoires (sans oublier bien d'autres derrières les rideaux) et venant, d'abord, tour à tour nous confronter du regard. Par la suite, elles nous présentent une suite de tableaux dans lesquels les deux interprètes se transforment, nous "manipulent" dans leur univers fort changeant. Pour ma part, j'ai été surtout troublé par ce tableau qui me ramène des années derrière avec le télé-théâtre, "Des souris et des hommes". Le tout se termine avec un tableau ambigu dans lequel les deux interprètes prennent possession d'un lieu et l'investissent par leurs mouvements lents et constants.
Deux oeuvres qui tiennent plus de la performance que de la danse contemporaine. Deux oeuvres qui me sortent de ma zone de confort et d'intérêt. Deux oeuvres que me rappellent que trop d'accessoires me "cachent" les mouvements, sinon les intentions.
Photo: Yuula Benivolski
Voilà donc, je me retrouve dans un hall d'entrée fortement achalandé d'abord et une salle bien remplie ensuite pour découvrir deux oeuvres "performatives" avec plein de gens du milieu ( ceux de la danse contemporaine montréalaise).
Première partie, "You Can’t Buy It (but I’ll sell it to you anyways) SUCKA" d'Andrew Tay. La scène regorge de toutous très sages et de plein d'autres accessoires, sans oublier un androïde tout à droite. L'interprète-chorégraphe se présente simplement et entreprend une série de tableaux qui me surprennent. Si le sens du message m'échappe, l'audace, elle, me laisse pantois. Il y aura ces bandes déroulées qui nous invitent à lui texter "quoi faire". Il y aura bien des gens autour de moi qui prendront leur téléphone et qui s'activeront, mais, impossible pour moi de faire le lien avec ce qu se passe sur scène. Il s'exprime et se dévoile, mais le but de tout cela me reste inaccessible. Au final, une oeuvre abstraite dont le sens du propos m'aura laissé quelque peu dubitatif.
Après une courte pause, avec "Light At The End Of The Tunnel 2.0", Alicia Grant et Ellen Furey prennent possession de la scène remplie d'accessoires (sans oublier bien d'autres derrières les rideaux) et venant, d'abord, tour à tour nous confronter du regard. Par la suite, elles nous présentent une suite de tableaux dans lesquels les deux interprètes se transforment, nous "manipulent" dans leur univers fort changeant. Pour ma part, j'ai été surtout troublé par ce tableau qui me ramène des années derrière avec le télé-théâtre, "Des souris et des hommes". Le tout se termine avec un tableau ambigu dans lequel les deux interprètes prennent possession d'un lieu et l'investissent par leurs mouvements lents et constants.
Deux oeuvres qui tiennent plus de la performance que de la danse contemporaine. Deux oeuvres qui me sortent de ma zone de confort et d'intérêt. Deux oeuvres que me rappellent que trop d'accessoires me "cachent" les mouvements, sinon les intentions.
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