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lundi 27 septembre 2021

Sur mes pas en danse : "O2", une bouffée d'oxygène en pleine ville !

 C'est en un samedi de fin septembre, une des Journées de la culture 2021, que mes pas me portent au pied du Pont Jacques-Cartier jusqu'au Parc des Faubourgs. J'y reverrai "O2" des Berceurs de temps (Sarah Dell'Ava et Ilya Krouglikov). Une proposition avec presque cinquante interprètes qui dure six heures, dont pour ma part, je verrai pendant un peu plus de deux heures ! La météo est parfaite lorsque je me rends sur cette place publique achalandée en bordure de la rue Ontario, parfois fort bruyante (lire ici circulation automobile et de motocyclettes), en face de l'église. Sur cette place, il y a un bassin et ses fontaines d'eau devant et autour desquelles les interprètes seront en mode actif ou en mode passif. 

Je me permets ici de reproduire le texte de présentation qui selon moi, illustre fort bien ce que j'ai vu et aussi vécu. "Avec le ciel et la nature urbaine en guise de théâtre, elle offre un temps suspendu de douceur, un baume au cœur du monde bousculé par l’inquiétude et l’isolement. O2 comme l'oxygène, une bouffée d'air frais. Une respiration portée à deux, pour décupler notre amplitude personnelle et collective. Un geste offert, un sourire, une présence… Et si la danse pouvait réparer les vivants?"

À mon arrivée, je reconnais bon nombre des interprètes, mais peu importe, il est possible pour toutes et tous de les reconnaître par leurs habits noir et blanc. Certains sont assis, d'autres dansent en solitaire. Autour du bassin, il y a aussi des tables avec des dactylos (permettant aux interprètes d'écrire un mot pour celui ou celle qui sera leur récipiendaire d'une danse individuelle). 

                                                           Tirée du site FB de l'évènement

Donc, à mon arrivée, je dois trouver une place pour observer. Cette place sera un banc dos au bassin ! Mais peu importe, je trouve la position pour découvrir ce qui se passe et pas seulement en danse, parce que voyez-vous, la faune urbaine habituée à ce lieu est bien présente et active. Sur ce point, j'y reviendrai plus tard. 

Ayant découvert "O2" à la dernière édition du FTA, j'y revois certains "tableaux" avec le même plaisir et toujours aussi intrigué par les changements chorégraphiques. Il y a celui durant lequel tout.es les interprètes rassemblés par le son du violon, sautent et qui à tour de rôle, pour une raison qui nous est inconnue, s'assoient jusqu'au "last women standing" ! Le tableau est tout simple mais néanmoins fort intéressant à suivre et à revoir. Il y aura la suite durant laquelle, dans un ordre toujours aussi inconnu pour moi, ils se remettent à tournoyer. À ces moments de prestation de groupes, suivent ceux durant lesquels, il ou elle évoluera seul.e, pendant qu'un.e autre est assis à côté de moi ou qu'une autre chante appuyée sur un arbre. Ils conservent mon attention, malgré les déplacements des "habitué.es" de la place qui vont et viennent dans le même espace pour, entre autres, s'échanger une canette de bière. 

Il en reste que durant ces moments, j'ai pu saluer bon nombres des interprètes, j'ai échangé avec une spectatrice fort sympathique et j'ai aussi eu pour moi deux performances (moments privilégiés pour le spectateur "première rangée" que je suis !). Il y a d'abord cette femme qui pose sa pierre devant moi pour ensuite me proposer ses mouvements tout personnels. Et un peu plus tard. une autre, avec un si beau sourire qui me propose une en plus de ces mouvements. un papier sur lequel il est écrit, "une prise sur les poignets s'échapper du bruit. revenir à celui de l'eau et du rire d'un enfant." De ce mot , mais surtout de ce qu'elle me propose en danse, je n'ai qu'une phrase en plus de mes remerciements, "c'est comme si tu me connaissais !" Toi pour cette rencontre et tes mots, merci !

Le temps passe, je change de perspective et je vois en passant une jeune fille et son père en pleine discussion avec une des interprètes, comme quoi, ce qui se passe sait capter la curiosité ! 

J'y serais bien resté jusqu'à la fin, mais plus à l'ouest, je dois me diriger pour une proposition de Tangente et pas question d'arriver en retard ! 

 


jeudi 28 février 2019

Sur mes pas en danse: "En secret" et fort inspirant

Dès que j'ai eu connaissance, je me suis procuré, "to the go" mon billet (gratuit). Je pourrai être témoin du résultat d'une douzaine d'ateliers suivis par une vingtaine de participant.e.s non professionnel(le)s dirigé.e.s par Sara Dell'Ava. De cette chorégraphe qui explore la danse et le mouvement avec sa signature particulière, je me souviens encore de  "Ori ou les chambres du coeur" et de sa vingtaine de participant.e.s , que j'avais beaucoup apprécié, il y a un peu plus d'un an et pour laquelle, j'avais conclue mon texte avec "Le grand moment humain de ma saison danse."

Elle nous proposait le résultat d'une démarche similaire avec "En secret", présenté dans l'Espace Bleu par l'Agora de la Danse. Moi, j'y étais et tellement heureux d'y être. Et je ne serai pas seul, puisque la présentation prévue et l'autre ajoutée, affichaient complet. Une fois, les portes ouvertes, nous sommes invités d'abord à retirer nos souliers (nous nous déplacerons éventuellement dans l'espace !) et prendre place dans l'espace dans lequel les chaises et les bancs sont disposés de façon quelque peu surprenante, "pas du tout à l'italienne" et habité par un certain nombre de panneaux monochromes, mais pas seulement. Je choisis donc ma place pour avoir déjà bien en vue les différents "interprètes", immobiles en position assise ou accroupie. Ils le resteront, le temps que la place se remplisse, bien pleine (sans être inconfortable !) et tout subtilement le signal soit donné. 



Et puis arrive le moment, où une se lève, puis peu après, une autre, enclenchant un effet d'entraînement, porté par des chants fort évocateurs. Puis tout le groupe, ensemble, se met en mouvements, de haut en bas, et l'harmonie irradie et ils se mettent tout en phase, dans un rythme de plus en plus vite. Leurs bras se rajoutent et cette diversité de corps (d'âge et de sexe) à l'unisson fait un et des liens s'établissent entre eux. Impossible de rester insensible à ce début !

Ensuite le moment où les corps se dispersent, qu'ils prennent possession de l'espace dans lequel nous cohabitons. La suite me parle tellement que mon crayon devient fort actif, malgré mon attention portée autour de moi. De leurs mouvements, en apparence aléatoire, j'en saisie peu à peu l'organisation. Ces corps qui se déplacent selon des codes qui peu à peu émergent dans ma tête. Ils se rencontrent, communiquent du regard et du geste et qui communient aussi ! Les corps par leurs propos intérieurs transmettent leurs secrets. Une fois, le chemin et les rencontres faits, ils reviennent à la source du départ. Il suffit de porter attention, pour découvrir quelques codes, dont celui derrière moi, où après s'être mis en attente, juste à côté, il y a un ou une qui se met à danser devant l'autre qui retournera le sablier et sonner le gong  pour la fin de la confidence exposés du "secret". 

Peu importe où je porte mon regard autour de moi, je constate que les rencontres irradient la réceptivité et la "connexion". Mais pour peu que l'on porte attention, il est possible de constater que les secrets se transmettent aussi discrètement de la bouche des participants aux oreilles des spectateurs, un à la fois. Nous pourrons aussi inscrire sur un tableau un de nos secrets, ce que je ferai en le signant d'un cœur. Mon secret, devant le rester, je me garderai bien de vous le partager !

Et une fois que toutes et tous semblent libéré.e.s de leurs secrets, nous assistons au retour au point de départ, le noyau originel. Et c'est la fête, exprimée dans des mouvements fortement colorés de joie. Il est facile d'y voir le "Big Crush", suivant le "Bing Bang" originel ! Mais ce nouvel état, il faut le propager, tel un nouveau cycle de vie, et c'est ce qu'ils feront, d'abord entre eux pour ensuite, nous inviter à leur suite.

Et puis arrive la conclusion où nous sommes invités à nous joindre à eux pour le feu de joie final. Tous acceptent et se mettent à crépiter et flamboyer jusqu'à ce que les lumières s'éteignent.

 Merci Catherine Aucuit, Floriane Barny, Pierre Bastien, Alain Bolduc, Sarah Bourgault, Céline Cossette, Matteo Esteves, Luce Fortier, Madeleine Gustavino, Anick Joliot, Takashi Kawashi, Lise Labranche, Marie Lasssiat, France Levert-Gagnon, Jean-Luc Pelletier, Dounia Ravonel, Geneviève Rouillard, Diane Ruiz, André Vidricaire et Manon Villeneuve et aussi à Hélène Messier, Alex Larrègle, Marie-Jeanne Beaulieu, Matéo Chauchat et à toi, unique Sarah Dell'Ava !

De cette citation (de Gilbert Keith Chesterton), tirée du feuillet de cette rencontre, "La vie possède un secret, celui d'un constant étonnement", je ne peux qu'approuver du plus profond de mon être !

Je suis aussi toujours surpris de constater l'effet profond et apaisant que ce type de rencontre produit sur moi. Et si cela se représentait, j'y serai encore et vous devriez vous aussi !

Merci donc aux responsables de l'Agora de la Danse d'accueillir ces ateliers et de nous en faire profiter des retombées, gratuitement !!!

mardi 18 septembre 2018

Sur mes pas en danse: Une rencontre mémorable en "OR" avec Sarah Dell'Ava

Je ne me sens trop audacieux pour affirmer que Sarah Dell'Ava est une chorégraphe-interprète tout à fait unique. Toutes les fois que j'ai pu découvrir son travail (autant comme interprète que comme chorégraphe), la nature forte de la relation qu'elle établit avec le public m'incluant, m'a fortement impressionné. En bon québécois, "elle, elle l'a l'affaire !!!". Je me souviens encore de "ORI ou les chambres du cœur" pour la rencontre "forte" de sa création inclusive avec les spectateurs pour aller de l'avant.

Cette fois, c'est à "OR", partie du polyptique "ORIRI-ORIR-ORI-OR-O" que nous sommes conviés. "OR" est, selon moi,un projet "fou", "OR", c'est une rencontre chorégraphique de quatre heures. Rencontre présentée dans un "espace habité" pendant neuf jours consécutifs, oui, oui, neufs jours !!! Un projet "fou", je vous disais, mais tellement exaltant, si je me fie à la réaction et les yeux brillants de la chorégraphe-interprète lors d'une courte rencontre que j'ai eu avec elle quelques jours avant le début de cette aventure.

                                    Photo: Robin Pineda Gould tirée du site de Tangente

Avec notre billet, il est possible d'assister à l'intégrale de la prestation (36 heures) ou à des parties. "Restez le temps qu'il vous plaît, partez et revenez à votre guise", telle est l'invitation de de Sarah dans le feuillet. Pour ma part, j'ai décidé d'y plonger une fois dans son univers, mais ce plongeon sera total. Voici donc le compte-rendu de ma visite en ce lundi soir qui a débuté à 18h00 (l'ouverture des portes), jusqu'à sa fin à 22h00.

C'est dans l'Espace Vert que mes pas m'amènent. Il contient pour l'occasion, le lieu de performance, entouré par quatre hauts murs constitués des œuvres de l'artiste, mosaïque de gouaches colorées. Nous y accédons par l'un ou l'autre de deux coins ouverts. Dans ce lieu, rien, sinon deux petites chaises et des coussins répartis tout au tour de la pièce et, si on observe bien, deux petits hauts-parleurs. Une première impression me vient, son univers est riche, de ses œuvres tout en couleurs vives.

À notre entrée, Sarah Dell'Ava est déjà présente et nous accueille simplement avec son sourire. Une fois entrés, elle nous invite à nous installer confortablement et si nous le souhaitons, à partir et revenir à notre convenance. Nous pourrons aussi aller chercher une tasse de thé ou d'écrire nos impressions sur une des cartes blanches fournies pour les laisser sur une des cordes. Tout cela de l'autre côté d'un des murs dans l'Espace Vert.

Et puis arrive le moment, où elle s'accroupit  par terre et, devant moi et une dizaine d'autres spectateurs bien installés sur un coussin. C'est parti pour quatre heures. Durant les premiers moments je tente de trouver mes repères de spectateur, mais vite que j'ai tout faux. Je comprends que ce n'est pas nous et elle face à nous, mais plutôt seulement nous, elle y compris. Effectivement, "OR" se révèle vite comme une rencontre fortement teintée d'intimité, durant laquelle, il faut arrêter de voir pour plutôt ressentir avec ses yeux et ses oreilles. Elle nous présente des états de corps, interagissant avec nous, venant à notre rencontre, un à un dans un rythme alternant intensité et relâchement. Elle nous entraîne lentement hors de notre monde, de nos pensées et de nos préoccupations, pour entrer dans le sien parsemé d'extraits sonores.

L'exercice est néanmoins exigeant, demande que l'on s'y adapte. C'est après une heure trente que je savais que je resterais jusqu'à la fin. Parce que le temps qui passe ne compte plus. Parce que cette femme , telle une "araignée" a construit patiemment sa toile avec ses gestes (ceux de ses bras me plaisent particulièrement !), ses sons gutturaux (mystifiants !) et ses regards passant d'une nuance à l'autre. Même en pause, dans ou hors du lieu, sa présence persiste.

Je serai le bénéficiaire de quelques-unes de ses rencontres qui me transmettent une belle dose de chaleur humaine. Tout au long, je serai touché au propre comme au figuré par sa présence et par ses gestes intimes qui intiment amicalement mon attention. Elle a, pour cette soirée, pris le temps de me laisser le temps de prendre mon temps et j'en profité pleinement. Je pourrai aussi observer notre capacité de mimétisme. puisque lorsqu'elle s'étend par terre, vers la fin, tous ou presque suivrons son exemple, en symbiose.

Le temps passe néanmoins et arrivé aux derniers moments, moi et la dizaine de spectateurs encore présents, constatons que cette femme a encore du "jus" et elle nous en "tord" une dose à chacun de nous, avec une généreuse, colorée d'admiration, pour ce spectateur présent depuis tout le début des prestations, soit un total de seize heures. Et qui poursuivra son assiduité, comme il me répondra à ma question, à la sortie de la salle.

Tout le temps de la prestation des spectateurs entrent, d'autres sortent du lieu sans que ces déplacements humains n'interfèrent dans le déroulement de la prestation et de ma réception de l'oeuvre. Nous serons une dizaine au début, certains quittent, d'autres se joignent, pour passer jusqu'à une trentaine et terminer à une dizaine.

Tangente présente fort adéquatement "OR" comme un projet spécial et j'appuie totalement la note de la commissaire (Dena Davida): "Si nous suivons le parcours de Sarah Dell'Ava depuis ses débuts, c'est pour sa vision de l’événement artistique comme expérience de communauté unissant artistes et public. Un dialogue enrichissant."  Une rencontre qui devrait être faite par le plus grand nombre.

Et moi aussi, je la suis et je la suivrai pour la suite annoncée "O", une expérience de grand groupe prévue en 2019-2020.

jeudi 15 mars 2018

Sur mes pas de spectateur:"Tout ce qui va revient", selon Catherine Gaudet et nous touche

Les oeuvres de groupe de Catherine Gaudet, j'ai les ai tout vues sauf sa première, "L'invasion du vide". Mais à la lecture de la description de cette oeuvre, ("Ce sont ces déclinaisons d’états que L’invasion du vide tente de mettre sous la loupe en cherchant à traduire physiquement la sensation de vide dans ce qu’elle a de terrible et de beau à la fois."), il semble que j'en ai retrouvé, et de belle façon, les prémisses dans les trois solos de cette soirée danse fort bien réussie et voilà pourquoi.

Le hall d'entrée du La Chapelle est particulièrement achalandé en ce mardi soir, même si l'hiver nous laisse encore des traces. Une fois, le "go" pour entrer, nous sommes accueillis dans la salle avec l'offre d'un verre (un "shooter"), d'un chapeau de fête, mais surtout avec de beaux sourires. Ensuite, nous devons faire un choix, prendre place dans un des sièges dans les estrades ou sur un des sièges sur le devant de la scène. Seule condition intrigante du deuxième choix, ne pas déplacer les sièges de leur emplacement déterminé par des traces blanches. Mon choix se fait vite et sur un des sièges sur la scène, je prend place. Il est en retrait, mais quand même. Les autres trouveront preneur peu à peu, mais surtout vers la fin. Peut-être parce que les autres sièges sont occupés, allez savoir !

Est-il possible de bien traduire en mots l'effet de la rencontre de ces trois femmes qui, à mes yeux, mais pas seulement, me présentent tout le spectre des émotions, passant très rapidement d'un extrême à l'autre ? Bien évidemment non, mais pourquoi ne pas tenter le coup. Parce que j'y ai vu des états limites ou extrêmes de corps, des états de corps déformés aussi. États de corps que je peux m'imaginer, proche d'un trou noir dans l'espace (soulignant en passant le départ de ce monde de Stephan Hawking, dont je relirai très bientôt "Une brève histoire du temps". J'ai senti aussi ces "tempêtes intérieures" de ces femmes qui ressortent à la surface et qui se projettent sur l'autre. Cet autre qui est nous (et moi).

D'abord, Sarah Dell'Ava, pour son "anniversaire" qui oscille entre sa joie personnelle et "tout le monde s'en fout", entre son côté innocente et celui "un peu moins", j'en ai retiré un plaisir certain et un "baiser sur la joue". Au final, pour moi, un pur moment de bonheur "danse" durant lequel Donald Duck a pris une certaine place, sinon une place certaine que seuls les spectateurs peuvent comprendre l'importance.

Ensuite, Clara Furey dont l'arrivée est annoncée par ses pas fort audibles en coulisses et qui prendra possession tout autant du micro comme de notre attention. Elle nous expose, sans retenue, son affirmation face à nous, avec une certaine insolence. Ses états expriment, s'expriment sans pour autant nous comprimer.

                                Photo de Clara Furey par Brianna Lombardo sur le site de LaChapelle

Enfin, Louise Bédard nous arrive, tel un être venu de l'ombre pour se présenter. Nous présenter ce qu'elle est, par petites touches qui captivent d'abord, mais aussi qui surprennent. Elle ira à la rencontre des spectatrices et spectateurs, maniant parfois le geste et la parole de façon fort habile mais aussi fort cruelle. Elle présente fort bien les états intérieurs et limites autant par ses gestes que par ses propos. Pour revenir au point de départ, parce que "Tout ce qui va revient", dixit Catherine Gaudet.

Au final, trois oeuvres, présentées dans le bon ordre, avec une filiation évidente qui demande aux interprètes de "jouer" en gestes et en paroles sans réserve et elles ont réussi. Merci mesdames pour ces rencontres bouillantes qui néanmoins ne m'ont pas échaudé.


dimanche 15 octobre 2017

Sur mes pas en danse: Pour intégrer la communauté grâce à Sarah Dell'Ava

J'ai hésité à faire cette rencontre, mais comment dire en mots, les regrets que je n'aurais pas eu (puisqu'absent) si je n'avais pas assisté à "Danse et communauté" de Sarah Dell'Ava, grâce à Tangente. De cette dernière phrase composée avec plein de négations, je ne peux que la clarifier, j'en suis sorti comblé de cette présentation. Loin des standards habituels de la danse, la chorégraphe nous entraîne dans une démarche décrite, "coeur à coeur, corps à corps", mais qui, selon moi, dépasse les interactions humaines, fort bien présentées d'ailleurs, pour celle de la création de notre monde.

Pour y voir plus clair, je vous présente mon expérience de spectateur. À l'entrée de la salle, nous devons enlever nos chaussures pour prendre place sur le plancher de la salle, soit sur des chaises, tout autour, près des murs de la salle, soit sur des coussins, plus au milieu de la place. Les gens prennent place et moi, j'observe. Il y a parmi nous des interprètes de cette pièce que je reconnais. Une fois la salle "full pleine", les portes se referment et la quinzaine d'interprètes prennent place à tour de rôle au milieu de nous.

                                          Photo de  Kiyane Racine et Marie Mougeolle par Sarah Dell'Ava

Peu à peu au rythme de leur coeur, nous les entendons expirer et bouger de plus en plus en phase. Comme si je voyais la création du monde, au premier jour, par leurs pulsations et leurs déplacements. Ce magma originel ou cette première cellule, je suis avec fascination son évolution . Arrive le moment de leur spéciation et là, mes sens (ouïe et vue) de l'observation sont mis à l'épreuve. Parce que, six territoires (ou continents) sont créés, de façon fort différentes et qui sont par la suite habités par des êtres qui s'y exprimeront en gestes, seul ou en duo ou en groupe. Dans ce monde dans lequel les contacts sont essentiels au propos, comme dans la vraie vie, comment tout suivre, devant et derrière moi, voilà le défi du spectateur. Il en reste que je le ressens fort bien et moi qui comme simple spectateur, je me sens interpellé et je voudrais bien y participer.

Mais le tout se passe autour de moi. Arrive le moment que les interprètes viennent à la rencontre des spectateurs et les invitent à prendre place autour de ces territoires habités. D'abord en petit nombre, les invitations incluent à peu près tous les spectateurs, dont moi, fort heureux, à venir participer au rythme de mon coeur aux mouvements collectifs de tous.  Difficile de bien décrire ce que je ressens, mais cet organisme originel qui s'est divisé devant moi, il s'est "resolidarisé" au son des chants et au rythme des mouvements de cette collectivité du moment.

Au final, quoi dire de plus que la danse contemporaine peut se décliner de façon fort différente, mais aussi de façon fort surprenante. Elle peut se voir, mais aussi elle peut se vivre. Il peut en émerger des moments de bonheur qui nous laisse une trace au coeur et au corps. Merci Sarah et toute ta gang pour ton travail patient (un an, si mes renseignements sont bons) à créer des moments qui nous montre la direction vers laquelle notre monde devrait aller.

samedi 1 avril 2017

Sur mes pas en danse: Une soirée "double personnalité" à l'université

Voilà un de mes plaisirs, moins souvent satisfaits ces derniers temps, soit découvrir des soirées danse hors des salles habituelles. Cette fois, mes pas ne m'ont pas donné le choix (OK, j'exagère un peu !), et ils m'ont amené à l'Université de Montréal pour assister à la présentation de "Synapse" (Atelier de création de danse contemporaine) et de Danse Université de Montréal. Deux activités parascolaires organisées par le Service des activités culturelles de cette université. Des activités parascolaires, mais qui demandent néanmoins une grande implication des étudiantes et étudiants qui veulent participer, soit trois heures par semaine pour "Synapse" et six heures par semaine pour l'Atelier Danse et ce, depuis septembre dernier.

                                          "Promis, demain je démissionne"Photo Cyrille Chidiac

Donc, dès notre entrée dans la salle, les treize interprètes (douze étudiantes et un étudiant) sont déjà là sur scène pour nous présenter "Ça peut être tout, ça peut être rien" de Sarah Dell'Ava. Ils sont toutes (ici le féminin l'emporte sur le masculin) en tunique blanche et en cercle intérieur. Elles émettent des sons ou un chant. Ce qui sera le cas, jusqu'au début de la prestation "officielle". Par la suite, c'est à une prestation qui a tout du rituel à laquelle nous avons droit, rituel durant lequel les masques tombent graduellement, les voies se font entendre dans une suite de mouvements qui semblent émerger du plus profond des interprètes. Les chants inspirés de chant de guérison, de chant de mariage et de lamentation funèbre ajoutent une touche solennelle qui envoute. Sur scène, les ondulations de sensation dominent. Il serait utile de se rappeller que l'objectif de "Synapse" est le besoin de vivre, à travers la danse, l'expression du langage du corps, de l'imaginaire et de l'émotion. La chorégraphe l'a très bien compris et chacun des spectateurs présents l'a bien constaté et sûrement comme moi bien apprécié. Voilà une oeuvre dans laquelle les interprètes se sont investis corps, voix et âme. Pour ma part, je suis prêt à la revoir pour mon plaisir, et surtout aussi pour le bien-être qu'elle m'a apporté.

En deuxième partie, "Promis, demain, je démissionne" de Philippe Dandonneau qui met en scène aussi treize interprètes (douze femmes et un homme, oui oui, encore !). Quiconque connaît le parcours créatif du chorégraphe, sait d'avance que sur scène l'oeuvre sera très différente de celle présentée en première partie. Et c'est effectivement le cas, comme nous l'annonçait le feuillet de la soirée, "sa gestuelle brute physique, dynamique, sensuelle et explosive s'inspire de la culture populaire pour nous exposer les travers de la société.". Il en reste que toute différente, cette oeuvre est aussi teintée de rituel. Un rituel moderne, occidental, mécanique d'abord pour évoluer vers un autre plus explosif. Après la belle démonstration de domination de l'aspect mécanique de notre vie de travailleur, il y a le passage au vestiaire (quelque peu long pour moi) durant lequel les vêtements vont et viennent des interprètes aux supports à vêtements jusqu'au choix final pour la suite des choses et du rejet vers nous des autres non retenus. Le tout se termine par une finale "bye bye boss" dont les différents gestes sont sans ambiguité sur le non retour de "Promis demain je démissionne". Une oeuvre accessible qui d'autre part m'a aussi permis de voir des jeunes qui démontraient un grand plaisir à danser pour nous et cela j'aime beaucoup. C'était ma deuxième fois à cet endroit et je peux l'affirmer facilement, "jamais deux sans trois".