Depuis notre première rencontre ("Gravel works") avec les propositions de Frédérick Gravel, ma blonde joint ses pas aux miens pour découvrir ce créateur hors-norme. Allez donc savoir pourquoi elle accepte pour lui et elle me dit non pour presque toutes mes autres invitations danse. Nous étions donc ensemble lors de la présentation de sa première collaboration, avec Étienne Lepage, pour "Ainsi parlait" lors de l'édition 2013 du FTA et elle avait apprécié. Il était donc dans la logique des choses qu'elle y soit avec moi pour cette démonstration de "La logique du pire".
Photo de courtoisie présentée sur le site info-culture.biz
Dans cette belle Cinquième Salle surprenamment pas salle comble en cette dernière soirée de présentation, nous avons pris place. "Gravel style", les interprètes sont déjà sur scène et attendent, comme nous le début. Arrive ce moment et nous sommes informés par Yannick Chapdelaine, un des interprètes, que nous aurons droit à de courts textes sans liens entre eux, mais qui dans l'ensemble feront, à la toute fin, un tout. Et nous voilà entraînés dans une suite de situations nous amenant à des extrêmes à s'en pincer. Brillamment et habilement amenés par Alex Bergeron, Yannick Chapdelaine, Gabrielle Côté, Renaud Lacelle-Bourdon et Marilyn Perreault, les situations s'enchaînent à un rythme effréné, exigeant. De sexe extrême à la nécessité de l'introspection en passant par un lendemain de veille bien arrosé, les textes sont fort efficaces, mais au final, mis à la suite les uns des autres se sont avérés trop dense pour nous. Nous avons droit à une logique du pire poussée à l'extrême durant plus d'une heure. Il y aura bien un court moment de "mouvements" nous permettant de reprendre notre souffle, mais nous en aurions pris d'autres pour le reprendre, notre "souffle". Si les situations absurdes provoquaient les rires au début, ils se sont faits rares par la suite. Soit que les spectateurs s'épuisaient, comme nous, ou se saturaient de ce pire, couche par couche, présenté. Si l'objectif était de faire abdiquer devant cette avalanche de pire, et bien, mission accomplie.
Une oeuvre forte, surtout verbale, mais pas assez dansée qui au final nous aura quand même plu. Ça aurait pu être pire !
mercredi 8 juin 2016
mardi 7 juin 2016
Sur mes pas de danse au FTA: Une "Fin de série" qui frappe
Manon Oligny l'a déjà énoncé, "L'approche chorégraphique n'est pas quelque chose qui se décide, c'est un parcours que l'on poursuit d'une création à l'autre." C'était écrit dans le feuillet décrivant "L'Éducation physique", il y a dix ans en 2006. J'y étais et depuis, j'ai suivi ce parcours. Mes pas m'ont amené, par après, d'abord à l'installation "performatique", "L'écurie", dont les interprètes se trouvaient dans des stalles et nous demandait d'observer ses femmes en choisissant notre point de vue. Par après, en hommage à Nelly Arcand, "Icônes, À VENDRE", situant la "femme" dans une perspective différente, mais toujours au coeur d'une mission de la chorégraphe à interpeller et qu'elle réussit à transmettre autant aux femmes qu'aux hommes, une oeuvre après l'autre, pour peu que l'on suive son parcours.
Photo de Claudia Chan Tak
Voilà donc, qu'elle poursuit sa route à ce FTA avec "Fin de série" pour lequel le feuillet présentait la phrase choc "Filles-machines, filles-images, filles-spectacles, filles-marchandises, filles-ornements ... elles sont l'illusion de la perfection.", tirée du livre "Les filles en série" de Martine Delvaux. Et à la question de Fabienne Cabado, "Et elle se battent avec fougue contre leur finitude", la chorégraphe répond, "Oui, cette notion de lutte est la pierre angulaire de la pièce". Une oeuvre avec un ton plus affirmé, moins résigné, avec des femmes, en apparence toutes pareilles, mais qui montrent quelques différences pour peu que l'on soit attentif.
Le tout commence par la confession physique de leurs imperfections à grands traits noirs. Par la suite, elles revêtent leur habit imperméable pour affronter la "tempête" de leurs réalités. Et cette perspective de lutte, qui pour moi avait des allures de révolution, est présentée par des mouvements imprégnés de force, de frénésie et même parfois de violence. Il est évident que leur but n'est pas de plaire, mais de produire des mouvements symboliques qui frappent fort, qui défoncent comme pour une révolution. Leur mission est évidente, aller de l'avant dans le parcours et porter le message"pamphlétaire" de la chorégraphe.
Nous pourrons observer jusqu'au dernier tableau la mue de ses femmes, toutes ensemble, comme pour se délester, sinon se libérer de la charge qu'elles portent depuis leur naissance. Durant cette conclusion, nous pourrons voir, comme pour la tête de Jean le Baptiste, le mythe de la femme, celle espérée, celle souhaitée, celle montrée, qui est déboulonné et qui roule à nos pieds et qui est recouvert par la diversité de perruques venant de là-haut. Ces perruques qui sont la signature de la chorégraphe, pourraient être aussi le signal comme quoi cette mue leur permettra de revêtir des vêtements qui leur seront propres, à l'image de ces perruques toutes différentes.
Le tout n'aurait pas eu le "punch" si les interprètes, Geneviève Bolla, Miriah Brenna, Marilyn Daoust, Karina Iraola, Anne le Beau (présente dans les toutes les oeuvres présentées au début de ce texte) et Florie Valiquette (aux gestes et à la très belle voix) ne s'étaient investies totalement. L'effort physique qu'elle devait fournir se transmettait dans tout la salle. En complément, j'ai vécu à cette soirée, une première, soit l'utilisation de la magie dans un spectacle de danse. Loran a fait disparaître, là juste devant moi en première rangée, Geneviève Bolla enfermée dans une petite boîte après l'avoir transpercé avec de nombreuses épées. Je ne suis pas certain de la pertinence symbolique de cette partie, mais un esprit éclairé pourrait la justifier. De la magie, il en faut dans la vie parfois, quel qu’en soit la nature.
Intéressant de constater que je venais de terminer la lecture, il y a quelque temps, de "Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles" de Steve Gagnon chez Atelier 10, pamphlet qui portait sur la difficulté pour un homme d'endosser les rôles imposés par notre société. Vivre aujourd'hui, dans une société qui formate ne semble pas un problème exclusivement féminin. La prise de conscience souhaitée durant cette heure est, j'en suis convaincu, le milieu du parcours et non pas une "Fin de série". Je suis aussi convaincu que Manon Oligny devra poursuivre son parcours et à cette prochaine fois, je serai là, encore, pour en voir le résultat.
Photo de Claudia Chan Tak
Voilà donc, qu'elle poursuit sa route à ce FTA avec "Fin de série" pour lequel le feuillet présentait la phrase choc "Filles-machines, filles-images, filles-spectacles, filles-marchandises, filles-ornements ... elles sont l'illusion de la perfection.", tirée du livre "Les filles en série" de Martine Delvaux. Et à la question de Fabienne Cabado, "Et elle se battent avec fougue contre leur finitude", la chorégraphe répond, "Oui, cette notion de lutte est la pierre angulaire de la pièce". Une oeuvre avec un ton plus affirmé, moins résigné, avec des femmes, en apparence toutes pareilles, mais qui montrent quelques différences pour peu que l'on soit attentif.
Le tout commence par la confession physique de leurs imperfections à grands traits noirs. Par la suite, elles revêtent leur habit imperméable pour affronter la "tempête" de leurs réalités. Et cette perspective de lutte, qui pour moi avait des allures de révolution, est présentée par des mouvements imprégnés de force, de frénésie et même parfois de violence. Il est évident que leur but n'est pas de plaire, mais de produire des mouvements symboliques qui frappent fort, qui défoncent comme pour une révolution. Leur mission est évidente, aller de l'avant dans le parcours et porter le message"pamphlétaire" de la chorégraphe.
Nous pourrons observer jusqu'au dernier tableau la mue de ses femmes, toutes ensemble, comme pour se délester, sinon se libérer de la charge qu'elles portent depuis leur naissance. Durant cette conclusion, nous pourrons voir, comme pour la tête de Jean le Baptiste, le mythe de la femme, celle espérée, celle souhaitée, celle montrée, qui est déboulonné et qui roule à nos pieds et qui est recouvert par la diversité de perruques venant de là-haut. Ces perruques qui sont la signature de la chorégraphe, pourraient être aussi le signal comme quoi cette mue leur permettra de revêtir des vêtements qui leur seront propres, à l'image de ces perruques toutes différentes.
Le tout n'aurait pas eu le "punch" si les interprètes, Geneviève Bolla, Miriah Brenna, Marilyn Daoust, Karina Iraola, Anne le Beau (présente dans les toutes les oeuvres présentées au début de ce texte) et Florie Valiquette (aux gestes et à la très belle voix) ne s'étaient investies totalement. L'effort physique qu'elle devait fournir se transmettait dans tout la salle. En complément, j'ai vécu à cette soirée, une première, soit l'utilisation de la magie dans un spectacle de danse. Loran a fait disparaître, là juste devant moi en première rangée, Geneviève Bolla enfermée dans une petite boîte après l'avoir transpercé avec de nombreuses épées. Je ne suis pas certain de la pertinence symbolique de cette partie, mais un esprit éclairé pourrait la justifier. De la magie, il en faut dans la vie parfois, quel qu’en soit la nature.
Intéressant de constater que je venais de terminer la lecture, il y a quelque temps, de "Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles" de Steve Gagnon chez Atelier 10, pamphlet qui portait sur la difficulté pour un homme d'endosser les rôles imposés par notre société. Vivre aujourd'hui, dans une société qui formate ne semble pas un problème exclusivement féminin. La prise de conscience souhaitée durant cette heure est, j'en suis convaincu, le milieu du parcours et non pas une "Fin de série". Je suis aussi convaincu que Manon Oligny devra poursuivre son parcours et à cette prochaine fois, je serai là, encore, pour en voir le résultat.
lundi 6 juin 2016
Sur mes pas au FTA: de la danse "Jamais assez" !
Pour cette soirée, mes pas m'ont porté jusqu'à l'Usine C pour découvrir "Jamais assez" de Fabrice Lambert. Ce chorégraphe, je l'avais d'abord découvert comme danseur, il y a un certain temps, septembre 2009 pour être plus précis, lors d'un "Destination danse" organisé par l'Agora de la Danse. Au programme, il y avait deux oeuvres solo, "Abstraction" et "Gravité". Voilà ce que j'en avais écrit à l'époque, elles " présentent l'interaction de l'homme sur son environnement d'une façon très accessible et surtout très belle" par cet "artiste chercheur". Dans "Abstraction" , il y avait un drap, "telle la terre, se déforme et garde les traces des agissements de l'homme anonyme".
Sept ans plus tard, avec "Jamais assez", la préoccupation pour "l'infini" (dixit Fabienne Cabado dans le feuillet de cette oeuvre), du danseur devenu chorégraphe pour cette oeuvre, reste identique. En effet, le point de départ de la création est le projet Onkalo qui est un méga site d'enfouissement pour déchet nucléaire en Finlande. Ce lieu créé 500 pieds sous terre pour conserver les déchets radioactifs jusqu'à ce qu'ils ne le soient plus, soit pendant 100 000 ans.
À notre entrée en salle, le rideau est fermé devant la scène. Le moment venu, après que les lumières derrière les rideaux se soient éteints, la scène se dévoile à nous dans une ombre. Elle se dissipe sous l'action de la phosphorescence du plancher et nous pouvons le mouvement intrigant de corps qui se meuvent sur ce plancher. De ce fond de la terre, les corps émergent peu à peu à la lumière. Dix interprètes prennent possession sur la scène et y restent durant toute la durée de la présentation. D'abord, tous immobiles, une se lève, rejointe peu à peu par les autres. Les mouvements sont d'abord individuels et peu à peu, ils deviennent collectifs.
Photo de Christophe Raynaud de Lage sur le site du FTA
De ces moments, j'en retiens une impression d'instabilité, comme la matière radioactive, particulièrement appuyés par les éclairages avec une partition sonore en parfaite harmonie. Les interprètes, telles des particules, cherchent et évoluent de plus en plus frénétiquement jusqu'au tableau dans lequel ils dansent dans une ronde de l'infini, avec une énergie et une qualité irradiantes. Le tout se terminant dans un retour de la "noirceur"!
De bons moments de danse qui permettent de réfléchir sur notre relation entre le présent et l'infiniment long.
Photo de Christophe Raynaud de Lage sur le site du FTA
De ces moments, j'en retiens une impression d'instabilité, comme la matière radioactive, particulièrement appuyés par les éclairages avec une partition sonore en parfaite harmonie. Les interprètes, telles des particules, cherchent et évoluent de plus en plus frénétiquement jusqu'au tableau dans lequel ils dansent dans une ronde de l'infini, avec une énergie et une qualité irradiantes. Le tout se terminant dans un retour de la "noirceur"!
De bons moments de danse qui permettent de réfléchir sur notre relation entre le présent et l'infiniment long.
samedi 4 juin 2016
Sur mes pas au FTA en trois temps; troisième temps pour "Corps secret / Corps public".
En ce début de soirée, une fois le 5 à 7 portant sur le malaise en danse terminé, sans que le débat lui le soi (et le sera-t-il un jour ?), mes pas m'ont ramené à l'espace culturel Georges-Émile Lapalme. Un carrefour pour ceux qui se dirige du Complexe Desjardins vers l'une ou l'autre des salles de la Place des Arts ou tout simplement pour aller prendre son "métro". Un lieu dans lequel les vagues des promeneurs plus ou moins importantes déferlent selon le moment de la journée. Ces vagues humaines se brisent depuis le début du FTA sur une installation de trois structures, des espaces ou des abris faits de panneaux en plastique avec une double personnalité, transparent et réfléchissant. La plupart du temps, le tout est inocupé, mais il arrive que des corps l'occupe et l'animent. Ce sont les interprètes de "Corps secret / Corps public" d'Isabelle Van Grimde (chorégraphie) + Thom Gossage (atmosphère musicale) + Anick La Bissonnière (installation).
Photo tirée du site de Van Grimde Corps secrets
Il est donc 19h00 et du monde, il y en a. Arrivent donc les interprètes en toute discrétion dans l'installation dans lequel, on retrouve des spectateurs volontairement présents pour l'occasion ou d'autres, juste curieux de voir que leur présence allume des lumières. Il y en a d'autres aussi tout autour. Pour ma part, je suis "dedans la chose" et je vois arriver un à un les interprètes. Ces corps aux intentions secrètes se transforment en corps publics. Moi, comme d'autres, nous nous déplaçons pour obtenir une perspective la plus globale possible (mission impossible), regardons à travers les panneaux qui nous permettent de découvrir la vision déformée d'un danseur de l'autre côté, mais parfois pas. Ces corps nous voient, mais ne nous regardent pas, se regardent très peu entre eux, gardant bien pour eux leurs intentions. Pour peu que l'on soit attentif, l'opposition annoncée dans le titre de l'oeuvre est forte.
Il est intéressant aussi de noter que si l'installation était occupée par des spectateurs en début de prestation, peu à peu, ces derniers se sont déplacés en périphérie, acceptant ou se résignant au fait que ces corps tout en mouvement établissent leur zone secrète dans cet endroit public.
Une belle oeuvre toute FTA, une oeuvre utile que j'ai apprécié, pour qu'un public plus néophyte puisse être exposé à la puissance et la beauté du geste qui porte un message. J'aurais tellement voulu pouvoir être là pour la performance de 8h00 du matin et découvrir la réaction de ces gens "métro-boulot-dodo". Si vous lisez ce texte avant le 7 juin 18h30, n'hésitez pas et dirigez vous à cet Espace culturel de la Place des Arts. Vous pourriez même partager vos impressions en commentaires de ce texte.
Photo tirée du site de Van Grimde Corps secrets
Il est donc 19h00 et du monde, il y en a. Arrivent donc les interprètes en toute discrétion dans l'installation dans lequel, on retrouve des spectateurs volontairement présents pour l'occasion ou d'autres, juste curieux de voir que leur présence allume des lumières. Il y en a d'autres aussi tout autour. Pour ma part, je suis "dedans la chose" et je vois arriver un à un les interprètes. Ces corps aux intentions secrètes se transforment en corps publics. Moi, comme d'autres, nous nous déplaçons pour obtenir une perspective la plus globale possible (mission impossible), regardons à travers les panneaux qui nous permettent de découvrir la vision déformée d'un danseur de l'autre côté, mais parfois pas. Ces corps nous voient, mais ne nous regardent pas, se regardent très peu entre eux, gardant bien pour eux leurs intentions. Pour peu que l'on soit attentif, l'opposition annoncée dans le titre de l'oeuvre est forte.
Il est intéressant aussi de noter que si l'installation était occupée par des spectateurs en début de prestation, peu à peu, ces derniers se sont déplacés en périphérie, acceptant ou se résignant au fait que ces corps tout en mouvement établissent leur zone secrète dans cet endroit public.
Une belle oeuvre toute FTA, une oeuvre utile que j'ai apprécié, pour qu'un public plus néophyte puisse être exposé à la puissance et la beauté du geste qui porte un message. J'aurais tellement voulu pouvoir être là pour la performance de 8h00 du matin et découvrir la réaction de ces gens "métro-boulot-dodo". Si vous lisez ce texte avant le 7 juin 18h30, n'hésitez pas et dirigez vous à cet Espace culturel de la Place des Arts. Vous pourriez même partager vos impressions en commentaires de ce texte.
vendredi 3 juin 2016
Sur mes pas au FTA en trois temps, deuxième temps, pour écouter sur le "Malaise critique: les médias et la danse au Québec"
En cette fin d'après-midi, revenant de l'exposition "Hydra", mes pas me portent, tout proche, jusqu'au QG du FTA. Il sera question à cette table ronde du "Malaise critique: les médias et la danse au Québec". Animée par Fabienne Cabado, autour de cette table, on retrouvait Katya Montaignac, Louise-Maude Rioux-Soucy, Frédérique Doyon et Sylvain Verstricht, chacun ayant une perspective différente. Dans la salle, pas difficile de constater que le portrait était semblable et que c'est entre gens du milieu de la danse que la discussion se ferait, avec quelques autres intéressés, dont moi. Après une introduction par Fabienne Cabado, Katya Montaignac présente sa position, soit qu'il ne suffit pas de dire qu'un spectacle de danse contemporaine est ou n'est pas de la danse, suivi par un texte d'humeur sans appuis formels, ni arguments pour qu'il soit publié comme texte de critique et soumis en pâture aux lecteurs.
Si le titre annonçait un débat sur la critique en danse par certains médias, rapidement le tout a évolué vers le malaise "critique" de la couverture de la danse dans les médias. Les principaux constats que je fais de ce que j'ai entendu sont reliés aux enjeux économiques et à la problématique de reconnaissance.
Côté économie, promouvoir, couvrir et critiquer une oeuvre qui a une très courte durée de vie est un défi pour des médias écrits dont chaque pouce de papier se disputent âprement. Pour les médias électroniques, c'est le clic qui fait foi de tout et s'il n'est pas en assez grand nombre, le domaine passe à la trappe. Pour tous médias grand public, le climat économique ne permet pas d'avoir une ou des personnes expertes du domaine (et capable d'écrire vite et bien, non, très vite et très bien, a dit à peu près Frédérique Doyon), sans oublier que la vie de pigiste est loin d'être une vie rêvée.
Côté reconnaissance, se faire promouvoir, se faire couvrir (et bien de préférence !) et obtenir une critique adéquate dans les médias de masse est-il nécessaire. Si oui, est-ce encore possible aujourd'hui ? Être vedette de son petit monde ou un quidam dans ce grand univers culturel, dans lequel la musique, l'humour et la bouffe dominent, voilà la question.
Le monde de la danse, comme bien d'autres domaines, est confronté aux changements de la société et de l'asservissement de cette dernière aux lois dominantes (et économiques) du marché. Un repli loin des grands éclairages médiatiques la condamne-t-elle à disparaître? Est-il possible de fournir à celui ou celle qui veut un point de vue approfondi sur une oeuvre ou un artisan. Si oui, doit-on compter que sur les milieux spécialisés, tels que les universités (UQAM et Concordia), les émissions de web-radio (tel que Danscussions) et les quelques braves bloggers bénévoles (tels que Local Gestures ou DFdanse) ?
Le temps a très vite passé avec des interventions aussi bien senties qu'intéressantes, qui n'ont pas pu dissiper le malaise, peu importe sa nature. Une évidence s'impose cependant, pour moi spectateur, le milieu de la danse contemporaine est bien vivant et ne se résigne pas face aux défis qu'il devra affronter. Un point de vue exprimé me semble prometteur, soit d'accepter d'être dans un créneau limité et de trouver les façons de bien s'y installer.
Pour ma part, je suis tenté de présenter ce que je me souhaite comme amateur de danse. Peu importe le média, dites moi où aller lire un bon texte sur un artisan ou un spectacle et j'irai le lire. Je suis prêt à payer pour lire un texte de présentation sur un prochain spectacle et par la suite, un bon texte qui me décrira ce que j'ai manqué ou qui me dira, avec des yeux plus avisés et des mots plus érudits que les miens, les éléments techniques ou symboliques que je n'ai pas vu ou que j'ai vu sans en saisir toute la portée.
Les prochaines années nous montreront comment les mouvements sur scène ou ailleurs seront couverts et ou découverts. D'ici là, il faut continuer la veille à l'insignifiance du propos vide ou superficiel pour le dénoncer parce que, selon moi, la danse mérite mieux que le dicton quelque peu modifié par moi, "parlez en bien, parlez en mal, mais parlez-en"!
Si le titre annonçait un débat sur la critique en danse par certains médias, rapidement le tout a évolué vers le malaise "critique" de la couverture de la danse dans les médias. Les principaux constats que je fais de ce que j'ai entendu sont reliés aux enjeux économiques et à la problématique de reconnaissance.
Côté économie, promouvoir, couvrir et critiquer une oeuvre qui a une très courte durée de vie est un défi pour des médias écrits dont chaque pouce de papier se disputent âprement. Pour les médias électroniques, c'est le clic qui fait foi de tout et s'il n'est pas en assez grand nombre, le domaine passe à la trappe. Pour tous médias grand public, le climat économique ne permet pas d'avoir une ou des personnes expertes du domaine (et capable d'écrire vite et bien, non, très vite et très bien, a dit à peu près Frédérique Doyon), sans oublier que la vie de pigiste est loin d'être une vie rêvée.
Côté reconnaissance, se faire promouvoir, se faire couvrir (et bien de préférence !) et obtenir une critique adéquate dans les médias de masse est-il nécessaire. Si oui, est-ce encore possible aujourd'hui ? Être vedette de son petit monde ou un quidam dans ce grand univers culturel, dans lequel la musique, l'humour et la bouffe dominent, voilà la question.
Le monde de la danse, comme bien d'autres domaines, est confronté aux changements de la société et de l'asservissement de cette dernière aux lois dominantes (et économiques) du marché. Un repli loin des grands éclairages médiatiques la condamne-t-elle à disparaître? Est-il possible de fournir à celui ou celle qui veut un point de vue approfondi sur une oeuvre ou un artisan. Si oui, doit-on compter que sur les milieux spécialisés, tels que les universités (UQAM et Concordia), les émissions de web-radio (tel que Danscussions) et les quelques braves bloggers bénévoles (tels que Local Gestures ou DFdanse) ?
Le temps a très vite passé avec des interventions aussi bien senties qu'intéressantes, qui n'ont pas pu dissiper le malaise, peu importe sa nature. Une évidence s'impose cependant, pour moi spectateur, le milieu de la danse contemporaine est bien vivant et ne se résigne pas face aux défis qu'il devra affronter. Un point de vue exprimé me semble prometteur, soit d'accepter d'être dans un créneau limité et de trouver les façons de bien s'y installer.
Pour ma part, je suis tenté de présenter ce que je me souhaite comme amateur de danse. Peu importe le média, dites moi où aller lire un bon texte sur un artisan ou un spectacle et j'irai le lire. Je suis prêt à payer pour lire un texte de présentation sur un prochain spectacle et par la suite, un bon texte qui me décrira ce que j'ai manqué ou qui me dira, avec des yeux plus avisés et des mots plus érudits que les miens, les éléments techniques ou symboliques que je n'ai pas vu ou que j'ai vu sans en saisir toute la portée.
Les prochaines années nous montreront comment les mouvements sur scène ou ailleurs seront couverts et ou découverts. D'ici là, il faut continuer la veille à l'insignifiance du propos vide ou superficiel pour le dénoncer parce que, selon moi, la danse mérite mieux que le dicton quelque peu modifié par moi, "parlez en bien, parlez en mal, mais parlez-en"!
jeudi 2 juin 2016
Sur mes pas au FTA en trois temps; premier temps, "Hydra"
Il arrive que les astres s'alignent et que les horaires concordent, il serait fou de ne pas en profiter. C'est exactement ce que j'ai fait en cette fin d'après-midi et début de soirée. Après un passage au Centre de création O Vertigo, sur lequel je reviendrai peut-être, je me suis dirigé vers trois destinations du FTA. Il y a eu d'abord la Salle d'exposition de l'Espace culturel Georges-Émile Lapalme pour poursuivre et approfondir mon expérience "Pluton", grâce à "Hydra" de Claudia Chan Tak. Ensuite, je suis rendu ensuite au 5 à 7 pour assister à la table ronde "Malaise critique: les médias et la danse au Québec", animée par Fabienne Cabado. Un 5 à 7 qui s'est terminé juste à temps pour revenir à l'Espace culturel pour poursuivre ma découverte de l'exposition et enfin assister à "Corps secret / Corps public" d'Isabelle Van Grimde (chorégraphie) + Thom Gossage (atmosphère musicale) + Anick La Bissonnière (installation) et les six interprètes, dont seulement 5 sont indiqués dans le feuillet !
Mais reprenons depuis le début, donc premier temps.
Quiconque suit mes pas, sait déjà que les oeuvres "Pluton" et "Pluton-acte 2" m'ont particulièrement touché. Rencontres entre deux générations de la danse contemporaine au Québec, de grandes personnalités, de différents styles qui ont permis de perpétuer le souvenir pour les récents amateurs de danse ou de les raviver pour lesmoins récents. De ces "rencontres", il fallait en garder des traces.
C'est à Claudia Chan Tak qu'est revenue la mission de documenter le tout, d'être le témoin privilégié que beaucoup d'entre nous aurions voulu être. Elle a donc capté d'habile façon, "l'essence des choses" avec des images photo ou vidéo, avec des documents ou des exhibits qui par leur diversité m'ont fait faire le tour avec une délicieuse lenteur. Tel un bazar, cette exposition recèle toutes sortes de trouvailles. Il y a les documents vidéo qui nous montrent les rencontres entre le chorégraphe et l'interprète et présentent leurs témoignages. À titre d'exemple, nous découvrirons que Nicolas Cantin a demandé à Michèle Febvre, lors leur première rencontre, "Conte moi ta vie". Aussi, comment Sébastien Lourdais percevait Linda Rabin et sa chevelure abondante. Une incursion dans l'intimité des rencontres qui permet de comprendre le résultat sur scène.
Autres trouvailles, l'exhibit "ma première fois" sur lequel Claudia Chan Tak présente les premières rencontres avec chacun des artisans de ces deux oeuvres. Les notes de Peter James et Katya Montaignac, "entremetteuse" de ses rencontres ainsi que les photos des moments de création, entre autres, enrichissent notre compréhension de la génèse de ces oeuvres. Comme il me l'a été conseillé, il faut prendre son temps et s'y rendre plus d'une fois, comme j'ai suivi ces deux conseils, je dois confirmer qu'il est avisé puisque de nouvelles découvertes, j'en ai fait aussi à ma deuxième visite, dont ces "planètes habitées" qui se trouvent au milieu de la pièce. Peut-être que je me répète, mais il est fort possible que je mette le diction en action, soit "jamais deux sans trois" !
Cette exposition est le prolongement naturel des deux actes de "Pluton" et pour le résultat, mission accomplie. Il est intéressant de noter que ces deux oeuvres sont dans le même esprit que "Nous (ne) sommes (pas) tous des danseurs", présenté un peu plus tôt ce printemps, qui aussi mettait de l'avant, témoignages, danses et souvenirs intimes. Incidemment, c'est aussi Claudia Chan Tak qui avait pour mission de capter sur pellicule cette oeuvre.
Bon, il est temps de passer au deuxième temps ....au QG du FTA pour le 5 à 7. À suivre donc !
Photo de Claudia Chan Tak par Isabelle Quach
Mais reprenons depuis le début, donc premier temps.
Quiconque suit mes pas, sait déjà que les oeuvres "Pluton" et "Pluton-acte 2" m'ont particulièrement touché. Rencontres entre deux générations de la danse contemporaine au Québec, de grandes personnalités, de différents styles qui ont permis de perpétuer le souvenir pour les récents amateurs de danse ou de les raviver pour lesmoins récents. De ces "rencontres", il fallait en garder des traces.
C'est à Claudia Chan Tak qu'est revenue la mission de documenter le tout, d'être le témoin privilégié que beaucoup d'entre nous aurions voulu être. Elle a donc capté d'habile façon, "l'essence des choses" avec des images photo ou vidéo, avec des documents ou des exhibits qui par leur diversité m'ont fait faire le tour avec une délicieuse lenteur. Tel un bazar, cette exposition recèle toutes sortes de trouvailles. Il y a les documents vidéo qui nous montrent les rencontres entre le chorégraphe et l'interprète et présentent leurs témoignages. À titre d'exemple, nous découvrirons que Nicolas Cantin a demandé à Michèle Febvre, lors leur première rencontre, "Conte moi ta vie". Aussi, comment Sébastien Lourdais percevait Linda Rabin et sa chevelure abondante. Une incursion dans l'intimité des rencontres qui permet de comprendre le résultat sur scène.
Autres trouvailles, l'exhibit "ma première fois" sur lequel Claudia Chan Tak présente les premières rencontres avec chacun des artisans de ces deux oeuvres. Les notes de Peter James et Katya Montaignac, "entremetteuse" de ses rencontres ainsi que les photos des moments de création, entre autres, enrichissent notre compréhension de la génèse de ces oeuvres. Comme il me l'a été conseillé, il faut prendre son temps et s'y rendre plus d'une fois, comme j'ai suivi ces deux conseils, je dois confirmer qu'il est avisé puisque de nouvelles découvertes, j'en ai fait aussi à ma deuxième visite, dont ces "planètes habitées" qui se trouvent au milieu de la pièce. Peut-être que je me répète, mais il est fort possible que je mette le diction en action, soit "jamais deux sans trois" !
Cette exposition est le prolongement naturel des deux actes de "Pluton" et pour le résultat, mission accomplie. Il est intéressant de noter que ces deux oeuvres sont dans le même esprit que "Nous (ne) sommes (pas) tous des danseurs", présenté un peu plus tôt ce printemps, qui aussi mettait de l'avant, témoignages, danses et souvenirs intimes. Incidemment, c'est aussi Claudia Chan Tak qui avait pour mission de capter sur pellicule cette oeuvre.
Bon, il est temps de passer au deuxième temps ....au QG du FTA pour le 5 à 7. À suivre donc !
Photo de Claudia Chan Tak par Isabelle Quach
mercredi 1 juin 2016
Sur mes pas en danse à Circuit-Est; Suites perméables
Petit espace qui se fait à mon agenda, voilà une belle occasion pour me diriger jusqu'à Circuit-Est pour découvrir "Suites perméables" d'Emmanuel Jouthe. Je dois avouer que je connais peu les oeuvres de ce chorégraphe, sinon une prestation, il y a longtemps, de "Écoute pour voir" dans le cadre de Microclimats présenté au FTA de 2009. Une oeuvre qui est un tête-à-tête chorégraphique entre un interprète et un spectateur reliés par des écouteurs à un lecteur de cassette (il me semble !). Celle qui avait été en face de moi, c'était Marilyne St-Sauveur. C'était ma première expérience de proximité et je me rappelle encore des grands yeux de cette interprète pour découvrir ma réaction (de ravissement) à la fin de ce moment.
J'étais curieux, parce que la première et la seule impression que j'avais eu avait été très bonne. Cette fois, d'une facture différente, le chorégraphe propose néanmoins une oeuvre de grande proximité pour une trentaine de personnes qui a un aspect intéressant pour l'amateur de la première rangée que je suis. Pour bien comprendre, comment se ressent, j'ai bien écrit ressent, mais j'aurais pu écrire vivre l'oeuvre comme spectateur, il faut présenter la disposition des lieux. Il y a une rangée de chaisesqui tout à coup change de direction à quatre-vingt-dix degrés. Juste devant, à environ six pieds une toile blanche en arrière-scène. C'est sur cette petite "scène" en équerre que se déplaceront les six interprètes (Élise Bergeron, Frédéric Gagnon, Nicolas Labelle, Eve Lalonde, Philippe Poirier et Maryline St-Sauveur que j'ai retrouvé avec plaisir). Le tout durera une quarantaine de minutes durant lesquelles le terme perméables prend tout son sens, parce que la "frontière" entre spectateur et interprètes laisse tout passer, le quatrième mur est une pure abstraction.
Photo de Vanessa Forget tiré du site de la compagnie
Nous serons interpellés par le regard, nous serons approchés proche, très proche et même touchés avec subtilité et délicatesse, rien d'inconfortable. J'ai senti les pulsations cardiaques de l'un, j'ai vu les sueurs qui perlaient sur le front de l'autre ainsi que j'ai entendu les confidences d'une troisième sur sa grand-mère. Le tout se développe peu à peu, nous laissant apprivoiser ces rapprochements et est supporté par des mouvements qui sont parfois juste là près de nous, sinon plus loin.
Présentée pour susciter sa diffusion, elle le mérite d'être découverte par le plus grand nombre. Emmanuel Jouthe démontre que par l'intimité, il est possible de faire entrer les spectateurs " dans la danse". C'est avec un très grand plaisir que j'y retournerais et que j'y amènerais un ou des "amis".
J'étais curieux, parce que la première et la seule impression que j'avais eu avait été très bonne. Cette fois, d'une facture différente, le chorégraphe propose néanmoins une oeuvre de grande proximité pour une trentaine de personnes qui a un aspect intéressant pour l'amateur de la première rangée que je suis. Pour bien comprendre, comment se ressent, j'ai bien écrit ressent, mais j'aurais pu écrire vivre l'oeuvre comme spectateur, il faut présenter la disposition des lieux. Il y a une rangée de chaisesqui tout à coup change de direction à quatre-vingt-dix degrés. Juste devant, à environ six pieds une toile blanche en arrière-scène. C'est sur cette petite "scène" en équerre que se déplaceront les six interprètes (Élise Bergeron, Frédéric Gagnon, Nicolas Labelle, Eve Lalonde, Philippe Poirier et Maryline St-Sauveur que j'ai retrouvé avec plaisir). Le tout durera une quarantaine de minutes durant lesquelles le terme perméables prend tout son sens, parce que la "frontière" entre spectateur et interprètes laisse tout passer, le quatrième mur est une pure abstraction.
Photo de Vanessa Forget tiré du site de la compagnie
Nous serons interpellés par le regard, nous serons approchés proche, très proche et même touchés avec subtilité et délicatesse, rien d'inconfortable. J'ai senti les pulsations cardiaques de l'un, j'ai vu les sueurs qui perlaient sur le front de l'autre ainsi que j'ai entendu les confidences d'une troisième sur sa grand-mère. Le tout se développe peu à peu, nous laissant apprivoiser ces rapprochements et est supporté par des mouvements qui sont parfois juste là près de nous, sinon plus loin.
Présentée pour susciter sa diffusion, elle le mérite d'être découverte par le plus grand nombre. Emmanuel Jouthe démontre que par l'intimité, il est possible de faire entrer les spectateurs " dans la danse". C'est avec un très grand plaisir que j'y retournerais et que j'y amènerais un ou des "amis".
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