lundi 28 mars 2016

Sur mes pas en danse en avril

Mars a été un mois riche et intéressant en danse et il s'achève bientôt, mais avril prend la relève. Les propositions sur les scènes habituelles sont peu nombreuses, mais la relève prend la "relève". À mon agenda, sept sorties.

Un début chargé avec trois propositions. Je débuterai avec un passage sur la Passerelle 840 qui présentera son troisième programme de la saison. Toujours intéressant de découvrir ces jeunes en début de parcours.

Suivra la découverte pour moi et la redécouverte pour d'autres de deux oeuvres phares de la Compagnie Marie Chouinard, "Prélude à l'après-midi d'un faune" et "Le Sacre du printemps". Affirmer que j'ai hâte, serait un euphémisme !

Suivra juste après, le spectacle de danse contemporaine de l'Université de Montréal propose deux oeuvres chorégraphiées par Sébastien Provencher et Gabrielle Surprenant-Lacasse. Deux noms qui sont, pour moi, des cartes de visite qui ne se refusent pas.



                                         Photos: Site de l'Université de Montréal

Un peu plus tard dans le mois, Spectacle chorégraphié dirigé par Dominique Porte d'abord et libre plus tard des étudiant(e)s du département de danse de l'UQAM. Soirées toujours intéressantes pour moi et que je ne rate pas.

                                         Photo: Pierre Castera

Entre temps, à la Place des Arts, "Monumental" de Holy Body Tattoo. Cette pièce créée, il y a plus de dix ans, par une compagnie maintenant dissoute (Dana Gingras et Noam Gagnon) est reprise par neuf interprètes fort connus ( Caroline Gravel, Louise-Michele Jackson, Kim De Jong, Shay Kuebler, Louis-Elyan Martin, Esther Rousseau-Morin, Sovann Prom Tep, Michael Watts, Jamie Wright) et huit musiciens. Une autre occasion pour moi de découvrir une oeuvre passée que je ne connaît pas.

                              Photo: Site de la Place des arts

Le mois se termine avec une visite à la Place des Arts pour découvrir une des dernières propositions de Danse-Danse pour cette année, un programme triple de la Sao Paulo Companhia de Dança, incluant une création d'Édouard Lock. Une belle façon de finir un mois, n'est-ce-pas ?





samedi 26 mars 2016

Sur mes pas de lecteur; Conquis comme bien d'autres par "L'amie prodigieuse"

Recommandé chaudement par une connaissance, je me suis inscrit sur la liste d'attente de ma bibliothèque et l'appel m'est enfin parvenu, "votre livre est disponible et vous avez 48 heures pour aller le récupérer". Et dans les heures qui ont suivi,  "L'amie prodigieuse" d'Elena Ferrante est devenu ma possession pour quelques semaines ou jusqu'à ma lecture de ses 390 pages.

Au coeur de ce roman, une jeune fille et sa meilleure amie dans un quartier de Naples. Autour d'elles, familles et voisinage qui orientent leurs destins. Malgré que ma lecture se soit étendue sur plus de trois semaines, à chacun de mes retours, l'écriture de l'auteure m'a rapidement remis en selle, malgré la multitude des personnages (plus d'une trentaine). Une écriture limpide et une histoire qui captivent, avec un premier chapitre court que l'on se fait un devoir et un plaisir de relire en terminant.

Vous n'aviez pas entendu parler de ce roman ? Et bien sachez qu'il en est temps et que de l'enfance et de l'adolescence des deux personnages qu'il nous présente, il y a une suite et  je ne vois pas comment il est possible de ne pas poursuivre.


Sur mes pas en danse: "Mobilier mental", le beau jeu des images mentales en mouvements sur scène.

Lorsque je me suis rendu découvrir "Mobilier mental" de Michel F. Côté et Catherine Tardif à Tangente, je n'avais rien lu et de leurs oeuvres précédentes rien vu. "Partir à l'aveugle", c'est aussi ce que doivent faire les interprètes durant le temps qu'ils passent devant nous. Et vous, vous voulez être éclairés sur ce très bon moment que j'ai passé, n'est-ce pas ? En voici donc quelques éléments qui ne gâcheraient pas votre plaisir, si comme moi, vos pas vous amènent dans les prochains jours au Monument National ou dans l'avenir si l'oeuvre revenait à l'affiche (et j'y retournerais, certainement).

                                Magali Stoll, interprète dans le divan © Tiari Kese

Il y a nous assis sur notre siège et il y a les neuf interprètes d'expérience, pas tous danseurs ou danseuses (Marie-Claire Forté, Peter Trosztmer, Alanna Kraaijeveld, Magali Stoll, Catherine Tardif, Manuel Roque, Guy Trifiro, Alexander MacSween et Michel F. Côté) sur le côté de la scène, assis aussi pour débuter. Il y un maître du jeu ("ring master", dixit Michel F. Côté qui en joue le rôle) d'un côté et de l'autre les huit braves. Ces derniers devront à tour de rôle découvrir une image, imaginer un court moment de danse, choisir ou non des complices,et si oui, leurs transmettre assez vite ses indications. Un fois prêts, la musique choisie par le maître du jeu s'invite dans la danse (sans être annoncée) et le plaisir commence.

Petite digression ici ; lors de la discussion d'après représentation, il a été mentionné par un spectateur que le plaisir semblait surtout du côté des interprètes, tandis qu'un autre, avait l'opinion tout à fait inverse. Moi, je ne saurais dire pour les interprètes, mais moi j'ai eu du plaisir. Fin de la digression.

Une fois le tout terminé, l'image, cristallite des gestes et du court moment (moins de trois minutes) nous apparait à tous.

C'est donc en trois fines couches temporelles et successives que l'oeuvre nous est présentée. Il y a d'abord, l'espression faciale de l'interprète face à l'image qu'il découvre, moment d'inspiration ou de désespération. C'est à ce moment que le titre de ce spectacle prend tout son sens, parce que le "Mobilier mental" des improvisatrices/teurs, nous l'imaginons et même nous le voyons se déplacer dansleur tête et souvent pas qu'un peu.

Ensuite, les mouvements prennent place et moi, je tente parfois d'imaginer l'image. Impossible de ne pas apprécier leur complicité et surtout la qualité et l'audace des propositions spontanées. Il y a Catherine Tardif qui se plante juste là, face à face devant certains spectateurs, Peter Troztmer tout désespéré et qui se faufile partout (même sous ma chaise !) et Alanna Kraaijeveld qui s'abandonne aux soins parfois hésitants des autres.

Enfin, l'image nous est révélée et pour peu que l'on soit observateur produit sur scène comme dans la salle des réactions parfois assez fortes.

Toute cela pendant un peu plus d'une heure. Il y a bien quelques règles du jeu et quelques variantes, mais nous les maîtrisons assez vite. Le tout étant repris à la prochaine représentation avec de nouvelles images. On efface tout et on recommence.

Toujours avec moi ? De ces moments d'improvisation dansés, un aspect m'a particulièrement plu. En général, lorsque l'improvisation s'invite dans une salle de spectacle, il y aussi l'aspect compétitif et le choix du public pour désigner un gagnant. Pour "Mobilier mental", rien de cela et c'est bien tant mieux, en ce qui me concerne.


vendredi 25 mars 2016

Sur mes pas en danse: Deuxième Passerelle 840 pour cet hiver qui nous fait un pied de nez !

Bon OK, ceux et celles qui ont lu mon titre jusqu'au bout me feront remarquer que nous sommes maintenant, en ce 25 mars, officiellement rendu au printemps. Mais pour moi quand il y a de la neige qui me tombe dessus et qui reste par terre, et bien, c'est l'hiver !! Et ce n'est pas discutable. C'est d'autant plus vrai que sur le feuillet de cette Passerelle 840, il y est imprimé Hiver 2016.

Mais revenons au propos de ce texte, soit les quatre oeuvres au programme en cette première soirée de présentation et dont deux m'ont particulièrement plu et sur lesquelles je m'attarderai. Devant une salle moins remplie que mes lors de mes visites précédentes, le tout commence avec "Struwwelpeter" de et avec Ariane Dessaulles. Un masque relié à dix bandes élastiques, ceux-là attachés tout en haut, est là par terre à notre arrivée dans la salle. Arrive l'interprète qui enfile le masque et durant les quinze trop courtes minutes qui ont suivi, elle incarne un personnage sans expression, masque oblige, mais qui s'exprime tout en gestes fort éloquents. Les situations changent, mais relié par ces fils plus ou moins tendus, les limites s'imposent au personnage. Tout à fait fasciné, j'ai été par "cette première étape de création" qui est tout à fait réussie. Ariane Dessaulles, je prends bien note de ton nom et du titre de ton oeuvre "facile à se rappeler" pour en découvrir la suite. S'il vous plaît, ne tarde pas trop.

En fin de programme, "On ne saigne pas par hasard" d'Isabelle Boudreau, avec Julie Lédée, Kim Lacoste, Laeticia Philantrope, Sabrika Leduc, Mélanie Boisliveau, Christine Heyraud et Stéphanie Boulay, frappe fort. Il y a d'abord, le court moment de découverte des interprètes dans un enchevêtrement de corps. Par la suite, ces filles maquillées et habillées telles des émules de Kiss (OK j'exagère un peu, mais c'est dans le sens positif), nous entraînent dans une suite de tableaux déjantés qui captivent et qui se termine par le même enchevêtrement qu'au début. Le feuillet annonce bien le propos, "En catimini, mais percolant par tous les interstices, surgit la substantifique moelle de la horde au sein de laquelle se noie l'enfant terrible d'une hargne débridée. Glou-glou."  Et nous les spectateurs, nous sommes rassasiés.

Une belle passerelle vers mon prochain rendez-vous de danse chez Tangente et sur lequel je reviendrai dans un prochain texte. La prochaine Passerelle 840, la semaine prochaine, yeah !

samedi 19 mars 2016

Sur mes pas en danse: Enchanté par mesdames "La Démarquise"

Pour présenter sa plus récente oeuvre, Louise Bédard utilise des mots fort pertinents (selon moi !), "Emboiter des histoires, s'offrir des instants de mystère et de poésie", tout cela au féminin. Si je voulais décrire de façon macroscopique les très bons moments que j'ai passé à découvrir ces histoires, je dirais que j'ai eu droit à une oeuvre colorée de différents pixels de couleurs différentes (selon l'interprète) dont l'ensemble, de premier abord sans lien, produit surtout après, une impression globale d'unité. La réception des différents tableaux, souvent surprenante, toujours métaphorique, produit un ensemble cohérent de la personnalité féminine, pour peu que le spectateur joue son rôle.

Pendant près de deux heures, les tableaux se succèdent et les interprètes, Miriah Brennan, Marie Claire Forté (mon coup de coeur), Alanna Kraaijeveld, Sarah Williams (à qui je me suis personnellement identifié) et Gabrielle Surprenant-Lacasse vont et viennent (même en vélo), ramassent et mettent, enlèvent et mettent des vêtements sur cette scène blanche et immaculée. Chacun pourra y voir les symboles qu'il veut, mais moi le mythe de Sisyphe (dans un des premiers tableaux) de ces femmes avides de leur apparence, m'a frappé de plein fouet, dès le début.

De cet incursion dans l'univers féminin souvent présenté en talons hauts, j'en ressort ébloui et pensif, mais en même temps quelque peu surpris par l'instantanéité du propos des tableaux versus celles, les femmes, responsables de la perpétuité de l'espèce humaine. Peut-être, j'aurais plutôt dû voir une forme d'adaptation aux changements toujours plus grands en ces temps modernes.

Une oeuvre expressionniste d'une grande chorégraphe de chez nous qui nous permet de mieux voir la complexité de la condition féminine, voilà ce qu'est "La Démarquise".

                                          Photographie montage par Eliot B. Lafrenière & Guillaume Lépine

jeudi 17 mars 2016

Sur mes pas en danse: "Avec pas d'coeur", mais plein d'émotion

Peut-être êtes vous de ceux que la sexualité de mes parents, "veut pas savoir !". Si cela est vrai pour vous, peut-être répondrez vous de la même façon pour celles des personnes qui ont un handicap. Et, par conséquent, serez tentés de dire non à l'invitation de Tangente et Maïgwenn Desbois avec leur proposition "Avec pas d'coeur". Et cela serait une très mauvaise décision, je peux vous en assurer.

Ne pas détourner les yeux de certaines réalités et oser regarder, s'est avéré pour moi, une très bonne décision. Je dois avouer que la proposition précédente de la chorégraphe, "Six pieds sur terre", qui danse avec Gabrielle Marion-Rivard qui a le syndrome de Williams et Anthony Dolbec qui a le syndrome d'Asperger, m'avait séduit. Je dois même avouer que mes propres difficultés à danser avait fait tomber mes préjugés sur les personnes "différentes".

Ajoutant Roxane Charest Landry à sa plus récente oeuvre, la chorégraphe veut poser "un regard lumineux sur l'intimité et sur notre droit d'y avoir accès, que l'on vive avec un handicap ou non", dixit le feuillet de présentation. Et c'est totalement réussi.

Lors de la présentation d'avant spectacle, Lük Fleury, "grand patron" de BIGICO (organisme de la gigue contemporaine et coprésentateur avec Tangente de cette soirée), nous prédisait des "étincelles émotives". Je serais tenté de le corriger et de dire que j'ai eu des flammes intenses d'émotion, face à ce que j'ai vu et entendu durant cette heure si courte.

Maïgwenn nous propose différents tableaux audacieux qui nous présentent des personnes, qui comme nous, ressentent toute une gamme de sentiments positifs ou négatifs face à l'autre. Être attirés, être repoussés, vouloir l'autre ou vouloir séduire quoi de plus naturel, n'est ce pas ? Il arrive cependant que le geste attise les mots ou que ce soit l'inverse. Par le chant aussi, les relations peuvent s'établir.

Pour résumer, j'ai découvert une oeuvre lumineuse qui m'a fait du bien et la réaction autour de moi m'a démontré que je n'ai pas été le seul. Merci à vous Maïgwenn, Roxane, Gabrielle et Anthony !

Photo: Christel Bourque sur le site de Tangente

Une deuxième sortie danse dans un univers marginal, après celle dans l'univers des femmes autochtones de "Native Girl Syndrome". Cependant autant cette dernière oeuvre était sombre, "Avec pas d'coeur". elle était lumineuse. Toutes les deux, cependant, portaient un regard éclairant qui méritent que l'on s'y attarde.


mardi 15 mars 2016

Sur mes pas imprévus en danse: "Native Girl Syndrome"

Pendant qu'ailleurs à Montréal, deux hommes attendent Godot avec espoir, ici à l'Espace Libre, deux femmes errent sans aucun espoir, anesthésiées par l'alcool et la drogue.

Quand nous entrons dans le studio Espace Libre, elles sont déjà là avec leurs maigres possessions dans un lieu où les détritus occupent toute la place. Décrite comme n'étant pas de la danse ni du théâtre, "Native Girl Syndrome" de Lara Kramer est pour moi une oeuvre sur le mouvement qui fait du sur place. Parce que ces deux femmes, tout au long de notre rencontre, ne parlent pas ou si peu, ne regardent pas devant ou si peu. Intensément interprétées par Angie Cheng et Karina Iarola, elles sont condamnées à errer sur place en gestes désespérés, comme le nageur au milieu d'un lac juste avant de se noyer. Il y a bien un moment d'espoir, au détour d'une chanson ou de leur brève interaction, mais bien vite la réalité reprend toutes ses prérogatives et toutes seules, elles poursuivent vers nulle part. Qui sont ses femmes ? Question que l'on préfère éviter. Pourtant, elles sont là, errantes, prenant le peu qui leur est donné par la vie et la société qui les a déraciné d'ailleurs. Pour moi, qui en rencontre lors de mes déplacements dans le centre-ville, mais qui détourne les yeux en accélérant le pas, cette rencontre, de plus d'une heure, m'a forcé à découvrir plus longtemps cette réalité que ne veux pas voir. Et cela m'a fait forte impression.

Voilà une oeuvre qui n'a rien d'agréable, mais pour peu qu'on l'accepte, elle nous permet de voir une réalité que l'on voudrait bien ignorer et dont nous sommes collectivement responsables. Pour cela, merci Lara Kramer. 

Pour ceux et celles intéressé(e)s à lire une entrevue éclairante avec elle, voici le lien sur Local Gesture:

http://www.localgestures.com/dance/portrait-lara-kramer

                              Photo: Site de l'Espace libre