jeudi 13 octobre 2016

Sur mes pas en danse; des pas tout en poésie avec l'Arias Company

Se faire conter des souvenirs par un vieil homme, ses souvenirs, sur une scène blanche, avec un minimum d'accessoires, fort bien utilisés par ailleurs, mais avec moult mouvements. Voilà la proposition que m'offrait Danse Danse dans cette salle tout en intimité qu'est la Cinquième Salle de la Place des Arts.




Interprétée par quatre interprètes, fort talentueux (Brian Arias, Jermaine Spivey, Spenser Theberge et Ana Maria Lucaciu), "A rather lovely thing" nous entraîne dans une suite de tableaux alternant "récits littéraux et abstraits qui réflètent nos peurs et nos désirs", dixit le feuillet de la soirée et je suis tout à fait d'accord.

Il faut se laisser aller, accepter la douceur du propos et se concentrer à apprécier la beauté des mouvements des interprètes virtuoses qui s'expriment devant nous. Il y aura bien pour moi, une petite source d'interférences, lors des changements de costumes qui se font sur scène (un peu en retrait) pendant que le récit se poursuit pas très loin. De cette scène de petite dimension, j'en ai eu une perception très différente au tout début et qui m'a semblé immense avec les quatre interprètes immobiles. Par la suite, elle a repris sa dimension réelle, de ma perception, et est arrivé le vieil homme qui nous a dansé le début de sa narration. Et son récit s'est terminé avec son retour sur scène après des moments tout en douceur comme les propos de l'aîné que l'on a pu imaginer. Un gros coup de coeur de ce tableau qui nous présente un fondu à deux personnages.

Dans le monde de la danse contemporaine, les pas et les styles sont très variables et pour cette fois, la beauté et la douceur étaient au programme grâce à Bryan Arias, qui m'a permis de passer une belle soirée.

Petite coincidence, en terminant, un des interprètes de cette soirée, Spenser Theberge, est un ancien membre de la Nederlands Dans Theater qui viendra faire un tour en ville dans quelques semaines, soit du 1er au 5 novembre prochain, invitée par Danse danse au Théâtre Maisonneuve.

dimanche 9 octobre 2016

Sur mes pas au cinéma: des pas surprenants dans la neige avec "Un ours et deux amants"

Il y a un certain temps que mes pas ne m'avaient amené dans une salle de cinéma. Cette congestion d'occupations professionelle et culturelle s'est quelque peu allégée et c'est vers du dépaysement que je me suis dirigé. "Un ours et deux amants", surprenante traduction du titre de la version originale, "Two lovers and a bear" qui, allez dont savoir pourquoi, inverse les rôles !

                                                          Affiche des Films Séville

Dans cette histoire, de Kim Nguyen, qui se passe dans le grand nord sur fond de neige blanche et de passés noirs, il est donc question d'un jeune couple d'amants, d'un ours. S'y ajoutera, d'une façon surprenante, une pieuvre et aussi de caribous qui montreront le chemin. Entre Lucy (Tatiana Maslany, troublante et touchante) et son amoureux, Roman, (Dane DeHaan, intense et bouleversant), l'amour se fait fort, mais il est perturbé pour les deux, par un passé douloureux qui nous sera, à tour de rôle, dévoilé. Alors que l'heure des choix se pointe, le chemin s'impose et nous les suivons à travers ces magnifiques espaces blancs, tellement bien captés. Impossible de rester insensible aux différentes péripéties, la réaction de la salle tout au long de la projection en a éloquemment et audiblement témoigné et cela, jusqu'à la toute fin. Le déroulement du générique nous permettant de revenir sur place après ce beau et long voyage autant au loin qu'en nous.

Définitivement un très beau film qui se doit d'être vu et sur grand écran, de préférence.

Sur mes pas imprévus en danse au Studio 303: lorsque la noirceur se fait éclairante

La semaine se faisait tranquille, côté danse, mais pour peu que l'on soit attentif, il y avait une sortie intéressante. Et c'est au Studio 303 que l'on pouvait la faire et par conséquent, mes pas m'y ont amené. "Métamorphose" était le titre de cette proposition qui nous présentait deux oeuvres différentes sur ce thème et qui sont des "projets collaboratifs entre artistes visuels et artistes du mouvement".

                                                          Photo de Simon Allard

Vous me permettrez, pour la suite, de vous amener pas à pas dans ce qui nous sera présenté. Et il semble que c'est avec une salle "comble" que cela l'a été et, selon moi, c'était tout à fait mérité.

En entrée de jeu, on nous demande de faire confiance, mettre notre angoisse de côté et d'entrer dans une salle tout à fait noire, pour découvrir la première oeuvre, celle de Paul Chambers, David-Alexandre Chabot et Annie Gagnon. Pour moi, il y aura bien durant le temps que les autres prennent place quelques photons non contrôlés qui me permettront de voir que près de moi, d'autres y sont aussi, tout à côté.

Arrive le moment du début de cette oeuvre qui se présentera à nous en trois tableaux. Comme je souhaite fort qu'elle soit représentée  et que le plaisir de découvrir, en est un fort important, je me contenterai de rester assez flou. Donc, durant la découverte de ces trois tableaux, il y aura le premier que je nommerai "L'apparition" et durant laquelle un personnage tout aussi céleste que mystérieux se présente à nous de dos. L'éclairage est mystérieux, mais l'effet esthétique de contraste nous garde bien captif. S'en suit, brusquement, celui de "La prise de contact" qui s'avère globalement fascinant, mais individuellement différent. Plusieurs y succomberont, mais moi, je n'ai pas eu cette chance (à prendre au premier degré ici, parce que j'ai bien beaucoup apprécié ce tableau). S'en suit, celui de "la Révélation", qui marquera une transition surprenante vers la découverte de ce personnage qui se dévoile à nous dans une humanité gestuellement bien exprimée.

Je ne parlerai pas ici de la technologie utilisée tout au long de ce parcours mais, je le rappelle, la découverte de ce personnage venu parmi nous, muni de certains attributs qui éclairent la rencontre, mérite le plaisir de la découverte. Au final, une rencontre artistique qui mériterait une reprise enrichie. Si elle se produisait, avec grand plaisir, j'y serai, promis !

Court entracte et nous revenons en salle, assis sur des sièges, cette fois, pour découvrir une autre métamorphose, celle proposée par Bettina Szabo (à l'interprétation), Brice Gatinet (aux effets sonores et musicaux) et Jacinthe Derasp (à l'objet et sur cet objet de papier, je resterai assez flou). Le tout débute encore une fois dans le noir, question cette fois d'installer l'objet, qui deviendra le cristallite de la métamorphose et du changement. S'en suit, une vingtaine de minutes durant lesquelles, l''interprète et l'objet seront pour moi, pour l'un, le coeur et pour l'autre, le corps. Subjugué, et le mot est faible, tout au long de ce trop court moment durant lequel le corps prenait possession du coeur, en le faisant palpiter et vibrer. Le coeur de son côté, prenait possesion du corps pour l'animer dans une esthétique qui m'aurait gardé captif de beaucoup plus long moments. Les effets sonores rehaussaient le tout, sans que j'en sois vraiment conscient, un peu quand même, puisque je le mentionne.

Au final, deux belles oeuvres fort prometteuses créées dans des conditions difficiles et précipitées (conclusions personnelles, suite à la discussion qui en ont suivi la présentation), mais qui, grâce au Studio 303, déjà permettent d'espérer un avenir fort prometteur aux spectateurs qui n'ont pas peur du noir.




lundi 3 octobre 2016

Sur mes pas en danse de flamenco à Danse-Danse: ailleurs mais ici aussi

La saison 2016-2017 de Danse-Danse se mettait en branle avec "Yo, Carmen" de Maria Pagés. Si mes pas m'ont porté jusqu'à la Place des Arts dans cette grande salle Wilfrid-Pelletier, c'est parce que je fais confiance à la gang de Danse-Danse. Parce que le flamenco est quelque peu loin de mes territoires habituels de mes intérêts chorégraphiques. Et je n'ai pas été déçu !

                                Photo tirée du site de Danse-Danse

C'est donc de ma première rangée que j'ai pu apprécier la magie du flamenco apprété à la sauce moderne, mais surtout revendicatrice. Parce que Carmen avec un Yo devant réserve aux spectateurs une femme qui se veut en pleine affirmation dans différents tableaux. Les gestes et les mouvements ancrés dans un passé, mais teintés d'une forte touche moderne m'ont convaincu que la femme peut et doit s'affirmer. Avec un début fort réussi par ses éventails/lucioles qui dans la nuit proposée ouvrait vers un jour prometteur qui a tenu ses promesses. La suite charmait et lorsque la grande dame s'est adressée à nous en français, le point de non-retour était atteint. Nous en sommes avertis, la Carmen d'aujourd'hui peut être telle qu'elle est, et gare à ceux qui pourraient le remettre en question. 

Une heure trente de pur plaisir pour les yeux, les oreilles et le coeur durant lequel sept danseuses, deux chanteuses et presqu'autant de musiciens se dévouent pour nous. 

Des pas pour moi dans un bel univers différent, mais voilà pourquoi je pars à l'aventure dans le monde de la chorégraphie. 

samedi 1 octobre 2016

Sur mes pas de danse, de beaux pas très prometteurs en Danses Buissonnières

Décidément, les premières propositions en danse contemporaine de cette saison sur nos scènes présentent des oeuvres de femmes avec des femmes sur scène. Danses Buissonnières ne fait pas exception, malgré que ...... Manuel Shink, avec sa création, une des six oeuvres au programme rend l'affirmation partiellement vraie, mais, j'y reviendrai.

Rappelons que Danses Buissonnières que Tangente nous propose à chaque année, permet à de jeunes chorégraphes de présenter une oeuvre de dix minutes maximum. De tout horizon, ces jeunes créateurs sont choisis par un jury de pairs. Mes pas m'ayant conduit au Monument-National quelque peu avant le temps, une discussion intéressante, mais surtout instructive avec Dena Davida, m'a permis de comprendre l'un des aspects qu'elle appréciait le plus des oeuvres qu'on lui présente et qui est l'authenticité. Terme qui peut être difficile à définir, mais qui, une fois devant nous, se perçoit très bien. Il semble que cette année encore, le jury ait eu la même vision, parce que les six oeuvres choisies irradiaient d'authenticité, et cela, c'est aussi ma perception. Et ces moments, je les ai bien aimés et surtout bien appréciés.

En entrée de jeu, nous découvrons "Struwwelpeter" qui peut être traduit de l'allemand par Pierre l'ébourrifé avec et de Ariane Dessaulles. L'image que vous pourriez en avoir est probablement juste, parce que du personnage qui se présente à nous, porte un masque avec des bandes de tissu qui se dirigent dans toutes les directions. Chacun pourra y voir les symboles qu'il voudra, mais moi sans aucune difficulté, ce personnage était au centre de son environnement avec tous les impératifs de joie de peine et, surtout, de nombreuses contraintes dans lequel elle devait évoluer. Et de ce masque porté, l'obligation de ne pas se dévoiler. Ouf !, tellement vrai pour certain ou certaine que je cotoie. La vie en dix minutes, voilà ce que Ariane Dessaulles nous propose.

Suit, "Selk" d'Eryn Tempest, récente graduée du programme de danse de l'Université de Concordia, qui nous propose une oeuvre classique dans laquelle les mouvements s'incarnent éloquents dans le corps dans une suite de mouvements loin de nous. Au moment qu'elle s'approche de nous et de moi en première rangée, les lumières s'éteignent. Voilà une fin particulièrement bien réussie !

En fin de première partie, Manuel Shink nous propose "Hors d'oeuvre" dont le titre est tout aussi ambigu que le personnage qui se présente à nous. Devrions nous être surpris, puisque de la courte présentation, nous étions avertis, "D'un point de vue queer, le principe de non-binarité du genre célèbre la diversité...". La présentation de cet homme gracieux et tout barbu était d'une grande clareté et de la tentation de classer, j'en suis ressorti avec une grande prudence. La vie n'est pas simple et les êtres humains qui l'occupent encore moins, j'en suis averti.

Pause réflexive d'une quinzaine de minutes.

Sur scène, nous apparaît, "Rainblow" et Geneviève Jean-Bindley avec un personnage féminin qui a tout du conte par son habillement. Mais, vite la réalité maladive semble s'imposer. Rien ne semble simple et tout autant ses gestes que ses mimiques et la mise en cases, nous le démontrent. J'en suis touché et pour cela merci !

"Who cares" de Virginie Desroches suit avec deux femmes ( Claire Jeannot et Myriam Foisy que je revoyais avec grand plaisir) qui devront faire un bout de chemin ensemble. Rien de facile, leurs gestes le montrent bien, mais peut-il en être autrement ? Et comme l'indique le feuillet de présentation, "Digérées d'un compromis insatisfaisant elles finiront." Mais nous, nous ne serons pas insatisfaits.

La soirée se termine avec une surprise. Nous devons nous lever de notre siège et entourer la scène sur laquelle se retrouverons les six interprètes (Julie Robert, Stefania Skoryna, Catherine Dagenais-Savard, Camille Gachot, Audray Julien et Myriam Foisy) sur la chorégraphie de Lorraine Albert et Julie Robert. On nous demande de nous déplacer tout au long de ce dix minutes et nombreux sont les spectateurs qui respecteront cettre demande, mais pas moi. Pour me permettre d'apprécier de la tête, il faut que mes pas soient immobiles et ils le seront. Je ne saurais dire ce que j'ai manqué, mais de ma perspective immobile, ces interprètes ont mis en gestes les verbes que la voix projetée m'est parvenue. "Movement in serra- 3rd movement" de ce collectif ephfem s'est incarné et a conclu une très belle soirée.

Plein de noms pris en note et un retour à la maison tout à fait satisfait de ces "Danses Buissonnières" 2016.




mardi 27 septembre 2016

Sur mes pas en danse vers "Pour", un offertoire pour la vie

Pour ma deuxième sortie de ce début de saison en danse tout féminin, après un impressionnant "La Loba", mes pas m'ont porté au théâtre La Chapelle pour y découvrir "Pour" (dans le sens anglais du terme), la plus récente proposition de Daina Ashbee. Le hall d'abord et la salle ensuite étaient "full" remplis pour la première en ce lundi soir, nouveauté intéressante de ce lieu de diffusion.

De cette chorégraphe, j'ai encore en mémoire les deux oeuvres que j'ai vues d'elle. D'abord, "Unrelated" pour laquelle, j'avais écrit "est une souffrance dévoilée, exprimée par des gestes d'auto-violence, par des gestes non aboutis, par des tentatives de prise en charge, mais jamais par la parole. Pour le montrer, elles le font sur un fond blanc tout cru, elles n'ont que le public pour tenter d'obtenir un certain appaisement." Touché et ébranlé en étais-je sorti !

Plus tard, "When the ice melts will we drink the water", solo plus court, mais tout aussi interpellant que sa proposition précédente. Il y a cette femme là, exposée, tout proche de nous dont les gestes trahissait une fébrilité et un désespoir évident. Ayant pour but d'entamer une réflexion sur les changements climatiques, cette "mère nature" a su bien le faire.

Dans ses deux oeuvres, en ressortaient pour moi, d'abord une vulnérabilité crûment exposée, à la merci des autres, face à nous, le regard bien haut, audacieux, pour la première et tout détourné pour l'autre. Il y a aussi cette proximité physique tout à fait assumée. Une si faible distance qui peut briser la fine pellicule de protection de ces femmes pour n'en conserver que l'audace. Des oeuvres viscérales qui m'ont fortement interpellé. C'est donc avec une certaine hâte, sinon une hâte certaine, que mes pas m'ont amené pour la suite du parcours chorégraphique de cette jeune femme à l'âme "audacieuse".


                                          Photo: Daina Ashbee

Avec "Pour", je peux l'indiquer en entrée de jeu, la chorégraphe poursuit dans la même veine, mais en l'ancrant dans "la relation complexe des femmes à leur cycle menstruel", fort justement annoncée comme une oeuvre "alliant force et vulnérabilité", des êtres qui plient, mais qui ne brisent pas. Mais, cette rencontre n'est pas facile, exigeante et interpellante, que l'on soit un homme ou une femme et cela dès le début. 

À notre entrée dans la salle, nous devons prendre notre place dans la pénombre. Nous pourrons entendre à intervalle régulier, le temps que chaque siège accueille son spectateur, le cri ou le chant venant d'une forme humaine que l'on peut distinguer avec effort dans le fond de la scène. Ce chant ou ce cri, tel un appel, se modifiera peu à peu. La salle remplie, les lumières s'éteignent complètement et nous sommes là dans l'attente. Le personnage (Paige Culley, totalement investie du début jusqu'à la fin), s'approche tout à coup de nous, soit juste en face de moi en première rangée. Il fait noir, mais elle est là, prenant possession de notre attention et de notre vision, malgré le peu de luminosité entre nous.

Arrive, le moment, la scène blanche rayonne et nos yeux peinent et vacillent à effectuer la transition. S'en suivra une série de tableaux durant lesquels cette femme, sans défense, exécutera des mouvements ou des cris répétés jusqu'à parfois tester sa résistance et la nôtre aussi. Il a été parfois possible de ressentir cet effet dans la salle autour de moi. Les tableaux étant souvent sans enrobage musical, "cet effet de salle", il est difficile de le rater. D'autant plus vrai pour le dernier tableau qui nous oblige à un certain effort de retenu et qui devrait faire jaser "dans les chaumières" !!!. 

Pour ma part, j'ai été particulièrement touché lors des tableaux durant lesquels, elle m'interpellait (OK !, je sais que je n'étais pas seul, mais c'est tout comme !) avec son regard, les yeux grands ouverts, tout aussi affirmés que vides. Je me sentais visé tout en dedans et de respirer, j'en arrêtais presque.

L'abandon de ce corps féminin aux cycles fondamentaux pour que la vie soit, voilà ce que le spectateur homme que je suis a pu découvrir intensément tout au long de ce "Pour". Les pas de retour m'ont permis de revenir sur terre, comblé !


jeudi 22 septembre 2016

Sur mes pas en danse: "La Loba", lieux de rencontre de tout genre

Pour la première sortie officielle en danse de la saison automne, mes pas m'ont porté dans un lieu inhabituel, soit le 3700 rue Berri qui est habituellement inoccupé, sauf par des gardiens de sécurité qui en assure la préservation pour ... allez donc savoir ! Pour quelques soirées, les lieux seront occupés par les femmes qu'Aurélie Pedron a réuni pour nous offrir "La Loba". Avant d'entreprendre le compte-rendu de mes différentes rencontres, je m'en voudrais de ne pas rappeller que cette chorégraphe m'a, dans le passé, amené dans son antre dans "Entre" qui était une rencontre les yeux fermés avec les mouvements de l'autre qui sont devenus les miens. Il y eu aussi "INDEEP" que j'ai eu la chance de découvrir et qui m'a permis de voir évoluer une dizaine de jeunes, les yeux fermés, dans un environnement qui confondait le tout et je me souviens encore des mots que m'avait inspiré mon incursion. "Là dedans, bien profondément en dedans. Là où l'intimité se fond avec l'autre, le moi devient le toi, sinon l'inverse. Pour cela merci beaucoup". Inspirant n'est-ce pas ?

C'est donc sans hésitation que mon billet fût rapidement réservé et que le moment de rencontre avec "La Loba" attendu avec fébrilité. Parce que les rencontres qu'elle me propose me laissent des traces. Et comme l'annonce fort justement le feuillet remis par Danse-Cité à l'entrée, "Bienvenue à une expérience unique en son genre ! Le spectateur compose librement son parcours (ce qui rend l'expérience d'autant plus unique). Belle aventure."

Me voilà donc, à l'entrée, dûment inscrit, dans ce lieu attendant les instructions. Nous sommes quelque uns et attentifs, ces instructions s'avèrent claires. Il y a une carte des lieux dans le feuillet qui nous permet d'arpenter les lieux et de nous diriger vers les portes ou les entrées pour les rencontres. Avec son enthousiasme communicatif, Maud Mazo-Rothenbühler, nous présente les quelques règles du jeu pour les 3 prochaines heures, avant de nous inviter à aller de l'avant vers les propositions chorégraphiques d'Aurélie Pedron, reine des micro-performances. Je serais tenté de la corriger en ajoutant le terme incontestée, pour en faire une description plus complète, soit une reine incontestée de la micro-performances. Le débat est ouvert !

Pas le temps de le compléter ce débat, parce que le monde "La Loba" s'ouvre à nous, tout en asymétrie et surtout sans toutes les règles définies. Certaines "rencontres" seront pour une seule personne à la fois, d'autres pour un nombre très limitées, d'autres aussi seront le fait de rencontre et enfin d'autres pour un public, un peu plus nombreux. Je ne pourrais pas parler pour les autres, mais moi, il m'a fallu un certain temps pour établir mes repères et pour commencer à avoir des pas moins frénétiques. Tel un fantôme longtemps enfermé dans son placard, j'ai parcouru les corridors cherchant les rencontres. Et les rencontres furent riches, intrigantes et surtout tellement différentes. Des rencontres qui s'ancraient surtout dans la matière, telle que la terre, l'eau, la glace, l'air et tellement plus. 

Des rencontres avec des femmes qu'il me fallait découvrir avec mes sens et la patience de prendre mes repères. Pour mieux vous faire comprendre, rien de mieux qu'un exemple. L'heure arrivée, je rentre seul dans la pièce et je m'installe sur le matelas, attendant. De l'autre pièce, par la porte, un "spot" lumineux me révèle l'arrivée d'une femme qui viendra jusqu'à moi, dans une rencontre qui amène mes émotions là, dans ma gorge. Il y aura aussi les quelques rencontres qui me demanderont de prendre le temps pour saisir ou pour tenter de saisir, qui est-elle ? D'autres fois, si le personnage est là, bien là, il me faudra du temps pour tenter. par ses gestes, de tenter d'en cerner les contours, souvent en vain, je le concède. Mon plaisir se révèlera dans la recherche et non dans la finalité de la découverte. 

Arrive le moment. Mes pas arpentent les corridors, enfin plus calmes, acceptant les limites de la perception de l'autre et prenant le temps et acceptant mes limites. Mes réponses à qui est-elle restent incertaines, mais n'en est-il pas de même dans notre vie ? Il en reste que cette fenêtre temporelle de trois heures, je l'ai trouvé bien courte. Parce que dans ce lieu, j'y serais resté toute la nuit, mais 22h00 sonnant, vers la sortie, je me suis dirigé. Et encore troublé, mais satisfait  par ces rencontres, mes pas m'ont ramené à la maison. 

Merci Daniel (Soulières), Aurélie (Pédron), Ariane (Boulet), Marie-Claire Forté, Rachel (Harris), Audrée (Juteau), Catherine (Tardif), Alexane (Tremblay), Karina (Champoux), Annie (Gagnon) qui m'a réconforté au bon moment, Karina (Iraola), Linda (Rabin), Anne (Thérault) et Lucie (Vigneault), sans oublier tous les autres artisans de l'ombre, pour ces moments de rencontre qui me laisseront des traces.