"Un programme double, qu’est-ce que t’en dis / Une vue d’amour, une vue d’bandits / Un programme double, y a rien comme ça / Pour oublier tout c’qui va pas", chantait Sylvain Lelièvre ("Programme double"). C'est ce que j'ai fait en ce lundi soir de FTA avec une "vue d'amour" ! sur grand écran avec "Union of the north" à la Cinémathèque Québécoise, mais pas une vue de bandits pour la suite au théâtre La Chapelle avec "Bleu" qui n'a rien volé à sa réussite et qui a capturé mon imagination.
La soirée a donc débuté avec la célébration d'un mariage et de ses préparatifs, celui de la chorégraphe Erna Òmarsdòttir et de "l'Homme orchestre" Valdimar Johannsson préparé par Matthew Barney. À mon arrivée à la Cinémathèque, je prends le feuillet de présentation, essentiel pour les "crédits" de l'oeuvre, parce que comme me l'indique la personne à l'accueil, ce que je verrai est la la deuxième partie d'un triptyque, dont l'avant et l'après étaient constituées de prestations "live" et rien ne m'indiquera les créateurs et les interprètes de cette oeuvre.
Installé bien à l'avance sur mon siège, confortablement assis, j'ai pu prendre connaissance du "programme de la soirée" et cela m'a guidé dans la suite pour m'y retrouver "quelque peu" ! Parce que cette célébration n'a rien de convenu ni d'habituel et qu'elle nous amènera dans un centre d'achat avec les préparatifs de l'un dans une épicerie et de l'autre dans un magasin d'articles de sport. Les préparatifs ont tout à voir sauf à ce que nous pourrions vivre ici et même en Islande, pays d'origine des futurs mariés. Complètement éclatés et enrobés, sinon hallucinants les différentes étapes des préparatifs jusqu'au pied de l'hôtel, un comptoir d'un Dunkin Donuts ("Coffee and much more") derrière lequel est installée une "divinité" (Sofia Jernberg) à la voix d'or.
De ces préparatifs, il est parfois difficile de bien les suivre parce que l'écran est souvent séparé en deux, montrant lui d'un côté et elle de l'autre avec de son côté à lui, un "préparateur" au propos diluvien (islandais traduit en anglais), propos rayonnant de connaissance, mais complètement hors propos. Propos qui sont néanmoins passionnants par leur teneur érudite. Le tout se termine dans l'apothéose de la bulle "cérémoniale" et du départ vers une nouvelle vie ! Nous laissant nous derrière, "sur le cul", oups !, plutôt sous le choc !!!
Après une légère hésitation à revenir à la maison, mes pas m'amènent après une vingtaine de minutes de marche, fort essenteilles, qui recharge mes batteries et qui me permettent de faire le vide, jusqu'au théâtre La Chapelle. Dans un hall "surchauffé", une foule nombreuse déjà s'y entasse. J'attends, en "mijotant" pour y découvrir "Bleu" de Jean-Sébastien Lourdais avec Sophie Corriveau. Déjà quelques minutes avant de prendre place dans les lieux, la salle vrombit d'un son enveloppant et assourdissant.
Photo: Jean-François Boisvenue tirée du site du théâtre La Chapelle
À notre entrée, l'interprète est déjà là, en plein "travail" sur une scène envahie d'une matière qui je le découvrirai assez vite s'avère être des nouilles, des "tonnes" de nouilles éparpillées ou en tas. Elle accumule cette matière, telle des potentialités pour en faire des amas de concrétudes, tangibles et observables. En habit de travail et avec les objets de circonstance, elle "procède" sans tenir compte de nous ou si peu. Je partage le point de vue du chorégraphe qui indique dans le feuillet de présentation que "La matière utilisée n'est plus prise pour ce qu'elle est, mais pour tout ce qu'elle peut évoquer et éveiller d'un point de vue sensoriel. L'environnement participe donc à l'évolution dramaturgique en offrant quantité de lectures au spectateur". Comme s'il disait, donnez un carré de la sable à un enfant et il en deviendra le roi ! Et dans cet espace, je m'y suis retrouvé, guidé par cette femme avec mes projets de vie, remplis de travail, d'observation, de bilans, de regrets, de reculs et de regrets. Le tout présenté simplement, me permettant d'y prendre place et comme je l'aurais fait avec une fin toute en douceur et en générosité, puisque c'est elle-même qui nous ouvre la porte de la salle pour poursuivre notre réflexion, hors des lieux.
Avec d'autres pas bienvenus, je reviens à la maison avec une grande satisfaction et une toute petite nouille dans la poche, comme souvenir tangible de cette rencontre marquante.
mardi 29 mai 2018
Sur mes pas en danse au offta 2018, première sortie: "Habiter" et Strange moods and dissonant feelings"
Cette année, ma résolution est d'harmoniser mes sorties au FTA et avec celles au offta, sans que cela tourne à la boulimie de spectateur. Pour faciliter le tout, une initiative de la gang du offta mérite d'être soulignée, soit celle de présenter des programmes en après-midi (dont à 13h00), comme celui, dont je reviens en ce lundi fin de PM.
Pour la présentation du programme double,"Habiter" de Katia-Marie Germain et "Strange moods and dissonant feelings" de Sarah Wendt et Pascal Dufaux dans l'espace vert du Wilder, le couloir d'attente achalandé et tous les cinquante sièges étaient occupés lors que la présentation a débuté. À la lumière de cette première fois, le pari semble être gagnant par les organisateurs, "LA SERRE - arts vivants".
À mon arrivée dans la salle, la pénombre nous permet de découvrir deux femmes déjà présentes, immobiles, sur la scène, l'une assise (Marie-Gabrielle Ménard), derrière une table garnie des objets typiques d'un petit-déjeuner, l'autre (Katia-Marie Germain), aussi assise du côté jardin de la scène, proche d'une lampe sur pied.
Photo: Olivier Desjardins tirée du site de la chorégraphe
Une fois les lumières toutes éteintes et le fond sonore des discussions dans les estrades dissipé, réapparaît une femme assise immobile derrière la table, regardant vers nous. Il s'en suit une série de tableaux pour la plupart statiques, intercalés par le noir de l'intervalle (et des déplacements forts discrets et inaudibles), dont le début et la fin sont annoncés par le son de l'interrupteur. Cette femme à la table face à nous semble en attente et de cette attente, difficile de prédire la suite. Et lorsqu'elle m’apparaît, me regardant les yeux tout grand ouverts, directement dans les miens (moi assis dans la première rangée), je me sens un peu gêné de me faire surprendre dans son intimité. Peut-on être "deux" à "Habiter" ce lieu ? La réponse me sera donnée un plus tard avec l'arrivée de cette deuxième femme, pendant que je reprends mon rôle, plus confortable, de spectateur. Toujours modulés par la noirceur, les tableaux sont plus ou moins longs, parfois colorés de mouvements et d'ombre. De ces noirceurs fort actives, l'éclairage du moment nous permet d'imaginer cette rencontre selon notre propre histoire qui se terminera par le retour à la solitude de celle qui occupait le lieu.
Une oeuvre qui a ses dangers, parce que le cliquetis de l’interrupteur et la noirceur qui l'accompagne peut avoir l'effet d'un pendule et de nous amener à un deuxième niveau en nous faisant fermer les yeux. Difficulté que j'ai réussi à surmonter sans trop d'effort.
J'étais curieux et intéressé de voir la reprise de l'oeuvre de celle qui a remporté récemment le prix David-Kilburn (2017) du département de danse de l'UQAM et dont j'avais apprivoisé, il y a quelques années avec "Aube", son utilisation de la noirceur. Toute histoire a ses angles morts et avec "Habiter", fort bien maîtrisée par les deux interprètes, a réussi à atteindre, selon moi, son objectif de créer "des environnements qui altèrent, renouvellent ou détournent les perceptions du danseur et du spectateur" et d'y voir ma version de cette histoire.
Après une pause extérieure qui m'a permis de constater que la saison estivale n'était pas qu'un espoir avec le temps plus chaud et les préparatifs sur la Place des festivals, je reviens à l'intérieur. Je prends place pour découvrir "Strange moods and dissonant feelings" de Sarah Wendt et Pascal Dufaux. C'était une première fois avec eux et à mon entrée dans la salle, c'est sur un banc par terre que j'ai pris place, parce que mon siège se retrouvait juste derrière leur console électronique. Les deux créateurs sont là, attendant que la salle se remplisse (et elle le sera complètement !) pour débuter.
Lui restera derrière la console et elle ira sur la scène sur laquelle on retrouve des exhibits et aussi une autre console sur un chariot. Elle prendra le micro pour nous parler de son métier de danseuse ("I'm a dancer. When I trained to be a dancer, I was taught to be malleable, flexible, available, strong and to learn the movements ...."). Elle le fera avec un micro et une technologie qui lui déforme la voix, produisant chez moi des "dissonant feelings". Où s'en va-t-on ?, je me demande. Ma patience a été récompensée par la suite. Ce texte, capté, enregistré et repris, tous comme les mouvements, qui eux seront aussi décalés et multipliés. Comme ces ondes qui se propagent dans l'espace temps, je suis curieux de revoir ces gestes simples et de leur traînée dans ma mémoire. Si certains éléments de l'oeuvre (séquences et accessoires) sont à améliorer (opinion de spectateur), la fibre est fort prometteuse. L'utilisation ici de la technologie, même si elle est très visible, trop selon moi, permet une belle excursion dans la découverte de la quatrième dimension de la danse.
Au final, une première sortie au "off" fort bien réussie qui m'en fait espérer quelques autres à venir dont deux sessions Larsen ! Je retourne à la maison avant le programme double au FTA en soirée.
Pour la présentation du programme double,"Habiter" de Katia-Marie Germain et "Strange moods and dissonant feelings" de Sarah Wendt et Pascal Dufaux dans l'espace vert du Wilder, le couloir d'attente achalandé et tous les cinquante sièges étaient occupés lors que la présentation a débuté. À la lumière de cette première fois, le pari semble être gagnant par les organisateurs, "LA SERRE - arts vivants".
À mon arrivée dans la salle, la pénombre nous permet de découvrir deux femmes déjà présentes, immobiles, sur la scène, l'une assise (Marie-Gabrielle Ménard), derrière une table garnie des objets typiques d'un petit-déjeuner, l'autre (Katia-Marie Germain), aussi assise du côté jardin de la scène, proche d'une lampe sur pied.
Photo: Olivier Desjardins tirée du site de la chorégraphe
Une fois les lumières toutes éteintes et le fond sonore des discussions dans les estrades dissipé, réapparaît une femme assise immobile derrière la table, regardant vers nous. Il s'en suit une série de tableaux pour la plupart statiques, intercalés par le noir de l'intervalle (et des déplacements forts discrets et inaudibles), dont le début et la fin sont annoncés par le son de l'interrupteur. Cette femme à la table face à nous semble en attente et de cette attente, difficile de prédire la suite. Et lorsqu'elle m’apparaît, me regardant les yeux tout grand ouverts, directement dans les miens (moi assis dans la première rangée), je me sens un peu gêné de me faire surprendre dans son intimité. Peut-on être "deux" à "Habiter" ce lieu ? La réponse me sera donnée un plus tard avec l'arrivée de cette deuxième femme, pendant que je reprends mon rôle, plus confortable, de spectateur. Toujours modulés par la noirceur, les tableaux sont plus ou moins longs, parfois colorés de mouvements et d'ombre. De ces noirceurs fort actives, l'éclairage du moment nous permet d'imaginer cette rencontre selon notre propre histoire qui se terminera par le retour à la solitude de celle qui occupait le lieu.
Une oeuvre qui a ses dangers, parce que le cliquetis de l’interrupteur et la noirceur qui l'accompagne peut avoir l'effet d'un pendule et de nous amener à un deuxième niveau en nous faisant fermer les yeux. Difficulté que j'ai réussi à surmonter sans trop d'effort.
J'étais curieux et intéressé de voir la reprise de l'oeuvre de celle qui a remporté récemment le prix David-Kilburn (2017) du département de danse de l'UQAM et dont j'avais apprivoisé, il y a quelques années avec "Aube", son utilisation de la noirceur. Toute histoire a ses angles morts et avec "Habiter", fort bien maîtrisée par les deux interprètes, a réussi à atteindre, selon moi, son objectif de créer "des environnements qui altèrent, renouvellent ou détournent les perceptions du danseur et du spectateur" et d'y voir ma version de cette histoire.
Après une pause extérieure qui m'a permis de constater que la saison estivale n'était pas qu'un espoir avec le temps plus chaud et les préparatifs sur la Place des festivals, je reviens à l'intérieur. Je prends place pour découvrir "Strange moods and dissonant feelings" de Sarah Wendt et Pascal Dufaux. C'était une première fois avec eux et à mon entrée dans la salle, c'est sur un banc par terre que j'ai pris place, parce que mon siège se retrouvait juste derrière leur console électronique. Les deux créateurs sont là, attendant que la salle se remplisse (et elle le sera complètement !) pour débuter.
Lui restera derrière la console et elle ira sur la scène sur laquelle on retrouve des exhibits et aussi une autre console sur un chariot. Elle prendra le micro pour nous parler de son métier de danseuse ("I'm a dancer. When I trained to be a dancer, I was taught to be malleable, flexible, available, strong and to learn the movements ...."). Elle le fera avec un micro et une technologie qui lui déforme la voix, produisant chez moi des "dissonant feelings". Où s'en va-t-on ?, je me demande. Ma patience a été récompensée par la suite. Ce texte, capté, enregistré et repris, tous comme les mouvements, qui eux seront aussi décalés et multipliés. Comme ces ondes qui se propagent dans l'espace temps, je suis curieux de revoir ces gestes simples et de leur traînée dans ma mémoire. Si certains éléments de l'oeuvre (séquences et accessoires) sont à améliorer (opinion de spectateur), la fibre est fort prometteuse. L'utilisation ici de la technologie, même si elle est très visible, trop selon moi, permet une belle excursion dans la découverte de la quatrième dimension de la danse.
Au final, une première sortie au "off" fort bien réussie qui m'en fait espérer quelques autres à venir dont deux sessions Larsen ! Je retourne à la maison avant le programme double au FTA en soirée.
samedi 26 mai 2018
Sur mes pas en danse: Une sortie "particulièrement" exigeante, mais intéressante au FTA avec "6 & 9".
La première proposition danse du FTA, pas question de rater cela. De la grande visite,"En provenance de Pékin, le Tao Dance Theater (et son chorégraphe Tao Ye) amène son esthétique sobre, chic et raffinée lors de l’ouverture du festival TransAmériques." écrivait, fort justement, Mélanie Carpentier en début de sa critique (Le Devoir 24 mai 2018). Un programme double avec deux parties opposées aux allures du ying et du yang (tel qu'indiqué par le chorégraphe dans le feuillet de présentation) avec son titre "6 & 9" qui s'est avéré comme tel, avec une première partie présentée dans la pénombre et une deuxième dans une lumière crue.
Photo de "9" par Fan Xi tirée du site de "Le Devoir"
Deux parties dont les oppositions tenaient aussi aux propos chorégraphiques présentés. "6" avec ses six interprètes se présente à nous provenant de l'ombre et y restera tapis avec de légères modulations des éclairages. Les mouvements présentés par les six interprètes en lignes (droite ou courbe ou diagonale) sont ondulatoires avec des pieds bien ancrés au sol et des bras occupés à tenir le vêtement. De ces mouvements, il a fallu que je me force à rester attentif et, je le concède, ils m'ont presque amené dans les bras de Morphée. La simplicité apparente du propos chorégraphique et de ses répétitions, enrobée d'une trame musicale ondulatoire, avec sa rigueur m'a amené ailleurs dans mes pensées.
C'est finalement, une fois le tout terminé et après avoir échangé avec ma voisine du siège voisin que le ou les sens de l'oeuvre me sont apparus. Pour elle, ce fut de longues plantes qui ondulaient dans les airs au gré du vent, défiant la gravité et moi, après, j'y ai vu des algues dans un cours d'eau au gré des courants marins. Tous deux, cependant étions d'accord sur la beauté de l'oeuvre et de la qualité de la prestation.
Petite devinette pendant la pause. Si "6" mettait sur scène six interprètes, "9" devrait avoir combien d'interprètes ? La réponse nous est apparue rapidement à l'ouverture des rideaux sur un plancher tout blanc et fortement éclairé. Et oui, ils étaient neuf. Et la suite, m'a, cette fois, captivé et fasciné jusqu'à la toute fin. Sous cette lumière crue et une trame musicale fort "colorée", les mouvements sont beaux et circulaires, en apparence aléatoires, mais subissent la loi de la gravité par leurs chutes fréquentes. Les interprètes se déplacent, sans qu'ils aient d'interactions avec les autres, mais pour peu que l'on soit attentif, les rencontres produisent de subtiles et rapides interactions. Comme pour ces molécules dans un contenant aux déplacements en apparence chaotique, mais qui par des interactions toutes subtiles s'influencent (les interactions de van der Waals, pour mes lecteurs scientifiques). Ou aussi, comme nos propres comportements individuels avec les aléas de la vie qui nous font chuter et exige que nous nous relevions dans une société en apparence indifférente. Pour cette partie, le sens je l'ai vu là, en direct et je m'y suis intéressé jusqu'à la toute fin.
Une deuxième sortie au FTA 2018 qui s'avère au final assez bien réussie pour son côté cérébral et de la beauté des gestes qui émergent de leur simplicité, autant du côté ombre que du côté lumineux.
Photo de "9" par Fan Xi tirée du site de "Le Devoir"
Deux parties dont les oppositions tenaient aussi aux propos chorégraphiques présentés. "6" avec ses six interprètes se présente à nous provenant de l'ombre et y restera tapis avec de légères modulations des éclairages. Les mouvements présentés par les six interprètes en lignes (droite ou courbe ou diagonale) sont ondulatoires avec des pieds bien ancrés au sol et des bras occupés à tenir le vêtement. De ces mouvements, il a fallu que je me force à rester attentif et, je le concède, ils m'ont presque amené dans les bras de Morphée. La simplicité apparente du propos chorégraphique et de ses répétitions, enrobée d'une trame musicale ondulatoire, avec sa rigueur m'a amené ailleurs dans mes pensées.
C'est finalement, une fois le tout terminé et après avoir échangé avec ma voisine du siège voisin que le ou les sens de l'oeuvre me sont apparus. Pour elle, ce fut de longues plantes qui ondulaient dans les airs au gré du vent, défiant la gravité et moi, après, j'y ai vu des algues dans un cours d'eau au gré des courants marins. Tous deux, cependant étions d'accord sur la beauté de l'oeuvre et de la qualité de la prestation.
Petite devinette pendant la pause. Si "6" mettait sur scène six interprètes, "9" devrait avoir combien d'interprètes ? La réponse nous est apparue rapidement à l'ouverture des rideaux sur un plancher tout blanc et fortement éclairé. Et oui, ils étaient neuf. Et la suite, m'a, cette fois, captivé et fasciné jusqu'à la toute fin. Sous cette lumière crue et une trame musicale fort "colorée", les mouvements sont beaux et circulaires, en apparence aléatoires, mais subissent la loi de la gravité par leurs chutes fréquentes. Les interprètes se déplacent, sans qu'ils aient d'interactions avec les autres, mais pour peu que l'on soit attentif, les rencontres produisent de subtiles et rapides interactions. Comme pour ces molécules dans un contenant aux déplacements en apparence chaotique, mais qui par des interactions toutes subtiles s'influencent (les interactions de van der Waals, pour mes lecteurs scientifiques). Ou aussi, comme nos propres comportements individuels avec les aléas de la vie qui nous font chuter et exige que nous nous relevions dans une société en apparence indifférente. Pour cette partie, le sens je l'ai vu là, en direct et je m'y suis intéressé jusqu'à la toute fin.
Une deuxième sortie au FTA 2018 qui s'avère au final assez bien réussie pour son côté cérébral et de la beauté des gestes qui émergent de leur simplicité, autant du côté ombre que du côté lumineux.
vendredi 25 mai 2018
Sur mes pas en danse: "Les danses de mai-opus 2018" avec des finissant.e.s pourvu.e.s de talent et d'allant
Quelque peu dans l'ombre de la saison des festivals qui se mettent en branle, les finissant.e.s de l'École de danse contemporaine de Montréal (E.D.C.M) nous proposent leur opus final, avant de prendre leur envol. Une soirée déclinée en trois temps qui m'a laissé fort admiratif et surtout fort satisfait.
Photo: Maxime Côté tirée du site de Tangente
Ainsi donc, Jasmine Bouchard, Alexandra Caron, Laurent Chalifour, Nimikii Couchie, Yakhoub Dramé, Pamela Gomez Widman, Pénélope Gromko, Mathilde Heuzé, Caroline Namts, Thibault Rajaofetra, Raphaëlle Renucci, Silvia Sanchez, Cassandra Soenen, Flora Spang et Marilou Théberge, les quinze finissant.e.s se frottent aux oeuvres d'Edouard Hue ("Into Outside"), de Mélanie Demers (("La Meute") et de Manuel Roque ("Crazy Dance"). Et c'est mission accomplie !
C'est de "ma" première rangée, entouré par une salle toute pleine que j'attends le début de la présentation. Une énergie et une sympathie évidentes émergent du lieu. Le moment arrivé, les lumières se font discrètes jusqu'à s'éteindre et nous apparaît "dans son coin" dans la scène, une interprète qui prend possession de notre attention pour entreprendre "Into Outside". Les gestes et les mouvements qui suivront, colorés à mes yeux d'une touche "western" de par les jeux de pieds qui me sont présentés. Présentés comme une exploration sur "les besoins d'appartenance à un micro-groupe", les différents tableaux portées par huit de ces finissant.e.s se font éloquents et fort intéressants. D'abord seul.e et ensuite en groupe avec un rythme croissant, le propos m'a rejoint et satisfait.
Courte pause pour laisser place à l'autre partie de la cohorte finissante qui nous apparaît de front pour entreprendre "La Meute". Si je devais proposer une oeuvre à de jeunes adultes face à la société d'aujourd'hui, voilà l'oeuvre à choisir. De ma première rangée, leurs regards frondeurs, droit dans les yeux, et leurs mouvements affirmés produisent leurs effets. La "logique interne" de l'oeuvre résonne à ce point que lorsque un parent demande à son jeune enfant à la fin de la prestation laquelle des deux œuvres présentées elle a préféré, ce qu'elle venait de voir a été sa réponse. Une oeuvre viscérale qui rejoint et interpelle fort efficacement jeune et moins jeune, donc.
Après un entracte qui permet à tout.e.s de reprendre son "souffle", la "Crazy Dance" interprétée par toute la gang de finissant.e.s se met en marche. La "Crazy Dance" est présentée comme un "unisson" ou plutôt comme un "quasi unisson" parce que dans cette oeuvre fort exigeante la singularité émerge dans une suite de mouvements fort exigeants dans l'effort demandé. Comme si le chorégraphe, Manuel Roque, donnait au suivant, suite à sa prestation "essoufflante" comme interprète dans "Running Piece" de Jacques Poulin-Denis. Et toute cette gang de jeunes a relevé le défi, "haut la main". Une oeuvre exigeante, à ce point que laissée de côté lors de la générale, question de garder ses énergies pour les soirées de représentation (selon mon espion !) qui m'a montré de façon éloquente que l'on peut rester soi-même dans un groupe, peu importe ce que l'on peut vivre.
Une soirée fort intéressante dont le succès, je me permets de le mentionner, à celles qui a agi comme directrice de répétition des trois œuvres, Hélène Leclair qui doit faire en sorte, dans l'ombre que les exigences et l'esprit des œuvres soient, au quotidien, portés sur scène à la hauteur du propos.
Une fin de saison fort belle et surtout prometteuse pour l'avenir.
Photo: Maxime Côté tirée du site de Tangente
Ainsi donc, Jasmine Bouchard, Alexandra Caron, Laurent Chalifour, Nimikii Couchie, Yakhoub Dramé, Pamela Gomez Widman, Pénélope Gromko, Mathilde Heuzé, Caroline Namts, Thibault Rajaofetra, Raphaëlle Renucci, Silvia Sanchez, Cassandra Soenen, Flora Spang et Marilou Théberge, les quinze finissant.e.s se frottent aux oeuvres d'Edouard Hue ("Into Outside"), de Mélanie Demers (("La Meute") et de Manuel Roque ("Crazy Dance"). Et c'est mission accomplie !
C'est de "ma" première rangée, entouré par une salle toute pleine que j'attends le début de la présentation. Une énergie et une sympathie évidentes émergent du lieu. Le moment arrivé, les lumières se font discrètes jusqu'à s'éteindre et nous apparaît "dans son coin" dans la scène, une interprète qui prend possession de notre attention pour entreprendre "Into Outside". Les gestes et les mouvements qui suivront, colorés à mes yeux d'une touche "western" de par les jeux de pieds qui me sont présentés. Présentés comme une exploration sur "les besoins d'appartenance à un micro-groupe", les différents tableaux portées par huit de ces finissant.e.s se font éloquents et fort intéressants. D'abord seul.e et ensuite en groupe avec un rythme croissant, le propos m'a rejoint et satisfait.
Courte pause pour laisser place à l'autre partie de la cohorte finissante qui nous apparaît de front pour entreprendre "La Meute". Si je devais proposer une oeuvre à de jeunes adultes face à la société d'aujourd'hui, voilà l'oeuvre à choisir. De ma première rangée, leurs regards frondeurs, droit dans les yeux, et leurs mouvements affirmés produisent leurs effets. La "logique interne" de l'oeuvre résonne à ce point que lorsque un parent demande à son jeune enfant à la fin de la prestation laquelle des deux œuvres présentées elle a préféré, ce qu'elle venait de voir a été sa réponse. Une oeuvre viscérale qui rejoint et interpelle fort efficacement jeune et moins jeune, donc.
Après un entracte qui permet à tout.e.s de reprendre son "souffle", la "Crazy Dance" interprétée par toute la gang de finissant.e.s se met en marche. La "Crazy Dance" est présentée comme un "unisson" ou plutôt comme un "quasi unisson" parce que dans cette oeuvre fort exigeante la singularité émerge dans une suite de mouvements fort exigeants dans l'effort demandé. Comme si le chorégraphe, Manuel Roque, donnait au suivant, suite à sa prestation "essoufflante" comme interprète dans "Running Piece" de Jacques Poulin-Denis. Et toute cette gang de jeunes a relevé le défi, "haut la main". Une oeuvre exigeante, à ce point que laissée de côté lors de la générale, question de garder ses énergies pour les soirées de représentation (selon mon espion !) qui m'a montré de façon éloquente que l'on peut rester soi-même dans un groupe, peu importe ce que l'on peut vivre.
Une soirée fort intéressante dont le succès, je me permets de le mentionner, à celles qui a agi comme directrice de répétition des trois œuvres, Hélène Leclair qui doit faire en sorte, dans l'ombre que les exigences et l'esprit des œuvres soient, au quotidien, portés sur scène à la hauteur du propos.
Une fin de saison fort belle et surtout prometteuse pour l'avenir.
mercredi 23 mai 2018
Retour sur mes pas en danse printemps-hiver 2018: Des pas riches en découverte avec son palmarès
Ma saison danse a été riche avec une trentaine de propositions, tout horizon, et il est facile de la qualifier de réussie. Très peu, m'ont fait regretter les pas faits pour s'y rendre et souvent mes regrets étaient dus à ma disposition du moment. Dresser un palmarès est un exercice périlleux, mais, le spectateur que je suis s'y lance.
En cinquième position, "Repertoire" avec la Martha Graham Dance Company présenté par Danse Danse. Avec les quatre oeuvres au programme, d'une chorégraphe dont je n'avais rien vu auparavant, le tour d'horizon proposé avait tout d'une rencontre artistique mémorable.
En quatrième position, "Viriditas" de Margie Gillis avec, sur scène, la chorégraphe, Troy Ogilvie et Paola Styron, présenté par l'Agora de la Danse. Juste d'être présent pour ressentir ce que dégage les oeuvres et cette chorégraphe, mérite une place à mon palmarès. Voir danser la chorégraphe et ses interprètes qui sont "en mission" pour nous proposer leur réflexion pour un monde meilleur, me rend meilleur. Et la simplicité et les propos de la chorégraphe, en discussion après représentation, avait tout de la cerise sur le sundae. C'est, définitivement, un moment significatif de ma saison danse.
En troisième position, "Tout ce qui va, revient" de Catherine Gaudet au La Chapelle. Trois courtes oeuvres fort bien portées par trois interprètes brillantes (Sarah Dell'Ava, Clara Furey et Louise Bédard) qui ont fait mouche en moi. En prenant place tout devant, j'ai risqué et j'ai gagné un bec sur la joue de l'une et une remarque percutante d'une autre. Des gestes accompagnés de propos, comme peut le faire si bien la chorégraphe.
En deuxième position, "Bienvenue chez moi, petite Malgache-Chinoise" de Claudia Chan Tak présentée par Tangente. Lorsqu'un diffuseur permet à une chorégraphe de nous faire visiter son "monde" qui s'avère si riche autant par ses racines que par son feuillage, impossible de rester insensible. Autant les souvenirs de voyage, les objets ramenés, que les gestes présentés m'ont rejoint. Un univers riche qui garde une belle place dans ma mémoire.
En première place, mon coup de coeur, "Running Piece" de Jacques Poulin-Denis avec Manuel Roque, présentée par l'Agora de la Danse. J'avais écrit et je persiste, une oeuvre forte qui a touché le coureur-spectateur en moi. Je rajouterais, une oeuvre qui a visé fort juste et qui me suit et me supporte mentalement depuis, dans mes sorties course, en route pour mon prochain demi marathon.
Je m'en voudrais de ne pas décerner quelques mentions spéciales.
La première, "Résistances plurielles" de l'Agora de la Danse qui autant par son audace à sortir des sentiers battus (jusqu'à un stationnement souterrain avec Mélanie Demers qui ose fort) et son propos multiple qui aurait mérité une place dans mon palmarès.
La deuxième, "Intérieur brut"de Sonia Bustos en collaboration avec Élodie Lombardo présenté au M.A.I. Ces atrocités vécues par ces femmes mexicaines, elle les a porté avec justesse pour me les faire ressentir. Une cause juste de laquelle il ne faut pas détourner le regard.
La troisième, impossible pour moi de ne pas revenir sur une des deux soirées des finissant.e.s du bac en danse de l'UQAM qui, avec "in_humain.e" d'Ismaël Mouaraki, m'ont entraîné les yeux et l'esprit dans une oeuvre de grande forme forte et "fortement" réussie.
La quatrième, "Seuil" avec Le Patin Libre présenté par Danse Danse. Soirée différente pour l'amateur de danse, mais du tout de patinage artistique (et de ses omniprésents risque de chute). Du patin artistique, agréable à regarder qui permet à cette troupe d'artistes d'être vue et appréciée par un grand nombre. De belles "figures" sur glace qui ne laissent pas "de glace" les spectateurs et moi aussi.
La dernière, pour la reprise de "Dieu ne t'a pas créer juste pour danser" de Marie Béland, présentée dans quelques Maisons de la Culture et qui, encore cette fois, a réussi à rejoindre le public moins familier à la danse contemporaine et qui leur permet d'envisager une prochaine rencontre en danse.
Pour conclure, mon rendez-vous manqué de la saison, "Sutra" de Sidi Larbi Cherkaoui. Est-ce de ma place différente dans la salle, ma réception du moment ou l'oeuvre elle-même, allez savoir ? Mais je n'ai pas "connecté" avec cet univers qui m'a semblé froid et mécanique. Et autour de moi, les réactions ont été fort positives.Comme dirais un de mes petits-fils,fort sage, "c'est la vie" !!!
En cinquième position, "Repertoire" avec la Martha Graham Dance Company présenté par Danse Danse. Avec les quatre oeuvres au programme, d'une chorégraphe dont je n'avais rien vu auparavant, le tour d'horizon proposé avait tout d'une rencontre artistique mémorable.
En quatrième position, "Viriditas" de Margie Gillis avec, sur scène, la chorégraphe, Troy Ogilvie et Paola Styron, présenté par l'Agora de la Danse. Juste d'être présent pour ressentir ce que dégage les oeuvres et cette chorégraphe, mérite une place à mon palmarès. Voir danser la chorégraphe et ses interprètes qui sont "en mission" pour nous proposer leur réflexion pour un monde meilleur, me rend meilleur. Et la simplicité et les propos de la chorégraphe, en discussion après représentation, avait tout de la cerise sur le sundae. C'est, définitivement, un moment significatif de ma saison danse.
En troisième position, "Tout ce qui va, revient" de Catherine Gaudet au La Chapelle. Trois courtes oeuvres fort bien portées par trois interprètes brillantes (Sarah Dell'Ava, Clara Furey et Louise Bédard) qui ont fait mouche en moi. En prenant place tout devant, j'ai risqué et j'ai gagné un bec sur la joue de l'une et une remarque percutante d'une autre. Des gestes accompagnés de propos, comme peut le faire si bien la chorégraphe.
En deuxième position, "Bienvenue chez moi, petite Malgache-Chinoise" de Claudia Chan Tak présentée par Tangente. Lorsqu'un diffuseur permet à une chorégraphe de nous faire visiter son "monde" qui s'avère si riche autant par ses racines que par son feuillage, impossible de rester insensible. Autant les souvenirs de voyage, les objets ramenés, que les gestes présentés m'ont rejoint. Un univers riche qui garde une belle place dans ma mémoire.
En première place, mon coup de coeur, "Running Piece" de Jacques Poulin-Denis avec Manuel Roque, présentée par l'Agora de la Danse. J'avais écrit et je persiste, une oeuvre forte qui a touché le coureur-spectateur en moi. Je rajouterais, une oeuvre qui a visé fort juste et qui me suit et me supporte mentalement depuis, dans mes sorties course, en route pour mon prochain demi marathon.
Je m'en voudrais de ne pas décerner quelques mentions spéciales.
La première, "Résistances plurielles" de l'Agora de la Danse qui autant par son audace à sortir des sentiers battus (jusqu'à un stationnement souterrain avec Mélanie Demers qui ose fort) et son propos multiple qui aurait mérité une place dans mon palmarès.
La deuxième, "Intérieur brut"de Sonia Bustos en collaboration avec Élodie Lombardo présenté au M.A.I. Ces atrocités vécues par ces femmes mexicaines, elle les a porté avec justesse pour me les faire ressentir. Une cause juste de laquelle il ne faut pas détourner le regard.
La troisième, impossible pour moi de ne pas revenir sur une des deux soirées des finissant.e.s du bac en danse de l'UQAM qui, avec "in_humain.e" d'Ismaël Mouaraki, m'ont entraîné les yeux et l'esprit dans une oeuvre de grande forme forte et "fortement" réussie.
La quatrième, "Seuil" avec Le Patin Libre présenté par Danse Danse. Soirée différente pour l'amateur de danse, mais du tout de patinage artistique (et de ses omniprésents risque de chute). Du patin artistique, agréable à regarder qui permet à cette troupe d'artistes d'être vue et appréciée par un grand nombre. De belles "figures" sur glace qui ne laissent pas "de glace" les spectateurs et moi aussi.
Pour conclure, mon rendez-vous manqué de la saison, "Sutra" de Sidi Larbi Cherkaoui. Est-ce de ma place différente dans la salle, ma réception du moment ou l'oeuvre elle-même, allez savoir ? Mais je n'ai pas "connecté" avec cet univers qui m'a semblé froid et mécanique. Et autour de moi, les réactions ont été fort positives.Comme dirais un de mes petits-fils,fort sage, "c'est la vie" !!!
samedi 19 mai 2018
Sur mes pas en danse: "À l'origine d'une bête publique", prometteuse de ses deux "têtes"
Pour cette sortie danse, je tenais une promesse sur parole donnée. En effet, puisque j'avais raté une présentation publique de leur travail, l'été dernier, je m'étais engagé à y être pour la prochaine fois. Et j'y étais, bien curieux de découvrir ce que ce duo For Fauve (Marilyn Daoust et Laurie-Anne Langis) allait me proposer avec "À l'origine d'une bête publique". Comme cette proposition précédait celle de l'été dernier, j'y trouvais mon compte "chronologique" !
Photo: Philip Fortin
Je prends donc place dans "ma" première rangée et je découvre sur le devant de la scène, des peaux empilées qui nous séparaient d'une femme étendue et immobile. Une fois la salle bien remplie d'une foule hétéroclite, propre à celle d'une Maison de la culture (Plateau Mont-Royal), lieu de la résidence de l'oeuvre à découvrir, les lumières se ferment, les projecteurs s'allument et la représentation commence.
Nous assistons à l'éveil de la " bête" qui dans une suite de mouvements fait sortir de son abri "privé" son alter-ego tout au bout du fil ou du cordon tout (et trop, selon moi !) blanc. La suite nous présente , tel un alignement de planètes, deux âmes sœur ou deux sœurs en voie de devenir. Les différents tableaux montrent leur évolution, teintée de leur affirmation. Pourront-elles "couper le lien" ?, telle est la question que je me pose durant. La tension du propos chorégraphique est amplifiée par la trame musicale dont l'intensité augmente peu à peu, de tableau en tableau. Je ressens les défis de leur affirmation individuelle. Et lorsque le moment décisif arrive, je suis comme le fruit mûr, prêt à être cueilli.
Le propos porte à la réflexion, soutenu par des gestes qui les enrobent d'une douceur et d'une efficacité féminine. J'y ai senti une profonde réflexion qui servira de base, solide, à la prochaine fois. Parce que cette bête publique "à deux têtes" qui a du "fauve" en elle, possède toutes les qualités nécessaires pour joindre les gestes avec le propos et faire de nombreux pas sur les scènes.
Photo: Philip Fortin
Je prends donc place dans "ma" première rangée et je découvre sur le devant de la scène, des peaux empilées qui nous séparaient d'une femme étendue et immobile. Une fois la salle bien remplie d'une foule hétéroclite, propre à celle d'une Maison de la culture (Plateau Mont-Royal), lieu de la résidence de l'oeuvre à découvrir, les lumières se ferment, les projecteurs s'allument et la représentation commence.
Nous assistons à l'éveil de la " bête" qui dans une suite de mouvements fait sortir de son abri "privé" son alter-ego tout au bout du fil ou du cordon tout (et trop, selon moi !) blanc. La suite nous présente , tel un alignement de planètes, deux âmes sœur ou deux sœurs en voie de devenir. Les différents tableaux montrent leur évolution, teintée de leur affirmation. Pourront-elles "couper le lien" ?, telle est la question que je me pose durant. La tension du propos chorégraphique est amplifiée par la trame musicale dont l'intensité augmente peu à peu, de tableau en tableau. Je ressens les défis de leur affirmation individuelle. Et lorsque le moment décisif arrive, je suis comme le fruit mûr, prêt à être cueilli.
Le propos porte à la réflexion, soutenu par des gestes qui les enrobent d'une douceur et d'une efficacité féminine. J'y ai senti une profonde réflexion qui servira de base, solide, à la prochaine fois. Parce que cette bête publique "à deux têtes" qui a du "fauve" en elle, possède toutes les qualités nécessaires pour joindre les gestes avec le propos et faire de nombreux pas sur les scènes.
vendredi 18 mai 2018
Sur mes pas en danse: Retour sur un rituel en fin de saison à Tangente avec "Empathie kinesthésique"
Ma présence à cette dernière proposition de Tangente qui conclu pour moi ma saison danse, Empathie kinesthésique" tenait à différents éléments. D'abord la présence d'Annie Gagnon, chorégraphe d'abord et interprète que je suis avec attention, ensuite pour la nature des deux œuvres au programme et aussi pour ma curiosité pour la kinesthésie (qui concerne la sensation de mouvement des parties du corps), un "univers" assez inconnu pour moi. Je dois quand même admettre que "Night owls" du Collectif CHA (David-Alexandre Chabot et Paul Chambers), j'en avais vu, ravi aussi, une première mouture, il y a un certain temps au Studio 303 et de son évolution, j'étais bien curieux et intéressé.
C'est donc, à l'entrée de l'Espace Bleu du Wilder qui se remplit fort bien ( la salle sera pleine avec une liste d'attente) que j'attend sagement pour entrer pour prendre ma "place" dans la salle. Cette attente me fait constater que mon intérêt est partagé par une bonne partie de la communauté de la danse, ce qui me rassure, sans que, néanmoins, cela ne soit nécessaire.
Arrive le moment de "scanner" mon billet et de prendre place sur "mon" siège en première rangée. Dès que je prend ma place, je découvre sur un octogone sur le sol deux interprètes qui interagissent sous ce prisme à base carré. La salle se remplit, mais moi mon attention porte sur ces corps (lui et elle) qui se déplacent lentement en se rapprochant de nous, jusqu'au moment que les lumières s'éteignent et que le prisme (bipyramidale à base hexagonale, pour être précis) laisse place à un quatuor d'interprètes (Geneviève Boulet, Sonia Montminy, Arielle Warnke St-Pierre et David Rancourt). Dans ce "Rituel géométrique" qui se met en mouvement j'en sens la figure géométrique au service du mouvement et du message. Les formes géométriques amenées et portées par les interprètes deviennent les cristallites d'une suite de mouvements qui tient, de ma perspective, du rituel. Je suis amené ailleurs en moi, mais impossible de mettre en mots comment la forme des mouvements déforme ma perception de leurs déplacements, là, juste devant moi. Ces objets géométriques captent et déjouent peut-être notre perception de l'oeuvre, mais en restent la pierre d'assise. Ces objets, encore, permettent de devenir la source de notre interprétation lorsqu'ils sont intégrés aux mouvements. Pour ma part, formes et mouvements présentés me ramènent aux sources de ma propre existence en cours. Ce qui me laisse une part de réflexion pour la pause de cette soirée.
Après la pause, je reviens dans les lieux, guidé dans ces lieux devenus sombres pour découvrir "Night Owls". Une fois, l'endroit, soit le plancher du lieu de prestation, bien rempli et la foule devenue silencieuse avec la complète noirceur en place, la rencontre a lieu et elle se décline en trois temps, d'abord l'apparition, ensuite la conversion et en fin de parcours, la révélation tout en haut. Le tout tient du solennel qui sur fond sonore enveloppant débute avec cette être, qui de dos, nous montre que son reflet lumineux. Et ce reflet se modifie et captive par ses modulations lumineuses et spatiales, dues aux mouvements de cet être (Annie Gagnon). Et arrive le moment de la rencontre. Elle se déplace avec son masque lumineux à la rencontre des heureux élu.e.s. qui adopte la position couchée. La marche s'effectue de façon aléatoire parmi la foule, entrecoupée de conversion. Une fois le nombre suffisant de conversion atteint, elle laisse place à la révélation que couché ou assis nous découvrirons tout en haut. Le spectacle est esthétiquement fascinant.
Photo de David Wong tirée du site de "Le Devoir"
Une soirée qui m'a amené dans un endroit peu exploré de moi même. Une soirée qui clôture fort bien cette saison danse.
Photo de Marjorie Guindon tirée su site de "Le Devoir"
Arrive le moment de "scanner" mon billet et de prendre place sur "mon" siège en première rangée. Dès que je prend ma place, je découvre sur un octogone sur le sol deux interprètes qui interagissent sous ce prisme à base carré. La salle se remplit, mais moi mon attention porte sur ces corps (lui et elle) qui se déplacent lentement en se rapprochant de nous, jusqu'au moment que les lumières s'éteignent et que le prisme (bipyramidale à base hexagonale, pour être précis) laisse place à un quatuor d'interprètes (Geneviève Boulet, Sonia Montminy, Arielle Warnke St-Pierre et David Rancourt). Dans ce "Rituel géométrique" qui se met en mouvement j'en sens la figure géométrique au service du mouvement et du message. Les formes géométriques amenées et portées par les interprètes deviennent les cristallites d'une suite de mouvements qui tient, de ma perspective, du rituel. Je suis amené ailleurs en moi, mais impossible de mettre en mots comment la forme des mouvements déforme ma perception de leurs déplacements, là, juste devant moi. Ces objets géométriques captent et déjouent peut-être notre perception de l'oeuvre, mais en restent la pierre d'assise. Ces objets, encore, permettent de devenir la source de notre interprétation lorsqu'ils sont intégrés aux mouvements. Pour ma part, formes et mouvements présentés me ramènent aux sources de ma propre existence en cours. Ce qui me laisse une part de réflexion pour la pause de cette soirée.
Après la pause, je reviens dans les lieux, guidé dans ces lieux devenus sombres pour découvrir "Night Owls". Une fois, l'endroit, soit le plancher du lieu de prestation, bien rempli et la foule devenue silencieuse avec la complète noirceur en place, la rencontre a lieu et elle se décline en trois temps, d'abord l'apparition, ensuite la conversion et en fin de parcours, la révélation tout en haut. Le tout tient du solennel qui sur fond sonore enveloppant débute avec cette être, qui de dos, nous montre que son reflet lumineux. Et ce reflet se modifie et captive par ses modulations lumineuses et spatiales, dues aux mouvements de cet être (Annie Gagnon). Et arrive le moment de la rencontre. Elle se déplace avec son masque lumineux à la rencontre des heureux élu.e.s. qui adopte la position couchée. La marche s'effectue de façon aléatoire parmi la foule, entrecoupée de conversion. Une fois le nombre suffisant de conversion atteint, elle laisse place à la révélation que couché ou assis nous découvrirons tout en haut. Le spectacle est esthétiquement fascinant.
Photo de David Wong tirée du site de "Le Devoir"
Une soirée qui m'a amené dans un endroit peu exploré de moi même. Une soirée qui clôture fort bien cette saison danse.
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