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mardi 5 octobre 2021

Sur mes pas en danse sur l'Esplanade de la Place des arts: Découvrir autrement "Habiter sa mémoire" qui nous montre encore que les gestes nous parlent !

Mère Nature établit son agenda météorologique, sans discussions, et nous devons nous y ajuster. Mes pas devaient m'amener sur l'Esplanade de la Place des Arts le samedi, mais les nuages fort chargés de pluie ont annulé les performances de cette journée. Fort heureusement, une éclaircie dans mon agenda et aussi dans les nuages m'ont permis de m'y rendre pour presque deux heures en ce dimanche. 

Au programme, "Habiter sa mémoire", de Caroline Laurin-Beaucage, présenté par Danse Danse que j'ai eu la chance d'apprécier, deux fois plutôt qu'une, mais cette fois incarné pour cette occasion par huit interprètes (Carole Prieur, Brianna Lombardo, Angélique Willkie, Ariane Levasseur, Susanna Haight, Marie-Reine Kabasha, Claudine Hébert and Marine Rixhon). Chacune pendant une heure prenne place dans le cube et habite leur mémoire pour nous la présenter en gestes.

                                                            Tirée du site de Danse Danse

À mon arrivée, Susanna Haight complète sa prestation, tandis que moi je trouve une belle place assise, juste devant, une place comme je les aime ! Nous ne sommes pas nombreux en ce début d'après-midi quelque peu frisquet, mais les gens déjà présents sont fort attentifs. Caroline Laurin-Beaucage est là tout près. Pour ceux et celles, mais évidemment pas moi qui ont un téléphone intelligent, il est possible d'accéder "à une archive vocale où diverses impressions, réflexions et souvenirs rassemblés par les interprètes viennent compléter la performance vivante." 

(Note à moi-même: un jour, il faudra faire le pas et en acquérir un mon cher dinosaure!). 

Il en reste qu'il y a un dieu bienveillant, même pour les dinosaures comme moi. Et cette bienveillance m'est proposée par Caroline qui m'offre son téléphone (désinfecté !). Offre acceptée avec gratitude pour la prochaine proposition, celle de Brianna Lombardo. Pendant qu'autour de moi, les gens vont et viennent, Susanna quitte au son des applaudissements suite à ses confidences chorégraphiques. Et puis arrive Brianna Lombardo, elle aussi, tout de rouge vêtue, qui prend place dans le cube. Et pendant qu'elle se met en mouvement, moi, j'écoute ses confidences qui nous informe de son début de processus dans le Parc Baldwin. Je suis surpris, mais peut-être ne devrais-je pas l'être, les gestes devant moi, concordent souvent avec le propos que j'entend et que je réentend une deuxième fois ! Il y a vraiment une plus value à cet ajout vocal ! 

Je dois le concéder, cette interprète est une de mes préférées. La portée de ses gestes et de ses mouvements me rejoint et me touche et cette fois ne fait pas exception. Pendant une heure, je la suis, même si parfois mon attention est détourné, because place extérieure et ses activités tout autour. 

Et puis se termine sa prestation dans le cube et après les applaudissements, elle laisse sa place à Marine Rixhon qui prendra possession du lieu et de mon attention pour les trente minutes suivantes. De cette interprète, je reconnais les mouvements qui la caractérisent. Un élément de sa prestation me frappe, celui de l'utilisation de ses cheveux. Ses cheveux qui voilent et qui dévoilent son visage.

Mais le temps passe et moi je dois, avec regret, quitter ! Sur cette esplanade, avec un public toujours attentif, se poursuivra les prestations jusqu'à la fin de l'après-midi. Ça sera aussi pour moi la fin de la saison extérieure qui se termine donc sur le bon pied !

dimanche 7 février 2021

Sur mes pas (virtuels) en danse: Jamais trois sans quatre pour "Ground" !

Avant d'aller dans le coeur de mon propos, je voudrais d'abord souligner le travail des responsables de la Maison de la culture Notre-Dame de-Grâce qui rendent mon confinement culturel plus tolérable. C'est donc à une autre de leurs invitations que j'ai dit oui. Cette fois, était à l'affiche, "Ground" de Caroline Laurin-Beaucage. Pour cette occasion, nous aurons droit à une captation de fin de résidence. Cette résidence avait pour but de la faire évoluer pour permettre de la présenter dans des lieux de diffusion sans, entre autre, la "grosse batterie" d'éclairage initiale. 

Une oeuvre que j'avais d'abord vu en salle, à l'Agora de la Danse, il y un peu plus de deux ans et ensuite, deux fois plutôt qu'une, l'été dernier à l'extérieur durant la pandémie (pour les intéressé.es, vous pourrez trouver des "traces" de mes pas suite à ces rencontres sur ce blogue.). 

                                                              Photo: Montréal Danse

Pause

Alors Robert, pourquoi revoir une oeuvre une quatrième fois, me demanderez vous ? Je pourrais vous apporter une réponse toute personnelle, mais je vous propose celle que la chorégraphe, Caroline Laurin-Beaucage nous proposait durant la rencontre d'après visionnement, soit qu'une chorégraphie est une pièce vivante qui évolue selon les spectateurs et le lieu, mais aussi selon le contexte de présentation, je serais tenté d'ajouter ! Et de son retour en salle après avoir voyagé dans différents lieux de la ville, j'étais curieux de découvrir cette nouvelle mouture !

Fin de la pause

J'étais donc encore plus curieux, une fois informé, d'en découvrir le résultat. Et agréablement surpris de la façon de faire. Question de bien montrer l'évolution de l'oeuvre d'un lieu à l'autre durant la cinquantaine de minutes, elle sera présentée en trois parties, d'une quinzaine de minutes chacune. La présentation commence donc à l'Agora de la Danse, avec cinq interprètes et puis tout à coup, c'est dehors quelque part dans le Mile-End (où j'étais aussi). La transition est fort habile et permet presque d'oublier que de cinq, les interprètes ne sont plus que quatre. Cette partie de présentation me permet de découvrir une perspective latérale de l'oeuvre et compléter celle frontale que j'avais vue dans le même lieu. Et tout aussi soudainement, nous nous retrouvons dans une salle dans Notre-Dame de-Grâce avec quatre interprètes dont deux sont différents, toujours sur leur trempoline. Une version avec une scénographie et des éclairages plus dépouillés, mais qui conserve, selon moi, fort bien son essence et ses vêtements caractéristiques. 

Et en ce temps de pandémie, durant le visionnement tout seul chez moi devant mon écran, j'y trouve un autre sens qui me permet de prendre conscience que durant les moments difficiles que nous vivons, nous poursuivons fébrilement "notre chemin" collectivement mais individuellement avec une synchronicité la mieux assumée possible, avec différents états d'âme, représentés dans cette oeuvre par des états de corps ! 

De la discussion d'après représentation, je découvre par la voix de deux des interprètes (Rachel Harris et Elinor Fueter) que de bondir sur des trampolines en phase est un grand défi et demande beaucoup de travail ! Cette nouvelle version sera présentée, je l'espère, dans une salle avec du vrai public devant ! Et moi, je me promets d'y être. Il semble que je développe une dépendance, mais qui s'en plaindra !!! 


mercredi 19 août 2020

Sur mes pas en danse: "Ground" en version extérieure pour une deuxième fois ....

 J'ai vu la version en salle de "Ground" en salle et j'ai aussi vu sa version extérieure. Lorsque j'ai appris où "Ground" de Caroline Laurin-Beaucage était reprise et le lieu de présentation, très différent du premier, il me semblait fort important que j'y retourne. Intuition de spectateur, dirait certains ! Du Parc des Faubourgs, au pied du Pont Jacques-Cartier, cette fois, mes pas m'ont amené jusqu'à l'arrière d'un complexe pour personnes âgés dans le Mile-End. Après avoir traversé la rue St-Denis et ses travaux et avoir trouvé un endroit pour stationner, dans ce Montréal en pleine effervescence de travaux routiers et d'espaces de stationnement réservés, je peux me diriger vers le lieu de présentation. Il est moins cinq, mais je trouve le bon siège pour prendre place afin d'assister à la représentation. La première fois, il y avait plein de jeunes de camps de jour. Cette fois, c'est devant un public composé principalement de résident.es âgé.es de la résidence à côté que la représentation se fera. Et tout ce chemin parcouru sera récompensé par ce que j'ai vu devant, mais aussi ce que j'ai entendu derrière moi. Je me souviens encore avec grand plaisir de ces œuvres extérieures présentées devant un public non habitué et qui suscitait de belles réactions à observer. Cette fois, il me semble que c'était encore plus intéressant, enrichi par les activités tout autour. 

Je suis assis devant avec derrière moi, deux femmes plus âgées. Normalement, j'apprécie le silence durant une représentation, mais là cette fois, ces deux femmes, "make my day" ! Parce que voyez-vous, durant l'enchaînement des différents tableaux, elles échangeaient sur le sens de ce qu'elles découvraient. Cela a débuté par le tableau de "l'envol" pour ensuite se corriger et passer à celui de la quête de l'espace. Par la suite, je me suis mis en mode écoute complète, par conséquent, peut-être ont-elles continué, mais moi, je découvrais de mon côté des éléments nouveaux de cette création. Par exemple, que malgré des pantalons oranges, c'est le visage des quatre interprètes qui captait mon attention. Aussi, et cela, juste cela m'aurait satisfait et pourtant ! Des éléments externes et hors contrôle de la chorégraphe et de son équipe ont rehaussé le sens de l'oeuvre. D'abord, il y avait un ajout externe à la bande sonore qui enrichissait l'urgence du propos chorégraphique, soit ce "bip bip" fort audible et assez fréquent des véhicules de construction derrière. Aussi, celui du passage dans le ciel de deux avions à des moments cruciaux de l'oeuvre. Des coïncidences qui remettent en question la notion du hasard. 

Une oeuvre extérieure se situe dans un contexte particulier et durant cette présentation ce contexte ajoutait une couche narrative fort riche et signifiante. Mais le meilleur, je l'ai vécu après la représentation ! C'est en échangeant avec mes deux voisines de derrière. Elles étaient heureuses de partager leur interprétation de ce qu'elles avaient vu. Et, juste pour vous, je le partage ! Elles ont finalement vu une oeuvre sur nos réactions collectives face aux changements climatiques. Et moi, de leur exprimer mon admiration toute sincère sur leur perspective face à l'oeuvre et cela leur a fait plaisir.

À une représentation de danse contemporaine au propos abstrait, on retrouve les spectateurs habituels qui y trouvent leur plaisir, mais en cet après-midi d'août, j'ai encore une fois découvert que devant un public non-initié, l'oeuvre pouvait rejoindre aussi des néophytes. Comme, il m'arrive de le dire régulièrement, je prend de bonnes décisions avant pour en découvrir la raison après. Et cette sortie pour revoir cette oeuvre en est un bel exemple. Je n'ai qu'un souhait, c'est que le plus d’œuvres soient présentées à la vue du plus grand nombre pour qu'elles résonnent et éveillent les esprits. 


samedi 8 août 2020

Sur mes pas en danse: De retour en vrai avec "Ground" et que c'est plaisant !

 Il y a eu la longue traversée du désert pour l'amateur de danse contemporaine que je suis et qui veut voir cela en personne. Depuis quelques temps, découvrir une proposition chorégraphique "live" est devenue possible, mais les oeuvres ne sont pas pas annoncées et il faut être au bon endroit et au bon moment, aussi bien dire mission impossible pour moi ! Mais le "ciel" est devenu plus clément et c'est une journée à l'avance que j'ai pris connaissance d'une proposition fort intéressante et mon agenda le permettait ! 

J'étais donc invité, vingt-quatre heures à l'avance, à aller redécouvrir "Ground" de Caroline Laurin-Beaucage au Parc des Faubourgs, tout à côté du pont Jacques-Cartier. J'avais découvert et bien apprécié le sens et l'interprétation de cette oeuvre pour cinq interprètes et cinq trampolines, il y a presque deux ans à l'Agora de la Danse. Cette fois, elle serait présentée à l'extérieur par un temps estival sous l'éclairage fort présent du soleil avec quatre interprètes.

                             Photo de la chorégraphe tirée du site de l'Agora de la Danse 

 Arrivé, un peu à l'avance, je cherche le lieu de prestation dans ce parc tout en longueur, mais vite je découvre au loin les quatre trampolines bleus qui deviennent l'objectif de ma marche. Déjà présents, les interprètes et la chorégraphe que je suis tellement heureux de revoir et saluer. Je sens rapidement à mon arrivée, malgré leur concentration d'avant prestation, que les artisans sont libérés et sont surtout heureux de pouvoir s'exprimer. Arrivé un peu à l'avance, j'assiste aux préparatifs et le spectateur que je suis est tellement heureux. Chacun son tour, les quatre interprètes (Kimberley De Jong, Brianna Lombardo, Louis-Elyan Martin et David Rancourt) endossent leur costume (pantalon orange et chandail gris). Se joindront à moi, un public, composé du milieu de la danse, des passants et aussi des jeunes de camp de jour, un public fort hétéroclite, quoi ! Et une fois les avertissements d'hygiène une xième fois répétés, la représentation commence. 

Je dois l'avouer, mon attention, de ma place un plus éloignée que souhaitée mais à l'ombre, sera un peu interférée par ce qui se passe tout autour. Mais le plaisir de revoir en personne une performance chorégraphique est très grand. Donc devant moi, se retrouve les quatre interprètes sur leur trampoline qui pendant un peu plus de trente minutes me présentent une oeuvre qui prend pour moi, un tout autre sens, compte-tenu de cette époque de pandémie et de confinement.

Ces quatre personnes sur leur trampoline reprennent vie et se mettent à flotter sur un magma métaphorique d'espoir et de frustration, pendant que tout autour, la vie continue ( les véhicules vont vers ou viennent du Pont Jacques-Cartier et que les véhicules d'urgence se font fort expressifs ). Une métaphore fort éloquente qui illustre de façon fort éloquente que la danse peut et doit exister, malgré ce qui peut se passer dans nos vies. Et moi, mes yeux et mon attention passent de ces quatre interprètes aux événements tout autour ! Les humeurs humaines, je les voient devant moi, interprétés différemment. L'urgence d'agir, les frustrations, les pulsions de réagir en ce temps de pandémie sont là devant moi, tandis que la vie continue tout autour. Il arrive que je m'y retrouve dans ces gestes que je redécouvre sous un jour nouveau. Même si assis par terre, assez loin (selon mes critères), le sens de l'oeuvre de Caroline Laurin-Beaucage me touche et me fait grand bien. 

C'était il a cinq mois, autant dire une éternité, que j'avais assisté à une oeuvre chorégraphique en direct et j'ai redécouvert en ce jeudi après-midi le plaisir d'assister en personne à une représentation de danse. Merci à l'arrondissement Ville-Marie de cette opportunité. Et, de grâce, diffuseurs, informez moi de vos propositions. Je souhaite que ma traversée du désert s'achève !

vendredi 13 décembre 2019

Sur mes pas en danse: "Intérieurs" tout en éclosion

C'était il y a un peu plus de deux ans (juillet 2017), la chorégraphe et interprète Caroline Laurin-Beaucage avait interrompu sa tournée "Habiter sa mémoire" pour poser son cube, le temps d'une résidence à la Galerie L'Arsenal, gracieuseté de Danse Danse. Et moi, j'y étais et j'avais fort bien apprécié. J'espérais aussi qu'une fois les prochaines étapes pour enrichir sa "mémoire" effectuées, je pourrais en apprécier le résultat.

                                                Photo tirée du site de Danse Danse

Tous ces pas (et gestes) extérieurs dans son cube durant les trois dernières années, comme elle l'indique dans le feuillet, l'ont guidé pour créer ce spectacle sur scène. Tout ce temps, j'en suis certain lui a permis d'aller au-dedans de soi et d'y trouver la matière, telles des "pépites d'or" pour une oeuvre. Voilà ce que j'ai ressenti tout au long de la présentation de sa proposition "Intérieurs", titre qui représente bien la trame narrative que j'y ai vu tout au long des différents tableaux.

En entrée de jeu, le premier montre comment le corps, riche de sa dualité "noir et blanc", avec ses mouvements fort riches peut évoluer dan un environnement aux couleurs extérieures fluctuantes. Ce tableau fort beau et riche met bien la table à ce qui suivra.

Pour la suite, l'utilisation de ses panneaux semi transparents qui nous présentent des projections parfois floues, comme peuvent le devenir les souvenirs avec elle derrière qui y prend place. Un moment où esthétisme et message s'amalgamait fort bien.

Et puis le moment fort surprenant (lire ici surréaliste aussi !) de la soirée, celui durant lequel avec sa robe rose (ou rouge ?), notre attention se portait à sa bouche de laquelle, la lumière du propos se fait. Il est suivi par ses moments qui nous montrent cette femme qui comme un papillon se libère de son cocon pour endosser une robe toute légère pour devenir un papillon. Comme si les nombreux pas faits l'avaient libéré du poids de certaines contraintes vers sa lente et déterminée affirmation de femme !

De mon siège en première rangée, tout proche de la scène, j'étais au premier rang pour apprécier l'intensité de ses gestes et de ses expressions faciales qui enrichissaient ses fragments de mémoire exposés. Et fin de parcours, j'ai pu aussi être témoin de son large sourire de satisfaction qui était contagieux !

dimanche 11 novembre 2018

Sur mes pas en danse: Retour sur ma soirée "Remix" tout à fait réussie au Studio 303

C'était, il y a un certain temps que mes pas m'avait amené jusqu'au Studio 303 et encore plus, pour assister à une de leur proposition annuelle, une soirée "Remix". Une soirée qui présente un concept fort intéressant qui mériterait d'être repris plus souvent. Une soirée qui présente d'abord, les extraits de deux oeuvres pour ensuite nous faire découvrir la version ou la vision "remixée" par un.e autre chorégraphe. La transposition ou la relecture d'une oeuvre ouvre des horizons insoupçonnés et en cette soirée "Remix", nous en verrons des exemples éloquents. Et le spectateur que je suis était d'autant plus curieux qu'au programme, il y avait une oeuvre que j'avais déjà vue, il y a près de trois ans ("Fuck it" de Catherine Lafleur) et qui sera remixée par une chorégraphe que j'apprécie beaucoup, soit Caroline Laurin-Beaucage. Aussi au programme, "Belle" de Sarah Manya qui sera "remixée" par Daina Ashbee.

                                          Fuck it! – Catherine Lafleur par Studiomelies

Me voilà donc dans le corridor à la porte du studio, une quinzaine de minutes avant et c'est assez "désert". Dix minutes avant le début annoncé, je prends place dans salle, à peu près vide, mais en moins de cinq minutes, toute comble sera-t-elle devenue. Et si comme moi, comblée à la toute fin, aussi, le deviendra-t-elle et voici pourquoi.

À notre entrée dans la salle, déjà présents, Émilie Morin et Mathieu Campeau, ce duo fait couple pour ce qui suivra, accompagnés par un matelas. Nous serons donc témoin de ce matelas qui se tourne et se retourne sans cesse, faisant échouer lourdement les deux interprètes qui malgré tout se relèvent et poursuivent. Comme si le choc des choses n'apportaient pas de leçons et que la vie se poursuit, et doit se poursuivre.

Arrive le moment où les lumières dans la salle se font discrètes et, peu à peu, les corps se déphasent, légèrement d'abord et beaucoup plus par la suite, mais le matelas lui poursuit ses rotations. Comme si la vie de ce couple que j'y vois, avec du sable dans l'engrenage, se détraquait et passait du "un plus un" à du "un moins un", jusqu'à la confrontation des corps, ouf !!! Si mes souvenirs ont des "trous" sur ce que j'avais vu il y a presque trois ans, ce que j'ai ressenti à l'époque, a de nouveau résonné fort en moi. Il me semble que cette oeuvre mériterait à être vue et revue pour la réflexion qu'elle peut apporter. (Avis aux diffuseurs, en cette semaine du CINARS !).

Mais son Remix attendra, malgré que le spectateur est bien curieux et impatient. Parce que ensuite nous est proposé l'original de "Belle" qui se présente à nous sous les traits d'une jeune femme (Catherine Wilson) avec son attirail vestimentaire fort coloré de femme qui veut séduire, à tout prix. Et dans les moments qui suivront, elle utilisera de gestes et de propos siliconés, pour arriver à ses fins. Aucun stéréotype n'est laissé de côté et chacun, nous sont proposés fort intensément et habilement. À ce point, que pour ma part, j'en suis dérangé. Et soulagé de voir se terminer ce moment de rencontre avec une réalité qui, décidément, ne me plait pas, mais pas du tout. Cependant, pour avoir su me rejoindre autant, mes applaudissements sont bien mérités.

Le temps très court de mettre une toile, le Remix de "Fuck it", encore incarné par les mêmes interprètes (avec des vêtements couleurs vert et brun-beige que j'associe à la chorégraphe) se présente à nous. Un "Fuck it", en entrée de jeu plus frontal, mais aussi surtout plus verbal. Comme si les bouches à l'unisson, répétant le titre de l'oeuvre, voulait repousser la routine en la répétant et la répétant et la répétant, décliné tout en gestes. Et arrive son déphasage chorégraphique, coloré des traces gestuelles de l'original jusqu'à sa chute. Une autre belle façon, selon moi, de voir l'évolution d'un couple. Un Remix dont on peut dire "mission accomplie !".

Une autre très courte pause qui nous amène au Remix de "Belle" tout à fait différent, signée Daina Ashbee. Un Remix  qui a tout du négatif photographique, d'autant que cette femme (Catherine Wilson) se présente à nous, tout de noir vêtue. Et avec son attitude fort discrète contrastant fortement avec la version originale. Il s'en suit une série de courts "longs" tableaux qui nous la présente d'abord immobile pour ensuite évoluer vers différents mouvements ondulatoires qui deviennent pour moi hypnotiques. Comme une façon toute différente de me séduire et me faire succomber. La technique de séduction, "made Daina Ashbee", a tout du charmeur de cobra qui tente de me faire succomber. Et dans mon cas, ça fonctionne très bien. Elle nous propose sa vision (que j'aime toujours) d'être "Belle", soit de montrer comment le corps en apparence docile et asservi pour nous dominer. Et lorsque son regard se dirige droit vers moi, dans mes yeux, je succombe. De ces deux versions de "Belle", j'en retiens le contraste qui mis côté à côte, nous présente le docteur Jekyll en noir et blanc.

J'en reviens fort satisfait, parce que de ces types de rencontre, j'en redemande, peu importe la façon qu'elles me touchent, parce qu'elle provoque en moi des sensations fortes.

Merci donc aux responsables du Studio 303 de nous proposer ce type de rencontres, soit celles d'abord entre deux chorégraphes et ensuite avec nous.





dimanche 28 octobre 2018

Sur mes pas en danse: "Ground" riche de ses dualités, "up and down" !

De Caroline Laurin-Beaucage, "Ground" n'était pas ma première rencontre artistique. Difficile sinon impossible pour moi d'oublier deux de mes rencontres avec elle et son "cube" avec "Habiter sa mémoire" (titre prémonitoire dans mon cas !, parce que dans ma mémoire, elle y est restée). Elle qui des heures durant, partout sur notre globe, danse et patiemment emmagasine les gestes dans des lieux publics avec des gens, autour d'elle, plus ou moins attentifs. De ma rencontre sur la Place des Festivals, j'avais écrit, "Impossible de ne pas être touché par cette artiste du mouvement qui nous montre comment il est possible de si bien habiter sa mémoire et de nous en laisser des traces dans la nôtre." J'en avais vu un condensé de ses pérégrinations à l'Arsenal, gracieuseté de Danse-Danse et j'avais assez apprécié pour espérer une suite sur une scène "près de chez nous" !

Mais en cette soirée automnale, c'est pour découvrir sa plus récente création "Ground" que mes pas m'ont amené jusqu'au Wilder. À mon arrivée, la foule est déjà fort nombreuse et c'est devant une salle comble et moi du siège de "ma" première rangée que je ferai la rencontre avec cette oeuvre. Et cette rencontre sera pleine de rebondissements ! Parce que voyez-vous, les cinq interprètes (Rachel Harris, Kimberley De Jong, Brianna Lombardo, Louis-Elyan Martin et David Rancourt) performeront, tout en saut, devant nous presque toujours sur une trampoline.

                               Photo: Sevtla Anatasova tirée du site de l'Agora de la Danse

Voilà une oeuvre qui pour moi, est un exemple de perceptions multiples. À l'intention de la chorégraphe "Aux interprètes alignés sur des trampolines, suivant une cadence qu'ils ne contrôlent pas, à laquelle ils doivent répondre, semblant condamnés au mouvement, à l'effort, à se tenir ensemble, invoquant nos cycles circadiens" (extrait tiré du feuillet de la soirée), certains apprécieront surtout la forme. À titre d'exemple, il faut lire la critique de Mélanie Carpentier dans Le Devoir (https://www.ledevoir.com/culture/danse/539826/recast-melanier-laurin-beaucage ).

Pour ma part, c'est surtout la symbolique qui m'a frappé. Celle du quotidien, "terre à terre", celle qui fait qu'on se lève le matin aux chants des oiseaux et que l'on doive "vivre" au rythme effréné de la société jusqu'au retour à la maison, sans réelle pause pour le sprint final, souper-dodo. Un rythme de vie ne permettant qu'un léger déphasage entre nous, vite corrigé (celui du passage de l'autobus, du métro et du trafic sur le pont). Des moments frénétiques qui me rappellent ceux que j'avais vu en 2005 sur grand écran avec "La Marche de l'empereur" de Luc Jacquet.

Une oeuvre aussi qui me frappe par la dualité des sens qui en émerge, celle de l'onde radio (FM) et de ses déclinaisons individuelles de 88,5 à 107,3. Celle aussi de l'individualité dans la collectivité. Celle de la nature double du photon, particulaire et ondulatoire. À ma réaction initiale, "je persiste et je signe", voilà une oeuvre que seule une femme aurait pu créer. Parce que voyez-vous, cette sensibilité au cycle et à l'urgence de s'y conformer, je ne suis pas certain qu'un chorégraphe-homme aurait pu nous la présenter de cette façon.

Une oeuvre riche, à mes yeux, de ses symboles, qui en permet ma lecture et mes interprétations. Une toute petite heure de spectateur, mais qui se prolonge bien après comme les ondes dans la marre, une fois la pierre lancée, avec aussi, le "REBO(U)ND extérieur, projeté sur le mur extérieur de l'immeuble. Projection que j'ai appréciée presque seul en cette soirée assez froide d'octobre.

vendredi 23 février 2018

Sur mes pas en danse: Une belle soirée avec la gang de "lorganisme"

Cette invitation, je l'ai acceptée. Par conséquent, mes pas m'ont amené au coeur du Parc Lafontaine à la Salle Paul-Buissonneau du Centre culturel Calixa-Lavallée pour assister à la soirée "dirty metal dancing" au profit de "lorganisme", (structure pour chorégraphes). 

                                      Photo de Dominique Bouchard

"lorganisme", sans apostrophe, est partie de la prémisse fort simple qu'ensemble, il est possible d'amener nos pas à aller loin, et en dance, avouez, ce n'est pas rien. Catherine Gaudet, Caroline Laurin-Beaucage, Amélie Rajotte et Anne Thériault l'ont mis en application depuis sept ans et sur la base de mes expériences personnelles de spectateur, elles ont bien réussi. J'ai encore fortement en moi, mon observation, l'automne dernier, de Caroline qui dans son cube à la Place des Festivals, poursuivait l'enrichissement de sa mémoire et il y a un peu plus longtemps (en 2014) la percutante pièce"Au sein des plus raides vertus" de Catherine. Et j'ai aussi en poche, mon billet pour sa prochaine création "Tout ce qui va revient" au Théâtre La Chapelle, début mars. 

Par conséquent, c'est pour pouvoir mieux implanter et faire croître cette "bête" à quatre têtes dans un environnement économique "aride" que les racines de cette soirée ont été mises. Le programme principal de cette soirée consistait à la présentation des chorégraphies créées avec des non-danseurs dans les ateliers "Metallica" (Catherine Gaudet et Caroline Laurin-Beaucage) et "Dirty Dancing" (Anne Thériault et Amélie Rajotte). 

Les portes s'ouvrent et nous pouvons prendre place, accueillis d'abord, par un portier à l'allure intimidante (Simon-Xavier Lefebvre, convaincant dans son rôle) qui me tend la main et ensuite par une femme (Amélie Rajotte) qui m'accueille par un "Do you love me ?". Évidemment !!!, je répond "oui" avant de prendre place sur mon siège. Il y a aussi sur la scène, ses trois acolytes qui pastichent un groupe rock en pleine action. Plusieurs autres spectateurs auront droit au même accueil qui provoquera surprise, réactions diverses et régulièrement un oui plus ou moins déterminé. Pendant ce temps, elle lancera son regard "à la recherche" parmi les spectateurs qui lui fera apparaître quelques fois un sourire. Elle lancera aussi "dans l'univers de cette salle", "you brake my hearth", jusqu'à une démonstration de twist, après une démonstration de "mashing potatoes". Voilà une façon, peu banale de débuter une soirée et qui montre les talents indéniables de comédienne de cette chorégraphe. Entre temps, la salle s'est remplie et arrive le moment d'un court et intense moment de danse avec Simon et Anne.

Par la suite, nous sera présentée la présidente d'honneur de la soirée, Julie Le Breton qui présentera "lorganisme" et enchaînera avec la présentation du premier numéro inspiré par le groupe "Metallica" avec une question piège aux deux chorégraphes. Sur scène, y viendront une dizaine d'amateurs de tout horizon professionnel qui ont osé et qui, manifestement ont autant de plaisir à être sur scène que nous de les voir. S'en suit la présentation du deuxième numéro sur un registre quelque peu différent et la question piège, soit une chorégraphie à partir du film "Dirty dancing". Encore là, le plaisir est manifeste parmi la quinzaine de participants et en fin de numéro, ce plaisir se propagera parmi plusieurs spectateurs présents qui sont invités à venir rejoindre les danseurs sur la scène. Pendant que moi, je reste bien "scotcher" sur mon banc, en me disant qu'il faudra bien qu'un jour, peut-être, que je "décoince" et que je suive l'exemple de ces gens et me laisser emporter par les mouvements et le plaisir de les faire. Mais, pas le temps de trop tergiverser, puisque le tout se termine et nous sommes invités à revenir au hall d'entrée pour découvrir, boissons, "gâteries", musique et belle rencontre. Pour ma part, un verre de punch à la main, j'étire la soirée avec de beaux et intéressants échanges. Mais arrive le moment de "lever l'ancre" et revenir avec mes pas à la maison, en me disant que les prochains pas de danse d'amateur pourraient être les miens. Mais surtout que grâce à mes pas et ceux de tous les autres spectateurs vers cette soirée, nous aurons droit dans les prochaines années à de beaux moments de danse.

jeudi 20 juillet 2017

Sur mes pas en danse: Intéressé par la démarche de "Habiter sa mémoire"

"Pierre qui roule n'amasse pas mousse", dit le dicton, mais il ne s'applique pas, mais pas du tout à "Habiter sa mémoire" de et avec Caroline Laurin-Beaucage. Cette oeuvre roule sa bosse depuis près d'un an, un peu partout ici au Québec (dont Saint-Sauveur, Joliette et Montréal), mais aussi en Allemagne. La chorégraphe-interprète se déplace avec son "cube" de 4 mètres par 4 mètres dans les espaces publics pour danser quelques heures, 4 plus précisément, et accumuler mouvements et réflexions qu'elle et ses collaborateurs, aidés de caméra, conservent précieusement. Ce cube constitué que de ses arêtes et son interprète constituent la boîte noire de ses déplacements, dans tous les sens du terme.

                               Photo de Ginelle Chagnon sur le site de Lorganisme

Gracieuseté de Danse-Danse et de Arsenal Montréal, le cube se retrouve dans une galerie d'art et les créateurs tentent, avec cette résidence, d'en extraire, l'huile essentielle qui en conserve l'esprit pour le présenter dans un lieu plus restreint, soit pour l'instant, une "immense" salle d'une galerie d'art. Selon moi, après avoir vu le résultat de leur travail, même partiel, il pourra aussi se rendre sur une grande scène et "habiter nos mémoires" fort correctement. Diffuseurs, soyez en avertis. Mais avant d'aller plus de l'avant, voici un bref compte-rendu de ma visite loin de chez moi à la Galerie d'art Arsenal, vers laquelle mes pas m'ont amené.

J'arrive tôt, la galerie est "vide" et la salle pas encore ouverte, mais l'air climatisé apporte une touche de confort fort apprécié. Les portes de la salle s'ouvrent et quelques-unes des personnes présentes prennent place sur les quelques sièges et bancs disponibles devant lesquels nous retrouvons deux grands écrans qui projettent des vues de paysages urbains (ceux que le cube et son interprète ont visités) avec en fond sonore les bruits ambiants captés. Il suffit de se retourner pour voir derrière le "cube". À 15 minutes du début prévu, les spectateurs sont peu nombreux, soit moins d'une dizaine. Combien serons-nous, une fois le moment venu, avec dehors, l'été qui nous présente ses plus beaux atours et pas trop loin, une saison des festivals qui bat son plein. Le temps passe, encore dix minutes. La chorégraphe aime les grands espaces, mais vides comment se porteront ses pas et ses gestes ?

Et ne voilà-tu pas que sur les deux écrans, apparaissent sur l'un, une chaise vide et sur l'autre, deux chaises vides, identiques à celle sur laquelle je suis assis !!!! Les espaces projetés sont, selon ma perception de plus en plus grands. Cette distraction-attraction ne me fait pas remarquer que tous les sièges ont trouvé preneur et que par terre, la rangée de devant est pleine et que d'autres spectateurs sont debout derrière, pour un total d'une cinquantaine de personnes. La porte se ferme, les lumières se baissent et apparaît l'interprète, venue de derrière les écrans de projection. Elle se met à danser en rond et en voix off, elle s'interroge. Moi, j'en retiens, les expressions, "danser du vide" et surtout "la mémoire du corps est sauvage" qui est répétée, comme un mentra.

Je que j'en vois ? C'est qu'elle nous fait entrer, par une spirale, dans sa mémoire, riche en souvenirs et en hésitations aussi. Les mouvements sont fort en translation, mais aussi en vibrations et en déformations, comme peuvent l'être les souvenirs. Elle prend possession de toute la place en s'y déplaçant, sur une trame musicale riche en sons de touches de piano, qui résonnent. Elle nous entraîne dans une succession de mouvements fort différents, comme il est facile d'imaginer les souvenirs que nous même emmagasinons. Et tout à coup, sans avertissements, elle se dirige derrière nous, nous prenant au dépourvu, pour revenir à son cube pour un dernier tableau avant qu'elle s'évanouisse dans l'ombre comme peuvent l'être les souvenirs. Après un moment d'incertitude, les premiers applaudissements se font entendre, suivis par d'autres. S'en suit, une période de présentation et d'échange avec le public qui permet de bien comprendre le but de la démarche et surtout les aspects concrets fort intéressants pour le spectateur que je suis.

Fort bien déjà entamée, la démarche est prometteuse, mais, selon moi, surtout très intéressante. Les performances dans le cube se poursuivront (dont sur la rue Prince Arthur à Montréal les 16 et 23 août prochains de 16h00 à 20h00 ), dans le but d'enrichir cette mémoire déjà fort bien chargée et moi, je me promets d'en voir un épisode d'emmagasinement d'ici la fin de l'été, parce que les pas du spectateur sont très intéressés par ceux de cette artiste qui enrichi sa mémoire par ses pas et ses mouvements de par le monde.