Ceux qui me connaissent, le savent déjà, mes pas m'amènent très souvent dans une salle de spectacle, mais presque jamais hors de mon pays (lire ici autant le Québec que le Canada). Voilà donc pourquoi l'invitation, un lundi soir, à partir en voyage dans un autre pays pourra surprendre, mais la destination expliquera tout. Parce que ce n'est pas trop loin dans ma ville que mes pas m'ont amené dans un pays dirigé par des personnages fort attirants et intrigants. Un pays dont le nom est Schmuttland, dirigé par deux impératrices (les soeurs Schmutt ou Séverine et Élodie Lombardo, c'est selon) avec, à leur solde, six acolytes tout à fait dévoués à nos causes, soit devenir citoyen de cette nation de l'utopie durable et nous divertir.
Photo: Schmuttland et ses dirigeants *
* Ne vous fiez pas à leur airs sérieux, parce que c'est à leurs sourires que vous aurez droit.
Pour vous qui ne pourrez vous y rendre ou pour les autres qui espèrent le faire un jour ou l'autre, voici un bref compte-rendu des démarches à suivre avant de pouvoir vous y rendre et de certaines informations, une fois rendu, pour obtenir la très convoitée "Carte de résident" que j'ai maintenant en ma possession. Surtout pas question de tout dévoiler ici, parce que le plaisir de découvrir les us et coutumes d'un nouveau pays est un bien personnel très précieux.
Première étape, réussir à trouver l'information pour localiser le lieu, parce que voyez-vous, ce pays change de place, existe e temps d'une soirée et il faut être très attentif pour les trouver. Pour ma part, Facebook, m'a fourni l'information et c'est dans un restaurant mexicain, "La Guadelupe" que je me suis dirigé après avoir réservé mes billets gratuits dans La Maison de la Culture Frontenac (à un jet de pierre de ce restaurant). La destination suivante sera le Chalet du Parc Lafontaine (vendredi 29 avril), mais pauvre de vous, je suis presque certain que tout est déjà complet.
Deuxième étape, se rendre à ce restaurant. À l'entrée, nous donnons notre nom à la "douanière" et nous attendons le moment pour entrer. Il fait chaud ou pas trop froid dehors, donc tout va bien et l'attente n'est pas trop difficile. Arrive le moment de notre entrée et de notre prise en charge par un responsable qui malgré son air sérieux, nous semble tout à fait sympathique. Ce pays, pour moi, promet !!! Il y a quelques formalités (agréables) avant de prendre place à notre table et assez rapidement la salle se remplit de futurs résidents de tout type et tout âge (enfants inclus). Commande pour une boisson d'accueil et performance de danse s'en suivent. Avec des compagnes et compagnons d'aventure tout à fait sympathiques, nous aurons droit à un bon repas et surtout des performances "in situ" de danse et de musique. O.K., nous aurons à y mettre du nôtre, mais obtenir sa carte de résident nécessite certains efforts, vous en conviendrez. Je vous rassure, elles sont tout aussi bien présentées, "encadrées" qu'agréables. Le sourire est "haut porté" et le geste fort majestueux, because les impératrices !
Après une série de procédures et un très bon repas, j'obtiens ma carte que je garderai précieusement et très heureux je reviens à la maison, avec l'espoir d'y retourner dans ce pays de l'utopie célébrée par le geste et le mouvement. Je vous le conseille, je reste à l'affût pour effectuer un autre voyage dans ce pays, "Schmuttland".
mardi 26 avril 2016
vendredi 22 avril 2016
Sur mes pas en danse: troublé par "When the ice melts, wil we drink the water ?"
En conclusion de RAOTIHON:TSA (Focus sur la création contemporaine des premières nations), gracieuseté du Théâtre La Chapelle, nous étions invités à découvrir, pour une soirée seulement, au Café du Monument National, "When the ice melts, will we drink the water ?" de Daina Ashbee.
Cette jeune chorégraphe aux origines autochtones m'avait touché avec "Unrelated" présenté, il y a moins d'un an. Voici un extrait du texte que j'avais écrit à propos de cette oeuvre, "....c'est une souffrance dévoilée, exprimée par des gestes d'auto-violence, par des gestes non aboutis, par des tentatives de prise en charge, mais jamais par la parole". Voilà pourquoi, j'étais là pour découvrir ce qu'elle avait à nous proposer avec l'interprète Esther Gaudette qui elle ne demande aucune présentation aux amateurs de danse d'ici.
La soirée commence avec une prestation de musique électroacoustique de Jean-François Blouin dans l'entrée du café, juste devant un rideau qui annonce l'endroit de la suite de la soirée. Armé de son "Bâton de parole" les ondes musicales inondent l'espace avec en arrière plan sonore des captations sonores provenant de la réserve Nutashkuan, située sur les rives de la rivière Natashquan de la Côte Nord. Douce et agréable entrée en la matière, pour la suite qui, elle, ne le sera pas. Mais cela, nous ne le savons pas encore lorsque nous nous déplaçons pour prendre place sur les sièges qui entourent de part et d'autres la petite scène sur laquelle se retrouve déjà l'interprète, couchée sur le dos sur la scène blanche.
Bien que j'avais lu le feuillet qui indiquait, autant par le titre que par la description, "ouvrir la réflexion sur les changements climatiques" la thématique présentée, c'est la femme autochtone et toute son impuissance face à la violence de son destin que j'ai vu durant les trente minutes de prestations intenses qui ont suivies. Cette femme, à peine vêtue, toujours couchée sur le dos, ira chercher dans son intérieur ses mouvements qui illustrent sa souffrance et sa résillence. Pour ma part, j'ai été gardé captif par ce visage tellement expressif malgré une apparence de stoïcisme ou de regard projeté au loin. Les gestes sont violents et montrent une résistance passive fortement exprimée. L'interprète toujours le dos au plancher, tourne, se déplace, se contracte et se relâche vigoureusement durant un long moment, fort en intensité, tout cela dans le silence ou avec une légère trame sonore. Tout à coup, le noir se fait. La lutte semble féroce, si nous nous fions à ce que l'on entend, tandis que notre imagination permet d'y voir un affrontement sans lendemain.
Les lumières se rallument et toujours couchée sur la scène, nous aurons droit à la conclusion et au lever de ce corps qui s'éloignera de nous, sans jamais revenir. Long silence et enfin, des applaudissements fort mérités. Quelle belle fin !
Une oeuvre qui m'a troublé mais aussi interpellé. À y repenser, il y a certainement un lien entre le sort que l'on réserve à ces femmes autochtones et à celui réservé à "Mère Nature". Une fois que l'on aura détruit notre environnement, serons nous capables d'en assumer les conséquences ?
Cette jeune chorégraphe aux origines autochtones m'avait touché avec "Unrelated" présenté, il y a moins d'un an. Voici un extrait du texte que j'avais écrit à propos de cette oeuvre, "....c'est une souffrance dévoilée, exprimée par des gestes d'auto-violence, par des gestes non aboutis, par des tentatives de prise en charge, mais jamais par la parole". Voilà pourquoi, j'étais là pour découvrir ce qu'elle avait à nous proposer avec l'interprète Esther Gaudette qui elle ne demande aucune présentation aux amateurs de danse d'ici.
La soirée commence avec une prestation de musique électroacoustique de Jean-François Blouin dans l'entrée du café, juste devant un rideau qui annonce l'endroit de la suite de la soirée. Armé de son "Bâton de parole" les ondes musicales inondent l'espace avec en arrière plan sonore des captations sonores provenant de la réserve Nutashkuan, située sur les rives de la rivière Natashquan de la Côte Nord. Douce et agréable entrée en la matière, pour la suite qui, elle, ne le sera pas. Mais cela, nous ne le savons pas encore lorsque nous nous déplaçons pour prendre place sur les sièges qui entourent de part et d'autres la petite scène sur laquelle se retrouve déjà l'interprète, couchée sur le dos sur la scène blanche.
Bien que j'avais lu le feuillet qui indiquait, autant par le titre que par la description, "ouvrir la réflexion sur les changements climatiques" la thématique présentée, c'est la femme autochtone et toute son impuissance face à la violence de son destin que j'ai vu durant les trente minutes de prestations intenses qui ont suivies. Cette femme, à peine vêtue, toujours couchée sur le dos, ira chercher dans son intérieur ses mouvements qui illustrent sa souffrance et sa résillence. Pour ma part, j'ai été gardé captif par ce visage tellement expressif malgré une apparence de stoïcisme ou de regard projeté au loin. Les gestes sont violents et montrent une résistance passive fortement exprimée. L'interprète toujours le dos au plancher, tourne, se déplace, se contracte et se relâche vigoureusement durant un long moment, fort en intensité, tout cela dans le silence ou avec une légère trame sonore. Tout à coup, le noir se fait. La lutte semble féroce, si nous nous fions à ce que l'on entend, tandis que notre imagination permet d'y voir un affrontement sans lendemain.
Les lumières se rallument et toujours couchée sur la scène, nous aurons droit à la conclusion et au lever de ce corps qui s'éloignera de nous, sans jamais revenir. Long silence et enfin, des applaudissements fort mérités. Quelle belle fin !
Une oeuvre qui m'a troublé mais aussi interpellé. À y repenser, il y a certainement un lien entre le sort que l'on réserve à ces femmes autochtones et à celui réservé à "Mère Nature". Une fois que l'on aura détruit notre environnement, serons nous capables d'en assumer les conséquences ?
jeudi 21 avril 2016
Sur mes pas en danse: "Vital Few", Wow !
Dans la planification de mes sorties danse de ce mois, "Vital Few" était absent. Les invitations FB de l'Agora de la Danse ont atteint leur but et l'amateur de danse que je suis ne peut que s'en réjouir. Il me faut avouer que je ne connaissais pas du tout cette compagnie, "Company 605" de Lisa Gelley et Josh Martin, et que la mention de danse urbaine dans la description de leur type de danse, me faisait hésiter. Par conséquent, lorsque j'ai demandé un petit effort à mon corps et à ma tête pour m'y rendre en ce milieu de semaine "assez occupée", l'hésitation a grimpé d'un cran.
Je m'y suis quand même rendu, porté par mes pas, pour leur part, déterminés et je ne peux que les en remercier. Avant de poursuivre, je dois dire que je suis un peu curieux de savoir, dans ce monde riche en propositions, comment les responsables de l'Agora ont connu cette jeune compagnie de Vancouver peu connue ici et, surtout, pourquoi ils ont décidé de les inclure dans leur programmation ? Peu importe la raison, merci !
Ainsi donc, devant une salle assez remplie, les avertissements d'usage ont annoncé le début de la représentation. Un à un, les six interprètes arrivent par le côté des estrades, en nous interpellant du regard tout en s'agglomérant les uns aux autres. S'en suis un premier tableau magnifique, dans lequel la tête de l'un et le bras de deux autres captivent et mettent la table à ce qui suivra.
Photo tirée du site de la Company 605
Dans les différents tableaux qui ont suivi, j'ai découvert sur scène, ce que j'avais vu tout en bas du pont que j'avais traversé le matin même, soit une rivière des Prairies avec ses courants variables, agité selon que l'on se retrouve proche des berges ou, plus fluide au milieu de cette rivière. Telle l'eau en perpétuelle déplacement, les mouvements des interprètes tracent de beaux motifs esthétiquement attirant, assez pour être captivé Les six interprètes, Laura Avery, Hayden Fong, Josh Martin, Renée Sigouin, Jessica Wilkie et Sophia Wolfe, seul, mais le plus souvent ensemble, avec une gestuelle riche en emphase et en mouvements de bras, nous proposent des tableaux dont la poésie des mouvements est transcendante et incandescante. Impossible de rester insensible face la diversité et à la richesse de la trame musicale, ainsi qu'à l'utilisation occasionnelle de projections sur le grand écran à l'arrière de la scène, enrichie par l'effet du sol métallique flexible dont les ondulations se transmettaient sur l'écran. Quelle belle et intelligente utilisation de la technologie pour rehausser l'effet de la danse dans certains tableaux.
Le tout se termine simplement dans une finale qui a tout du courant de la rivière délivrée de ses bas fonds houleux ou de ses rives trop rapprochées et face à la vaste étendue d'eau devant elle. Le calme juste avant les applaudissements fort bien mérités. En résumé, quelle belle soirée et merci à mes pas de m'y avoir amené !!!
Je m'y suis quand même rendu, porté par mes pas, pour leur part, déterminés et je ne peux que les en remercier. Avant de poursuivre, je dois dire que je suis un peu curieux de savoir, dans ce monde riche en propositions, comment les responsables de l'Agora ont connu cette jeune compagnie de Vancouver peu connue ici et, surtout, pourquoi ils ont décidé de les inclure dans leur programmation ? Peu importe la raison, merci !
Ainsi donc, devant une salle assez remplie, les avertissements d'usage ont annoncé le début de la représentation. Un à un, les six interprètes arrivent par le côté des estrades, en nous interpellant du regard tout en s'agglomérant les uns aux autres. S'en suis un premier tableau magnifique, dans lequel la tête de l'un et le bras de deux autres captivent et mettent la table à ce qui suivra.
Photo tirée du site de la Company 605
Dans les différents tableaux qui ont suivi, j'ai découvert sur scène, ce que j'avais vu tout en bas du pont que j'avais traversé le matin même, soit une rivière des Prairies avec ses courants variables, agité selon que l'on se retrouve proche des berges ou, plus fluide au milieu de cette rivière. Telle l'eau en perpétuelle déplacement, les mouvements des interprètes tracent de beaux motifs esthétiquement attirant, assez pour être captivé Les six interprètes, Laura Avery, Hayden Fong, Josh Martin, Renée Sigouin, Jessica Wilkie et Sophia Wolfe, seul, mais le plus souvent ensemble, avec une gestuelle riche en emphase et en mouvements de bras, nous proposent des tableaux dont la poésie des mouvements est transcendante et incandescante. Impossible de rester insensible face la diversité et à la richesse de la trame musicale, ainsi qu'à l'utilisation occasionnelle de projections sur le grand écran à l'arrière de la scène, enrichie par l'effet du sol métallique flexible dont les ondulations se transmettaient sur l'écran. Quelle belle et intelligente utilisation de la technologie pour rehausser l'effet de la danse dans certains tableaux.
Le tout se termine simplement dans une finale qui a tout du courant de la rivière délivrée de ses bas fonds houleux ou de ses rives trop rapprochées et face à la vaste étendue d'eau devant elle. Le calme juste avant les applaudissements fort bien mérités. En résumé, quelle belle soirée et merci à mes pas de m'y avoir amené !!!
dimanche 17 avril 2016
Sur mes pas en danse: Ébranlé par "Vestiges" des finissantes de l'UQAM
Débutons par une mise en contexte, depuis quelques années, je suis un habitué des spectacles chorégraphiés dirigés des étudiants, mais beaucoup moins des spectacles chorégraphiques libres. Si je le mentionne, c'est que j'ai perçu un contraste entre les oeuvres colorées ou ludiques (dirigées par Frédéric Gravel, Dominique Porte et Marie Béland, entre autres) et les trois propositions plus sombres présentées dans "Vestiges" (j'allais écrire Vertiges et ce n'est peut-être pas tout à fait accidentel). Dans le titre de ce texte, j'ai écrit ébranlé, mais le mot déstabilisé serait peut-être plus adéquat. Je vous épargne mon débat de sémantique intérieur et allons dans le vif du sujet, soit comment j'ai bien apprécié cette soirée.
Trois oeuvres créées par des finissantes du BAC, interprétées par des finissantes du même BAC. "Habitué" aux Passerelles 840, plusieurs "visages" m'étaient familiers et ce fût un plaisir de les redécouvrir autrement. Il y a d'abord la perspective du titre, qui porte résolument vers le passé. "Vestige: Restes d’une chose détruite ou disparue", peut-on lire et cela me semble tout à fait approprié pour décrire l'ensemble des trois oeuvres, "La mort est une question de temps de verbe" (que j'aime ce titre !!!) "Limonade et jus de raisin" et "Adoptée vive", présentées dans cet ordre. Il y aussi la perspective inverse de la trame sonore, que chacune des oeuvres a utilisée, les crépitements ou les grésillements, venant "du bas" plutôt que la musique habituelle qui elle vient "du haut".
Ce regard porté est sombre et pour moi, montre déjà une certaine maturité des trois chorégraphes finissantes. Dans "La mort est une question de temps de verbe", Marie-Pier Laforge-Bourret s'inspire du décès de son père pour construire une oeuvre qui débute par une série de courtes images, intercallées de noir, telles des flashs du passé, serais-je tenté de dire. Sur le crépitement d'une fin de 33 tours, les tableaux mis en mouvement par Christina Birri, Élisabeth-Anne Dorléans, Adèle Dussault-Gagné, Frédérique Savoie et Natacha Viau pourront évoquer nos propres souvenirs, le tout sur fond sombre, uniquement éclairé par ce simple projecteur venant "du passé". Cette coloration intimiste, rehaussée par la trame musicale de Pink Floyd (elle aussi d'une autre époque dont celle de ma jeunesse) aurait pu faire le tout, mais, tout à coup, la lumière se fait. Éclairage et "The Mexican" de Babe Ruth déstabilisent, comme un appel à se reprendre en main, avant de revenir à ces flashs du passé et à l'obscurité finale. Pause de cinq minutes bien appréciée, question de ravaler mes propres souvenirs.
Suit, "Limonade et jus de raisin" de Tanya Dolbec, dont un extrait de l'extrait du poème présenté dans le feuillet de la soirée me semble fort bien résumé ce que j'y ai vu. "Qu'est le soi/ Une terre foisonnante". En apparence, plus lumineuse que les deux autres oeuvres de la soirée, le jeu du dévoilement que nous propose Mélanie St-Georges, Marie-Hélène Desrochers et Roxane Dion interpelle. Jusqu'où, sommes-nous prêts à aller sans considérer le lendemain. Impossible aussi de rester indifférent face à la chevelure de Roxane, à la prestance de Marie-Hélèene et à la détermination de Mélanie de vouloir boire jusqu'à la lie. S'en suit une pause de quinze minutes qui permet d'y réfléchir soi-même.
Pour terminer, "Adoptée vive" de Pascale Talbot, qui a tout du écorchée vive sans le titre est sans aucun doute dans mon esprit, celle qui m'a le plus interpellé. Trois personnages différents, interprétés par Andréa Corbeil, Sophie Levasseur et Julie Villeneuve (mon coup de coeur de la soirée), nous présentent des relations particulières sur fond d'osselets éparpillés sur le sol et sur une scène sombre, tels des vestiges du passé. J'ai été troublé par cette apparente insensibilité (du personnage de Julie tellement bien interprété) et par le tableau de ce personnage désarticulé ( montrant la trace de Caroline Gravel dans la chose).
Rien de facile durant les deux heures de cette soirée, mais pour m'avoir permis de ressentir des sensations fortes et déstabilisantes, bravo mesdames et félicitations à votre prof Armando Menicacci. Je me promets d'être présent l'an prochain et surtout de vous suivre sur d'autres scènes pour vous et d'autres salles pour moi.
Trois oeuvres créées par des finissantes du BAC, interprétées par des finissantes du même BAC. "Habitué" aux Passerelles 840, plusieurs "visages" m'étaient familiers et ce fût un plaisir de les redécouvrir autrement. Il y a d'abord la perspective du titre, qui porte résolument vers le passé. "Vestige: Restes d’une chose détruite ou disparue", peut-on lire et cela me semble tout à fait approprié pour décrire l'ensemble des trois oeuvres, "La mort est une question de temps de verbe" (que j'aime ce titre !!!) "Limonade et jus de raisin" et "Adoptée vive", présentées dans cet ordre. Il y aussi la perspective inverse de la trame sonore, que chacune des oeuvres a utilisée, les crépitements ou les grésillements, venant "du bas" plutôt que la musique habituelle qui elle vient "du haut".
Ce regard porté est sombre et pour moi, montre déjà une certaine maturité des trois chorégraphes finissantes. Dans "La mort est une question de temps de verbe", Marie-Pier Laforge-Bourret s'inspire du décès de son père pour construire une oeuvre qui débute par une série de courtes images, intercallées de noir, telles des flashs du passé, serais-je tenté de dire. Sur le crépitement d'une fin de 33 tours, les tableaux mis en mouvement par Christina Birri, Élisabeth-Anne Dorléans, Adèle Dussault-Gagné, Frédérique Savoie et Natacha Viau pourront évoquer nos propres souvenirs, le tout sur fond sombre, uniquement éclairé par ce simple projecteur venant "du passé". Cette coloration intimiste, rehaussée par la trame musicale de Pink Floyd (elle aussi d'une autre époque dont celle de ma jeunesse) aurait pu faire le tout, mais, tout à coup, la lumière se fait. Éclairage et "The Mexican" de Babe Ruth déstabilisent, comme un appel à se reprendre en main, avant de revenir à ces flashs du passé et à l'obscurité finale. Pause de cinq minutes bien appréciée, question de ravaler mes propres souvenirs.
Suit, "Limonade et jus de raisin" de Tanya Dolbec, dont un extrait de l'extrait du poème présenté dans le feuillet de la soirée me semble fort bien résumé ce que j'y ai vu. "Qu'est le soi/ Une terre foisonnante". En apparence, plus lumineuse que les deux autres oeuvres de la soirée, le jeu du dévoilement que nous propose Mélanie St-Georges, Marie-Hélène Desrochers et Roxane Dion interpelle. Jusqu'où, sommes-nous prêts à aller sans considérer le lendemain. Impossible aussi de rester indifférent face à la chevelure de Roxane, à la prestance de Marie-Hélèene et à la détermination de Mélanie de vouloir boire jusqu'à la lie. S'en suit une pause de quinze minutes qui permet d'y réfléchir soi-même.
Pour terminer, "Adoptée vive" de Pascale Talbot, qui a tout du écorchée vive sans le titre est sans aucun doute dans mon esprit, celle qui m'a le plus interpellé. Trois personnages différents, interprétés par Andréa Corbeil, Sophie Levasseur et Julie Villeneuve (mon coup de coeur de la soirée), nous présentent des relations particulières sur fond d'osselets éparpillés sur le sol et sur une scène sombre, tels des vestiges du passé. J'ai été troublé par cette apparente insensibilité (du personnage de Julie tellement bien interprété) et par le tableau de ce personnage désarticulé ( montrant la trace de Caroline Gravel dans la chose).
Rien de facile durant les deux heures de cette soirée, mais pour m'avoir permis de ressentir des sensations fortes et déstabilisantes, bravo mesdames et félicitations à votre prof Armando Menicacci. Je me promets d'être présent l'an prochain et surtout de vous suivre sur d'autres scènes pour vous et d'autres salles pour moi.
samedi 16 avril 2016
Sur mes pas au théâtre (pour enfants): Le jardin de Babel
L'intérêt pour la "chose" culturelle se doit d'être encouragée. Avec l'aide du Conseil des Arts de Montréal en tournée et ma Maison de la Culture, j'ai accompagné mes deux petits-fils à la présentation de "Le jardin de Babel" de Marie-Louise Gay, très belle proposition théâtrale d'objets et de marionnettes, autant pour les jeunes que pour les moins jeunes qui les acoompagnent.
Devant une salle assez remplie, la représentation débute par l'apparition des nuages sur trois collines. Arrive Babel qui de fera des rencontres surprenantes et découvrira son jardin sous un oeil nouveau. Les différentes péripéties et les dialogues gardent attentives les jeunes et intéressent les moins jeunes. À part les tout jeunes, toute la salle est restée captive jusqu'à la fin et mes deux petits-fils tout à fait heureux du moment passé. Intéressant et imaginatif avec, somme toute, peu de moyens habilement déployés, "Le jardin de Babel" est une occasion, pour les plus jeunes, de s'initier au plaisir du théâtre.
Devant une salle assez remplie, la représentation débute par l'apparition des nuages sur trois collines. Arrive Babel qui de fera des rencontres surprenantes et découvrira son jardin sous un oeil nouveau. Les différentes péripéties et les dialogues gardent attentives les jeunes et intéressent les moins jeunes. À part les tout jeunes, toute la salle est restée captive jusqu'à la fin et mes deux petits-fils tout à fait heureux du moment passé. Intéressant et imaginatif avec, somme toute, peu de moyens habilement déployés, "Le jardin de Babel" est une occasion, pour les plus jeunes, de s'initier au plaisir du théâtre.
jeudi 14 avril 2016
Sur mes pas de lecteur: "L'attentat" de Yasmina Khadra, "du rentre dedans"
Il y a sur mon bureau, là juste devant mes yeux, une pile de livres de tout style et de toute provenance, de la B.D. à de la chimie pure, en passant par des romans. Ils sont là, m'implorent de les prendre, malgré mon apparente indifférence. Ceux-là ne doivent pas être retournés à la bibliothèque municipale dans les trois semaines à venir et par conséquent, ils se languissent de désespoir, le verbe haut. Mais la vie réserve des surprises et suite aux attentats en Belgique, inconsciemment, ma main s'est portée et le regard s'est posé vers un de ces livres, "L'attentat" de Yasmina Khadra (pseudonyme de l'écrivain algérien Mohammed Moulessehoul) qui m'avait été offert en cadeau de Noël et chaudement recommandé. Un livre qui fait cohabiter la beauté de l'écriture avec la "dureté" du sujet, m'avait-on dit. Un roman pour tenter de trouver quelques explications sur la nature et l'intention de ces gestes "fous" et incompréhensibles. L'auteur avec une plume directe et un personnage principal apporte un certain éclairage. Les évènements se passent en Israël et un médecin émérite palestinien pratiquant sa profession dans un hôpital israélien verra sa vie tout à fait perturbée par le geste tout aussi extrême qu'imprévu (pour lui) de sa femme. Nous le suivrons dans sa quête du savoir et dans sa recherche du coupable.
Jusqu'à la fin des deux cents cinquante pages, nous le suivons en étant témoin de son cheminement désespéré physique et mental. Une oeuvre difficile (comme toutes ses autres oeuvres m'a-t-on dit), mais utile que je recommande chaudement. Pour ma part, dans la pile, une place s'est faite et une autre de ses oeuvres devrait y prendre place, mais pas trop longtemps, cette fois.
Jusqu'à la fin des deux cents cinquante pages, nous le suivons en étant témoin de son cheminement désespéré physique et mental. Une oeuvre difficile (comme toutes ses autres oeuvres m'a-t-on dit), mais utile que je recommande chaudement. Pour ma part, dans la pile, une place s'est faite et une autre de ses oeuvres devrait y prendre place, mais pas trop longtemps, cette fois.
mardi 12 avril 2016
Sur mes pas en danse pour une oeuvre: "Monumental"
Ce soir, j'ai vécu une première, sinon même deux. Tout cela lorsque mes pas m'ont amené au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts pour assister à la présentation de "Monumental" par The Holy Body Tatoo avec neufs interprètes aux mouvements et le groupe Godspeed you ! Black Emperor à la musique, live !
Photo: Site internet de la Place des arts
Pour la première fois comme spectateur en danse, j'ai été interpellé deux fois plutôt qu'une par un revendeur de billets dans le couloir pour la Place des Arts. Ouais, il y a des signes là que l'évènement pour bien son nom, des revendeurs de billets d'un spectacle de danse. Il y avait bien ce chroniqueur culturel à la radio d'état qui annonçait qu'il ne restait qu'une dizaine de billets pour cette représentation, mais quand même !
Le lecteur attentif constatera que les points d'exclamation sont assez présents jusqu'ici, mais ils réflètent bien l'étonnement que j'ai ressenti (tout aussi grand que le plaisir) durant toute cette soirée. Bien assis sur un siège un peu plus éloigné qu'à mon habitude (rangée C), le moment est arrivé et les lumières se sont éteintes. Les rideaux fermés, la musique a pris son envol dans une introduction créant l'anticipation des moments à venir.
Les rideaux s'ouvrent et nous découvrons sur chacun leur bloc ou leur socle, les neuf interprètes. Chacun sur son petit territoire, l'individualité de chacun sur scène se présente à nous pour se fondre dans une collectivité plus ou moins cohérente. Appuyés par des parties musicales tout en crescendo, les mouvements sont forts et je les ressens tout en moi et pour la première fois, "que j'aurais voulu être parmi eux sur scène et m'exprimer" avec leur talent et leur intensité. Comme le chantait l'homme d'affaires dans Starmania (avec une légère variation), "j'aurais (tant) voulu être un danseur / pour pouvoir faire mon numéro / pour pouvoir dire pourquoi j'existe."
Toujours bien assis sur mon siège (et quand même très content d'y être), aux moments musicaux (avec le groupe bien discret en arrière scène) alternent des moments durant lesquels les silences sont comblés par les halètements et les pas des interprètes. Arrive le moment où chacun quitte son petit lieu et que tous occupent tout l'espace dans une série de tableaux présentant des relations de toute nature. Vivre avec les autres, faire sa place, prendre sa place, se faire entendre, entrer en relation tout en douceur , mais aussi avec, parfois la violence du contact ou de l'indifférence (diable que cela m'interpelle !!!). Voilà ce que l'on nous présente avec tant de talent et d'intensité. Interprétés par bon nombre de danseurs d'ici, dont Caroline Gravel, Kim de Jong, Louis-Elyan Martin, Esther Rousseau-Morin et Jamie Wright, comment ne pas l'apprécier et constater qu'en danse ici au Québec, nous sommes vraiment choyés.
Mais le tout se termine et mes pas me ramènent à la maison. Et pour répondre au questionnaire de la Place des arts qui me demandait, si je recommanderais cette oeuvre, j'ai répondu très certainement, avec le plus grand espoir qu'il soit représenté de nouveau et que j'y retourne.
Photo: Site internet de la Place des arts
Pour la première fois comme spectateur en danse, j'ai été interpellé deux fois plutôt qu'une par un revendeur de billets dans le couloir pour la Place des Arts. Ouais, il y a des signes là que l'évènement pour bien son nom, des revendeurs de billets d'un spectacle de danse. Il y avait bien ce chroniqueur culturel à la radio d'état qui annonçait qu'il ne restait qu'une dizaine de billets pour cette représentation, mais quand même !
Le lecteur attentif constatera que les points d'exclamation sont assez présents jusqu'ici, mais ils réflètent bien l'étonnement que j'ai ressenti (tout aussi grand que le plaisir) durant toute cette soirée. Bien assis sur un siège un peu plus éloigné qu'à mon habitude (rangée C), le moment est arrivé et les lumières se sont éteintes. Les rideaux fermés, la musique a pris son envol dans une introduction créant l'anticipation des moments à venir.
Les rideaux s'ouvrent et nous découvrons sur chacun leur bloc ou leur socle, les neuf interprètes. Chacun sur son petit territoire, l'individualité de chacun sur scène se présente à nous pour se fondre dans une collectivité plus ou moins cohérente. Appuyés par des parties musicales tout en crescendo, les mouvements sont forts et je les ressens tout en moi et pour la première fois, "que j'aurais voulu être parmi eux sur scène et m'exprimer" avec leur talent et leur intensité. Comme le chantait l'homme d'affaires dans Starmania (avec une légère variation), "j'aurais (tant) voulu être un danseur / pour pouvoir faire mon numéro / pour pouvoir dire pourquoi j'existe."
Toujours bien assis sur mon siège (et quand même très content d'y être), aux moments musicaux (avec le groupe bien discret en arrière scène) alternent des moments durant lesquels les silences sont comblés par les halètements et les pas des interprètes. Arrive le moment où chacun quitte son petit lieu et que tous occupent tout l'espace dans une série de tableaux présentant des relations de toute nature. Vivre avec les autres, faire sa place, prendre sa place, se faire entendre, entrer en relation tout en douceur , mais aussi avec, parfois la violence du contact ou de l'indifférence (diable que cela m'interpelle !!!). Voilà ce que l'on nous présente avec tant de talent et d'intensité. Interprétés par bon nombre de danseurs d'ici, dont Caroline Gravel, Kim de Jong, Louis-Elyan Martin, Esther Rousseau-Morin et Jamie Wright, comment ne pas l'apprécier et constater qu'en danse ici au Québec, nous sommes vraiment choyés.
Mais le tout se termine et mes pas me ramènent à la maison. Et pour répondre au questionnaire de la Place des arts qui me demandait, si je recommanderais cette oeuvre, j'ai répondu très certainement, avec le plus grand espoir qu'il soit représenté de nouveau et que j'y retourne.
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