Cette rencontre, elle était à mon agenda depuis longtemps. C'était une rencontre importante pour moi ! Une autre rencontre avec des soeurs jumelles bien spéciales, soit Élodie et Séverine Lombardo, mieux connues sous leurs noms de scènes et de créatrices, les Soeurs Schmutt. Nous avons rendez-vous au Théâtre Prospero, et l'entremetteur était le diffuseur Danse-Cité. Notre rencontre avait un titre, eh oui, signe des grandes occasions et fort évocateur en plus, "L'entité du double". Il était annoncé que cette rencontre nous présenterait une partie de leur intimité, réelle ou fictive, mais peu importe, l'occasion était belle de les revoir et pour cette soirée, elles étaient accompagnées sur la scène par "l'homme orchestre", Guido Del Fabbro.
Photo tirée du site de Danse-Cité |
Depuis plus de dix ans donc, c’est au moins une dizaine de fois
que j’ai assisté à une de leurs propositions. De celles-ci, l’aspect qui m’a toujours le plus
frappé est celui de la rencontre à l’autre, au sens le plus large. Chaque
rencontre que j’ai fait a eu lieu dans des endroits différents, dans des salles
comme dans les lieux publics. Chacune était toujours fort colorée de dualité, souvent
lambrissée d’ombre et de lumières.
Avec « L’entité du double », cette fois, elles
m’ont effectivement proposé une expédition dans les méandres de leurs univers intimes, réels
ou fictifs, je ne saurais l’affirmer, mais réalistes, oh que oui !!! Une
expédition déclinée en différents tableaux, qui m’a permis de mieux comprendre, les principes qui les guide dans la création de leurs œuvres. Ainsi donc, tel qu’annoncé,
ces artistes monozygotes ont interrogé frontalement leur gémellité, et la
vision qu’elle leur impose.
Je voudrais ici partager quelques moments qui
m’ont le plus marqué durant cette soirée. Déjà à notre entrée dans la salle,
elles sont là, toutes identiques, au-devant de la scène dos à nous, micro à la
main. Elles sont silencieuses et immobiles dans le seul endroit éclairé de la
scène. Et arrive le moment, elles se retournent et nous parlent d’elles
jumelles monozygotes. Alternant d’une à l’autre, j’ai eu d’abord droit à un
cours de biologie. De ma première rangée, j’ai pu mieux apprécier leurs petites
différences physiques qu’elles nous présentent, « plus de tronc pour l’une,
plus de cage pour l’autre » ou « plus de front pour elle, plus de
sourcils pour moi ». J’ai aussi réussi à ressentir ce que veut dire être
jumelle, la force du « 2 », mais les contraintes aussi. Si elles sont
d’abord, chorégraphe et interprète en danse, c’est leur capacité théâtrale qui
frappe en entrée de jeu. Et puis tout à coup, leurs corps prennent la parole et
détourne mon attention du propos qui se déforme.
Il s’en suit une série de tableaux qui résument tout
ce que j’avais vu d’elles auparavant. Par exemple, celui, dans lequel elles
sont au milieu de la scène avec un éclairage qui les illumine d’un côté et leur
laisse un côté sombre de l’autre. Elles deviennent le point de rencontre de ces
extrêmes pour les relier. Ce qui pour moi, représente tellement bien ces deux
aspects de leur création. Celui aussi, durant lequel, une des deux, ose et
vient à la rencontre des spectateurs, avec des demandes parfois audacieuses,
dont celle de m’emprunter ma paire de lunettes et qui seront presque toutes
acceptées.
De tableau en tableau, elles se sont dévoilées sans
pudeur, corps et âme avec une sincérité fort crédible.
Moi, j’y ai cru à ma
rencontre avec elles, malgré les aspects fictifs annoncés. Parce que nous créons à partir de ce que nous sommes et en cette soirée, j’en ai eu un concentré fort riche.
Elles m’ont aussi fait réaliser que la rencontre avec
l’autre, elles sont tombées dedans, dans la marmite « amniotique ».
Cette soirée m’a comblé, mais je n’étais pas le
seul. En effet, tout au long de la représentation, il y avait ma voisine
spectatrice qui prenait des notes, beaucoup de notes. Curieux que je suis, je
l’ai questionné et j’ai appris qu’elle le faisait pour un travail pour un cours
en théâtre et, sans que je lui demande, elle ajoute qu’elle avait
adoré.
Et moi par la suite, mes pas me ramènent à la maison, méditant sur la réalité de la vie de jumelles et aussi des impacts sur l'aspect de la création des soeurs Schmutt, avec un regard sur leurs oeuvres passées et une anticipation sur leurs prochaines.
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