Voici mon intervention modifiée que j'ai faite à Danscussions &Co en ce vendredi 19 octobre.
Cette semaine, je voudrais partager, mes impressions
sur une œuvre qui a été pour moi fort évocatrice et que j’ai vu, il y a
quelques jours. Il s’agit de « L’un l’autre » de Sylvain Lafortune et Esther Rousseau-Morin présenté
à la Cinquième Salle de la Place des Arts par Danse Danse.
Peut-être que la lecture de l’article de présentation
dans le Devoir dont le titre est « Physique et mécanique du couple dans
« L’un l’autre » avait laissé des traces en moi. Il en reste que face
à cette œuvre forte de sa sobriété scénographique, j’en ai profité pour me
donner une marge de manœuvre interprétative toute scientifique, privilège fort intéressant d’un
spectateur en danse. Voilà pourquoi, en revenant chez moi, je me suis projeté dans
mes souvenirs récents de l’œuvre en y donnant une dimension géométrique en utilisant des chiffres et des équations.
C’était prémonitoire admettez ! Dans la Cinquième
Salle, nous découvrirons une œuvre dont la durée annoncée est de 65 minutes et
qui débute à 20h05. Mais non, malgré tout, ce n’est pas le chiffre 5 qui a
émergé durant la présentation, mais, plutôt deux autres. Deux chiffres
pour un duo, pourquoi pas ! D’abord, le 2, mais pas seul, accompagné par
le nombre π
(pi). π est irrationnel, c’est-à-dire qu’on ne peut pas l’exprimer
comme un rapport de deux nombres entiers; ce qui entraîne que son écriture
décimale n’est ni finie, ni périodique. C’est même un nombre transcendant. Compréhensible comme définition, peut-être
pas, mais évocateur, oui !
Photo des interprètes par David Wong sur le site de Danse Danse
Nous avons donc ici le
« mariage » entre deux termes de nature fort différente, rationnel et
fini pour l’un et irrationnel et infini pour l’autre. Ce qui résume bien la
double nature de ce que j’ai vu en cette soirée.
Durant cette soirée donc, j’ai découvert deux corps
qui ont évolué sur une scène circulaire sans presque jamais en sortir. Une
œuvre en deux dimensions utilisant abondamment, à en être étourdi soi-même, la rotation des corps et des
mouvements dans ses déclinaisons mathématiques. Parce que voyez-vous de ces
cercles qu’ils nous proposent, il en existe des équations qui les
décrivent.
D’abord de ce cercle, il y a le contour ou sa
circonférence et sa formule mathématique, 2 fois pi fois r (r qui est le rayon, la
distance entre le centre et le pourtour). Dans cette formule, il y a le 2
représentatif de leur dualité, mais aussi pi, riche de son infinité et de sa
complexité qui représente toutes les nuances infinies des gestes qu’ils m’ont
présenté dans ce territoire qu’ils investissent totalement et intensément à eux,
deux.
Si on accepte d’aller un peu plus loin et d’ajouter
une autre dimension, pour s’intéresser à la surface de ce cercle habité, on
pourra utiliser une autre formule, π fois r au carré (ou à la 2). Avec encore présents, le
chiffre pi et le paramètre r, accompagnés, cette fois par le chiffre deux qui est
porté en hauteur comme exposant. Ce qui représente bien ma perception de leurs
gestes amplifiés au carré et aussi de leurs portées fort présentes tout au long
de la présentation.
Je pourrais continuer, mais mon temps lui n’est pas
infini comme le chiffre π. Mais je m’en voudrais de ne pas compléter
mon propos avec la dualité du chiffre 2, oui, oui. Celle de sa belle courbe bien connue,
mais aussi celle de sa déclinaison romaine, de ses deux barres côte à côte qui
entre les deux laissent toute la place aux interactions.
De cette belle illustration chorégraphique des
chiffres deux et pi, j’en retiens aussi l’énergie irradiante sur fond sombre qui
m’a captivé jusqu’à la finale fort bien réussie.
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