Voici le texte de ma prestation à "Danscussions & Co" du 26 octobre dernier.
Bonjour à vous. Cette semaine, je brûlais d’être avec
vous d’autant plus que la chronique de mon collègue et ex-ami Facebook Jérôme
Pruneau de la semaine dernière a allumé le feu de ma réflexion et fait mijoter mon
imagination. Admettez, assister en direct à la mise à mort d’un profil Facebook, ce
n’est pas rien.
Sa mise à mal des réseaux sociaux m’a fait réfléchir sur
ses objets virtuels dont la maîtrise peut s’avérer délicate avec son lot de
pièges, j’en conviens. Mais avant permettez moi un petit détour littéraire.
Le feu, il y a « plusieurs millénaires »,
comme les réseaux sociaux aujourd’hui ont demandé à l’être humain un
apprentissage associé aux maladresses et aux excès précédant sa maîtrise. J’ai
encore très présent en tête, le livre « Pourquoi j’ai mangé mon père. »
de Roy Lewis, paru en langue française en 1975. Je vous encourage à lire ou à
relire, dont le propos est, selon moi, toujours actuel. En utilisant de nombreux anachronismes savoureux, l’auteur
interroge le lecteur sur des débats de la société moderne dont la technique, le
progrès et l’éducation. Mettant face à face, au final, le père qui veut
partager avec les autres hommes sa découverte du feu qu’il a maîtrisé, malgré
les risques de ce partage et le fils qui, lui, ne le veut pas, au cas où ! Utilisant
l'humour, qui m’est fort cher, Roy Lewis propose une approche ludique face aux
débats actuels. Parce que le feu, nous le savons tous, alimente, il éclaire,
mais aussi le feu peut détruire.
Il en est du feu comme il en est des réseaux sociaux
et de leur aspect aliéno-technologisant, comme l’a si bien présenté notre ami
Jérôme. Parce ce qu’il veut, et je résume, amis-créateurs des arts, c’est vous
voir en personne sur une scène et que vous ne vous perdiez pas votre précieux
temps de création avec du temps passé devant votre écran. Mais en existe-t-il
que des aspects négatifs ? Pour ma part, je pense que non !
Parce que, voyez-vous, « Qui êtes-vous, comme
artiste, si personne ne sait que vous existez et que vous créez ? » Pour
aller à votre rencontre, il faut savoir que vous allez vous produire sur une
scène.
« On a mis quelqu’un au monde, on devrait
peut-être l’écouter » chantait Harmonium et le voir performer, je pourrais
ajouter. Voilà pourquoi si, comme le feu, les réseaux sociaux sont utilisés
adéquatement, ils deviennent des flambeaux qui guident et montrent le chemin
pour se rendre à votre rencontre. Un artiste-créateur pourra inviter le plus
grand nombre en quelques coups de doigts sur un clavier et un clic pour
conclure. Et cela, sans brûler de précieux dollars qui pourront mieux servir à
la promotion de votre création.
Et de cela, je veux ici en témoigner comme spectateur!
Et plus qu’une fois !
Comment, j’aurais pu prendre connaissance, sinon par
les réseaux sociaux, que le jeune Festival Soir présentait l’été dernier, sur
la rue Ontario faire une rencontre avec Marie Chouinard, fort généreuse de sa
présence et de ses propos ou sur la rue Beaubien dans un sous-sol, faire ma première
rencontre avec Hélène et Manuel en duo. Ou d’être invité personnellement par
une chorégraphe pour assister à une présentation, à la suite d’une semaine de
création, d’une œuvre que je découvrirai dans les prochaines semaines. Ou répondre
à un appel lancé sur Facebook aller à la rencontre un samedi après-midi d’été au
Fringe pour découvrir une jeune artiste de théâtre dont j’apprécie depuis les
créations.
Comment aussi, si mes ami.e.s Facebook avaient effacé leur
profil, j’aurais pu retransmettre mes impressions de spectateur, telles des
étincelles pour allumer les intérêts des autres. Pour être lu par le plus grand
nombre et pas seulement ceux du monde chorégraphique.
L’utilisation des réseaux sociaux comme le feu, demandera,
j’en suis convaincu un certain temps. Il causera quelques incendies, au sens
figuré, évidemment, mais qui pense, aujourd’hui, se débarrasser du feu. Il se
doit d’être manipulé avec doigté, mais pas éteint, parce qu’il permet aussi
d’allumer la flamme afin d’éclairer le chemin que nos pas feront vers les lieux
de prestation. Je m’arrête là. Bonne prochaine semaine de danse!
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