mercredi 17 octobre 2018

Sur mes pas en danse: Retour sur une soirée "trouble" et troublante chez Tangente

Comme ils en sont habitués, en ce début d'automne, mes pas m'ont porté jusqu'au Wilder pour assister, ce que je croyais, à deux oeuvres de  danse. Au programme, "Eve (dance is an unplaceable place)" de la Compagnie Voix & Omnipresenz et "Le troisième été d'amour" de la Compagnie Dans son salon.

En cette soirée de première, le hall est fort achalandé et nous serons invités à prendre place dans l'Espace Orange, en laissant derrière nous nos chaussures, parce que c'est sur la scène, tout proche, que nous découvrirons les deux œuvres.

                               Photo de "Eve (danse is an unplaceable place) par David Wong tirée du site du Devoir

À mon entrée dans la salle pour assister à "Eve (dance is an unplaceable place)" , puisque je suis un des premiers, je peux choisir ma place autour d'un espace de prestation délimité par des éventails ouverts. Les quatre interprètes (Margherita Bergamo, Jenna Beaudoin, Élise Boileau et Raphaëlle Renucci) sont déjà présentes et comme pour trois d'entres elles, je prends place sur une chaise, tandis que la majorité de ceux qui me suivent trouveront leur place, par terre. Trois écrans télé sont présents dont deux sont visibles de ma place.

Tous s'installent et doucement le geste se fait et l'atmosphère s'installe. Je "sens", plutôt que je vois que tout à côté des trois interprètes assises, il y a une personne "en attente". Et j'assiste au déploiement des gestes avec le plus d'attention possible, exercice pas évident, puisque mes yeux, eux, veulent découvrir les images sur les écrans de télé et surtout que ma tête tente de faire le lien entre les deux sources de stimuli. Et cet exercice sera rendu encore plus difficile, lorsque les spectateurs "en attente" se mettent en mouvement avec, à un moment donné, leurs lunettes de réalité virtuelle mises devant leurs yeux.

Je dois faire un choix et rapidement. Mon cerveau capitule pour laisser toute la place à mes yeux qui eux découvrent de la danse comme pouvaient le faire, selon mon imagination, les danseuses aux temps des Romains au début de notre ère. Leurs vêtements fort beaux (de Paloma Bomé) supportent mon impression de me retrouver dans une cérémonie rituelle festive fort agréable à regarder. Drôle d'impression d'assister à la rencontre complice de ces femmes d'une autre époque avec ces spectateurs/spectatrices privilégié.e.s d'aujourd'hui. Le tout se termine tout doucement, me ramenant ici et maintenant. C'est bien plus tard que j'apprendrai, sans aucune regret, que les trois participant.e.s du public voyaient dans leurs lunettes ce que moi j'aurais pu voir sur l'une ou l'autre des écrans présents, si mes yeux y avaient porté regard.

Sortie de salle pour l'entracte.

Au retour, le lieu a changé et au milieu de celui-ci un immense cube aux parois de tissus transparents. Tout autour, des sièges, des coussins, tout l'assortiment pour prendre place confortablement. Pour ma part, c'est sur un "pouf" que je m'installe pour découvrir "Le troisième été d'amour" de la Compagnie Dans son salon (Emmalie Ruest et Benjamin Prescott La Rue.

Déjà présente, Marijoe Foucher, unique interprète de cette oeuvre, arpente frébilement la place et vient à notre rencontre parée de ses habits tout blanc. Tous les spectateurs rendus à leur place, ça commence. Nous n'aurons pas droit, tel que la maître de cérémonie nous l'indique, à de la danse, ni à du théâtre, mais à une performance (et pour cela Marijoe Foucher la porte fort bien, totalement investie) qui dévoile ses intentions graduellement. Cette femme-gourou, nous présente les liens entre son histoire familiale et celle des deux "Étés d'amour" (Summer of love), celui de San Francisco en 1967, et de Manchester U.K. en 1988.

Nous découvrons comment la combinaison du singulier et du pluriel, l'a amené à sa projection vers le futur en tentant de nous y entraîner. Elle a le verbe fort, la posture affirmée et la démarche déterminée. Certains résistent, dont moi, mais plusieurs, ça je le sens bien, seraient prêts à embarquer dans son aventure, parce que son sourire et sa détermination est à la hauteur de ce que l'on pourrait imaginer d'un Troisième été d'amour. Mais au final, à la dernière scène, cette entrepreneure se révèle totalement et montre son jeu et ses aspirations.

De cette présentation, riche en couleurs visuelles et musicales et technologiques (fort bien utilisée), j'en reviens avec des sentiments mitigés. Parce que je venais voir de la danse (et il y en a eu très peu) et que certains de mes souvenirs personnels à propos de soirées "habilement" présentées auxquelles j'ai assisté. Des soirées qui avaient un appât fort aguichant, cachant un piège.

Il en reste que le temps a passé et que le message s'est frayé un chemin en moi, provoquant une réflexion et un constat fort réjouissant, il y a encore des jeunes qui sont capables d'un propos intelligent pour nous faire prendre conscience des pièges des beaux mots habilement présentés. Et en plus, ils y ont mis les "grands moyens".


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