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vendredi 2 novembre 2018

Sur mes pas à la radio: Mon point de vue de spectateur face à "Fléau" d'Alex Huot et Dave St-Pierre

Pour ma chronique du 2 novembre à "Danscussions & CO" sur CHOQ.CA, je partageais mon expérience de spectateur suite à ma présence à "Fléau" d'Alex Huot et Dave St-Pierre. Un témoignage court, j'en conviens, mais, qui au final indique bien, ce que cette expérience fût pour moi. Je vous le redonne ici.

                                          Photo d'Alex Huot

Mais, je voudrais revenir sur ma sortie à l’Usine C dans le cadre du Festival Actoral, pour assister à « Fléau », une œuvre de cinq heures d’Alex Huot et Dave St-Pierre. Comment arriver à aborder ce type d’œuvre avec vous ? Et bien, entre autres, en mettant mes espadrilles, partir courir et revenir 15 kilomètres plus tard pour me permettre d’aller au bout de ma réflexion. Parce que voyez-vous, si cette œuvre m’a demandé d’y mettre temps et quelques efforts pour la découvrir, elle mérite aussi du temps et des efforts pour murir mon propos.


Quiconque suit les pas sur scène de Dave St-Pierre seul d’abord et ensuite avec son complice Alex Huot, sait que le temps est un paramètre fort élastique qu’ils aiment étirer jusqu’à la limite pour magnifier la force du symbole et l’esthétique du moment. Je me souviens encore très bien du propos de Dave St-Pierre avant la présentation d’une ébauche de création dans une Maison de la Culture qui revendiquait le droit aux créateurs de prendre le temps quitte à faire démissionner certains, sinon même la majorité des spectateurs, avant le début des vraies choses. Je me rappelle aussi, de « La Pornographie des âmes » et « Un peu de tendresse, bordel de merde » qui me demandaient de ressentir jusqu’à la limite, ma limite, le malaise devant différents tableaux. Peut-être maso le spectateur, peut-être pas, qui sait ! Mais il y trouve son compte et revient.

Voilà donc pourquoi, je me retrouvais au début d’une très longue file d’attente pour découvrir « Fléau » et ses épisodes de vie déclinés en 5 heures. J’étais averti, « Les spectateurs s’attendent beaucoup à répondre à certains types de codes, et à ce qu’un spectacle réponde à certains types de codes. On devrait avoir le droit de les briser. C’est pour ça qu’on fait Fléau. » dixit Alex Huot et que j’avais pu lire dans le Devoir. Mais ceux et celles autour de moi qui rempliront « full » la grande salle de l’Usine C, que viennent-ils chercher ? Ce groupe de jeunes hommes et de jeunes femmes dans la vingtaine, cette femme avec sa grosse valise qui lui sert de sacoche (merci Catherine Lalonde pour l’info !) ou ce spectateur derrière moi qui me disait que c’était une première fois pour lui, pourquoi font-ils la file avec moi ? Je ne saurais dire.

Et moi, qu’est-ce que je viens chercher ici ? La réponse "expérientielle" n’est pas simple, peut-être même pas traduisible en mots. Mais je tente le coup. Tout au long, les différents tableaux riches en symboles et intenses de leur intensité qui perduraient sans trop d’enrobage, m’ont forcé à lâcher prise et ouvrir ma conscience, comme l’aurait fait un sauna avec les pores de ma peau. Cette façon de m’interpeller, de me bousculer et de m’amener dans un état d’inconfort, de déséquilibre, moi, je trouve cela important, sinon essentiel pour mon propre équilibre. C’est comme si je cannibalisais leur intimité, réelle ou imaginée, pour m’en nourrir.

« Fléau » a donc été pour moi, une rencontre humaine inconfortable et troublante, mais forte et essentielle.

dimanche 11 juin 2017

Mes pas fûrent pas aussi nombreux que souhaités pour le FTA et le OFFTA, mais la dernière soirée (au OFFTA) a été tout à fait réussie. Au programme, "Quatuor pour la fin du Temps" mettant sur scène, pour l'interprétation musicale, le BOP, Ballet-Opéra-Pantomime (Hubert Tanguay-Labrosse, Julie Triquet,Valentin Bajou et Gaspard Tanguay-Labrosse), pour les "mouvements" Karina Champoux, Dave St-Pierre, Frédéric Tavernini et Anne Thériault (avec plusieurs autres "complices"), pour l'aspect visuel, Hubert Leduc-Villeneuve (éclairages) et Alex Huot (les projections vidéo).

                                         Photo tirée de La Presse et fournie par la compagnie BOP

Une sortie culturelle qui pourrait avoir tout du FTA, compte-tenu de la qualité des créateurs que de la salle de présentation, soit la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau. Le public en avait aussi tous les airs. De ce bon coup de programmation de l'organisation du OFFTA, pas question de passer mon chemin. Quiconque aussi a vu, comme moi, le vidéo "Le bruit des bottes" de Yann Perreau sait déjà que Dave St-Pierre peut amener une oeuvre musicale à un autre niveau. Si en plus, il s'entoure de collègues fort talentueux, quoi ajouter.

C'est donc bien installé pas trop proche en plein milieu de la salle (une première pour moi !) que j'observe d'abord la salle se remplir et les lumières se fermer. Les instruments musicaux sont déjà sur la scène et il y a aussi une table recouverte de plastique semi-transparent.

Arrivent en toute simplicité, Anne Thériaut et Frédéric Tavernini qui nous présentent un duo dont les relations physiques, sont fortes, à la limite brutale et qui nous prépare à la "Fin du temps" à venir. Sans aucune musique, ils s'expriment l'un avec l'autre avec une intensité qui nous amène à leur dévoilement physique et tout intérieur avec une superbe finale de "body mapping" (cartographie du corps) qui nous montre quel feu brûle en eux. Entretemps, arrivent sur scène, les musiciens et un choeur de corps nus. Se glissent en toute discrétion, deux autres personnages qui resteront tapis dans le fond de la scène jusqu'à leur prestation respective. La musique débute et les corps (une vingtaine) débutent leurs mouvements en phase avec le propos et que c'est beau !!!  Ces corps repartiront en toute discrétion. S'en suivra d'autres tableaux dont un me rappelle celui que Dave St-Pierre avait présenté à son retour sur scène, peu après sa transplantation. Avec des moyens tout simples, il nous entraîne dans sa sortie du cocon jusqu'à son éclairement intérieur. Au propre comme au figuré, je me prends à espérer à ses prochaines créations.

Arrive enfin, le dévoilement de la boule de papier, se fait comme l'effleurage de la marguerite, mais en sens inverse, parce que ce personnage (Karina Champoux) nous livre en livre une longue et patiente version jusqu'à son éclosion. Nous en découvrirons le monde intérieur fort bouillonnant. Une fois cela fait, les musiciens ont déjà quitté et elle, à l'aveuglette, quitte très lentement la scène, d'abord et la salle ensuite. Question de dissiper toute ambiguité, les placiers ouvrent les portes de la salle et jamais nous ne pourront applaudir. Comme quoi, les choses, même bonnes, n'ont pas de fin ou une fin à la Dave St-Pierre puisque là sur le chemin de la sortie et dans le hall d'entrée, nous pouvions découvrir, un peu plus habillés et avec une boule de papier devant le visage, certains interprètes comme dans une haie d'honneur.

J'hésite quelque peu, mais pourquoi pas ! Dave lorsque tu te mets, avec tes collaborateurs, à me proposer ce type d'oeuvre, moi j'aime bien cela. Peut-être, suis-je trop conservateur, tu me le pardonneras, mais ta capacité à produire de si beaux tableaux, moi je ne m'en lasse pas.

dimanche 5 février 2017

Sur mes pas en danse: "Suie" de Dave St-Pierre, point de vue d'un spectateur

Comme bien d'autres, mes billets pour les spectacles de Danse-Danse, je me les procure bien à l'avance, parfois même un an. Vous savez peut-être déjà qu'en danse, il est impossible d'utiliser le buzz des premières représentations pour se décider, parce que "trois petits tours et puis s'en vont". Voilà ce qui décrit le mieux la courte durée de présentation d'une oeuvre et qui ne laisse pas une grande marge de manoeuvre avec l'agenda. 

Donc, je fais confiance au diffuseur, dont Danse-Danse et cette confiance, elle va jusqu'à leur "Carte blanche" lorsqu'il programme une oeuvre pas encore créée, à mes risques et périls de spectateur. Ainsi en est le monde de la danse qui habituellement ne fait pas ou si rarement de vague dans le "grand public". Mais une fois ne fait pas coutume et cette fois, elle a droit, pour quelques jours à une visibilité inhabituelle, même jusqu'à des connaissances qui me demandait de les éclairer. Une première qui fait "fuir" des spectateurs de la première et qui provoque des critiques dans les média globalement négatives. La vague est lancée. 

Pour la petite histoire et mettre les choses dans leurs justes perspectives, c'était il y a un peu moins de trois ans, même salle, même diffuseur et même comportement de certains spectateurs (soit leur départ avant la fin). Voici un extrait de la critique de Frédérique Doyon, parue dans le Devoir (le 16 avril 2014) sur "The land of fuck (a fable)".

"Dans le dernier quart, à nouveau en groupe, en petites danses atomisées, le Dietrich Group décline bien les différents sens du mot fuck, d’un ébat simulé au cri du désaxé en passant par le je-m’en-foutisme… Mais à la fin, à force d’aligner les clichés, la pièce se fout aussi et surtout des spectateurs, d’ailleurs nombreux à sortir. Agacés ? Bousculés ? Probablement simplement ennuyés…"

Un exemple parmi certains autres, pour les fois pour lesquels j'étais dans la salle. Une autre fois, c'était du buto par un maître venu du Japon, pourtant, toujours dans la même Cinquième Salle. C'est donc dire que la danse contemporaine, peut à l'occasion "surprendre" et faire lever du siège le spectateur moins résillent devant la découverte et la différence. Donc de ma perspective, rien de nouveau sous le soleil. Alors pourquoi tout ce boucan ?

D'abord, parce qu'il met en scène un de nos chorégraphes "phares" du Québec, Dave St-Pierre, le maître, selon moi, des coups de gueule et un diffuseur, Danse Danse qui travaille fort pour présenter de grandes oeuvres (et remplir les salles). Aussi, parce que dans un passé pas si lointain, le chorégraphe a annoncé tout haut qu'il ne présenterait plus de créations au Québec, à moins que l'on sorte le cash. Il semble que l'offre de Danse Danse pour une Carte Blanche ait suffit et, avec ses collaborateurs, il s'est mis à la tâche. Je le soupçonne d'avoir quelque peu profité de la situation. Je souligne ici, le mot soupçonne parce que la pensée humaine est insondable et surtout très variable. 

Donc, le grand moment arrive avec une affiche "fichtrement" belle et quiconque a vu au moins une de ses oeuvres, sait que l'homme s'y connait en esthétique, mais pas seulement évidemment. J'ai encore plusieurs de ses tableaux en tête, des années plus tard, dont le dernier, époustouflant, de "Un peu de tendresse, bordel de merde" ou celui qui avec une simple table et une toile de plastique, il nous présentait son cheminement d'avant et d'après son opération, très touchant et très touché donc. Mais, je me rappelle aussi, les paroles qu'il avait prononcées (à la Maison de culture Frontenac pour une pré-présentation d'une oeuvre qui n'a jamais vu le jour, à ma connaissance) à propos d'un créateur qu'il admirait et qui avait exercé la patience des spectateurs jusqu'à une limite ultime avant que le vrai spectacle commence. 

Donc quiconque, spectateurs comme diffuseurs, qui le suit comme moi, devrait savoir. Donc, abonnés de Danse-Danse ou non, se procurer un billet de Dave St-Pierre, peu importe l'affiche, amène en zone inconnue, mais aussi "explosive". De la perspective du chorégraphe et je la partage, c'est pour le meilleur pour le pire que l'on vient assister à ses créations. 

J'étais donc bien assis sur mon siège pour la deuxième représentation, bien curieux. Une fois arrivé le moment de débuter la présentation, le chorégraphe se présente devant nous et se met à nous parler, d'abord sans texte préparé et ensuite à la lecture d'un texte disponible à tous mais pas très visible à l'accueil (dont je m'en suis procuré une copie). Ce que j'en retiens, c'est l'ambiguité du propos. En effet, si tu veux faire à ta tête, tu devrais "t'en foutre" des autres, mais royalement, sans avoir avoir à te justifier. Mais ce n'est pas ma perception de son discours qui a des volutes de justification. Dave St-Pierre, pour le meilleur ou pour le pire, ainsi soit-il, mais je lui conseillerai de laisser parler ses oeuvres, beaucoup plus éloquentes selon moi. 

Pour cette oeuvre, il a laissé tomber son intérêt pour le quatrième mur, qu'il aimait franchir, mais le besoin de créer le sentiment d'inconfort, lui reste bien présent, mais autrement. Par l'intensité de la trame sonore ou la présence sur scène d'éléments à priori peu artistiquement pertinents (l'enfant et son chien), il cherche à nous déstabiliser, mais ses "fidèles spectateurs", nombreux dans la salle, le seront-ils ? Les quelques connaissances rencontrées après la représentation ont bien "survécu" et ce sans amertume, ni arrière goût. 

Pour ma part, il réussit, pour peu que l'on se donne la peine, à nous proposer de façon grossière et intense, j'en conviens, des images fortes et intenses qui étire le moment jusqu'à le rendre intolérable pour nous. Jeanne d'Arc est un symbole fort qui est utilisé pour illustrer que nos erreurs nous les répétons sans cesse, encore et toujours "pognés dans la machine à Pepsi" et que les héros ou les symboles ont la vie dure.

Au final, une soirée mi figue, mi raisin. Parce que j'ai été tout à fait ébloui par les projections vidéo "trash" qui visaient juste et fort, mais moins par les tableaux chorégraphiques moins forts esthétiquement que j'espérais du chorégraphe. Anne Le Beau a bien investi son rôle avec l'intensité que lui connaît, mais la trame narrative se faisait trop discontinue, selon moi. 

En conclusion, à Danse Danse, je retournerai et à Dave St-Pierre aussi. Et il semble que la phrase du moment soit "qui m'aime, me "Suie", pour le meilleur ou pour le pire". 

mardi 24 janvier 2017

Sur mes pas en danse: Pour découvrir des aspects de "Suie"

L'invitation était trop tentante, une occasion de découvrir avant le grand moment de la présentation de "Suie" de Dave St-Pierre avec Anne Le Beau, Bernard Martin et Hubert Proulx, par Danse Danse qui nous invitait à la galerie Arsenal dans le cadre d'un Mardi Culturel. La météo avait beau avoir fait des siennes et l'Arsenal un peu lointain, je m'y suis rendu et c'est avec une foule très, très nombreuse que j'ai découvert des extraits de l'oeuvre. Les artisans sont en résidence de création depuis le début du mois de janvier dans cette galerie et cela me permet de prendre conscience que depuis le moment que les responsables de Danse Danse décident de mettre au programme certaines oeuvres et le moment de leur présentation, il y a un "sacré" bout de temps. Il faut réaliser que c'est une belle marque de confiance. En cette soirée durant laquelle le chorégraphe a poursuivi, en notre présence, son travail de direction/création (un peu plus d'une semaine avant la première), il est facile de reconnaître sa signature. Pour ma part, j'ai été aussi très heureux de redécouvrir l'intensité d'Anne Le Beau, autant dans ses mouvements que dans sa présence intense toute immobile.

                                                Photo d'Alex Huot, tirée du site de Danse Danse présentant les
                                                interprètes (Anne Le Beau, Hubert Proulx et Bernard Martin)

Au programme pour cette soirée, trois extraits sur une scène fortement inclinée qui avait tout en haut à gauche, une machine distributrice et un plante en pot, scène recouverte par un prélart ammovible et tout à droite, des chaises. Le premier extrait nous présentait une version très physique de "Jeanne d'Arc" dans le mythe de Sisyphe. Le deuxième, montrait des histoires de "capture" et de disparition sous le signe de la plus parfaite indifférence. Enfin, et c'était ma partie préférée de la soirée, des mouvements à trois durant lesquels, nous avons pu apprécier des demandes du chorégraphe et de la réponse des interprètes.

Il reste sûrement du travail avant la première, mais de ce que j'ai pu découvrir, les ingrédients semblent tous là pour une belle rencontre et j'ai bien hâte. Je suis aussi bien curieux de découvrir dans quel contexte les extraits seront intégrés au reste de l'oeuvre.

Donc, voilà une proposition très tentante que celle de "Suie" de Dave St-Pierre du 1er au 11 février à la Cinquième salle de la Place des Arts.