vendredi 1 mars 2019

La suite de ma présentation spectrale de la danse à Danscussions & Co: Le visible et l'infrarouge au programme avec des exemples !


Merci Klara et bonjour à vous tous,



Lors de ma plus récente chronique, je vous présentais les prémisses de ma toute personnelle perspective spectrale pour apprécier une œuvre chorégraphique et mieux comprendre son interaction avec les spectateurs. Pour porter un éclairage plus complet, je vous invite à poursuivre ma présentation en y ajoutant des exemples. Ainsi donc, une œuvre est composée d’une partie visible, allant du rouge éclatant au violet plus discret, en passant par le jaune, riche de sa chaleur scénique et le bleu plus profond. Chacune des œuvres nous propose un profil spectral qui lui est propre. En face, il y a le spectateur qui comme un détecteur peut être plus sensible à certaines de ces couleurs.

Pour tenter d’illustrer mon propos sur la couleur d’une œuvre, je reviendrai d’abord, sur ma plus récente sortie chez Tangente qui donnait carte blanche à Cédric Delorme-Bouchard, concepteur de lumières pour un programme triple et que nous avons reçu ici. La première partie de Castel Blast était riche dans la partie violette, par sa sobriété, sans nous proposer une partie rouge fort éclatante. Camille Lacelle-Wilsey avec sa proposition, nous entraînait, elle, dans la partie rouge éclatante, sinon écarlate de passion, serais-je tenté d’ajouter, peu intense dans la partie violette ! Entre ses deux œuvres qui possèdent des spectres complémentaires, nous avions droit à Annie Gagnon et une nouvelle version, de ma perspective, de son « Rituel géométrique » qui nous plongeait tout en profondeur dans le bleu, riche de sa sagesse et de sa poésie. Trois œuvres complémentaires qui, au final, couvraient l’ensemble du spectre dans le visible et pouvaient donc, satisfaire un grand nombre de détecteurs, oups (!) de spectateurs.

Mais la partie visible, comme vous le savez maintenant est complétée par deux autres parties, l’ultraviolet et l’infrarouge. Pour cette fois, je veux porter votre regard vers cette dernière. Cette partie spectrale, touchant nos émotions, se décline en trois parties, le proche, le moyen et le lointain infrarouge. Toutes invisibles soient-elles, chacune de ces parties produit des effets temporels différents. La partie proche-infrarouge de l’œuvre, lorsque présente, c’est surtout mais pas seulement, au moment de la présentation que nous la ressentirons. Une émotion de joie, ou de peine, par exemple, qui pourra se ressentir fortement ou non sur le moment, mais qui pourrait se dissiper assez rapidement. Si les émotions mises en mouvement dans l’œuvre, s’avèrent beaucoup plus fortes ou touchent un de nos points sensibles, elles pourront produire des harmoniques, comme le diraient les spectroscopistes, qui seront encore fort présentes et qui résonneront en nous pour un certain temps, sinon un temps certain.

Des exemples éloquents de ce type d’œuvres produisant ce type d’effet, nous ont été proposés, selon moi, ces dernières années par Daina Ashbee, qui avec « Unrelated », « When the ice melts, will we drink the water ? », « Pour » et, plus récemment, « Serpentine ». À chaque fois, elle a exploré l'univers féminin, ou de celui de notre Mère Nature, durant lesquelles, elle nous plongeait dans une mer d’émotions. Et à chaque fois, à des nuances près, j’ai ressenti fortement et profondément, ce que peut être une agression, fortement colorée de violence. Avec une simplicité scénique fort efficace, chacune de ses œuvres nous interpellent au moment de la rencontre, mais aussi et surtout, bien longtemps après. Par exemple, durant « Serpentine », incarnée par Areli Moran, elle le faisait en trois temps relativement identiques durant lesquels, la notion d’harmoniques, caractéristiques des infrarouges prend tout son sens. Spectateur, suis-je, mais aussi un peu observateur, j’ai pu assister au départ d’un bon nombre de spectateurs, tout à fait similaire au phénomène de saturation d’un détecteur. Montrant bien que notre capacité de détection est fort variable. Mais peu importe, lorsque nous repartons, impossible de ne pas méditer longtemps sur son propos appuyé qui n’avait pourtant pas une intensité si forte dans la partie du visible, mais qui répercutait en harmoniques !

Je pourrais poursuivre plus de l’avant vers la région de l’ultraviolet, mais pour l’instant je m’arrête ici. Bonne prochaine semaine de danse.

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