Affiche tirée du site du Département de danse de l'UQAM
La foule est nombreuse à l'entrée de la salle et les bouquets de fleurs, en de bonnes mains pour marquer le grand moment d'après représentation. Le moment venu, Armando Menicacci accompagné des deux chorégraphes nous adresse des mots de bienvenue, belle initiative ! Une fois le go donné, nous entrons dans la salle, toute sombre pour y découvrir une scène noire avec répartis un peu partout, de petits amas de matières blanches. Le temps que la salle se remplisse, je suppute sur la nature de cette matière (styromousse est l'hypothèse que je retiens). Les amas sont tout blanc, sauf ceux qui sont colorés par l'éclairage. Il y a aussi deux interprètes déjà présents debout immobiles d'un côté et de l'autre de la scène. En observant bien, il est possible de voir un léger mouvement de leur part, oscillations, ou vacillements, impossible pour moi de trancher. Décidément, voulu ou pas, le thème de l'interrogation prend place dans mon esprit. Mais pas assez pour m'empêcher de voir prendre place sur la scène, un troisième, un quatrième jusqu'à une septième interprète qui au lieu de prendre sa place, ira proche d'une autre. Tout au long de ces ajouts sur scène, les regard se portent au loin et leurs oscillations toujours plus évidents et légèrement différents pour chacun.e. Nuance intéressante que j'observe avec attention, jusqu'à la chute et la suite.
Nous aurons droit, entre autres, au propos de lui sur l'ennui ("L'ennui est ...) et d'elle sur le moment présent et de son utilité et surtout de ce que nous n'en retiendrons pas ("Et si la vie était un jeu où rien arrive..."). Les gestes sur scènes se déclinent en déplacements, et en chute, en traînée qui au passage défont les amas de matières qui se dispersent un peu partout sur la scène jusqu'à mes pieds, rendant parfois les déplacements périlleux (avec une chute pas prévue et sans conséquence, j'en mettrais ma main au feu !!!). Le temps passe, parfois à temps perdu et les gestes sont là, devant moi, exprimés avec conviction, pour me le rappeler, tout en remodelant le lieu qu'ils habitent. Une danse de rencontres humaines, en deux temps. D'abord avec les interprètes tout et uniquement de noir vêtus, sauf pour une qui a un chandail noir avec une "étoile" dorée devant. Ensuite, celui durant lequel, "le temps change", et qu'ils revêtent un chandail plus coloré, d'une couleur tiède. On pourrait y voir un début de réponse au sens du temps perdu qui passe. Une oeuvre dans laquelle, il est possible d'y voir l'influence de la conseillère artistique, Sarah Dell'Ava.
Une fois revenu au temps présent, les applaudissements fort bien mérités, je constate qu'un seul amas a résisté aux mouvements, tout au fond de la scène, près du mur et que c'est en ouate (en boules) qu'étaient fait ces amas. Merci Maude Archambault-Wakil, Pénélope Desjardins, Catherine Dumais, Léa Noblet, Lian Rodgers, Olivier Rousseau et Giverny Welsch pour vos pas "À temps perdu".
Moment de pause, question de remettre la main sur ces boules de ouate toutes dispersées.
Je reviens en salle pour prendre place "Comme tout le monde" (d'Ariane Demers). La scène est vide, la musique nous arrive d'abord et puis tout à coup, lever du rideau, soit la porte métallique sur le côté cour de la scène. L'utilisation, ici, de ce terme associé au théâtre, s'avère fort à propos parce que la suite s’avérera une oeuvre de danse fort théâtrale. Les six interprètes (Ophélie Dubois, Laurence Gratton, Victoria Juillet, Adam Provencher, Alexia Quintin et Kali Trudel), revêtiront différents costumes fort colorés qui n'ont d'égal que les rôles qui leurs seront associés. Aux moments de danse durant lesquels une bête tout de tissu vêtue, alterneront de moment de forte théâtralité. Impossible de ne pas apprécier cette scène durant laquelle, les personnages sont assis autour d'une table presque toujours immobiles dans des poses de fortes expressions et durant laquelle la "bête" distribue maladroitement le liquide à boire et de la suite, durant laquelle, avec tout son corps, elle nettoie les dégats.
Difficile de garder une image précise de ces multiples couches de questionnements, mais lorsque la touche Gerard Reyes (conseiller et grand spécialiste du voguing) se présente à nous. D'abord, dans un tableau aux carrés lumineux présentant un personnage qui disparaissent pour créer la dispute de l'attention. Mais aussi, celui de l'arrivée de lui en elle (Adam Provencher) qui investit totalement la scène et suscite de fortes réactions dans la salle. Mais sa différence, sur scène provoquera une réaction, parce pas "Comme tout le monde" !
De cette gang qui avait "Quelque chose de sauvage" (présentée l'automne dernier au même endroit), il faudra dire aussi, quelque chose d'audacieux et de limites repoussées. Et de ce dernier tableau, je garde en mémoire, une scène de conversion et en "poche" un petit solide de papier blanc habité par le souffle, de la prêtresse revêtue de son sarrau. qui me l'a remise en main propre en toute solennité.
Une autre belle soirée en deux temps, introvertie en première partie et extravertie en deuxième. qui me laissera qu'une seule interrogation. Quand pourrais-je revoir ces finissants ou leurs oeuvres sur une scène la prochaine fois ? Le monde de la danse en est un qui n'est pas facile, mais, selon moi, elles ou ils ont ce qu'il faut pour "tirer leur épingle du jeu" et nos applaudissements.
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