lundi 30 octobre 2017

Sur mes pas en danse: "Mine de rien" et tout en diversité

L'invitation s'est présentée, tout comme l'embellie dans l'agenda, par conséquent, s'en est suivi mes pas vers le CCOV dans le sous-sol de la Place des Arts pour assister à ce Studio Ouvert, formule nouvelle pour moi. Au programme, "Mine de rien" de Marie Mougeolle et Liane Thériault, revisité à leur initiative par Helen Simard, le collectif "Dans son salon" qui, depuis un certain temps, est devenu le mien aussi, et le brillant et toujours surprenant Andrew Turner.

Avant de poursuivre sur ce qui nous a été présenté, je m'en voudrais de ne pas avouer que si certains enjeux ou nuances de cette auto-cannibalisation provoquée m'ont échappé, le résultat, lui m'a bien plu. Les premiers pas de cette création, je les avais vus à une Passerelle 840 (espace de création, et "de premier pas", du département de danse de l'UQAM) en mars 2015. Depuis, je n'ai conservé que la trace suivante: "Pièce intelligente qui réfléchit sur la relation des interprètes et des spectateurs selon la distance. Et si comme moi, vous êtes en première rangée, il est fort possible que vous soyez directement interpellé, mais je vous rassure, cela est très agréable. Aussi très instructif parce que j'y ai compris le sens de projeté en danse."

C'est donc à la première des deux ou trois rangées de ce lieu que je prends place "sagement" quelques minutes à l'avance. Viendront s'ajouter autour de moi des gens du milieu (de la danse). La formule de présentation se précise et c'est à trois présentations d'un maximum de vingt minutes, "top chrono" que j'aurai droit. Une réappropriation personnelle d'une partie de l'oeuvre originale et son éclatement dans des gestes tout aussi proches sans être dedans avec la perspective intéressante d'y inclure l'une ou/et l'autre des créatrices de l'oeuvre originale. Le résultat encore "en développement", mais très prometteur d'une (toujours trop) courte résidence permet d'en voir une suite heureuse qui mériterait une diffusion plus grande. 

Dans une première partie, Helen Simard fait éclater l'oeuvre originale en gestes, dans son style très personnel, avec cinq interprètes en mille nuances enrobés par la guitare de Roger White, acolyte musical de toujours de la chorégraphe. Le tout captive jusqu'à la fin.

Il s'en suit, la perspective en trois temps de "Dans son salon" (Emmalie Ruest et Karenne Gravel) qui annonce, en entrée de jeu, vouloir exploiter le défaut, selon leur perspective, de l'oeuvre originale et d'utiliser le "troisième personnage" latent et perçu de l'oeuvre originale. Les trois temps au son de la même chanson s'avère fort résonnant et surtout, fort agréable et intéressant à regarder. Impossible de ne pas revenir dans mes souvenirs télé des "Charlie's Angels" et de leurs postures dans un des tableaux.

En troisième partie, Andrew Turner, toujours aussi désarçonnant (de plaisir), nous propose sa perspective dans laquelle, nous pourrons intervenir. Quatre interprètes sur scène, et quatre chaises sur lesquelles on retrouve leur nom et une caractéristique vestimentaire pour les reconnaître (au cas où !). Durant la prestation, il nous invite à prendre place sur une des quatre chaises, assis ou debout, durant la prestation à venir, pour transmettre télépathiquement nos instructions aux interprètes avec les risques de décalage et d'interception. Ce que feront, certains spectateurs ou interprètes, mais pas moi, et d'autres aussi !!! Il en reste que de cet éclair d'inspiration, j'en ai été ébloui. Durant ce temps, malgré les regards sur les chaises, sur l'espace de prestation les gestes de Marijoe Foucher, Stéphanie Fromentin, Emmalie Ruest et Marine  Rixhon se font gracieux et captivants. 

Et le tout terminé, nous sommes conviés à donner notre opinion sur les moments "vécus" et la suite des choses. Peut-être trop tôt, mais les réactions ont été peu nombreuses. Et moi, le moment passé et digéré, je serais tenté de dire "encore" !!!

Sur mes pas de spectateurs: Les peurs intimes des Intimistes

Peut-être que le spectateur que je suis, se répétera-t-il en revenant sur les pas de sa plus récente rencontre avec Les Intimistes, "Quand je ferme les yeux " au Sporting Club de Montréal.  Mais, soyez rassurés, elles, non, parce qu'elles nous entraînent dans des territoires confidentiels inexplorés jusqu'à maintenant. Le titre peut porter à se méprendre sur la nature de leurs confidences, parce que Sandrine Brodeur-Desrosiers, Sarah Keita, Sandrine Quynh, Patricia Rivas et Vanessa Seiler, tout au long de cette soirée, nous ont parlé de leur peur.

                                                      Tirée du site de "Les Intimistes"

Des peurs qui se déclinent différemment, mais qui gravitent principalement autour de la perte d'un membre de la famille. Elle peut être existentielle, "une boule de soleil, température pièce"  dans "Les décollages extra-spatiaux" de Sandrine Brodeur-Desrosiers) ou bien réelle sur le boîtier d'une cassette vidéo avec Chucky, la poupée maléfique dans "Agadou, dou, dou" de Sarah Keita. La peur peut être celle de la perte d'un être cher (sa grand-mère, si loin de l'autre côté de l'océan) dans "Quand le temps va" de Sandrine Quynh ou, de son père, avec "Grandir avec" de Vanessa Seiler ou celle transmise par les parents dans "Pas peur des morts" de Patricia Rivas. Cette dernière s'avère fort impressionnante dans l'interprétation des propos, avec l'accent, de ses parents.

Elles nous proposerons aussi en mi-programme la "Liste de nos peurs" qui comparée à celle du public présentée à la toute fin, montre bien que dans ce lieu fort "intime", il s'est "comme" créer une communion de pensée.

De ces femmes et de leurs confessions "intimes", nous pouvons, un chapitre après l'autre, en assembler les pièces pour mieux les connaître. Voilà donc pourquoi la présentation de leur prochain chapitre le samedi (une première !) 25 novembre prochain est mis à mon agenda.


jeudi 26 octobre 2017

Sur mes pas en danse: "Dansu", une "fenêtre chorégraphique nippone" surprenante

Je le concède aisément, je n'ai pas, mais pas du tout, l'âme d'un voyageur. Voilà pourquoi, j'apprécie tellement que les pas des autres, de loin particulièrement, viennent vers moi. Je me suis donc procuré, avec grand enthousiasme, mes "billets de voyage" vers les trois oeuvres "Focus Japon" présentées conjointement par l'Agora de la Danse et Tangente.

Court compte-rendu de mon expédition dans les nouveaux territoires chorégraphiques nippons avec trois oeuvres dans ma besace de spectateur. Besace remplie avec des images fortes, mais aussi un requestionnement sur la nature même de ce que peut être la danse contemporaine. Trois oeuvres tous azimuts (dans les sens, de toutes les directions et par tous les moyens) qui ont produit, chez moi, des réactions de même nature. Mais commençons par le début.

Semaine 1, la première oeuvre au programme est, "Alphard" de et avec Mikiko Kawamura. Présentée comme "l'enfant terrible de la danse", elle nous entraîne dans un parcours temporel et spatial pendant lequel, dans des espaces carrés illuminés, elle s'exprime avec de fort beaux mouvements expressifs. Ses origines "street dance" ressortent fortement dans la diversité de son exploration la "jungle urbaine", fortement colorée de modernité, dans laquelle elle nous entraîne. Au final, une oeuvre courte (une trentaine de minutes) qui débute bien ce début de "voyage" au pays du Soleil Levant.

Une fois, la pause faite, nous nous retrouvons dans la grande salle pour assister à "Amigrecta" de et avec Kaori Seki accompagnée par Yu Goto, Teita Iwabuchi, Shun Shimizu et Yui Yabuki. Première surprise, la scène est surélevée et, si on observe bien, il est possible d'y voir deux trous dans deux coins opposés. Et c'est de là que les interprètes viendront ou repartiront tout au long de la présentation. Une oeuvre sur fond de silence ou presque, parce que les parcelles de bruits se feront fort discrètes. Moments difficiles, sûrement, pour ceux ou celles dont le ventre s'exprime sans avertissement, ni contrôle du "propriétaire", tout autour de moi. Une oeuvre lente, acrobatique, mais surtout exigeante pour moi. Le sens ("réflexion sur la vie et la mort et sur des choses en danger, qui pourraient disparaitre à jamais", dixit le feuillet remis) ne m'apparait pas et le propos ne me rejoint pas non plus. Mais, impossible de ne pas apprécier la qualité des mouvements des interprètes qui nous proposent, seul, en duo ou en groupes, des images fort belles. Retour à la maison, en réfléchissant et en me requestionnant sur ma réception de l'oeuvre.

Semaine 2, troisième oeuvre de ce "Dansu", "Namae Ga Nai" de Zan Yamashita avec Kim Itoh. Dans une salle toute remplie de public, le silence se fait et l'interprète arrive, repart brièvement et nous revient pour de bon. Il est habillé pour aller travailler avec son uniforme de peintre et porte un cache-oeil. À gauche et au fond, deux grands panneaux de bois, vierges d'inscriptions, des instruments et des contenants de peinture, tandis qu'à droite une escabeau métallique. Il s'adressera à nous surtout en paroles, mais aussi en gestes, qui captivent. Il entame un propos, devient hésitant, l'interrompt, nous laissant libre intérieurement de le prolonger dans une extrapolation, mais rapidement brisée par la suite. Bien assis sur mon siège, je voyage dans les expéditions de ses univers dont certains sont répétées sans que cela ne gâche mon plaisir, tout au contraire, même !

                                         Photo de ST Spot tirée du site de l'agora de la Danse

Question de clore le propos, il cherche dans la foule un aide et de son oeil perçant, il trouve le volontaire. Et d'un des propos déjà énoncé, il y joint la démonstration physique fracassante.

Il est, selon moi, légitime de se poser la question sur la nature réelle de cette oeuvre et de son appartenance à l'univers déjà fort étendu de la danse contemporaine. À celui qui pourrait se demander ce que peut-être de la danse contemporaine,je retorquerais par une simple question, qu'est-ce qui en est pas ? Il en reste que pour certains, cette oeuvre pourra les interpeller. Pour ma part, encore indécis, mais de cette rencontre je suis fort heureux et satisfait. De cet homme, j'en suis tombé sous le charme. Et à défaut d'avoir été choisi pour lui fournir mes bras, je les aurais utilisé pour l'entourer chaleureusement, une fois les lumières réallumées à la fin.

Il y a quelques années, nous avions eu droit à des débuts de saison nous permettant de découvrir la diversité d'ailleurs, dont la mémorable "Destination Danse" en Catalogne de l'Agora de la Danse en 2008. Avec "Dansu", j'ai eu droit à ce même privilège, celui d'ouvrir mes horizons de spectateur tout en restant dans ma ville. Voilà une belle initiative (merci mesdames Diane Boucher et Maki Miyakubo), qui je le souhaite "fort", sera reprise.

mardi 24 octobre 2017

Sur mes pas au cinéma: "120 battements par minute" dans le coeur d'une autre époque peut-être pas révolue

"120 battements par minute" de Robin Campillo, voilà une oeuvre qui arrive chez nous avec une belle réputation, auréolée par le Grand Prix du Festival de Cannes (2017), des phrases chocs sur son affiche, de nombreuses étoiles des critiques d'ailleurs et d'ici et pourtant ! Après une première semaine à l'affiche au cinéma Beaubien, le film se retrouve relégué dans la plus petite salle. Est-ce le signe d'un certain désintérêt des cinéphiles d'ici pour cette oeuvre qui nous ramène au début des années 1990 durant lesquelles le SIDA faisait son lot de victimes dans la presque indifférence des autorités ? Je ne pourrai pas répondre adéquatement à cette question, mais je pourrais affirmer que c'est une oeuvre essentielle à voir, autant pour son sujet que pour la façon que le réalisateur nous la présente.

C'était, il y a "un siècle " dans l'imaginaire collectif, un mal inconnu faisait de nombreuses victimes parmi les "mal-vus" de la société (homosexuel(le)s, prostitué(e)s, prisonnier(re)s), donc personne pour activer les ressorts politiques d'une société bien pensante et surtout prompte à détourner le regard.

                                                  IMAGE FOURNIE PAR MK2 | MILE END sur le site de La presse

Faisant suite au film fort percutant "Les témoins" (2007) d'André Téchiné qui nous présentait les petites histoires dans la grande histoire du SIDA, perçue "comme une peste moderne et honteuse". Une fois l'adversaire connu, il a fallu passer aux modes de défense et à la réplique sur un fond d'indifférence. Et c'est là que nous nous retrouvons dans "120 battements par minute".

Sans trop de préambules, nous découvrons "Act up Paris" et ses "combattants" qui se donnent la mission d'éveiller la conscience populaire. Ses "combattants" de tout horizon et aux motivations fort variables se donnent des règles pour agir. Leurs rencontres hebdomadaires, les R.H., sont fort habilement présentées et nous montrent comment les tensions s'expriment. Mais, le tout s'appuie sur les aspects humains et pour cela les différents interprètes nous le présentent de façon fort crédible. Difficile de ne pas être impressionné par la performance de Nahuel Pérez Biscayart, dans le rôle de Sean, qui est criant de vérité et de crédibilité dans sa lutte pour la cause comme pour sa vie. Et ce n'est pas le seul qui nous permettra d'y croire, à cette fureur de vivre ! 

Les enjeux et les actions qui nous sont présentés, le sont de façon fort percutantes et nous rappelle encore et toujours que c'est dans l'engagement, malgré nos différences, que les causes peuvent aller de l'avant.

Et pour ceux qui comme moi, pourraient se demander pourquoi ce titre ? Le réalisateur, membre de ce groupe (Act up Paris), nous l'indique. La "house music" fort populaire à cette époque, et présente de façon fort pertinente dans ce film, avait un rythme de 124 battements à la minute.

Le devoir premier de tout citoyen est. selon moi, de prendre soin de tous malgré leur différence, mais surtout des plus faibles, voilà pourquoi, il faut se rendre à une des projections pour se le rappeler.

vendredi 20 octobre 2017

Sur mes pas de spectateur: Une très belle rencontre dans un nouveau lieu de diffusion

Un jeudi soir durant lequel l'automne souffrait d'un problème d'affirmation, mes pas m'ont porté en direction d'un lieu fort bien connu pour moi, le Collège Ahuntsic, celui qui a été mon lieu de travail pendant une trentaine d'années. La raison, vous vous demandez ? L'inauguration de l'auditorium réaménagé, il y a quelques années, mais qui, désormais, sera nommé "L'Espace Le vrai monde ?" en l'honneur d'un finissant, Michel Tremblay. Et pour ceux qui comme moi l'ignorait, le nom de ce lieu est celui d'une pièce de théâtre du célèbre dramaturge, mais pas seulement, québécois.

Me voilà donc dans cet espace pour assister, avec "plein de monde", du "vrai monde" de mon Collège à l'officialisation de la chose en présence de Michel Tremblay.


Une fois bien assis, le maître de cérémonie, Michel Marmen, maniant habilement l'humour, met la table sur la suite. En entrée de jeu, il présente la directrice générale, Nathalie Vallée, qui revient sur la génèse et les aboutissants dela désignation du nom de ce lieu de diffusion. Lieu de diffusion dans le nord de la ville (de Montréal) qui se veut tout à fait disponible à la présentation des oeuvres de toutes sortes, théâtre, chant et danse. Ce dernier mot, vous le devinerez, a particulièrement résonné en moi. D'autant que lors du Festival intercollégial de danse, j'ai reçu des commentaires fort positifs d'interprètes professionnels en danse contemporaine, lorsqu'ils ont découvert cette salle.

Après une introduction fort instructive et humoristique de Fabien Ménard, "metteur en scène" pour l'occasion, les interprètes prennent place, toute la place, pour nous faire apprécier la qualité de cette pièce, "Le vrai monde ?", de Michel Tremblay. Il s'en suit une lecture du début de la pièce par des membres du comité de toponymie de "mon" Collège, responsables de cette désignation, (Anne Milot, Martin Doyle, Fabien Ménard, Éric Léveillé) et sa directrice générale, avec pour les didascalies, Laurence Daigneault Desrosiers, qui toutes et tous ont courageusement accepté de nous présenter un extrait, devant son auteur. Court extrait, qui de l'avis général, nous incite a découvrir l'entièreté de cette oeuvre dans ces mêmes lieux prochainement. Une fois fait les applaudissements fort mérités, nous avons droit à l'arrivée sur scène du "héros de la soirée" qui répondra, généreusement et avec grande honnêteté (quinze minutes par question, plutôt que quinze minutes au total) à l'intervieweuse (Laurence Daigneault Desrosiers).

Mais, comme toute bonne chose à une fin, les derniers applaudissements se dissipent dans ce lieu qui verra bien d'autres moments mémorables, j'en suis convaincu.

Pour ma part, je quitte pour mieux revenir, je l'espère fort, pour découvrir des prestations de danse (et autres propositions culturelles) et ainsi devenir une autre de mes destinations culturelles.


jeudi 19 octobre 2017

Sur mes pas en danse: À la découverte de bêtes de scènes, gracieuseté de Claudia Chan Tak

L'invitation pour cette soirée dans le programme du Festival Phenomena (à La Sala Rossa) était très claire, " la scène sera envahie par des créatures (artistes de la danse contemporaine) de toutes sortes. Elles laisseront leur animalité sauvage s'échapper férocement de leur corps " et sans retenue, je suis tenté de rajouter.

                                          Photo de Claudia Chan Tak tirée du site du Festival

Ainsi donc, la "grande patronne" du Festival Phenomena, D. Kimm, a invité Claudia Chan Tak à prendre possession de la scène pour une soirée et nous proposer un Cabaret d'animalités sauvages. Un programme prometteur qui a tenu ses promesses avec une longue liste de "bêtes de scène" aux comportements surprenants et parfois déconcertants, incarnés par une belle brochette d'artistes dont David Albert-Toth, Dany Desjardins, Andrew Turner, Philippe Dandonneau et Jossua Collin Dufour, le tout animé, avec humour et doigté, par l'assistante de l'assistante de l'assistante de l'assistante de la directrice du Zoo de Granby, personnifiée par Helen Simard.

Moi, j'arrive tôt, question d'avoir une belle vue sur la scène et, pour cela, c'est mission accomplie. Arrive le moment et la maître de cérémonie, habillée de l'uniforme de l'occasion (de safari)  monte sur scène et nous annonce le programme de la soirée.

S'en suit une première partie durant laquelle les "bêtes de scène" prennent toute la place. D'abord, avec sa belle folie contagieuse, Claudia Chan Tak, nous entraîne dans la mise à mort de sa Kitty qui se réincarnera. Tout aussi déjanté que fascinant, le moment captive et divertit. Il est impossible de rester insensible à ce déferlement, surtout quand la chanson de Marjo, "Chat sauvage" résonne dans la place. Impression de spectateur, "ça part fort".

Il s'en suit un numéro fort intrigant, gracieuseté d'Audrée Juteau, qui en entrée de jeu, sous des atours fantomatiques, met à mort, une innocente boîte de carton. Une fois la tâche faite, elle se dévoile pour nous révéler sa nature animale moins plus sage.

La soirée se poursuit avec une suite de tableaux, tout aussi surprenants que déstabilisants qui comble le spectateur audacieux que je suis et plein d'autres.

De cette soirée, j'en retiens la performance intrigante de cette "tortue" (avec son manteau) incarnée par David Albert-Toth, le duo de Philippe Dandonneau et Geneviève Lauzon qui avait un "grirr" félin fort percutant, la parade nuptiale fort convaincante de Jossua Collin Dufour. Mais mon coup de coeur est, sans conteste, la rencontre du "lion" d'Andrew Turner et de son double qui autant par le propos que dans l'interprétation, dans un sens comme dans l'autre, me fait dire "wow !!! ou "wow !!!"

Une soirée qui m'a permis de découvrir de superbes "bêtes de scène" durant laquelle, les artistes ont osé et ont réussi leur pari. Une soirée comme la chanson "In the jungle..."

https://www.youtube.com/watch?v=QvsQ9hYKq7c

lundi 16 octobre 2017

Sur mes pas au théâtre-danse: Ma rencontre troublante avec un narcissique

Par une belle soirée d'automne, mes pas m'ont porté à la rencontre d'un personnage. Rencontre qui sera appuyée par un propos chorégraphique avec des interprètes que j'aime bien. Voilà donc pourquoi, je me suis retrouvé, première rangée, pour assister à "Last night I dreamt that somebody loved me" d'Angela Konrad avec Éric Bernier et les danseurs-interprètes Marilyn Daoust, Nicolas Patry, Sébastien Provencher et Emmanuel Proulx.

                                          Photo de Le Pigeon tiré du site de l'Usine C

Dans cette grande salle de l'Usine C, j'ai donc fait la rencontre d'un homme dont le narcissime n'a d'égal que le propos qu'il nous propose sur différents tons. Une rencontre qui, au début, s'est avérée difficile, sinon quelque peu pénible, parce que cet homme n'est pas particulièrement sympathique et il n'a aucune intention de le devenir. Ses propos qui ont, au début, des allures de logorrhée verbales et dont la logique s'avère, en entrée de jeu, assez difficile à bien saisir. Mais, comme il m'est arrivé d'autres fois dans la vie, nous nous sommes apprivoisés. D'abord, par les propos qui se répètent et qui me permettent de saisir l'essence sur sa perspective de la vie et de sa relation avec les autres. La répétition du propos est pour moi, une des forces de ce texte. Pour appuyer sa relation avec les autres, il nous interpelle souvent directement, nous spectateurs dans la salle. Il y a aura aussi les "autres", révélateurs de relation, incarnés par les quatre projections de l'autre, trois hommes et une femme, plus interprètes que danseurs.  Il y a dans les nuances de leurs gestes et de leurs regards une illustration supplémentaire chez cet homme du mal-être de sa relation avec les autres. Il semble manifestement à la dérive. Il nous force aussi à réfléchir aux aspects fondamentaux de notre propre bonheur existant ou espéré. Question d'appuyer le propos et faire reprendre notre souffle d'attention, nous avons droit à des chansons (avec les paroles projetées sur un écran) des The Smiths. Un moment fort est le tableau fort percutant et assez drôle, dans lequel, il nous relate sa présence à un de leur concert avec un anachronisme fort approprié sur la confiance aux autres.

Pour cette rencontre, j'étais très heureux de me retrouver tout devant, parce qu'elle avait un caractère tout intime et que la proximité avec cet homme rehaussait. Quand, il vient s'assoir dans la pénombre à trois sièges de moi, c'est comme s'ilme parlait à l'oreille. "Last night I dreamt that somebody loved me" est une oeuvre exigeante qui, pour peu que l'on s'y abandonne, laissera sa marque. Et cela est possible grâce à la performance d'Éric Bernier qui navigue autant dans ses émotions que dans les éléments scéniques, tout en étant capable d'appuyer sa prestation par des mouvements de danse fort agréables à regarder.