mercredi 10 juin 2020

Mots du spectateur nostalgique: "Voir" à qui je dis au revoir et merci !

Ainsi donc, j'apprenais récemment que "Voir" allait cesser ses activités. Je le concède, depuis quelques années, je le consultais de façon irrégulière, mais sa fermeture me laisse un goût de nostalgie à la bouche. Je veux donc revenir sur mon histoire avec ce média qui m'a permis de devenir l'amateur de culture que je suis maintenant.


Ma "relation" avec lui débute, il y a une vingtaine d'années. De ma visite hebdomadaire à ma bibliothèque municipale, j'en revenais à l'époque avec une copie des quatre hebdomadaires culturels, le "Ici", le "Mirror", sous un de mes bras et sous l'autre le "Hour" et mon préféré, le "Voir". À l'époque, je ne faisais que du lèche vitrine parce que je consommais peu parce que être père ça occupe autrement. Mais je lisais et peu à peu, le goût est venu et du temps pour le satisfaire.

Et puis est arrivé la "grande époque" en 2003 ! Celle durant laquelle il était possible de proposer un commentaire sur un article, de recevoir une note de une ou deux ou trois étoiles et d'être publié sur le site internet de l'hebdomadaire. Nous pouvions gagner des "jetons" et aussi de recevoir des votes par les autres membres. Il y avait même un classement ! Ces jetons nous permettaient de participer à des enchères. Si nous étions parmi ceux qui avaient misé assez haut, nous gagnions ! Mon premier prix, un laisser passez double pour le film "Choses secrètes" qui était projeté au Beaubien. Par la suite, j'ai poursuivi la rédaction de textes, assez pour remporter un deuxième prix quelques mois plus tard et pas n'importe quel ! Un prix qui allait modifier mon parcours de spectateur. "Pour 229 jetons", j'ai gagné deux billets pour aller découvrir un spectacle de danse à l'Usine C, soit "Document 3" de Lynda Gaudreau lors de la dernière édition du Festival FIND. Je me souviens encore de cette "rencontre" qui amalgamait la danse et la technologie. Le déplacement des interprètes créait sur les costumes des interprètes des sons qui étaient amplifiés pour nous être projetés par les haut-parleurs. Cette rencontre a tout eu du coup de foudre et cela grâce à Voir. Si le festival a cessé ses activités, mon intérêt pour la danse, lui commençait.

Je suis devenu un fidèle de cet hebdo culturel, lisant avec intérêt les spécialistes culturels et les chroniqueurs. Parmi ceux-ci, Fabienne Cabado dont la prose m'amenait à aller à la découverte de ses propositions danse et "tant qu'à y être", de rédiger un texte par la suite ! Il y a eu aussi Benoit Jutras qui savait s'y prendre avec moi pour m'amener à apprivoiser la poésie et à en lire, même dans les transports en commun. Manon Dumais, aussi qui éclairait mon chemin vers des propositions du septième art. La liste pourrait être longue, mais avant d'aller plus loin, je m'en voudrais de ne pas mentionner le bon travail de Tristan Malavoy, comme chroniqueur littéraire et rédacteur en chef.

Que de bons souvenirs de cette époque ! J'ai fait plein de découvertes culturelles grâce aux textes que j'écrivais, dont un abonnement annuel à Danse-Cité et un autre à l'Usine C. À ces deux diffuseur, je suis encore, plus de dix ans plus tard, un fidèle abonné.

Cerise sur la gâteau, fort bon et riche, j'ai même eu le privilège de voir dans la copie papier un extrait de mes textes, 10 fois en deux ans !!!

Et puis, est arrivé le grand changement, en 2007 ! Les textes des lecteurs passaient sur un autre site et leur visibilité a nettement diminué. Les prix étaient encore présents, mais les textes des lecteurs étaient moins présents. La transition a été difficile, mais les changements étaient compréhensibles. Comment réussir à lire et à valider les nombreux textes qui arrivaient chaque jour ? Cependant, de mon côté, le spectateur avait pris son envol et explorait avec curiosité et grand plaisir les lieux culturels de toute nature, mais surtout ceux de danse.

Et puis, arriva le jour ! Plus du tout de place sur les plateformes du Voir et moi, qui voulait continuer à écrire, je suis laissé en plan ? Les adieux ont été secs, mais en est ainsi souvent la vie. Depuis, je suis devenu plus autonome, mon blogue a pris le relais. Je me suis aussi quelque peu détaché de cette publication.

Il en reste que sans Voir, je ne serais pas devenu le grand amateur de culture et fanatique de danse que je suis devenu aujourd'hui. Grâce à leurs textes et mes billets gagnés, j'ai fait des découvertes que je n'aurais fait par moi-même. Par exemple, c'est grâce à Christian Saint-Pierre que j'ai appris l'existence du "Wildside Festival" qui se déroule en tout début d'année au Centaur Theater. Et à ce festival, j'y retourne depuis ce temps à chaque année ou presque !

Bon, toute bonne chose à une fin, comme le dit l'expression populaire ! Il en reste que c'est avec un léger pincement au coeur que j'ai appris sa fort probable disparition. Et comme le mentionnait la chroniqueuse politique Josée Legault, elle-même chroniqueuse politique au Voir de 2007 à 2012), "Mon Voir, même transformé de fond en comble depuis, tu me manqueras".