vendredi 2 juin 2023

Sur mes autres pas, fort différents au FTA pour découvrir et être troublé par "L'étang" de Gisèle Vienne !

 De cette créatrice, j'en était à une deuxième rencontre en peu de temps. La première, c'était "Crowd" l'automne dernier au même endroit que cette nouvelle rencontre, soit l'Usine C. Suite à cette rencontre, j'avais écrit, "Voilà une œuvre troublante sur différents aspects des relations humaines, dans tout le spectre du meilleur jusqu'au pire montrées en concentré dans cet espace." De la discussion qui avait suivie la présentation, j'avais bien compris qu'elle veux interpeler les spectateurs. 

Avec "L'étang" sur un mode plus théâtrale, elle poursuit dans la même veine. Je partage complètement les mots écrits par Luc Boulanger sur le site de LaPresse+, "une proposition théâtrale subversive, dérangeante, par moments insupportable… Mais parfaitement maîtrisée." Et dans son texte, j'y apprends que lors de la discussion qui a eu lieu la veille de ma rencontre avec son oeuvre, un spectateur a dit à la créatrice "qu’il a été « dérangé » par la pièce, au point de ne pas savoir s’il a aimé ou pas…". Il résume ce que j'ai moi-même ressenti après la représentation. Selon ma perception de ce qui se passait autour et derrière moi, je n'étais pas le seul. Et à ce commentaire, elle a répondu "qu’elle fait justement du théâtre pour déstabiliser les gens ; pour essayer de transformer notre « perception du champ de l’art ".

                                                  Photo d'Adèle Haenel tirée du site du FTA

Il en reste que si le tout fonctionne si bien, c'est dû à la performance hors norme d'Adèle Haenel qui incarne tous les personnages adolescents de cette histoire autour et dessus cet étang fort trouble ! Elle est appuyée par Henrietta Wallberg dont la présence est fort énigmatique, mais essentielle au propos. 

Donc, de cette chambre dépouillée de ces personnages mannequins, des éléments fort troubles de cette famille. S'il m'arrive de perdre le fil, puisque Adèle Haenel en incarne bon nombre de personnages masculins et féminins, il en reste que des différentes tonalités de voix qu'elle endosse, j'arrive à reprendre le fil du propos. 

Pour cette histoire singulière, mais pas unique dans ses thématiques, pour la performance époustouflante d'Adèle Haenel et aussi pour le regard trouble qu'il me permet de porter sur les relations humaines, je dois concéder qu'au final, après réflexions accompagnant mes pas de retour, je reviens fort heureux de cette rencontre. 

jeudi 1 juin 2023

Sur mes autres pas au FTA 2023: "Navy Blue" un coup de foudre pour moi !

 Lorsque mes pas se mettent en marche pour aller à la rencontre d'une oeuvre, j'espère toujours apprécier et c'est très souvent le cas et ce pour différentes raisons. Mais en ce mardi soir, j'ai eu un coup de foudre lors de ma rencontre avec "Navy Blue" d'Oona Doherty au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts ! 

Bien installé dans "mon" siège en première rangée, la salle se gorge de spectateurs pendant que tout devant, la scène est vide. Je le comprendrai vite, elle attend de recevoir le flot composé des interprètes (Arno Brys, Kevin Coquelard, Thibaut Eiferman, Amancio Gonzalez Miñon, Kinda Gozo, Hilde Ingeborg Sandvold, Zoé Lecorgne, Andréa Moufounda, Magdalena Öttl, Tomer Pistiner, Mathilde Roussin, Joseph Simon et Sati Veyrunes) qui sur le  Concerto pour piano No 2 de Rachmaninov entament leur prestation ! 

Dans ce que je découvre sur scène, j'y vois, selon le moment, des notes de piano en pleine action, mais surtout des vagues au-dessus d'une mer assez tranquille. Les mouvements des un.es entraînent ceux des autres en parfaite harmonie. Madame et messieurs, nous naviguons dans des eaux tranquilles, croyez-vous, mais détrompez vous !

                                                             Tirée du site du FTA

De la surface de l'eau, nous sommes ensuite entraînés dans une descente graduelle jusqu'à des profondeurs abyssales. Dans cette descente, avec les éclairages devenant de plus en plus sombres, ces humains tombent tour à tour au combat,  ainsi en sera-t-il aussi du destin de la race humaine sur cette terre. Tout cela pendant, que la trame musicale devient elle aussi plus sombre et que la voix de la chorégraphe récite un texte fort riche et philosophique qui débute par "Bonsoir, Merci d'être venu.e.s ... et qui se termine par "Jusqu'à ce que je termine./Point./Bleu pâle". 

Le propos chorégraphique dans tous les sens est fort et fort bien amené jusqu'à dans les confins abyssaux dans lesquels, la dernière survivante du groupe, tente désespérément de survivre jusqu'au moment où le noir complet l'enveloppe !

Au final, voilà une proposition forte en propos et fort bien interprété comme je les aime bien. 

Sur mes pas hors sentiers pour découvrir "MIRAGES en vitrine" avec des perspectives fort belles !

 Lorsque j'ai vu passer cette invitation, hors des moments habituels de présentation, soit un mercredi matin, j'ai trouvé de la place dans mon agenda. Voilà donc pourquoi, mes pas se sont rendus jusqu'à la porte de côté de l'Usine C en ce mercredi matin fort chaud pour me rendre jusqu'à dans une salle tout en haut, pour découvrir "MIRAGES en vitrine" d'Emmanuel Jouthe - Danse Carpe Diem et Mélia Boivin.


Je sonne en bas, on m'ouvre et je me rends en haut jusqu'au bout du corridor, à la porte de la "galerie" guidé fort gentiment par Melina Pires (finissante 2023 au BAC en danse à l'UQAM). Le lieu est fort tranquille et lorsque j'entre, je suis seul. Tout le temps donc de prendre la mesure du lieu et du calme qui y règne, ce qui me permet d'adopter une attitude de réception adéquate pour découvrir les différentes stations (sept, si je sais bien compter !!!) qui me permettront de découvrir les projections de corps "dansant" sur de la matière minérale. Et tout scientifique que je suis, je ferai la tournée en "mode horaire" en deux fois. En voici donc quelques éléments qui résument ces deux tournées.

Le tout débute de façon assez classique avec lui (Pierre Bastien que j'ai vu récemment dans le Jardins des consolations de Sarah Dell'Ava) qui danse (sa projection évidemment !) sur une pierre plate qui produit une image fort nette de ses mouvements. Mon prochain arrêt se fait devant une immense pierre plate tout à terre sur laquelle je découvre l'image toute floue d'un corps en mouvement. Je ne saurais dire, mais je suis captivé et j'y reste question de tenter de me faire une image plus précise de ce que je découvre. Et puis, la porte du lieu s'ouvre, une autre personne entre et pour moi, c'est le signal de me rendre à la prochaine station pour découvrir le corps qui danse dans ce creuset. Voilà un de mes coups de coeur de cette exposition. Au creuset, les deux fois, je resterai longtemps à voir ce corps en mode célébration. Une fois détaché de ce bol fort attachant, je me dirige vers le fond de la pièce où se trouve une "table" sur laquelle se trouve un espace de sable sur lequel est projeté des images intrigantes. Peu à peu, je pense découvrir des "espaces" de peau captés de très près qui se déforment. Avec un des deux casques disponibles, je passe dans un autre mode musical pendant que le générique se termine et que j'attends le début de la prochaine. Une réflexion émerge en moi, dans la vie tout est question de perspective et celle proposée de tout tout proche s'avère fort riche.

Une fois détaché de ces images et de ma réflexion, je me dirige vers la projection d'un corps en mouvement sur une pierre plate, mais rapidement, je découvre que la projection de ce corps s'échappe pour se diriger là, juste à mes pieds. Wow (!), quelle idée géniale et cela en fait mon deuxième coup de coeur de cette exposition. Pendant ce temps, quelques autres personnes entrent et moi je me dirige vers ma prochaine destination où je découvrirai la projection floue des mouvements d'un corps sur une pierre. Les deux fois, ma perspective reste la même, soit indécise face aux mouvements montrés. Symbole riche et représentative pour moi face à certaines situations insaisissables devant lesquelles je me suis retrouvé dans le passé !

Le tout se termine avec la projection de ce corps qui saute pour s'échapper, mais si pour cet autre précédemment, le plancher s'est avérée une terre d'accueil, pour lui, le plafond restera inatteignable, je le crains ! Mais comme ma présence en ces lieux se termine, jamais je n'aurai la réponse définitive à cette question !

Au final de ce chorégraphe qui m'a dans le passé proposé des oeuvres de rencontre toute proche, la première étant à une édition passée du FTA, celle de 2009, lors de la présentation de "Microclimats" avec là juste devant moi et juste pour moi, la prestation de Marilyne St-Sauveur, les rencontres se déclinent de façon fort particulière et intéressante et cela, j'aime ça !!!

Évidemment, si la magie fonctionne dans cet espace, il faut rendre à César ce qui revient à César, soit aussi aux interprètes Pierre Bastien, Élise Bergeron, James Phillips, Jessica Serli, Carla Soto, Marilyne St-Sauveur, à l’artiste visuel et réalisateur Xavier Curnillon et au compositeur Antoine Berthiaume.

Sur mes premiers pas au FTA 2023: À la rencontre de "Soliloquio" et de la cinédanse de Regards Hybrides !

De la rue Casgrain, rencontre avec une proposition du OFFTA, mes pas m'amènent plus au sud, d'abord pour me sustenter et ensuite pour me diriger jusqu'à la Place Émilie-Gamelin, coin St-Hubert et Ste-Catherine où se trouve déjà bon nombre de personnes (détenteurs de billet et passants), de gens du FTA et d'artistes en vue de la première partie de "Soliloquio" qui sera un déambulatoire en plusieurs étapes qui se dirigera jusqu'au théâtre "Le National", plus à l'est sur "la Catherine" !

Le moment venu et entouré par un beau groupe fort riche des couleurs de ces pays du Sud de nos Amériques, Tiziano Cruz en tête, le défilé débute, sous les habiles manœuvres des gens du FTA ! Un déambulatoire reste pour tout spectateur qui se respecte un exercice exigeant pour apprécier ce qui s'y passe et ne pas gêner son déroulement. C'est donc au devant du cortège que je suis, ou plutôt précède, le déambulatoire et les différents arrêts performatifs qui le parsème. Je peux apprécier la joie et le sourire des différent.es participant.es, mais aussi les arrêts durant lesquels Tiziano Cruz énonce son message, lui qui vient d'un peuple menacé de disparaitre ! Ce défilé a beau sembler festif, il en reste que sous ce vernis, transperce la revendication à rester vivant et bien présent tout comme dénoncer certaines valeurs modernes d'uniformisation et d'effacement!

                                                                         Tirée du site du FTA

Une fois rendu aux portes du théâtre, c'est une haie d'honneur de spectateurs, dont moi, qui accueille les différents participant.es du déambulatoire. Une fois tout.es entré.es, ça sera à notre tour d'être accueilli.es par eux. À mon entrée, j'ai même droit à l'accueil chaleureux et à la bise de Tiziano Cruz, avant de me diriger dans ce lieu que je découvrais pour une première fois ! Je trouve ma place (mais non pas en première rangée, cette fois !!!) et le temps passe pour que tou.tes trouvent place devant une scène toute vide. Le moment venu, arrive Tiziano Cruz tout seul pour nous présenter son plaidoyer fort bien senti sur les travers de ce monde dominant qui menace le sien. Au début, le message qu'il nous livre avec des artéfacts très personnels me percute ! Il en reste que son plaidoyer, "Un coup de projecteur sur la culture défolklorisée des communautés autochtones du nord de l’Argentine où il a grandi. Et une critique acerbe des pouvoirs qui orchestrent les discriminations, les exclusions et perpétuent les injustices. Marché de l’art compris." devient pour moi exigeant. Énoncé en langue espagnol, avec les surtitres tout en haut, m'impose un effort qui diminue ma réceptivité tout au long.

Être interpellé, ne me fait pas peur, mais cette répétition du message, avec ces allers-retours de lui aux surtitres sont exigeants. Il en reste que juste sa présence et sa voix ne me laisse pas indifférent et je reconnais la justesse de son propos. Être un francophone en Amérique du Nord, crée une affinité qui résonne en moi. Il en reste qu'avec ses mots dans la description de cette oeuvre, je suis d'accord "S’inspirant de souvenirs d’enfance et des 58 lettres envoyées à sa mère pendant le confinement, Tiziano Cruz débite une poésie dense et des images poignantes dans Soliloquio." 

Une fois le tout terminé, mes pas reprennent leur cours pour se diriger, avec un peu de retard sur l'horaire prévu (annoncée d'une durée d'une heure trente, cela a duré plus longtemps !)  jusqu'à l'Espace Tranquille pour découvrir les courts-métrages de la Collection Regards Hybrides (de Priscilla Guy et sa gang). C'est par un temps magnifique que je trouve un siège pour découvrir les six derniers courts (sur les neuf) avec en premier, le fort beau et athlétique "Godlin" par Jontae McCrory. Il s'en suit  le très court mais percutant, mais surtout bien "capté" Inuit High Kick  par Alethea Arnaquq-Baril. Avec "La Chambre blanche" par Isabelle Hayeur et Ginette Laurin nous sommes amenés à une époque passée (1992). Il s'en suit "Do Butterflies Remember Being Caterpillars?" par Caraz et Alessandro Giaquinto, avec Lucas Patuelli et "La La La Human Sex – Duo No.1" par Édouard Lock et Bernar Hébert, avec une icone de la danse d'ici Louise Lecavalier accompagnée par Marc Béland avec une introduction par Édouard Lock lui-même ! La présentation se termine avec "Odehimin (Baie du cœur)" par Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo que je revoyais avec autant de plaisir pour sa sincérité "éclatante". 

Je sais que j'aurais pu découvrir les trois premiers courts ratés en restant pour la deuxième représentation de cette soirée, mais le spectateur, tout humain que je suis, méritait un repos et par conséquent, l'appétit encore présent, mais le corps fatigué, entreprend son retour à la maison !

mercredi 31 mai 2023

Sur mes pas, mes seuls (!!) au OFFTA pour découvrir une nouvelle version "un-nevering" de Thea Patterson !

 Lorsque mes pas se sont dirigés, en ce lundi après-midi, jusqu'au LAB Parbleux sur la rue Casgrain, ils étaient mes premiers de nombreux autres pas à venir, pour cette journée et pour cette semaine aussi, et cela sans compter mes pas de course. Une fois arrivé, je monte au deuxième étage dans le hall d'entrée en attente avec bien d'autres (la salle sera éventuellement remplie à capacité) pour assister à la nouvelle version de "un-nevering" de Thea Patterson accompagnée à l'interprétation par Rachel Harris et Elinor Fueter.

Les mots d'accueil transmis, nous sommes invité.es à entrer dans le lieu de présentation dans lequel se trouve une imposante colonne avec de part et d'autres un endroit pour prendre place. Une fois le temps, fort rapide, mais avisé, pour évaluer le lieu, je trouve ma place sur un coussin à terre du côté gauche (choix qui s'avérera très bien pour la suite !). Tout au fond, je découvre bon nombre d'accessoires, dont de grosses cordes avec des poulies au plafond, de nombreuses tuiles en bois dispersées dans l'arrière droit de l'espace scénique ainsi que les trois interprètes.

                        Crédit : Kimura Byol tirée du site de l'évènement du OFFTA.

Pause

J'avais pu assister à une première version de cette oeuvre lors de la troisième édition du "Signal Vibrant: Ceremony for the dead" en octobre dernier, présentée au CCOV ! J'avais écrit à l'époque, suite à sa présentation,  "Elle nous présente une proposition touchante à propos de l'être cher absent, empreinte de nostalgie. J'y vois le chemin vers la rencontre des souvenirs de celui qui est parti !". Hasard ou non, dans le même programme Rachel Harris présentait aussi un hommage à son père récemment décédé !

Fin de la pause

Le lieu bien rempli, le silence se fait et Thea Patterson nous présente l'origine de cette création, toujours en cours de développement, créé dans le terreau "fertile" du décès récent (août 2021) par homicide non résolu de son partenaire de vie et collaborateur, Jeremy Gordaneer. Je ressens les émotions dans sa voix avant d'entreprendre les moments à venir pour tenter de répondre à la question inscrite en début de présentation de l'oeuvre sur le site du OFFTA, soit "À travers l’écart (in)fini que crée la perte, comment peut-on être ensemble même lorsque nous ne le sommes pas?"

Et puis dans ce qui suivra, je découvre cette corde que l'on tire pour laisser échapper à tour de rôle trois boules noires asymétriques dont le parcours s'étirent avec des détours inattendues et dont une vient tout proche de moi. De ces tuiles aussi, qui comme les souvenirs plus ou moins épars qui en toute fin de présentation servira de liens entre les interprètes et de nombreux spectateurs qui acceptent de se joindre à elles. D'autres images fortes aussi, émergent pour moi de ces moments dont ceux durant lesquels, elle (Elinor Fueter) revêt "ses pensées noires" avec au bout, deux boulets (quel symbole fort !!!) qui, malgré tout, montrent qu'ils faut néanmoins continuer. Aussi, autre tableau fort, enchevêtrées dans ces cordes comme dans ces souvenirs, c'est ensemble reliées aux mêmes cordes que le processus de libération peut s'avérer guérisseur ou à tout le moins atténuer la douleur de la perte. 

Un sens émerge en moi tout au long de cette proposition, soit celui qui fait que une fois la conscience de la fragilité des choses de notre vie faite, la vie doit reprendre et c'est en reconstruisant ensemble, d'abord à petite échelle jusqu'à à la plus grande que le chemin peut se poursuivre pour ceux et celles qui restent.

Portée par ces trois femmes, cette proposition recèle de fort beaux et très riches symboles, fort bien utilisés, qui me permet de suivre Thea Patterson dans son parcours de survivante. De cette deuxième étape de travail, je me promets de découvrir le résultat final de son parcours créatif. 

C'est avec en tête ces moments partagés, que mes pas m'amènent au prochain rendez-vous de la soirée au FTA.


lundi 29 mai 2023

Sur mes pas à la rencontre des "Corps de Ballet" de l'École supérieure de ballet du Québec: Une autre belle soirée avec ces jeunes plein de talents !

 Cette année encore, l'invitation m'est parvenue et je l'ai acceptée avec grand plaisir. C'est donc en bonne compagnie que mes pas m'ont amené jusqu'aux portes de la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau dans le hall d'entrée fort achalandé pour assister au spectacle annuel des élèves de l'École supérieure de ballet du Québec. Une fois nos billets en main et montrés, nous trouvons nos places dans la salle pour découvrir une soirée composée de neuf œuvres avec les élèves des différents cycles (supérieur, avancé, intermédiaire et junior).

                        Affiche de la soirée par Sasha Onyshchenko tirée du site de l'École

Une fois les discours d'usage et l'appel fait aux dons (de façon fort sympathique !) par texto pour la Fondation qui a plein de beaux projets en vue, le rideau se lève sur la première œuvre de la soirée, soit "Le royaume des Ombres", extrait de "La Bayadère  de Marius Petipa qui sera interprétée par les élèves des cycles Avancé et Supérieur. Une proposition de ballet classique qui m'en met plein les yeux tout au long des différents tableaux. Même si le ballet classique n'est pas dans mes premières préférences chorégraphiques, il en reste que de voir la beauté des gestes et la qualité d'exécution ne me laisse pas indifférent, tout au contraire même. Il y a dans ce formalisme, un rayonnement évident. Un solide début de soirée qui annonce une suite prometteuse et qui le sera !

Une fois le rideau relevé, nous découvrirons "Ritmos Mexicanos" de Monik Vincent interprété par les cycles Junior (5-6), Intermédiaire I et un garçon du cycle Intermédiaire II. Tout au long, nous sommes transportés ailleurs, "sous le soleil" avec l'interprétation de danses traditionnelles de Jalisco (état du Mexique). Je suis d'accord et je partage donc ces quelques mots du programme de la soirée, soit "couleurs, fraîcheur et joie de vivre se dégagent de ces chorégraphies aux pas de danse complexes (bien rendus, je serais tenté d'ajouter)et aux rythmes endiablés."

Il s'en suit "La leçon de danse" de Muriel Valtat interprété par le cycle Intermédiaire II. Avec cette leçon, nous retournons à du ballet classique. Des moments qui nous ramènent en classe avec des pas fort bien réussis.

La première partie de la soirée se complète avec "Seascape (1er et 3ème mouvements) de Judith Marcuse, interprété par les filles des cycles Avancé V et Supérieur I ainsi que les garçons des cycles Avancé et Supérieur. Une proposition plus contemporaine dans laquelle je vois des ondulations aqueuses que les corps reproduisent fort justement. Une œuvre fort poétique qui m'a particulièrement plus et qui met fin de belle façon à la première partie de la soirée.

Au retour pour la deuxième partie, cinq propositions qui nous transportent dans différents univers chorégraphiques, soit "Tu pourras, en paix, dans mes bras dormir" d'Edgar Zendelas (en collaboration avec les interprètes Stéphanie Dalphond et Andrea Boardman) interprété par le cycle Supérieur II et III, suivi par "Paquita" de Joseph Mazilier et Marius Petipa, interprété par le cycle Avancé IV et "Dialogue" de Gaby Baars, interprété par le cycle Intermédiaire III et un garçon du cycle Supérieur II ainsi que "polémique masculine" d'Adrian William Sinclair Batt avec les garçons des cycles Avancé IV, V et Supérieur. Le tout se termine avec "CODA" de Anne Dryburgh et Sophie-Estel Fernandez, interprété les cycles Intermédiaire, Avancé et Supérieur ! 

Si dans ma mémoire, cette suite de propositions se confondent quelque peu, il en reste que d'un univers chorégraphique à l'autre, je reste captivé par les mouvements présentés avec une belle maîtrise et une grande application par ces différents jeunes. Même les salutations étaient fort belles à voir. Et lorsqu'à la toute fin, la scène se remplit de tous ces jeunes et que les applaudissements tout aussi généreux que mérités résonnent dans le lieu, les gens de l'École supérieure de ballet du Québec peuvent dire mission accomplie !

dimanche 28 mai 2023

Sur mes autres pas en danse à "SPEAK UP" !

"J’ai le grand bonheur d’avoir reçu la bénédiction d'Eliane Viens-Synnott pour l’organisation de la prochaine soirée de performances À PART (feu Pop up Pow Pow), que j'appelle affectueusement : SPEAK UP". Voilà les mots de Rozenn Lecomte qui ont fait que mes pas m'ont porté jusqu'à la porte du bar POW POW, sur une rue Saint-Denis sans circulation automobile et en ayant marché préalablement sur le boulevard Mont-Royal, tout aussi piétonnier ! Ça sent vraiment l'été !

À mon arrivée, déjà bon nombre de personnes sont à la porte en attente de son ouverture. Le moment venu, c'est avec le sourire des personnes à l'entrée et en ayant reçu le zine, version papier (ça, j'aime ça !!!) concocté par Rozenn Lecomte que je me dirige à l'intérieur pour trouver "ma" place qui sera la mienne pour toute la soirée. Le temps passe, la salle se fait de plus en plus comble et, je divulgache ici, deviendra comblée, désolé !!!, comme moi, par les six propositions au programme ! Mais débutons par le début avec moi sur mon siège dans mon coin en attente du début de la présentation qui sera faite une fois la reconnaissance territoriale faite.

Le tout débute avec "Si nos corps se faillent; Si nos failles se corps" de Camil Bellefleur, Julianne Decerf et Olivier Landry-Gagnon avec en performance Camil Bellefleur et Julianne Decerf.

Pause

Il arrive qu'une occasion ratée puisse se représenter et ce fût le cas pour cette proposition que j'aurais aimé voir en sortie de résidence à Circuit-Est l'automne dernier, mais que je n'ai pas pu !

Fin de la pause

Je me permets de reproduire ici une partie du descriptif qu'elles m'avaient fait parvenir à l'époque et que je trouve fort approprié pour décrire ce que je découvre devant moi, une fois entamé ce face à face "Nous questionnons les états de corps que les failles suscitent, tout en révélant le potentiel d’empouvoirement qu'elles contiennent. Et inversement, dans des postures de force et de domination, nous observons ce qui dans les fondations s’apprête à s'effondrer."

Je vois et je ressens, tout au long, une rencontre, un échec douloureux et une rupture fort éloquente et clairement présentée !

Une fois la pause terminée, une bande lumineuse prend place, tout comme Ariane Levasseur et Em-P L'Abbée pour débuter "Faux-Cri" ! Le tout débute avec des allers-retours, modulés par des "levels" en mode "Tinder matching", avec projetés en arrière scène des candidats de rencontre. Les allers-retours, comme des courses à relais, sont nombreux et de plus en plus rapides comme si, même essoufflée, la course vers l'avant est la seule alternative ! Le tout se terminera fort bien avec une période de pause et de rafraichissement bien mérité, après le constat fait que rien ne sert de se presser, l'important est de ne pas répondre au "Faux-Cri" pour se concentrer sur l'essentiel et le vrai !

Une fois cette autre pause et mon verre bien rempli de nouveau, le tout se poursuit avec la projection de "Baume" de Paméla Aubé avec Chatelaine Côté-Rioux et Maude Archambault-Wakil. Une proposition toute philosophique qui nous entraîne dans des moments captés tout en "tions", soit captation, sensation, perception, réception, motion et aussi émotion et comme exception, émission. Des moments fort riches pour prendre conscience de soi et de l'autre. Et de la lecture du "zine", je retiens surtout une phrase, "La mémoire est une reconstruction qui s'altère avec le temps." et je la fais mienne ! Cette proposition est définitivement la plus philosophique de la soirée dont je retiens surtout le message principal, "Prendre conscience de soi et de l'autre". Message que je tente être toujours le mien, mais que je me fais un devoir de me rappeler !

Et puis le tout se poursuit avec "La fin de l'amour" de Morgane Guillou avec Léonie Bélanger, Mélia Boivin, Claire Pearl et Clara Prieur. À ce titre s'ajoutent différentes déclinaisons de ces corps qui évoluent devant moi ! Ces corps qui évoluent, des corps qui souffrent, des corps qui se libèrent, des corps qui explosent et aussi des corps qui se reposent. Mais tout au long, ces corps nous présentent des moments avec des tournures inattendues et multiples ! Avons nous atteint la fin de l'amour ? Je me permets d'exprimer mon côté optimiste en disant que non, parce que dans une fin, peut surgir un nouvel élan vers mieux !

Après une avant-dernière pause, s'en suit "FANM" de Mara Dupas avec Aurélie Ann Figaro. Avec ces cheveux tressés tout en blond, elle prend place . Dans ce qui suit, cette femme ressent et exprime sans jamais dire un mot. Ses yeux et son sourire semblent s'adresser au ciel et avec puissance, je le ressens ! Et puis, dévoilant sa vraie nature (?), ses rires se font de plus forts et présents jusqu'à la fin de la rencontre. 

Le tout se termine avec la proposition de celle qui a concocté cette soirée, soit Rozenn Lecomte avec "La fin des tendres" avec Margot Carpentier, Châtelaine Côté-Rioux et Jacynthe Desjardins. Une oeuvre qui interpelle comme l'annonçait les premiers mots de son descriptif, "Nous sommes jeunes et rebelles. Nous nous conformerons et nous contesterons l'ordre établi." Dans tout ce qui suit, les gestes, les propos et les regards sont déterminés et démontrent une affirmation ! Cette dernière proposition qui à l'image de ce qui a précédé, indique bien que ces "jeunes" veulent prendre leur place quitte à bousculer (respectueusement) l'ordre établi. Ce qui pour moi, est nécessaire pour aller de l'avant dans la bonne direction, avec cette phrase que je conserve précieusement en moi, "je n'aurai plus peur de la mort", parce que "nous ne sommes pas obsolètes, Nous sommes, et nous resterons libres." !

Une fois le tout terminé, mes pas me ramènent à la maison et tout au long, je me fais le bilan de ce que je viens de voir. Dans ce monde fort encombré des arts vivants, les récent.es gradué.es doivent batailler pour trouver leur place au soleil. Et si les scènes sont difficiles d'accès, ils et elles peuvent trouver les façons d'aller à notre rencontre pour nous proposer leur oeuvre avec une vision singulière. Et à moi, le "vieux" spectateur, tout au long de cette soirée,  ils ou elles me permettent de garder fort présent cette impression que l'avenir est encore porteur d'espoir. Et pour cela, merci à vous !