vendredi 29 avril 2022

Sur mes pas à un évènement polyphonique: "Les jeux du crépuscule" au pluriel et surtout lumineux, toute une démonstration de comment faire œuvre utile !

Rarement, j'ai l'impression que les mots que je pourrais écrire ne pourront pas représenter adéquatement, ce que j'ai vu et ce que j'ai ressenti tout au long de cette soirée à découvrir "Les jeux du crépuscule". Il en reste que je me lance néanmoins dans l'aventure.

En cette fin de mois d'avril, mes pas m'amènent jusqu'au Wilder à cette soirée coprésentée par Danse-Cité et Tangente. Une soirée en quatre temps qui se décline de la façon suivante. D'abord, dans l'Espace Vert, atelier "Rencontre avec la technologie de la présence" animé par Stefanie Blain-Moraes et Marco Pronovost. Par la suite, un arrêt dans le café-Bar pour prendre une bouchée (lire ici un plat de chili fort bon par ailleurs (!) avec un verre de vin) et découvrir l'installation de Marie-Hélène Bellavance, "La maison que j'habite, moi". Par la suite, dans l'Espace Orange, la pièce de résistance de la soirée, "Les jeux du crépuscule" d'Ariane Boulet et après dans le même lieu une rencontre avec Florence Vinit pour être "accueilli" dans "Une loge de rêve". 

Commençons donc par le début ! C'est au sous-sol du Wilder que prend racine la soirée. Nous serons six personnes par paire de deux, munis d'un capteur digital, à nous diriger derrière des rideaux où nous attend notre guide (Marco Pronovost). Ce capteur digital dont j'étais fort conscient de la présence sur mon doigt à mon entrée en salle, disparait de mon "radar" dès les premiers moments. Nous sommes guidés dans différents états corporels, les yeux ouverts ou fermés, à notre convenance. Avec au bout de ce tissu mon partenaire du moment, je tente du mieux possible de lâcher prise tout en suivant les indications. Exercice qui je l'admets, n'est pas facile pour moi. Et puis arrive la fin où nous sommes invité.es à rendre notre capteur dont le rôle en apparence fort passif a permis de capter des signes physiologiques de mon corps et de les transmettre à un ordinateur. Avec les graphiques obtenus (dont entre autre la chaleur corporelle variable du bout de mon doigt) par deux participants (mon partenaire du moment et moi-même), nous prenons conscience des effets des interactions entre deux personnes, malgré la distance. Nos réactions en phase ou non sont mises en évidence, même si nos interactions étaient guidées et à distance. Il y a là, et je le comprendrai plus tard, un lien fort important avec "Les Jeux du crépuscule" à venir, parce que même si cela ne se voit pas, cela peut se ressentir.

Je pars donc de tout en bas pour me diriger deux étages plus haut dans le Café-Bar dont je débute mon "séjour" avec un plat de chili et un verre de vin. C'est encore assez tranquille autour de moi. Pas trop loin, il y a sur le mur, des créations de Marie-Hélène Bellavance. Installation qui comme le décrit le site de Tangente, est "Inspirée du projet de médiation La maison que j’habite, moi développé depuis 2018 en collaboration avec les résident·e·s et les personnes proches aidantes des CHSLD qui ont été traversées par Mouvement de passage, l’installation visuelle éponyme invite les spectateur·rice·s dans un espace de transition et de dépouillement menant vers la salle de spectacle." En ayant tout mon temps, je suis le fil de cette installation jusqu'à la porte d'entrée de l'Espace Orange, en prenant le temps de lire la diversité des témoignages et des dessins.

Et puis la porte devant s'ouvre et je me dirige vers "mon" siège en première rangée, accueilli chaleureusement par la chorégraphe et instigatrice de ce projet, Ariane Boulet. Je prends place et je découvre sur mon siège une petite feuille sur laquelle il y a un poème (tiré du recueil "Emprunter aux oiseaux" de Ouanessa Younsi qui est aussi médecin psychiatre). Devant moi, à mes pieds des coussins en attente de spectateur·rice·s à venir et un peu plus en avant dans l'espace scénique, les interprètes (Audrey Bergeron, Lucy M. May, Isabelle Poirier, David Rancourt, Georges-Nicolas Tremblay, Julie Tymchuk et Marie Vallée) sont déjà présent.es. Plus le moment de débuter se rapproche, plus ielles s'activent avec des exercices d'échauffement. 

                                      Crédit Sandra Lynn Bélanger fournie par Tangente

Le moment de débuter arrivé, Ariane Boulet nous propose une introduction fort touchante qui, entre autre, nous parle des prémisses de sa création et du travail de "rencontre" qu'elle effectue avec son équipe depuis de nombreuses années dans les CHSLD. Elle l'affirme de façon fort claire, "Mouvement de passage" ce n'est pas de la thérapie, ni non plus un show, mais tout autre chose (des rencontres authentiques entre humains, je serais tenté de penser) comme je le découvrirai un peu plus tard, qui fait grand bien.

Par la suite, donc, dans une scénographie, toute aussi simple que complexe avec des fils électriques avec une ampoule au bout à utiliser et à déplacer sur le sol, des bancs qui deviennent écran ou refuge, les différents interprètes nous proposent des témoignages de leurs rencontres avec des résident.es. Ils nous proposent aussi des témoignages sur eux-mêmes et leur famille. Ils ne sont pas simplement des interprètes en danse, mais de magnifiques communicateurs. Ce qu'ielles nous parlent est vraiment tiré de leur propre vécu, je l'ai validé un peu plus tard de la Café-Bar à ma sortie de la salle auprès d'une des interprètes. Lorsque j'avais pris connaissance de ceux et celles que j'allais voir devant, moi, j'avais spontanément pensé à l'expression, équipe de feu et c'est exactement ce que j'ai découvert. 

Je ne reviendrai pas sur chacun des tableaux, qui m'ont permis d'apprécier comment il est possible de tenter avec ouverture et patience d'établir avec succès des connexions humaines par la présence et les gestes avec des personnes en apparence coupées de tout ou presque. Néanmoins, permettez moi de revenir sur deux d'entre eux. D'abord celui durant lequel Georges-Nicolas Tremblay parle de cette rencontre durant laquelle il dansera avec un résident qui lui confie à la toute fin que c'est la première fois qu'il dansait avec un autre homme. Et aussi, cette femme, incarnée par Julie Tymchuk, qui présente à une autre résidente de façon éclatante et enthousiasme, le menu de chaque jour qui se répète semaine après semaine avec sa  "touche de petits pois verts". Un éclair de bonheur qui a irradié et frappé tous et toutes dans la salle, j'en suis convaincu et qui illustre la diversité des relations par toujours simples et austères. Je m'en voudrais de ne pas mentionner l'accompagnement musical en direct de Marie Vallée qui avec sa voix, ses instruments enrobent le tout de façon tout aussi riche que bienveillante.

                                                  Crédit: David Wong fournie par Tangente

Une fois les applaudissements nourris fort bien mérités, nous sommes invités à poursuivre pour participer à la "Loge de rêvedont le nom m'intriguait. Après nous avoir dit que le poème que j'avais entre les mains, était différent des autres tout autour, je n'ai pas pu résister à en prendre un deuxième qui se lit comme suit:

 "mon estomac/c'est vide dans mon ventre/ je n'ai plus d'organes/ mais le coeur bat/colibri "

Tout en me faisant la promesse de me procurer ce recueil, "Emprunter aux oiseaux".

Et ce qui suit dans cette loge est l'accueil de Florence Vinit qui nous invite d'abord à partager un mot qui émerge en nous suite à ce que nous venons de vivre. Invitation qui provoque un déluge de mot qui parfois même s'entrechoquaient. Ces mots étaient captés au vol par Marie-Hélène Bellavance qui les utilisera pour en fabriquer une de ses créations. 

Dans la deuxième partie de cette loge, nous sommes invité.es à compléter la phrase, Dans mon rêve de demain ... Encore là, comme en terre fertile, les graines semées (nous avions reçu de vraies graines un peu plus tôt), ont produit une belle récolte. De toutes ces bouts de phrases, je vous en propose deux, "parler des vraies choses et de s'y préparer" et une de mes deux phrases, "Dans mon rêve de demain, je ne peux pas me déplacer, mais la danse viens à moi". 

Mais toute bonne chose à une fin et après toutes ces étapes dans cet évènement polyphonique, mes pas me ramènent tout aussi heureux que songeur à la maison. Ces moments m'ont aussi fait réaliser l'importance de mes visites au CHSLD à ma marraine qui est en grande perte d'autonomie cognitive pour garder le contact avec elle, malgré les apparences, parce qu'elle les ressent, j'en suis convaincu encore plus maintenant.
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mercredi 27 avril 2022

Sur mes pas au théâtre: Une incursion dans un drame avec "Pipeline" !

 À cette invitation, je n'ai pas pu dire non, malgré que mes pas m'amèneront cette semaine vers six ou sept propositions culturelles. En ce mardi soir, j'irai à la rencontre d'une réalité fort trop présente dans notre continent. Celui que le site de La Licorne décrit comme suit, "Le titre de la pièce fait référence au phénomène que des sociologues américains ont nommé le « pipeline écoleprison », selon lequel les jeunes qui sont exclus du système scolaire prennent souvent rapidement le chemin du système carcéral." Facile peut-être de se faire une idée d'un phénomène social, mais rien ne vaut un exemple pour mieux le saisir. Et c'est ce que le Black Theater Workshop nous propose avec sa pièce "Pipeline" de l’autrice américaine Dominique Morisseau, traduite par Mishka Lavigne et mis en scène par Ahdri Zhina Mandiela. 

                                              Tirée du site du Théâtre La Licorne

C'est donc de "mon" siège en première rangée, que j'attends que derrière et à côté de moi, les sièges trouvent preneuses et preneurs. Une fois tout cela fait, les lumières disparaissent et puis le tout démarre. C'est dans des apparents va et vient sans but que les différents interprètes (Jenny Brizard, Grégory Yves, Gloria Mampuya, Anie Pascale, Shubert Pierre-Louis et Jean Bernard) investissent la scène et de leurs actions parfois percutantes, installent l'atmosphère, avec cette violence latente et exprimée, qui s'en suivra.

Pour mieux comprendre le fossé entre deux réalités culturelles, cette prof (Jenny Brizard nous offre tout au long de ce qui suivra une performance tout aussi juste que convaincante) nous présente deux versions typographiques du poème "We real cool" de Gwendolyn Brooks. Ce poème reviendra quelquefois, comme un mantra, tout au long de cette pièce.

Et puis, nous découvrons, tableaux après tableaux ce que son fils a fait, le lien entre les différents personnages, mais surtout ce qui s'est passé et la cause Si je suis avec intérêt le fil de l'intrigue, il en reste que ce sont les différents éléments de contexte qui me permettent de mieux saisir le "big picture" de cette histoire ! Et comme le disait fort sagement Yvon Deschamps, "On veut pas le savoir, on veut le voir", et c'est en le voyant là devant moi  que je le ressens aussi ! Est-il possible que les bonnes intentions de toutes et tous ne suffisent pas surtout si des maladresses s'y ajoutent ? Quand l'espoir n'est pas une possibilité, affirmation qui résonne fort sur scène et dans la salle, que doit-on faire ?

Impossible de ne pas ressortir de la salle sans être interpellé et sensibilisé à une réalité qui est aussi montréalaise. Pendant près de deux heures, j'ai été plongé dans un univers riche de son réalisme et de son authenticité sans que je vois le temps passer et qui laissera des traces en moi.



mardi 26 avril 2022

Sur mes pas de spectateur: Captivé par un documentaire fort riche, "The Artist is Present" !

 Si le nom de Marina Abramović m'était vaguement familier, il en reste que de cette artiste,  je n'avais pas vraiment de souvenirs de cette artiste hors norme. Ma vie de spectateur aurait sûrement continué sans que je m'intéresse à elle. Mais récemment, lors de ma rencontre avec Sarah Bild avec sa proposition "She wanted", cette dernière nous racontait, entre autres, de part et d'autre d'une table, de son expédition familiale à New York et de sa visite partiellement réussie au MoMA pour découvrir l'exposition "The Artist is Present" de Marina Abramović. Évènement qui s'est tenu en 2010. 

"Ne voilà tu pas !" que dans les oeuvres proposées sur le site en ligne ARTS.FILM, il y a le documentaire "The Artist is Present". Lors d'une soirée quelque peu plus libre, je me mets à visionner ce documentaire de près de deux heures. Ouf (!), quelle rencontre. J'y découvrirai l'histoire singulière de cette femme qui avait environ 64 ans lors de cette exposition. Il y sera question, entre autres, de sa relation amoureuse et artistique avec Frank Uwe Laysiepen, dit Ulay, de la préparation de son exposition au MoMA et en toute fin, d'une longue et fort riche partie qui se passe durant l'exposition, autant dans les salles d'exposition que tout autour, jusqu'à dans la rue. 

                                                  Photo tirée du site du MoMA

Impossible de ne pas ressentir de la sympathie lorsqu'elle nous parle à la caméra. Elle est entière, sincère  et honnête avec une grande simplicité, malgré la nature de son oeuvre qui est au minimum "hors norme".

Lors de cette exposition, elle était assise sur une chaise, chaque jour, durant toute la période de l'exposition d'environ trois mois, dans laquelle un.e spectateur à la fois prenait place devant elle. En silence, elle levait la tête et sans une expression affichée, regardait droit dans les yeux son vis-à-vis pendant un certain temps. Les réactions des visiteurs ont été nombreuses, allant d'un stoïcisme aux larmes. Il y aura bien des moments fort spéciaux pour elle et pour nous. Fascinant de voir l'intérêt des gens que l'on voit, jour à après jour, le nombre allant en augmentation. 

J'ai lu quelque part que ce documentaire est magnifique et émouvant et je partage tout à fait cette opinion et j'ajouterais aussi fort instructif. 

Merci beaucoup Sarah Bild pour m'avoir permis de beaucoup mieux connaître cette femme-artiste hors-norme !

samedi 23 avril 2022

Sur mes pas en lecture: Captivé et interpellé par "La femme cent couleurs" de Lorrie Jean-Louis !

 Toujours j'apprécie ce qu'on me propose et ce que je découvre, laisse des traces en moi. Quelque fois, l'œuvre émet du pollen et sème une graine qui germe en moi. Et c'est ce qui est arrivé récemment avec "Cabaret noir" de Mélanie Demers. Dans la première partie de l'œuvre, les artistes sur scène lisaient des extraits de livres écrits par des écrivain.es noir.es. Le pollen d'intérêt en propositions a été abondant et moi j'en ai saisi quelques-uns au passage L'une d'elle a germé plus rapidement. Question de ne pas l'oublier, j'avais noté son nom dans mon fidèle calepin. Et pas très longtemps après, suite une recherche et une commande en ligne, j'étais en possession de "La femme cent couleurs" de Lorrie Jean-Louis, un recueil de poésie publié récemment (en 2020) chez Mémoire d'encrier. Et rapidement, je me suis mis à la lecture de cette femme multicolore qui fait jaillir ses mots "Pour dire le feu sans brûler, j'écris des poèmes" en introduction de son prologue.

                                         Crédit: Étienne Bienvenu tiré du site du Devoir

Et comme j'aime le faire, j'ai lu et relu quelques fois des pages sans avancer dans la suite.  Parfois aussi, je revenais en arrière pour mieux saisir l'ampleur du sens ou m'assurer que je ne m'étais pas perdu dans les méandres fort riches de ses mots ou perdu dans l'espace d'une orbite où elle m'a projeté. 

En voilà des exemples qui m'ont rejoint.

"Je figure

je suis figurante

ma couleur parle pour moi"  

Et aussi

"Il y a une femme

cent couleurs à côté de moi

elle ne me voit pas

elle porte l'encre

elle est la reine des pigments"

Merci à vous de la gang de Cabaret Noir d'avoir mis sur ma route ce recueil fort riche.

Pour celles et ceux qui voudraient avoir une belle critique plus éclairée, celle de Hugues Corriveau dans le Devoir, cliquez ici

mercredi 20 avril 2022

Sur mes pas à une rencontre: "She Wanted", tout intime et personnelle avec Sarah Bild !

Il y a des semaines durant lesquelles les propositions sont tellement nombreuses que mes pas ne savent pas comment choisir leur destination, lire ici la semaine précédente et la prochaine ! Mais pour cette semaine, l'agenda était assez vide, mais pas complètement. Et dans cette semaine relax, mes pas m'amènent en après-midi jusqu'à la rue Casgrain à la porte d'un studio pour rencontrer Sarah Bild dans "She wanted" ! À la rencontre de cette femme, nous serons deux. Oui, oui, une rencontre toute intime de part, pour elle et d'autre, pour nous, d'une table. 

Ainsi donc rendu à l'entrée du local, une fois les instructions lues et à l'heure pile, (de ma précision scientifique), nous ouvrons la porte. Là tout au fond du local, elle est là affairée à écrire. Elle nous invite à laisser nos choses sur un sofa et si nous le voulons, nous verser une tasse de thé avant de la rejoindre ! Une fois prêt.es, nous prenons place sur une des deux chaises juste là, en face d'elle. Elle écrit dans son cahier déjà plein d'écriture. Et puis ce qui devait être écrit est écrit (!), elle le referme. Elle nous regarde à tour de rôle droit dans les yeux ! Et puis, elle pose tout haut des questions existentielles que malheureusement ma mémoire (de plus en plus défaillante) ne se souvient pas. 

Par la suite, elle entreprend de nous raconter en mots et en gestes avec des tiges de branches mortes et différents objets en métal qui semblent avoir eu une autre vie bien remplie, une visite dans le Big Apple. Cette visite, elle l'a fait en famille, avec une liste d'endroits à visiter. Elle veut y ajouter une visite à une exposition dans un musée pour découvrir l'exposition de Marina Abramović. Même pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas cette artiste performeuse, ce que cette femme nous dit, la rencontre de cette créatrice hors norme, elle se doit d'être faite, même avec des enfants. Et cette visite, elle le fera avec sa famille et elle nous en raconte une partie de façon fort intense !

Depuis notre entrée, ses gestes et ses mouvements dans l'espace tout à côté devant cette fenêtre ont accompagné le propos. Ses regards ont gardé captif mon attention. Les accessoires, témoins de ce qu'elle ressentait, appuyaient ce qu'elle ressentait, jusqu'à en laisser des marques (temporaires) sur son visage. La vie elle, est moins gentille, mais sur cette femme qui annonce dans la présentation de son oeuvre, un corps vieillissant, les traces ne sont pas encore très évidentes. Paroles de vieux spectateur expérimenté !

Et puis arrive le moment de la fin qui s'annonce de façon toute aussi discrète qu'évidente ! Et moi, je laisse quelques mots derrière moi dans ce cahier offert. Parce que, voyez vous, si une rencontre laisse des traces dans notre mémoire, il faut aussi que le papier en profite et puisse en témoigner.

Une fois sortis du local, nous reprenons ma complice du moment et moi-même le chemin du retour durant lequel nous nous sommes mis d'accord sur un point essentiel ! Celui que nous venions de vivre toute une rencontre !

P.S. Sans vouloir abuser du principe de coïncidence, je m'en voudrais de ne pas mentionner que le destin est fort riche en drôles de hasard. Il y a un mois, était présente à la même rencontre Zoom que moi, Sarah Bild (celle des chorégraphes anonymes qui m'accueille fort gentiment !). Quelques jours plus tard, à une présentation au La Chapelle, une connaissance en danse qui était assis à côté de moi, m'indique qu'elle collabore à la création dont l'interprète est juste là devant, qui était justement Sarah Bild. Elle m'indique que cette dernière prépare une création toute intime qui sera présentée très bientôt et qu'elle me recommande. Et ne voilà tu pas dans les jours qui suivent qu'apparait une invitation à aller y assister. Invitation, vous le savez déjà, que j'ai acceptée et qui à mon tour je vous recommande.


mardi 19 avril 2022

Sur mes pas à une exposition virtuelle en recherche-création: "Réappropriations: Acte 1" pour découvrir différents aspects de la maternité et de la parentalité.

C'était il y a un certain temps, les réseaux sociaux m'avaient informé de la participation de Kimberley de Jong à un projet artistique sur la thématique de la réappropriation de la maternité suite à un appel de projets de la Chaire McConnell de l'Université de Montréal. J'ai dû faire les gestes nécessaires parce que récemment, j'ai reçu dans ma boîte de courriels, une invitation de la commissaire du projet, Marianne Cloutier à aller découvrir la galerie virtuelle présentant le résultat de son projet "(M)other" et aussi celui des deux autres artistes choisis. Et c'est ce que j'ai fait, fort curieux !

Pause

Ah que j'aime le titre de ce projet. Il y a quelque chose de révélateur à bien utiliser des parenthèses !

Fin de la pause


Évidemment, je me suis "dirigé" directement vers le projet de Kimberley de Jong. Son travail a été fait à partir de sondages auprès de parents "sur l’expérience de la maternité et la transition vers la parentalité". Pour la suite, elle a choisi six participants qui proviennent du milieu de la danse et que je "connais" comme artistes! Et c'est là que je trouve son approche intéressante, parce qu'elle les a fait parler de leur expérience d'abord pour ensuite les faire improviser en danse sur leurs propos. 

Ainsi donc, Sara Hanley, Karla Étienne, Louis-Elyan Martin, Brianna Lombardo, Isabelle Poirier et Caroline Laurin-Beaucage nous présentent leur expérience et des difficultés rencontrées pour devenir parent. Pas question ici de rapporter ce que j'y vu et entendu et ça en deux temps, une première fois attentif aux propos, la deuxième fois aux gestes, parce les deux sont forts riches en signification. Difficile de ne pas constater que ces parents sont aussi, de fort grands artistes et humains, parole de spectateur !

En résumé, le parcours pour devenir parent peut receler des embûches et des défis, des joies surtout aussi évidemment. Ce qui m'a fait replonger dans mes souvenirs personnels, qui comme ce que j'ai entendu de ces témoignages, n'ont pas toujours été faciles.

Plutôt que de poursuivre à décrire, imparfaitement (!) mes pas virtuels, je vous propose le lien pour effectuer votre propre visite en cliquant ici. Je suis certain que vous serez touché.es par ces témoignages en mots et en mouvements fort riches ! Je dois avouer que les émotions ont remonté en moi en quelques occasions ! Je me promets de poursuivre ma visite pour découvrir les deux autres artistes invités ainsi que les échanges entre les responsables de cette exposition.



Sur mes pas au théâtre: Lettre à Sophie Desmarais après ma rencontre avec elle à "The_One_Dollar_Story" !

 Bonjour Sophie, 

Je me permets de t'écrire suite à notre rencontre au Théâtre Prospero, il y a quelques temps ! Tu ne me connais pas et nous nous sommes pas adressés la parole, mais toi de l'espace scénique que tu as investi de ta présence et moi sur "mon" siège en première rangée, la communication a fort bien passé. Je me souviens encore de la première fois que je t'ai vu, c'était sur mon écran d'ordinateur. Tu étais "éclatante" dans "Une audition avec Simon" ! C'était, il y a environ dix ans et je m'en souviens encore. 

Pause

Si, à tout hasard, tu veux revoir ces moments, voici le lien.en cliquant ici !

Fin de la pause


                                Crédit: Maxime Robert-Lachaîne tirée du site du Prospero

Depuis, j'ai eu l'occasion de découvrir quelques-unes de tes prestations, au cinéma surtout, avec le même plaisir. Il en reste que lorsque j'ai vu la proposition du Prospero qui te mettait à l'affiche dans le solo "The_One_Dollar_Story", je n'ai pas hésité !

C'est dans une salle toute remplie de spectateurs-trices que j'attends que tu viennes à ma rencontre. Une fois les lumières fermées, tu arrives avec ton sac à dos. Tu traînes, au propre comme au figuré, un passé familial complexe qui, je l'avoue m'a demandé un certain effort à démêler au début lorsque tu le déballes. Moi qui n'a pas la mémoire des noms, il arrivait parfois que ma compréhension tourne dans le vide. Mais peu à peu, j'ai trouvé mes repaires et je t'ai situé dans toute cette histoire "américaine" d'une autre époque. De ce père adoptif fort aimant mais mourant qui te quittera pour aller dans l'au-delà et de cette mère fort peu maternelle, tu cherches et tu te cherches avec la question "Est-ce que je vis bien la vie que je suis censé.e vivre ?"

En te suivant dans tes recherches, je suis transporté aux "States" pour aller à la rencontre de différents personnages pour enfin rencontrer ton vrai père et de découvrir ce secret que toute ta vie, je l'ai senti, tu as pressenti. Tu m'as proposé une prestation toute aussi intense que vibrante, éclatante aussi au point de projeter à mes pieds une bouteille d'eau dans un des tableaux. 

Tu ne peux pas imaginer la joie que j'ai éprouvé lorsque j'ai découvert à mon tour le secret de ce billet de "One Dollar" dessiné !

Je ne veux pas prendre trop de ton temps, je m'arrête ici, et je te remercie pour cette soirée! Permets moi de te demander aussi de remercier de ma part tes complices du moment, l'auteur Fabrice Melquiot et le metteur en scène Roland Auzet.

lundi 18 avril 2022

Sur mes pas à un cabaret particulièrement riche et interpellant: "Cabaret noir" de Mélanie Demers à l'Agora de la danse !

C'était à la soirée de première de "Cabaret noir" de Mélanie Demers à l'Agora de la Danse que mes pas m'amenaient en ce mercredi soir quelque peu pluvieux. Moi qui "suis depuis toujours" les créations de Mélanie Demers, je me devais de découvrir sa plus récente proposition, même si elle était étiquetée, "hors série" (lire ici pas une proposition de danse). 

J'avais peu lu sur ce que je découvrirai devant moi, comme il m'arrive de plus en plus souvent ces derniers temps. Néanmoins j'avais pris connaissance du nom des interprètes. Si de voir sur "scène" Mélanie Demers et Stacey Désilier n'était pas une première pour moi, j'étais particulièrement curieux de voir sur cette scène Paul Chambers qui se retrouve habituellement "derrière" aux éclairages lorsque je prends place dans une salle. En plus, devant moi, performeront aussi Vlad Alexis, Florence Blain Mbaye et Anglesh Major. 

Aller à la rencontre des autres différents mais pareils aussi, voilà une des raisons pour laquelle mes pas me portent à ces rencontres. En attente du début, de "mon" siège en première rangée je découvre tout autour de l'espace scénique six tables avec dessus, des livres. Pas trop loin de moi, je reconnais "facilement" l'album d'Hergé "Tintin au Congo". En entrée de jeu, j'ai l'impression que de ces six planètes "émettrices" seront émis les messages. Et j'aurai raison ! Dans cette première partie, à tour de rôle ou presque, des extraits d'oeuvres marquantes d'écrivains de race noire de différentes époques nous seront présentés, dont certain.es (Rodney Saint-Éloi et Lorrie Jean-Louis) sont présent.es dans la salle (salué.es par les interprètes !). Avec une apparente ou réelle impression de spontanéité, les interprètes réagissent, réenchérissent et accompagnent celle ou celui qui lit. Elles ou ils semblent comme, juste entre eux, mais avec nous ! Une vingtaine de minutes durant laquelle la force et la puissance des mots se font bien présentes. Il y a même ce passage (un de mes favoris) durant lequel les voix se chevauchent, s'entremêlent, se combinent comme pour former un tissu bien serré de mots. 

                                   Crédit :Kevin Calixte tirée du site de l'Agora de la Danse

Il s'en suit une série de tableaux durant lesquels, nous auront droit, entre autres, à des danses "explosives" de Stacey Désilier, du chant fort riche qui porte fort de Florence Blain Mbaye. Il y a ce duo Mélanie Demers en Desdémone et Anglesh Major en Othello qui font rouler dans un cyclotron verbal les paroles de Shakespeare pour nous "décoiffer" ! Il y aura aussi ce passage "cruel" de Lance et Compte durant laquelle la copine de Marc Lambert sera la "proie" de certains de ses coéquipiers. Réalité lointaine et si proche en même temps mais que je souhaite dépassée ! 

Le terreau est fertile dans l'histoire de la culture noire et Mélanie Demers a su y faire croître une proposition qui interpelle, d'autant plus, si on est blanc (!) et qui n'est pas politiquement correct, mais tellement vrai ! La prise de conscience comme instrument de revendication et d'affirmation, voilà ce qu'il faut, peu importe qui nous sommes, pour aller de l'avant ensemble. Et question de poursuivre le travail entrepris, nous recevons, à la sortie de la salle, un livret "noir et blanc" pour poursuivre la réflexion, comme il est indiqué au verso du document.

P.S. à moi-même: Si par bonheur cette proposition était présentée de nouveau, j'y retourne sans faute !


dimanche 17 avril 2022

Sur mes pas en danse: Deux propositions des finissant.es en danse de l'UQAM qui nous portent à réfléchir et espérer!

S'il y a un plaisir qu'a le spectateur de danse que je suis, c'est bien de découvrir les perspectives que les plus jeunes peuvent me présenter. En ce mois d'avril durant lequel le printemps se fait fort timide, mes pas m'amènent jusqu'à la rue Cherrier, au 840 plus précisément pour découvrir deux propositions des finissant.es du programme de danse de l'UQAM. Nombreuses seront celles que je verrai là, juste devant moi, que j'ai déjà vu sur mon écran dans différentes propositions présentées sur la Passerelle 840 virtuelle. Mais cette fois, ça sera en personne de la deuxième rangée que je découvrirai leur derniers pas comme étudiant.es. Oui, oui de la deuxième, parce que dans la première, on nous demande de ne pas s'y assoir ! 

En cette deuxième soirée de présentation, la salle se fait peu à peu bien remplie, pendant que moi, je suis en attente pour découvrir ce que me proposeront Morgane Guillou avec "Please Be Soft" et Rozenn Lecomte avec "If Nothing Matters" !

                              Affiche de la soirée tirée du site du Département de danse de l'UQAM

Une fois les portes d'entrée refermées et les lumières éteintes, nous arrivent ces femmes (Mélia Boivin, Noah Bride, Hélène Dorland, Ariane Levasseur et Jeanne Rousseau) qui mettent dans l'espace scénique différents objets propres aux tâches quotidiennes propres à l'eau. J'y vois le quotidien de ces femmes, d'il y a un certain temps, sinon un temps certain! Et c'est en voyant ces femmes d'aujourd'hui qui, avec rigueur et douceur, "mettent la table" pour la suite, que débute "Please be soft" ! 

Mais de ce rituel fort pacifique, j'en découvre la suite qui me présente que seule(s) ensemble, il est possible d'aller de l'avant dans l'affirmation ! Avec différentes déclinaisons du regard, d'attaque ou séducteur, mais toujours déterminé (et de mon siège, il était rayonnant !) et des gestes affirmés, ces femmes se transforment pour aller de l'avant dans un rôle tout différent. Impossible de rester indifférent à celle qui devant moi, me regarde droit dans les yeux. Ce cri qui retentit et que j'entends, n'est pas un cri de guerre, mais un cri de prise de possession (de son destin) sur fond rose (par l'éclairage). Lorsque ces gestes en aller-retour vifs comme des tentatives d'affirmation s'arrêtent, moi j'y vois, une fois la victoire acquise, une occasion pour aller ailleurs à la conquête de d'autres territoires ! 

Une proposition "Please be soft" qui, ne soyons pas trompés par nos impressions, est riche de sa détermination à prendre sa place pour elles et aller de l'avant aussi ! Bravo à vous de cette démonstration de détermination !

Et une fois les applaudissements bien mérités envolés, il y a l'installation de la prochaine proposition qui fait entrecroiser les interprètes des deux propositions, celle passée et celle à venir (fort intéressante à suivre par ailleurs, comme une chorégraphie !)

Cette fois dans l'espace scénique, j'y vois plein d'accessoires techno "envahir" ou investir la scène avec tout devant, un clavier, un micro et un haut-parleur pour "If nothing matters". C'est là que cette femme (Cyrielle Rongier St-Sulpice) viendra en "préface" de ce qui suivra, chanter d'une voix "fort bien placée"! Totalement captivé par elle, le propos formel m'échappe, mais le sens lui me trouble et me questionne. Ma relation aux autres et à ce monde, qu'en est-il ? Et puis dans ces enchevêtrements de fils comme de nos relations avec les autres, trois autres se joignent ( Margot Carpentier, Oksanna Caufriez, Iban Garat). Dans la suite, j'y vois avec tous ces fils habilement déplacés ou surprenamment revêtus, comme de nos relations remaniés, le défi des pas à faire dans nos vies pour espérer malgré tout. Parce que la tâche pour affronter est tout un défi à relever ! Face au chaos, ensemble c'est compliqué, mais seul.e c'est impossible ! 

À vous, je tire bien bas mon chapeau, parce que sans lucidité, la suite n'a aucun sens ! Et en cette soirée, j'ai pu apprécier votre perspective qui me rassure, moi le vieux qui garde espoir ! Et je serai là pour découvrir vos prochains pas sur scène, parce qu'ils me font du bien !



mercredi 13 avril 2022

Retour sur mes pas en danse: Des "Danses Buissonnières" tout en diversité et riches en promesses à venir !

 Je dois l'avouer, j'ai retenu mon souffle ! Oui, avec toutes ses annulations de spectacle (because COVID), j'espérais que mon billet pour la dernière soirée des Danses Buissonnières, je puisse l'utiliser. Et oui, trêve de suspense, tout s'est bien passé et une fois ouvertes les portes de l'Espace Vert, j'ai pris place dans "mon" siège en première rangée et découvrir devant moi, immobiles les deux interprètes (et chorégraphes) de "Théorie Popcorn", Pamela Aubé et Châtelaine Côté-Rioux. Et elles le resteront près de quinze minutes, le temps du début de leur prestation !

Crédit: Sandra Lynn Bélanger fournie par Tangente
Pause

Oui déjà, désolé ! Cette proposition je l'avais vu, il y a quelques années (novembre 2019) lors d'une Passerelle 840. Je relis mes mots de l'époque et j'ai bien hâte de découvrir comment le Popcorn a  "mûri" ! Voici le lien pour les intéressées !

Fin de la pause

Donc, dans cette "pièce", avec un sofa, un coffre, une téléphone sur un bloc de plexiglas, et sans oublier cet immense popcorn suspendu fort appétissant qui semble les surveiller. Peu à peu les "ondes" font activer les gestes, comme si les radiations "sonores" activaient tout doucement ces deux femmes. Je ressens l'imminence d'un drame face à leurs mouvements. Et peu à peu les gestes se font fort jusqu'à éclater ou s'éclater! Et puis le tout redevient calme, comme le repos du popcorn, une fois la porte du micro-onde ouverte ! Encore une fois, bien réussi l'éclatement du popcorn a été réussi !

Il s'en suit du changement de décor (qui pour peu que l'on s'y intéresse, a des allures d'une chorégraphie fort bien huilée ! Prend place au milieu de l'espace scénique, une chaise berçante en bois. Elle est toute seule, mais elle sera rejointe par lui, Matéo Chauchat (chorégraphe et interprète) qui a, à la main, un petit carillon à vent dont il active la musicalité toute douce. Ainsi débute, "Misérable" qui a tout d'un des descripteurs du programme, minimaliste. Mais peu à peu les gestes en lien avec cette chaise se font, une fois attaché le carillon à une des deux bandes incurvées. La relation acrobatique de lui avec cette chaise se termine avec une conclusion fort intéressante et surprenante qui me fait émettre un petit rire admiratif ! Comme quoi, leçon de vie, il faut faire attention à nos premières impressions !

Crédit: Denis Martin fournie par Tangente

Pour la troisième proposition de la soirée, tous les rideaux des côtés et de l'arrière de l'espace scénique passent du noir au blanc. Et puis arrivent quatre femmes (Madeleine Bellefeuille, Jasmine Bouchard, Cassandra Michaud, Camille Mougenot) aux pas affirmés qui prennent position au milieu de l'espace scénique. Ainsi débute "Overload" toute frontale de Justine Bellefeuille. Je n'avais lu à l'avance le propos dans le programme, mais ce n'était pas nécessaire. Il y a de l'affirmation dans l'air, et de mon siège, je le ressens fort et bien. Les gestes plus subtils au départ, laissent toute la place à ces regards fort affirmés qui m'attirent tels des aimants. Et puis tout se met en branle et le propos chorégraphique montre bien la rage que peuvent ressentir les femmes suite à des gestes d'harcèlement ! La "guerre" n'est pas terminée, mais les batailles se poursuivent !

                                             Crédit: Mariana Frandsen fournie par Tangente

Ainsi se termine la première partie de cette soirée fort diversifiée, mais qui jusqu'à maintenant m'ont montré trois propositions dans lesquelles, "les mouvements se sont faits bien patients !"

Une fois de retour à nos sièges, le contour de l'espace a repris sa couleur noire. Tout à coup, nous apparait d'en arrière du rideau latéral, Catherine Bellefleur (interprète et chorégraphe) pour débuter "First Layers".

                                           Crédit: Sandra Lynn Bélanger fournie par Tangente

Autre pause

Décidément Robert !!! Bon OK, mais c'est pour une bonne raison. Cette proposition je l'avais vu en préparation assez avancé, il y a deux semaines lors des "Bancs d'Essai" présentés par Circuit Est, Centre chorégraphique. En entrée de jeu, elle nous avait fait une demande que je n'avais pas divulgué dans mon texte précédent et que j'avais fort apprécié. Au début de cette soirée, elle ne l'a pas refait, mais moi intérieurement, je me la suis rappelé, et c'était, "une demande à porter attention à nos sensations intérieures durant la représentation !

Fin de l'autre et dernière pause, promis !

Elle se met là tout juste devant moi et elle nous regarde pendant que ses mains font l'examen de son corps. Tout au long de ce tableau, mon regard hésite et balance entre ses yeux fort présents et ses mains toutes actives. Et puis tout à coup, elle se dirige sous ce rond de lumière pour entreprendre une "ronde". Celui de son corps, dos au sol, qui tourne et qui tourne frénétiquement, comme pour aller au bout de soi en enlevant une couche après l'autre. Et une fois terminé, toute calme, elle revient au point de départ vide et remplie en même temps avec le même regard !

Pendant la pause, un "tissu" est installé par terre, seul objet scénique ! Et puis, sans avertissement, nous apparait une femme dans son costume d'Ève avec ses mains pour en cacher "certaines" parties. Elle semble être surprise d'être là avec des mimiques fort riches ! Voilà comment commence "« Mi » « Ma »" de et avec Mélissa Juillet. Elle découvre l'objet pour la "vêtir" et se dirige vers lu , pour peu à peu avec une maladresse fort bien maîtrisée et mimiques fort riches s'en revêtir et toute la recouvrir. Ce qui provoque de nombreux rires parmi les spectateurs. Par la suite, elle nous propose tout au long des déplacements, modulant le tissu par son corps dans l'espace scénique, une suite d'onomatopées du genre "les lilo alle le lilo !" qui tout riches de leur absurdité provoquent encore de nombreux rires fort sonores tout au long. 

                                            Crédit: Denis Martin fournie par Tangente


Tout au long de ces dix minutes, elle réussit à présenter une proposition alliant, danse, art clownesque, théâtre et chant aussi. Une belle découverte pour moi !

Le départ de l'espace scénique de Mélissa Juillet met "la table" (au propre comme au figuré !) pour la dernière oeuvre de la soirée, "Conjurer la (S)Cène" de Lila Geneix avec Adèle Morrissette et Alice Marroquin-Éthier. En effet, une très longue table nous est amenée par une femme au son des cloches qui résonnent pour annoncer le moment "solennel". Il y a l'autre qui apporte sur un plateau des verres à vin ou ordinaire. Les deux sont en talon haut !


Crédit: Sandra Lynn Bélanger fournie par Tangente

Dans ce qui suivra, de ma perspective, il y a une allégorie de la distribution de la richesse sur terre. Il y en a d'abord une répartition très inégale qui en plus n'est pas pour toutes et tous. Parce que si l'une d'elle est sur la table, l'autre est "évidemment" au dessous. Peut-être, il y aura un moment où les deux seront sur la table, mais ce moment l'a été que très court. Et si l'autre devient une menace, la frénésie de tout prendre se fait fort active, au prix de tout boire, de tout prendre et au risque de tout briser (ouf ! les verres sont en plastiques !),

Je suis tout à fait d'accord avec la dernière phrase du descriptif  qui est "Témoin de ce non-évènement, le public est pris dans un manège d’apparat, voyeur d’une dernière (S)Cène." Une proposition fort riche et claire qui porte un regard critique sur notre mode de vie actuel. 

Au final, une soirée fort belle et intéressante pour le spectateur que je suis. Une soirée qui m'a permis de revoir de jeunes artistes dans leurs prochains pas sur scène et aussi d'en découvrir d'autres. Chaque proposition d'une dizaine de minutes avait un propos fort porteur et qui m'assure de belles soirée à venir. Je me permets de compléter ce texte en citant la fin de la présentation du jury qui a sélectionné les artistes de cette soirée que j'endosse totalement.

"Mais, ce qui n’a pas changé, c’est la flamme, la passion et le besoin d’expression par la danse de ces jeunes créateur·rices. Des propositions teintées de couleurs, d’humour, riches en émotions et avec des signatures aussi singulières que surprenantes. Encore plus aujourd’hui, il faut se rappeler l’importance de donner une place à la relève et à sa force créatrice, car elle est un vecteur de changements et d’évolution."

samedi 9 avril 2022

Sur mes pas en danse à une soirée "Danse Danse" en trois parties tout en contraste !

En cette deuxième partie de cette soirée., sortant du MAI, mes pas me portent jusqu'au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, pour assister à soirée fort nouvelle, depuis le début de la pandémie pour l'amateur de danse que je suis, gracieuseté de Danse Danse. Soit de voir une présentation d'une compagnie outre frontière, la São Paulo Companhia de Dança. Une soirée remplie, lire ici une heure quarante, entracte inclus, durant laquelle trois propositions nous serons offertes. N'ayant pas lu à l'avance le programme de la soirée (plaisir occasionnel du spectateur que je suis !), le rideau se lève après les mots d'accueil sur "Trick Cell Play" d'Édouard Lock qui pendant près de cinquante minutes nous propose une œuvre dans laquelle l'ombre et la lumière mettent en évidence les corps humains dans leurs interactions. J'y retrouve, comme tout récemment à la Nuit Blanche du FIFA, la signature "formelle" du chorégraphe dans "Echo" ! La, un peu trop importante, longueur de la proposition me permet néanmoins d'apprécier la qualité d'exécution des quatorze interprètes tout au long des différents tableaux tout en noir et "blanc" ! Et en fin de présentation, pour une deuxième fois, je peux voir et applaudir le chorégraphe qi est là sur scène en personne, entouré des interprètes.

                          Photo de "L'oiseau de feu", par Silvia Machado, tirée du site de Danse Danse

Une fois la pause terminée et les deux personnes à ma droite parties pour de bon (!), la soirée repart avec une proposition du chorégraphe Marco Goecke, "Agora". Il y a elle et il y a lui tout au long de ce trop court pas de deux (durée de moins de dix minutes). Et presqu'aussi tôt, les rideaux s'ouvrent sur "L'oiseau de feu" de Cassis Abranches, qui avec sa douzaine d'interprètes nous présentent une oeuvre qui a tout du feu d'artifice (incluant la diversité colorée des costumes des interprètes). Pendant une vingtaine de minutes, mes yeux et pas seulement les miens, sont éblouis par ce que je vois devant moi ! Le temps passe à vitesse grand "V" et la fin arrive trop vite, de ma perspective !

Bien assis sur mon siège en première rangée, le spectateur est bien heureux et j'en garde de bien belles images et aussi ces passages durant lesquels les jeux de mains et des bras m'ont fasciné !

Au retour de cette fin de journée en deux temps (en référence à la première partie de ma soirée présentée dans un texte précédent !), enrichi de ces dernières heures, mes pas sont tout à fait en accord avec moi. Il valait la peine de les faire, ces pas, et découvrir ceux qui viennent de là-bas, outre frontières !

jeudi 7 avril 2022

Sur mes pas vers "Les rencontres de l'Espace Perreault": De belles rencontres fort riches avec trois artistes !

C'est début avril et c'est une journée splendide! Au programme, deux sorties culturelles, une première au MAI en fin d'après-midi et une autre plus tard tout juste quelques rues plus au sud à la Place des Arts. Deux rencontres qui s'intègrent parfaitement dans mon agenda, yeah !!!

Comment  j'ai  eu connaissance de cette invitation à assister à le deuxième édition de "Les rencontres de l'Espace Perreault", je ne saurais dire ! Mais, une fois "sur mon radar", j'ai vérifié mon agenda, j'ai transmis mon intérêt et je l'y ai inscrite. 

Pause

Je ne connaissais pas l'Espace Perreault, par conséquent, ma visite sur leur site web m'a éclairé. Déjà le sous titre, "Transmissions chorégraphiques" est fort éloquent. La liste de projets est fort impressionnante dont un récent attire un peu plus mon attention, en lien avec le sous-titre. En voici la description," Avec beaucoup d’enthousiasme, les élèves de trois classes du Collège Regina Assumpta ont pu, du 10 au 18 mars dernier, en compagnie des danseuses Sara Hanley et Catherine Tardif, plonger dans l’univers intemporel de Joe de Jean-Pierre Perreault." Je suivrai plus attentivement leurs activités dorénavant !

Fin de la pause

Le titre de cette soirée est "Danse et migration" et présenteront leur parcours, l’artiste pluridisciplinaire Kama La Mackerel et les danseuses et chorégraphes Nasim Lootij et Heather Mah. Si je n'ai vu que le travail de Nasim Lootij, j'avais néanmoins entendu parler des deux autres, donc bien curieux le spectateur ! 

Dans le café bar du MAI, je prend place à une des tables disposées tout en rond. La rencontre sera animée par Ingrid Vallus et Léa Villalba prendra les notes pour conserver des traces écrites de cette rencontre, traces qui j'espère seront accessibles pour le plus grand nombre. Ce qui suivra dans ce texte ne sera donc que des éléments, tout personnels (et incomplets !)  de ces moments qui seront, oh que oui (!), fort riches !

En entrée de jeu, la question est posée ! Quel est le lien pour vous trois entre immigration et création ? À tour de rôle, ils nous présentent leurs origines familiales, leurs parcours de vie et comment ils ont vécu ces dernières années au Québec. Voici donc ces quelques éléments, Nasim Lootij qui doit quitter son pays natal (Iran) parce qu'elle ne peut pas, comme femme, développer son intérêt en danse. Que Kama La Mackerel, a quitté son pays d'origine, Île Maurice, pour aller d'abord en Inde, venir au Canada d'abord dans la ville ontarienne de Peterborough et ici à Montréal (île de la Tortue comme il le dit) pour devenir l'artiste qui "travaille à déconstruire les stéréotypes coloniaux et à valoriser l’art produit par les personnes racisées issues de la communauté LGBTQ+" (extrait tiré du site de Radio-Canada) . Que l'histoire familiale de Heather Mah est trouble et secrète, remplie de non-dits avec une grand-mère concubine accompagnant son maître, venant tous les deux de la Chine, à l'époque de la construction du train dans l'ouest canadien.

Tous les trois se sentent bien acceuilli.es ici, même si tout n'est pas parfait. Chacun.es à leur façon, ielles ont trouvé dans ces "traversées", ces migrations, ou ces obstacles à franchir de quoi nourrir leurs créations. Chacun.e partage des "trucs" pour y arriver à se faire une place "au soleil" ici comme artiste ! Comment, entre autre, ne pas être impressionné par la nature optimiste de Nasim Lootij, la franchise de Kama La Mackerel et le sens de la famille de Heather Mah ! J'avais vu la proposition chorégraphique "La Chute" de Nasim Lootij en 2019 (mon texte est ici, mon retour) ! Je me promets d'aller, dès que cela sera possible, découvrir des propositions des deux autres, parce que bien "teasé" le spectateur que j'ai été.

En cette soirée, le spectateur que je suis qui ne voyage pas outre frontières, a pu encore une fois découvrir la richesse humaine que peut receler notre planète ! Merci, sincèrement merci, à vous gens de Espace Perreault pour cette opportunité de ces belles rencontres ! Et je serai fort attentif pour être là, la prochaine fois !

mardi 5 avril 2022

Sur mes pas au théâtre: Troublé et touché par "Manque" !

 Mes pas m'amènent pour une deuxième semaine consécutive vers l'Usine C, pour cette fois découvrir une proposition théâtrale. C'est devant la porte de la toute intime salle 2 que j'attends pour découvrir "Manque" de Sarah Kane (traduit par Philippe Ducros) produit la gang de La Fratrie avec la co-mise en scène d'Alexa-Jeanne Dubé et Patrick R Lacharité. 

Une fois la porte ouverte, je me dirige vers un siège de l'une des deux rangées d'un côté de la salle. Face à moi, il y a deux autres rangées similaires. Nous serons une centaine de personnes avec des perspectives différentes dans cet espace scénique tout en longueur sur lequel, j'y vois une chaise et un fil avec au bout un bidule électronique (qui s'avèrera une caméra !). Nous sommes en attente de l'arrivée des quatre protagonistes (Fanny Migneault-Lecavalier, Isabelle Miquelon, David Strasbourg et Alex Trahan) pendant qu'un grondement "menaçant" (de ma perspective !) se fait fort présent. 

                                            Crédit:  Maxime Cormier tirée du site de l'Usine C

Leur arrivée se fait dans l'ombre, ombre qui restera fort présente tout au long, avec un personnage qui en portait un autre pour le poser là juste devant moi avant de poursuivre son chemin à l'autre extrémité. La suite, pour moi, spectateur non averti, s'avère quelque peu déstabilisante ! Je cherche dans leurs propos non-linéaires, une clé pour en découvrir la trame. Mais sagement, je lâche rapidement prise pour me concentrer sur ce que chacune et chacun "dégage" dans ses propos ! Et ça fonctionne ! En me laissant en position d'ouverture passive, les confidences de cette femme et de cet homme plus agé.es et aussi de cette femme et de homme plus jeunes et leurs interactions parfois décousues commencent à prendre sens en moi. Je m'imprègnent de leurs paroles, tels des éclats de verre brisé pour aller à leur rencontre et en sentir la noirceur, lire ici, entre autres violence, regret, désespoir et détresse. Peut-on néanmoins y voir des traces d'espoir ? Pas question pour moi de dire mon opinion, ni de trahir quoi que ce soit, mais je serais bien curieux de connaître ce qu'en pense d'autres spectateurs ou spectatrices !

Au final, voilà pour moi, une autre proposition intéressante produite par La Fratrie qui m'a amené dans les dédales tout éclatés de la nature humaine. Et dans ces dédales, l'ombre et la lumière cohabitent sans que la première antagonise la place de l'autre et vice et versa ! 



samedi 2 avril 2022

Sur mes pas d'une lecture inspirante: "Du cœur au combat; Françoise David en cinq temps" !

 La vie nous réserve des coïncidences et en ce début d'avril (2022), j'en ai vécu une. Et je me permets de vous la partager ! 

J'en étais à compléter la lecture du livre "Du coeur au combat; Françoise David en cinq temps" à partir des propos recueillis par Lisa-Marie Gervais, premier opus de la nouvelle collection "Transmission" de la maison d'édition Atelier 10. Juste après avoir lu dans les dernières pages, les termes " les luttes fécondes", j'apprenais que Catherine Dorion annonçait dans un vidéo diffusé sur le web qu'elle ne se représenterait pas au prochaine élection.

                                                             Tiré du site d'Atelier 10

Bon OK, c'est quoi le lien, me demanderez vous ? Pour vous répondre correctement, je dois remonter dans le temps, en 2017. J'avais reçu, comme abonné à la revue "Nouveau projet", le document numéro 11, "Les luttes fécondes" de Catherine Dorion. À l'époque, elle était auteure, artiste et militante. J'ai été complètement séduit par la perspective de cette femme. J'ai eu un coup de foudre pour elle et très heureux par la suite de découvrir son visage et son nom sur des pancartes électorales de Québec Solidaire lors d'une visite à Québec, le parti fondé entre autres par Françoise David.

Pour cette dernière, j'avais et j'ai toujours une grande admiration et la lecture de ce livre m'a rappelé pourquoi. Sur le ton de la rencontre, elle nous parle de cinq grandes étapes de sa vie. Elle le fait sur un ton tout simple, sincère et aussi souvent très touchant. Il m'arrivait d'avoir des bouffées d'émotion lors de la lecture de certains passages dont parfois dans les transports en commun. Après un avant-propos de Lisa-Marie Gervais qui nous la présente fort bien en quelques pages, nous avons droit à chacune de ces étapes avec en préambule un court texte qui nous met en contexte de ce qui suivra. Ainsi donc avec "Le temps des naissances", La solidarité en marche", "À l'ombre du baobab", "Le grand saut" et "La (vie) politique autrement", je revois ou j'apprends les étapes clé du parcours de cette femme dans le Québec que j'ai connu ! Il y a pour moi des phrases qui touchent, mais surtout d'autres qui me montrent le chemin à suivre !

Le tout se termine par le chapitre "Transmission" comme celui du titre de cette collection dont je retiens plus particulièrement une phrase "L'amour, l'amitié, l'entraide, la solidarité, on ne dira jamais assez à quel point c'est précieux."

Ainsi donc en cette soirée, durant laquelle je lisais les derniers mots de Françoise David, Catherine Dorion qui partageait une vision similaire de notre société (quoiqu'avec des styles "un peu" différents !) tirait sa révérence de l'arène politique à son tour ! Le citoyen que je suis est triste, mais est néanmoins confiant que la transmission de cette vision du monde se fera !

vendredi 1 avril 2022

Sur mes pas en danse: Une rencontre surprenante avec les étudiantes en danse de l'UQAM, avec une proposition audacieuse !

C'est vendredi soir et c'est ma troisième soirée consécutive de sortie à une proposition en danse. Mais soyez rassuré.es, je ne ressens pas de symptômes de lassitude, tout au contraire. Pour cette soirée, mes pas m'amènent jusqu'au département de danse de l'UQAM, sur Cherrier, pour assister à la présentation de "Ce qui nous tient" chorégraphié par Caroline Laurin-Beaucage en collaboration avec Ginelle Chagnon et les interprètes-étudiantes, Estelle Beaulieu, Adrianne Bélanger, Zoé Cloutier-Boyd, Pauline Fernanadez, Camille Gendron, Sarah Germain, Audrey Mercier, Monica Navarro-Molina, Anna-Nectaria Pentefountas, Melina Pires, Lucca Belle Stothers et Jeanne Tétreault.

                                    Affiche tirée du site du Département de danse de l'UQAM

Arrivé "un peu" à l'avance, je peux discuter avec les personnes à la porte de la salle et apprendre certaines informations sur les prochains évènements de cette gang que je suis avec grand intérêt depuis quelques années. J'apprendrai qu'à mi avril, je pourrais découvrir une présentation de fin de bac des étudiant.es en pratiques artistiques et aussi qu'à la fin mai, je pourrai "fouler" la Passerelle 840 en personne. 

Peu à peu les gens arrivent et nous sommes invités à prendre place dans la salle. Petit hic pour moi, la première rangée n'est pas accessible. Peu importe, c'est donc au milieu de la deuxième rangée que je prendrai place, à un siège de distance de mes voisines, tel que suggéré !

Et puis arrive le moment ! Dans cet espace scénique tout vide, nous apparaissent les interprètes de dos. Peu à peu, tout en douceur, les mouvements se développent dans le silence et toujours de dos ! Elles sont toutes semblables de leurs vêtements, mais pas pareilles. Ce que je découvre, en ce début, est une illustration chorégraphique d'un mouvement induit tout en douceur. Je suis attentif à découvrir celle qui fait que les autres suivent. Il y aura bien de petites exceptions, mais qui semblent confirmés la règles ou induire une nouvelle évolution. 

Les mouvements sont en phase, de façon bien organique et maitrisée. Il en reste que je suis aux aguets, attentif au moment où elles se retourneront de face. Et lorsque ce moment arrive, avec leur chevelure devant, elles resteront sans visage visible. Et puis le spectateur que je suis comprend et lâche prise, parce que sans visage, je le sens, elles le resteront jusqu'à la toute fin ! Je me laisse aller à découvrir ces corps, "sans visage" qui évoluent en harmonie, tout au long des différents tableaux, bien synchronisés dans leurs différents déplacements. 

Avec "Ce qui nous tient", Caroline Laurin-Beaucage joue d'audace. Parce que laisser les corps évoluer sur scène devant nous, sans que les visages nous apparaissent est très peu fréquent. Pour moi, de mémoire, c'est une première. Il en reste que la démarche de l'induction du mouvement dans tout son aspect anonyme est réussi, parce que bien incarné par ces étudiantes. 

Je reviens donc fort satisfait de cette rencontre avec en vue dans ces mêmes lieux la prochaine rencontre, à la mi avril avec les finissant.es pour la présentation du programme double, "If nothing matters", "Please be soft" !